[ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
On ressent bien l'orgueil des un en opposition avec l'humilité des autres.
Et surtout, cette tension entre ceux censé servir sous le même drapeau !
Pour la suite Ca sent un coup à la Lijah Cuu des Fantôme tout ça.
Et surtout, cette tension entre ceux censé servir sous le même drapeau !
Et laisser ainsi fleurir l'anarchie et la décadence, la luxure et le crime? s'indigna Pilate, en délaissant enfin son verre de vin, emplit et vidé pour la sixième fois depuis son arrivée
Pour la suite Ca sent un coup à la Lijah Cuu des Fantôme tout ça.
Logan Grimnar Premier Capitaine - Messages : 1463
Age : 30
Localisation : Fenris, Asaheim, le Croc. (92)
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
post de ce midi complété et reposté!
LE CHOC SOURD fit bondir les entrailles d'Hector qui faillit rependre son déjeuner sur le plancher du wagon. Dès que le véhicule s'arrêta, et avant même que les rampes ne descendent, tous étaient prêts à se déployer, armes tenues contre la poitrine et casques visés sur la tête, tous les visages crispés dans une expression de concentration et de crainte mêlée.
Laikos fut le premier à sortir, ses yeux plissés pour lutter contre la soudaine lumière vive qui envahit le compartiment blindé, et sa voix tonna alors pour ordonner à ses hommes de suivre sa course, l'escouade se regroupant immédiatement derrière un muret à moitié tombé, Alekos et Dakos dos à dos faisant promener leur fusil de droite à gauche, à la recherche de cibles potentielle. Halatos, partie légèrement en avant, leva finalement un poing fermé pouce levé pour annoncer une voie libre. Le groupe de Korioos et celui de Anaros passèrent en avant, chacun se plaçant à couvert derrière des pans de murs lacérés par des tirs apparents de mortier, tandis que l'escouade Dzêta alla rejoindre leurs camarades de Epsilon, Stigma et Êta déployés plus loin. Passant devant eux juste derrière le sergent Afarkos, Korbas jeta un sourire moqueur à Hector et Hulter en hochant la tête.
-Vous faites pas dessus avant qu'on débarque, les jeunes! Je veux pas louper ça! leur lança-t-il joyeusement.
Les deux jeunes hommes répliquèrent par des petits rires et un majeur ostensiblement tendu, avant de suivre la marche lancée par Laikos pour aller se placer juste derrière l'escouade Bêta du taciturne sergent Boorh, légèrement en retrait d'Alpha et Delta. L'opération dura en tout moins de cinq minutes, et les groupes se trouvèrent déjà parfaitement formés et à couverts, Aspis en avant, Pelekos et Sarisse en arrière, Xiphos, l'escouade de commandement de Donokos restée en arrière pour coordonner le tout et rentrer en contact avec les forces déployées par le 14ème.
Un silence de plomb tomba sur le théâtre des opérations, et bien que chaque soldat ait compris qu'ils progressaient sur un terrain factice, la tension était déjà à son comble. Il n'y avait pas un son, mis à part le sifflement fantomatique du vent craché par les bouches d'aérations qui charriait avec lui des relents de putréfaction qui firent plisser le nez à de nombreux soldats mais n’entamèrent aucunement leur concentration.
Les oreillettes grésillèrent enfin, et Donokos ordonna personnellement le décompte des troupes, chaque soldat déclinant son nom et celui de son escouade, et ponctuant d'un simple "paré" dénué de toute émotion. Au bout de cinq autres minutes, le dernier soldat répondit présent et Donokos ordonna à tous de rester sur leurs gardes en attendant l'ordre de progresser vers les objectifs.
Le lieutenant, accroupi avec son escouade derrière un tas de roche qui avait appartenu à une réplique de puits, se tourna vers son officier des communications qui lui tendit le combiné radio, duquel s'élevait un chant grésillant de parasites. Quelques réglages furent nécessaires pour trouver la fréquence du 14ème et la voix sèche et hautaine du lieutenant Romulu retentit dans les écouteurs.
-Optione Julius Romulu, 6ème Centurie, 2ème Cohorte. Quel est votre statut?
-Ici le Lieutenant Donokos, nous sommes en position. Nous avancerons vers l'objectif dans exactement six minutes et vingt secondes à partir de maintenant. Quels seront vos vecteurs d'approche?
-Nord Est, angle de pénétration à la zone sigma-alpha. Procéderons à un fer de lance, et serons appuyés par des tirs de grenades. Nos éclaireurs rapportent une cinquantaine de cibles hostiles. Arrivée à la basilique prévue dans un quart de chron, tout au plus. A vous, Optione. répondit Romulu en insistant sur le nom Romae de Lieutenant, comme pour souligner l'affront que leur faisait Donokos en employant le terme standard.
-Progressons depuis le Sud. Aspis seront en premiers, et suivis de Sarisse et Pelekos. Les ordres ont été donnés, notre progression sera rapide. Pas de cibles hostiles en vue, arrivée prévue d'ici dix minutes. A vous... Lieutenant. contra Donokos tout en gardant un ton tout à fait avenant.
-Vecteurs enregistrés, sommes en déplacement. Romulu, terminé. L'Empereur Dieu protège.
Les grésillements revinrent envahir le combiné, et Donokos poussa un grognement d'irritation en le rendant à Fokos, son officier de communications.
-Quel connard prétentieux... siffla-t-il. Il va bien faire la gueule quand on arrivera les premiers là haut.
-Raison de plus pour se mettre en route maintenant, Lieutenant. opina Verakas, le sergent vétéran de l'escouade, un vieux soldat FDP au visage marqué par les affres de la guerre, ressemblant à présent à un puzzle morbide de tissus scarifiés.
-Bien parlé, Uberr. En avant dans ce cas.
Donokos pressa la main sur son oreillette, et appela les sergents du peloton. une fois que tous eurent répondu présent en moins d'une minute, il leur donna le départ, et dans la demi seconde qui suivit, Aspsis était en marche, les quatre escouades marchant de concert, zigzagant de couverts en couverts, armes pointées dans tous les sens, aucun ennemi ne pouvant échapper à leur vigilance. Moins de deux minutes après qu'Aspis ait commencé sa progression, ce fut le tour de Sarisse, puis encore deux minutes après celui de Pelekos, suivis de près par Xiphos.
Le 3ème peloton tout entier marchait de concert, tout les sens aux aguets. La discipline prit pleinement la place au relâchement significatif des Olyumpiens. Chacun avait entièrement laissé la place à l’authentique soldat qui sommeillait en lui.
Moins de cinq minutes après le début du déploiement, les premiers tirs fusèrent sur Aspis...
Presque instantanément, les quatre escouades se mirent à couvert suivant une formation en V et chacun chercha fiévreusement ses cibles, paré à faire feu comment pendant les exercices, en prenant le soin de viser, et en délivrant chaque salve avec maîtrise pour économiser les munitions. Tandis qu'Aspis se mettait en devoir de déloger l'ennemi, Le groupe Sarisse se dispatcha en arrière pour prendre possession des quelques placements susceptibles de concevoir un abris conséquent pour pratiquer un tir de soutien discipliné et méticuleux, les tireurs d'élite prenant position en hauteur et les servants d'armes spéciales se dépêchant de déballer leur matériel, apprêtant lances flammes et lances grenades alors que leurs camarades armés de simples fusils formaient un cercle défensif pour appuyer Aspis sur leurs arrières.
Pelekos stoppa net, chaque soldat se mettant à couvert, prêt à intervenir.
Hector vérifia une énième fois que son chargeur était bien enclenché et que son arme était fonctionnelle, tapis derrière un monceau de maçonnerie éclaté, et passa une main tremblante sur son casque pour le remettre d'aplomb au lieu de l'avoir en plein sur les yeux. Il suait à grosses gouttes, et son ventre était tordu d'angoisse, ses jambes devenues flageolantes et son dos glacé de sueurs froides, mais il tint position et passa lentement la tête par dessus le muret pour avoir un aperçu de la situation. A deux pas de lui, derrière un enclos défoncé, il vit Hulter à plat ventre, fusil fermement tenu et en attente et non loin de lui se tenaient Halataos, Donarkos et Dakos, les deux premiers accroupis derrière les ruines d'une maison, le troisième debout à ras du mur, fusil pointé vers le bas, et le visage de côté plaqué contre le mur délabré pour tenter lui aussi de jeter un coup d'oeil alentour.
Le claquement des lasers tirés contre eux n'avait rien à voir avec ceux que Hector avait pu entendre jusque là. C'étaient des claquements secs et brutaux, d'un éclat aveuglant, traits de mort qui essayaient de les cueillir en soulevant des panaches de poussière calcinée ou des fragments de plâtre roussi partout où ils frappaient. Au milieu de ce brouillard mortuaire qui se levait, le jeune Olympien discerna quelques silhouettes claudicantes, nimbées d'une aura de feu ardent, qui marchaient vers eux comme des machines de mort inexorables. Des machines... Cette image innocente se révéla criante de vérité quand les tourbillons de poussière s'écartèrent sur leur passage pour dévoiler leurs assaillants.
Une vingtaine de serviteurs hérissés d'armes fixées aux moignons de leurs bras amputés déambulaient à leur rencontre, le regard vide de toute vie, leur visage couturé de cicatrice n'évoquant rien d'autre qu'un sinistre masque de mort anonyme. Sur leur front ou leurs plaques pectorales, le jeune homme reconnu les symboles bien connus des plus durs pénitenciers de Sparta, et sut alors qu'ils avaient affaire à ds détenues dont les crimes avaient été juigés tellement horribles qu'un châtiment pire que la mort leur avait été infligé. Des meurtriers, des fous, des violeurs, des marchands de mort... Tous lobotomisés en peine de leurs exactions, devenus des carcasses de chair et de métal vouées à un service temporaire et inhumain. Ceux ci avaient été conditionnés pour servir de cibles d'entraînement, et leurs corps mutilés par la Justice Impériale avaient reçu tout un tas d'augmentations létales pour mener leur mission, aussi éphémère soit elle, à bien.
Hector ne fut pas le seul à remarquer ce détail morbide, les gémissements de Jurkos retentissant bientôt non loin de sa position. Hector détourna les yeux du terrible spectacle pour trouver son camarade recroquevillé derrière une charpente éparpillée contre un mur croulant, ses yeux rougis par les larmes, se frottant fiévreusement l'éléctrotatouage qu'il avait dans le cou. Hector se souvint du motif et, replaçant son regard vers leurs ennemis du moment, reconnu le même symbole sur plusieurs d'entre eux. Jurkos avait là devant lui un aperçu de la terrible destinée qui aurait été sienne si il n'avait pas accepté l'offre de l'Arbites de son secteur.
Hector vit Laikos se précipiter vers le servant de lance flammes et l'agripper par le cou, le plaquant contre le mur, et lui hurler quelque chose que le vacarme de guerre interdit Hector de comprendre. Au bout de quelques secondes, Laikos jeta un regard furibond autour de lui avant de presser son oreillette, sa voix ternie par la colère hurlant dans leurs propres dispositifs de communication.
-Par l'Empereur, qu'est ce que vous attendez pour ouvrir le feu? Que ça soit Abaddon lui même qui se pointe?? beugla le sergent. Éliminez moi ces boites de conserve et plus vite que ça!
En réponse à son ordre, un déluge de feu s'abattit sur les serviteurs programmés contre eux, l'escouade Gamma se joignant alors aux efforts déjà fournis par les trois autres, et le rideau de mort s'intensifia horriblement entre les deux camps. Hector épaula son fusil et se mit sur un genou, fermement positionné, ferma un oeil et prit le temps de choisir sa cible. Il plaça dans sa mire un serviteur porteur d'un énorme fusil à pompe greffé sur ce qui demeurait de son bras gauche et qu'un maigre mécanisme jaillissant de son flanc droit permettait de recharger après chaque détonation. Le visage blafard de la créature portait un tatouage noir sur le front que Hector reconnu comme étant le symbole du pénitencier de la péninsule de Taygète, où on envoyait ceux qui s'étaient rendus coupables de rapts et de tueries en tout genre au nom d'un gang. Une sinistre créature devenu le pâle reflet de ce qu'il avait été. Le jeune homme bloqua sa respiration et son doigt se crispa sur la détente. Un flash de lumière accompagné d'un son de fouet qui claque plus tard, et la tête de l'ex criminel vola en éclats humides, s'envolant dans une brume de sang bouilli. Sa carcasse privée de cerveau tomba lourdement sur le côté en arrosant la poussière grise d'un sang visqueux et noirâtre à gros bouillons. Hector relâcha sa respiration et rouvrit son oeil fermé, jetant un regard interloqué à son arme, son doigt toujours crispé sur la détente. Hulter se replaça derrière son abri de fortune, sur le dos, son arme fumante, et son regard plein de reproches dirigé vers son ami.
-Ben alors? l'interpella-t-il. Tu comptes t'en servir un jour de ta pétoire? J'en ai déjà abattu trois! Cesses donc de réfléchir, et tire, nom d'un baratis véreux!
Hulter roula sur lui même pour regagner sa position de tir et aligna une nouvelle cible avant de faire feu, envoyant un serviteur mordre la poussière, un pan entier de sa cage thoracique grillé par la décharge d'énergie. Hector lâcha un soupir de frustration et se reprit immédiatement en mettant une autre cible en joue. Celui ci était un serviteur squelettique armé d'une sorte de baliste à explosif. Son tatouage indiquait qu'il provenait du pénitencier de... Par le Trône, on s'en foutait pas mal! Hector suivit les conseils de son ami et se vida instantanément la tête de toute réflexion inutile, ne voyant plus de cet univers que son ennemi, qui qu'il pusse être, au centre de son viseur ambré, une grosse croix noire bougeant au gré de sa respiration passant de la tête de la cible à son estomac. Hector stoppa sa respiration d'un coup et tira dans le même instant, pulvérisant l'épaule droite du serviteur, détachant sa tête à moitié, l'envoyant pendre mollement sur le côté opposé à l'impact, avant qu'il ne s'effondre finalement de manière tout à fait pathétique au sol pour ne plus bouger. C'était fait. Son premier tir au but. Son premier mort. Un gars de Sparta. Un gars qu'il avait peut être connu...
Hulter le tira de ses réflexions à l'instant même où il sentit qu'elles assaillaient de nouveau l'esprit de son ami.
-Bien! Et d'un! le héla-t-il. Bon maintenant tu t'en trouves un autre, ou t'attends qu'ils te rendes la politesse? Tire, ou planques toi, crétin!
Hector sourit en secouant la tête, et choisit une autre cible qu'il anéanti dans la seconde d'un tri parfaitement mal ajusté juste en bas du ventre, alors qu'il visait la tête. Le serviteur était à terre, projetant des gerbes d'étincelles et de liquide noir qu Hector se refusait à identifier, passant alors à une troisième cible qu'il rata de peu avant de finalement lui arracher un membre après deux autres tirs hésitants. Il commençait à avoir le truc, se dit il. Ne pas penser. Juste viser, et tirer. Viser et tirer. Une à une. Chaque cible. De plus en plus rapidement. Viser et tirer.
Se planquer... Un tir adverse ricocha juste devant lui, le dépassant à quelques centimètres de son visage tordu par l'effort, et il éprouva la chaleur fugace de la mort qui venait de le frôler. Il se jeta à couvert aussitôt, son coeur battant à lui rompre la poitrine. Viser, tirer... Mais il fallait quand même réfléchir un minimum si on ne voulait pas devenir un tas de viande inutile...
Le jeune home parvint à calmer ses émotions, et se remit debout lentement, ses jambes tremblantes le faisant chanceler plusieurs fois, avant qu'il ne puisse trouver à nouveau une bonne posture de tir. Nouvelle cible. Viser. Il vit sa cible apparaître au milieu de la croix dentée de son viseur. Il se foutait de qui avait pu être ce pauvre type transformé en zombie pour ses crimes. Tirer. Maintenant que la carcasse fumante tombait à terre, vidant l'univers de toutes traces de son existence, cela n'avait vraiment plus aucune importance. Se planquer. Hector revint à couvert, et chercha une nouvelle cible des yeux par dessus le muret.
Oui il commençait à avoir le truc...
***
LE CHOC SOURD fit bondir les entrailles d'Hector qui faillit rependre son déjeuner sur le plancher du wagon. Dès que le véhicule s'arrêta, et avant même que les rampes ne descendent, tous étaient prêts à se déployer, armes tenues contre la poitrine et casques visés sur la tête, tous les visages crispés dans une expression de concentration et de crainte mêlée.
Laikos fut le premier à sortir, ses yeux plissés pour lutter contre la soudaine lumière vive qui envahit le compartiment blindé, et sa voix tonna alors pour ordonner à ses hommes de suivre sa course, l'escouade se regroupant immédiatement derrière un muret à moitié tombé, Alekos et Dakos dos à dos faisant promener leur fusil de droite à gauche, à la recherche de cibles potentielle. Halatos, partie légèrement en avant, leva finalement un poing fermé pouce levé pour annoncer une voie libre. Le groupe de Korioos et celui de Anaros passèrent en avant, chacun se plaçant à couvert derrière des pans de murs lacérés par des tirs apparents de mortier, tandis que l'escouade Dzêta alla rejoindre leurs camarades de Epsilon, Stigma et Êta déployés plus loin. Passant devant eux juste derrière le sergent Afarkos, Korbas jeta un sourire moqueur à Hector et Hulter en hochant la tête.
-Vous faites pas dessus avant qu'on débarque, les jeunes! Je veux pas louper ça! leur lança-t-il joyeusement.
Les deux jeunes hommes répliquèrent par des petits rires et un majeur ostensiblement tendu, avant de suivre la marche lancée par Laikos pour aller se placer juste derrière l'escouade Bêta du taciturne sergent Boorh, légèrement en retrait d'Alpha et Delta. L'opération dura en tout moins de cinq minutes, et les groupes se trouvèrent déjà parfaitement formés et à couverts, Aspis en avant, Pelekos et Sarisse en arrière, Xiphos, l'escouade de commandement de Donokos restée en arrière pour coordonner le tout et rentrer en contact avec les forces déployées par le 14ème.
Un silence de plomb tomba sur le théâtre des opérations, et bien que chaque soldat ait compris qu'ils progressaient sur un terrain factice, la tension était déjà à son comble. Il n'y avait pas un son, mis à part le sifflement fantomatique du vent craché par les bouches d'aérations qui charriait avec lui des relents de putréfaction qui firent plisser le nez à de nombreux soldats mais n’entamèrent aucunement leur concentration.
Les oreillettes grésillèrent enfin, et Donokos ordonna personnellement le décompte des troupes, chaque soldat déclinant son nom et celui de son escouade, et ponctuant d'un simple "paré" dénué de toute émotion. Au bout de cinq autres minutes, le dernier soldat répondit présent et Donokos ordonna à tous de rester sur leurs gardes en attendant l'ordre de progresser vers les objectifs.
Le lieutenant, accroupi avec son escouade derrière un tas de roche qui avait appartenu à une réplique de puits, se tourna vers son officier des communications qui lui tendit le combiné radio, duquel s'élevait un chant grésillant de parasites. Quelques réglages furent nécessaires pour trouver la fréquence du 14ème et la voix sèche et hautaine du lieutenant Romulu retentit dans les écouteurs.
-Optione Julius Romulu, 6ème Centurie, 2ème Cohorte. Quel est votre statut?
-Ici le Lieutenant Donokos, nous sommes en position. Nous avancerons vers l'objectif dans exactement six minutes et vingt secondes à partir de maintenant. Quels seront vos vecteurs d'approche?
-Nord Est, angle de pénétration à la zone sigma-alpha. Procéderons à un fer de lance, et serons appuyés par des tirs de grenades. Nos éclaireurs rapportent une cinquantaine de cibles hostiles. Arrivée à la basilique prévue dans un quart de chron, tout au plus. A vous, Optione. répondit Romulu en insistant sur le nom Romae de Lieutenant, comme pour souligner l'affront que leur faisait Donokos en employant le terme standard.
-Progressons depuis le Sud. Aspis seront en premiers, et suivis de Sarisse et Pelekos. Les ordres ont été donnés, notre progression sera rapide. Pas de cibles hostiles en vue, arrivée prévue d'ici dix minutes. A vous... Lieutenant. contra Donokos tout en gardant un ton tout à fait avenant.
-Vecteurs enregistrés, sommes en déplacement. Romulu, terminé. L'Empereur Dieu protège.
Les grésillements revinrent envahir le combiné, et Donokos poussa un grognement d'irritation en le rendant à Fokos, son officier de communications.
-Quel connard prétentieux... siffla-t-il. Il va bien faire la gueule quand on arrivera les premiers là haut.
-Raison de plus pour se mettre en route maintenant, Lieutenant. opina Verakas, le sergent vétéran de l'escouade, un vieux soldat FDP au visage marqué par les affres de la guerre, ressemblant à présent à un puzzle morbide de tissus scarifiés.
-Bien parlé, Uberr. En avant dans ce cas.
Donokos pressa la main sur son oreillette, et appela les sergents du peloton. une fois que tous eurent répondu présent en moins d'une minute, il leur donna le départ, et dans la demi seconde qui suivit, Aspsis était en marche, les quatre escouades marchant de concert, zigzagant de couverts en couverts, armes pointées dans tous les sens, aucun ennemi ne pouvant échapper à leur vigilance. Moins de deux minutes après qu'Aspis ait commencé sa progression, ce fut le tour de Sarisse, puis encore deux minutes après celui de Pelekos, suivis de près par Xiphos.
Le 3ème peloton tout entier marchait de concert, tout les sens aux aguets. La discipline prit pleinement la place au relâchement significatif des Olyumpiens. Chacun avait entièrement laissé la place à l’authentique soldat qui sommeillait en lui.
Moins de cinq minutes après le début du déploiement, les premiers tirs fusèrent sur Aspis...
Presque instantanément, les quatre escouades se mirent à couvert suivant une formation en V et chacun chercha fiévreusement ses cibles, paré à faire feu comment pendant les exercices, en prenant le soin de viser, et en délivrant chaque salve avec maîtrise pour économiser les munitions. Tandis qu'Aspis se mettait en devoir de déloger l'ennemi, Le groupe Sarisse se dispatcha en arrière pour prendre possession des quelques placements susceptibles de concevoir un abris conséquent pour pratiquer un tir de soutien discipliné et méticuleux, les tireurs d'élite prenant position en hauteur et les servants d'armes spéciales se dépêchant de déballer leur matériel, apprêtant lances flammes et lances grenades alors que leurs camarades armés de simples fusils formaient un cercle défensif pour appuyer Aspis sur leurs arrières.
Pelekos stoppa net, chaque soldat se mettant à couvert, prêt à intervenir.
Hector vérifia une énième fois que son chargeur était bien enclenché et que son arme était fonctionnelle, tapis derrière un monceau de maçonnerie éclaté, et passa une main tremblante sur son casque pour le remettre d'aplomb au lieu de l'avoir en plein sur les yeux. Il suait à grosses gouttes, et son ventre était tordu d'angoisse, ses jambes devenues flageolantes et son dos glacé de sueurs froides, mais il tint position et passa lentement la tête par dessus le muret pour avoir un aperçu de la situation. A deux pas de lui, derrière un enclos défoncé, il vit Hulter à plat ventre, fusil fermement tenu et en attente et non loin de lui se tenaient Halataos, Donarkos et Dakos, les deux premiers accroupis derrière les ruines d'une maison, le troisième debout à ras du mur, fusil pointé vers le bas, et le visage de côté plaqué contre le mur délabré pour tenter lui aussi de jeter un coup d'oeil alentour.
Le claquement des lasers tirés contre eux n'avait rien à voir avec ceux que Hector avait pu entendre jusque là. C'étaient des claquements secs et brutaux, d'un éclat aveuglant, traits de mort qui essayaient de les cueillir en soulevant des panaches de poussière calcinée ou des fragments de plâtre roussi partout où ils frappaient. Au milieu de ce brouillard mortuaire qui se levait, le jeune Olympien discerna quelques silhouettes claudicantes, nimbées d'une aura de feu ardent, qui marchaient vers eux comme des machines de mort inexorables. Des machines... Cette image innocente se révéla criante de vérité quand les tourbillons de poussière s'écartèrent sur leur passage pour dévoiler leurs assaillants.
Une vingtaine de serviteurs hérissés d'armes fixées aux moignons de leurs bras amputés déambulaient à leur rencontre, le regard vide de toute vie, leur visage couturé de cicatrice n'évoquant rien d'autre qu'un sinistre masque de mort anonyme. Sur leur front ou leurs plaques pectorales, le jeune homme reconnu les symboles bien connus des plus durs pénitenciers de Sparta, et sut alors qu'ils avaient affaire à ds détenues dont les crimes avaient été juigés tellement horribles qu'un châtiment pire que la mort leur avait été infligé. Des meurtriers, des fous, des violeurs, des marchands de mort... Tous lobotomisés en peine de leurs exactions, devenus des carcasses de chair et de métal vouées à un service temporaire et inhumain. Ceux ci avaient été conditionnés pour servir de cibles d'entraînement, et leurs corps mutilés par la Justice Impériale avaient reçu tout un tas d'augmentations létales pour mener leur mission, aussi éphémère soit elle, à bien.
Hector ne fut pas le seul à remarquer ce détail morbide, les gémissements de Jurkos retentissant bientôt non loin de sa position. Hector détourna les yeux du terrible spectacle pour trouver son camarade recroquevillé derrière une charpente éparpillée contre un mur croulant, ses yeux rougis par les larmes, se frottant fiévreusement l'éléctrotatouage qu'il avait dans le cou. Hector se souvint du motif et, replaçant son regard vers leurs ennemis du moment, reconnu le même symbole sur plusieurs d'entre eux. Jurkos avait là devant lui un aperçu de la terrible destinée qui aurait été sienne si il n'avait pas accepté l'offre de l'Arbites de son secteur.
Hector vit Laikos se précipiter vers le servant de lance flammes et l'agripper par le cou, le plaquant contre le mur, et lui hurler quelque chose que le vacarme de guerre interdit Hector de comprendre. Au bout de quelques secondes, Laikos jeta un regard furibond autour de lui avant de presser son oreillette, sa voix ternie par la colère hurlant dans leurs propres dispositifs de communication.
-Par l'Empereur, qu'est ce que vous attendez pour ouvrir le feu? Que ça soit Abaddon lui même qui se pointe?? beugla le sergent. Éliminez moi ces boites de conserve et plus vite que ça!
En réponse à son ordre, un déluge de feu s'abattit sur les serviteurs programmés contre eux, l'escouade Gamma se joignant alors aux efforts déjà fournis par les trois autres, et le rideau de mort s'intensifia horriblement entre les deux camps. Hector épaula son fusil et se mit sur un genou, fermement positionné, ferma un oeil et prit le temps de choisir sa cible. Il plaça dans sa mire un serviteur porteur d'un énorme fusil à pompe greffé sur ce qui demeurait de son bras gauche et qu'un maigre mécanisme jaillissant de son flanc droit permettait de recharger après chaque détonation. Le visage blafard de la créature portait un tatouage noir sur le front que Hector reconnu comme étant le symbole du pénitencier de la péninsule de Taygète, où on envoyait ceux qui s'étaient rendus coupables de rapts et de tueries en tout genre au nom d'un gang. Une sinistre créature devenu le pâle reflet de ce qu'il avait été. Le jeune homme bloqua sa respiration et son doigt se crispa sur la détente. Un flash de lumière accompagné d'un son de fouet qui claque plus tard, et la tête de l'ex criminel vola en éclats humides, s'envolant dans une brume de sang bouilli. Sa carcasse privée de cerveau tomba lourdement sur le côté en arrosant la poussière grise d'un sang visqueux et noirâtre à gros bouillons. Hector relâcha sa respiration et rouvrit son oeil fermé, jetant un regard interloqué à son arme, son doigt toujours crispé sur la détente. Hulter se replaça derrière son abri de fortune, sur le dos, son arme fumante, et son regard plein de reproches dirigé vers son ami.
-Ben alors? l'interpella-t-il. Tu comptes t'en servir un jour de ta pétoire? J'en ai déjà abattu trois! Cesses donc de réfléchir, et tire, nom d'un baratis véreux!
Hulter roula sur lui même pour regagner sa position de tir et aligna une nouvelle cible avant de faire feu, envoyant un serviteur mordre la poussière, un pan entier de sa cage thoracique grillé par la décharge d'énergie. Hector lâcha un soupir de frustration et se reprit immédiatement en mettant une autre cible en joue. Celui ci était un serviteur squelettique armé d'une sorte de baliste à explosif. Son tatouage indiquait qu'il provenait du pénitencier de... Par le Trône, on s'en foutait pas mal! Hector suivit les conseils de son ami et se vida instantanément la tête de toute réflexion inutile, ne voyant plus de cet univers que son ennemi, qui qu'il pusse être, au centre de son viseur ambré, une grosse croix noire bougeant au gré de sa respiration passant de la tête de la cible à son estomac. Hector stoppa sa respiration d'un coup et tira dans le même instant, pulvérisant l'épaule droite du serviteur, détachant sa tête à moitié, l'envoyant pendre mollement sur le côté opposé à l'impact, avant qu'il ne s'effondre finalement de manière tout à fait pathétique au sol pour ne plus bouger. C'était fait. Son premier tir au but. Son premier mort. Un gars de Sparta. Un gars qu'il avait peut être connu...
Hulter le tira de ses réflexions à l'instant même où il sentit qu'elles assaillaient de nouveau l'esprit de son ami.
-Bien! Et d'un! le héla-t-il. Bon maintenant tu t'en trouves un autre, ou t'attends qu'ils te rendes la politesse? Tire, ou planques toi, crétin!
Hector sourit en secouant la tête, et choisit une autre cible qu'il anéanti dans la seconde d'un tri parfaitement mal ajusté juste en bas du ventre, alors qu'il visait la tête. Le serviteur était à terre, projetant des gerbes d'étincelles et de liquide noir qu Hector se refusait à identifier, passant alors à une troisième cible qu'il rata de peu avant de finalement lui arracher un membre après deux autres tirs hésitants. Il commençait à avoir le truc, se dit il. Ne pas penser. Juste viser, et tirer. Viser et tirer. Une à une. Chaque cible. De plus en plus rapidement. Viser et tirer.
Se planquer... Un tir adverse ricocha juste devant lui, le dépassant à quelques centimètres de son visage tordu par l'effort, et il éprouva la chaleur fugace de la mort qui venait de le frôler. Il se jeta à couvert aussitôt, son coeur battant à lui rompre la poitrine. Viser, tirer... Mais il fallait quand même réfléchir un minimum si on ne voulait pas devenir un tas de viande inutile...
Le jeune home parvint à calmer ses émotions, et se remit debout lentement, ses jambes tremblantes le faisant chanceler plusieurs fois, avant qu'il ne puisse trouver à nouveau une bonne posture de tir. Nouvelle cible. Viser. Il vit sa cible apparaître au milieu de la croix dentée de son viseur. Il se foutait de qui avait pu être ce pauvre type transformé en zombie pour ses crimes. Tirer. Maintenant que la carcasse fumante tombait à terre, vidant l'univers de toutes traces de son existence, cela n'avait vraiment plus aucune importance. Se planquer. Hector revint à couvert, et chercha une nouvelle cible des yeux par dessus le muret.
Oui il commençait à avoir le truc...
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+++ Burn the Heretic +++
+++ Purge the Unclean +++
+++ Purge the Unclean +++
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Pfiou! et ben c'est pas de la tarte de poster une suite avec tous ces bugs!
La première partie de cette suite et l'intro datent de ce midi (heureusement que je pense à sauver de temps en temps), j'ai perdu le reste lorsque le serveur a encore planté alors que je pensais pouvoir poster...*rage*
Avant de commencer la suite, petites actus me concernant. Déjà, désolé encore d'avoir dû abandonner si vite le CDA, j'ai essayé de m'y remettre le week end dernier, mais j'ai vraiment trop peu de temps à y accorder, surtout ces temps ci où je dois m'occuper des ultimes détails de mon fest (semaine prochaine, pas de stress....argh!)
Ensuite, sachez que pour la même raison, j'ai pas pu beaucoup avancer dans la réécriture de PEML, et que j'ai pris un peu de retard ici. Mais passé le week end du 13-14, ce sera plus tranquille, et je pourrai m'y remettre avec ardeur.
Enfin, pour finir, et en conclusion de ceci...ben... la suite:
LA FUSILLADE GAGNA en intensité à mesure que les serviteurs gagnaient du terrain, faisant feu de toutes leurs armes, de la plus rustique à certaines beaucoup plus récentes, greffées à leurs corps décharnés de façon très aléatoire, comme s'ils étaient le fruit d'un quelconque savant fou. Le peloton entier s'était mis à couvert pour répliquer à l'attaque sans cesser d'avancer, mais à leur grande stupeur, pour chaque cible qu'ils abattaient, deux autres apparaissaient.
Par le Trône, pensa Donokos, où ont-ils pu trouver autant de condamnés? Une partie de la réponse lui parviendrait quelques temps après, lorsqu'il carbonisa un serviteur musculeux monté sur chenilles qui portait un gros rivet sur le front arborant l'écusson du tristement célèbre pénitencier de Hellheim, dans le système Futhark. Les responsables de la levée des armées d'Olympus avaient dû travailler de concert avec des responsables reliés par l'Ordre pour rassembler ces créatures venues de partout dans Mythos...
Donokos ragea, jurant entre ses dents serrées par la tension, lorsqu'il consulta son chron qui lui renvoya qu'il se battaient depuis près de six minutes, et ils n'avaient pas progressé sur plus de cent mètres. Ils ne seraient pas dans les temps. Des détonations lointaines lui apprirent cependant que le 14ème devait être confronté au même problème, et il espéra intérieurement qu'ils soient dans une situation plus périlleuse que la leur, se maudissant immédiatement pour ces mauvaises pensées, indignes d'un Olympien.
Son escouade s'était éloignée du groupe Pelekos pour pouvoir trouver un abris, et venait de s'enfoncer dans les ruines de ce qui devait avoir été une maison à trois étages surplombant le carrefour dévasté où avait éclaté la bataille. Entre quelques décombres, Donokos pouvait apercevoir la coupole éventrée de la basilique, à quelques centaines de mètres de là, derrière un pâté de maisons réduites à l'état de gravats.
Le lieutenant passa d'un pan de mur éclaté à un autre d'un seul bond, tout en délivrant une courte rafale de pistolet, arrosant inutilement un tas de remblais derrière lequel progressaient trois serviteurs. Leur réponse cribla son nouvel abris d'impacts, le saupoudrant de poussière grisâtre, le forçant à s'accroupir en plissant les yeux pour éviter qu'un éclat ne vienne le blesser. Il tourna la tête vers le reste de son escouade attendant son signal pour se déplacer et leva immédiatement un poing fermé pour les en empêcher, avant d'ouvrir trois doigts tendus puis pointés en direction de ses agresseurs. Verakas hocha la tête et leva à son tour une main paume ouverte en regardant par dessus son épaule. Il referma sa main en ne laissant pointer que deux doigts et les fit bouger de côté, désignant la position du lieutenant, puis un tas de gravas placé exactement entre eux et leur officier. Deux soldats firent claquer leur culasse, prêts à s'élancer vers les positions indiquées, et Verakas plongea le premier en avant, fusil calé contre la hanche, une jambe tendue à l'opposée de l'autre repliée, sur laquelle le vétéran faisait reposer son centre de gravité. Il délivra une longue rafale de gauche à droite, immédiatement suivie d'une deuxième dans le sens contraire, tandis que les deux soldats qui avaient répondu présent à son ordre se lancèrent à leur tour vers leur objectif, tirant de courtes rafales de soutien. Le premier atteignit Donokos et se plaça à ses côtés pour intensifier son tir, et le deuxième plongea derrière les gravas pour poser son fusil par dessus et tira à plat ventre sur les trois silhouettes hostiles.
La première attaque délivrée par Verakas avait littéralement coupé un des ennemis en deux et endommagé l'une des armes latérales d'un autre, mais la réplique avait forcé le sergent à se remettre précipitamment à couvert, juste avant que les deux autres soldats n'ouvrent le feu. Un des tirs pulvérisa la tête du serviteur le plus à droite et Donokos donna une tape amicale sur l'épaule du soldat parvenu jusqu'à lui pour le féliciter de sa précision. Le dernier ennemi, amputé d'une arme, souleva un nuage de poussière quand son canon laser déchira le sol devant lui, avançant à une vitesse hallucinante, sa rafale dévastant le monticule de pierre derrière était couché le deuxième soldat, qui n'eut pas le temps de bouger et fut projeté de côté, son flanc droit noirci et fumant.
-Les salauds! cracha Donokos en voyant le corps du soldat se recroqueviller, parcouru de spasmes.
Il se pencha sur le côté pour arroser le dernier combattant ennemi d'un feu vengeur, mais un tir soutenu l'en empêcha, et il eut juste le temps d'apercevoir avec colère quatre autres silhouettes rejoindre leur camarade lobotomisé. Verakas pressa son oreillette, les signes ne suffisant plus.
-L'un des zombies porte une arme lourde. dit il.
-On m'a pourtant certifié qu'aucun camp ne posséderait d'armes lourdes! s'étonna Donokos. Confirmez sergent!
-Je sais pas lieutenant! avoua celui ci, se mettant plus à couvert, le tir de barrage ennemi lui interdisant toute confirmation visuelle. C'est gros! Cet enfoiré a un gros flingue, c'est tout ce que je peux dire!
Comme pour répondre à sa description peu détaillée, un aboiement sourd et crépitant empli le petit espace de la maisonnée dévastée, et vint faire voler en éclats une des poutres de bois attenantes au mur derrière lequel se terraient Verakas et les six autres soldats de l'escouade, le monceau de bois abattu s'écrasant lourdement sur deux d'entre eux qui glapirent dans un bruit écœurant d'os brisés.
Un tourbillon de poussière les noya totalement pendant un instant, et Donokos essaya de repérer ses ennemis, en clignant des yeux pour en chasser les larmes et pris d'une violente quinte de toux au goût de plâtre. Le nuage blanchâtre s'illumina d'éclats rouges et lumineux comme si il s'agissait d'un orage grondant au sein d'une masse de nuages noirs, et le compagnon de Donokos s’affaissa sur le côté, un cratère fumant en plein milieu du plastron, les yeux révulsés, et secoué de tremblements. Le lieutenant tira le blessé derrière la cloison qui les protégeaient de moins en moins, et tira une successions de tirs hasardeux dans le brouillard de débris. Des cris non loin de lui lui signalèrent qu'un autre soldat avait été touché, mais il parvint à entendre ce dernier signaler que c'était superficiel avant de faire chanter son fusil en réponse.
