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[ROMAN 40K] C.O.E. -Les Croisés - Tome I - Ùtlendr

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Message par Turielo Ven 26 Oct 2012 - 20:41

AVANT PROPOS:


A l'origine le Livre III de mes Chroniques de l'Ordre de l'Epée, "Ùtlendr" (qui signifie "étranger" en vieux norrois) est une première pour moi, car sera rédigé en récit à la première personne (hors introduction).
L'histoire débute juste après le Désastre de Nubia et présentera principalement mes Futharks, des apparitions de mes Repnters, et il y aura de premiers éléments concrets sur ce fameux Désastre de Nubia (avis à ceux qui ont participé au RP sur DoWII!!)
Le fameux Désastre de Nubia devait auparavant être narré dans les Livres I & II, mais au final je préfère donner des éléments par ci par là avant d'y consacrer plus tard un véritable récit. Ainsi, les Chroniques de l'Ordre de l'Epée commenceront directement au lendemain du conflit, avec ce présent récit.

Pourquoi enchaîner si vite, alors que le roman "Egorgeurs de Cieux" n'est pas achevé et que "Pour l'Empereur Malgré Lui" n'est pas finalisé? Eh bien dans un premier temps, ces deux derniers nécessitent plus de modifications que prévu, depuis que j'ai entièrement revu mon fanfluff et que voulant me rapprocher au mieux du fluff officiel, certaines choses doivent être changées pour coller avec l'univers. Ces modifications mettront donc du temps car je tiens à livrer un travail complet et définitif, au mieux de mes capacités. De plus je tiens à présent à respecter ma trame chronologique (exception faite donc de l'évènement déclencheur, à savoir le Désatre de Nubia, qui fera l'objet d'une oeuvre à part) et en cela, je travaillerai mes romans un à un en suivant la trame, et non comme jusqu'ici en narrant des périodes au pif.

Ùtlendr constitue pour le moment ce que je considère comme le premier de mes travaux le plus abouti et peaufiné. J'espère que l'effort s'en ressentira et que l'histoire vous plaira.

Notes:
-Le titre peux venir à changer, le vieux norrois (langage des vikings pour les néophytes) étant une langue morte et pas très étudiée, donc son vocabulaire traduit est très changeant suivant mes sources. Je cherche encore l'exacte traduction d'"étranger" (en tant que personne, non en tant que concept de terre lointaine).
-L'écriture de ce roman se faisant avant tout sur mon forum d'Obscurae Librarium, et dans cette volonté d'offrir un bon rendu de travail, je posterai les différentes parties chaque samedi.

Bonne lecture!



Dernière édition par Turielo le Sam 8 Juin 2013 - 14:32, édité 3 fois


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Message par Turielo Ven 26 Oct 2012 - 20:55

Nous sommes à l'aube du quarante deuxième millénaire.
Le Secteur Mythos, dans le Segmentum Obscurus fait face à une période de crise. Le Gouverneur Sectoriel, Ulrich Galvinius, est de plus en plus menacé par des factions n'approuvant plus sa position. En tête de celles ci, le Seigneur Baron-Minier Harko Atrid, régnant sur le Sous Secteur Nebulae dans lequel il possède un véritable empire commercial. Le Baron-Minier a su au fil des ans s'entourer de nombreux alliés de poids et beaucoup spéculent quant à son désir de renverser Galvinious pour prendre sa place.
Dans le même temps, la récente guerre qui secoua le Secteur voisin, Gala, menace les frontière de Mythos, les raids pirates, incursions xenos et invasions du Chaos s faisant de plus en plus fréquentes. Le point culminant de la guerre gallienne fut sans aucun doute le Désastre de Nubia, qui prit place dans le sous secteur Finalis. Lors de cet ultime conflit, d'immenses armées se confrontèrent violemment, et le paroxysme de la guerre se trouva être un conflit fratricide entre deux puissants Inquisiteurs.
L'un d'eux, le Seigneur Inquisiteur Nilkas Turielo, s'est depuis longtemps établi en Mythos où il dirige avec d'autres puissants seigneurs le très controversé Ordre de l'Epée.
Cet Ordre vivement critiqué pour ses idées et ses méthodes est une alliance officieuse entre différentes puissances du Secteur Mythos. Mais au lendemain de Nubia, sa participation à la guerre gallienne déclencha une vague de méfiance et le Seigneur Inquisiteur Heiklimer ordonna une mission spéciale pour déterminer si l'Ordre est ou non un foyer d'hérésie.
A l'heure où le Gouvernement Sectoriel se débat dans une lutte de pouvoir, un conflit bien plus grave se développe dans l'ombre, et son dénouement pourrait très déclencher un des conflits les plus dévastateurs du moment dans tout l'Imperium...

Voici l'histoire mouvementée de ces hommes et femmes qui luttent contre leurs semblables pour survivre dans un système de plus en plus radical, tout en continuant de défendre le royaume de l'Empereur-Dieu contre les menaces de plus en plus grandissantes qui attendent aux frontières du Secteur.




Un an après le Désastre de Nubia


Dernière édition par Turielo le Ven 26 Oct 2012 - 21:00, édité 1 fois


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Message par Turielo Ven 26 Oct 2012 - 20:55

PROLOGUE:

L'AUBE SE LEVAIT lentement, une lueur orange sale et chaude se répandant doucement sur l'immensité citadine de la ruche d'Aurora, sinuant comme un serpent pestiféré entre les béhémoths de pierre et de verre qui se dressaient par centaines de milliers, tendant leur masse crasseuse vers le ciel chargé de nuages toxiques, comme autant de géants figés dans un dernier espoir d'en crever la surface pour pouvoir respirer. Il régnait déjà une chaleur étouffante, la nuit trop courte pour avoir pu apaiser les effets d'un effet de serre entretenu depuis des millénaires par les vastes étendues d'industries, les tentacules gangrénés des bas fonds charriant leurs maladies, leurs gaz et leurs lots de déjections.
Le clerc plissa légèrement les yeux pour pouvoir s'accoutumer à cette nouvelle luminosité lorsque les rayons malades de Caelestis vinrent étreindre les flèches décrépies de l'église, vestige du passé rongé par la pollution, perché au dessus de plusieurs centaines de mètres de ruines d'immeubles à l'abandon depuis des temps immémoriaux.
L'homme leva une main pour en appuyer lentement la paume ouverte sur l’épaisse vitre blindée devant laquelle il se tenait, sentant bientôt une douce chaleur s'y répandre, alors que l'astre éveillé achevait de jeter sa lumière glauque sur l'immensité de la ville. La face occidentale de Fortis Hexx embrassa le jour nouveau et bientôt ses rues déjà grouillantes des équipes de nuit et des vagabonds seraient envahies par des légions d'ouvriers se rendant au travail comme des automates, la mine grise et les yeux hagards, sous le regard impitoyable des représentants de la volonté de l'Empereur.
Alors qu’il observait le jour se lever sur Aurora, il considéra un instant son reflet dans la baie vitrée, sa stature moyenne perdue dans les pans de sa bure écrue, son visage entre deux âges, aux traits minces, presque juvéniles, si on exceptait ces quelques rides qui commençaient à s’y faufiler. Inconsciemment, comme si il se voyait pour la première fois, il se passa une main sur ses joues rasée de frais, avant de remonter vers ses cheveux blonds dont les courtes mèches dorées tombaient sur les contours de son visage en produisant de petites boucles. Il se considéra pensivement, son reflet lui renvoyant son propre regard aux reflets azurs, ses yeux cernés, fatigués par toute une vie d’écrits et de travaux pour le compte du puissant Adeptus Ministorum. Il voyait poindre sur son faciès les premières affres du temps, gommant peu à peu sa jeunesse, marquant ses traits pour y effacer son innocence. Normalement, le prêtre aurait déjà dû se trouver devant l'autel pour accueillir les nombreux travailleurs de la zone Commercia 30B-4, mais il savait qu'un autre avait pris sa place et dirigeait en ce moment même la prière du matin, déclamant ses sermons au rythme de balancier de son encensoir. A cette pensée, le clerc laissa ses yeux descendre sur son autre main qui tenait un livre relié de cuir et fermé par un clapet en métal argenté, et un morceau de papier jaunâtre, ou une écriture nerveuse et élancée avait été griffonnée à la hâte. Un ensemble de mots qui avaient scellé son destin quelques heures à peine auparavant.

***

Il avait été convoqué par le Diacre en personne, très tôt dans la soirée, et le temps de s'engouffrer dans la Commercia pour rejoindre l'aile de transition, en zone 15A-2, une bonne partie de la nuit était déjà passée. A bord de la voiture délabrée et agitée de toussotements gras qui l'amenait à sa destination, il n'avait eu de cesse de se demander ce que lui voulait le saint homme en cette soirée hivernale, alors qu'il était revenu depuis déjà quatre mois.
Ses rapports avaient tous été remis depuis un moment aux autorités, et même les services du Gouverneur avaient approuvé son retour, et accusé réception de son travail. Il s'en était retourné vers sa petite église sans histoires de la Commercia, tout en laissant le passé derrière lui.
Et voilà que le vieux Seculos le faisait à nouveau mander. Lui même qui l'avait déjà tiré de sa routine mécanique pour l'envoyer là bas, avec une poignée d'autres clercs piochés dans divers endroits de Fortis Hexx, l'éloignant de ses ouailles et de sa sainte tâche pendant presque un an. Seculos était le plus proche agent du Cardinal Pontius, ce dernier dirigeant les affaires du Ministorum sur tout Fortis Hexx, mais également dans tout Mythos après qu'il fut désigné par le Gouverneur Galvinius lui même, et le Diacre avait mis tout son cœur à la tâche, jusqu'à s'attirer les bonnes faveurs de son maître. Il n’était pas amis, loin de là, mais tout le monde s'accordait à dire que lorsque Pontius décrétait un ordre, Seculos devait lui en avoir soufflé la majeure partie.
Cela ferait deux fois à présent que le prêtre de la Commercia allait se retrouver devant le Diacre, et l'idée de devoir à nouveau se tenir devant une personne avec autant de puissance lui donnait la nausée, lui qui se sentait tellement insignifiant à tenir une simple petite église à l'état plus proche de ruines que de sanctuaire sacré.
Son transporteur ronfla de plus belle avant de se stabiliser de manière relativement précaire, près d'un des longs ponts suspendus, enjambant les profondes précipices séparant les bâtiments, creusant des crevasses obscures au dessus desquelles se jetaient nombre de ponts et de passerelles, entre lesquelles slalomaient les plus intrépides - ou pressés - des habitants à bord de navettes de transport d'un autre âge, et ou fond desquelles s'entassaient la population la plus pauvre, dont beaucoup de légende entouraient leur misérable vie, les dépeignant comme un ramassis de mutants, dépouillés de toute humanité et abandonnés à la fange sans que personne ne s'en fasse.
Le taxi laissa le clerc à l'entrée de la zone de transition, et l'homme s'engouffra dans la masse d'habitants à la démarche morbide, à l'allure erratique, ne valant guère mieux qu'une horde de zombies, leur force et leur moral écrasé par d'interminables journées de labeur. Le prêtre parvint à l'un des nombreux guichets et sélectionna sa destination, en essayant de ne pas tenir compte de la chose en haillons recroquevillée à côté de l'appareil à tickets assailli par la rouille. Il n'aurait même pas su dire si l'individu quel qu'il soit était encore vivant. Agrippant le morceau de papier recyclé sur lequel s'affichait sa destination et son droit de passage, il repartit d'un pas pressé vers sa prochaine navette, et s'autorisa un soupir de soulagement en apercevant son transporteur, un engin plus récent et en bien meilleur état. Un homme à la combinaison d'un jaune délavé, mal rasé et au visage souillé de sueur et de poussière l'accueillit d'un hochement de tête sans émotion, lui prit le ticket d'un geste mécanique et assimila la destination. Il grommela au clerc de prendre place dans la navette, et le taxi poussa un court rugissement avant de se mettre en route hors de la Commercia, vers la Strate Imperator Maximus, là où l'attendait le Diacre et où se dressait l'imposante Cathédrale du Juste, pivot local de la foi, et bastion du Cardinal Pontius.