Le nuage de particules se dissipa peu à peu, des éclairs de lasers aveuglants remplaçants les flashs de tirs estompés par la poussière, et Donokos risqua un coup d'oeil vers l'ennemi. Il eut le temps d'en compter six en tout, roulant lentement vers eux en écrasant au passage les carcasses tordues de leurs défunts camarades. La visibilité de retour, les talents des gardes reprirent le dessus, et Verakas désintégra le torse d'un des assaillants d'un tir à pleine puissance. Avant de revenir à couvert tandis que de nouveaux tirs venaient diminuer son abris, Donokos reconnu le "gros flingue" sur le cadavre fumant. C'était un gros canon multitube, comme si on avait collé des fusils ensembles, et un tir groupé de cette arme s'avérait dévastateur. Mais ce n'était pas une arme lourde pour autant, se dit il, comme pour se rassurer. Juste du bricolage. L'image du savant fou revint danser dans son esprit, et il se jura d'aller se plaindre auprès de ses supérieurs de cet exercice à la limite de la cruauté, qui faisait plus office de gaspillage que de sélection.
Il leva une main ouverte vers Verakas et la fit partir en avant comme une lame pour désigner les cinq ennemis restants. Verakas hocha du chef et beugla quelque chose que Donokos ne put comprendre à cause du vacarme, même si il savait très bien que le vétéran ne faisait que transmettre les ordres. Tous juchèrent leurs regards vers l'officier et Donokos leva un poing vers eux, levant lentement mais sûrement un doigt à la fois. Au troisième doigt levé, ce qui restait de l'escouade s'élança en avant comme un seul homme et délivra une véritable tempête de lasers, alourdissant instantanément l'atmosphère d'une écrasante odeur d'ozone. La contre attaque des gardes éparpilla en un instant es cinq serviteurs aux quatre coins des ruines de la petite bâtisse, et le calme revint, aussi précaire qu'il puisse être au sein d'un champ de bataille.
Il restèrent un moment figés, armes levées, au cas où une autre équipe d'hostiles viendrait à leur rencontre, mais la zone paraissait sécurisée pour le moment.
Donokos leva son arme et se tourna vers les cinq survivants, dont deux présentaient des blessures légères, et adressa un hochement grave de la tête à Verakas.
-Bien joué les gars. dit il, sans joie. Rassemblez les blessés. Doc', assurez vous de leurs statuts, rapport immédiat. Verekas, Fokos, avec moi.
Harmes, le médecin du peloton, suivit des deux soldats restants allèrent se charger de ceux qui étaient tombés, tandis que le lieutenant alla se mettre de côté, suivi de l'opérateur radio et du sergent vétéran. il se tassa près d'un gros trou qui ironiquement avait pu être une fenêtre auparavant, et jeta un reagrd en direction des combats alentours. Les assaillants se faisaient plus nombreux, peut être une bonne centaine, peut être plus, et ses gardes étaient bloqués sur leurs positions, se défendant du mieux qu'ils pouvaient. Mais le lieutenant constata déjà que plusieurs corps gisaient à terre et que certaines des plus jeunes recrues étaient cloitrées derrière un maigre abri, trop occupés à sangloter de terreur pour se défendre. Ils étaient une minorité, heureusement, mais Donokos ne voulait pas de ça au sein de son peloton. Par le Trône, ils étaient à l'heure actuelle le visage même d'Olympus tout entier! Pas question de donner l'aperçu d'une quelconque faiblesse à ces prétentieux de Romae!
Il se tourna vers Verakas qui haussa légèrement les épaules, comme pour signifier qu'il partageait les craintes et les attentes de son officier, puis passa à Fokos en tendant la main d'un geste sec.
-Radio. ordonna-t-il. Branchez moi sur les fréquences de sous officiers. Tous les sergents au rapport!
Fokos écouta un instant les parasites qui crachaient au sein de son casque avant de trouver la bonne fréquence et de tendre l'instrument à Donokos qui se saisit du micro.
-Lieutenant Donokos à toutes les unités! déclara-t-il sèchement. Rapport de situation immédiat!
L'ESCOUADE GAMMA ÉTAIT toujours coincée sur le côté droit du grand carrefour à la chaussée défoncée de l'autre côté duquel provenaient des dizaines de serviteurs armés jusqu'aux dents. La route ancienne, assez large pour laisser passer deux grosses Chimères côtes à côtes, était encombrée de débris, de reliquats de barricades pulvérisées et de cratères encombrés de boue visqueuse. Les bâtiments - du moins ce qu'il en restait - qui la bordaient étaient pratiquement tous des sortes de logement ouvriers de troisième classe, jadis hauts de deux à cinq étages, leurs façades à présent répandues sur tout le périmètre en gros tas de roches et de ferrailles tordues. Gamma était éparpillée suivant un schéma de défense visant à les prévenir d'un anéantissement ciblé, un groupe éclaté plus difficile à détruire qu'un groupe soudé, et les membres de l'escouade avaient chacun pu trouver refuge au petit bonheur la chance, derrière un mur délabré, derrière un tas de gravats ou derrière un monceau de plaques de tôle et de fils de fer barbelés. Les soldats délivraient des tirs prudents sur l'attaquant, et tentaient désespérément de passer d'un couvert à l'autre pour avancer, mais l'intensité du barrage de feu de l'ennemi leur interdisait toute progression autre que totalement suicidaire.
Laikos et Alekos étaient prostrés derrière un tas de ferrailles rouillées et tentaient de résister du mieux qu'ils pouvaient, empêtrés jusqu'aux genoux dans une boue collante et empestant la putréfaction. Le sergent se retira vivement d'un trou formé par le croisement de deux plaques criblées d'impacts au moment où une rafale de tirs vint en creuser d'avantage, l'un d'eux passant à quelques centimètres du nez de Laikos. Il retira rageusement son chargeur vide et en enclencha un autre avant de faire feu à nouveau, choisissant ses cibles avec soin, et les éliminant une à une. C'était pour lui comme revenir en arrière, ses vieux réflexes de soldat refaisant surface, lui rappelant le temps où, dix ans auparavant, il avait servi au sein des FDP de Sparta pour libérer une station orbitale abordée par l'Archennemi. Des jours de peines, d'efforts et de gloire, jusqu'à la fin de la Croisade Noire et son retour à la vie civile. Cet exercice sadique auquel ils étaient à présent confrontés n'était pas vraiment une épreuve pour lui, si ce n'est que par le fait que trop peu savaient déjà se battre au sein du peloton, la faiblesse majoritaire les mettaient tous en danger, comme en attestaient tristement les quelques corps de gardes déjà au sol, abattus dès les débuts de la bataille.
Il allait détruire une nouvelle cible lorsque Alekos lui hurla dans les oreilles pour se faire entendre au milieu du vacarme, informant son supérieur que le lieutenant Donokos lui demandait de communiquer son statut.
-Fait patienter, garçon! répondit Laikos de sa voix bourrue, le temps d'appréhender sa cible et de lui loger un tir parfait au milieu de ses yeux vides, faisant voler des morceaux de viande cuite et des fragments de circuits électriques. Sa cible à terre, il se tourna vers le porteur de la radio avec un sourire en coin, et prit le combiné tendu pour le porter à ses oreilles, grimaçant aussitôt sous l'assaut brutal de parasites déchaînés qui saturaient totalement les transmissions. Finalement, au milieu de ce babillage strident, surgit la voix autoritaire de Donokos.
-...iphos à Aspis...apport... scouade Gamma... crachota la voix du lieutenant. ...rgent Laikos?...
-Laikos au rapport, lieutenant! répondit le sergent, en poussant sa voix du mieux qu'il pouvait pour se faire entendre. Vous me recevez?
-...firmatif Laikos... grésilla Donokos. ...elle est votr... tuation?
-On est foutrement coincé par les boîtes de conserves sur la portion trois-un-alpha-prima, lieutenant. rapporta Laikos. A ce rythme là on va se faire tailler les mêmes jupettes ridicules que les gladiateurs de Taygète, sauf qu'on va y laisser du gras!
-...as le temps d... bavasser, Laikos! le tempéra Donokos. Des p....? Je ... épètes, des pertes?
-Aucune pour le moment, lieutenant. répondit Laikos. On tiens le coup, et on avance porter force d'appui à Delta. Alpha s'en sort bien, mais pas de nouvelles de Bêta.
-...e sais... rgent. l'informa Donokos. Pas de ...ouvelles de Bêta ... plus. Juste ... ilence radio. Sergent, vous d...vez les rejoindre. Gagnez leur ...rnier point de t...smission. Trouvez les, Laikos!
-Entendu lieutenant, vous nous en demandez une sacré bonne, mais on va tenter le coup! fit Laikos en jetant un regard nerveux à son subalterne. Quelle est leur dernière position connue?
-ix d... pha-prima. Je répète, six-deux-alpha-prima. ...firmez, je ...ètes, confirmez! transmis le lieutenant.
-Coordonnées reçues, mon lieutenant! accusa réception Laikos. On fonce, aussi vite qui si on avait des tyranides aux fesses! Laikos, terminé.
-Xiphos, ...rminé. fit Donokos à son tour avant que les parasites ne noient complètement sa voix.
Alekos reprit le combiné pour le raccrocher à son volumineux paquetage et sourit à son sergent, la situation ne paraissant guère entamer son moral.
-Une vraie partie de plaisir qui s'annonce, pas vrai, sergent? lança-t-il.
-Comme si j'avais le choix... maugréa Laikos.
Le sergent se releva à peine pour pouvoir entrer en contact visuel avec le reste de son escouade et leva une main ouverte, doigts écartés, avant de la faire descendre paume vers le bas, à plusieurs reprises, comme s'il tassait quelque chose dans l'air. Tous reconnurent le signe de ralliement que leur avait enseigné le vieux sergent, et ils amorcèrent le mouvement, prudemment, sautillant d'abris en abris, évitant les rafales meurtrières, certains plongeant parfois de manière fort disgracieuse dans la boue puante pour éviter un tir funeste. Ils mirent moins de deux minutes pour rejoindre Laikos et se tassèrent derrière les plaques de fer ressemblant de plus en plus à des passoires derrières lesquelles s'abritaient leur sergent et Alekos, se collant les uns aux autres, têtes penchées en avant pour parvenir à s'entendre dans le brouhaha incessant de l'échange de feu apocalyptique.
-Bon les enfants ça va pas devoir être une partie de plaisir, mais on va devoir aller sauver les fesses de Bêta, ou ce qu'il en reste. expliqua Laikos en devant presque crier pour se faire comprendre. Ils manquent à l'appel et le lieutenant veut qu'on aille s'assurer qu'ils ont pas été rejoindre nos ancêtres trop tôt.
-Où se trouvent-ils? demanda Hulter, les yeux brillants d’excitation.
-A six heures derrière ces ruines. désigna Laikos en pointant l'endroit du doigt. C'est leur dernier point de transmission, et si ils ont pas bougé, c'est là qu'ils sont encore. Ca veut dire du deux cents mètres à découvert, tête baissée et au pas de course, à moins que vous vouliez vous faire aérer ce qui vous sert de cerveau de façon permanente. C'est vous qui voyez.
-C'est du suicide, sergent! s'offusqua Halatos en secouant la tête.
-Non, gamine, c'est ce qu'on appelle de la camaraderie et que Donokos appelle un ordre. Y'a pas à discuter jusqu'au réveil de l'Empereur.
-Je peux passer en avant pour couvrir notre flanc le plus vulnérable au lance flammes. décréta Jurkos. Mais je veux personne avec moins au cas où l'un de ces zombie me transforme un bombe sur pattes.
-Négatif, soldat! contra Laikos. Je veux Urela et Donarkos en tête, ce sont les plus rapides. Suivront Hulter, Hector et Dakos, puis Halatos, Alekos, Urkos et moi même. Tu clôt la marche fiston, et tu m'arrose ces enflures comme tu le sens. Ca s'appelle assurer ses arrières. Les plus rapides en premiers et les plus sauvages pour décourager l'adversaire de nous suivre.
Les soldats hochèrent tous la tête en signe d'acceptation du plan, et Laikos jeta un regard en direction de leur objectif avant de rajouter.
-Une fois sortis, vous courez comme si vous aviez toute la pestilence du Chaos au cul et vous vous arrêtez pas, sous aucun prétexte. C'est compris? Alors on y va!
Immédiatement, Urela s'élança gracieusement en avant, fusil plaqué à la hanche en tirant au jugé vers les lignes ennemies, suivie de Donarkos, fonçant tête baissée, sautant à grandes enjambées par dessus les débris encombrant la route. Mais ils furent stoppés net par un véritable barrage de feu ardent et durent se jeter à plat ventre sur place pour éviter d'être taillés en pièces. Laikos lâcha un chapelet de jurons qui auraient fait rougir un Commissaire Impérial et ordonna un tir de soutien. Pas question d'aller plus loin, la route était trop périlleuse, ils allaient tous mourir s'ils s'y engageaient. Donarkos fut le premier à les rejoindre en rampant misérablement, le front ouvert par une pierre explosée contre laquelle il s'était jeté dans sa hâte, puis vint Urela, accroupie, avançant en se dandinant tout en lâchant un torrent de lasers vers l'adversaire. Deux tirs ricochèrent à ses côtés, l'un venant érafler son flanc et elle se jeta en avant, récupérée aussitôt par Hulter qui la tira hors de danger. Le jeune homme passa d'une expression de courage ferme à celle d'un idiot mal à l'aise alors que la belle s'était accrochée à son cou dodu pour se relever, son visage de nymphe à quelques centimètres du sien. Elle lui déposa un baiser fugace sur la joue pour le remercier et alla se plaquer contre une dalle soulevée pour changer son chargeur, tandis que Urkos vint vers elle pour inspecter sa blessure.
Laikos, Dakos et Halatos délivrait un feu infernal sur les lignes ennemies pour permettre aux deux soldats de regagner le couvert sains et saufs, tandis que Jurkos fit souffler une longue langue de flammes crépitantes vers un tas de gravats que gravissaient une poignée d'ennemis qui se figèrent sur place pour se consumer lentement. Alekos était pratiquement à quatre pattes sur le côté, penché sur son auspex pour tenter de trouver une autre voie, Hector à genoux sur sa gauche, le fusil posé sur une barre d'acier noirci pour défendre lui aussi la position.
Urkos dépassa Hulter qui tentait tant bien que mal de se remettre du plus doux des remerciements qu'il avait reçu, et le colosse dû momentanément se relever pour contourner le jeune homme, posant sa grosse main musculeuse sur son épaule pour s'assurer une meilleure prise. Hulter sursauta soudain alors qu'un flash de lumière bleuté éclata au dessus de lui, mais surtout parce que le géant fut violemment projeté de côté en poussant un cri étranglé, pour aller s'écrouler lourdement dans une flaque de boue, un cratère grésillant et encore rougeoyant palpitant au beau milieu de son plastron.
-Merde! cracha Laikos. Tout le monde à couvert, homme à terre! Alekos, le kit de secours, vite!
Hulter se retrouva brusquement mis de côté alors que Laikos et Alekos se précipitaient vers Urkos dont le corps était secoué de violentes secousses, le visage tordu de douleur, une écume rosâtre au bord des lèvres.
Hector resta en position, redoublant sa cadence de tir dans un hurlement aussi sauvage que désespéré alors qu'un de ses camarades venait d'être abattu, la douleur et la frustration se mêlant dans son esprit, un seul sentiment immédiat prenant bien vite le dessus sur tout le reste. Venger son frère tombé...
-BÊTA POUR XIPHON! Bêta pour Xiphon! répéta nerveusement le garde impérial dans le combiné. Répondez lieutenant! Par le Trône répondez!
Les quatre soldats restants étaient couchés le dos sur un monticule de débris, tandis que que de l'autre côté leurs six camarades gisaient face contre terre, l'ennemi en nombre approchant inexorablement en délivrant une tempête de feu, comme tout droit sortie de l'enfer pour venir les chercher.
Le soldat réitéra son appel plusieurs fois, ses mains tremblantes et collantes de sueur arrivant à peine à maintenir le combine contre son visage encrassé de poussière grisâtre. Le sergent Boorh, le bras gauche brûlé, tirait par dessus sa tête, usant d'un fusil récupéré in extremis avant leur retraite, et avait le visage serré par un mélange torturé de souffrance et de colère.
Le soldat qui tentait de joindre le commandement finit par abandonner, anéanti par l'échec, et jeta piteusement le combiné de côté avant de jeter un regard empli d'amertume vers son officier.
-La radio est HS, sergent. dit il, la voix tremblante. Xiphos est injoignable.
-On est foutus! siffla un soldat qui abandonna son poste de tir.
Boorh grogna sans qu'on pusse deviner s'il s'agissait de douleur ou d'exaspération, et ramena le fusil récupéré vers lui pour pulvériser d'un tir le poste de radio inutilisable avant de pointer l'arme vers les trois gardes terrifiés qui lui faisaient face.
-On tiens la position! gronda-t-il d'une voix tremblante de haine. Le prochain qui quitte son poste de tir, je l'abat moi même! Un Garde meurt, mais ne se rends pas! Combattez, c'est un ordre!
Sanglotants à présent, les trois soldats tenaillés par l'abominable perspective de leur mort en marche se remirent en position de tir couché et recommencèrent leurs tirs de suppression, tentant vainement de garder leurs ennemis lobotomisés hors de portée. Cet ultime baroud d'honneur n'allait pas tarder à connaître son dénouement morbide alors qu'un nouveau groupe de serviteurs de combat faisaient leur apparition dans leur champ de vision, et l'un des gardes éclata en pleurs tout en continuant de tirer, appelant ses ancêtres, sa fiancé, l'Empereur et tout ceux qui lui passaient par la tête dans une pitoyable avalanche de prières désespérées.
Boorh terrassa deux autres adversaires en crispant la mâchoire pour retenir son propre dégoût de voir sa courte carrière finir ainsi.
-Exercice à tir réel! Bah! Quelle stupidité! Quel gâchis! cracha-t-il comme s'il était sur le point de vomir. Qu'ils aillent tous pourrir dans le Warp!
A peine eut-il finit de proférer sa malédiction qu'un éclata de lumière aveuglante jaillit de derrière ses ennemis alors presque à portée de main, et tout l'univers des survivants de Bêta fut englouti par un vacarme infernal auquel se mêla leurs propres cris d'épouvante.
Puis un silence de mort retomba sur la zone six-deux-alpha-prima tandis que la lueur faiblit puis mourut comme si jamais rien ne s'était produit ici.
La première partie de cette suite et l'intro datent de ce midi (heureusement que je pense à sauver de temps en temps), j'ai perdu le reste lorsque le serveur a encore planté alors que je pensais pouvoir poster...*rage*
Avant de commencer la suite, petites actus me concernant. Déjà, désolé encore d'avoir dû abandonner si vite le CDA, j'ai essayé de m'y remettre le week end dernier, mais j'ai vraiment trop peu de temps à y accorder, surtout ces temps ci où je dois m'occuper des ultimes détails de mon fest (semaine prochaine, pas de stress....argh!)
Ensuite, sachez que pour la même raison, j'ai pas pu beaucoup avancer dans la réécriture de PEML, et que j'ai pris un peu de retard ici. Mais passé le week end du 13-14, ce sera plus tranquille, et je pourrai m'y remettre avec ardeur.
Enfin, pour finir, et en conclusion de ceci...ben... la suite:
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LA FUSILLADE GAGNA en intensité à mesure que les serviteurs gagnaient du terrain, faisant feu de toutes leurs armes, de la plus rustique à certaines beaucoup plus récentes, greffées à leurs corps décharnés de façon très aléatoire, comme s'ils étaient le fruit d'un quelconque savant fou. Le peloton entier s'était mis à couvert pour répliquer à l'attaque sans cesser d'avancer, mais à leur grande stupeur, pour chaque cible qu'ils abattaient, deux autres apparaissaient.
Par le Trône, pensa Donokos, où ont-ils pu trouver autant de condamnés? Une partie de la réponse lui parviendrait quelques temps après, lorsqu'il carbonisa un serviteur musculeux monté sur chenilles qui portait un gros rivet sur le front arborant l'écusson du tristement célèbre pénitencier de Hellheim, dans le système Futhark. Les responsables de la levée des armées d'Olympus avaient dû travailler de concert avec des responsables reliés par l'Ordre pour rassembler ces créatures venues de partout dans Mythos...
Donokos ragea, jurant entre ses dents serrées par la tension, lorsqu'il consulta son chron qui lui renvoya qu'il se battaient depuis près de six minutes, et ils n'avaient pas progressé sur plus de cent mètres. Ils ne seraient pas dans les temps. Des détonations lointaines lui apprirent cependant que le 14ème devait être confronté au même problème, et il espéra intérieurement qu'ils soient dans une situation plus périlleuse que la leur, se maudissant immédiatement pour ces mauvaises pensées, indignes d'un Olympien.
Son escouade s'était éloignée du groupe Pelekos pour pouvoir trouver un abris, et venait de s'enfoncer dans les ruines de ce qui devait avoir été une maison à trois étages surplombant le carrefour dévasté où avait éclaté la bataille. Entre quelques décombres, Donokos pouvait apercevoir la coupole éventrée de la basilique, à quelques centaines de mètres de là, derrière un pâté de maisons réduites à l'état de gravats.
Le lieutenant passa d'un pan de mur éclaté à un autre d'un seul bond, tout en délivrant une courte rafale de pistolet, arrosant inutilement un tas de remblais derrière lequel progressaient trois serviteurs. Leur réponse cribla son nouvel abris d'impacts, le saupoudrant de poussière grisâtre, le forçant à s'accroupir en plissant les yeux pour éviter qu'un éclat ne vienne le blesser. Il tourna la tête vers le reste de son escouade attendant son signal pour se déplacer et leva immédiatement un poing fermé pour les en empêcher, avant d'ouvrir trois doigts tendus puis pointés en direction de ses agresseurs. Verakas hocha la tête et leva à son tour une main paume ouverte en regardant par dessus son épaule. Il referma sa main en ne laissant pointer que deux doigts et les fit bouger de côté, désignant la position du lieutenant, puis un tas de gravas placé exactement entre eux et leur officier. Deux soldats firent claquer leur culasse, prêts à s'élancer vers les positions indiquées, et Verakas plongea le premier en avant, fusil calé contre la hanche, une jambe tendue à l'opposée de l'autre repliée, sur laquelle le vétéran faisait reposer son centre de gravité. Il délivra une longue rafale de gauche à droite, immédiatement suivie d'une deuxième dans le sens contraire, tandis que les deux soldats qui avaient répondu présent à son ordre se lancèrent à leur tour vers leur objectif, tirant de courtes rafales de soutien. Le premier atteignit Donokos et se plaça à ses côtés pour intensifier son tir, et le deuxième plongea derrière les gravas pour poser son fusil par dessus et tira à plat ventre sur les trois silhouettes hostiles.
La première attaque délivrée par Verakas avait littéralement coupé un des ennemis en deux et endommagé l'une des armes latérales d'un autre, mais la réplique avait forcé le sergent à se remettre précipitamment à couvert, juste avant que les deux autres soldats n'ouvrent le feu. Un des tirs pulvérisa la tête du serviteur le plus à droite et Donokos donna une tape amicale sur l'épaule du soldat parvenu jusqu'à lui pour le féliciter de sa précision. Le dernier ennemi, amputé d'une arme, souleva un nuage de poussière quand son canon laser déchira le sol devant lui, avançant à une vitesse hallucinante, sa rafale dévastant le monticule de pierre derrière était couché le deuxième soldat, qui n'eut pas le temps de bouger et fut projeté de côté, son flanc droit noirci et fumant.
-Les salauds! cracha Donokos en voyant le corps du soldat se recroqueviller, parcouru de spasmes.
Il se pencha sur le côté pour arroser le dernier combattant ennemi d'un feu vengeur, mais un tir soutenu l'en empêcha, et il eut juste le temps d'apercevoir avec colère quatre autres silhouettes rejoindre leur camarade lobotomisé. Verakas pressa son oreillette, les signes ne suffisant plus.
-L'un des zombies porte une arme lourde. dit il.
-On m'a pourtant certifié qu'aucun camp ne posséderait d'armes lourdes! s'étonna Donokos. Confirmez sergent!
-Je sais pas lieutenant! avoua celui ci, se mettant plus à couvert, le tir de barrage ennemi lui interdisant toute confirmation visuelle. C'est gros! Cet enfoiré a un gros flingue, c'est tout ce que je peux dire!
Comme pour répondre à sa description peu détaillée, un aboiement sourd et crépitant empli le petit espace de la maisonnée dévastée, et vint faire voler en éclats une des poutres de bois attenantes au mur derrière lequel se terraient Verakas et les six autres soldats de l'escouade, le monceau de bois abattu s'écrasant lourdement sur deux d'entre eux qui glapirent dans un bruit écœurant d'os brisés.
Un tourbillon de poussière les noya totalement pendant un instant, et Donokos essaya de repérer ses ennemis, en clignant des yeux pour en chasser les larmes et pris d'une violente quinte de toux au goût de plâtre. Le nuage blanchâtre s'illumina d'éclats rouges et lumineux comme si il s'agissait d'un orage grondant au sein d'une masse de nuages noirs, et le compagnon de Donokos s’affaissa sur le côté, un cratère fumant en plein milieu du plastron, les yeux révulsés, et secoué de tremblements. Le lieutenant tira le blessé derrière la cloison qui les protégeaient de moins en moins, et tira une successions de tirs hasardeux dans le brouillard de débris. Des cris non loin de lui lui signalèrent qu'un autre soldat avait été touché, mais il parvint à entendre ce dernier signaler que c'était superficiel avant de faire chanter son fusil en réponse.
Le nuage de particules se dissipa peu à peu, des éclairs de lasers aveuglants remplaçants les flashs de tirs estompés par la poussière, et Donokos risqua un coup d'oeil vers l'ennemi. Il eut le temps d'en compter six en tout, roulant lentement vers eux en écrasant au passage les carcasses tordues de leurs défunts camarades. La visibilité de retour, les talents des gardes reprirent le dessus, et Verakas désintégra le torse d'un des assaillants d'un tir à pleine puissance. Avant de revenir à couvert tandis que de nouveaux tirs venaient diminuer son abris, Donokos reconnu le "gros flingue" sur le cadavre fumant. C'était un gros canon multitube, comme si on avait collé des fusils ensembles, et un tir groupé de cette arme s'avérait dévastateur. Mais ce n'était pas une arme lourde pour autant, se dit il, comme pour se rassurer. Juste du bricolage. L'image du savant fou revint danser dans son esprit, et il se jura d'aller se plaindre auprès de ses supérieurs de cet exercice à la limite de la cruauté, qui faisait plus office de gaspillage que de sélection.
Il leva une main ouverte vers Verakas et la fit partir en avant comme une lame pour désigner les cinq ennemis restants. Verakas hocha du chef et beugla quelque chose que Donokos ne put comprendre à cause du vacarme, même si il savait très bien que le vétéran ne faisait que transmettre les ordres. Tous juchèrent leurs regards vers l'officier et Donokos leva un poing vers eux, levant lentement mais sûrement un doigt à la fois. Au troisième doigt levé, ce qui restait de l'escouade s'élança en avant comme un seul homme et délivra une véritable tempête de lasers, alourdissant instantanément l'atmosphère d'une écrasante odeur d'ozone. La contre attaque des gardes éparpilla en un instant es cinq serviteurs aux quatre coins des ruines de la petite bâtisse, et le calme revint, aussi précaire qu'il puisse être au sein d'un champ de bataille.
Il restèrent un moment figés, armes levées, au cas où une autre équipe d'hostiles viendrait à leur rencontre, mais la zone paraissait sécurisée pour le moment.
Donokos leva son arme et se tourna vers les cinq survivants, dont deux présentaient des blessures légères, et adressa un hochement grave de la tête à Verakas.
-Bien joué les gars. dit il, sans joie. Rassemblez les blessés. Doc', assurez vous de leurs statuts, rapport immédiat. Verekas, Fokos, avec moi.
Harmes, le médecin du peloton, suivit des deux soldats restants allèrent se charger de ceux qui étaient tombés, tandis que le lieutenant alla se mettre de côté, suivi de l'opérateur radio et du sergent vétéran. il se tassa près d'un gros trou qui ironiquement avait pu être une fenêtre auparavant, et jeta un reagrd en direction des combats alentours. Les assaillants se faisaient plus nombreux, peut être une bonne centaine, peut être plus, et ses gardes étaient bloqués sur leurs positions, se défendant du mieux qu'ils pouvaient. Mais le lieutenant constata déjà que plusieurs corps gisaient à terre et que certaines des plus jeunes recrues étaient cloitrées derrière un maigre abri, trop occupés à sangloter de terreur pour se défendre. Ils étaient une minorité, heureusement, mais Donokos ne voulait pas de ça au sein de son peloton. Par le Trône, ils étaient à l'heure actuelle le visage même d'Olympus tout entier! Pas question de donner l'aperçu d'une quelconque faiblesse à ces prétentieux de Romae!
Il se tourna vers Verakas qui haussa légèrement les épaules, comme pour signifier qu'il partageait les craintes et les attentes de son officier, puis passa à Fokos en tendant la main d'un geste sec.
-Radio. ordonna-t-il. Branchez moi sur les fréquences de sous officiers. Tous les sergents au rapport!
Fokos écouta un instant les parasites qui crachaient au sein de son casque avant de trouver la bonne fréquence et de tendre l'instrument à Donokos qui se saisit du micro.
-Lieutenant Donokos à toutes les unités! déclara-t-il sèchement. Rapport de situation immédiat!
***
L'ESCOUADE GAMMA ÉTAIT toujours coincée sur le côté droit du grand carrefour à la chaussée défoncée de l'autre côté duquel provenaient des dizaines de serviteurs armés jusqu'aux dents. La route ancienne, assez large pour laisser passer deux grosses Chimères côtes à côtes, était encombrée de débris, de reliquats de barricades pulvérisées et de cratères encombrés de boue visqueuse. Les bâtiments - du moins ce qu'il en restait - qui la bordaient étaient pratiquement tous des sortes de logement ouvriers de troisième classe, jadis hauts de deux à cinq étages, leurs façades à présent répandues sur tout le périmètre en gros tas de roches et de ferrailles tordues. Gamma était éparpillée suivant un schéma de défense visant à les prévenir d'un anéantissement ciblé, un groupe éclaté plus difficile à détruire qu'un groupe soudé, et les membres de l'escouade avaient chacun pu trouver refuge au petit bonheur la chance, derrière un mur délabré, derrière un tas de gravats ou derrière un monceau de plaques de tôle et de fils de fer barbelés. Les soldats délivraient des tirs prudents sur l'attaquant, et tentaient désespérément de passer d'un couvert à l'autre pour avancer, mais l'intensité du barrage de feu de l'ennemi leur interdisait toute progression autre que totalement suicidaire.
Laikos et Alekos étaient prostrés derrière un tas de ferrailles rouillées et tentaient de résister du mieux qu'ils pouvaient, empêtrés jusqu'aux genoux dans une boue collante et empestant la putréfaction. Le sergent se retira vivement d'un trou formé par le croisement de deux plaques criblées d'impacts au moment où une rafale de tirs vint en creuser d'avantage, l'un d'eux passant à quelques centimètres du nez de Laikos. Il retira rageusement son chargeur vide et en enclencha un autre avant de faire feu à nouveau, choisissant ses cibles avec soin, et les éliminant une à une. C'était pour lui comme revenir en arrière, ses vieux réflexes de soldat refaisant surface, lui rappelant le temps où, dix ans auparavant, il avait servi au sein des FDP de Sparta pour libérer une station orbitale abordée par l'Archennemi. Des jours de peines, d'efforts et de gloire, jusqu'à la fin de la Croisade Noire et son retour à la vie civile. Cet exercice sadique auquel ils étaient à présent confrontés n'était pas vraiment une épreuve pour lui, si ce n'est que par le fait que trop peu savaient déjà se battre au sein du peloton, la faiblesse majoritaire les mettaient tous en danger, comme en attestaient tristement les quelques corps de gardes déjà au sol, abattus dès les débuts de la bataille.
Il allait détruire une nouvelle cible lorsque Alekos lui hurla dans les oreilles pour se faire entendre au milieu du vacarme, informant son supérieur que le lieutenant Donokos lui demandait de communiquer son statut.
-Fait patienter, garçon! répondit Laikos de sa voix bourrue, le temps d'appréhender sa cible et de lui loger un tir parfait au milieu de ses yeux vides, faisant voler des morceaux de viande cuite et des fragments de circuits électriques. Sa cible à terre, il se tourna vers le porteur de la radio avec un sourire en coin, et prit le combiné tendu pour le porter à ses oreilles, grimaçant aussitôt sous l'assaut brutal de parasites déchaînés qui saturaient totalement les transmissions. Finalement, au milieu de ce babillage strident, surgit la voix autoritaire de Donokos.
-...iphos à Aspis...apport... scouade Gamma... crachota la voix du lieutenant. ...rgent Laikos?...
-Laikos au rapport, lieutenant! répondit le sergent, en poussant sa voix du mieux qu'il pouvait pour se faire entendre. Vous me recevez?
-...firmatif Laikos... grésilla Donokos. ...elle est votr... tuation?
-On est foutrement coincé par les boîtes de conserves sur la portion trois-un-alpha-prima, lieutenant. rapporta Laikos. A ce rythme là on va se faire tailler les mêmes jupettes ridicules que les gladiateurs de Taygète, sauf qu'on va y laisser du gras!
-...as le temps d... bavasser, Laikos! le tempéra Donokos. Des p....? Je ... épètes, des pertes?
-Aucune pour le moment, lieutenant. répondit Laikos. On tiens le coup, et on avance porter force d'appui à Delta. Alpha s'en sort bien, mais pas de nouvelles de Bêta.
-...e sais... rgent. l'informa Donokos. Pas de ...ouvelles de Bêta ... plus. Juste ... ilence radio. Sergent, vous d...vez les rejoindre. Gagnez leur ...rnier point de t...smission. Trouvez les, Laikos!
-Entendu lieutenant, vous nous en demandez une sacré bonne, mais on va tenter le coup! fit Laikos en jetant un regard nerveux à son subalterne. Quelle est leur dernière position connue?
-ix d... pha-prima. Je répète, six-deux-alpha-prima. ...firmez, je ...ètes, confirmez! transmis le lieutenant.
-Coordonnées reçues, mon lieutenant! accusa réception Laikos. On fonce, aussi vite qui si on avait des tyranides aux fesses! Laikos, terminé.
-Xiphos, ...rminé. fit Donokos à son tour avant que les parasites ne noient complètement sa voix.
Alekos reprit le combiné pour le raccrocher à son volumineux paquetage et sourit à son sergent, la situation ne paraissant guère entamer son moral.
-Une vraie partie de plaisir qui s'annonce, pas vrai, sergent? lança-t-il.
-Comme si j'avais le choix... maugréa Laikos.
Le sergent se releva à peine pour pouvoir entrer en contact visuel avec le reste de son escouade et leva une main ouverte, doigts écartés, avant de la faire descendre paume vers le bas, à plusieurs reprises, comme s'il tassait quelque chose dans l'air. Tous reconnurent le signe de ralliement que leur avait enseigné le vieux sergent, et ils amorcèrent le mouvement, prudemment, sautillant d'abris en abris, évitant les rafales meurtrières, certains plongeant parfois de manière fort disgracieuse dans la boue puante pour éviter un tir funeste. Ils mirent moins de deux minutes pour rejoindre Laikos et se tassèrent derrière les plaques de fer ressemblant de plus en plus à des passoires derrières lesquelles s'abritaient leur sergent et Alekos, se collant les uns aux autres, têtes penchées en avant pour parvenir à s'entendre dans le brouhaha incessant de l'échange de feu apocalyptique.
-Bon les enfants ça va pas devoir être une partie de plaisir, mais on va devoir aller sauver les fesses de Bêta, ou ce qu'il en reste. expliqua Laikos en devant presque crier pour se faire comprendre. Ils manquent à l'appel et le lieutenant veut qu'on aille s'assurer qu'ils ont pas été rejoindre nos ancêtres trop tôt.
-Où se trouvent-ils? demanda Hulter, les yeux brillants d’excitation.
-A six heures derrière ces ruines. désigna Laikos en pointant l'endroit du doigt. C'est leur dernier point de transmission, et si ils ont pas bougé, c'est là qu'ils sont encore. Ca veut dire du deux cents mètres à découvert, tête baissée et au pas de course, à moins que vous vouliez vous faire aérer ce qui vous sert de cerveau de façon permanente. C'est vous qui voyez.
-C'est du suicide, sergent! s'offusqua Halatos en secouant la tête.
-Non, gamine, c'est ce qu'on appelle de la camaraderie et que Donokos appelle un ordre. Y'a pas à discuter jusqu'au réveil de l'Empereur.
-Je peux passer en avant pour couvrir notre flanc le plus vulnérable au lance flammes. décréta Jurkos. Mais je veux personne avec moins au cas où l'un de ces zombie me transforme un bombe sur pattes.
-Négatif, soldat! contra Laikos. Je veux Urela et Donarkos en tête, ce sont les plus rapides. Suivront Hulter, Hector et Dakos, puis Halatos, Alekos, Urkos et moi même. Tu clôt la marche fiston, et tu m'arrose ces enflures comme tu le sens. Ca s'appelle assurer ses arrières. Les plus rapides en premiers et les plus sauvages pour décourager l'adversaire de nous suivre.
Les soldats hochèrent tous la tête en signe d'acceptation du plan, et Laikos jeta un regard en direction de leur objectif avant de rajouter.
-Une fois sortis, vous courez comme si vous aviez toute la pestilence du Chaos au cul et vous vous arrêtez pas, sous aucun prétexte. C'est compris? Alors on y va!
Immédiatement, Urela s'élança gracieusement en avant, fusil plaqué à la hanche en tirant au jugé vers les lignes ennemies, suivie de Donarkos, fonçant tête baissée, sautant à grandes enjambées par dessus les débris encombrant la route. Mais ils furent stoppés net par un véritable barrage de feu ardent et durent se jeter à plat ventre sur place pour éviter d'être taillés en pièces. Laikos lâcha un chapelet de jurons qui auraient fait rougir un Commissaire Impérial et ordonna un tir de soutien. Pas question d'aller plus loin, la route était trop périlleuse, ils allaient tous mourir s'ils s'y engageaient. Donarkos fut le premier à les rejoindre en rampant misérablement, le front ouvert par une pierre explosée contre laquelle il s'était jeté dans sa hâte, puis vint Urela, accroupie, avançant en se dandinant tout en lâchant un torrent de lasers vers l'adversaire. Deux tirs ricochèrent à ses côtés, l'un venant érafler son flanc et elle se jeta en avant, récupérée aussitôt par Hulter qui la tira hors de danger. Le jeune homme passa d'une expression de courage ferme à celle d'un idiot mal à l'aise alors que la belle s'était accrochée à son cou dodu pour se relever, son visage de nymphe à quelques centimètres du sien. Elle lui déposa un baiser fugace sur la joue pour le remercier et alla se plaquer contre une dalle soulevée pour changer son chargeur, tandis que Urkos vint vers elle pour inspecter sa blessure.