Le voyage fut court et sans encombre et se facilita grandement lorsque son pilote s'engagea dans les voies sécurisées du quartier de l'Ecclésiarchie, auxquels seuls les membres de Ministorum avaient accès, ainsi que la haute noblesse et les officiels détenant une autorisation en bonne et due forme. Le changement entre la Commercia et ici était saisissant, et la beauté des lieux explosa au visage du prêtre une fois de plus, ses bâtiments d'un blanc ivoire rehaussés de dorures entrelacées, ses allées pavées et bordées de bancs de fleurs sauvages, ses tours irradiant de l'immortelle gloire de l'Empereur, le calme béni dans les parcs du sanctuaire... C'était un petit coin de paradis perdu au beau milieu du cauchemar qu'était le reste de la cité ruche qui avait grignoté durant des millénaires toute la portion est du deuxième continent de Fortis Hexx, et se résumait à des milliers de kilomètres carrés d'habitations insalubres, d'industries aux émanations mortelles et de rues grouillant d'une population laissée à un désespoir total, tout agglutiné l'un sur l'autre. L'homme taciturne le lâcha devant le portail doré de la Cathédrale, encaissa le paiement et repartit, sans jamais adresser plus qu'un grognement au clerc.
Accueilli par un serviteur au corps décharné enchâssé sur une paire de chenilles grossières, et fut dirigé vers l'entrée de la Cathédrale réservée aux prêtres, où l'attendait un agent du Diacre, un homme en bure noire, capuche rabattue sur son visage, et aux mains enfoncées dans ses manches, lugubre comme un spectre. Le clerc le suivit sans un mot dans les longs dédales de la partie privée de l'édifice majestueux consacré à la gloire de l'Empereur. Il reconnut ci et là quelques points de passage de sa précédente visite, mais savait pertinemment que seul un habitué pouvait s'y retrouver, l'arrière de la Cathédrale pareil à un labyrinthe sans fin. Progressivement ils s'élevaient dans les niveaux de la Cathédrale, le clerc apercevant parfois au travers de vitraux l'intérieur de la gigantesque nef qui accueillait chaque jour les milliers de fidèles venant des hautes sphères de Fortis Hexx, des familles nobles au gouvernement en passant par les plus fortunés pouvant s'offrir un des bancs très prisé de la Cathédrale contre une somme exorbitante. Le sol pavé de dalles blanches et noires lustrées et polies, organisées en damiers, réfléchissait l'image somptueuse des gigantesques statues d'or et d'argent représentant les saints de l'Imperium, les glorieux Primarques et, surplombant toute l'étendue de la nef, s'élevant de derrière l'autel de marbre rosé, ouvrant ses bras dans un geste bienveillant et au regard à la fois sévère et attentif, la statue de l'Empereur Dieu veillait sur l'assemblée. A sa seule vue, le clerc pressa ses mains sur sa poitrine, pouces joints et paumes ouvertes, faisant avec ferveur le signe de l'aquila devant tant de splendeur.
L'agent du Diacre l'arracha à sa béatitude en lui indiquant une lourde porte de bois ferré, entourée par deux gardes du Ministorum parfaitement immobiles. Le clerc cligna des yeux, sentant un calme étrange instauré au plus profond de lui par la vue de la statue de l'Empereur se volatiliser brusquement, et il remercia sèchement l'agent d'un hochement de tête avant d'aller rejoindre la porte.
Il n'eut aucun besoin de frapper, car chacun des gardes agrippa de façon synchrone une poignée de la porte pour la lui ouvrir. Le clerc entra dans une petite pièce sombre, dans laquelle la lueur tremblotante des chandelles révélait des masses de parchemins et de vieux grimoires entassés un peu partout, sur lesquels la poussière s'accumulait depuis longtemps. Un monumental bureau se dressait au beau milieu de la chambrée, lui aussi encombré d'une multitude d'écrits et d'objets cléricaux. Une mince silhouette rabougrie se tenait derrière le bureau, de dos, son corps ramassé couvert d'un lourd manteau bordeaux bordé d'une fourrure grise et sale qui un jour peut être avait pu être blanche. La silhouette se retourna lentement, un visage aux rides parcheminées lui adressant un sourire édenté tandis que de gros implants oculaires bourdonnaient en se focalisant sur lui. Le Diacre s'avança en boitillant, s'appuyant d'une main osseuse sur une canne de bois noueux, de l'autre sur les pourtours de son bureau démesuré. Sa tête aux rares mèches de cheveux argentés était surmontée d'une haute toque avachie sur l'avant, de la même couleur que son lourd manteau rapiécé, et sur laquelle était cousue l'héraldique de l'Adeptus Ministorum. Il avançait à pas traînants, respirant avec difficulté en produisant des petits bruits de succions, comme ferait un asthmatique sur le point d'avoir une crise, et le clerc plissa le nez lorsqu'il fut assailli par une odeur corporelle rance, comme celle d'une viande restée trop longtemps dans une cave humide.
En tremblotant comme s'il allait tomber en avant pour ne jamais se relever, le Diacre lâcha son bureau pour jeter sa main qui alla agripper celles du clerc, son autre patte difforme se crispant sur la canne pour trembler de plus belle. Il serra les mains de son visiteur - à moins que ses tremblements le fassent pour lui, se dit ce dernier - et gargouilla d'une voix chevrotante ce que le clerc mit plusieurs secondes à décrypter comme un message de bienvenue.
-Vous voilà donc mon cher frère! articula-t-il en lançant ses optiques grossiers vers le regard gêné du prêtre.
-Selon votre demande, monseigneur Diacre. répondit-il. Je suis venu dès que j'ai reçu votre billet.
-C'est bien aimable à vous, frère, mon vieil âge ne supporte plus tellement l'attente, vous savez... gloussa Seculos. Le clerc ne put s'empêcher de penser que c'était sûrement le caractère même du Diacre qui ne supportait pas le retard, sachant comme tout un chacun que Seculos avait horreur d'être contrarié.
-Et j'en attends encore davantage de vous. continua le Diacre. L'Empereur a encore besoin de vos services, mais dans l'immédiat le plus absolu, c'est le Cardinal Pontius qui en a fait la demande, en accord avec certaines hautes instances de la sécurité impériale. Votre travail sur le Désastre de Nubia est loin d'être terminé, clerc!
-Mais... J'ai pourtant rendu dans les temps l'ensemble de mes notes et travaux sur les procès et la purge d'Eris, monseigneur... se défendit le clerc.
-Non, non, je me moque de cela, mon frère, ce travail était une broutille! caqueta Seculos en agitant une main dédaigneuse, avant de tenter un quart de tour bancal sur lui même pour rejoindre son bureau. Le clerc laissa échapper un soupir de soulagement en soutenant le bras du Diacre pour l'aider à rejoindre son fauteuil où le haut prêtre s'effondra en poussant un grognement rauque.
-Ce ... Ce travail que vous avez rendu aux autorités... continua Seculos, le souffle court, en agrippant une timbale cabossée de ses doigts crochus. Ce travail n'était qu'un compte rendu des procès et de leurs conséquences. C'était...une formalité. Et vous l'avez brillamment complété. Ce que je vais vous demander est d'une autre importance.
Le clerc laissa un moment au Diacre pour qu'il puisse boire à son gobelet, ses tremblements de vieillard en laissant échapper la moitié du contenu au sol. Seculos laissa échapper le récipient vide sur son bureau et agrippa un dossier relié par une chainette d'argent frappée d'un Aquila. Le clerc frémit lorsqu'il reconnut le symbole de l'Inquisition agrippé dans les serres de l'aigle bicéphale impérial. Il se reprit quand Seculos le lui jeta à la figure, ayant probablement voulu lui passer moins brusquement avant que ses secousses ne le lui laisse échapper, et écouta le Diacre reprendre ses explications, tout en ouvrant le dossier pour en parcourir le contenu.
-Cette demande m'a été envoyée par la cellule du Seigneur Inquisiteur Hustar Heiklimer. Vous vous rappelez sûrement de lui n'est ce pas?
-Monseigneur Heiklimer a présidé les procès sur Nubia et châtié personnellement la plupart des coupables, peu de temps avant d'en confier la garde à un de ses adeptes et à deux régiments de la Garde Gallienne. Un homme méthodique, patient et à la foi indiscutable.
-Et également un curieux à ses heures perdues. l'interrompit Seculos en opinant du chef. Heiklimer a accordé un intérêt très particulier à certains des accusés lors des procès, en particuliers à ceux touchant de près ou de loin l'Ordre de l'Epée.
-Il a en effet rédigé un certain nombre de rapports concernant uniquement l'Ordre. confirma le clerc. Rien de bien poussé mais il y pose nombre de questions... Ce dossier en comporte d'ailleurs un extrait.
-Et quel est-il? l'encouragea à poursuivre le Diacre.
-"Étude des mondes Futharks". lu le clerc. Ça a plutôt l'air d'une ébauche, principalement des notes et des observations faites durant les procès...
-Il conviendrait donc de finir le travail, n'est ce pas? fit Seculos en laissant son ton assez vague pour que le clerc commence à comprendre ce qui se tramait.
Il feuilleta nerveusement le feuillet avant de lever vers son supérieur un regard où se mêlaient surprise, crainte et agacement.
-Qu'est ce que tout cela a à voir avec moi? demanda-t-il.
-Lors de votre arrivée sur Fortis Hexx, vous vous êtes présenté à mon service en tant que prêtre et savant. Anthropologue et historien, ce qui vous a valu par le passé d'effectuer des travaux de commémorateur. Et ce qui par la suite m'a amené à vous sélectionner pour assister aux procès de Nubia. Croyez vous sincèrement que vos travaux n'ont pas été remarqués?
-Mon rapport était tout ce qu'il y a de plus classique... affirma le clerc en sentant son ventre se nouer.
-Votre foutue modestie vous perdra, mon ami! s'exclama Seculos avant d'être pris d'une violente quinte de toux qui lui fit cracher des postillons gras et jaunes. Il s'essuya d'un revers de manche avant de poursuivre, sa voix chevrotante devenue rauque et râpeuse.
-Vos observations remarquables ont été l'une des principales bases d'Heiklimer dans son travail définitif. Mais étant occupé par sa situation d'Inquisiteur, il ne peut pas poursuivre son travail convenablement. C'est pour cela qu'il à mandé des savants pour l'aider dans sa tâche, et c'est pour cela que vous êtes ici. Ces extraits que vous tenez ici sont une infime partie de son immense labeur. Votre travail consistera à compléter ce dossier, en étudiant les Futharks et tout ce qui les touche de près ou de loin.
Littéralement assommé par la nouvelle, tout autant que par la reconnaissance qu'avait reçu son travail, le clerc resta un moment bouche bée, sans savoir quoi dire. Seculos se tourna sur son fauteuil en le faisant grincer - à moins que ce soit lui même qui grinça de telle façon, réussi à penser le clerc - et le fixa droit dans les yeux, ses implants bourdonnants arrivant même à retranscrire tout le sérieux de la situation.
Le clerc déglutit avec difficulté et hocha la tête lentement, tout tremblant et ému qu'il était.
-Mon seigneur, je jure par le Trône que ce travail est une véritable bénédiction pour moi, et que je suis profondément honoré de pouvoir l'effectuer...
-Mais quoi? l'interrompit le Diacre.
- Comment puis-je effectuer pareil travail? Nous ne disposons pas de suffisamment de livres sur les Futharks ici, si tant est qu'il y en ait seulement un, et chercher un natif du système Yggdrasil ici même représenterait un défi en plus d'une considérable perte de temps!...
-C'est bien pour cela que vous irez effectuer votre étude directement chez eux, mon cher! lâcha Seculos en ricanant.
Le clerc fut tellement estomaqué par l'ordre et ce qu'il impliquait, qu'il ne prononça plus un seul mot durant toute la suite de l'entretien.