Laikos, Dakos et Halatos délivrait un feu infernal sur les lignes ennemies pour permettre aux deux soldats de regagner le couvert sains et saufs, tandis que Jurkos fit souffler une longue langue de flammes crépitantes vers un tas de gravats que gravissaient une poignée d'ennemis qui se figèrent sur place pour se consumer lentement. Alekos était pratiquement à quatre pattes sur le côté, penché sur son auspex pour tenter de trouver une autre voie, Hector à genoux sur sa gauche, le fusil posé sur une barre d'acier noirci pour défendre lui aussi la position.
Urkos dépassa Hulter qui tentait tant bien que mal de se remettre du plus doux des remerciements qu'il avait reçu, et le colosse dû momentanément se relever pour contourner le jeune homme, posant sa grosse main musculeuse sur son épaule pour s'assurer une meilleure prise. Hulter sursauta soudain alors qu'un flash de lumière bleuté éclata au dessus de lui, mais surtout parce que le géant fut violemment projeté de côté en poussant un cri étranglé, pour aller s'écrouler lourdement dans une flaque de boue, un cratère grésillant et encore rougeoyant palpitant au beau milieu de son plastron.
-Merde! cracha Laikos. Tout le monde à couvert, homme à terre! Alekos, le kit de secours, vite!
Hulter se retrouva brusquement mis de côté alors que Laikos et Alekos se précipitaient vers Urkos dont le corps était secoué de violentes secousses, le visage tordu de douleur, une écume rosâtre au bord des lèvres.
Hector resta en position, redoublant sa cadence de tir dans un hurlement aussi sauvage que désespéré alors qu'un de ses camarades venait d'être abattu, la douleur et la frustration se mêlant dans son esprit, un seul sentiment immédiat prenant bien vite le dessus sur tout le reste. Venger son frère tombé...
***
-BÊTA POUR XIPHON! Bêta pour Xiphon! répéta nerveusement le garde impérial dans le combiné. Répondez lieutenant! Par le Trône répondez!
Les quatre soldats restants étaient couchés le dos sur un monticule de débris, tandis que que de l'autre côté leurs six camarades gisaient face contre terre, l'ennemi en nombre approchant inexorablement en délivrant une tempête de feu, comme tout droit sortie de l'enfer pour venir les chercher.
Le soldat réitéra son appel plusieurs fois, ses mains tremblantes et collantes de sueur arrivant à peine à maintenir le combine contre son visage encrassé de poussière grisâtre. Le sergent Boorh, le bras gauche brûlé, tirait par dessus sa tête, usant d'un fusil récupéré in extremis avant leur retraite, et avait le visage serré par un mélange torturé de souffrance et de colère.
Le soldat qui tentait de joindre le commandement finit par abandonner, anéanti par l'échec, et jeta piteusement le combiné de côté avant de jeter un regard empli d'amertume vers son officier.
-La radio est HS, sergent. dit il, la voix tremblante. Xiphos est injoignable.
-On est foutus! siffla un soldat qui abandonna son poste de tir.
Boorh grogna sans qu'on pusse deviner s'il s'agissait de douleur ou d'exaspération, et ramena le fusil récupéré vers lui pour pulvériser d'un tir le poste de radio inutilisable avant de pointer l'arme vers les trois gardes terrifiés qui lui faisaient face.
-On tiens la position! gronda-t-il d'une voix tremblante de haine. Le prochain qui quitte son poste de tir, je l'abat moi même! Un Garde meurt, mais ne se rends pas! Combattez, c'est un ordre!
Sanglotants à présent, les trois soldats tenaillés par l'abominable perspective de leur mort en marche se remirent en position de tir couché et recommencèrent leurs tirs de suppression, tentant vainement de garder leurs ennemis lobotomisés hors de portée. Cet ultime baroud d'honneur n'allait pas tarder à connaître son dénouement morbide alors qu'un nouveau groupe de serviteurs de combat faisaient leur apparition dans leur champ de vision, et l'un des gardes éclata en pleurs tout en continuant de tirer, appelant ses ancêtres, sa fiancé, l'Empereur et tout ceux qui lui passaient par la tête dans une pitoyable avalanche de prières désespérées.
Boorh terrassa deux autres adversaires en crispant la mâchoire pour retenir son propre dégoût de voir sa courte carrière finir ainsi.
-Exercice à tir réel! Bah! Quelle stupidité! Quel gâchis! cracha-t-il comme s'il était sur le point de vomir. Qu'ils aillent tous pourrir dans le Warp!
A peine eut-il finit de proférer sa malédiction qu'un éclata de lumière aveuglante jaillit de derrière ses ennemis alors presque à portée de main, et tout l'univers des survivants de Bêta fut englouti par un vacarme infernal auquel se mêla leurs propres cris d'épouvante.
Puis un silence de mort retomba sur la zone six-deux-alpha-prima tandis que la lueur faiblit puis mourut comme si jamais rien ne s'était produit ici.
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+++ Purge the Unclean +++
+++ Purge the Unclean +++
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Il va falloir que je mettes à lire ces deux grandes parties mais cela m'a l'air très bien comme d'habitude
Codex Raven Guard
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
EPHRIN KORBAS ROULA de côté un court instant avant que le bloc de béton derrière lequel il avait trouvé refuge ne soit pulvérisé par une rafale soutenue de lasers d'un éclat rubis, et se rétablit aussitôt derrière un pilier à angles droits, se stabilisant dos à la paroi poussiéreuse le fusil relevé canon vers le haut et plaqué contre sa poitrine secouée par sa respiration saccadée. Il cracha une pâte grise faite de poussière et de salive et s'essuya la bouche à même l'épaule avant de prendre une grande inspiration et de détaler à toute vitesse pour plonger en travers de la porte éclatée du bâtiment voisin, encore assez intact pour lui offrir un couvert sûr. Il fit un roulé boulé sur le sol aux dalles ternes et fissurée et courut à la fenêtre la plus proche pour s'assurer qu'aucun de ces diaboliques serviteurs ne le suivait. Après un rapide coup d'oeil au dehors, rassuré, il continua sa progression vers la pièce suivante et déboucha sur une cage d'escalier aux murs noircis par un incendie depuis longtemps éteint, et grimpa les escaliers carbonisés quatre à quatre sans prendre le soin nécessaire de s'assurer que les marches tiendraient le choc. Il arriva à l'étage en marmonnant une prière chaleureuse à ses ancêtres pour ne pas être passé au travers de ce qui restait de l'escalier, et longea un long couloir plongé dans une pénombre étouffante, plissant le nez quand ses narines furent assaillies par la puissante odeur de renfermé. Il aboutit à une porte de bois qu'il ouvrit sans finesse d'un grand coup de pied qui l'envoya voler en éclats, et se précipita vers la fenêtre barricadée de planches de bois clouées à la hâte, s'accroupit aussitôt et jeta à nouveau un regard au dehors, obtenant une vue bien plus dégagée sur le carrefour où la bataille battait son plein, détaillant les groupes épars de gardes impériaux du groupe Aspis, les vagues d'ennemis imperturbables qui avançaient vers eux en lignes désordonnées, et aperçu ci et là des soldats du groupe Sarisse qui tentaient de gagner en hauteur pour abattre l'adversaire en nombre en bénéficiant de positions favorables au tir de précision.
Il reconnut son propre groupe qui progressait presque à ras du sol au travers d'un gros bâtiment éventré, non loin de celui là même dont Korbas s'était dégagé quelques courts instants auparavant.
L'ex FDP pressa son oreillette sans quitter le spectacle des yeux, cherchant à établir un contact visuel avec le groupe Pelekos censé contourner les positions ennemies suivant les derniers ordres de Donokos.
Le babillage criard des transmissions saturées de rapports paniqués, de cris et de contre ordres lui assaillit les tympans et il parvint à se brancher sur la fréquence de son escouade en un seul réglage bien précis.
-Sergent, je suis en position. rapporta-t-il à voix basse, sa gorge ne laissant filtrer que les basses nasillardes de son ton bourru. Je vous vois. Vous êtes proches d'une escouade alliée.
-Ici Afarkos. Reçu soldat. Dandios et Kulis sont également en place à quelques positions de la vôtre. Avez vous un champ de tir dégagé?
-Affirmatif, sergent. Je pourrai pas tous me les faire, mais je pense que je ferai un beau score.
-Dans ce cas vous avez vos ordres.
-Soldat Ukor en place, sergent. intervint une nouvelle voix sur la fréquence.
-T'es où Dol? demanda Korbas.
-Juste en face de toi, troisième étage, la bâtisse intacte à laquelle il manque que le toit.
-Je te vois. confirma Korbas.
Pendant un court instant la fréquence redevint silencieuse, et Korbas en profita pour jauger sa zone de tir du mieux qu'il put au travers de sa lunette de visée. Il pouvait s'occuper de toute la partie gauche des lignes ennemies, mais un groupe de maisons épargnée par le barrage d'artillerie qu'il savait n'avoir jamais eu lieu l'empêchait de procéder de manière aussi efficace sur le côté droit. Il pressa à nouveau son oreillette, sans changer de fréquence.
-Korbas pour Friin. appela-t-il. T'as leur flanc droit de là où tu es?
-Affirmatif. Je suis au deuxième étage. Une bonne vue, je pense que je vais louer cet appartement s'il est pas trop cher... répondit le soldat qui s'était déployé dans la zone qui gênait Korbas.
-Dans ce cas t'es tout seul sur le coup mon vieux, j'ai aucun visuel de là où je suis. l'informa l'ex FDP.
-Ici Kullis. J'ai un bon visuel sur cette zone aussi. Friin, je propose une bouteille d'amasec aux frais du perdant.
-Je savais pas que tu avais des sous à perdre... répliqua l'intéressé.
-Ici Afarkos. Nous sommes en position, juste derrière l'escouade Delta. Choisissez vos cibles et feu à volonté, les gars!
La fréquence résonna de réponses affirmatives, et Dzêta ouvrit le feu sur les lignes ennemies. C'étaient les premiers de Sarisse à avoir gagné les hauteurs pour pouvoir effectuer un nettoyage de précision. Leur rôle de deuxième ligne leur interdisait de progresser à l'encontre de l'ennemi suivant les ordres de Donokos, ce que Korbas trouvait pour sa part idiot. Les étages des bâtiments encadrant le carrefour mortel vomir des traits de lumière fatale de manière sporadique mais concentrée, chaque tir tiré "à pleine bourre" pour s'assurer que la cible, même lointaine, ne se relèverait pas.
Korbas épaula son fusil et en appuya le canon entre deux planches, un oeil fermé, l'autre vissé sur la lentille, et tira sur les lignes ennemies du flanc gauche, appuyant ainsi directement les escouades Alpha et Delta. A chaque tir, il envoyait un de ces zombies dans les bras de la mort, et ne put s'empêcher de grimacer un sourire de satisfaction. Le jeu lui plaisait, même si il regrettait de ne pas pouvoir engager l'ennemi de plus près.
Un de ses tirs envoya valser le torse d'un des ex criminels, et en cherchant une nouvelle proie, son champ de vision passa au dessus d'un champ de cratères et de débris recouverts de flaques de boue, et s'arrêta d'un coup reconnaissant des visages familiers.
-Merde les gars! grinça-t-il. Restez pas par là!
Il zooma un peu plus, et compta les membres de l'escouade Gamma, heureux de constater qu'il n'avaient pas subi de pertes. Il les regarda un court instant tenter une sortie complètement folle, ne pouvant s'empêcher d'éclater d'un rire gras en voyant le gringalet et la gazelle envoyés se faire tailler un short revenir en rampant sous les tirs nourris des serviteurs. Son ricanement se transforma en grognement lorsqu'il vit la demoiselle effleurée par un tir s'effondrer dans les bras potelés du jeune Hulter, et assista avec une pointe de jalousie à la scène de l'embrassade du héros devenu blanc comme linge.
-T'en as de la chance, gras double! siffla-t-il. Va falloir que rééquilibre la balance de la normalité et que je m'occupe de ta donzelle, un de ces quatre...
Il se figea en voyant Urkos qui se frayait un chemin vers eux, sa large silhouette dangereusement exposée, et ne put réprimer un hoquet de peur en voyant son ancien camarade de tranchée se lever davantage pour se frayer un passage.
-Baisse toi, grand con! couina-t-il, tous ses muscles tendus à rompre. T'es trop exposé! Baisse toi!
Il ne put rien faire de plus que pousser un cri étouffé de rage en voyant Urkos atteint par un trait ardent s'effondrer dans la boue secoué de spasmes. Empli soudainement de colère, Korbas releva sa mire vers le groupe d'assaillants qui noyaient de tirs la position précaire de l'escouade Gamma, et entreprit de les tuer jusqu'aux derniers.
-Je t'avais dit de te planquer, tas de muscles sans cervelle! grogna-t-il pour lui même en appuyant fiévreusement sur la gâchette encore et encore, touché malgré lui par la perte d'un gars avec qui il avait échangé sang et sueur contre un ennemi commun.
L'ex FDP sentit alors monter dans ses tripes une sensation qu'il n'avait pas connue depuis bientôt dix ans. Pour la première fois de puis les jours sombres, il avait peur...
Il reconnut son propre groupe qui progressait presque à ras du sol au travers d'un gros bâtiment éventré, non loin de celui là même dont Korbas s'était dégagé quelques courts instants auparavant.
L'ex FDP pressa son oreillette sans quitter le spectacle des yeux, cherchant à établir un contact visuel avec le groupe Pelekos censé contourner les positions ennemies suivant les derniers ordres de Donokos.
Le babillage criard des transmissions saturées de rapports paniqués, de cris et de contre ordres lui assaillit les tympans et il parvint à se brancher sur la fréquence de son escouade en un seul réglage bien précis.
-Sergent, je suis en position. rapporta-t-il à voix basse, sa gorge ne laissant filtrer que les basses nasillardes de son ton bourru. Je vous vois. Vous êtes proches d'une escouade alliée.
-Ici Afarkos. Reçu soldat. Dandios et Kulis sont également en place à quelques positions de la vôtre. Avez vous un champ de tir dégagé?
-Affirmatif, sergent. Je pourrai pas tous me les faire, mais je pense que je ferai un beau score.
-Dans ce cas vous avez vos ordres.
-Soldat Ukor en place, sergent. intervint une nouvelle voix sur la fréquence.
-T'es où Dol? demanda Korbas.
-Juste en face de toi, troisième étage, la bâtisse intacte à laquelle il manque que le toit.
-Je te vois. confirma Korbas.
Pendant un court instant la fréquence redevint silencieuse, et Korbas en profita pour jauger sa zone de tir du mieux qu'il put au travers de sa lunette de visée. Il pouvait s'occuper de toute la partie gauche des lignes ennemies, mais un groupe de maisons épargnée par le barrage d'artillerie qu'il savait n'avoir jamais eu lieu l'empêchait de procéder de manière aussi efficace sur le côté droit. Il pressa à nouveau son oreillette, sans changer de fréquence.
-Korbas pour Friin. appela-t-il. T'as leur flanc droit de là où tu es?
-Affirmatif. Je suis au deuxième étage. Une bonne vue, je pense que je vais louer cet appartement s'il est pas trop cher... répondit le soldat qui s'était déployé dans la zone qui gênait Korbas.
-Dans ce cas t'es tout seul sur le coup mon vieux, j'ai aucun visuel de là où je suis. l'informa l'ex FDP.
-Ici Kullis. J'ai un bon visuel sur cette zone aussi. Friin, je propose une bouteille d'amasec aux frais du perdant.
-Je savais pas que tu avais des sous à perdre... répliqua l'intéressé.
-Ici Afarkos. Nous sommes en position, juste derrière l'escouade Delta. Choisissez vos cibles et feu à volonté, les gars!
La fréquence résonna de réponses affirmatives, et Dzêta ouvrit le feu sur les lignes ennemies. C'étaient les premiers de Sarisse à avoir gagné les hauteurs pour pouvoir effectuer un nettoyage de précision. Leur rôle de deuxième ligne leur interdisait de progresser à l'encontre de l'ennemi suivant les ordres de Donokos, ce que Korbas trouvait pour sa part idiot. Les étages des bâtiments encadrant le carrefour mortel vomir des traits de lumière fatale de manière sporadique mais concentrée, chaque tir tiré "à pleine bourre" pour s'assurer que la cible, même lointaine, ne se relèverait pas.
Korbas épaula son fusil et en appuya le canon entre deux planches, un oeil fermé, l'autre vissé sur la lentille, et tira sur les lignes ennemies du flanc gauche, appuyant ainsi directement les escouades Alpha et Delta. A chaque tir, il envoyait un de ces zombies dans les bras de la mort, et ne put s'empêcher de grimacer un sourire de satisfaction. Le jeu lui plaisait, même si il regrettait de ne pas pouvoir engager l'ennemi de plus près.
Un de ses tirs envoya valser le torse d'un des ex criminels, et en cherchant une nouvelle proie, son champ de vision passa au dessus d'un champ de cratères et de débris recouverts de flaques de boue, et s'arrêta d'un coup reconnaissant des visages familiers.
-Merde les gars! grinça-t-il. Restez pas par là!
Il zooma un peu plus, et compta les membres de l'escouade Gamma, heureux de constater qu'il n'avaient pas subi de pertes. Il les regarda un court instant tenter une sortie complètement folle, ne pouvant s'empêcher d'éclater d'un rire gras en voyant le gringalet et la gazelle envoyés se faire tailler un short revenir en rampant sous les tirs nourris des serviteurs. Son ricanement se transforma en grognement lorsqu'il vit la demoiselle effleurée par un tir s'effondrer dans les bras potelés du jeune Hulter, et assista avec une pointe de jalousie à la scène de l'embrassade du héros devenu blanc comme linge.
-T'en as de la chance, gras double! siffla-t-il. Va falloir que rééquilibre la balance de la normalité et que je m'occupe de ta donzelle, un de ces quatre...
Il se figea en voyant Urkos qui se frayait un chemin vers eux, sa large silhouette dangereusement exposée, et ne put réprimer un hoquet de peur en voyant son ancien camarade de tranchée se lever davantage pour se frayer un passage.
-Baisse toi, grand con! couina-t-il, tous ses muscles tendus à rompre. T'es trop exposé! Baisse toi!
Il ne put rien faire de plus que pousser un cri étouffé de rage en voyant Urkos atteint par un trait ardent s'effondrer dans la boue secoué de spasmes. Empli soudainement de colère, Korbas releva sa mire vers le groupe d'assaillants qui noyaient de tirs la position précaire de l'escouade Gamma, et entreprit de les tuer jusqu'aux derniers.
-Je t'avais dit de te planquer, tas de muscles sans cervelle! grogna-t-il pour lui même en appuyant fiévreusement sur la gâchette encore et encore, touché malgré lui par la perte d'un gars avec qui il avait échangé sang et sueur contre un ennemi commun.
L'ex FDP sentit alors monter dans ses tripes une sensation qu'il n'avait pas connue depuis bientôt dix ans. Pour la première fois de puis les jours sombres, il avait peur...
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
LE SERGENT ANAROS rallia à lui les membres restants de l'escouade Alpha alors que le front de l'ennemi se rapprochait inexorablement de leur position, six hommes et deux femmes se précipitant à l'abri au côté de leur officier, courant une course à trajectoire aléatoire pour tromper les visées adverses et esquiver les tirs nourris qui noircissaient toujours un peu plus le sol craquelé du carrefour. Une fois l'escouade réunie, Anaros compta rapidement ses soldats et grimaça en notant que deux manquaient à l'appel. L'un d'eux gisait dans un cratère proche après avoir été touché par une salve de lasers qui l'avait atteint à la cuisse, à la poitrine et au bras. L'autre avait disparu quand un tir ennemi hautement concentré avait fait voler son abri éclats, à quelques pas seulement du couvert d'Anaros qui avait assisté à la scène, impuissant.
Ils se trouvaient à présent accroupis derrière un épais mur calciné, prolongement d'un baraquement longeant le pâté de maisons donnant sur une des rues attenantes au carrefour, sur leur droite. La large route devenue champ de bataille s'étendait sur leur gauche, et ils pouvaient apercevoir de l'autre côté de la chaussée l'escouade Delta faisant front depuis une petite hauteur résultant de l'éboulement d'un mur entier du bâtiment devant lequel ils se trouvaient. Au beau milieu de la route goudronnée criblée de cratères fumants et de crevasses, Anaros distingua les membres de Gamma se mettre en mouvement pour se regrouper autour de leur sergent, probablement pour aller trouver l'escouade Bêta qui ne répondait plus, conformément aux dernières directives du lieutenant Donokos.
Le sergent d'Alpha avait longtemps servi d'instructeur au sein des FDP de Sparta, et avait connu de nombreuses batailles durant la Croisade Noire, assez pour garder la tête froide aux moments les plus critiques. Dans l'immédiat, il n'éprouvait même pas de véritable nervosité, se sachant à bord d'un vaisseau impérial contre des serviteurs employé contre eux pour les former aux situations les plus dangereuses. Il avait déjà entendu parler de ces techniques souvent critiquées par d'autres corps d'armée de la Garde, qui consistaient à l'aube d'une campagne importante à plonger les recrues dans un climat de bataille réaliste en tout points, et il savait aussi que les Praetors comptaient parmi les plus fervents adeptes de cette mise en danger volontaire de leurs soldats. Selon eux, avait-il appris, il était nécessaire d'employer des exercices tous plus dangereux les uns que les autres afin que les soldats n'oublient jamais ce qui était attendu d'eux, mais aussi pour pouvoir purger le régiment dès le début des éléments faibles, alors redéployés dans d'autres unités, en imaginant qu'ils avaient déjà survécu aux épreuves infligées.
Anaros savait que tout ceci n'était qu'un exercice, et même si son esprit fraternel rageait à la vue de ses camarades tombés sous le feu ennemi, il savait que c'était une dure nécessité. Au sortir de cette épreuve, il savait que le régiment serait conscient de leur véritable avenir, et que ses effectifs obtiendraient alors un état d'esprit renforcé, blindé à tout type de combat ou de problème.
Le sergent était l'un des rares au sein du régiment à totalement soutenir les idéaux martiaux des Praetors, qui le fascinaient depuis toujours. Beaucoup de ses collègues officiers, eux, ne voyaient dans les méthodes employées par la Garde de Romae qu'une débauche de cruauté inutile et un gaspillage odieux portés contre l'Armée de l'Empereur. Dans le passé, certains avaient alerté le Munitorum de ces pratiques élitistes, espérant qu'après enquête les Hauts Seigneurs en charge de la Garde Impériale puissent obliger les Praetors à recourir à un recrutement et à un entraînement en adéquation avec les principes inhérent à ce qui était véritablement l'épine dorsale des armées impériales. Néanmoins, aucune sanction ne fut jamais prise à l'encontre des Praetors et leurs techniques demeurèrent les mêmes au cours des siècles. Anaros savait qu'il existait d'autres régiments de la Garde aux techniques d'entraînement infiniment plus sauvages, et il voyait dans la méthode spécifique aux Romae un exemple de recherche de pureté militaire, les meilleurs éléments sélectionnés dans le feu, les faibles reconditionnés à servir l'Imperium d'une autre façon, souvent bien déplaisante.
Il voyait aujourd'hui tout le dilemme de cette pratique sélective dans les yeux de ses soldats, certains marqués par une terreur incontrôlable, d'autres par une froide colère, d'autres encore emplis de fierté. Pour sa part, il était heureux de pouvoir à nouveau servir l'Imperium en tant que guerrier, et il se sentait en totale confiance quant à ce test ultime fomenté par leurs supérieurs. Son escouade serait l'une des meilleures au sortir de l'exercice, et il comptait bien tout faire pour y parvenir.
Le soldat préposé aux transmissions lui délivra un message transcris à la va-vite sur un bout de papier froissé, les informant que Sarisse s'était déployé en hauteur afin d'appuyer leur avancée par des tirs de suppression privilégiant la précision à une cadence élevée, tandis que Pelekos faisait mouvement en tenaille, l'escouade Iota partant vers la gauche et Thêta vers la droite, de façon à fondre directement sur les arrières lignes ennemies. La bonne vieille technique du marteau et de l'enclume. Ca faisait peut être onze ans qu'Anaros n'avait pas participé à pareille manoeuvre, et aujourd'hui, il se trouvait en toute première ligne, focalisant les tirs de l'adversaire afin de permettre à ses camarades de progresser sans trop de heurts.
-Le sergent Korioos confirme qu'il reçoit un appui de la part de l'escouade Dzêta, sergent. l'informa le porteur de radio, une main crasseuse plaquée sur son oreille pour empêcher le vacarme environnant de perturber davantage la transmission. Il écouta attentivement les échanges inter-escouades, puis retira son casque audio pour rendre compte à Anaros. Pelekos ne rencontrent pas encore de résistance, mis à part des échanges de tirs entre des serviteurs isolés et l'escouade Iota. Le sergent Kutris ne rapporte aucune perte. Epsilon et Êta sont arrivées à hauteur de la rue principale menant à la basilique et on engagé le tir, prenant de revers le flanc droit de l'ennemi. Dzêta est déployée ici même et Sigma évolue de concert avec Xiphos, en direction du flanc gauche. Pas de nouvelles de Bêta, et Gamma rapporte un homme à terre.
-Compris. fit Anaros. Nous continuons sur notre lancée, notre objectif de maintenant étant de pacifier cette structure devant nous, à l'autre bout de la route qui croise celle d'où nous venons. Ce bâtiment est encore assez intact pour nous permettre de gagner un avantage sur l'ennemi en lui coupant une des voies d'accès.
-Pour ça, nous devrons bien faire une centaine de mètres à découvert, sergent. observa un des soldats en regardant vers leur nouvel objectif. Sans compter les hostiles qui peuvent se trouver à l'intérieur du bâtiment...
-Exact, Vlokas, c'est pour cela que nous allons attendre que Delta ouvre le bal. Korioos et moi même avons établi le schéma d'approche. Nous partons de là pendant que Delta font diversion et que Dzêta s'assurent que personne ne se mette en travers de notre chemin. Une fois arrivés à l'objectif, nous le sécurisons, puis nous inversons les rôles. On dirige les tirs contre nous pendant que Delta court s'emparer du bâtiment en face du nôtre. En gros, on coupe le carrefour, et on s'assure de sceller le passage pour stopper l'avancée de ces salopards de zombies. Des questions?
-Si nous y arrivons, cela voudrait dire que Pelekos arriverons dans notre dos? interrogea une soldate au visage bombardé de tâches de rousseurs et aux cheveux rasés à blanc.
-D'où l'idée, Jalaz. acquiesça Anaros. Le carrefour est formé de deux routes principales qui se croisent perpendiculairement. Nous avons pour le moment le contrôle de la partie sud et de la voie principale qui s'y accorde, l'ensemble d'Aspis faisant office de barrage contre les hostiles provenant du nord juste en face de nous, et de l'est via la route qui arrive de droite. Le flanc ouest pour le moment semble-t-il n'abriterait que quelques hostiles agissant seuls. Le fait que nous coupions au travers de l'axe pour aller récupérer les premiers bâtiments ceignant l'entrée de la route nord nous permettra de repousser l'adversaire, dégager une voie pour Pelekos qui les attaquerons depuis le nord s'il parviennent à contourner efficacement les lignes ennemies, et avec un peu de chance, nos forces combinées parviendront à anéantir ce contingent d'hostiles.
-En gros, on fonce vers eux en espérant que Delta les occupe efficacement, et on s'implante dans leur territoire pour leur barrer la route et les isoler. traduisit un autre soldat au visage de baroudeur labouré de cicatrices et de piercings. C'est plutôt taré comme plan mais ça devrait pouvoir le faire. On part quand?
-Korf, confirme à Delta et Dzêta que nous entamons notre progression dans une minute standard. ordonna Anaros au soldat radio qui s’exécuta aussitôt.
Le sergent releva sa manche trempée de boue pour consulter sa montre, puis d'un simple mouvement de tête donna l'ordre d'engager leur course infernale.
Les huit soldats coururent comme des fous furieux, fusils pointés vers le bas, dos vouté, et effectuèrent à nouveau leurs zigzags pour leurrer les serviteurs et les empêcher de viser correctement. A peine furent ils lancés qu'un feu d'enfer se déversa sur les serviteurs qui continuaient d'avancer lentement vers les lignes impériales en délivrant leur tirs aux éclats rubis sans discontinuer. Anaros était en tête de l'escouade et sentit son coeur marteler dans sa poitrine à mesure que sa course effrénée puisait dans ses réserves et entamait douloureusement son endurance. Il fut toutefois le second de l'escouade à mettre le pied sur la chaussée de la route est, un de ses hommes répondant au nom de Primilias, grand et élancé, tout en muscles nerveux, le dépassa en pointant déjà son arme sur l'entrée haute de quatre mètres du bâtiment visé. C'était l'homme le plus rapide de l'escouade, autant en vitesse de course qu'en décision, ce qui en faisait à la fois un atout et une gêne.
Lorsque l'escouade toute entière s'engagea sur la route, les ennemis descendant la route nord pointèrent leurs armes sur eux et tentèrent de les anéantir grâce à un véritable barrage de feu. c'est à ce moment là que Dzêta intervint, et les snipers dissimulés dans les bâtiments ceinturant l'entrée de la route sud délivrèrent une grêle mortelle de lasers sur les hostiles, faisant à chaque tir un mort.
Primilias se jeta en avant, ses botes ferrées en avant allèrent violemment percuter les battants fragilisés de la porte qui sortirent de leurs gonds pour leur ouvrir une voie dégagée. Immédiatement le soldat délivra une rafale horizontale de gauche à droite au cas où un ou plusieurs ennemis étaient présents, puis se plaça de côté, balayant la zone de sa mire, le temps que ses camarades le rejoigne.
Le dernier soldat entré pivota sur lui même pour s'apprêter à tirer sur d'éventuels poursuivants, tandis que ceux qui les couvraient jusque là lui laissait leurs places pour foncer aux étages et nettoyer la place. Fort heureusement, l'endroit était désert, et quand Anaros reçut confirmation de chacun de ses soldats, il ordonna à tous de choisir un emplacement de tir ainsi qu'un échappatoire au cas où les choses devaient se corser, puis alla lui même se mettre en quête d'une position adéquate.
Sa vue, offerte par un gros trou d'obus au travers d'un mur au deuxième étage, lui ouvrait un panorama idéal sur les lignes ennemies, avançant en rang désordonnés et lents sur la chaussée nord encombrée de décombres, de dépressions de terrain dues aux affres de la bataille, et par les nombreux corps de leurs prédécesseurs. De là où il était, Anaros pouvait constater que la route nord s'étendait sur près de deux à trois cents mètres avant de prendre un léger tournant vers l'est, probablement vers la basilique dont il voyait le dôme détruit dépasser derrière un pan de maisons délabrées. Il dénombra encore une bonne soixantaine d'hostiles progressant vers la zone des combats, et nota intérieurement qu'à ce rythme là, la situation se débloquerait assez rapidement, les gardes étant bien plus nombreux. Tournant son regard vers le sud, de l'autre côté du carrefour qu'il venaient de traverser avec une chance inouïe, il aperçu Delta se mettre en position pour effectuer le même déplacement, tandis que Dzêta continuaient de tirer coups sur coups, abattant toujours plus de serviteurs, bientôt rejoints dans l'exercice de précision par Epsilon et Êta, respectivement déployées de chaque côté de la route, donnant pile sur le croisement des chemins, et faisant ainsi des ravages parmi les rangs des serviteurs.
Anaros tourna à nouveau son regard vers l'aperçu qu'il avait d'ici de la basilique et y trouva quelque chose de relativement anormal, avant de se rappeler que le 14ème était censé les y retrouver. Or il n'y avait aucune trace nulle part de leur progression. Nulle part. Alors où étaient-ils?
Au moment où il voulut davantage se poser la question, Delta s'élança dans leur direction, et toute autre pensée fut abandonnée pour se concentrer sur leur couverture.
*remabauche...*
Ils se trouvaient à présent accroupis derrière un épais mur calciné, prolongement d'un baraquement longeant le pâté de maisons donnant sur une des rues attenantes au carrefour, sur leur droite. La large route devenue champ de bataille s'étendait sur leur gauche, et ils pouvaient apercevoir de l'autre côté de la chaussée l'escouade Delta faisant front depuis une petite hauteur résultant de l'éboulement d'un mur entier du bâtiment devant lequel ils se trouvaient. Au beau milieu de la route goudronnée criblée de cratères fumants et de crevasses, Anaros distingua les membres de Gamma se mettre en mouvement pour se regrouper autour de leur sergent, probablement pour aller trouver l'escouade Bêta qui ne répondait plus, conformément aux dernières directives du lieutenant Donokos.
Le sergent d'Alpha avait longtemps servi d'instructeur au sein des FDP de Sparta, et avait connu de nombreuses batailles durant la Croisade Noire, assez pour garder la tête froide aux moments les plus critiques. Dans l'immédiat, il n'éprouvait même pas de véritable nervosité, se sachant à bord d'un vaisseau impérial contre des serviteurs employé contre eux pour les former aux situations les plus dangereuses. Il avait déjà entendu parler de ces techniques souvent critiquées par d'autres corps d'armée de la Garde, qui consistaient à l'aube d'une campagne importante à plonger les recrues dans un climat de bataille réaliste en tout points, et il savait aussi que les Praetors comptaient parmi les plus fervents adeptes de cette mise en danger volontaire de leurs soldats. Selon eux, avait-il appris, il était nécessaire d'employer des exercices tous plus dangereux les uns que les autres afin que les soldats n'oublient jamais ce qui était attendu d'eux, mais aussi pour pouvoir purger le régiment dès le début des éléments faibles, alors redéployés dans d'autres unités, en imaginant qu'ils avaient déjà survécu aux épreuves infligées.
Anaros savait que tout ceci n'était qu'un exercice, et même si son esprit fraternel rageait à la vue de ses camarades tombés sous le feu ennemi, il savait que c'était une dure nécessité. Au sortir de cette épreuve, il savait que le régiment serait conscient de leur véritable avenir, et que ses effectifs obtiendraient alors un état d'esprit renforcé, blindé à tout type de combat ou de problème.
Le sergent était l'un des rares au sein du régiment à totalement soutenir les idéaux martiaux des Praetors, qui le fascinaient depuis toujours. Beaucoup de ses collègues officiers, eux, ne voyaient dans les méthodes employées par la Garde de Romae qu'une débauche de cruauté inutile et un gaspillage odieux portés contre l'Armée de l'Empereur. Dans le passé, certains avaient alerté le Munitorum de ces pratiques élitistes, espérant qu'après enquête les Hauts Seigneurs en charge de la Garde Impériale puissent obliger les Praetors à recourir à un recrutement et à un entraînement en adéquation avec les principes inhérent à ce qui était véritablement l'épine dorsale des armées impériales. Néanmoins, aucune sanction ne fut jamais prise à l'encontre des Praetors et leurs techniques demeurèrent les mêmes au cours des siècles. Anaros savait qu'il existait d'autres régiments de la Garde aux techniques d'entraînement infiniment plus sauvages, et il voyait dans la méthode spécifique aux Romae un exemple de recherche de pureté militaire, les meilleurs éléments sélectionnés dans le feu, les faibles reconditionnés à servir l'Imperium d'une autre façon, souvent bien déplaisante.
Il voyait aujourd'hui tout le dilemme de cette pratique sélective dans les yeux de ses soldats, certains marqués par une terreur incontrôlable, d'autres par une froide colère, d'autres encore emplis de fierté. Pour sa part, il était heureux de pouvoir à nouveau servir l'Imperium en tant que guerrier, et il se sentait en totale confiance quant à ce test ultime fomenté par leurs supérieurs. Son escouade serait l'une des meilleures au sortir de l'exercice, et il comptait bien tout faire pour y parvenir.
Le soldat préposé aux transmissions lui délivra un message transcris à la va-vite sur un bout de papier froissé, les informant que Sarisse s'était déployé en hauteur afin d'appuyer leur avancée par des tirs de suppression privilégiant la précision à une cadence élevée, tandis que Pelekos faisait mouvement en tenaille, l'escouade Iota partant vers la gauche et Thêta vers la droite, de façon à fondre directement sur les arrières lignes ennemies. La bonne vieille technique du marteau et de l'enclume. Ca faisait peut être onze ans qu'Anaros n'avait pas participé à pareille manoeuvre, et aujourd'hui, il se trouvait en toute première ligne, focalisant les tirs de l'adversaire afin de permettre à ses camarades de progresser sans trop de heurts.
-Le sergent Korioos confirme qu'il reçoit un appui de la part de l'escouade Dzêta, sergent. l'informa le porteur de radio, une main crasseuse plaquée sur son oreille pour empêcher le vacarme environnant de perturber davantage la transmission. Il écouta attentivement les échanges inter-escouades, puis retira son casque audio pour rendre compte à Anaros. Pelekos ne rencontrent pas encore de résistance, mis à part des échanges de tirs entre des serviteurs isolés et l'escouade Iota. Le sergent Kutris ne rapporte aucune perte. Epsilon et Êta sont arrivées à hauteur de la rue principale menant à la basilique et on engagé le tir, prenant de revers le flanc droit de l'ennemi. Dzêta est déployée ici même et Sigma évolue de concert avec Xiphos, en direction du flanc gauche. Pas de nouvelles de Bêta, et Gamma rapporte un homme à terre.
-Compris. fit Anaros. Nous continuons sur notre lancée, notre objectif de maintenant étant de pacifier cette structure devant nous, à l'autre bout de la route qui croise celle d'où nous venons. Ce bâtiment est encore assez intact pour nous permettre de gagner un avantage sur l'ennemi en lui coupant une des voies d'accès.
-Pour ça, nous devrons bien faire une centaine de mètres à découvert, sergent. observa un des soldats en regardant vers leur nouvel objectif. Sans compter les hostiles qui peuvent se trouver à l'intérieur du bâtiment...
-Exact, Vlokas, c'est pour cela que nous allons attendre que Delta ouvre le bal. Korioos et moi même avons établi le schéma d'approche. Nous partons de là pendant que Delta font diversion et que Dzêta s'assurent que personne ne se mette en travers de notre chemin. Une fois arrivés à l'objectif, nous le sécurisons, puis nous inversons les rôles. On dirige les tirs contre nous pendant que Delta court s'emparer du bâtiment en face du nôtre. En gros, on coupe le carrefour, et on s'assure de sceller le passage pour stopper l'avancée de ces salopards de zombies. Des questions?
-Si nous y arrivons, cela voudrait dire que Pelekos arriverons dans notre dos? interrogea une soldate au visage bombardé de tâches de rousseurs et aux cheveux rasés à blanc.
-D'où l'idée, Jalaz. acquiesça Anaros. Le carrefour est formé de deux routes principales qui se croisent perpendiculairement. Nous avons pour le moment le contrôle de la partie sud et de la voie principale qui s'y accorde, l'ensemble d'Aspis faisant office de barrage contre les hostiles provenant du nord juste en face de nous, et de l'est via la route qui arrive de droite. Le flanc ouest pour le moment semble-t-il n'abriterait que quelques hostiles agissant seuls. Le fait que nous coupions au travers de l'axe pour aller récupérer les premiers bâtiments ceignant l'entrée de la route nord nous permettra de repousser l'adversaire, dégager une voie pour Pelekos qui les attaquerons depuis le nord s'il parviennent à contourner efficacement les lignes ennemies, et avec un peu de chance, nos forces combinées parviendront à anéantir ce contingent d'hostiles.
-En gros, on fonce vers eux en espérant que Delta les occupe efficacement, et on s'implante dans leur territoire pour leur barrer la route et les isoler. traduisit un autre soldat au visage de baroudeur labouré de cicatrices et de piercings. C'est plutôt taré comme plan mais ça devrait pouvoir le faire. On part quand?
-Korf, confirme à Delta et Dzêta que nous entamons notre progression dans une minute standard. ordonna Anaros au soldat radio qui s’exécuta aussitôt.
Le sergent releva sa manche trempée de boue pour consulter sa montre, puis d'un simple mouvement de tête donna l'ordre d'engager leur course infernale.
Les huit soldats coururent comme des fous furieux, fusils pointés vers le bas, dos vouté, et effectuèrent à nouveau leurs zigzags pour leurrer les serviteurs et les empêcher de viser correctement. A peine furent ils lancés qu'un feu d'enfer se déversa sur les serviteurs qui continuaient d'avancer lentement vers les lignes impériales en délivrant leur tirs aux éclats rubis sans discontinuer. Anaros était en tête de l'escouade et sentit son coeur marteler dans sa poitrine à mesure que sa course effrénée puisait dans ses réserves et entamait douloureusement son endurance. Il fut toutefois le second de l'escouade à mettre le pied sur la chaussée de la route est, un de ses hommes répondant au nom de Primilias, grand et élancé, tout en muscles nerveux, le dépassa en pointant déjà son arme sur l'entrée haute de quatre mètres du bâtiment visé. C'était l'homme le plus rapide de l'escouade, autant en vitesse de course qu'en décision, ce qui en faisait à la fois un atout et une gêne.
Lorsque l'escouade toute entière s'engagea sur la route, les ennemis descendant la route nord pointèrent leurs armes sur eux et tentèrent de les anéantir grâce à un véritable barrage de feu. c'est à ce moment là que Dzêta intervint, et les snipers dissimulés dans les bâtiments ceinturant l'entrée de la route sud délivrèrent une grêle mortelle de lasers sur les hostiles, faisant à chaque tir un mort.
Primilias se jeta en avant, ses botes ferrées en avant allèrent violemment percuter les battants fragilisés de la porte qui sortirent de leurs gonds pour leur ouvrir une voie dégagée. Immédiatement le soldat délivra une rafale horizontale de gauche à droite au cas où un ou plusieurs ennemis étaient présents, puis se plaça de côté, balayant la zone de sa mire, le temps que ses camarades le rejoigne.
Le dernier soldat entré pivota sur lui même pour s'apprêter à tirer sur d'éventuels poursuivants, tandis que ceux qui les couvraient jusque là lui laissait leurs places pour foncer aux étages et nettoyer la place. Fort heureusement, l'endroit était désert, et quand Anaros reçut confirmation de chacun de ses soldats, il ordonna à tous de choisir un emplacement de tir ainsi qu'un échappatoire au cas où les choses devaient se corser, puis alla lui même se mettre en quête d'une position adéquate.
Sa vue, offerte par un gros trou d'obus au travers d'un mur au deuxième étage, lui ouvrait un panorama idéal sur les lignes ennemies, avançant en rang désordonnés et lents sur la chaussée nord encombrée de décombres, de dépressions de terrain dues aux affres de la bataille, et par les nombreux corps de leurs prédécesseurs. De là où il était, Anaros pouvait constater que la route nord s'étendait sur près de deux à trois cents mètres avant de prendre un léger tournant vers l'est, probablement vers la basilique dont il voyait le dôme détruit dépasser derrière un pan de maisons délabrées. Il dénombra encore une bonne soixantaine d'hostiles progressant vers la zone des combats, et nota intérieurement qu'à ce rythme là, la situation se débloquerait assez rapidement, les gardes étant bien plus nombreux. Tournant son regard vers le sud, de l'autre côté du carrefour qu'il venaient de traverser avec une chance inouïe, il aperçu Delta se mettre en position pour effectuer le même déplacement, tandis que Dzêta continuaient de tirer coups sur coups, abattant toujours plus de serviteurs, bientôt rejoints dans l'exercice de précision par Epsilon et Êta, respectivement déployées de chaque côté de la route, donnant pile sur le croisement des chemins, et faisant ainsi des ravages parmi les rangs des serviteurs.
Anaros tourna à nouveau son regard vers l'aperçu qu'il avait d'ici de la basilique et y trouva quelque chose de relativement anormal, avant de se rappeler que le 14ème était censé les y retrouver. Or il n'y avait aucune trace nulle part de leur progression. Nulle part. Alors où étaient-ils?
Au moment où il voulut davantage se poser la question, Delta s'élança dans leur direction, et toute autre pensée fut abandonnée pour se concentrer sur leur couverture.
*remabauche...*
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Comme d'habitude, de l'imagination à fournir à un régiment d'écrivain !
Et sinon, ba, il est pas très sympa le haut commandement...
Comment cela va t il se terminé ?
Et sinon, ba, il est pas très sympa le haut commandement...
Comment cela va t il se terminé ?
Logan Grimnar Premier Capitaine - Messages : 1463
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Localisation : Fenris, Asaheim, le Croc. (92)
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
ça y est je peux m'y remettre, après une longue semaine et un week end chaud en émotion! (l'orga de mon fest fut certes compliquée mais c'était tellement un pu***n de plaisir!)
aujourd'hui ce sera court, je dois actuellement gérer les suites du fest (photos, vidéos, mails, etc...)
EDIT: post modifié/complété!
***
L’ÉCRAN TACTIQUE DE surveillance de la zone d'exercice scintillait de centaines de points, dont beaucoup disparaissaient pour ne jamais reparaître, les icônes rouges imageant l'ennemi formant une tache au centre de la représentation schématique de la portion de ville factice, cancer écarlate se répandant, cerné par les icônes bleus des troupes du 88ème. Dans un recoin de l'écran, un groupement de signaux verts n'avait pas bougé depuis plusieurs dizaines de minutes, très à l'écart des combats.
Tracius fixait cette tâche émeraude d'un regard noir, les mains crispées derrière le dos, faisant bruyamment jouer ses articulations sous le coup de l'énervement qui le rongeait toujours plus chaque minute qui passait. Il se tourna à nouveau vers le Colonel Bellicosus qui demeurait impassible dans sa posture droite et sèche, le visage fermé en une expression de froide colère, observant d'un air détaché le déroulement des opérations.
Pilate était prostré sur sa chaise, le visage blême et les mains jointes, coudes reposant sur ses genoux, regardant l'écran tactique avec attention, ses yeux trahissant l'espoir qu'il avait de voir le 88ème pris en défaut et écrasé pour pouvoir laver son honneur piétiné quelques heures plus tôt. A ses côtés se tenaient les Commissaires Atrius et Augustus, concertant avec Nostradus, faisant part de leurs observations, remarques ou appréciations diverses sur le déroulement de l'exercice.
Tracius vint se planter devant Bellicosus qui ne cilla même pas, et laissa éclater son exaspération, invectivant son homologue en tendant vers lui un doigt menaçant.
-Cela fait maintenant quinze minutes que votre détachement aurait dû intervenir pour prendre l'ennemi à revers, Colonel! Qu'est ce que c'est que ce cirque? Encore votre foutue compétition?
-Je souhaiterai, par respect pour nos traditions, que vous vous référiez à moi comme il se doit. Mon grade est Centurion, Tracius, comme vous. Peut importe si vous avez passé suffisamment de temps auprès de ces sauvages pour oublier votre ascendance noble et votre monde d'origine, je ne tolérerai pas d'être nommé autrement. répliqua calmement Bellicosus d'un ton méprisant, évitant ostensiblement de répondre à la question qui lui avait été posée.
-Vous êtes vraiment un abruti! siffla Tracius en se détournant de lui pour éviter d'avoir la tentation de le frapper. Il se tourna vers Nostradus qui se contenta de hausser les épaules.
Ce fut Pilate qui répondit, d'une voix ternie par son humeur massacrante.
-C'est plus qu'une compétition, Centurion Tracius. Le fait d'intervenir pour aider le 88ème signifierait pour nous de nous abaisser à secourir des étrangers ayant usurpé notre blason.
Tracius s'avança d'un air menaçant, en ayant plus qu'assez de cette rivalité malvenue, mais Pilate l'interrompit d'un geste las de la main avant qu'un seul son ne sortit de sa bouche.
-Ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas d'une attitude qui perdurera. Le 14ème tient simplement à savoir si ils peuvent accorder leur confiance et donner leur respect aux Olympiens. Et pour cela ils doivent rester à l'écart, et vos hommes se débrouiller.
-C'est donc cela? Une mise à l'épreuve montée sur les bases d'un orgueil ancestral? s'offusqua Tracius. Je pensais pourtant que notre peuple avait dépassé ce stade d’égoïsme prétentieux!
-Vous êtes resté loin de Romae depuis la Croisade Noire, Centurion. Je comprends que vous ayez oublié certaines de nos moeurs au profit des leurs, même si je ne l'approuve pas. le tempéra Pilate.
-Et qu'en est il des menaces de Bellicosus? insista Tracius. Celles de tirer sur mes hommes?
-J'espère sincèrement pour le Centurion Bellicosus qu'il n'a pas eu la folie de donner un tel ordre à ses troupes... intervint Nostradus. Cela me peinerait beaucoup de devoir le faire condamner à mort pour une telle stupidité.
Bellicosus ne bougeait toujours pas, l'oeil rivé sur l'écran de contrôle, mais tous purent déceler à la soudaine crispation de sa mâchoire carrée combien la remarque du Tribun l'avait interpellé. Il savait qu'il était sur le fil du rasoir. Mais personne ne savait vraiment jusqu'où son orgueil pouvait le porter. Et en réalité, pas même lui.
Tracius hocha la tête, pour signifier qu'il prenait note des remarques de Pilate et de l'avertissement de Nostradus et revint à l'écran de surveillance.
-Pour le moment, en ce qui me concerne, je pense qu'ils méritent amplement de gagner le respect des Romae. dit il simplement.
-Ils se battent bravement et ce en dépit de leurs pertes. C'est honorable, assurément. acquiesça Atrius. Mais il leur faut aller à la victoire pour pouvoir gagner le plein droit de porter nos bannières.
-Et croyez vous que cela aura une quelconque importance lorsqu'ils seront face à nos véritables ennemis? Ce genre de bizutage maquillé en exercice est obsolète. Il faut qu'ils se sentent intégrés dès à présent dans le reste de la Garde Praetor. Sans ça nous courons à la catastrophe. l'Histoire regorge déjà suffisamment de drames résultants de régiments pas assez fraternisés entre eux.
-D'où l'intérêt de faire un tri dès maintenant pour éliminer les éléments faibles... fit froidement Pilate. Si le 88ème, et les autres régiments levés en Olympus passent le test, ce que vous évoquez ne se produira jamais. Nous aurons des régiments soudés, disciplinés et dignes de porter notre uniforme.
Tracius ne trouva pas quoi répondre. En réalité, il sentait au fond de lui son esprit de natif de Romae donner raison de toutes ses forces aux paroles élitistes de Pilate, mais malgré tout, le Colonel se refusa à abandonner au profit d'une doctrine dépassée.
-Nous verrons bien qui gagnera le respect de l'autre et qui sortira vainqueur de cette épreuve. lâcha-t-il avec un rictus de mépris à l'encontre de Pilate qui incarnait toute la vieille morale de Romae, un passé moribond, que Tracius espérait bien voir disparaître rapidement.
-Dans tous les cas, cet exercice est nécessaire pour certifier que les nouvelles recrues sont prêtes au combat. trancha Nostradus. S'entraîner sur des mannequins ne suffit pas. Chaque groupe a ses ordres. A présent, leurs décisions décideront à elles seules du futur de leur régiment respectif.
Pilate se leva lentement de sa chaise et lissa soigneusement son uniforme froissé avant d'aller chercher une nouvelle bouteille de vin sur la table de déjeuner. Tracius le suivit des yeux et ne put réprimer un reniflement de dégoût alors qu'il observait son homologue se servir un grand verre d'alcool pour l'avaler d'un trait.
-Je continue à croire que les moeurs actuelles de Romae sont mourantes et que de nouvelles vont prendre leur place, plus jeunes, plus adéquates avec ce que l'on doit attendre d'un Garde Impérial en ce début de millénaire... dit il.
-Les traditions de notre système sont vieilles, certes. lui concéda Pilate en se servant un autre verre. Mais elles ne disparaîtront pas face aux idéaux néfastes de quelques réformateurs comme l'ont fait d'autres systèmes. Vos espoirs sont vains, mon cher ami...
-Et pourtant, l'interrompit Tracius, il n'y a qu'à vous regarder pour en être sûr. Vous vous proclamez être l'incarnation vivante des traditions et moeurs de Romae, ressassant sans arrêt combien elles sont pures et souveraines, et pourtant regardez vous. Vous êtes une épave. Un pâle reflet de ce que vous étiez il y a de cela des années, tout comme Romae connu son âge d'or il y a des siècles de ça. Mais tout à changé. Vous avez changé. Romae a changé.
-Je ne vous permets pas, Centurion! s'offusqua Pilate, devenu blême, son verre allant s'écraser au sol après s'être échappé de ses mains tremblantes.
-Le passé appartient au passé, Pilate. Vous êtes l'incarnation vivante d'un passé qui se meurt. poursuivi Tracius en appuyant chaque mot comme autant de coups de dague portés contre sa proie. Vous et vos idées êtes obsolètes, Colonel!
Ne laissant nullement le temps à Pilate de répondre, Tracius sortit d'un pas énergique de la salle, Atrius sur ses talons. Le silence de mort qui s'était installé n'était perturbé que par le ronronnement continu des cogitateurs et le grondement du combat extérieur.
Bellicosus quitta enfin sa posture rigide et se dirigea vers la baie vitrée pour avoir un aperçu direct de l'entraînement en cours. Il ne se retourna pas lorsqu'il s'adressa de sa voix acide à un Pilate en état de choc et tremblant de colère.
-Tracius a raison sur un point, Centurion Pilate. Vous êtes dépassés, et Romae tout entier marche vers une nouvelle ère. Mais il se trompe sur un autre point.
Bellicosus se détacha du spectacle extérieur et plongea ses yeux de braises dans le regard torturé de Pilate, se sentant abandonné par l'univers tout entier.
-S'il représente un futur envisageable pour Romae, il devrait avoir la sagesse de comprendre que d'autres voies sont tout aussi possible...
Bellicosus laissa Pilate à son désespoir et Nostradus et Augustus à leur stupeur en rivant à nouveau son dur regard vers l'exercice en cours. Personne d'autre ne parla. Il fallut attendre que la situation extérieur prenne un tournant surprenant pour que soit rejetée cette chape de malaise qui s'était jetée sur la salle de contrôle.
Et ce tournant provenait d'une troisième alternative au futur de Romae. Une alternative provenant d'étrangers.
aujourd'hui ce sera court, je dois actuellement gérer les suites du fest (photos, vidéos, mails, etc...)
EDIT: post modifié/complété!
***
L’ÉCRAN TACTIQUE DE surveillance de la zone d'exercice scintillait de centaines de points, dont beaucoup disparaissaient pour ne jamais reparaître, les icônes rouges imageant l'ennemi formant une tache au centre de la représentation schématique de la portion de ville factice, cancer écarlate se répandant, cerné par les icônes bleus des troupes du 88ème. Dans un recoin de l'écran, un groupement de signaux verts n'avait pas bougé depuis plusieurs dizaines de minutes, très à l'écart des combats.
Tracius fixait cette tâche émeraude d'un regard noir, les mains crispées derrière le dos, faisant bruyamment jouer ses articulations sous le coup de l'énervement qui le rongeait toujours plus chaque minute qui passait. Il se tourna à nouveau vers le Colonel Bellicosus qui demeurait impassible dans sa posture droite et sèche, le visage fermé en une expression de froide colère, observant d'un air détaché le déroulement des opérations.
Pilate était prostré sur sa chaise, le visage blême et les mains jointes, coudes reposant sur ses genoux, regardant l'écran tactique avec attention, ses yeux trahissant l'espoir qu'il avait de voir le 88ème pris en défaut et écrasé pour pouvoir laver son honneur piétiné quelques heures plus tôt. A ses côtés se tenaient les Commissaires Atrius et Augustus, concertant avec Nostradus, faisant part de leurs observations, remarques ou appréciations diverses sur le déroulement de l'exercice.
Tracius vint se planter devant Bellicosus qui ne cilla même pas, et laissa éclater son exaspération, invectivant son homologue en tendant vers lui un doigt menaçant.
-Cela fait maintenant quinze minutes que votre détachement aurait dû intervenir pour prendre l'ennemi à revers, Colonel! Qu'est ce que c'est que ce cirque? Encore votre foutue compétition?
-Je souhaiterai, par respect pour nos traditions, que vous vous référiez à moi comme il se doit. Mon grade est Centurion, Tracius, comme vous. Peut importe si vous avez passé suffisamment de temps auprès de ces sauvages pour oublier votre ascendance noble et votre monde d'origine, je ne tolérerai pas d'être nommé autrement. répliqua calmement Bellicosus d'un ton méprisant, évitant ostensiblement de répondre à la question qui lui avait été posée.
-Vous êtes vraiment un abruti! siffla Tracius en se détournant de lui pour éviter d'avoir la tentation de le frapper. Il se tourna vers Nostradus qui se contenta de hausser les épaules.
Ce fut Pilate qui répondit, d'une voix ternie par son humeur massacrante.
-C'est plus qu'une compétition, Centurion Tracius. Le fait d'intervenir pour aider le 88ème signifierait pour nous de nous abaisser à secourir des étrangers ayant usurpé notre blason.
Tracius s'avança d'un air menaçant, en ayant plus qu'assez de cette rivalité malvenue, mais Pilate l'interrompit d'un geste las de la main avant qu'un seul son ne sortit de sa bouche.
-Ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas d'une attitude qui perdurera. Le 14ème tient simplement à savoir si ils peuvent accorder leur confiance et donner leur respect aux Olympiens. Et pour cela ils doivent rester à l'écart, et vos hommes se débrouiller.
-C'est donc cela? Une mise à l'épreuve montée sur les bases d'un orgueil ancestral? s'offusqua Tracius. Je pensais pourtant que notre peuple avait dépassé ce stade d’égoïsme prétentieux!
-Vous êtes resté loin de Romae depuis la Croisade Noire, Centurion. Je comprends que vous ayez oublié certaines de nos moeurs au profit des leurs, même si je ne l'approuve pas. le tempéra Pilate.
-Et qu'en est il des menaces de Bellicosus? insista Tracius. Celles de tirer sur mes hommes?
-J'espère sincèrement pour le Centurion Bellicosus qu'il n'a pas eu la folie de donner un tel ordre à ses troupes... intervint Nostradus. Cela me peinerait beaucoup de devoir le faire condamner à mort pour une telle stupidité.
Bellicosus ne bougeait toujours pas, l'oeil rivé sur l'écran de contrôle, mais tous purent déceler à la soudaine crispation de sa mâchoire carrée combien la remarque du Tribun l'avait interpellé. Il savait qu'il était sur le fil du rasoir. Mais personne ne savait vraiment jusqu'où son orgueil pouvait le porter. Et en réalité, pas même lui.
Tracius hocha la tête, pour signifier qu'il prenait note des remarques de Pilate et de l'avertissement de Nostradus et revint à l'écran de surveillance.
-Pour le moment, en ce qui me concerne, je pense qu'ils méritent amplement de gagner le respect des Romae. dit il simplement.
-Ils se battent bravement et ce en dépit de leurs pertes. C'est honorable, assurément. acquiesça Atrius. Mais il leur faut aller à la victoire pour pouvoir gagner le plein droit de porter nos bannières.
-Et croyez vous que cela aura une quelconque importance lorsqu'ils seront face à nos véritables ennemis? Ce genre de bizutage maquillé en exercice est obsolète. Il faut qu'ils se sentent intégrés dès à présent dans le reste de la Garde Praetor. Sans ça nous courons à la catastrophe. l'Histoire regorge déjà suffisamment de drames résultants de régiments pas assez fraternisés entre eux.
-D'où l'intérêt de faire un tri dès maintenant pour éliminer les éléments faibles... fit froidement Pilate. Si le 88ème, et les autres régiments levés en Olympus passent le test, ce que vous évoquez ne se produira jamais. Nous aurons des régiments soudés, disciplinés et dignes de porter notre uniforme.
Tracius ne trouva pas quoi répondre. En réalité, il sentait au fond de lui son esprit de natif de Romae donner raison de toutes ses forces aux paroles élitistes de Pilate, mais malgré tout, le Colonel se refusa à abandonner au profit d'une doctrine dépassée.
-Nous verrons bien qui gagnera le respect de l'autre et qui sortira vainqueur de cette épreuve. lâcha-t-il avec un rictus de mépris à l'encontre de Pilate qui incarnait toute la vieille morale de Romae, un passé moribond, que Tracius espérait bien voir disparaître rapidement.
-Dans tous les cas, cet exercice est nécessaire pour certifier que les nouvelles recrues sont prêtes au combat. trancha Nostradus. S'entraîner sur des mannequins ne suffit pas. Chaque groupe a ses ordres. A présent, leurs décisions décideront à elles seules du futur de leur régiment respectif.
Pilate se leva lentement de sa chaise et lissa soigneusement son uniforme froissé avant d'aller chercher une nouvelle bouteille de vin sur la table de déjeuner. Tracius le suivit des yeux et ne put réprimer un reniflement de dégoût alors qu'il observait son homologue se servir un grand verre d'alcool pour l'avaler d'un trait.
-Je continue à croire que les moeurs actuelles de Romae sont mourantes et que de nouvelles vont prendre leur place, plus jeunes, plus adéquates avec ce que l'on doit attendre d'un Garde Impérial en ce début de millénaire... dit il.
-Les traditions de notre système sont vieilles, certes. lui concéda Pilate en se servant un autre verre. Mais elles ne disparaîtront pas face aux idéaux néfastes de quelques réformateurs comme l'ont fait d'autres systèmes. Vos espoirs sont vains, mon cher ami...
-Et pourtant, l'interrompit Tracius, il n'y a qu'à vous regarder pour en être sûr. Vous vous proclamez être l'incarnation vivante des traditions et moeurs de Romae, ressassant sans arrêt combien elles sont pures et souveraines, et pourtant regardez vous. Vous êtes une épave. Un pâle reflet de ce que vous étiez il y a de cela des années, tout comme Romae connu son âge d'or il y a des siècles de ça. Mais tout à changé. Vous avez changé. Romae a changé.
-Je ne vous permets pas, Centurion! s'offusqua Pilate, devenu blême, son verre allant s'écraser au sol après s'être échappé de ses mains tremblantes.
-Le passé appartient au passé, Pilate. Vous êtes l'incarnation vivante d'un passé qui se meurt. poursuivi Tracius en appuyant chaque mot comme autant de coups de dague portés contre sa proie. Vous et vos idées êtes obsolètes, Colonel!
Ne laissant nullement le temps à Pilate de répondre, Tracius sortit d'un pas énergique de la salle, Atrius sur ses talons. Le silence de mort qui s'était installé n'était perturbé que par le ronronnement continu des cogitateurs et le grondement du combat extérieur.
Bellicosus quitta enfin sa posture rigide et se dirigea vers la baie vitrée pour avoir un aperçu direct de l'entraînement en cours. Il ne se retourna pas lorsqu'il s'adressa de sa voix acide à un Pilate en état de choc et tremblant de colère.
-Tracius a raison sur un point, Centurion Pilate. Vous êtes dépassés, et Romae tout entier marche vers une nouvelle ère. Mais il se trompe sur un autre point.
Bellicosus se détacha du spectacle extérieur et plongea ses yeux de braises dans le regard torturé de Pilate, se sentant abandonné par l'univers tout entier.
-S'il représente un futur envisageable pour Romae, il devrait avoir la sagesse de comprendre que d'autres voies sont tout aussi possible...
Bellicosus laissa Pilate à son désespoir et Nostradus et Augustus à leur stupeur en rivant à nouveau son dur regard vers l'exercice en cours. Personne d'autre ne parla. Il fallut attendre que la situation extérieur prenne un tournant surprenant pour que soit rejetée cette chape de malaise qui s'était jetée sur la salle de contrôle.
Et ce tournant provenait d'une troisième alternative au futur de Romae. Une alternative provenant d'étrangers.
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Comme d'habitude une très belle suite mais vivement que tu reviennes sur les Futurs Space Marines.
Codex Raven Guard
Corax Maître de Guerre - Messages : 6772
Age : 46
Localisation : Délivrance / Lorraine
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Toujours aussi intéressant Turielo !
Tu restes très discret sur le forum mais tu fais ton bonhomme de chemin. Merci de nous donner du plaisir en écrivant tes fictions avec autant de passion.
Il va être temps de commencer à mettre tout ça en forme.
Si j'ai trouve un peu de temps je vais en faire quelque chose pour nos membres et visiteurs.
Tu restes très discret sur le forum mais tu fais ton bonhomme de chemin. Merci de nous donner du plaisir en écrivant tes fictions avec autant de passion.
Il va être temps de commencer à mettre tout ça en forme.
Si j'ai trouve un peu de temps je vais en faire quelque chose pour nos membres et visiteurs.
Administration Admin - Messages : 6893
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Merci ça fait plaisir!
Corax, ne t'en fait pas, le chapitre est bientôt fini, on va bientôt retourner fureter du côté des Astartes et futurs Astartes. Mais bon même si j'aime les Space Marines, je prends toujours beaucoup plus de plaisir à écrire sur la Garde, héhé!
Horus, merci bien, c'est vrai que à part ici je ne poste pas beaucoup, la faute au boulot surtout...
la suite:
LES SERVITEURS HOSTILES, encerclés, furent rapidement pris entre deux feux, depuis les positions initiales du 88ème, et de l'arrière de leurs propres lignes, Alpha et Delta abattant un adversaire de plus à chacun de leurs tirs, striant la rue de lignes ardentes à l'éclat rubis. A l'embouchure du carrefour, côté ennemi, la chaussée était encombrée d'un amas de cadavres désarticulés de plus en plus conséquent. Un rapport depuis les positions de l'escouade d'Anaros parvint avec difficulté jusqu'au lieutenant, établissant que plus aucun ennemi n'était visible en dehors de l'actuel théâtre de mort sur lequel eux mêmes jouaient leur rôle peu enviable.
Donokos était à présent en tête des lignes de déploiement original, haranguant ses hommes, sabre au clair et pistolet serré dans son poing, lâchant un tir après l'autre. Il n'avait plus son casque qu'une explosion avait fait voler hors de portée, et un filet de sang vermeille lui striait le visage, accentuant ses traits colériques tandis qu'il hurlait ses ordres pour faire progresser ses effectifs en avant. Il avait depuis longtemps laissé tomber le plan d'origine de ce déploiement qui avait presque viré à la catastrophe, et ce en dépit des ordres stricts que lui avait communiqué le major Oktokos. Qu'il aille se faire voir chez les taus, cette face de fouine! pensa Donokos. Il était hors de question de risquer tant de vie, uniquement pour satisfaire les essais stratégiques d'un officier alcoolique. Sur ce point, le jeune soldat montait au créneau face au vieux baroudeur qu'était le major. Donokos éprouvait un profond ressentiment, presque du dégoût pour son officier supérieur, qu'il considérait comme totalement inapte à remplir des fonctions aussi importantes que les siennes. Depuis qu'ils étaient montés à bord du Gladius, Donokos n'avait cessé de le voir trainailler dans les mess et baraquements de simples soldats, pour s'adonner aux vices du jeu et de la boisson avec eux, salissant là son honneur et son grade. Pour le jeune lieutenant, Oktokos était une insulte à l'uniforme, et plus grave encore, une insulte envers l'Empereur. Ce combat, même s'il s'agissait d'un exercice cruel, serait l'occasion pour lui de montrer à quel point il était meilleur que ce rat qui prétendait le commander.
Verakas à ses côtés, il tenait farouchement sa position alors que le reste de son escouade de commandement transmettaient les ordres du mieux qu'ils pouvaient, de la manière directe du bouche à oreille depuis que la même explosion qui avait privé leur officier de son casque avait fait éclater la radio. Par chance, Fokos avait été trop occupé à tirer dans le tas pour s'occuper de son matériel, et le fait qu'il avait laissé tomber le massif appareil de transmission dans un coin de leur retranchement lui avait sûrement sauvé la vie. Pour Donokos cependant, le geste en lui même demeurait une infraction, et Fokos savait pertinemment qu'il serait puni pour abandon injustifié de matériel de guerre.
Drain, l'un des survivants de l'escouade, sauta à toute allure derrière le muret criblé d'impacts et resta vautré un instant, à bout de souffle, le visage cramoisi. Il déclina d'un simple geste de la main l'aide que voulut lui proposer Harmes, déglutit en fermant les yeux puis se redressa tête baissée pour s'approcher de Donokos, qui l'ayant vu arrivé laissa un moment son sergent seul à défendre leur position pour rejoindre le coursier derrière une grappe de grosse poutres tombées, assez larges pour offrir un couvert convenable.
-Alors? demanda Donokos en hurlant pour se faire entendre, s'essuyant le front par réflexe avant de considérer dans une grimace de colère la grosse tâche rouge qu'il venait d'étaler sur sa manche.
-Aucune trace de Bêta, lieutenant! répondit Drain. Leur dernière position connue est déserte, mais il y a des traces d'un échange de tirs assez balaise. Je pense qu'ils ont morfler mais ont continué à avancer...
-Vous avez trouvé quelque chose qui expliquerai leur absence de communication?
-Négatif. Pas un débris ressemblant à une radio. Elle a dû être abimée sans qu'ils s'en rendent compte!
-Décidément, le personnel radio de ce peloton est problématique... grommela Donokos en jetant un regard lourd de reproches à Fokos qui se contenta de hausser les épaules en esquissant un sourire gêné.
Une rafale un peu trop bien calibrée les poussa à se jeter plus à couvert, manquant de tuer Drain, dont l'emplacement fut occulté un instant par un nuage d'échardes alors que l'une des poutres se craquela sous des dizaines d'impacts. Le soldat se plaqua une main sur le casque, accroupi, et cracha à terre, les entrailles nouées à l'idée que la mort venait de le caresser de si près.
Donokos, qui ne releva même pas l'incident, s'approcha tout près de lui pour se faire entendre.
-Reprends ta position fiston, Olfras ne devrait pas tarder à me rapporter des nouvelles de Gamma. On ne peux pas vraiment savoir où en sont Alpha et Delta, et l'ensemble de Sarisse sont hors de portée.
-Et Pelekos, lieutenant?
-Même topos! Je les ai envoyé en avant pour prendre l'ennemi en tenaille, on a plus qu'à espérer qu'ils s'en tirent correctement. Pas de radio, pas de nouvelles. En piste mon gars, y'a un concours de tir au cas où tu serais pas au courant. Alors tâche de te montrer en forme et expédie moi le plus de ces enfoirés ad patres, compris?
Drain approuva d'un hochement sec de la tête et gagna une légère butte de gravats pour en faire son pas de tir, sur lequel il s'appuya, un genou à terre et l'autre appuyé contre le remblai, et commença à tirer sur les lignes de serviteurs mortels. Il devait avoir pris les sarcasmes de Donokos au mot, puisque le lieutenant l'aperçu compter à chacun de ses coups au but, tenant de tête son tableau de chasse à mesure qu'il le complétait. Le lieutenant regagna sa propre position et recommença lui même à tirer sur les hostiles, guettant par moments du regard le retour d'Olfras mais pour le moment il ne l'apercevait pas au beau milieu du champ de mort qu'était devenu le carrefour.
Donokos compta de plus en plus de carcasses de serviteurs au sol, et dénota en retour avec un soulagement forcé que très peu de ses soldats, à peine une dizaine, gisaient à terre, signe que les pertes étaient pour le moment très minimes.
Puis sont regard s'assombrit à mesure qu'il le portait vers le nord, au delà des lignes adverses, vaguement illuminées par les tirs continus de Delta et Alpha, mais ce n'était pas eux qu'il cherchait.
Où étaient donc ces foutus Romae? se demanda-t-il avec un noeud de colère de plus en plus conséquent dans les entrailles.
Corax, ne t'en fait pas, le chapitre est bientôt fini, on va bientôt retourner fureter du côté des Astartes et futurs Astartes. Mais bon même si j'aime les Space Marines, je prends toujours beaucoup plus de plaisir à écrire sur la Garde, héhé!
Horus, merci bien, c'est vrai que à part ici je ne poste pas beaucoup, la faute au boulot surtout...
tu pensais à quoi par exemple?Horus a écrit:Si j'ai trouve un peu de temps je vais en faire quelque chose pour nos membres et visiteurs.
la suite:
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LES SERVITEURS HOSTILES, encerclés, furent rapidement pris entre deux feux, depuis les positions initiales du 88ème, et de l'arrière de leurs propres lignes, Alpha et Delta abattant un adversaire de plus à chacun de leurs tirs, striant la rue de lignes ardentes à l'éclat rubis. A l'embouchure du carrefour, côté ennemi, la chaussée était encombrée d'un amas de cadavres désarticulés de plus en plus conséquent. Un rapport depuis les positions de l'escouade d'Anaros parvint avec difficulté jusqu'au lieutenant, établissant que plus aucun ennemi n'était visible en dehors de l'actuel théâtre de mort sur lequel eux mêmes jouaient leur rôle peu enviable.
Donokos était à présent en tête des lignes de déploiement original, haranguant ses hommes, sabre au clair et pistolet serré dans son poing, lâchant un tir après l'autre. Il n'avait plus son casque qu'une explosion avait fait voler hors de portée, et un filet de sang vermeille lui striait le visage, accentuant ses traits colériques tandis qu'il hurlait ses ordres pour faire progresser ses effectifs en avant. Il avait depuis longtemps laissé tomber le plan d'origine de ce déploiement qui avait presque viré à la catastrophe, et ce en dépit des ordres stricts que lui avait communiqué le major Oktokos. Qu'il aille se faire voir chez les taus, cette face de fouine! pensa Donokos. Il était hors de question de risquer tant de vie, uniquement pour satisfaire les essais stratégiques d'un officier alcoolique. Sur ce point, le jeune soldat montait au créneau face au vieux baroudeur qu'était le major. Donokos éprouvait un profond ressentiment, presque du dégoût pour son officier supérieur, qu'il considérait comme totalement inapte à remplir des fonctions aussi importantes que les siennes. Depuis qu'ils étaient montés à bord du Gladius, Donokos n'avait cessé de le voir trainailler dans les mess et baraquements de simples soldats, pour s'adonner aux vices du jeu et de la boisson avec eux, salissant là son honneur et son grade. Pour le jeune lieutenant, Oktokos était une insulte à l'uniforme, et plus grave encore, une insulte envers l'Empereur. Ce combat, même s'il s'agissait d'un exercice cruel, serait l'occasion pour lui de montrer à quel point il était meilleur que ce rat qui prétendait le commander.
Verakas à ses côtés, il tenait farouchement sa position alors que le reste de son escouade de commandement transmettaient les ordres du mieux qu'ils pouvaient, de la manière directe du bouche à oreille depuis que la même explosion qui avait privé leur officier de son casque avait fait éclater la radio. Par chance, Fokos avait été trop occupé à tirer dans le tas pour s'occuper de son matériel, et le fait qu'il avait laissé tomber le massif appareil de transmission dans un coin de leur retranchement lui avait sûrement sauvé la vie. Pour Donokos cependant, le geste en lui même demeurait une infraction, et Fokos savait pertinemment qu'il serait puni pour abandon injustifié de matériel de guerre.
Drain, l'un des survivants de l'escouade, sauta à toute allure derrière le muret criblé d'impacts et resta vautré un instant, à bout de souffle, le visage cramoisi. Il déclina d'un simple geste de la main l'aide que voulut lui proposer Harmes, déglutit en fermant les yeux puis se redressa tête baissée pour s'approcher de Donokos, qui l'ayant vu arrivé laissa un moment son sergent seul à défendre leur position pour rejoindre le coursier derrière une grappe de grosse poutres tombées, assez larges pour offrir un couvert convenable.
-Alors? demanda Donokos en hurlant pour se faire entendre, s'essuyant le front par réflexe avant de considérer dans une grimace de colère la grosse tâche rouge qu'il venait d'étaler sur sa manche.
-Aucune trace de Bêta, lieutenant! répondit Drain. Leur dernière position connue est déserte, mais il y a des traces d'un échange de tirs assez balaise. Je pense qu'ils ont morfler mais ont continué à avancer...
-Vous avez trouvé quelque chose qui expliquerai leur absence de communication?
-Négatif. Pas un débris ressemblant à une radio. Elle a dû être abimée sans qu'ils s'en rendent compte!
-Décidément, le personnel radio de ce peloton est problématique... grommela Donokos en jetant un regard lourd de reproches à Fokos qui se contenta de hausser les épaules en esquissant un sourire gêné.
Une rafale un peu trop bien calibrée les poussa à se jeter plus à couvert, manquant de tuer Drain, dont l'emplacement fut occulté un instant par un nuage d'échardes alors que l'une des poutres se craquela sous des dizaines d'impacts. Le soldat se plaqua une main sur le casque, accroupi, et cracha à terre, les entrailles nouées à l'idée que la mort venait de le caresser de si près.
Donokos, qui ne releva même pas l'incident, s'approcha tout près de lui pour se faire entendre.
-Reprends ta position fiston, Olfras ne devrait pas tarder à me rapporter des nouvelles de Gamma. On ne peux pas vraiment savoir où en sont Alpha et Delta, et l'ensemble de Sarisse sont hors de portée.
-Et Pelekos, lieutenant?