***

"Votre devoir envers l'Empereur est loin d'être fini."
Ces quelques mots griffonnés à la hâte, et précédent l'heure du rendez vous avec le Diacre étaient presque insignifiants mais le clerc y voyait s'afficher clairement tout le bouleversement qu'ils avaient apporté à son destin.
La suite de l'entretien avec son maître avait consisté en un long monologue du saint homme qui lui avait exposé les détails de sa mission. Avant de le congédier, le Diacre lui avait remis cet épais journal aux pages de vélin encore vierges, le lui présentant à la fois comme un cadeau de sa part, et comme son principal outil de travail pour les temps à venir.
Quitter Fortis Hexx une fois de plus. Le clerc ne savait pas si il devait s'en réjouir ou non, appréhendant la durée de la mission qui lui avait été confiée. Il attendait depuis une vingtaine de minutes interminables devant la baie vitrée surplombant l'astroport, observant l'éveil morne de cette cité ruche qu'il exécrait tout autant qu'il l'aimait en tant que maison. Ses préparatifs furent achevés en à peine une heure, son remplaçant l'ayant aidé avec attention. Ce jeune prêtre tout juste intronisé lui avait juré qu'il prendrai grand soin des milliers de fidèles qui chaque jour venaient en quête de réconfort auprès de l'Empereur, et le clerc s'était senti terriblement triste de les abandonner, tout en ayant une confiance absolue en ce jeune homme qui veillerait sur eux à sa place.
La navette qui allait l'emporter loin de chez lui ne garderai pas à partir, et le clerc inspira profondément en accordant un dernier regard aux étendues froides et inhospitalières d'Aurora, comme s'il tentait d'imprimer le triste décor au plus profond de sa mémoire, convaincu que cette fois, il ne reviendrait jamais.
Un docker en bleu de travail immonde vint le trouver pour lui annoncer le départ imminent de la navette du Ministorum et le clerc le suivit sans un regard en arrière, le cœur lourd, l'âme en peine et l'esprit déjà tout fébrile à l'idée de partir vers l'inconnu.
En s'engageant dans la frêle navette à la carlingue roussie, le clerc serra dans ses doigts le petit aquila d'argent qui lui avait été offert il y à tant d'années lors de son arrivée sur Fortis Hexx et murmura une prière de bénédiction pour le sol qu'il quittait et toutes les âmes meurtries qui le foulaient.












ASSIS SUR UN banc grillagé inconfortable, le clerc ferma les yeux pour mieux ressentir les vibrations du cargo civil délabré qui se préparait à embrasser les immensités du Warp pour le mener dans le lointain système d'Yggdrasil. Lorsqu'il les rouvrit, il les baissa sur le journal neuf qui reposait sur ses genoux, symbole à lui seul de l'importance de sa tâche. Il en éprouva les contours de cuir rugueux du bout des doigts et sentit poindre une hésitation mêlée d'excitation lorsqu'ils se posèrent sur le fermoir d'argent.
Il l'ouvrir délicatement et en effleura la première page vide du plat de la main, son cerveau déjà saturé de milliers de questions, réflexions et craintes.
Ses doigts attrapèrent lentement son électroplume de cuivre et après une ultime hésitation, il fit glisser la pointe avec souplesse sur le vélin soyeux, traçant les premières lignes de son ouvrage le plus important.


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Message par Corax Sam 27 Oct 2012 - 19:37

Un très bon début d'histoire.


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Message par Sanguinius Sam 27 Oct 2012 - 22:38

Excellent départ. Je vais suivre ceci avec beaucoup d'attention.


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Message par uther33 Dim 28 Oct 2012 - 9:35

Ecriture toujours aussi fluide, en attente de la suite okay


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Message par Turielo Sam 3 Nov 2012 - 14:18

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Star Rider


I:

JE ME NOMME Kristophus Nevenski, serviteur fidèle de l'Empereur Dieu et porteur de Sa Sainte Parole, missionné par le saint Diacre Ervan Seculos pour entrer en contact avec le système impérial Yggdrasil, soupçonné de déviances et blasphèmes envers l'Empereur Dieu et l'Imperium de l'Humanité.
Ces écrits constituent mon journal de bord, mis en écrit d'après mes travaux et mes souvenirs de la mission Imperator Lux au fur et à mesure de sa progression, auquel sont rattachées des notes d'observation rapportant mon expérience et mes constats auprès de la civilisation des Futharks.
Il s'agit donc là d'une mise au propre de l'ensemble de mon parcours afin de permettre un suivi plus efficace de ce devoir sacré que l'on m'a confié.
C'est la première mission d'une telle importance qui m'est confiée, et recevoir ainsi la totale confiance du Diacre, et à travers lui de personnalités aussi influentes, est un véritable honneur qui m'est accordé.
Jamais au cours des quelques deux décennies de ma carrière on ne m’avais confié pareil travail, et si l'honnêteté me pousse à reconnaître ma peur à cette idée, j'en suis également profondément reconnaissant et l'impatience de débuter me tenaille déjà.
Cela fera bientôt vingt quatre ans que je me suis rendu sur Fortis Hexx la première fois, jeune et idéaliste, tout juste sorti de mon séminaire. Que ces temps me semblent lointains...