-Même topos! Je les ai envoyé en avant pour prendre l'ennemi en tenaille, on a plus qu'à espérer qu'ils s'en tirent correctement. Pas de radio, pas de nouvelles. En piste mon gars, y'a un concours de tir au cas où tu serais pas au courant. Alors tâche de te montrer en forme et expédie moi le plus de ces enfoirés ad patres, compris?
Drain approuva d'un hochement sec de la tête et gagna une légère butte de gravats pour en faire son pas de tir, sur lequel il s'appuya, un genou à terre et l'autre appuyé contre le remblai, et commença à tirer sur les lignes de serviteurs mortels. Il devait avoir pris les sarcasmes de Donokos au mot, puisque le lieutenant l'aperçu compter à chacun de ses coups au but, tenant de tête son tableau de chasse à mesure qu'il le complétait. Le lieutenant regagna sa propre position et recommença lui même à tirer sur les hostiles, guettant par moments du regard le retour d'Olfras mais pour le moment il ne l'apercevait pas au beau milieu du champ de mort qu'était devenu le carrefour.
Donokos compta de plus en plus de carcasses de serviteurs au sol, et dénota en retour avec un soulagement forcé que très peu de ses soldats, à peine une dizaine, gisaient à terre, signe que les pertes étaient pour le moment très minimes.
Puis sont regard s'assombrit à mesure qu'il le portait vers le nord, au delà des lignes adverses, vaguement illuminées par les tirs continus de Delta et Alpha, mais ce n'était pas eux qu'il cherchait.
Où étaient donc ces foutus Romae? se demanda-t-il avec un noeud de colère de plus en plus conséquent dans les entrailles.
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
J'aime beaucoup ce que tu écris.
Ton style est accrochant et l'histoire intéressante.
Moi, ca me dérange pas que ca reste sur du garde. L'humour sérieux passe bien à travers eux, mieux qu'avec des SM.
Ton style est accrochant et l'histoire intéressante.
Moi, ca me dérange pas que ca reste sur du garde. L'humour sérieux passe bien à travers eux, mieux qu'avec des SM.
Logan Grimnar Premier Capitaine - Messages : 1463
Age : 30
Localisation : Fenris, Asaheim, le Croc. (92)
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
ALEKOS TIRA UN morceau de gaze du pack de premiers secours, dont il arracha l'emballage d'un rapide coup de dents, et plaqua le tissu stérilisé sur la plaie encore fumante tandis que de son autre main il plaquait fermement à terre Urkos encore sujet à de violents spasmes. Laikos fouillait fébrilement la trousse de secours à la recherche d'une charge de morphine, jetant par moments des ustensiles qu'il jugeaient inutiles par dessus son épaule. Hector se rabattit derrière la paroi qui le séparait des tirs mortels de l'ennemi et engagea un nouveau chargeur dans son fusil, jetant au passage un regard peiné à Hulter qui tentait de reprendre son poste de tir, mais ne parvenait pas à faire feu, ne cessant de tourner la tête vers le géant étalé à terre, les yeux rougis de larmes de colère. Urela vint se mettre aux côtés du garçon et lui posa une main chaleureuse sur l'épaule, le forçant à détourner son regard de la terrible scène pour le diriger vers ses yeux émeraudes.
-C'est de ma faute... geignit Hulter en secouant la tête, trop honteux pour croiser le regard de la belle. J'aurais dû me pousser pour le laisser passer, il n'aurait pas eu à se lever. Putain, c'est de ma faute!
Urela interrompit ses jérémiades en posant un doigt sur sa bouche et et en lui relevant la tête vers elle.
-Ce n'est la faute à personne, Hulter. dit elle en articulant pour qu'il puisse lire sur ses lèvres à défaut de l'entendre tant la bataille faisait rage, assourdissante. Ca aurait pu arriver à n'importe qui, c'est ça la guerre! Alors maintenant laisse les faire, et bats toi! Pense que chacune de ces boîtes de conserve que tu cramera, c'est une belle vengeance pour lui...
Hulter inspira une grande bouffée d'air saturé d'odeurs de métal, de sang et de poudre, et se détendit d'un coup. Son regard quitta sa tristesse pour être gagné par une intense expression de colère, qui fit frémir Urela quand il le leva vers elle, sa mâchoire en chair palpitant tant il était soudain crispé.
-Comment peuvent ils nous infliger un truc pareil? gronda-t-il. Nous envoyer dans un combat sans aucun sens, nous faire massacrer, alors même que la guerre véritable nous réclame. Par l'Empereur, quelle est cette folie?
Cette fois Urela ne sut pas quoi dire pour apaiser la fureur du garçon, se contentant de le fixer dans les yeux d'un air grave. Il n'y avait rien à dire. Hulter avait raison, cet exercice, ou quoi qu'il puisse être, était une perte de temps sadique et un affreux gâchis. Sans réellement attendre de réponse de la part de la jeune femme, Hulter s'arracha à son regard et alla se placer sans un mot aux côtés d'Hector, joignant son tir au sien.
Urela finit par faire de même, non sans avoir jeté un dernier regard à l'expression vide vers Laikos et Alekos tentant de stabiliser Urkos qui venait d'arrêter de bouger.
Donarkos s'approcha du sergent et d'Alekos, occupé à administrer une dose de fortifiant à Urkos qui gisait maintenant immobile, les yeux fermés dans une intense expression de douleur. Laikos tourna la tête vers le nouvel arrivant, grimaçant en voyant la vilaine blessure qui s'était ouverte sur le front du soldat.
-Va falloir te soigner ça, fiston! fit il en désignant la blessure d'un mouvement de menton.
-Ca ira, sergent. voulut le rassurer Donarkos, malgré qu'il fut pâle comme un linge. Il va s'en sortir?
-Je suis pas médecin, et je doute que Alekos en sache plus que moi à ce sujet... répondit sombrement Laikos en secouant la tête de dépit. Pour le moment on ne peut qu'empêcher l'hémorragie et le shooter aux calmants.
-Merde... Moi qui croyait que c'était moi qui me ferait trouer le buffet en premier... dit Donarkos pour lui même avant de se détourner pour rejoindre son pas de tir.
La poitrine d'Urkos se souleva soudain violemment, et il éructa un grognement humide, crachant des postillons rougeâtres en ouvrant des yeux exorbités et injectés de sang. Le colosse agrippa d'instinct Alekos par le col, manquant de lui briser le cou sur le coup, avant de le reconnaître et de le laisser reprendre goulument sa respiration, son visage ayant pris une vilaine teinte violacée.
-Qu'est c'qui s'est passé, bordel? grommela Urkos d'une voix enrouée et gargouillante.
-Du calme mon gars! le calma Laikos en lui posant une main sur l'épaule, le forçant à rester allongé. T'as pris une rafale en pleine poitrine y'a à peine cinq minutes. Par le Trône, je pensais que t'étais mort, soldat!
-Faudra me tuer pour ça, sergent. sourit Urkos en se relevant à nouveau, repoussant sans effort le bras de Laikos.
Le colosse considéra du coin de l'oeil le cratère roussi qui venait de lui être creusé en plein milieu du plastron, leva une main pour en effleurer les bords avant de la retirer vivement avec une grimace de douleur. Un peu de sang vint à couler, mais la blessure semblait en majorité cautérisée par la chaleur du laser. Urkos fit jouer sa nuque, produisant quelques craquements que nul ne put entendre au beau milieu du brouhaha de la bataille, et se releva avec peine, gardant la tête basse cette fois et alla rejoindre une petite bute de goudron éclaté pour s'y asseoir, Dakos et Halatos juste à ses côtés, debout en train de tirer à foison sur les lignes adverses.
-Ca va la grande brute? demanda Halatos en tournant à demi la tête vers lui.
-Ca va ma grande. Juste un peu sonné. répondit il en se relevant pour lui adresser un sourire radieux quoiqu'un peu forcé, ses yeux cernés par la douleur et le choc, son teint grisâtre ne laissant pas beaucoup de crédibilité à sa réponse.
-Un peu sonné? T'as pris un tir en pleine poire, et t'es juste sonné? s'exclama Halatos en délivrant une furieuse rafale vers les serviteurs en approche, en faisant éclater trois. Tu devrais être cané, mec!
-Si ça avait été un tir mortel, oui, probablement. admit Urkos en hochant la tête.
-Comment ça, "si ça avait été un tir mortel"? demanda Dakos, en se baissant subitement pour éviter un faisceau d'énergie qui perça un énorme cratère au milieu de la plaque de métal derrière laquelle il s'abritait.
-Tirs de neutralisation niveau oméga. expliqua Urkos en faisant jouer son épaule pour se détendre, son visage retrouvant quelques couleurs. Ca brûle et ça tte chamboule le corps, mais ça ne tue pas. C'est le niveau juste en dessous du réglage létale. Ces salopards de gradés doivent bien se fendre la tronche à nous voir nous faire tirer comme des lapins comme ça.
-Attends une minute, on se fait pas vraiment tirer dessus là? demanda Hector en fronçant ses sourcils, perplexe.
-Non, t'as raison, j'ai pris une crème glacée lancée au pif sur la poitrine! le rabroua Urkos en riant, tapotant les bords de sa plaie. C'est un tir de suppression sensé neutraliser les plus coriaces des cibles, mais sans les tuer. Là où c'est intéressant pour nos chers officiers dans un cas comme celui dans lequel on est empêtré, c'est que c'est assez puissant pour faire saigner et plonger au mieux dans un état de douleur prononcée, au pire dans un bon coma. Parfait pour simuler de véritables tirs sans pour autant nous mettre vraiment en danger...
-Donc tous ceux qui sont tombés jusque là ne sont pas morts? demanda Hulter avec effarement et soulagement mêlés.
-En théorie. intervint Laikos. J'ai déjà dû user de ce niveau de tir, lorsque j'officiais au sein des FDP lors de certaines émeutes. Dans la majorité des cas, ça stoppe net mais il nous est arrivé de compter des morts. Il suffit d'un mauvais coup au but, ou de plusieurs tirs... Le hasard est sans doute plus mortel que le tir en lui même, on va dire ça comme ça.
-Sans parler des dégâts extérieurs aux tirs eux mêmes... ajouta Urkos. Tirez avec ce réglage dans une grosse poutre, vous arriverez à la faire tomber au bout d'un moment ou avec un coup de chance. Prenez cette poutre en travers de la figure et... je crois que c'est pas la peine de vous faire un dessin...
-Donc on est quand même en situation de danger. comprit Alekos.
-Exact. N'importe quoi peut tuer. Si les tirs sont notre principale préoccupation, le risque est de mourir d'autre chose et c'est souvent une cause vraiment stupide.
-Donc on reste en alerte, les enfants, et on fait comme si! ordonna Laikos avant de replacer son attention sur Urkos, qui était sorti de son stade léthargique, ayant déjà récupéré du choc qui aurait plongé un soldat normalement constitué dans un coma profond. Content que tu aille bien! Tirs de suppression oméga. Ah! Comment ais-je pu ne pas voir ça plus tôt! Bien joué!
Urkos hocha respectueusement la tête pour remercier le sergent et récupéra son fusil.
-Permission de botter des culs métalliques, sergent? demanda-t-il avec un grand sourire sauvage.
-Permission accordée fiston! fit Laikos en éclatant de rire.
L'escouade Gamma au complet se remis à tirer sur les serviteurs hostiles, en exterminant un bon paquet, et profitant de quelques moments opportuns pour foncer de l'avant. Au détour d'un véhicule qui devait avoir été une voiture militaire, réduite à l'état de carcasse oxydée, le groupe tomba sur un soldat portant l'insigne de l'escouade de commandement, et s'arrêtèrent immédiatement pour se mettre à couvert avec lui. Jetant un coup d'oeil au travers des plaques rouillées du véhicule détruit, Laikos pour apprécier davantage leur avancée, qui les avaient menés presque à l'entrée du point de croisement du carrefour, à quelques mètres des positions ennemies. Il aperçut vaguement des escouades alliées prendre l'adversaire de côté et pensa un instant que les troupes du 14ème étaient là, avant de reconnaître le sergent Jukaios de l'escouade Iota. Pelekos suivait un nouveau plan, et Laikos supposa qu'il s'agissait d'encercler progressivement les serviteurs pour leur porter le coup de grâce.
Le sergent produisit une suite de gestes compliqués à l'attention de ses membres d'escouade, les assignant chacun à une position de défense efficace. Chacun s'exécuta immédiatement et sûrs d'eux, maintenant qu'ils savaient contre quoi ils se battaient. La récente résurrection d'Urkos devait être aussi une raison suffisante pour les motiver ainsi.
Laikos se rapprocha alors du soldat venu à leur rencontre, un jeune homme aux yeux noirs et profonds, et au visage finement taillé.
-Comment se présentent les choses, mon gars? demanda-t-il en hurlant pour couvrir le bruit incessant de la fusillade toute proche. On a pas de nouvelles du lieutenant depuis dix bonnes minutes!
-Six exactement, sergent! corrigea le jeune homme en hochant la tête. On a perdu la radio dans une explosion due à l'échange de tir. Donokos se démerde maintenant pour tous vous contacter pour connaître votre rapport et donner ses ordres.
-Okay, garçon. Pour le rapport on va faire vite, j'ai rien à signaler, si ce n'est que le grand costaud là bas s'est pris un tir qui en aurait séché plus d'un, et que grâce à lui on sait maintenant qu'on se bat face à des tirs de type suppression niveau oméga. Faut se méfier, mais normalement c'est pas mortel pour nous.
-Je transmettrai! Ca me rassure, on a perdu pas mal de copains quand on s'est fait prendre en embuscade...
-Et les ordres? demanda Laikos.
-On laisse tomber le plan du major! Pelekos prends l'ennemi en tenailles, Delta et Alpha sont à leurs arrières et les canardent à fond. Vous devez avancer le plus possible de front, avec nous, et Bêta, si jamais on retombe dessus. Sarisse cessent leur couverture arrière et viennent vous porter main forte.
-Okay, donc plus de couverture arrière, vingt tarés derrière l'ennemi, vingt autres tarés qui foncent de côtés, et nous on avance à six escouades contre eux. C'est ça?
-Affirmatif.
-Rouleau compresseur, j'aime ça! approuva Laikos avec un sourire. Bien allons donc aplatir ces boîtes de conserve et rejoindre la basilique avant les planqués du 14ème.
Au moment précis où Laikos prononça le nom du régiment à qui ils disputaient la victoire, tout un pâté de maisons s'affaissa bruyamment dans une impressionnante explosion.
Au delà de la surprise même résultant de cette détonation inattendue, le cri que poussa le sergent Laikos était surtout une expression de rage intense quand il vit les bâtiments qu'occupaient l'escouade Delta s'effondrer à leur tour, noyant le carrefour entier dans un nuage de poussière.
-C'est de ma faute... geignit Hulter en secouant la tête, trop honteux pour croiser le regard de la belle. J'aurais dû me pousser pour le laisser passer, il n'aurait pas eu à se lever. Putain, c'est de ma faute!
Urela interrompit ses jérémiades en posant un doigt sur sa bouche et et en lui relevant la tête vers elle.
-Ce n'est la faute à personne, Hulter. dit elle en articulant pour qu'il puisse lire sur ses lèvres à défaut de l'entendre tant la bataille faisait rage, assourdissante. Ca aurait pu arriver à n'importe qui, c'est ça la guerre! Alors maintenant laisse les faire, et bats toi! Pense que chacune de ces boîtes de conserve que tu cramera, c'est une belle vengeance pour lui...
Hulter inspira une grande bouffée d'air saturé d'odeurs de métal, de sang et de poudre, et se détendit d'un coup. Son regard quitta sa tristesse pour être gagné par une intense expression de colère, qui fit frémir Urela quand il le leva vers elle, sa mâchoire en chair palpitant tant il était soudain crispé.
-Comment peuvent ils nous infliger un truc pareil? gronda-t-il. Nous envoyer dans un combat sans aucun sens, nous faire massacrer, alors même que la guerre véritable nous réclame. Par l'Empereur, quelle est cette folie?
Cette fois Urela ne sut pas quoi dire pour apaiser la fureur du garçon, se contentant de le fixer dans les yeux d'un air grave. Il n'y avait rien à dire. Hulter avait raison, cet exercice, ou quoi qu'il puisse être, était une perte de temps sadique et un affreux gâchis. Sans réellement attendre de réponse de la part de la jeune femme, Hulter s'arracha à son regard et alla se placer sans un mot aux côtés d'Hector, joignant son tir au sien.
Urela finit par faire de même, non sans avoir jeté un dernier regard à l'expression vide vers Laikos et Alekos tentant de stabiliser Urkos qui venait d'arrêter de bouger.
Donarkos s'approcha du sergent et d'Alekos, occupé à administrer une dose de fortifiant à Urkos qui gisait maintenant immobile, les yeux fermés dans une intense expression de douleur. Laikos tourna la tête vers le nouvel arrivant, grimaçant en voyant la vilaine blessure qui s'était ouverte sur le front du soldat.
-Va falloir te soigner ça, fiston! fit il en désignant la blessure d'un mouvement de menton.
-Ca ira, sergent. voulut le rassurer Donarkos, malgré qu'il fut pâle comme un linge. Il va s'en sortir?
-Je suis pas médecin, et je doute que Alekos en sache plus que moi à ce sujet... répondit sombrement Laikos en secouant la tête de dépit. Pour le moment on ne peut qu'empêcher l'hémorragie et le shooter aux calmants.
-Merde... Moi qui croyait que c'était moi qui me ferait trouer le buffet en premier... dit Donarkos pour lui même avant de se détourner pour rejoindre son pas de tir.
La poitrine d'Urkos se souleva soudain violemment, et il éructa un grognement humide, crachant des postillons rougeâtres en ouvrant des yeux exorbités et injectés de sang. Le colosse agrippa d'instinct Alekos par le col, manquant de lui briser le cou sur le coup, avant de le reconnaître et de le laisser reprendre goulument sa respiration, son visage ayant pris une vilaine teinte violacée.
-Qu'est c'qui s'est passé, bordel? grommela Urkos d'une voix enrouée et gargouillante.
-Du calme mon gars! le calma Laikos en lui posant une main sur l'épaule, le forçant à rester allongé. T'as pris une rafale en pleine poitrine y'a à peine cinq minutes. Par le Trône, je pensais que t'étais mort, soldat!
-Faudra me tuer pour ça, sergent. sourit Urkos en se relevant à nouveau, repoussant sans effort le bras de Laikos.
Le colosse considéra du coin de l'oeil le cratère roussi qui venait de lui être creusé en plein milieu du plastron, leva une main pour en effleurer les bords avant de la retirer vivement avec une grimace de douleur. Un peu de sang vint à couler, mais la blessure semblait en majorité cautérisée par la chaleur du laser. Urkos fit jouer sa nuque, produisant quelques craquements que nul ne put entendre au beau milieu du brouhaha de la bataille, et se releva avec peine, gardant la tête basse cette fois et alla rejoindre une petite bute de goudron éclaté pour s'y asseoir, Dakos et Halatos juste à ses côtés, debout en train de tirer à foison sur les lignes adverses.
-Ca va la grande brute? demanda Halatos en tournant à demi la tête vers lui.
-Ca va ma grande. Juste un peu sonné. répondit il en se relevant pour lui adresser un sourire radieux quoiqu'un peu forcé, ses yeux cernés par la douleur et le choc, son teint grisâtre ne laissant pas beaucoup de crédibilité à sa réponse.
-Un peu sonné? T'as pris un tir en pleine poire, et t'es juste sonné? s'exclama Halatos en délivrant une furieuse rafale vers les serviteurs en approche, en faisant éclater trois. Tu devrais être cané, mec!
-Si ça avait été un tir mortel, oui, probablement. admit Urkos en hochant la tête.
-Comment ça, "si ça avait été un tir mortel"? demanda Dakos, en se baissant subitement pour éviter un faisceau d'énergie qui perça un énorme cratère au milieu de la plaque de métal derrière laquelle il s'abritait.
-Tirs de neutralisation niveau oméga. expliqua Urkos en faisant jouer son épaule pour se détendre, son visage retrouvant quelques couleurs. Ca brûle et ça tte chamboule le corps, mais ça ne tue pas. C'est le niveau juste en dessous du réglage létale. Ces salopards de gradés doivent bien se fendre la tronche à nous voir nous faire tirer comme des lapins comme ça.
-Attends une minute, on se fait pas vraiment tirer dessus là? demanda Hector en fronçant ses sourcils, perplexe.
-Non, t'as raison, j'ai pris une crème glacée lancée au pif sur la poitrine! le rabroua Urkos en riant, tapotant les bords de sa plaie. C'est un tir de suppression sensé neutraliser les plus coriaces des cibles, mais sans les tuer. Là où c'est intéressant pour nos chers officiers dans un cas comme celui dans lequel on est empêtré, c'est que c'est assez puissant pour faire saigner et plonger au mieux dans un état de douleur prononcée, au pire dans un bon coma. Parfait pour simuler de véritables tirs sans pour autant nous mettre vraiment en danger...
-Donc tous ceux qui sont tombés jusque là ne sont pas morts? demanda Hulter avec effarement et soulagement mêlés.
-En théorie. intervint Laikos. J'ai déjà dû user de ce niveau de tir, lorsque j'officiais au sein des FDP lors de certaines émeutes. Dans la majorité des cas, ça stoppe net mais il nous est arrivé de compter des morts. Il suffit d'un mauvais coup au but, ou de plusieurs tirs... Le hasard est sans doute plus mortel que le tir en lui même, on va dire ça comme ça.
-Sans parler des dégâts extérieurs aux tirs eux mêmes... ajouta Urkos. Tirez avec ce réglage dans une grosse poutre, vous arriverez à la faire tomber au bout d'un moment ou avec un coup de chance. Prenez cette poutre en travers de la figure et... je crois que c'est pas la peine de vous faire un dessin...
-Donc on est quand même en situation de danger. comprit Alekos.
-Exact. N'importe quoi peut tuer. Si les tirs sont notre principale préoccupation, le risque est de mourir d'autre chose et c'est souvent une cause vraiment stupide.
-Donc on reste en alerte, les enfants, et on fait comme si! ordonna Laikos avant de replacer son attention sur Urkos, qui était sorti de son stade léthargique, ayant déjà récupéré du choc qui aurait plongé un soldat normalement constitué dans un coma profond. Content que tu aille bien! Tirs de suppression oméga. Ah! Comment ais-je pu ne pas voir ça plus tôt! Bien joué!
Urkos hocha respectueusement la tête pour remercier le sergent et récupéra son fusil.
-Permission de botter des culs métalliques, sergent? demanda-t-il avec un grand sourire sauvage.
-Permission accordée fiston! fit Laikos en éclatant de rire.
L'escouade Gamma au complet se remis à tirer sur les serviteurs hostiles, en exterminant un bon paquet, et profitant de quelques moments opportuns pour foncer de l'avant. Au détour d'un véhicule qui devait avoir été une voiture militaire, réduite à l'état de carcasse oxydée, le groupe tomba sur un soldat portant l'insigne de l'escouade de commandement, et s'arrêtèrent immédiatement pour se mettre à couvert avec lui. Jetant un coup d'oeil au travers des plaques rouillées du véhicule détruit, Laikos pour apprécier davantage leur avancée, qui les avaient menés presque à l'entrée du point de croisement du carrefour, à quelques mètres des positions ennemies. Il aperçut vaguement des escouades alliées prendre l'adversaire de côté et pensa un instant que les troupes du 14ème étaient là, avant de reconnaître le sergent Jukaios de l'escouade Iota. Pelekos suivait un nouveau plan, et Laikos supposa qu'il s'agissait d'encercler progressivement les serviteurs pour leur porter le coup de grâce.
Le sergent produisit une suite de gestes compliqués à l'attention de ses membres d'escouade, les assignant chacun à une position de défense efficace. Chacun s'exécuta immédiatement et sûrs d'eux, maintenant qu'ils savaient contre quoi ils se battaient. La récente résurrection d'Urkos devait être aussi une raison suffisante pour les motiver ainsi.
Laikos se rapprocha alors du soldat venu à leur rencontre, un jeune homme aux yeux noirs et profonds, et au visage finement taillé.
-Comment se présentent les choses, mon gars? demanda-t-il en hurlant pour couvrir le bruit incessant de la fusillade toute proche. On a pas de nouvelles du lieutenant depuis dix bonnes minutes!
-Six exactement, sergent! corrigea le jeune homme en hochant la tête. On a perdu la radio dans une explosion due à l'échange de tir. Donokos se démerde maintenant pour tous vous contacter pour connaître votre rapport et donner ses ordres.
-Okay, garçon. Pour le rapport on va faire vite, j'ai rien à signaler, si ce n'est que le grand costaud là bas s'est pris un tir qui en aurait séché plus d'un, et que grâce à lui on sait maintenant qu'on se bat face à des tirs de type suppression niveau oméga. Faut se méfier, mais normalement c'est pas mortel pour nous.
-Je transmettrai! Ca me rassure, on a perdu pas mal de copains quand on s'est fait prendre en embuscade...
-Et les ordres? demanda Laikos.
-On laisse tomber le plan du major! Pelekos prends l'ennemi en tenailles, Delta et Alpha sont à leurs arrières et les canardent à fond. Vous devez avancer le plus possible de front, avec nous, et Bêta, si jamais on retombe dessus. Sarisse cessent leur couverture arrière et viennent vous porter main forte.
-Okay, donc plus de couverture arrière, vingt tarés derrière l'ennemi, vingt autres tarés qui foncent de côtés, et nous on avance à six escouades contre eux. C'est ça?
-Affirmatif.
-Rouleau compresseur, j'aime ça! approuva Laikos avec un sourire. Bien allons donc aplatir ces boîtes de conserve et rejoindre la basilique avant les planqués du 14ème.
Au moment précis où Laikos prononça le nom du régiment à qui ils disputaient la victoire, tout un pâté de maisons s'affaissa bruyamment dans une impressionnante explosion.
Au delà de la surprise même résultant de cette détonation inattendue, le cri que poussa le sergent Laikos était surtout une expression de rage intense quand il vit les bâtiments qu'occupaient l'escouade Delta s'effondrer à leur tour, noyant le carrefour entier dans un nuage de poussière.
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Merci pour ta réponse Turielo; j'ai hâte de revoir ces chers Space Marines et futurs Space Marines .
Toujours aussi génial à lire.
Toujours aussi génial à lire.
Codex Raven Guard
Corax Maître de Guerre - Messages : 6772
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Localisation : Délivrance / Lorraine
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
la suite! un petit post pour clore le chapitre, et on enchaînera demain avec le chapitre suivant concernant les Apprentis Sky Slaughters. Sachez que j'en suis déjà pour le moment à 115 pages en .doc, donc c'est assez bon, vu que j'en suis qu'à la moitié de ce que j'avais prévu de faire.
allez zou!
LE GRONDEMENT SOURD résonna terriblement, éveillant en lui une insupportable souffrance. C'était comme si tout son squelette vibrait, meurtrissant davantage son corps endolori, ses bras et son torse ravagés par la déflagration précédente. Les deux explosions s'étaient suivies d'à peine cinq minutes standard, comme si elles correspondaient à un schéma d'attaque bien particulier.
Ses oreilles bourdonnaient tant qu'il ne percevait les échos de la bataille que comme s'il avait été plongé sous l'eau, sons lointains d'une destruction acharnée à laquelle ses blessures l'empêchaient de participer. Il voulut serrer les dents mais son corps semblait rester muet à toute stimulation cérébrale, comme si son esprit était confiné, prisonnier, dans un corps brisé, inutile. La seule chose dont il fut capable fut de pleurer de rage et de dépit, sentant des larmes crasseuses lui rouler le long des joues, se mêlant à la poussière et au sang caillé, mais ses yeux, eux, ne voyaient rien d'autre qu'un brouillard indéfinissable, de vagues formes tremblotantes, un fouillis de couleurs fades s'entrechoquant dans un maelström de douleur et de désorientation.
Le goût de l'enduit des ruines avait investi sa bouche et son palais semblait tapissé d'une couche écoeurante de plâtre et de terre. Encore une fois il voulut cracher, mais il ne put que produire un misérable souffle gargouillant qui laissa éclater quelques petites bulles vermeille, éclaboussant davantage les gravats blanchâtres de son sang.
Ephrain Boorh attendit ainsi un moment encore, coincé entre la réalité et l'inconscience, luttant pour s'accrocher du mieux qu'il pouvait et congédier l'engourdissement général de son corps. Il se focalisa sur sa propre respiration, sifflante et irrégulière, grondant au son de ses rejets sanglants et d'un gémissement de souffrance difficilement contenu. Sa vision commençait à s'éclaircir peu à peu et sa conscience reprenait le dessus sur les ténèbres, et, à mesure qu'il reprenait ses esprits, la douleur se fit proportionnellement plus présente, lui vrillant le corps d'assauts infernaux. Il ne sentait plus son bras gauche, et son bras droit, replié et sur lequel reposait lourdement son front ouvert, semblait être en charpie. Il attendit quelques secondes supplémentaires et sentit ses sens se faire plus aigus encore, de même que la vilaine douleur qui se creusait un chemin morbide dans son crâne brisé.
Boorh parvint enfin à bouger la tête, un mouvement si faible que nul à part lui n'aurait pu le remarquer, mais il s'arrêta aussitôt, la souffrance s'étant insinué immédiatement au coeur de son cerveau commotionné aussi sûrement que la dague la mieux effilée. Puis il réessaya quelques minutes après, et parvint enfin à soulever le labyrinthe de plaies sanguinolentes qui lui servait de visage.
Le sergent Bêta essaya dans un premier temps de reconnaître les environs, mais le vertige qu'il éprouva alors sous l'effort lui fit renoncer très vite à toute tentative de reconnaissance. Il se laissa retomber sur le dos, grognant dans le même geste tandis qu'il eut la nette impression qu'une armée de démons le transperçaient de leurs baïonnettes. Il laissa sa respiration revenir tranquillement et ferma les yeux pour les rouvrir aussitôt après avoir éprouvé une terrifiante impression de chute dans le vide. Les blessures étaient sérieuses, son cerveau devait être durement touché. Il fit balader son regard de droite à gauche, puis de gauche à droite, allongé sur le dos, une sueur froide lui dégoulinant sur le front et dans le dos. Il reconnut alors l'étage de la bâtisse devant laquelle lui et ses hommes avaient tenu leur baroud d'honneur avant la première déflagration. Il reconnut ce monceau de béton rendu grossier par les efforts de la guerre, un réseau de câbles de fer rouillés jaillissant de ses blocs comme d'obscènes entrailles éparpillées.
Boorh leva avec difficulté ses deux mains pour avoir un premier aperçu de ses blessures, et les considéra avec horreur avant de les laisser retomber à terre dans un sanglot étouffé. La gauche était brûlée comme une viande restée trop longtemps sur le brasero, sa chair noire et cloquée couverte de croûtes purulentes, ses couches d'épiderme à vif, la chair rose et la graisse jaunâtre palpitant en dessous. De sa main gauche, il ne restait qu'un tronçon de viande, le reste arraché juste en dessous du poignet, masse de pulpe rouge vif secouée de geysers de sang noir saccadés, un fragment osseux d'un jaune sale jaillissant par le centre comme un rocher érodé au milieu d'un marécage putréfié.
Il leva faiblement la tête en direction du reste de son corps, geignant de plus belle alors que son crâne lui semblait peser des tonnes, son gémissement se transformant à nouveau en sanglot hystérique tandis qu'il apercevait du coin de son oeil valide l'horrible agglomérat de tissu et de chair à vif qu'était devenu son torse. Un des câbles de métal tordu d'un brun crasseux lui dépassait ostensiblement d'entre deux côtés, un amas visqueux de sang coagulé agglutiné sur ses pourtours.
Sa tête retomba lourdement sur le sol accidenté, et il sentit bien qu'il se l'était un peu plus écorché, mais la douleur resta diffuse, lointaine, mais terriblement sourde. Son visage flancha sur le côté, et il reconnu vaguement le corps recroquevillé du soldat Derios, l'opérateur radio, le visage paisible comme s'il dormait, bien que l'arrière de son crâne se fut ouvert comme une fleur hideuse pour se répandre sur un gros bloc de pierre dont la poussière s'était mêlée au sang pour former une pâte rosâtre et visqueuse. Il respirait. C'était très peu probable qu'il survive à ses blessures, mais il respirait.
Boorh voulut articuler une prière, mais sa mâchoire brisée ne laissa échapper qu'un baffouillement inintelligible, qui étrangement le fit se secouer d'un rire amer.
Il voulut trouver les deux autres soldats qui s'étaient tenus à ses côtés avant que la Mort ne tente de les faucher, mais il n'en trouva aucun trace, à part un fragment de fusil encore fumant, gisant dans une large flaque de sang poisseux.
Ils avaient échoué dans leur mission, mais Boorh espérait au moins avoir emporté le plus d'adversaires avec eux, bien qu'il fut incapable de statuer si l'explosion, du moins celle qui les avaient avalé, était de leur fait ou non. Peu être un de leurs tirs qui avait fait sauter une unité énergétique d'un serviteur... Il ne le savait pas. Et puis après tout, qu'est ce que cela pouvait il bien faire à présent?
Il trouva finalement assez de force pour se redresser, remontant à peine pour se reposer le dos sur une dalle de béton noircie par un souffle ardent récent. Il ne put pas bouger davantage, et cela ne l'amena à rien d'autre que d'avoir une meilleure vue alentour. Il put voir enfin les deux autres soldats qui étaient tombés avec lui. Radrian une jambe atrocement pliée dans un sens contraire à l'anatomie humaine et le visage encrassé de sang, et Dekenos, un bras presque arraché, pendouillant mollement à son épaule par quelques tendons et fibres musculaires, et un fragment de roche fiché en travers du plastron. Radrian semblait respirer, mais pas Dekenos, et Boorh doutait fortement qu'il eut pu survivre à pareilles blessures. Il tenta de tourner la tête derrière lui pour apercevoir les corps des autres soldats de Bêta, mais la douleur l'empêcha de mener ce mouvement à terme, et il ne put que supposer avoir vu les corps qui étaient restés là où ils étaient tombés, rejoints dans leur cimetière de fortune par des dizaines de carcasses de serviteurs. Pas un survivant chez l'ennemi, et eux étaient également hors course.
Il sentit soudain du mouvement derrière lui, derrière la bute de gravats contre laquelle il abritait son corps meurtri, un faible écho de pas faisant rouler des pierres à l'autre bout de la petit place qui les avaient séparé des lignes ennemies, petit parc de terre labourée par les obus - ou du moins c'est ce qu'avaient simulé les architectes de cette sordide représentation de la réalité militaire - à un peu moins de deux cents mètres de lui. Cela venait donc des lignes hostiles, et ne voulant pas prendre de risque, il se renfonça derrière son couvert, serrant les dents pour empêcher la douleur de lui faire émettre le moindre cri. Impossible de se servir d'une arme dans l'immédiat, ses membres mutilés et leurs fusils détruits, il se contenta de pivoter sur lui même pour pouvoir observer l'origine de ces bruits de pas, à plat ventre dans la poussière et le sang visqueux. Son oeil gauche jusque là trop tuméfié pour être fonctionnel se raviva et il put observer de ses deux yeux ce qui arrivait.
Sa poitrine se gonfla d'un mélange de surprise et d'espoir quand il aperçu la quinzaine de Gardes aux plastrons dorés impeccables qui progressaient dans les décombres, armes levées, visières baissées, en ordre de bataille parfait. Il distingua vaguement leur insigne et reconnut le blason du 14ème Praetor, réalisant qu'il était sans doute le premier à les rencontrer, les échos de la bataille toute proche n'ayant pas assez changer pour attester l'arrivée de renforts.
Il se mit à ramper sur ses bras en charpie pour se hisser par dessus sa barricade ravagée, et de sa gorge monta une plainte enrouée et tremblante, qui fit stopper net les Gardes nouveaux venus, qui tournèrent à l'unisson leurs visières au faciès d'ange vers lui, en même temps que le canon de leurs armes. Ils restèrent sur place sans bouger, observant ce soldat réduit à l'état de ruine humaine qui les suppliait de lui venir en aide, tandis qu'un Garde à l'armure rehaussée de rouge brillant, symbole des officiers Praetor, passa au devant du groupe pour observer la raison de leur arrêt soudain.
-C'est un des leurs, Décurion. fit l'un des Gardes sans qu'on puisse savoir lequel, sa voix réduite à un grésillement infâme alors qu'elle était filtrée par la grille de son masque à l'expression figée.
-Les restes d'une escouade, je compte huit corps, plus le blessé. ajouta une autre voix. Trente deux ennemis abattus. Ils se sont défendus comme des démons!
-En effet. Mais regardez où ils en sont réduits. A rien. grésilla une voix plus profonde et plus sèche, teinté d'un mépris noble et hautain. Ils ne savent pas se battre autrement que comme des sauvages. Tuer ou être tués. Rien de plus.
-Le blessé semble être un Décurion. observa un des Gardes, et Boorh compris qu'il se référait à son grade, Décurion devant être l'équivalent de sergent chez eux.
-Qu'importe. Il nous est inutile. trancha la voix sèche qui était sans nul doute celle de leur propre Décurion.
-Caesar 2 rapporte la réussite de la sape des bâtiments 2 et 3, mais signale que certains des éléments du 88ème étaient présents à l'intérieur.
-Les imbéciles! grogna le Décurion. Ils ont changé de plan d'attaque sans en aviser le commandement, et pire encore, sans son assentiment. Tant pis pour eux, ils en souffrirons les conséquences, ça leur apprendra la discipline à ces barbares!
-Les explosifs ici ont détonné correctement, la voie est coupée à l'ennemi. Pas de dégâts importants, mis à part eux. ajouta un Garde en joignat à la parole un geste dédaigneux vers Boorh et les corps de ses soldats.
-Dommages collatéraux. grinça le Décurion, avec une moquerie non dissimulée dans la voix. Placez les autres charges, et faites savoir à Caesar 3 qu'ils peuvent déclencher les charges.
-A vos ordres. Et pour lui?
-Pour lui quoi? gronda le Décurion. Pour lui rien. C'est un sauvage, il n'a pas suivi les ordres de déploiement de ses supérieurs. Il a échoué, que l'Empereur Dieu s'occupe de lui. Nous n'avons pas de temps à perdre.
Les Praetors reprirent leur chemin sans un regard de plus vers Boorh, déployant de nouveaux explosifs sur une bâtisse adjacente, qui ouvrait une voie secondaire vers la basilique, et apprêtèrent les détonateurs pour faire s'écrouler le bâtiment, barrant une voie de plus que pouvait emprunter l'ennemi...ou le 88ème pour parvenir à son objectif principal.
C'était donc eux, les responsables de ces déflagrations! Le 14ème était trop emplit de mépris pour le 88ème qu'ils ne songeaient qu'à les vaincre, sans aucun état d'âme, sans même se soucier de savoir si ils allaient blesser ou tuer des alliés. Leur haine de l'étranger les avaient amener à user des plus viles méthodes pour parvenir à leurs objectifs. La victoire à tout prix, quelques soient les "dommages collatéraux".
Le choc fut si violent que Boorh se sentit sombrer à nouveau dans l'inconscience. Avant qu'il ne perde pied une fois encore avec la réalité l'entourant, son cri de haine, d'être trahi et écorché se répercuta dans la petite place dévastée avant que les ténèbres ne l'envahissent à nouveau, au même moment que choisirent les détonateurs pour souffler la bâtisse qui s'écroula dans un nuage de débris aveuglants, recouvrant le hurlement de damné de Boorh, et bientôt son corps mutilé...
allez zou!
***
LE GRONDEMENT SOURD résonna terriblement, éveillant en lui une insupportable souffrance. C'était comme si tout son squelette vibrait, meurtrissant davantage son corps endolori, ses bras et son torse ravagés par la déflagration précédente. Les deux explosions s'étaient suivies d'à peine cinq minutes standard, comme si elles correspondaient à un schéma d'attaque bien particulier.
Ses oreilles bourdonnaient tant qu'il ne percevait les échos de la bataille que comme s'il avait été plongé sous l'eau, sons lointains d'une destruction acharnée à laquelle ses blessures l'empêchaient de participer. Il voulut serrer les dents mais son corps semblait rester muet à toute stimulation cérébrale, comme si son esprit était confiné, prisonnier, dans un corps brisé, inutile. La seule chose dont il fut capable fut de pleurer de rage et de dépit, sentant des larmes crasseuses lui rouler le long des joues, se mêlant à la poussière et au sang caillé, mais ses yeux, eux, ne voyaient rien d'autre qu'un brouillard indéfinissable, de vagues formes tremblotantes, un fouillis de couleurs fades s'entrechoquant dans un maelström de douleur et de désorientation.
Le goût de l'enduit des ruines avait investi sa bouche et son palais semblait tapissé d'une couche écoeurante de plâtre et de terre. Encore une fois il voulut cracher, mais il ne put que produire un misérable souffle gargouillant qui laissa éclater quelques petites bulles vermeille, éclaboussant davantage les gravats blanchâtres de son sang.
Ephrain Boorh attendit ainsi un moment encore, coincé entre la réalité et l'inconscience, luttant pour s'accrocher du mieux qu'il pouvait et congédier l'engourdissement général de son corps. Il se focalisa sur sa propre respiration, sifflante et irrégulière, grondant au son de ses rejets sanglants et d'un gémissement de souffrance difficilement contenu. Sa vision commençait à s'éclaircir peu à peu et sa conscience reprenait le dessus sur les ténèbres, et, à mesure qu'il reprenait ses esprits, la douleur se fit proportionnellement plus présente, lui vrillant le corps d'assauts infernaux. Il ne sentait plus son bras gauche, et son bras droit, replié et sur lequel reposait lourdement son front ouvert, semblait être en charpie. Il attendit quelques secondes supplémentaires et sentit ses sens se faire plus aigus encore, de même que la vilaine douleur qui se creusait un chemin morbide dans son crâne brisé.
Boorh parvint enfin à bouger la tête, un mouvement si faible que nul à part lui n'aurait pu le remarquer, mais il s'arrêta aussitôt, la souffrance s'étant insinué immédiatement au coeur de son cerveau commotionné aussi sûrement que la dague la mieux effilée. Puis il réessaya quelques minutes après, et parvint enfin à soulever le labyrinthe de plaies sanguinolentes qui lui servait de visage.
Le sergent Bêta essaya dans un premier temps de reconnaître les environs, mais le vertige qu'il éprouva alors sous l'effort lui fit renoncer très vite à toute tentative de reconnaissance. Il se laissa retomber sur le dos, grognant dans le même geste tandis qu'il eut la nette impression qu'une armée de démons le transperçaient de leurs baïonnettes. Il laissa sa respiration revenir tranquillement et ferma les yeux pour les rouvrir aussitôt après avoir éprouvé une terrifiante impression de chute dans le vide. Les blessures étaient sérieuses, son cerveau devait être durement touché. Il fit balader son regard de droite à gauche, puis de gauche à droite, allongé sur le dos, une sueur froide lui dégoulinant sur le front et dans le dos. Il reconnut alors l'étage de la bâtisse devant laquelle lui et ses hommes avaient tenu leur baroud d'honneur avant la première déflagration. Il reconnut ce monceau de béton rendu grossier par les efforts de la guerre, un réseau de câbles de fer rouillés jaillissant de ses blocs comme d'obscènes entrailles éparpillées.
Boorh leva avec difficulté ses deux mains pour avoir un premier aperçu de ses blessures, et les considéra avec horreur avant de les laisser retomber à terre dans un sanglot étouffé. La gauche était brûlée comme une viande restée trop longtemps sur le brasero, sa chair noire et cloquée couverte de croûtes purulentes, ses couches d'épiderme à vif, la chair rose et la graisse jaunâtre palpitant en dessous. De sa main gauche, il ne restait qu'un tronçon de viande, le reste arraché juste en dessous du poignet, masse de pulpe rouge vif secouée de geysers de sang noir saccadés, un fragment osseux d'un jaune sale jaillissant par le centre comme un rocher érodé au milieu d'un marécage putréfié.
Il leva faiblement la tête en direction du reste de son corps, geignant de plus belle alors que son crâne lui semblait peser des tonnes, son gémissement se transformant à nouveau en sanglot hystérique tandis qu'il apercevait du coin de son oeil valide l'horrible agglomérat de tissu et de chair à vif qu'était devenu son torse. Un des câbles de métal tordu d'un brun crasseux lui dépassait ostensiblement d'entre deux côtés, un amas visqueux de sang coagulé agglutiné sur ses pourtours.
Sa tête retomba lourdement sur le sol accidenté, et il sentit bien qu'il se l'était un peu plus écorché, mais la douleur resta diffuse, lointaine, mais terriblement sourde. Son visage flancha sur le côté, et il reconnu vaguement le corps recroquevillé du soldat Derios, l'opérateur radio, le visage paisible comme s'il dormait, bien que l'arrière de son crâne se fut ouvert comme une fleur hideuse pour se répandre sur un gros bloc de pierre dont la poussière s'était mêlée au sang pour former une pâte rosâtre et visqueuse. Il respirait. C'était très peu probable qu'il survive à ses blessures, mais il respirait.
Boorh voulut articuler une prière, mais sa mâchoire brisée ne laissa échapper qu'un baffouillement inintelligible, qui étrangement le fit se secouer d'un rire amer.
Il voulut trouver les deux autres soldats qui s'étaient tenus à ses côtés avant que la Mort ne tente de les faucher, mais il n'en trouva aucun trace, à part un fragment de fusil encore fumant, gisant dans une large flaque de sang poisseux.
Ils avaient échoué dans leur mission, mais Boorh espérait au moins avoir emporté le plus d'adversaires avec eux, bien qu'il fut incapable de statuer si l'explosion, du moins celle qui les avaient avalé, était de leur fait ou non. Peu être un de leurs tirs qui avait fait sauter une unité énergétique d'un serviteur... Il ne le savait pas. Et puis après tout, qu'est ce que cela pouvait il bien faire à présent?
Il trouva finalement assez de force pour se redresser, remontant à peine pour se reposer le dos sur une dalle de béton noircie par un souffle ardent récent. Il ne put pas bouger davantage, et cela ne l'amena à rien d'autre que d'avoir une meilleure vue alentour. Il put voir enfin les deux autres soldats qui étaient tombés avec lui. Radrian une jambe atrocement pliée dans un sens contraire à l'anatomie humaine et le visage encrassé de sang, et Dekenos, un bras presque arraché, pendouillant mollement à son épaule par quelques tendons et fibres musculaires, et un fragment de roche fiché en travers du plastron. Radrian semblait respirer, mais pas Dekenos, et Boorh doutait fortement qu'il eut pu survivre à pareilles blessures. Il tenta de tourner la tête derrière lui pour apercevoir les corps des autres soldats de Bêta, mais la douleur l'empêcha de mener ce mouvement à terme, et il ne put que supposer avoir vu les corps qui étaient restés là où ils étaient tombés, rejoints dans leur cimetière de fortune par des dizaines de carcasses de serviteurs. Pas un survivant chez l'ennemi, et eux étaient également hors course.
Il sentit soudain du mouvement derrière lui, derrière la bute de gravats contre laquelle il abritait son corps meurtri, un faible écho de pas faisant rouler des pierres à l'autre bout de la petit place qui les avaient séparé des lignes ennemies, petit parc de terre labourée par les obus - ou du moins c'est ce qu'avaient simulé les architectes de cette sordide représentation de la réalité militaire - à un peu moins de deux cents mètres de lui. Cela venait donc des lignes hostiles, et ne voulant pas prendre de risque, il se renfonça derrière son couvert, serrant les dents pour empêcher la douleur de lui faire émettre le moindre cri. Impossible de se servir d'une arme dans l'immédiat, ses membres mutilés et leurs fusils détruits, il se contenta de pivoter sur lui même pour pouvoir observer l'origine de ces bruits de pas, à plat ventre dans la poussière et le sang visqueux. Son oeil gauche jusque là trop tuméfié pour être fonctionnel se raviva et il put observer de ses deux yeux ce qui arrivait.
Sa poitrine se gonfla d'un mélange de surprise et d'espoir quand il aperçu la quinzaine de Gardes aux plastrons dorés impeccables qui progressaient dans les décombres, armes levées, visières baissées, en ordre de bataille parfait. Il distingua vaguement leur insigne et reconnut le blason du 14ème Praetor, réalisant qu'il était sans doute le premier à les rencontrer, les échos de la bataille toute proche n'ayant pas assez changer pour attester l'arrivée de renforts.
Il se mit à ramper sur ses bras en charpie pour se hisser par dessus sa barricade ravagée, et de sa gorge monta une plainte enrouée et tremblante, qui fit stopper net les Gardes nouveaux venus, qui tournèrent à l'unisson leurs visières au faciès d'ange vers lui, en même temps que le canon de leurs armes. Ils restèrent sur place sans bouger, observant ce soldat réduit à l'état de ruine humaine qui les suppliait de lui venir en aide, tandis qu'un Garde à l'armure rehaussée de rouge brillant, symbole des officiers Praetor, passa au devant du groupe pour observer la raison de leur arrêt soudain.
-C'est un des leurs, Décurion. fit l'un des Gardes sans qu'on puisse savoir lequel, sa voix réduite à un grésillement infâme alors qu'elle était filtrée par la grille de son masque à l'expression figée.
-Les restes d'une escouade, je compte huit corps, plus le blessé. ajouta une autre voix. Trente deux ennemis abattus. Ils se sont défendus comme des démons!
-En effet. Mais regardez où ils en sont réduits. A rien. grésilla une voix plus profonde et plus sèche, teinté d'un mépris noble et hautain. Ils ne savent pas se battre autrement que comme des sauvages. Tuer ou être tués. Rien de plus.
-Le blessé semble être un Décurion. observa un des Gardes, et Boorh compris qu'il se référait à son grade, Décurion devant être l'équivalent de sergent chez eux.
-Qu'importe. Il nous est inutile. trancha la voix sèche qui était sans nul doute celle de leur propre Décurion.
-Caesar 2 rapporte la réussite de la sape des bâtiments 2 et 3, mais signale que certains des éléments du 88ème étaient présents à l'intérieur.
-Les imbéciles! grogna le Décurion. Ils ont changé de plan d'attaque sans en aviser le commandement, et pire encore, sans son assentiment. Tant pis pour eux, ils en souffrirons les conséquences, ça leur apprendra la discipline à ces barbares!
-Les explosifs ici ont détonné correctement, la voie est coupée à l'ennemi. Pas de dégâts importants, mis à part eux. ajouta un Garde en joignat à la parole un geste dédaigneux vers Boorh et les corps de ses soldats.
-Dommages collatéraux. grinça le Décurion, avec une moquerie non dissimulée dans la voix. Placez les autres charges, et faites savoir à Caesar 3 qu'ils peuvent déclencher les charges.
-A vos ordres. Et pour lui?
-Pour lui quoi? gronda le Décurion. Pour lui rien. C'est un sauvage, il n'a pas suivi les ordres de déploiement de ses supérieurs. Il a échoué, que l'Empereur Dieu s'occupe de lui. Nous n'avons pas de temps à perdre.
Les Praetors reprirent leur chemin sans un regard de plus vers Boorh, déployant de nouveaux explosifs sur une bâtisse adjacente, qui ouvrait une voie secondaire vers la basilique, et apprêtèrent les détonateurs pour faire s'écrouler le bâtiment, barrant une voie de plus que pouvait emprunter l'ennemi...ou le 88ème pour parvenir à son objectif principal.
C'était donc eux, les responsables de ces déflagrations! Le 14ème était trop emplit de mépris pour le 88ème qu'ils ne songeaient qu'à les vaincre, sans aucun état d'âme, sans même se soucier de savoir si ils allaient blesser ou tuer des alliés. Leur haine de l'étranger les avaient amener à user des plus viles méthodes pour parvenir à leurs objectifs. La victoire à tout prix, quelques soient les "dommages collatéraux".
Le choc fut si violent que Boorh se sentit sombrer à nouveau dans l'inconscience. Avant qu'il ne perde pied une fois encore avec la réalité l'entourant, son cri de haine, d'être trahi et écorché se répercuta dans la petite place dévastée avant que les ténèbres ne l'envahissent à nouveau, au même moment que choisirent les détonateurs pour souffler la bâtisse qui s'écroula dans un nuage de débris aveuglants, recouvrant le hurlement de damné de Boorh, et bientôt son corps mutilé...
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+++ Burn the Heretic +++
+++ Purge the Unclean +++
+++ Purge the Unclean +++
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
IL ÉMERGEA DES ténèbres comme s'il venait d'atteindre la surface d'un océan sans fond, encore en proie à l'étourdissement, nauséeux et perdu, et avait l'impression que son crâne allait exploser. Theseus se rendit vite compte que ce n'était pas que la douleur sourde qui palpitait au creux de sa boîte crânienne, mais quelque chose d'autre, et le temps que sa vision s’accommode et que le flou s'estompe, il réalisa que la raison de son état maladif résultait de sa position particulièrement inconfortable.
Il était attaché grossièrement par les chevilles, tête en bas, ses bras battant mollement dans le vide, ses poignets fermement liés par une corde rustique. Levant les yeux -ou plutôt, les baissant vers le sol, il vit une petite flaque de sang séché, provenant sans doute de la blessure qui s'étalait à l'arrière de sa tête, et qu'il parvenait à se représenter à la manière dont la petite brise fraiche s'accrochait à elle, lui donnant l'impression d'avoir une couche de givre collée au bas de la nuque.
Il sentit de violents vertiges l'assaillir tandis que le sang qui lui montait à la tête lui semblait enserrer ses tempes entre deux féroces étaux. Il tenta de se relever mais son corps trop affaiblit après avoir gardé cette pose trop longtemps refusa d'obéir.
Le garçon referma les yeux et combattit de toutes ses forces cette affreuse impression de chute continue et d'envie de vomir. Il se rappela avec difficulté les exercices qu'il n'avait cessé de répéter à la caserne sous la supervision de leur tuteur, et parvint enfin à faire le calme dans son esprit, apaisant la douleur lancinante qui lui vrillait le corps et retrouvant progressivement ses esprits.
Première chose, reconnaître l'environnement. Il faisait sombre, et froid, et humide. Un faible écho aux grincements de ses attaches et un bruit régulier de gouttes s'écrasant au sol. Pas de son pouvant attester de la présence d'un quelconque individu dans les parages. En rouvrant les yeux, il s'était accommodé à l'obscurité tenace et put discerner les reliefs qui l'entouraient, ses yeux reconnaissant ce que son esprit avait déjà déduit à l'analyse rapide de son environnement. Il était retenu prisonnier dans une caverne. Sûrement la même que celle dans laquelle il était entré, s'il pouvait se fier à la roche relativement identique et aux bruits lointains d'eau se déversant par minces filets en de petits ruisseaux, probablement pour aller courir jusqu'au lac souterrain devant lequel il se trouvait avant de plonger dans une inconscience brutale.
Seconde chose, prendre connaissance de sa condition. Il n'avait pas vraiment besoin de s'assurer une fois encore qu'il était attaché, cependant il éprouva un petit instant ses liens, et réalisa qu'ils étaient certes de facture grossière, mais fermement placés, lui interdisant pour le moment toute tentative de fuite. Il ferma à nouveau les yeux et laissa son corps lui parler.
La douleur la plus persistante résultait de sa position inversée, son crâne éprouvant durement les effets de la gravité, ses jambes devenues presque insensibles à force de manquer d'un bon apport en flux sanguin. Ses poignets ne semblaient pas avoir trop soufferts des liens, pas plus que ses chevilles. La blessure laissée par son assaillant derrière son crâne ne semblait pas grave, probablement une simple entaille résultant d'un coup latéral d'un objet contondant, manié avec une force brute et aucune finesse. Il risquait tout au plus une méchante migraine, mais rien de plus. Aucune autre blessure à déplorer, il était en bonne santé et en état de combattre s'il parvenait à se libérer.
Troisième chose, chercher une trace immédiate de ses agresseurs. Il rouvrit alors les yeux et les firent se balader dans la périphérie limitée de son champ de vision, bloqué en un angle bancal par sa position. Il distingua un foyer éteint, primitif, monceau de bois mort brisé et non coupé, étalé au milieu d'un cercle imparfait de pierres de différentes tailles. Il y avait ça et là des débris, des bris d'os, ou des morceaux de tissus sales et non identifiables. Mais aucun individu dans la zone qu'il venait d'analyser, pas âme qui vive. Il resta un moment sans bouger à écouter les murmures de la caverne pour s'assurer que personne ne s'y trouvait.
Quatrième chose, tenter de se sortir de là. Theseus contracta tous les muscles de son torse pour pouvoir se relever un maximum vers les liens enserrant ses chevilles, mais l'inversion soudaine qui fit refluer son sang lui procura immédiatement un violent vertige, et il se laissa retomber lourdement, sentant son corps vibrer douloureusement, son poids ayant tiré sur ses jambes attachées. C'était un coup à se déboîter un membre, dans le meilleur des cas... Il attendit un instant et tenta à nouveau, en se préparant à encaisser le brusque reflux sanguin, et cette fois parvint à s'agripper aux cordages qui retenaient ses chevilles prisonnières. Dans les six secondes que son corps sous tension lui accorda pour observer les liens avant de lâcher, le forçant une fois de plus à en revenir à se balancer tête vers le sol, Theseus eut le temps de compter trois cordes de tailels différentes, cinq noeuds grossiers, et une chaine rouillée ralliant le tout pour aller s'accrocher au plafond de roche. Il fit jouer son esprit pour se représenter du mieux qu'il put cette combinaison de liens à la fois médiocre et complexe, et fit jouer ses doigts pour les préparer à opérer le plus plus rapidement possible.
Le jeune homme prit trois grandes inspirations successives et remonta une fois encore vers ses chevilles entravées, son buste secoué de tremblement tandis que tous ses muscles se gonflaient sous l'effort fourni pour lui permettre d'atteindre la bonne hauteur.
Ses mains partirent aussitôt en avant, toujours liées, et ses doigts agrippèrent fermement l'un des noeud pour éprouver sa solidité et tenter de le défaire. Il sentit les tresses de corde se relâcher un temps et raffermit son geste pour pouvoir accélérer la libération de ses jambes. Le noeud lâcha brutalement, le renvoyant dégringoler tête en bas, et l'espace d'un instant il sentit avec horreur les liens lâcher, l'envoyant se fracasser le crâne à terre. Mais ils résistèrent, et à la place il ressentit une vive douleur au creux de sa hanche gauche, ce qu'il avait redouté auparavant s'étant produit, la chute et la force en résultant lui ayant pratiquement disloqué le fémur. La douleur s'effaça bien assez vite pour laisser place à un engourdissement sourd, et Theseus lâcha une courte prière de remerciement à ses ancêtres.
Reportant son attention sur l'objet de ses cabrioles, il parvint à faiblement remuer sa jambe droite, et sentit les liens glisser en frottant les uns contre les autres, puis arrêta immédiatement. Il y avait là deux possibilités, soit le tout allait lâcher, soit seule une de ses jambes allait être libérée, menaçant l'autre de se briser, pour de toute manière se retrouver dans une posture insupportable.
Il attendit un instant afin de s'assurer que les liens n'allaient pas se rompre de la mauvaise manière, puis gigota légèrement la jambe pour ne plus avoir de doute. Le tout tenait, et il ne risquait pas de mauvaise chute. Theseus inspira un grand bol d'air avant de se relever, pour la dernière fois espéra-t-il, agrippant immédiatement le noeud dont il avait fait son objectif, celui qui logiquement allait totalement le libérer. Affaiblit par le dénouement du précédent, le noeud ne résista pas longtemps et lâcha doucement, entraînant avec lui les quatre autres qui en étaient dépendant, envoyant alors Theseus rouler au sol à une vitesse contrôlée, de façon à ce qu'il puisse se rétablir promptement sans risquer de se rompre le cou ou de se briser la colonne vertébrale.
Le jeune homme se releva d'un bond et s'approcha d'un rocher au profil tranchant, y frottant frénétiquement les liens qui gardaient ses mains prisonnières, et après un minutes de va et viens produisant une légère odeur de brûlé, les liens lâchèrent dans un minuscule nuage de particules, laissant à Theseus la satisfaction de pouvoir séparer ses mains, dans de grands gestes de bras d'avant en arrière pour s'étirer. Il acheva de se masser les poignets avec un sourire d'appréciation et s'adonna une fois de plus à l'observation des alentours.
Ses affaires lui avaient été prises, et il ne portait que son pagne bleu pour tout vêtement. Il fit le tour de la portion de caverne qui avait constitué sa prison, et entreprit de fouiller un peu plus les débris qu'il avait aperçu auparavant. Pour la plupart, il ne s'agissait que de résidus de repas sauvages, mais il retrouva également des morceaux de tissus de la même couleur et de la même facture que ces mystérieux bouts de tissu rouge que Theseus avaient suivi pour aboutir ici. Il trouva également quelques douilles rouillées, qui, à la différence de celles qu'il avait retrouvées dehors, n'avaient pas été percutées. Des balles pour fusil d'entraînement, au vu de leur calibre et de leurs marquages, en théorie uniquement utilisées au sein de la Caserne. Le jeune apprenti fut un peu interloqué par cette nouvelle découverte attestant un peu plus la thèse du groupe d'Elèves disparus, poursuivant une mission terminée depuis longtemps. Et si ils étaient devenus fous après tout ce temps? Etait-ce possible venant de la part d'apprentis élevés dans les préceptes de la Caserne de Taygète où la force de l'esprit prédomine? Theseus se refusa pour le moment à de telles suppositions. Il pouvait tout aussi bien s'agir de bêtes sauvages qui les auraient massacrés ici même, dans cette caverne reculée de tout.
Il abandonna ses trouvailles et entreprit de continuer son chemin, empruntant un boyau à peine assez large pour faire passer un Astartes, une lueur rougeoyante scintillant à l'autre bout. A mesure qu'il avançait, ses sens exercés perçurent des bruits caractéristiques dénotant au moins trois individus conversant, ou se grognant dessus, et le craquement sec et sporadique d'un feu de bois.
Theseus se baissa pour progresser le plus silencieusement et discrètement possible et déboucha bientôt sur une autre petite pièce caverneuse, basse de plafond, ses parois accidentées illuminée par la danse spectrale des flammes ronflant doucement dans un foyer mourant, quatre silhouettes déformées au delà de toute reconnaissance se découpant en taches obscures frémissantes tout autour de l'habitacle. Plusieurs gros rochers reposaient au sol, immobiles des temps immémoriaux, et par chance l'un des plus gros tout près de la position de Theseus lui offrit le couvert idéal pour pouvoir observer les êtres regroupés autour du feu. Il se plaqua contre le manteau froid du bloc de pierre anguleux et lissé par le temps, et se blottit contre un deuxième rocher adossé au premier, un stalagmite aux couleurs ocres dépassant juste devant la maigre séparation entre les deux blocs, offrant là une cachette toute désignée de même qu'un point d'observation privilégié.
Il fallait tout de même que Theseus se redresse au risque d'être remarqué pour pouvoir voir les individus aussi préféra-t-il dans un premier temps se fier à ce qu’il entendait.
A en juger par leurs voix grasses et profondes, ses ravisseurs devaient être d'une taille assez conséquente, ou bien ils avaient tous une malformation du larynx. Leur élocution elle même laissait à désirer, transformant leurs paroles incertaines en bribes de mots inintelligibles, de grognements et de raclements de gorge. Toutefois, au bout d'un court instant, Theseus put faire abstraction de leur parler absurde et identifier des mots, des phrases, puis un véritable échange vocale et animé d'une intelligence. Et en langage commun de Sparta.
-On ne peut rester ici plus longtemps! grogna une voix traînante et abyssale. Notre repaire est compromis, les proies vont se transformer en chasseurs.
-Pas de panique, frère. répondit une autre voix semblable au choc de deux grosses pierres lancées l'une contre l'autre. Aucun d'eux ne nous a découvert, et Gorlos a rapporté qu'ils s'éloignaient de notre territoire à présent.
-Il nous reste celui que Jukzas a capturé tout à l'heure! intervint une voix sifflante et hésitante, comme si son porteur avait les poumons à l'état d'éponge gorgée de fluides malades. Qu'allons nous en faire? Il ne satisfera pas tout le groupe, ça non!
-Premiers arrivés, premiers servis! répliqua sèchement la première voix. Tant pis pour les autres, ils n'ont qu'à être là quand le chef les réclame! Si les autres en veulent pas, je m'en satisferai bien tout seul!
-Karkos, tu ne peux garder une proie pour toi tout seul. gronda une quatrième voix, brutale et profonde, cinglante comme un coup de tonnerre. Et puis le chef a dis que la proie serait livrée aux vents.
-J'en ai marre de bouffer des animaux maigrichons! se lamenta la première voix.
Theseus fit une moue dégoûtée en silence en comprenant quel sort funeste aurait pu l'attendre s'il n'avait pas repris conscience. Il était donc tombé sur des cannibales, et s'il en jugeait par leurs voix déformées, sûrement des primitifs des récifs de Juno, qui par quelques hasards s'étaient retrouvés dans la forêt de la Caserne, pourtant lourdement gardée, ou alors, chose plus improbable, des mutants ayant survécu aux purges et étant sortis des bas fonds de Taygète. Son estomac se contracta de haine d'écoeurement à l'idée d'être si proche de telles créatures. Manger son semblable était un crime inimaginable, impensable, impardonnable. Il se résolut à en écouter davantage pour obtenir plus d'information sur la situation, mais se promis de tous les tuer sitôt qu'il déciderait de poursuivre son chemin.
C'est à ce moment qu'il réalisé qu'il était toujours dépourvu de son matériel, sans défenses.
Contenant sa frustration, il reporta son attention sur les voix difformes de ses ignobles gardiens.
-T'en fait pas Karkos, tu satisfera bientôt ton appétit dément, tu le sais. poursuivit la voix de tuberculeux. D'autres proies approchent. Plus faibles. Six des nôtres sont partis vers eux.
-Y'a intérêt à ce qu'ils se les fassent pas tout seuls, parce que je peux t'assurer que j’offrirai leurs crânes à qui de droit, tu le sais Shirkis! grogna le dénommé Karkos, la première voix. Un sifflement écoeurant qui s'avéra être un rire malade lui répondit.
-Tu t'accroche encore à ses promesses, hein? demanda Shirkis, celui à la voix de pestiféré, encore secoué par son rire immonde. Tu sais pourtant que la vie de ses serviteurs est éphémère... Encore plus que celle des serviteurs du Trône d'Or!
La phrase fut ponctuée par le bruit déplaisant d'un crachat bileux jeté à terre.
Theseus fut de plus en plus surpris par la tournure de la conversation, et sentit ses tripes se nouer alors que se dessinait une affreuse possibilité dans son esprit.
-Cessez de vous chamailler vous deux! claqua la voix brutale. Le chef a ordonné que nous ne reparlions pas des seigneurs des proies ici. Sinon, les vents hurleraient et vous savez tous ce que ça provoquerai...Ce que ça a provoqué...
-Bénie soit ta sagesse, Hairas! se réjouit la voix rocailleuse. Tu es l'un des préférés des vents, et je commence à croire que la raison en est ta clairvoyance et ton autorité.
-Cesses donc de me cirer les bottes, Irkas, maudit sois tu, toi et tes paroles empoisonnées! répliqua brutalement le nommé Hairas, auquel son interlocuteur répondit par un rire obscène.
-Alors qu'est ce qu'on fait de lui à la fin? s'impatienta Karkos, se référant sans aucun doute possible à Theseus. On le bouffe ou on le refile au Maboule?
-Respecte la Voix! tonna Hairas. Il est notre guide, et parle directement aux vents. Même le chef le respecte et le craint. Je te conseille de faire de même si tu ne veux pas perdre ta tête.
-Si c'est le cas, pense à la dédier à ton seigneur et maître avant qu'elle ne tombe... ricana Shirkis en produisant d'affreux bruits de succion visqueuse.
-Sois maudit, le pestiféré! vociféra Karkos, et Theseus sentit un mouvement brusque, suivit d'un bruit horrible de craquement d'os et de viande arrachée.
Il y eut un court silence, puis un son encore plus abjecte retentit, un gargouillis inimaginable qui s'avérait être la voix de Shirkis affreusement déformée, comme si son cou s'était liquéfié et qu'on l'étranglait.
-Le vent de la haine rends tellement idiot... ricana-t-il en gargouillant de plus belle. Vois comme celui des mouches m'a rendu fort! Vois à quel point tu es ridicule, esclave du Crâne de Sang!
Theseus eut l'impression qu'on le frappait en plein estomac lorsque les paroles, et surtout les noms, parvinrent à ses oreilles, et il eut l'impression de suffoquer.
Il n'en pouvait plus et devait en avoir le coeur net, bien que les recoins de son âme lui hurlaient déjà la terrible vérité. Il se releva juste assez pour jeter un coup d'oeil vers le groupe d'hérétiques et ce qu'il vit le glaça sur place aussi sûrement que l'aurait fait la Mort en l'embrassant dans ses bras de désespoir et d'oubli...
Il parvint à peine à articuler une prière de protection à ses ancêtres, tant il était sur le point de vomir de dégoût devant ce qu'il observait à présent.
La situation était bien plus désespérée que ce qu'il croyait, et il allait lui falloir tout le courage de l'univers en ce moment précis pour surpasser la terrible épreuve qui s'était présentée à lui.
Il était attaché grossièrement par les chevilles, tête en bas, ses bras battant mollement dans le vide, ses poignets fermement liés par une corde rustique. Levant les yeux -ou plutôt, les baissant vers le sol, il vit une petite flaque de sang séché, provenant sans doute de la blessure qui s'étalait à l'arrière de sa tête, et qu'il parvenait à se représenter à la manière dont la petite brise fraiche s'accrochait à elle, lui donnant l'impression d'avoir une couche de givre collée au bas de la nuque.
Il sentit de violents vertiges l'assaillir tandis que le sang qui lui montait à la tête lui semblait enserrer ses tempes entre deux féroces étaux. Il tenta de se relever mais son corps trop affaiblit après avoir gardé cette pose trop longtemps refusa d'obéir.
Le garçon referma les yeux et combattit de toutes ses forces cette affreuse impression de chute continue et d'envie de vomir. Il se rappela avec difficulté les exercices qu'il n'avait cessé de répéter à la caserne sous la supervision de leur tuteur, et parvint enfin à faire le calme dans son esprit, apaisant la douleur lancinante qui lui vrillait le corps et retrouvant progressivement ses esprits.
Première chose, reconnaître l'environnement. Il faisait sombre, et froid, et humide. Un faible écho aux grincements de ses attaches et un bruit régulier de gouttes s'écrasant au sol. Pas de son pouvant attester de la présence d'un quelconque individu dans les parages. En rouvrant les yeux, il s'était accommodé à l'obscurité tenace et put discerner les reliefs qui l'entouraient, ses yeux reconnaissant ce que son esprit avait déjà déduit à l'analyse rapide de son environnement. Il était retenu prisonnier dans une caverne. Sûrement la même que celle dans laquelle il était entré, s'il pouvait se fier à la roche relativement identique et aux bruits lointains d'eau se déversant par minces filets en de petits ruisseaux, probablement pour aller courir jusqu'au lac souterrain devant lequel il se trouvait avant de plonger dans une inconscience brutale.
Seconde chose, prendre connaissance de sa condition. Il n'avait pas vraiment besoin de s'assurer une fois encore qu'il était attaché, cependant il éprouva un petit instant ses liens, et réalisa qu'ils étaient certes de facture grossière, mais fermement placés, lui interdisant pour le moment toute tentative de fuite. Il ferma à nouveau les yeux et laissa son corps lui parler.
La douleur la plus persistante résultait de sa position inversée, son crâne éprouvant durement les effets de la gravité, ses jambes devenues presque insensibles à force de manquer d'un bon apport en flux sanguin. Ses poignets ne semblaient pas avoir trop soufferts des liens, pas plus que ses chevilles. La blessure laissée par son assaillant derrière son crâne ne semblait pas grave, probablement une simple entaille résultant d'un coup latéral d'un objet contondant, manié avec une force brute et aucune finesse. Il risquait tout au plus une méchante migraine, mais rien de plus. Aucune autre blessure à déplorer, il était en bonne santé et en état de combattre s'il parvenait à se libérer.
Troisième chose, chercher une trace immédiate de ses agresseurs. Il rouvrit alors les yeux et les firent se balader dans la périphérie limitée de son champ de vision, bloqué en un angle bancal par sa position. Il distingua un foyer éteint, primitif, monceau de bois mort brisé et non coupé, étalé au milieu d'un cercle imparfait de pierres de différentes tailles. Il y avait ça et là des débris, des bris d'os, ou des morceaux de tissus sales et non identifiables. Mais aucun individu dans la zone qu'il venait d'analyser, pas âme qui vive. Il resta un moment sans bouger à écouter les murmures de la caverne pour s'assurer que personne ne s'y trouvait.
Quatrième chose, tenter de se sortir de là. Theseus contracta tous les muscles de son torse pour pouvoir se relever un maximum vers les liens enserrant ses chevilles, mais l'inversion soudaine qui fit refluer son sang lui procura immédiatement un violent vertige, et il se laissa retomber lourdement, sentant son corps vibrer douloureusement, son poids ayant tiré sur ses jambes attachées. C'était un coup à se déboîter un membre, dans le meilleur des cas... Il attendit un instant et tenta à nouveau, en se préparant à encaisser le brusque reflux sanguin, et cette fois parvint à s'agripper aux cordages qui retenaient ses chevilles prisonnières. Dans les six secondes que son corps sous tension lui accorda pour observer les liens avant de lâcher, le forçant une fois de plus à en revenir à se balancer tête vers le sol, Theseus eut le temps de compter trois cordes de tailels différentes, cinq noeuds grossiers, et une chaine rouillée ralliant le tout pour aller s'accrocher au plafond de roche. Il fit jouer son esprit pour se représenter du mieux qu'il put cette combinaison de liens à la fois médiocre et complexe, et fit jouer ses doigts pour les préparer à opérer le plus plus rapidement possible.
Le jeune homme prit trois grandes inspirations successives et remonta une fois encore vers ses chevilles entravées, son buste secoué de tremblement tandis que tous ses muscles se gonflaient sous l'effort fourni pour lui permettre d'atteindre la bonne hauteur.
Ses mains partirent aussitôt en avant, toujours liées, et ses doigts agrippèrent fermement l'un des noeud pour éprouver sa solidité et tenter de le défaire. Il sentit les tresses de corde se relâcher un temps et raffermit son geste pour pouvoir accélérer la libération de ses jambes. Le noeud lâcha brutalement, le renvoyant dégringoler tête en bas, et l'espace d'un instant il sentit avec horreur les liens lâcher, l'envoyant se fracasser le crâne à terre. Mais ils résistèrent, et à la place il ressentit une vive douleur au creux de sa hanche gauche, ce qu'il avait redouté auparavant s'étant produit, la chute et la force en résultant lui ayant pratiquement disloqué le fémur. La douleur s'effaça bien assez vite pour laisser place à un engourdissement sourd, et Theseus lâcha une courte prière de remerciement à ses ancêtres.
Reportant son attention sur l'objet de ses cabrioles, il parvint à faiblement remuer sa jambe droite, et sentit les liens glisser en frottant les uns contre les autres, puis arrêta immédiatement. Il y avait là deux possibilités, soit le tout allait lâcher, soit seule une de ses jambes allait être libérée, menaçant l'autre de se briser, pour de toute manière se retrouver dans une posture insupportable.
Il attendit un instant afin de s'assurer que les liens n'allaient pas se rompre de la mauvaise manière, puis gigota légèrement la jambe pour ne plus avoir de doute. Le tout tenait, et il ne risquait pas de mauvaise chute. Theseus inspira un grand bol d'air avant de se relever, pour la dernière fois espéra-t-il, agrippant immédiatement le noeud dont il avait fait son objectif, celui qui logiquement allait totalement le libérer. Affaiblit par le dénouement du précédent, le noeud ne résista pas longtemps et lâcha doucement, entraînant avec lui les quatre autres qui en étaient dépendant, envoyant alors Theseus rouler au sol à une vitesse contrôlée, de façon à ce qu'il puisse se rétablir promptement sans risquer de se rompre le cou ou de se briser la colonne vertébrale.
Le jeune homme se releva d'un bond et s'approcha d'un rocher au profil tranchant, y frottant frénétiquement les liens qui gardaient ses mains prisonnières, et après un minutes de va et viens produisant une légère odeur de brûlé, les liens lâchèrent dans un minuscule nuage de particules, laissant à Theseus la satisfaction de pouvoir séparer ses mains, dans de grands gestes de bras d'avant en arrière pour s'étirer. Il acheva de se masser les poignets avec un sourire d'appréciation et s'adonna une fois de plus à l'observation des alentours.