Je suis né et fut élevé sur Teüto dans le saint système de Caralis. Mes parents étaient tout deux de fidèles croyants et servaient le Père Seraphus, le prêtre de notre village, qui se trouvait à proximité de la belle cité de Keiserberg, que tous sur Teüto connaissaient pour ses monastères et ses écoles de prêtres. Le Ministorum a toujours été très présent en Caralis, et dès ma plus tendre enfance, j'aidais le Père Seraphus dans son travail de clerc.
Il a très vite vu en moi un potentiel, et, après une entrevue pleine d'émotion avec mes parents, me prit sous son aile, avec dans l'idée de me former afin de, plus tard, lui succéder. Ce fut une véritable bénédiction pour mes parents, et ils furent toujours là pour m'apporter leur soutien. Seraphus passa assez vite du statut de maître à celui de mentor pour moi, et pas un jour ne passa sans que je l'assaille de questions au sujet du Saint Credo Impérial.
Jusqu'à mes dix ans, je servis donc le Père Seraphus avec attention et ferveur. Peu de temps après que j'eus célébré ma dixième année, mon père mourut dans un triste accident lors des récoltes. Ma mère accepta avec bravoure le cruel destin de son mari et, après avoir fait son deuil pendant un an, me quitta à son tour pour aller rejoindre un couvent de Sororitas, afin, m'avait-elle dit, de se tourner pleinement vers l'Empereur.
Je ne restai pas seul pour autant, car Seraphus se montra d'un secours inestimable, devenant presque la figure paternelle qui m'avait été si durement enlevée. Je ne revis jamais ma mère et une fois le chagrin passé, je fis à mon tour le deuil de mes parents, avant de suivre l'exemple de ma mère, et de me consacrer entièrement à servir l'Empereur-Dieu
Jusqu'à mes quinze ans, Seraphus m'aida à grandir, à apprendre et à construire mon avenir. Il m'enseigna nombre de sciences, en particulier l'Histoire qui devint très vite ma passion. Je devins un petit clerc doué et aimé par les gens du village.
Le temps faisant, Seraphus commença à me préparer pleinement à lui succéder. Mais cela n'arriva jamais, et son cœur l'abandonna par une douce nuit de printemps.
Le Diacre de Keiserberg ne me considéra pas assez formé pour devenir prêtre et en plaça un autre à la place du défunt Seraphus. Mais touché par l'amour que me portait mon mentor, il ne m'abandonna pas à mon sort et me fit amener à la cité pour entrer dans un des meilleurs monastères, celui là même qu'il dirigeait en personne, bien que je ne le rencontra jamais en personne.
J'y suis resté jusqu'à mes dix huit ans, étudiant brillant d'après mes maîtres, et je me spécialisa aisément dans l'Histoire et l'étude des civilisations, anciennes comme actuelles.
Fier de moi et m'ayant prit, semblait-il en affection, le Diacre de Teüto s'arrangea pour me permettre de connaître un destin plus doré, et ses demandes de transfert furent entendues par les services du Cardinal Pontius. On m'apprit que Fortis Hexx mandait de nouveaux clerc, et mon statut de savant joua en ma faveur. Après quelques mois nécessaires aux autorités du Ministorum pour autoriser ma venue et mon implantation, j'embarquais dans un cargo marchant à destination du monde pivot de ce secteur.
Mon arrivée en Fortis Hexx fur un véritable choc pour moi. Pas parce que c'était la capitale sectorielle, pas parce que j'arrivais avec les promesses d'un futur radieux, pas parce que on me confia dès mon arrivée une église sous ma responsabilité, mais parce que je me retrouvais dans un véritable enfer. Dès les premiers instants où j'arpentais ses rues puantes et dangereuses, Fortis Hexx me fut insupportable. J'ai pleuré de désespoir de nombreuses fois lors de mes débuts, mais la temps fit que je m'y habitua, me résignant à passer le reste de mon existence noyé dans la masse, insignifiant, tout mes espoirs tués dans l'œuf.
Ce fut une période très dure à passer. Faire le deuil de mes espérances et de mon ancienne vie fut un acte qui me poussa trop près de la démence, mais j'y parvint et continua ma vie, défiant le destin en survivant au tour cruel qu'il m'avait joué. C'est à cette époque que ma foi en l'Empereur se raffermit et devint indestructible, car je savais que quoi qu'il m'arrive, Il serait toujours la pour me donner la force de surmonter chaque obstacle.
Puis tout bascula lorsque survint l'Hérésie de Samuss.
Beaucoup avaient entendu parler de l'Ordre de l'Épée et moi même avait grandi sur un monde qui en était très proche. Mais ce fut une première, et un scandale pour beaucoup, lorsque cette cabale controversée sortit en force du secteur pour aller porter sa justice dans le système d'Eris, dans le secteur voisin.
Au début, la crise d'Eris n'avait été que rumeurs en Mythos, un fils de Baal ayant forgé une coalition des plus douteuses pour asseoir son pouvoir, mais qui, pire que tout, avait blasphémé honteusement en osant traduire la Sainte Parole de l'Empereur à son avantage.
Dans un premier temps, le secteur Gala avait mobilisé ses forces pour arrêter cet usurpateur hérétique, mais la situation avait dégénéré quand d'autres forces armées étaient venu porter la guerre contre Samuss. Et parmi elles, l'Ordre de l'Épée. C'était la première fois au souvenir de beaucoup, que l'Ordre engageait ainsi la presque totalité de ses forces pour une telle crise, et leurs ennemis commencèrent à les accuser d'y participer pour d'autres raisons. La suite le démontra très vite et la situation s'envenima horriblement vite lorsque la Croisade se transforma en sanglante vendetta, l'Ordre victorieux des forces de Samuss, attaqué par une armée inquisitoriale menée par un puritain convaincu qui haïssait grandement le Purgateur et ses armées.
Il fallut qu'une autre force mandatée directement par les hauts responsables de l'Inquisition intervienne afin de faire cesser cet épouvantable massacre fratricide.
Je fit partie de ceux quémandés par le Seigneur Heiklimer, chargé de l'affaire, pour suivre et enregistrer les procès qu'il présida.
Hasard ou non, toujours est il que le Diacre Seculos me fit appeler afin de m'envoyer là bas, avec des centaines d'autres, clercs, savants ou scribes. Je ne fit que supposer sur c'était mes talents d'historien anthropologue qui avaient guidé son choix, mais jamais je ne reçu une seule explication ou début de réponse.
C'était il y a quatre mois.
Et le Diacre venait à nouveau de me faire appeler, pour une mission bien plus importante.
Le destin me souriait enfin.