Ses affaires lui avaient été prises, et il ne portait que son pagne bleu pour tout vêtement. Il fit le tour de la portion de caverne qui avait constitué sa prison, et entreprit de fouiller un peu plus les débris qu'il avait aperçu auparavant. Pour la plupart, il ne s'agissait que de résidus de repas sauvages, mais il retrouva également des morceaux de tissus de la même couleur et de la même facture que ces mystérieux bouts de tissu rouge que Theseus avaient suivi pour aboutir ici. Il trouva également quelques douilles rouillées, qui, à la différence de celles qu'il avait retrouvées dehors, n'avaient pas été percutées. Des balles pour fusil d'entraînement, au vu de leur calibre et de leurs marquages, en théorie uniquement utilisées au sein de la Caserne. Le jeune apprenti fut un peu interloqué par cette nouvelle découverte attestant un peu plus la thèse du groupe d'Elèves disparus, poursuivant une mission terminée depuis longtemps. Et si ils étaient devenus fous après tout ce temps? Etait-ce possible venant de la part d'apprentis élevés dans les préceptes de la Caserne de Taygète où la force de l'esprit prédomine? Theseus se refusa pour le moment à de telles suppositions. Il pouvait tout aussi bien s'agir de bêtes sauvages qui les auraient massacrés ici même, dans cette caverne reculée de tout.
Il abandonna ses trouvailles et entreprit de continuer son chemin, empruntant un boyau à peine assez large pour faire passer un Astartes, une lueur rougeoyante scintillant à l'autre bout. A mesure qu'il avançait, ses sens exercés perçurent des bruits caractéristiques dénotant au moins trois individus conversant, ou se grognant dessus, et le craquement sec et sporadique d'un feu de bois.
Theseus se baissa pour progresser le plus silencieusement et discrètement possible et déboucha bientôt sur une autre petite pièce caverneuse, basse de plafond, ses parois accidentées illuminée par la danse spectrale des flammes ronflant doucement dans un foyer mourant, quatre silhouettes déformées au delà de toute reconnaissance se découpant en taches obscures frémissantes tout autour de l'habitacle. Plusieurs gros rochers reposaient au sol, immobiles des temps immémoriaux, et par chance l'un des plus gros tout près de la position de Theseus lui offrit le couvert idéal pour pouvoir observer les êtres regroupés autour du feu. Il se plaqua contre le manteau froid du bloc de pierre anguleux et lissé par le temps, et se blottit contre un deuxième rocher adossé au premier, un stalagmite aux couleurs ocres dépassant juste devant la maigre séparation entre les deux blocs, offrant là une cachette toute désignée de même qu'un point d'observation privilégié.
Il fallait tout de même que Theseus se redresse au risque d'être remarqué pour pouvoir voir les individus aussi préféra-t-il dans un premier temps se fier à ce qu’il entendait.
A en juger par leurs voix grasses et profondes, ses ravisseurs devaient être d'une taille assez conséquente, ou bien ils avaient tous une malformation du larynx. Leur élocution elle même laissait à désirer, transformant leurs paroles incertaines en bribes de mots inintelligibles, de grognements et de raclements de gorge. Toutefois, au bout d'un court instant, Theseus put faire abstraction de leur parler absurde et identifier des mots, des phrases, puis un véritable échange vocale et animé d'une intelligence. Et en langage commun de Sparta.
-On ne peut rester ici plus longtemps! grogna une voix traînante et abyssale. Notre repaire est compromis, les proies vont se transformer en chasseurs.
-Pas de panique, frère. répondit une autre voix semblable au choc de deux grosses pierres lancées l'une contre l'autre. Aucun d'eux ne nous a découvert, et Gorlos a rapporté qu'ils s'éloignaient de notre territoire à présent.
-Il nous reste celui que Jukzas a capturé tout à l'heure! intervint une voix sifflante et hésitante, comme si son porteur avait les poumons à l'état d'éponge gorgée de fluides malades. Qu'allons nous en faire? Il ne satisfera pas tout le groupe, ça non!
-Premiers arrivés, premiers servis! répliqua sèchement la première voix. Tant pis pour les autres, ils n'ont qu'à être là quand le chef les réclame! Si les autres en veulent pas, je m'en satisferai bien tout seul!
-Karkos, tu ne peux garder une proie pour toi tout seul. gronda une quatrième voix, brutale et profonde, cinglante comme un coup de tonnerre. Et puis le chef a dis que la proie serait livrée aux vents.
-J'en ai marre de bouffer des animaux maigrichons! se lamenta la première voix.
Theseus fit une moue dégoûtée en silence en comprenant quel sort funeste aurait pu l'attendre s'il n'avait pas repris conscience. Il était donc tombé sur des cannibales, et s'il en jugeait par leurs voix déformées, sûrement des primitifs des récifs de Juno, qui par quelques hasards s'étaient retrouvés dans la forêt de la Caserne, pourtant lourdement gardée, ou alors, chose plus improbable, des mutants ayant survécu aux purges et étant sortis des bas fonds de Taygète. Son estomac se contracta de haine d'écoeurement à l'idée d'être si proche de telles créatures. Manger son semblable était un crime inimaginable, impensable, impardonnable. Il se résolut à en écouter davantage pour obtenir plus d'information sur la situation, mais se promis de tous les tuer sitôt qu'il déciderait de poursuivre son chemin.
C'est à ce moment qu'il réalisé qu'il était toujours dépourvu de son matériel, sans défenses.
Contenant sa frustration, il reporta son attention sur les voix difformes de ses ignobles gardiens.
-T'en fait pas Karkos, tu satisfera bientôt ton appétit dément, tu le sais. poursuivit la voix de tuberculeux. D'autres proies approchent. Plus faibles. Six des nôtres sont partis vers eux.
-Y'a intérêt à ce qu'ils se les fassent pas tout seuls, parce que je peux t'assurer que j’offrirai leurs crânes à qui de droit, tu le sais Shirkis! grogna le dénommé Karkos, la première voix. Un sifflement écoeurant qui s'avéra être un rire malade lui répondit.
-Tu t'accroche encore à ses promesses, hein? demanda Shirkis, celui à la voix de pestiféré, encore secoué par son rire immonde. Tu sais pourtant que la vie de ses serviteurs est éphémère... Encore plus que celle des serviteurs du Trône d'Or!
La phrase fut ponctuée par le bruit déplaisant d'un crachat bileux jeté à terre.
Theseus fut de plus en plus surpris par la tournure de la conversation, et sentit ses tripes se nouer alors que se dessinait une affreuse possibilité dans son esprit.
-Cessez de vous chamailler vous deux! claqua la voix brutale. Le chef a ordonné que nous ne reparlions pas des seigneurs des proies ici. Sinon, les vents hurleraient et vous savez tous ce que ça provoquerai...Ce que ça a provoqué...
-Bénie soit ta sagesse, Hairas! se réjouit la voix rocailleuse. Tu es l'un des préférés des vents, et je commence à croire que la raison en est ta clairvoyance et ton autorité.
-Cesses donc de me cirer les bottes, Irkas, maudit sois tu, toi et tes paroles empoisonnées! répliqua brutalement le nommé Hairas, auquel son interlocuteur répondit par un rire obscène.
-Alors qu'est ce qu'on fait de lui à la fin? s'impatienta Karkos, se référant sans aucun doute possible à Theseus. On le bouffe ou on le refile au Maboule?
-Respecte la Voix! tonna Hairas. Il est notre guide, et parle directement aux vents. Même le chef le respecte et le craint. Je te conseille de faire de même si tu ne veux pas perdre ta tête.
-Si c'est le cas, pense à la dédier à ton seigneur et maître avant qu'elle ne tombe... ricana Shirkis en produisant d'affreux bruits de succion visqueuse.
-Sois maudit, le pestiféré! vociféra Karkos, et Theseus sentit un mouvement brusque, suivit d'un bruit horrible de craquement d'os et de viande arrachée.
Il y eut un court silence, puis un son encore plus abjecte retentit, un gargouillis inimaginable qui s'avérait être la voix de Shirkis affreusement déformée, comme si son cou s'était liquéfié et qu'on l'étranglait.
-Le vent de la haine rends tellement idiot... ricana-t-il en gargouillant de plus belle. Vois comme celui des mouches m'a rendu fort! Vois à quel point tu es ridicule, esclave du Crâne de Sang!
Theseus eut l'impression qu'on le frappait en plein estomac lorsque les paroles, et surtout les noms, parvinrent à ses oreilles, et il eut l'impression de suffoquer.
Il n'en pouvait plus et devait en avoir le coeur net, bien que les recoins de son âme lui hurlaient déjà la terrible vérité. Il se releva juste assez pour jeter un coup d'oeil vers le groupe d'hérétiques et ce qu'il vit le glaça sur place aussi sûrement que l'aurait fait la Mort en l'embrassant dans ses bras de désespoir et d'oubli...
Il parvint à peine à articuler une prière de protection à ses ancêtres, tant il était sur le point de vomir de dégoût devant ce qu'il observait à présent.
La situation était bien plus désespérée que ce qu'il croyait, et il allait lui falloir tout le courage de l'univers en ce moment précis pour surpasser la terrible épreuve qui s'était présentée à lui.
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+++ Burn the Heretic +++
+++ Purge the Unclean +++
+++ Purge the Unclean +++
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
-DISDASKALOS, RÉPONDEZ! ICI Honorius, répondez!
Le Chapelain tentait pour la quatrième fois de contacter le centre de commandement de la Caserne, en vain. Ses oreillettes continuaient à donner un rendu inaudible, de sifflements et de friture. Avec un sifflement de colère, Honorius déconnecta son vox communicateur, et en changea la fréquence.
-Ici Honorius. Spartacus, me recevez vous? tenta-t-il.
Le babillage inaudible s'était intensifié, noyé par les parasites. Il essaya de réguler la fréquence, mais rien n'y fit, et il coupa à nouveau son communicateur. Quelque chose n'allait pas... Il se remémora les plaques de données auxquelles il avait pu accéder concernant la forêt de la Caserne et ses particularités, et se souvint de la "zone noire", zone placée sous l'effet d'un puissant brouillage de communication afin de mettre à l'épreuve les talents de stratèges des élèves, coupés du monde, voir si ils étaient capables de poursuivre leur mission sans aide extérieure. Mais ce qui fit froncer les sourcils au Chapelain, c'était que d'après ses relevés topographiques, ils se trouvaient actuellement en dehors de la zone noire, et que de plus, le brouillage créé par les tuteurs de la Caserne ne verrouillait en théorie que les communications des élèves envoyés en mission, et aucune autre. Chaque groupe envoyé disposait d'une fréquence spécialement ouverte et surveillée, et c'était seulement cette fréquence qui devait être compromise par le brouillage. Or, la propre fréquence personnelle du Chapelain était touchée. Il ne pouvait donc pas s'agir de la zone noire, quelque chose d'autre les brouillait.
Honorius quitta son couvert pour rejoindre la butte de terre envahie de fougères aux dimensions démesurées, d'où il pouvait observer en toute discrétion le groupe 2B. Les neuf élèves continuaient leur avancée dans la jungle, après que leur chef de groupe désigné, sur les conseils d'un de ses camarades, eut décidé de continuer sans leur éclaireur porté disparu, allant droit vers la position supposée de leur premier objectif.
Le garçon en tête pris sur sa gauche, suivi par les autres en file indienne, le porteur de lance flammes clôturant la marche, lançant fréquemment des regards en arrière, arme levée et prête à cracher une mort incandescente.
Honorius attendit qu'il eut tourné la tête et se leva pour les suivre. Soudain il se figea sur place, une main portée à son casque, rendu aveugle par la brusque coupure de ses oculaires. L'affichage revint après trois secondes de coupure, dans un premier temps ne lui permettant uniquement une observation brute des alentours avant que les systèmes avancés ne se réenclenchent et ne rallument une multitude d'icônes et de runes stratégiques sur sa visière. Le Chapelain, à la fois surpris et sur ses gardes par ce défaut inattendu, resta sur place pour s'assurer que ce serait le seul sursaut, mais à peine cinq secondes après ré-enclenchement, la visière connut à nouveau une interruption d'activité. En tout, son système visuel flancha trois fois de suite, avant de se stabiliser faiblement, l'affichage saturé de parasites et de sursaut de rendu image. Le brouillage semblait affecter l'ensemble de ses équipements électroniques, comme si une bombe électromagnétique avait explosé à côté de lui.
Honorius renonça à attendre plus longtemps et préféra désactiver complètement son casque désormais hors service, ses lentilles oculaires retrouvant une simple fonction de protection basique, sans aucun support tactique, comme de simples lunettes de protection.
Ne désirant pas rester là plus longtemps, il se lança à nouveau après le groupe 2B afin de suivre leur avancée. Le doute grandissait en lui, et il vérifia grâce à son com vox l'intensité du brouillage. Plus ils avançaient, plus il était puissant.
Ils se dirigeaient droit vers le point d'origine et Honorius supposa que ce même point d'origine serait également une première réelle mise à l'épreuve pour eux.
Ma la question qui commençait réellement à le travailler était de savoir qui, ou quoi produisait un brouillage d'une telle intensité. Y'avait il une autre force dans cette forêt que les deux groupes supposés s'y trouver? Une force hostile?
Son cerveau l'inonda de pensées et de réflexions sur ce qui pouvait potentiellement les attendre, si bien que le Chapelain sentit sa nervosité monter d'un cran.
Il fut brusquement tiré de ses pensées quand il entendit des hurlements sauvages monter de quelque part en face d'eux, comme si une meute entière de bêtes sauvages s'était mise à hurler à l'unisson. Instinctivement, il dégaina son pistolet bolter, mais il savait qu'en aucun cas il ne devait intervenir. Quoique ça puisse être, ça serait partie intégrante de l'épreuve des élèves.
Mais on n'est jamais trop prudent, se dit-il. Avec satisfaction, il observa le groupe 2B se disperser rapidement pour se préparer à se confronter à la menace, quelle qu'elle soit. Dans quelques instants à en juger à la proximité d'un nouveau hurlement bestial, il allait pouvoir enfin juger les prouesses martiales des élèves. Leur premier baptême du feu semblait fondre sur eux à tout vitesse. Ca allait être un affrontement féroce, pensa Honorius.
Il ne le savait pas encore, mais ça allait être bien pire que cela...
Le Chapelain tentait pour la quatrième fois de contacter le centre de commandement de la Caserne, en vain. Ses oreillettes continuaient à donner un rendu inaudible, de sifflements et de friture. Avec un sifflement de colère, Honorius déconnecta son vox communicateur, et en changea la fréquence.
-Ici Honorius. Spartacus, me recevez vous? tenta-t-il.
Le babillage inaudible s'était intensifié, noyé par les parasites. Il essaya de réguler la fréquence, mais rien n'y fit, et il coupa à nouveau son communicateur. Quelque chose n'allait pas... Il se remémora les plaques de données auxquelles il avait pu accéder concernant la forêt de la Caserne et ses particularités, et se souvint de la "zone noire", zone placée sous l'effet d'un puissant brouillage de communication afin de mettre à l'épreuve les talents de stratèges des élèves, coupés du monde, voir si ils étaient capables de poursuivre leur mission sans aide extérieure. Mais ce qui fit froncer les sourcils au Chapelain, c'était que d'après ses relevés topographiques, ils se trouvaient actuellement en dehors de la zone noire, et que de plus, le brouillage créé par les tuteurs de la Caserne ne verrouillait en théorie que les communications des élèves envoyés en mission, et aucune autre. Chaque groupe envoyé disposait d'une fréquence spécialement ouverte et surveillée, et c'était seulement cette fréquence qui devait être compromise par le brouillage. Or, la propre fréquence personnelle du Chapelain était touchée. Il ne pouvait donc pas s'agir de la zone noire, quelque chose d'autre les brouillait.
Honorius quitta son couvert pour rejoindre la butte de terre envahie de fougères aux dimensions démesurées, d'où il pouvait observer en toute discrétion le groupe 2B. Les neuf élèves continuaient leur avancée dans la jungle, après que leur chef de groupe désigné, sur les conseils d'un de ses camarades, eut décidé de continuer sans leur éclaireur porté disparu, allant droit vers la position supposée de leur premier objectif.
Le garçon en tête pris sur sa gauche, suivi par les autres en file indienne, le porteur de lance flammes clôturant la marche, lançant fréquemment des regards en arrière, arme levée et prête à cracher une mort incandescente.
Honorius attendit qu'il eut tourné la tête et se leva pour les suivre. Soudain il se figea sur place, une main portée à son casque, rendu aveugle par la brusque coupure de ses oculaires. L'affichage revint après trois secondes de coupure, dans un premier temps ne lui permettant uniquement une observation brute des alentours avant que les systèmes avancés ne se réenclenchent et ne rallument une multitude d'icônes et de runes stratégiques sur sa visière. Le Chapelain, à la fois surpris et sur ses gardes par ce défaut inattendu, resta sur place pour s'assurer que ce serait le seul sursaut, mais à peine cinq secondes après ré-enclenchement, la visière connut à nouveau une interruption d'activité. En tout, son système visuel flancha trois fois de suite, avant de se stabiliser faiblement, l'affichage saturé de parasites et de sursaut de rendu image. Le brouillage semblait affecter l'ensemble de ses équipements électroniques, comme si une bombe électromagnétique avait explosé à côté de lui.
Honorius renonça à attendre plus longtemps et préféra désactiver complètement son casque désormais hors service, ses lentilles oculaires retrouvant une simple fonction de protection basique, sans aucun support tactique, comme de simples lunettes de protection.
Ne désirant pas rester là plus longtemps, il se lança à nouveau après le groupe 2B afin de suivre leur avancée. Le doute grandissait en lui, et il vérifia grâce à son com vox l'intensité du brouillage. Plus ils avançaient, plus il était puissant.
Ils se dirigeaient droit vers le point d'origine et Honorius supposa que ce même point d'origine serait également une première réelle mise à l'épreuve pour eux.
Ma la question qui commençait réellement à le travailler était de savoir qui, ou quoi produisait un brouillage d'une telle intensité. Y'avait il une autre force dans cette forêt que les deux groupes supposés s'y trouver? Une force hostile?
Son cerveau l'inonda de pensées et de réflexions sur ce qui pouvait potentiellement les attendre, si bien que le Chapelain sentit sa nervosité monter d'un cran.
Il fut brusquement tiré de ses pensées quand il entendit des hurlements sauvages monter de quelque part en face d'eux, comme si une meute entière de bêtes sauvages s'était mise à hurler à l'unisson. Instinctivement, il dégaina son pistolet bolter, mais il savait qu'en aucun cas il ne devait intervenir. Quoique ça puisse être, ça serait partie intégrante de l'épreuve des élèves.
Mais on n'est jamais trop prudent, se dit-il. Avec satisfaction, il observa le groupe 2B se disperser rapidement pour se préparer à se confronter à la menace, quelle qu'elle soit. Dans quelques instants à en juger à la proximité d'un nouveau hurlement bestial, il allait pouvoir enfin juger les prouesses martiales des élèves. Leur premier baptême du feu semblait fondre sur eux à tout vitesse. Ca allait être un affrontement féroce, pensa Honorius.
Il ne le savait pas encore, mais ça allait être bien pire que cela...
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Que de belles suites et toujours sympas à lire.
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Cette après midi j'avais le choix entre relire The Lion de Thorpe, Seul la Mort de Abnett ou reprendre ton récit depuis le début... et bien je pense avoir très bien choisi.
Grand à toi Turielo de nous faire profiter de ton talent.
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
wow ça c'est du compliment! héhé! merci beaucoup!
Petites news en vrac:
-réécriture de PEML reprise, et ça avance bien plus vite!
-Etablissement d'une chronologie pour les Chroniques de l'Epée (donc PEML et ce roman ci), plus d'infos à venir, mais je suis grave en désordre (ça doit être mon côté de fan de Star Wars)
-Reprise de mon forum Obscurae Librarium avec remise à niveau des topics, reprise des RPs, pour ceux que ça intéresse!
-Petites réécriture de certains passages de ce roman ci, j'ai décelé pas mal de petites erreurs, pas bien grave mais qui seront corrigée très vite.
Maintenant la suite!
LA VISION D'HORREUR qui s'offrit à lui dépassait de loin ce qu'il avait pu anticiper, et il lui fallut toute sa résolution pour ne pas laisser la rage l'envahir d'un coup. Les quatre êtres difformes qui étaient regroupés autour du feu étaient l'incarnation même de la corruption dont Sparta était censée être débarrassée depuis dix ans, depuis les Jours Sombres. Et pourtant, il semblait bien que le Mal ait subsisté, et Theseus en contemplait toute l'absurde immondice. Beaucoup avaient répandu d'étranges rumeurs quant à la disparition inexpliquée de 1C. Certains disaient que tous les élèves étaient morts, d'autres qu'ils étaient perdus sans aucune conscience du temps qui passait, poursuivant inlassablement leur mission, ne sachant pas combien de temps était passé. D'autres encore arguaient que les jeunes prétendants Astartes étaient devenus fous, l'isolement ayant pris le dessus sur leur conditionnement de guerriers en voie de devenir des demis dieux.
La réalité était bien plus terrible. Les quatre créatures face à Theseus portaient des vestiges des uniformes de 1C, des tuniques déchirées de couleur écarlate tachée de boue et d'immondices, et certains arboraient des restes d'armes et d'équipement que la nature sauvage et le temps avaient altéré pour n'en laisser que des fragments dérisoires, inutilisables. Leurs corps quant à eux étaient boursouflés, déformés, tantôt ayant développé une musculature improbable, tantôt des membres supplémentaires bien loin des standards de l'anatomie humaine, ou encore étaient des réceptacles de maladies, des furoncles crevés et des organes palpitant à l'air libre attestant d'un égarement bien au delà de celui dont beaucoup parlaient. C'était bien pire qu'un simple échec lors d'une mission, c'était un échec de leur vie elle même. Leur corps ne portait plus la souillure du Chaos, ils étaient devenus la souillure du Chaos.
Theseus se sentit dans un premier temps désemparé face à telle situation, réalisant à quel point cruel il était en position de faiblesse, nu et sans armes, contrairement à ces caricatures odieuses d'humains. L'un des monstres tourna sa tête couverte d'écailles rouge sang, ses yeux flamboyant d'une sauvagerie meurtrière, et sa bouche sans lèvres s'ouvrit sur des rangées de crocs pointus, émettant un sifflement de colère semblant provenir des Enfers eux mêmes.
-La proie! beugla-t-il, et Theseus reconnut la voix d’outre tombe de Karkos. La proie s'enfuie, mes frères!
Theseus reconnu sans peine le deuxième mutant à s'exprimer, son corps gonflé par la maladie, et un chapelet d'intestins putréfiés pendant au travers de son ventre verdâtre que les lambeaux de sa tunique n'arrivaient même pas à contenir. Sa tête pendait mollement sur le côté, son cou crevé laissant entrapercevoir les reliefs blanchâtres d'os brisés. Shirkis. Avatar pestiféré de tous les maux imaginables de l'univers.
-Capturez le! gargouilla-t-il en levant un bras tuméfié et couvert de varices. Les vents le réclament!
Les deux autres furent les premiers à bouger vers lui, le premier un colosse tout en muscles surdimensionnés, la peau rugueuse veinée de noir, sa tête semblable à celle d'un molosse, aux poils hirsutes et au museau fumant, des crocs dégoûtant et une haleine de viande rassie, surement le collecteur de crânes, Hairas. L'autre était tout maigrelet, et semblait se mouvoir comme une vipère, sa peau luisante et serpentine, un visage reptilien rosâtre avec dans ses yeux blancs sans pupilles toute l'expression d'une mort inéluctable et vorace. De longues griffes étaient venues crever ses mains dont il ne restaient plus que deux moignons rabougris pendouillant misérablement. Quand il bougeait, Theseus jurait qu'il percevait des râles d'agonies entremêlés comme un chœur d'âmes torturées.
Les griffes noires et chitineuses de cet être qui devait être le dénommé Irkas s'abattirent sur le rocher derrière lequel se tenait Theseus, et il parvint à bondir suffisamment en arrière pour éviter d'être tranché en deux.
-Ne le tuez pas! râlait Shirkis de sa voix insupportable de macchabée vivant. Il est le cadeau aux vents!
-La peste! hurla Karkos. Il est à moi! J'ai faim, trop faim pour attendre encore!
Le démon aux écailles de sang se projeta en avant pour saisir Theseus accroupi mais le jeune homme poussa de toutes ses forces sur ses deux jambes pour aller voltiger au dessus de la tête de son assaillant et alla se rétablir juste à côté du feu, tendant une main à l'aveuglette pour se saisir d'un morceau de bois en train de se consumer, s'en faisant un gourdin incandescent avec lequel il alla frapper Irkas sur le côté de la tête.
Le mutant fut projeté de côté en poussant un hurlement affreusement aigu tandis que la peau lisse de son crâne déformé se cloquait sous l'effet des flammes qui étaient restées accrochées pour le dévorer. En basculant de côté, sa tunique rouge et émaciée entrouverte, il laissa entrevoir à Theseus toute l'horreur de sa mutation, ses jambes s'étant éclatée en une multitude de tentacules frétillants.
Le jeune garçon tenta de porter un coup en avant vers la gueule ouverte du monstre, mais dû une fois encore battre en retraite d'un bond alors que Hairas fonçait vers lui, l'écume sur ses babines retroussées, un grognement sourd montant de sa gorge musculeuse. Son bras velu brassa du vide, mais il parvint néanmoins à entailler le flanc à nu de Theseus, arrosant la terre des premières gouttes d'un sang qui n'était pas corrompu.
L'adolescent ignora la douleur du mieux qu'il le put et renvoya un coup de pied latéral qui vint s'écraser sur la joue osseuse du monstre, faisant retentir un bruit écoeurant d'os brisés, suivit du beuglement de rage de la bête blessée. Son talon meurtri par la réplique, Theseus se retrouva à nouveau accroupi en position de défense, prêt à bondir hors de portée du danger, sentant Irkas et Karkos foncer vers lui de chaque côtés. Il roula en avant au dernier moment, laissant les deux mutants se percuter, et ne put réprimer un petit cri de victoire en voyant les griffes d'Irkas s'enfoncer dans la poitrine de son ignoble camarade pour aller ressortir de l'autre côté dans une gerbe de sang noir. La férocité de son attaque l'avait empêché de s'arrêter à temps et il venait d'empaler son compagnon, faisant la première victime d'un duel inégal. Karkos s'écroula à terre, secoué de spasmes furieux, ses crocs serrés au point d'éclater,e t il laissa échapper un gémissement résonnant d'un affreux gargouillis, écho du sang qui venait envahir ses poumons crevés.
-J'ai faim, si faim.... furent ses dernières paroles.
Irkas resta un moment interdit devant le cadavre de Karkos, ses griffes démesurées ruisselantes de sang poisseux, puis sa tête retomba vers l'arrière et il poussa un sifflement suraigu avant de se jeter sur le corps pour arracher de gros morceaux de chair sanguinolente pour s'en repaître, oubliant alors totalement le combat initial, trop tenaillé par une faim depuis longtemps non satisfaite.
Theseus faillit vomir devant tant de bestialité, avant de revenir à la réalité immédiate quand Shirkis tenta mollement de l'agripper par derrière de ses mains gangrénées. Theseus roula en avant, portant un coup en arrière de son bout de bois éteint, et le sentit se bloquer dans un surface molle. Shirkis poussa un grognement de douleur, et arracha le branchage fiché dans son ventre boursouflé avant de reprendre son avancée d'un pas trainant, ses boyaux dansant horriblement alors qu'il avançaient, comme le pendule d'une horloge maudite égrainant le temps qui passait alors que la maladie le consumait. Un de ses bras obèses et crevassés s'abattit vers l'avant, et Theseus sauta de côté pour éviter le coup, mais ne put du coup pas anticiper l'arrivée fracassante de Hairas qui le souleva de côté pour aller le projeter contre un stalagmite qui se fracassa sous le choc. Theseus sentit tout son dos craquer sous le choc, et éructa bruyamment tandis que l'air était chassé de ses poumons. Prenant maladroitement appui sur ses coudes pour se relever, crachant du sang à terre, il put statuer en deux secondes qu'il avait trois côtes cassées, et sûrement une vertèbre ou deux de déplacées. Il se redressa en tanguant de plus belle, ayant la désagréable impression qu'une multitude d'épées chauffées à blanc lui perforaient le dos. Hairas s'approcha de lui en montrant ses horribles crocs, sa bave dégoulinant jusqu'à terre en fumant, l'un de ses énormes poings enserrant une hache primitive faite d'une grosse branche et d'un éclat de métal - sûrement les vestiges de leurs anciennes armures - fiché en travers.
En beuglant toute sa rage, il leva l'arme rudimentaire pour l'abattre vers le cou qui lui était offert.
-Du sang! vociféra-t-il. Des crânes pour mon maître!
Theseus sentit le souffle d'air provoqué par la descente de la lame rouillée, et se lança en avant en serrant les dents pour refouler la douleur qui lui tenaillait le dos, se projetant entre les jambes arquées du mutant, allant se rétablir juste derrière lui, sa main enserrant un éclat de stalagmite brisée qu'il alla écraser dans le dos de son agresseur. Usant de toute sa force et de tout son désespoir, il parvint à enfoncer l'éclat rocheux dans le bas de la nuque noueuse de la bête, crevant son épiderme rugueux, tranchant ses muscles d'airain et ses tendons, avant de caler contre les os de la nuque, sa main s'arrachant de la pierre restée plantée. Hairas tituba en grognant de douleur, sa tête pendant en avant, ses muscles et tendons détruits ne lui permettant plus de relever son crâne bestial. Il voulut frapper de revers, mais la force déployée par son bras ne fit qu'empirer les choses, son mouvement l'emmenant tourner brusquement sur le côté, écorchant un peu plus sa nuque blessée et il se mit à mugir de plus belle, ses yeux ardents roulant dans ses orbites, une bave mousseuse dégoulinant de ses babines frémissantes.
Theseus l'abandonna à son calvaire quand il dû éviter une nouvelle tentative de Shirkis qui tenta de l'attraper par la taille en grognant de frustration quand la vitesse du garçon le porta au dehors de la poigne lente et pataude du mutant croulant sous les infections.
Son bond porta Theseus juste aux côtés d'Irkas, qui dévorait de bon coeur ce qui restait du corps de Karkos, son visage serpentin éclaboussé de sang et de viande. Le monstre cannibale leva son regard fou vers le nouvel arrivant et siffla comme un chat sauvage qui venait d'être perturbé dans son repas. L'un de ses membres griffus se porta en avant, et Theseus se baissa assez rapidement pour éviter d'être décapité, ce mouvement brusque irradiant aussitôt son corps d'une douleur vive qui lui fit serrer des dents pour éviter de hurler. Il porta aussitôt l'une de ses mains au dessus de lui et saisit l'un des membres fragiles mais mortels de la créatures sinueuse. De son autre main, il attrapa un point opposé à sa première prise, et d'une brusque torsion, se projetant en avant, retourna le membre dans un affreux bruit d'os brisés, faisant hurler de plus belle Irkas qui ouvrit une gueule démesurée. Theseus ignora Shirkis qui se trainait vers eux, sa tête au cou rompu se balançant mollement de côté pour le regarder par intermittence, ses bras immondes portés en avant pour le saisir. Le garçon ne prêta nulle attention aux paroles obscènes que vociférait l'être pestiféré, et tira un grand coup sur le bras cassé de son autre ennemi, avec assez de force pour produire une autre série de craquement écoeurant, les hurlements atroces de douleur redoublant, et après un nouveau mouvement d'épaule vers l'avant, le bras mutilé posé dessus pour affermir sa prise, il fit se rompre muscles, peau et tendons et fut jeté en avant, tenant avec force le bras arraché et secoué de spasmes, tandis qu'Irkas s'avachit à terre en beuglant de plus belles, son épaule éclatée vomissant un sang noir à gros bouillons.
Theseus fit tourner le membre mort dans ses mains, portant les griffes inertes en avant, et fonça vers Shirkis en hurlant de rage, portant un coup ascendant, sa macabre épée allant trancher net les bras tendus de son adversaire qui gargouillant quelques ignobles jurons en se rejetant en arrière.
Theseus fit tournoyer son arme improvisée et d'un second coup, il ouvrit le corps gonflé du monstre de l'épaule droite jusqu'à la hanche gauche, un flot d'immondices qu'il se refusa à identifier allant asperger le sol tandis que la tête déformée gigota au bout de son cou brisé pour multiplier les insultes qui aurait donné une crise cardiaque à un Inquisiteur. Las de cette démonstration d’obscénités, Theseus fit remonter les griffes trempées de sang malade vers le haut et abattit telle une faux son arme de chair pour décapité son horrible ennemi qui s'effondra au sol en convulsionnant de plus belle, arrosant tout le pourtour d'un sang puant et collant.
Le garçon laissa le cadavre spasmodique de sa victime pour aller achever l'ancien propriétaire de son arme, et Irkas ne se détourna même pas du coup qui lui était destiné, ses yeux de vipère fixant ceux de son bourreau. Theseus eut même la désagréable impression que sa nouvelle victime avait poussé un soupir extasié quand ses propres griffes lui perforèrent le cou pour séparer sa tête du reste de son corps abject.
Le jeune garçon n'eut pas le loisir de philosopher sur cette impression dérangeante, son univers s'écroulant d'un coup alors qu'il eut l'impression très nette qu'un tank venait de le percuter de plain fouet sur le côté.
Allant rouler jusqu'au feu, ne pouvant réprimer un cri de douleur quand il lui sembla que son dos meurtri se brisait au delà du possible, il acheva sa course au plus près des flammes, et sentit sa peau se cloquer sous l'effet de la chaleur des braises qui étaient venues avidement l'embrasser.
Il vit Hairas, tête prostré, écumant de rage et de douleur, foncer vers lui à toute vitesse, sa hache trainant à terre alors qu'il n'avait plus la force nécessaire pour la soulever, n'usant plus que de son crâne massif pour réduire son tortionnaire en bouillie.
-Tu vas mourir au terme de mille souffrances, sale rat! beugla-t-il en venant à sa rencontre.
Theseus roula de côté en hurlant à nouveau, son passage d'urgence l'ayant forcé à écraser sous son corps quelques braises ardentes qui lui laissèrent de conséquentes brûlures dans le dos. Il sauta sur ses jambes, les yeux emplis de larmes de douleur, ses yeux irradiant d'une froide colère.
Hairas chargea à nouveau vers lui après avoir peiné pour prendre la bonne direction, son cou ballant lui interdisant tout mouvement fluide. Theseus l'évita de nouveau d'un petit bond sur le côté, et chercha des yeux une arme efficace, le cadavre d'Irkas trop loin de lui pour le moment.
-Je vais bouffer tes intestins et offrir ton crâne aux vents, morveux! déblatérait Hairas en fonçant à nouveau vers lui.
Un petit bond et Theseus l'évita, en considérant un instant la hache primitive que le colosse agrippait toujours. Le jeune homme attendit la nouvelle charge et roula de côté en saisissant de toute ses forces l'arme de son adversaire, l'arrachant à sa prise originale, envoyant Hairas rouler dans la poussière, sa nuque déchirée projetant du sang jusqu'au plafond de pierre, et ses hurlements ayant dû résonner jusqu'à Taygète. Theseus fit faiblement passer sa nouvelle acquisition dans sa main gauche, sentant que le choc lui avait démit l'épaule droite. Il claudiqua vers son adversaire encore à se débattre à terre, la hache serrée dans son poing gauche, son bras droit pendouillant mollement contre son flanc ensanglanté. Son visage avait perdu de sa jeunesse, devenu une mosaique de chair écorchée, brûlée et tuméfiée, un masque de colère blessée, l'incarnation du dégoût qu'il éprouvait depuis sa découverte, et de l'inexorable justice qui devait être appliquée.
Hairas se releva mais ses jambes finirent par flancher, et il resta agenouillé devant celui qui venait pour l'exécuter.
-Je vais te bouffer les entrailles et souiller ton âme! grogna-t-il, à bout de force, sa haine lui donnant toujours l'illusion qu'il pourrait se relever et combattre, son corps lui montrant l'inverse. Je vais t'écarteler pour t'offrir en pièces aux vents!
Theseus se planta face à lui, son visage crispé en un masque de mépris.
-Par le Trône, vous ne pouvez donc pas mourir en silence? lâcha-t-il.
Il leva la hache, et sans attendre de réponse ou autres insultes de la créature, l'abattit sur la blessure derrière sa nuque, achevant de briser les cervicales et de trancher la viande corrompue, la tête hirsute tombant lourdement à terre, suivie du reste du corps, brusquement privé de vie.
Lâchant l'instrument du châtiment impérial qu'il venait d'administrer, Theseus sentit la douleur et la fatigue l'assaillir et il tituba avant de succomber aux vertiges qui venaient obscurcir son esprit, et il s'écroula pesamment sur le dos dans un hoquet, ne sentant même plus la même douleur aigu lui vriller le dos, qu'une souffrance ténue et lointaine.
Il resta là à respirer profondément, fixant la voûte caverneuse, sa tête encore envahie par le stress des combats et la peur de la mort. Il mit cinq bonnes minutes à faire refluer cette panique martiale qu'un apprenti se devait de refouler si il voulait être digne de fouler les étoiles aux côtés de ses maîtres Astartes.
Il mit cinq autres minutes à user d'un des rites que leur tuteur leur avait appris pour calmer la douleur et regagner un maximum de force pour continuer.
Il se redressa lentement, et fit jouer son dos qui craqua de plus belle, le faisant vaguement grimacer, avant de considérer son épaule démise. Il se força à tendre le bras, prenant appui dessus, et plaqua son autre main sur l'épaule déboîtée, en respirant avec force, se préparant au choc. Trois inspirations plus tard, sans hésiter, il pesa de tout son poids et de toute sa force sur son articulation et serra les dents sans plus pousser qu'un grognement étranglé quand l'épaule se remboîta dans un craquement horrible et sourd. Il retomba sur le dos, sujet à une vague terrible de douleur sourde, reprenant un rythme de respiration plus calme, fermant les yeux en récitant un autres des rites d'apaisement.
Deux minutes passèrent et il se redressa, en faisant délicatement jouer son épaule meurtrie et son bras, puis avec de plus en plus de vigueur pour retrouver toute sa capacité. Satisfait, la douleur s'étant apaisée, Theseus se releva complètement et récupéra la hache trempant dans une large flaque de sang visqueux, juste devant la nuque tranchée d'Hairas.
Il fit jouer l'arme dans sa main droite, saisissant une branche enflammée de l'autre, s'enfonça dans un des boyaux adjacents sans se retourner, et s'éloigna de la pièce et des cadavres, se mettant en quête de retrouver l'ensemble de son matériel, ou à défaut une sortie pour pouvoir aller rapidement trouver le reste de son groupe, et leur rapporter sa terrible découverte.
Petites news en vrac:
-réécriture de PEML reprise, et ça avance bien plus vite!
-Etablissement d'une chronologie pour les Chroniques de l'Epée (donc PEML et ce roman ci), plus d'infos à venir, mais je suis grave en désordre (ça doit être mon côté de fan de Star Wars)
-Reprise de mon forum Obscurae Librarium avec remise à niveau des topics, reprise des RPs, pour ceux que ça intéresse!