Vingt quatre ans après mon arrivée, mes rêves se concrétisaient enfin. J'étais encore sous le choc de ce qu'il venait de me dire quand le vieux Seculos continuait déjà de m'expliquer en quoi consisterait ma mission.
Heiklimer avait dû quitter Eris pour s'employer à un autre travail, mais il voulait tout de même achever ce qu'il avait commencé sur Nubia. Cela faisait trop longtemps que l'Ordre se confrontait aux accusations d'hérésie de ses détracteurs, et le vénérable Inquisiteur avait décidé alors de faire la lumière sur ses véritables motivations. Pour cela, il considérait avec sagesse que son premier travail consistait à étudier cet Ordre de l'Épée jusqu'à ses fondations. Il avait à peine commencé cela sur Nubia qu'il avait été appelé ailleurs. Ayant laissé des instructions à l'un de ses fidèles adeptes resté sur place, ce dernier avait par la suite contacté diverses organisation qui les avaient aidé afin de recruter les meilleurs agents.
Je fut sélectionné grâce à la qualité de mon rapport concernant le déroulement des procès, et cela m'apporta une nouvelle mission.
Seculos m'expliqua longuement les enjeux d'un tel travail, lui qui dénonce de longue date les agissements de l'Ordre, mais je ne m'y intéressa pas vraiment, impatient de savoir ce que l'on attendait véritablement de moi.
Afin de permettre à Heiklimer de savoir de quoi et de qui se composait l'Ordre, nous allions être plusieurs dizaines à être envoyés auprès de différentes factions le touchant de près ou de loin. J'entendis évoquer des Chapitres Astartes réputés dans le secteur, tels que les Repenters ou encore les Sky Slaughters, ainsi que de Gardes Impériales ou encore la Sororité de l'Épée Flamboyante, qui demeurait dans mon système d'origine.
J'allai pour ma part être envoyé avec d'autres officiels dans le système d'Yggdrasil, dans lequel demeuraient les Futharks, ouvertement rattachés à l'Ordre, et possédant de nombreux régiments au sein de la Garde Impériale. Plus important, et grave, encore, ils étaient suspectés de déviances hérétiques, des rumeurs les accusant de rejeter la divinité de l'Empereur ou encore l'autorité de Terra.
Sur un total de dix huit envoyés, nous étions deux clercs, et de ce que me disait Seculos, j'étais le seul chargé d'enquêter sur leurs rites païens et leur probable hérésie. Le Diacre m'apprit également que sur les dix huit intervenants, je serai l'un des quatre qui devraient demeurer constamment auprès des Futharks pour les étudier. Les autres resteraient un temps avant de repartir.
Resteraient avec moi un Commissaire impérial, un adepte de l'Administratum et un magos délégué par Mars. Un pour l'armée, un pour le pouvoir, un pour la technologie. Mais j'allai en outre être le seul habilité à aller partout où je le souhaitais et étudier tout ce que je voulais de leur société. J'avais, pour reprendre les termes exacts du Diacre, "carte blanche". Et c'est précisément par cela que toute l'importance de ma mission et la confiance qu'on m'accordait m'apparurent clairement. J'en fus à la fois honoré et terrifié.
Le Diacre m'offrit deux serviteurs pour m'assister, un nécessaire de compilation digne du plus vénérable scribe, et ce journal pour, me dit-il, m'apporter du soutien et me permettre de donner toujours plus de profondeur à mon travail. J'avais à disposition une foule de carnets et blocs de données pour compiler mes observations, mais Seculos avait insisté sur le caractère plus personnel de ce journal.
-Votre matériel de savant sera votre outil principal dans votre tâche et n'auront pas réel impact, mais ce journal, ce cadeau que je vous fait, ce sera votre témoignage le plus complet, le plus abouti. Ce sera la boîte de Pandore dans laquelle vous exprimerez votre condition de Futhark. Car c'est en devenant un des leurs que vous parviendrez à les comprendre.
J'avais ainsi en ma possession deux puissants outils. Ma foi et mon statut de clerc, et ce journal qui me permettrai d'absorber une civilisation pour probablement, à terme, la détruire.
Le second cadeau de Seculos me toucha vraiment, car il mit dans ma main un somptueux pendentif d'argent représentant un aquila. Il le tint fermé dans ma paume et me regarda droit dans les yeux.
-Je vous ai offert l'arme à porter contre nos ennemis. Voici celle à brandir contre le pire de tous. Ce présent sera le phare canalisant votre foi pour que jamais vous ne la perdiez.
Je considéra mes mains, fermées sur les deux cadeaux que le Diacre m'avait donné. L'un représentant la civilisation Futhark qu'il allait absorber, l'autre représentant ma foi. Je ne pu le remercier tant les mots me manquaient, mais les larmes de joie qui me coulèrent sur les joues le firent pour moi.
Je pris congé de Seculos pour partir rejoindre la navette qui allait m'arracher à l'enfer de Fortis Hexx, et chaque instant jusqu'à ce que je me retrouve sur ce banc de métal affreusement inconfortable, je garda les deux présents du Diacre serrés dans mes mains tremblantes.

Et c'est ainsi que je me retrouva en route vers ma nouvelle destinée, une fois de plus le cœur emplit d'excitation et d'espoir.
Le cargo qui m'emportait vers Yggdrasil, et qui portait honteusement le nom de Star Rider, était tout simplement abominable. Crasseux, puant, dangereux et sans cesse résonnant de sons qui faisaient croire à tous qu'il allait d'un moment à l'autre se disloquer pour nous jeter dans le vide spatial.


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Message par Turielo Sam 10 Nov 2012 - 10:54