-Petites réécriture de certains passages de ce roman ci, j'ai décelé pas mal de petites erreurs, pas bien grave mais qui seront corrigée très vite.
Maintenant la suite!
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LA VISION D'HORREUR qui s'offrit à lui dépassait de loin ce qu'il avait pu anticiper, et il lui fallut toute sa résolution pour ne pas laisser la rage l'envahir d'un coup. Les quatre êtres difformes qui étaient regroupés autour du feu étaient l'incarnation même de la corruption dont Sparta était censée être débarrassée depuis dix ans, depuis les Jours Sombres. Et pourtant, il semblait bien que le Mal ait subsisté, et Theseus en contemplait toute l'absurde immondice. Beaucoup avaient répandu d'étranges rumeurs quant à la disparition inexpliquée de 1C. Certains disaient que tous les élèves étaient morts, d'autres qu'ils étaient perdus sans aucune conscience du temps qui passait, poursuivant inlassablement leur mission, ne sachant pas combien de temps était passé. D'autres encore arguaient que les jeunes prétendants Astartes étaient devenus fous, l'isolement ayant pris le dessus sur leur conditionnement de guerriers en voie de devenir des demis dieux.
La réalité était bien plus terrible. Les quatre créatures face à Theseus portaient des vestiges des uniformes de 1C, des tuniques déchirées de couleur écarlate tachée de boue et d'immondices, et certains arboraient des restes d'armes et d'équipement que la nature sauvage et le temps avaient altéré pour n'en laisser que des fragments dérisoires, inutilisables. Leurs corps quant à eux étaient boursouflés, déformés, tantôt ayant développé une musculature improbable, tantôt des membres supplémentaires bien loin des standards de l'anatomie humaine, ou encore étaient des réceptacles de maladies, des furoncles crevés et des organes palpitant à l'air libre attestant d'un égarement bien au delà de celui dont beaucoup parlaient. C'était bien pire qu'un simple échec lors d'une mission, c'était un échec de leur vie elle même. Leur corps ne portait plus la souillure du Chaos, ils étaient devenus la souillure du Chaos.
Theseus se sentit dans un premier temps désemparé face à telle situation, réalisant à quel point cruel il était en position de faiblesse, nu et sans armes, contrairement à ces caricatures odieuses d'humains. L'un des monstres tourna sa tête couverte d'écailles rouge sang, ses yeux flamboyant d'une sauvagerie meurtrière, et sa bouche sans lèvres s'ouvrit sur des rangées de crocs pointus, émettant un sifflement de colère semblant provenir des Enfers eux mêmes.
-La proie! beugla-t-il, et Theseus reconnut la voix d’outre tombe de Karkos. La proie s'enfuie, mes frères!
Theseus reconnu sans peine le deuxième mutant à s'exprimer, son corps gonflé par la maladie, et un chapelet d'intestins putréfiés pendant au travers de son ventre verdâtre que les lambeaux de sa tunique n'arrivaient même pas à contenir. Sa tête pendait mollement sur le côté, son cou crevé laissant entrapercevoir les reliefs blanchâtres d'os brisés. Shirkis. Avatar pestiféré de tous les maux imaginables de l'univers.
-Capturez le! gargouilla-t-il en levant un bras tuméfié et couvert de varices. Les vents le réclament!
Les deux autres furent les premiers à bouger vers lui, le premier un colosse tout en muscles surdimensionnés, la peau rugueuse veinée de noir, sa tête semblable à celle d'un molosse, aux poils hirsutes et au museau fumant, des crocs dégoûtant et une haleine de viande rassie, surement le collecteur de crânes, Hairas. L'autre était tout maigrelet, et semblait se mouvoir comme une vipère, sa peau luisante et serpentine, un visage reptilien rosâtre avec dans ses yeux blancs sans pupilles toute l'expression d'une mort inéluctable et vorace. De longues griffes étaient venues crever ses mains dont il ne restaient plus que deux moignons rabougris pendouillant misérablement. Quand il bougeait, Theseus jurait qu'il percevait des râles d'agonies entremêlés comme un chœur d'âmes torturées.
Les griffes noires et chitineuses de cet être qui devait être le dénommé Irkas s'abattirent sur le rocher derrière lequel se tenait Theseus, et il parvint à bondir suffisamment en arrière pour éviter d'être tranché en deux.
-Ne le tuez pas! râlait Shirkis de sa voix insupportable de macchabée vivant. Il est le cadeau aux vents!
-La peste! hurla Karkos. Il est à moi! J'ai faim, trop faim pour attendre encore!
Le démon aux écailles de sang se projeta en avant pour saisir Theseus accroupi mais le jeune homme poussa de toutes ses forces sur ses deux jambes pour aller voltiger au dessus de la tête de son assaillant et alla se rétablir juste à côté du feu, tendant une main à l'aveuglette pour se saisir d'un morceau de bois en train de se consumer, s'en faisant un gourdin incandescent avec lequel il alla frapper Irkas sur le côté de la tête.
Le mutant fut projeté de côté en poussant un hurlement affreusement aigu tandis que la peau lisse de son crâne déformé se cloquait sous l'effet des flammes qui étaient restées accrochées pour le dévorer. En basculant de côté, sa tunique rouge et émaciée entrouverte, il laissa entrevoir à Theseus toute l'horreur de sa mutation, ses jambes s'étant éclatée en une multitude de tentacules frétillants.
Le jeune garçon tenta de porter un coup en avant vers la gueule ouverte du monstre, mais dû une fois encore battre en retraite d'un bond alors que Hairas fonçait vers lui, l'écume sur ses babines retroussées, un grognement sourd montant de sa gorge musculeuse. Son bras velu brassa du vide, mais il parvint néanmoins à entailler le flanc à nu de Theseus, arrosant la terre des premières gouttes d'un sang qui n'était pas corrompu.
L'adolescent ignora la douleur du mieux qu'il le put et renvoya un coup de pied latéral qui vint s'écraser sur la joue osseuse du monstre, faisant retentir un bruit écoeurant d'os brisés, suivit du beuglement de rage de la bête blessée. Son talon meurtri par la réplique, Theseus se retrouva à nouveau accroupi en position de défense, prêt à bondir hors de portée du danger, sentant Irkas et Karkos foncer vers lui de chaque côtés. Il roula en avant au dernier moment, laissant les deux mutants se percuter, et ne put réprimer un petit cri de victoire en voyant les griffes d'Irkas s'enfoncer dans la poitrine de son ignoble camarade pour aller ressortir de l'autre côté dans une gerbe de sang noir. La férocité de son attaque l'avait empêché de s'arrêter à temps et il venait d'empaler son compagnon, faisant la première victime d'un duel inégal. Karkos s'écroula à terre, secoué de spasmes furieux, ses crocs serrés au point d'éclater,e t il laissa échapper un gémissement résonnant d'un affreux gargouillis, écho du sang qui venait envahir ses poumons crevés.
-J'ai faim, si faim.... furent ses dernières paroles.
Irkas resta un moment interdit devant le cadavre de Karkos, ses griffes démesurées ruisselantes de sang poisseux, puis sa tête retomba vers l'arrière et il poussa un sifflement suraigu avant de se jeter sur le corps pour arracher de gros morceaux de chair sanguinolente pour s'en repaître, oubliant alors totalement le combat initial, trop tenaillé par une faim depuis longtemps non satisfaite.
Theseus faillit vomir devant tant de bestialité, avant de revenir à la réalité immédiate quand Shirkis tenta mollement de l'agripper par derrière de ses mains gangrénées. Theseus roula en avant, portant un coup en arrière de son bout de bois éteint, et le sentit se bloquer dans un surface molle. Shirkis poussa un grognement de douleur, et arracha le branchage fiché dans son ventre boursouflé avant de reprendre son avancée d'un pas trainant, ses boyaux dansant horriblement alors qu'il avançaient, comme le pendule d'une horloge maudite égrainant le temps qui passait alors que la maladie le consumait. Un de ses bras obèses et crevassés s'abattit vers l'avant, et Theseus sauta de côté pour éviter le coup, mais ne put du coup pas anticiper l'arrivée fracassante de Hairas qui le souleva de côté pour aller le projeter contre un stalagmite qui se fracassa sous le choc. Theseus sentit tout son dos craquer sous le choc, et éructa bruyamment tandis que l'air était chassé de ses poumons. Prenant maladroitement appui sur ses coudes pour se relever, crachant du sang à terre, il put statuer en deux secondes qu'il avait trois côtes cassées, et sûrement une vertèbre ou deux de déplacées. Il se redressa en tanguant de plus belle, ayant la désagréable impression qu'une multitude d'épées chauffées à blanc lui perforaient le dos. Hairas s'approcha de lui en montrant ses horribles crocs, sa bave dégoulinant jusqu'à terre en fumant, l'un de ses énormes poings enserrant une hache primitive faite d'une grosse branche et d'un éclat de métal - sûrement les vestiges de leurs anciennes armures - fiché en travers.
En beuglant toute sa rage, il leva l'arme rudimentaire pour l'abattre vers le cou qui lui était offert.
-Du sang! vociféra-t-il. Des crânes pour mon maître!
Theseus sentit le souffle d'air provoqué par la descente de la lame rouillée, et se lança en avant en serrant les dents pour refouler la douleur qui lui tenaillait le dos, se projetant entre les jambes arquées du mutant, allant se rétablir juste derrière lui, sa main enserrant un éclat de stalagmite brisée qu'il alla écraser dans le dos de son agresseur. Usant de toute sa force et de tout son désespoir, il parvint à enfoncer l'éclat rocheux dans le bas de la nuque noueuse de la bête, crevant son épiderme rugueux, tranchant ses muscles d'airain et ses tendons, avant de caler contre les os de la nuque, sa main s'arrachant de la pierre restée plantée. Hairas tituba en grognant de douleur, sa tête pendant en avant, ses muscles et tendons détruits ne lui permettant plus de relever son crâne bestial. Il voulut frapper de revers, mais la force déployée par son bras ne fit qu'empirer les choses, son mouvement l'emmenant tourner brusquement sur le côté, écorchant un peu plus sa nuque blessée et il se mit à mugir de plus belle, ses yeux ardents roulant dans ses orbites, une bave mousseuse dégoulinant de ses babines frémissantes.
Theseus l'abandonna à son calvaire quand il dû éviter une nouvelle tentative de Shirkis qui tenta de l'attraper par la taille en grognant de frustration quand la vitesse du garçon le porta au dehors de la poigne lente et pataude du mutant croulant sous les infections.
Son bond porta Theseus juste aux côtés d'Irkas, qui dévorait de bon coeur ce qui restait du corps de Karkos, son visage serpentin éclaboussé de sang et de viande. Le monstre cannibale leva son regard fou vers le nouvel arrivant et siffla comme un chat sauvage qui venait d'être perturbé dans son repas. L'un de ses membres griffus se porta en avant, et Theseus se baissa assez rapidement pour éviter d'être décapité, ce mouvement brusque irradiant aussitôt son corps d'une douleur vive qui lui fit serrer des dents pour éviter de hurler. Il porta aussitôt l'une de ses mains au dessus de lui et saisit l'un des membres fragiles mais mortels de la créatures sinueuse. De son autre main, il attrapa un point opposé à sa première prise, et d'une brusque torsion, se projetant en avant, retourna le membre dans un affreux bruit d'os brisés, faisant hurler de plus belle Irkas qui ouvrit une gueule démesurée. Theseus ignora Shirkis qui se trainait vers eux, sa tête au cou rompu se balançant mollement de côté pour le regarder par intermittence, ses bras immondes portés en avant pour le saisir. Le garçon ne prêta nulle attention aux paroles obscènes que vociférait l'être pestiféré, et tira un grand coup sur le bras cassé de son autre ennemi, avec assez de force pour produire une autre série de craquement écoeurant, les hurlements atroces de douleur redoublant, et après un nouveau mouvement d'épaule vers l'avant, le bras mutilé posé dessus pour affermir sa prise, il fit se rompre muscles, peau et tendons et fut jeté en avant, tenant avec force le bras arraché et secoué de spasmes, tandis qu'Irkas s'avachit à terre en beuglant de plus belles, son épaule éclatée vomissant un sang noir à gros bouillons.
Theseus fit tourner le membre mort dans ses mains, portant les griffes inertes en avant, et fonça vers Shirkis en hurlant de rage, portant un coup ascendant, sa macabre épée allant trancher net les bras tendus de son adversaire qui gargouillant quelques ignobles jurons en se rejetant en arrière.
Theseus fit tournoyer son arme improvisée et d'un second coup, il ouvrit le corps gonflé du monstre de l'épaule droite jusqu'à la hanche gauche, un flot d'immondices qu'il se refusa à identifier allant asperger le sol tandis que la tête déformée gigota au bout de son cou brisé pour multiplier les insultes qui aurait donné une crise cardiaque à un Inquisiteur. Las de cette démonstration d’obscénités, Theseus fit remonter les griffes trempées de sang malade vers le haut et abattit telle une faux son arme de chair pour décapité son horrible ennemi qui s'effondra au sol en convulsionnant de plus belle, arrosant tout le pourtour d'un sang puant et collant.
Le garçon laissa le cadavre spasmodique de sa victime pour aller achever l'ancien propriétaire de son arme, et Irkas ne se détourna même pas du coup qui lui était destiné, ses yeux de vipère fixant ceux de son bourreau. Theseus eut même la désagréable impression que sa nouvelle victime avait poussé un soupir extasié quand ses propres griffes lui perforèrent le cou pour séparer sa tête du reste de son corps abject.
Le jeune garçon n'eut pas le loisir de philosopher sur cette impression dérangeante, son univers s'écroulant d'un coup alors qu'il eut l'impression très nette qu'un tank venait de le percuter de plain fouet sur le côté.
Allant rouler jusqu'au feu, ne pouvant réprimer un cri de douleur quand il lui sembla que son dos meurtri se brisait au delà du possible, il acheva sa course au plus près des flammes, et sentit sa peau se cloquer sous l'effet de la chaleur des braises qui étaient venues avidement l'embrasser.
Il vit Hairas, tête prostré, écumant de rage et de douleur, foncer vers lui à toute vitesse, sa hache trainant à terre alors qu'il n'avait plus la force nécessaire pour la soulever, n'usant plus que de son crâne massif pour réduire son tortionnaire en bouillie.
-Tu vas mourir au terme de mille souffrances, sale rat! beugla-t-il en venant à sa rencontre.
Theseus roula de côté en hurlant à nouveau, son passage d'urgence l'ayant forcé à écraser sous son corps quelques braises ardentes qui lui laissèrent de conséquentes brûlures dans le dos. Il sauta sur ses jambes, les yeux emplis de larmes de douleur, ses yeux irradiant d'une froide colère.
Hairas chargea à nouveau vers lui après avoir peiné pour prendre la bonne direction, son cou ballant lui interdisant tout mouvement fluide. Theseus l'évita de nouveau d'un petit bond sur le côté, et chercha des yeux une arme efficace, le cadavre d'Irkas trop loin de lui pour le moment.
-Je vais bouffer tes intestins et offrir ton crâne aux vents, morveux! déblatérait Hairas en fonçant à nouveau vers lui.
Un petit bond et Theseus l'évita, en considérant un instant la hache primitive que le colosse agrippait toujours. Le jeune homme attendit la nouvelle charge et roula de côté en saisissant de toute ses forces l'arme de son adversaire, l'arrachant à sa prise originale, envoyant Hairas rouler dans la poussière, sa nuque déchirée projetant du sang jusqu'au plafond de pierre, et ses hurlements ayant dû résonner jusqu'à Taygète. Theseus fit faiblement passer sa nouvelle acquisition dans sa main gauche, sentant que le choc lui avait démit l'épaule droite. Il claudiqua vers son adversaire encore à se débattre à terre, la hache serrée dans son poing gauche, son bras droit pendouillant mollement contre son flanc ensanglanté. Son visage avait perdu de sa jeunesse, devenu une mosaique de chair écorchée, brûlée et tuméfiée, un masque de colère blessée, l'incarnation du dégoût qu'il éprouvait depuis sa découverte, et de l'inexorable justice qui devait être appliquée.
Hairas se releva mais ses jambes finirent par flancher, et il resta agenouillé devant celui qui venait pour l'exécuter.
-Je vais te bouffer les entrailles et souiller ton âme! grogna-t-il, à bout de force, sa haine lui donnant toujours l'illusion qu'il pourrait se relever et combattre, son corps lui montrant l'inverse. Je vais t'écarteler pour t'offrir en pièces aux vents!
Theseus se planta face à lui, son visage crispé en un masque de mépris.
-Par le Trône, vous ne pouvez donc pas mourir en silence? lâcha-t-il.
Il leva la hache, et sans attendre de réponse ou autres insultes de la créature, l'abattit sur la blessure derrière sa nuque, achevant de briser les cervicales et de trancher la viande corrompue, la tête hirsute tombant lourdement à terre, suivie du reste du corps, brusquement privé de vie.
Lâchant l'instrument du châtiment impérial qu'il venait d'administrer, Theseus sentit la douleur et la fatigue l'assaillir et il tituba avant de succomber aux vertiges qui venaient obscurcir son esprit, et il s'écroula pesamment sur le dos dans un hoquet, ne sentant même plus la même douleur aigu lui vriller le dos, qu'une souffrance ténue et lointaine.
Il resta là à respirer profondément, fixant la voûte caverneuse, sa tête encore envahie par le stress des combats et la peur de la mort. Il mit cinq bonnes minutes à faire refluer cette panique martiale qu'un apprenti se devait de refouler si il voulait être digne de fouler les étoiles aux côtés de ses maîtres Astartes.
Il mit cinq autres minutes à user d'un des rites que leur tuteur leur avait appris pour calmer la douleur et regagner un maximum de force pour continuer.
Il se redressa lentement, et fit jouer son dos qui craqua de plus belle, le faisant vaguement grimacer, avant de considérer son épaule démise. Il se força à tendre le bras, prenant appui dessus, et plaqua son autre main sur l'épaule déboîtée, en respirant avec force, se préparant au choc. Trois inspirations plus tard, sans hésiter, il pesa de tout son poids et de toute sa force sur son articulation et serra les dents sans plus pousser qu'un grognement étranglé quand l'épaule se remboîta dans un craquement horrible et sourd. Il retomba sur le dos, sujet à une vague terrible de douleur sourde, reprenant un rythme de respiration plus calme, fermant les yeux en récitant un autres des rites d'apaisement.
Deux minutes passèrent et il se redressa, en faisant délicatement jouer son épaule meurtrie et son bras, puis avec de plus en plus de vigueur pour retrouver toute sa capacité. Satisfait, la douleur s'étant apaisée, Theseus se releva complètement et récupéra la hache trempant dans une large flaque de sang visqueux, juste devant la nuque tranchée d'Hairas.
Il fit jouer l'arme dans sa main droite, saisissant une branche enflammée de l'autre, s'enfonça dans un des boyaux adjacents sans se retourner, et s'éloigna de la pièce et des cadavres, se mettant en quête de retrouver l'ensemble de son matériel, ou à défaut une sortie pour pouvoir aller rapidement trouver le reste de son groupe, et leur rapporter sa terrible découverte.
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Magnifique !!
Bravo pour ces suites.
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Logan Grimnar Premier Capitaine - Messages : 1463
Age : 30
Localisation : Fenris, Asaheim, le Croc. (92)
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
LES ELEVES SE mirent en formation défensive en l'espace de dix secondes, Priap apprêtant son lance flammes, Laros à ses côtés en couverture derrière un tronc épais. Gonok, Persos et Kulios se déployèrent sur la gauche, derrière un rideau de rochers leur arrivant à hauteur de poitrine, comme des dents dépassant de la boue, Nektoos, Karios et Hukarios filant à l'opposé pour se mettre en ligne derrière un tronc abattu et pourrissant. Xanos et Qortos gardèrent la tête de la formation, à quelques pas de Priap et Laros, le jeune chef de groupe serrant fermement sa machette dans une main et la crosse de son fusil dans l'autre, prenant une position de défi, fermement campé sur ses jambes, le visage resplendissant d'une sauvage détermination.
Une nouvelle série de hurlements retentit et les adolescents levèrent leurs armes dans sa direction à l'unisson, pas un ne présentant l'once d'un début de peur. Les hautes fougères leur faisant face commencèrent à trembler de plus belle comme si un troupeau sauvage leur filait dessus à toute vitesse, et Xanos leva sa lame grossière pour leur indiquer de se préparer à l'attaque.
Avant même que le premier hostile ne franchisse le mur végétal qui les séparaient de leurs proies, trois tirs claquèrent et Nektoos tomba en arrière dans un grognement, une légère brume rougeâtre flottant à l'endroit où il s'était tenu une seconde avant, avant de se dissiper. Xanos poussa un cri rageur en abaissa sa machette en direction de ceux qui s'étaient clairement identifés comme des ennemis, et les élèves ouvrirent un feu discipliné. Nektoos, l'épaule gauche ravagée par le tir qui l'avait atteint se joignit à la fusillade, le visage tordu de colère et de douleur.
Une ombre massive se projeta dans un feulement diabolique des hautes fougères et fut aussitôt pulvérisée par les tirs pour retomber en un agglomérat de viande palpitante. Un cône de flammes grondantes vint consumer les premiers plans de fougères, carbonisant le rempart végétal, les restes du premier ennemi et deux autres qui s'écroulèrent à terre dans des hurlement de douleur.
Les balles achevaient de déchiqueter le décor en produisant une brume d'échardes, de feuilles éclatées et d'éclaboussures de sang.
Quatre formes humanoïdes s'élancèrent à leur tour derrière les cadavres des trois premiers arrivants, et trois parvinrent à traverser le rideau de feu mortel, la quatrième éclatant dans une grotesque explosion humide d'os et de viscères.
Xanos était le plus proche des trois ennemis qui fonçaient déjà vers lui, et ce qu'il vit le révulsa immédiatement.
Vêtus de lambeaux de tuniques rouges, dont certains arboraient encore à peine le symbole de la Caserne de Taygète, les assaillants étaient tous d'horribles monstres difformes aux traits bestiaux, certains ayant vu leur anatomie prendre des proportions improbables, d'autres semblant tous droits surgis des Enfers.
-Démons! hurla Qortos en épaulant son fusil pour cribler de balles la créature de tête.
-Purifiez les, mes frères! Par le feu et le sang, pour l'Empereur et Ses Enfants, repoussez l'engeance du Mal! s'époumona Priap en déployant une nouvelle langue de feu mortelle.
Xanos resta un moment pétrifié sur place alors que ses frères accentuaient leurs tirs, la précision d'un de ceux de Laros lui sauvant la vie en décapitant le démon qui s'élançait sur lui.
Il sortit immédiatement de sa torpeur, et à la grande surprise de ses camarades, un gémissement désastreux monta de sa gorge, tandis qu'il laissa tomber à terre son fusil et sa machette en reculant de quelques pas. La peur lui dévora les entrailles, et il sentit tout son corps frémir, se tendre au point de lui faire mal. Derrière lui Qortos lui hurla quelque chose qu'il n'entendit pas. De nouveau monstres arrivaient par groupes sans se soucier des tirs fatals qui emportaient leurs camarades les uns après les autres.
-Six contacts sur la gauche! hurla Kulios.
-Quatre sur la droite! ajouta Hukarios. Non, il y en a six de plus!
-Mais d'où sortent-ils tous? grogna Nektoos en partant se plaquer contre un tronc situé un peu plus en avant, se servant de son fusil d'une main, son autre bras à l'épaule meurtrie plaqué contre son torse.
Priap arriva à hauteur de Xanos mais au moment où il s'apprêtait à durement l'invectiver pour sa soudaine lâcheté, le jeune chef de groupe hurla de toutes ses forces et de toute sa haine, avant de se jeter en avant après avoir récupéré sa machette, les yeux exorbités, et massacra en l'espace de quelques secondes pas moins de cinq monstres, projetant tout autour de lui des giclées de sang noir, de lambeaux de chair et d'organes pulvérisés. Sans s'arrêter un seul moment de vociférer, comme si il extériorisait une haine refoulée depuis une éternité, il s'acharna sur ses ennemis, même une fois morts, et fit preuve d'une sauvagerie qui déconcerta totalement ses frères, dont certains s'arrêtèrent même de tirer.
Il s'élança, tout poisseux de sang, et étripa un autre monstre qui venait de fondre sur lui, avant de retourner sa machette pour l'enfoncer de moitié dans le poitrail d'un autre. La lame resta coincée, et Xanos se jeta dans l'instant qui suivit sur la créature pour la finir à mains nues, frappant de toutes ses forces le monstre tombé à la renverse, jusqu'à ce que ses poings ne traversent la peau et les os, éclatant la tête de son ennemi au sol, répandant sa matière cérébrale et une mare de sang aux alentours.
Priap profita qu'il se fut éloigné de sa ligne de mire pour réactiver son engin de mort, et incendia le point d'arrivée des ennemis par de lents allés retours latéraux, afin de couvrir un maximum de la zone hostile. Au bout de quelques instants durant lesquels la température avait affreusement augmenté, plus aucune créature ne fit son apparition, et Priap relâcha le bouton d'injection, ravalant la langue enflammée pour à nouveau tourner son attention vers Xanos.
Il sentit son estomac se nouer quand il constata que leur chef de groupe avait disparu, laissant sur place des reliquats de cadavres éparpillés, comme si on les avaient regroupés juste au dessus d'une bombe, repeignant le sol bourbeux et la végétation alentour d'un épais manteau de sang visqueux et d'entrailles frémissantes.
-2B, regroupement! Avec moi! appela-t-il en levant le poing, sans détourner les yeux de cet abominable spectacle.
Les huit autres élèves se rapprochèrent de lui assez rapidement, Laros en dernier, s'arrêtant seulement à un moment sur sa route pour délivrer le coup de grâce à un des monstres mourants.
Priap se tourna vers eux, et essuya la sueur de son front d'un revers de bras, avant de lâcher un soupir de soulagement après ce brusque combat, ses yeux grands ouverts dans lesquels on pouvait voir s'agiter la tension de la guerre et la fierté de s'en être tiré sans pertes, mais aussi la peur et le doute.
-Raport. demanda-t-il.
-Personne est touché à part Nektoos, frère. répondit Qortos en désignant du chef l'élève à l'épaule blessée. Où est Xanos?
-Je l'ai perdu. admit Priap. L'un de vous l'a-t-il aperçu?
Les élèves firent tous non de la tête, et Priap lâcha cette fois un soupir exaspéré.
-Que lui est il arrivé, par Terra? Pourquoi n'a-t-il pas attaqué? s'étonna enfin Karios, posant là la question que tous n'osaient pas formuler.
Priap lança un regard en biais à Qortos, le seul assez proche pour avoir vu la sauvagerie de ce qui s'était passé ensuite. Croisant celui de Laros en retour, il sut que le tireur taciturne avait lui aussi observé le macabre spectacle.
-Il n'a pas fui tout de même? s'offusqua Persos. C'est le plus vieux et le plus expérimenté d'entre nous!
-Quelque chose s'est emparé de lui. l'interrompit brutalement Laros. Quelque chose de mauvais.
Le jeune garçon d'ordinaire si silencieux était à la moitié de ses quinze années le plus vieux d'entre eux après Xanos. Et sans aucun doute le second prétendant au rang de leader. Ses yeux sombres recelaient une grande maturité et une grande force. Et autre chose, mais personne ne s'était déjà aventuré à vouloir en savoir plus, Laros étant de par son caractère quelqu'un qu'on respectait dans son choix de rester en retrait des autres.
Priap retourna sa phrase dans sa tête avant de gravement hocher de la tête.
-Il y a quelque chose ici, dans cette portion de la forêt qui n'est pas net. Ces...monstres, quoi qu'ils puissent être, ne devraient pas s'y trouver. Comment sont ils arrivés jusqu'ici, et que sont ils?
-De la même manière que nous mon frère. fit sombrement Laros avec un sourire en coin morbide. Et qui sont ils? Ils sont...nous.
Du bout du pied, il retourna violemment le démon qu'il avait achevé, et pointa du canon de son fusil une portion des haillons carmins dont était vêtue la créature. Il le posa exactement sur ce qui restait du blason de la Caserne de Taygète avant de replacer son regard abyssal dans celui de Priap, l'abjecte vérité leur sautant au visage, comme un bolt tiré à bout portant, et ils restèrent tous muets d'horreur. Tous sauf Laros qui accentua son sourire en coin en jetant un regard lointain par dessus son épaule, vers là d'où ils arrivaient.
Honorius eut la désagréable impression que le jeune homme le fixait de son regard obscur. Il savait.
Mais que savait-il d'autre?...
Une nouvelle série de hurlements retentit et les adolescents levèrent leurs armes dans sa direction à l'unisson, pas un ne présentant l'once d'un début de peur. Les hautes fougères leur faisant face commencèrent à trembler de plus belle comme si un troupeau sauvage leur filait dessus à toute vitesse, et Xanos leva sa lame grossière pour leur indiquer de se préparer à l'attaque.
Avant même que le premier hostile ne franchisse le mur végétal qui les séparaient de leurs proies, trois tirs claquèrent et Nektoos tomba en arrière dans un grognement, une légère brume rougeâtre flottant à l'endroit où il s'était tenu une seconde avant, avant de se dissiper. Xanos poussa un cri rageur en abaissa sa machette en direction de ceux qui s'étaient clairement identifés comme des ennemis, et les élèves ouvrirent un feu discipliné. Nektoos, l'épaule gauche ravagée par le tir qui l'avait atteint se joignit à la fusillade, le visage tordu de colère et de douleur.
Une ombre massive se projeta dans un feulement diabolique des hautes fougères et fut aussitôt pulvérisée par les tirs pour retomber en un agglomérat de viande palpitante. Un cône de flammes grondantes vint consumer les premiers plans de fougères, carbonisant le rempart végétal, les restes du premier ennemi et deux autres qui s'écroulèrent à terre dans des hurlement de douleur.
Les balles achevaient de déchiqueter le décor en produisant une brume d'échardes, de feuilles éclatées et d'éclaboussures de sang.
Quatre formes humanoïdes s'élancèrent à leur tour derrière les cadavres des trois premiers arrivants, et trois parvinrent à traverser le rideau de feu mortel, la quatrième éclatant dans une grotesque explosion humide d'os et de viscères.
Xanos était le plus proche des trois ennemis qui fonçaient déjà vers lui, et ce qu'il vit le révulsa immédiatement.
Vêtus de lambeaux de tuniques rouges, dont certains arboraient encore à peine le symbole de la Caserne de Taygète, les assaillants étaient tous d'horribles monstres difformes aux traits bestiaux, certains ayant vu leur anatomie prendre des proportions improbables, d'autres semblant tous droits surgis des Enfers.
-Démons! hurla Qortos en épaulant son fusil pour cribler de balles la créature de tête.
-Purifiez les, mes frères! Par le feu et le sang, pour l'Empereur et Ses Enfants, repoussez l'engeance du Mal! s'époumona Priap en déployant une nouvelle langue de feu mortelle.
Xanos resta un moment pétrifié sur place alors que ses frères accentuaient leurs tirs, la précision d'un de ceux de Laros lui sauvant la vie en décapitant le démon qui s'élançait sur lui.
Il sortit immédiatement de sa torpeur, et à la grande surprise de ses camarades, un gémissement désastreux monta de sa gorge, tandis qu'il laissa tomber à terre son fusil et sa machette en reculant de quelques pas. La peur lui dévora les entrailles, et il sentit tout son corps frémir, se tendre au point de lui faire mal. Derrière lui Qortos lui hurla quelque chose qu'il n'entendit pas. De nouveau monstres arrivaient par groupes sans se soucier des tirs fatals qui emportaient leurs camarades les uns après les autres.
-Six contacts sur la gauche! hurla Kulios.
-Quatre sur la droite! ajouta Hukarios. Non, il y en a six de plus!
-Mais d'où sortent-ils tous? grogna Nektoos en partant se plaquer contre un tronc situé un peu plus en avant, se servant de son fusil d'une main, son autre bras à l'épaule meurtrie plaqué contre son torse.
Priap arriva à hauteur de Xanos mais au moment où il s'apprêtait à durement l'invectiver pour sa soudaine lâcheté, le jeune chef de groupe hurla de toutes ses forces et de toute sa haine, avant de se jeter en avant après avoir récupéré sa machette, les yeux exorbités, et massacra en l'espace de quelques secondes pas moins de cinq monstres, projetant tout autour de lui des giclées de sang noir, de lambeaux de chair et d'organes pulvérisés. Sans s'arrêter un seul moment de vociférer, comme si il extériorisait une haine refoulée depuis une éternité, il s'acharna sur ses ennemis, même une fois morts, et fit preuve d'une sauvagerie qui déconcerta totalement ses frères, dont certains s'arrêtèrent même de tirer.
Il s'élança, tout poisseux de sang, et étripa un autre monstre qui venait de fondre sur lui, avant de retourner sa machette pour l'enfoncer de moitié dans le poitrail d'un autre. La lame resta coincée, et Xanos se jeta dans l'instant qui suivit sur la créature pour la finir à mains nues, frappant de toutes ses forces le monstre tombé à la renverse, jusqu'à ce que ses poings ne traversent la peau et les os, éclatant la tête de son ennemi au sol, répandant sa matière cérébrale et une mare de sang aux alentours.
Priap profita qu'il se fut éloigné de sa ligne de mire pour réactiver son engin de mort, et incendia le point d'arrivée des ennemis par de lents allés retours latéraux, afin de couvrir un maximum de la zone hostile. Au bout de quelques instants durant lesquels la température avait affreusement augmenté, plus aucune créature ne fit son apparition, et Priap relâcha le bouton d'injection, ravalant la langue enflammée pour à nouveau tourner son attention vers Xanos.
Il sentit son estomac se nouer quand il constata que leur chef de groupe avait disparu, laissant sur place des reliquats de cadavres éparpillés, comme si on les avaient regroupés juste au dessus d'une bombe, repeignant le sol bourbeux et la végétation alentour d'un épais manteau de sang visqueux et d'entrailles frémissantes.
-2B, regroupement! Avec moi! appela-t-il en levant le poing, sans détourner les yeux de cet abominable spectacle.
Les huit autres élèves se rapprochèrent de lui assez rapidement, Laros en dernier, s'arrêtant seulement à un moment sur sa route pour délivrer le coup de grâce à un des monstres mourants.
Priap se tourna vers eux, et essuya la sueur de son front d'un revers de bras, avant de lâcher un soupir de soulagement après ce brusque combat, ses yeux grands ouverts dans lesquels on pouvait voir s'agiter la tension de la guerre et la fierté de s'en être tiré sans pertes, mais aussi la peur et le doute.
-Raport. demanda-t-il.
-Personne est touché à part Nektoos, frère. répondit Qortos en désignant du chef l'élève à l'épaule blessée. Où est Xanos?
-Je l'ai perdu. admit Priap. L'un de vous l'a-t-il aperçu?
Les élèves firent tous non de la tête, et Priap lâcha cette fois un soupir exaspéré.
-Que lui est il arrivé, par Terra? Pourquoi n'a-t-il pas attaqué? s'étonna enfin Karios, posant là la question que tous n'osaient pas formuler.
Priap lança un regard en biais à Qortos, le seul assez proche pour avoir vu la sauvagerie de ce qui s'était passé ensuite. Croisant celui de Laros en retour, il sut que le tireur taciturne avait lui aussi observé le macabre spectacle.
-Il n'a pas fui tout de même? s'offusqua Persos. C'est le plus vieux et le plus expérimenté d'entre nous!
-Quelque chose s'est emparé de lui. l'interrompit brutalement Laros. Quelque chose de mauvais.
Le jeune garçon d'ordinaire si silencieux était à la moitié de ses quinze années le plus vieux d'entre eux après Xanos. Et sans aucun doute le second prétendant au rang de leader. Ses yeux sombres recelaient une grande maturité et une grande force. Et autre chose, mais personne ne s'était déjà aventuré à vouloir en savoir plus, Laros étant de par son caractère quelqu'un qu'on respectait dans son choix de rester en retrait des autres.
Priap retourna sa phrase dans sa tête avant de gravement hocher de la tête.
-Il y a quelque chose ici, dans cette portion de la forêt qui n'est pas net. Ces...monstres, quoi qu'ils puissent être, ne devraient pas s'y trouver. Comment sont ils arrivés jusqu'ici, et que sont ils?
-De la même manière que nous mon frère. fit sombrement Laros avec un sourire en coin morbide. Et qui sont ils? Ils sont...nous.
Du bout du pied, il retourna violemment le démon qu'il avait achevé, et pointa du canon de son fusil une portion des haillons carmins dont était vêtue la créature. Il le posa exactement sur ce qui restait du blason de la Caserne de Taygète avant de replacer son regard abyssal dans celui de Priap, l'abjecte vérité leur sautant au visage, comme un bolt tiré à bout portant, et ils restèrent tous muets d'horreur. Tous sauf Laros qui accentua son sourire en coin en jetant un regard lointain par dessus son épaule, vers là d'où ils arrivaient.
Honorius eut la désagréable impression que le jeune homme le fixait de son regard obscur. Il savait.
Mais que savait-il d'autre?...
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Salut les aminches! Bon une semaine que j'ai pas posté la suite, vous en faites pas c'est pas par manque d'inspiration.
Les raisons étant les suivantes:
1) remise en route de mon forum RP/fluff/romans wh40k Obscurae Librarium qui a hiberné depuis trop longtemps... Donc pas mal de boulot entre la remise en marche, le rafraîchissement, et le recrutement de nouveaux membres...
2) je dois apporter plusieurs corrections au présent roman, notamment des noms qui ont changés, des passages que je veux enlever, et les grades de Praetors qui ont changé.
Bref, pas de panique, je reviens bientôt, très bientôt, et peut être même avec un bonus!
Les raisons étant les suivantes:
1) remise en route de mon forum RP/fluff/romans wh40k Obscurae Librarium qui a hiberné depuis trop longtemps... Donc pas mal de boulot entre la remise en marche, le rafraîchissement, et le recrutement de nouveaux membres...
2) je dois apporter plusieurs corrections au présent roman, notamment des noms qui ont changés, des passages que je veux enlever, et les grades de Praetors qui ont changé.
Bref, pas de panique, je reviens bientôt, très bientôt, et peut être même avec un bonus!
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Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
Continue l'ami. Toujours un plaisir de te lire.
Leman Russ Maître de Guerre - Messages : 5839
Age : 54
Localisation : Finistère Sud
Re: [ROMAN 40K] C.O.E.- La Croisade Maudite -Livre I: Egorgeurs des Cieux
C'est clair que c'est toujours beau à lire et j'irais faire un tour sur ton Forum pour voir ce qu'il vaut
Codex Raven Guard
Corax Maître de Guerre - Messages : 6772
Age : 46
Localisation : Délivrance / Lorraine
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