Ma cellule de transit était minuscule, comportant cette affreuse banquette grillagée et un coffre fouillé pour garder quelques affaires, le reste, ainsi que mes deux serviteurs, enfermés dans l'un des hangars sombres du cargo. Cette cellule exigu était plantée dans les parois graisseuses du vaisseau, le long d'un des couloirs enfumés, aux côtés de centaines d'autres de ces détestables chambres.
Le brouhaha incessant qui régnait en ces lieux vous empêchait assurément de dormir, et quand un calme précaire s'installait enfin, c'était les ignobles gémissements des cloisons du cargo qui prenaient le relais.
Contrairement à ce que je pensait, mes futures collègues et moi ne furent pas logés au même endroit et il nous fallait se rendre dans l'innommable porcherie qu'ils osaient appeler "cantine" pour que nous puissions nous rencontrer.
L'adepte de l'Administratum fut le premier que je rencontra, sombre individu au visage éprouvé par toute une vie de compilation maladive, pâle comme un mort et les yeux fous, son crâne rasé laissant voir quelques implants augmentiques grossiers s'enfonçant dans son cou. Il ne m'a jamais dit son nom, et passa la majeure partie du transit à rester cloîtré dans sa cellule, probablement pour s'assassiner le cerveau avec les tonnes de donnés qu'il ingurgitait à longueur de temps.
Lorsque je le trouva pour la première fois, il était prostré dans un coin de la cantine, son regard de chien battu éclairé par le bloc de données qu'il consultait, buvant sans sembler s'en rendre compte dans un verre terni par la saleté au delà du rattrapable. À la table d'à côté, je reconnu trois des personnes qui devaient nous accompagner temporairement, un marchand, un adepte du Ministorum et un individu en robes noires qui semblait passablement ennuyé par ses compagnons de tablée. Je venais de récupérer au bar ce qui était sensé être de l'eau, et qui ressemblait plus à une soupe immonde, lorsque je passa près des deux tables occupées. Les discussions allaient bon train entre les trois individus, et alors que je les écoutaient d'une oreille distraite, je chercha un siège à proximité pour pouvoir juger de la qualité plus que passable de cette eau, lorsque l'adepte taciturne leva la tête vers moi.
-Prêtre Kristophus Nevenski, officiant dans la Commercia d'Aurora, sur Fortis Hexx. Trente années, quatre mois et deux jours d'existence. Père décédé, mère entrée dans les ordres. Maître théologien, Avyr Seraphus, statut: décédé. Trois fois récompensé par les autorités religieuses de Teüto. Remarqué par le seigneur Inquisiteur Heiklimer pour la précision de son travail d'observateur durant les procès de Nubia. Mandaté par le Diacre Ervan Seculos pour ses qualités d'historien spécialisé en anthropologie et seul membre de la mission "Imperator Lux" à bénéficier d'une totale liberté d'action et de décision. Impressionnant...
Il venait de parler à toute vitesse, comme possédé, ses yeux un instant brillant d'une lumière étrange. Puis il inspira profondément en fermant ses paupières ridées, avant de les rouvrir pour me fixer.
-Impressionnant... répéta-t-il. Je suis l'adepte numéro de matricule douze cents quatorze, tiret, quatre vingt trois. Dépêché sur Àsgard, système Yggdrasil, afin d'y observer le gouvernement et son efficacité, ainsi que de rendre compte de la géopolitique locale et de son économie, productivité et criminalité. En cela, permettez moi de vous signifier mon degré de jalousie à l'encontre de votre privilège d'investigation, n'ayant moi même reçu que le stade tertiaire "observation passive et partielle".
En guise de réponse, je le gratifia d'un air parfaitement imbécile, clignant des paupières et restant bouche bée, le peu que j'aurai pu lui rétorquer resté bloqué au fond de ma gorge par la surprise, ce qui ne laissa échapper à la place qu'un espèce de vilain couinement hagard.
J'entendis des rires dans mon dos, et alors que l'adepte me fixait toujours avec des yeux de poisson frit, je vis nos trois camarades nous regarder en se gaussant.
-Faites donc pas attention à lui, mon père. finit par dire le marchand en s'essuyant une larme euphorique du coin de la manche. Vous venez de rencontrer le scribouillard le plus timbré de toute la galaxie.
Je tenta un pâle sourire en réponse, encore frappé de cet accueil. Le marchand secoua la tête en refoulant son rire et me fit signe d'approcher.
-Rassurez vous, on s'est tous fait avoir par ce taré. Venez donc boire votre... mixture avec nous. Je suis Medrek Arlass, marchand de la famille Arpidios. Enchanté. C'était un homme au visage bourru, ses cheveux d'un noir de jais vaguement ramenés en une queue de cheval grossière, sa grosse barbe hirsute surmontée de deux pommettes rieuses et rosées, et de deux yeux couleur de l'onyx. Sa tenue extravagante de libre marchand, faite de cuir et de tissus saphir fort coûteux, laissait apparaître de gros muscles à la pilosité impressionnante, et un large poitrail tout aussi touffu sur lequel pendait un médaillon à l'effigie de sa famille.
-Père Nevenski. répondis-je en lui serrant la main.
-Oui, ça je pense qu'on avait saisi! plaisanta-t-il en désignant mon précédent interlocuteur de la tête, ce dernier s'étant à nouveau replongé dans myriades de données.
-Père Vivian Jonko. se présenta le prêtre, un homme au visage simple, entre deux âges, des yeux d'un bleu océanique scintillants et le crâne soigneusement tonsuré, un implant oculaire grossier à la place de son œil gauche, traversé par une épaisse cicatrice. J'officiais dans la zone d'habs Corvux de Fortis Hexx avant d'avoir été envoyé ailleurs, et suis géographe à mes heures perdues, ce qui est toutefois mon meilleure trait de caractère si j'en crois ceux qui m'ont sélectionné pour cette glorieuse mission.
-Enatius Eurifas, confesseur au service du Cardinal Sekmar. se présenta d'un ton las l'homme en robes noires, dont le visage taillé à coups de serpes et encadré par des mèches de cheveux fins d'un gris argenté évoquait plus un rapace qu'un être humain, avec deux yeux d'un noir abyssal brillants sous des sourcils broussailleux.
Je m'assis à côté de Jonko et face au marchand, ce dernier jetant mon eau par terre avec une moue de dégoût avant de remplir à nouveau mon verre avec sa flasque, contenant un liquide ambré dont la force de l'odeur à elle seule m'appela à la modération.
-Du cognac de Taranis. me dit il. Réserve personnelle. Je pense que ça devrait être bien meilleur que ce potage de merde qu'il vous ont servi...
-Je vous remercie, Medrek. fis-je en hochant la tête, reconnaissant, même si je préféra ne pas lui révéler que d'ordinaire je ne buvait pas d'alcool fort.
-Alors c'est vous le gâté... reprit-il, un sourire en coin. Z'en avez de la chance...
-Je ne suis là que pour faire mon devoir, rien de plus... répondis-je, embrassé par la peur qu'ils soient jaloux de moi eux aussi.
-Mais oui, comme nous tous. ricana Medrek. Bah, vous devez être très bon pour qu'on vous ai filé carte blanche comme ça. Mais je ne sais pas trop si vous devriez prendre cela comme une bénédiction ou une malédiction...
-Pourquoi dites vous ça? demandai-je, surpris par cet aveu.
-À cause des Futharks. On en parlait justement avant votre arrivée. Yggdrasil est un sacré petit paradis, j'y suis souvent allé pour affaires, et je comptais bien m'y installer à ma retraite. Mais il faut reconnaître que les temps ne sont pas cléments pour eux. Toutes ces histoires de blasphème et de déviances...
-Vous avez deja entendu parler des Futharks, mon père? me demanda Jonko.
-Trop rapidement pour savoir ce qu'il en retourne, j'en ai bien peur... avouai-je.
-Soyez sûr d'une chose, mon père. Je n'ai que rarement vu de gens aussi loyaux envers l'Empereur. me dit Medrek, en considérant son verre d'un air pensif. Mais le problème est qu'ils cachent de sales trucs, si vous voulez mon avis.
-Quel genre de "trucs"? demandai-je, curieux.
-Le genre qui vous attire tout droit vers le bûcher... me répondit Jonko. Premièrement, ils on totalement rejeté la réalité divine de l'Empereur.
-Par le Trône... fis-je, faisant le signe de l'aquila, horrifié par la perspective d'un tel blasphème.
-L'Empereur-Dieu n'existe pas pour eux. C'est, disent-ils, un principe inventé par ceux qui veulent asseoir leur pouvoir sur la Galaxie à Sa place. m'expliqua Medrek.
-Pour faire court, ils semblent assez hostiles à la Sainte Ecclesiarchie que vous et moi servons. traduisit Jonko.
-Et que devraient servir tout loyal sujet de l'Empereur! m'exclamai-je, choqué par ces absurdités.
-Et c'est bien pour cela qu'ils fâchent tout le monde... appuya Medrek. Leur loyauté à l'Imperium fut maintes fois prouvée, et leurs services sont exemplaires. Toutefois, ce fait plus d'autres cas suspects font qu'ils sont très mal vus de vos supérieurs et d'une bonne partie de l'Imperium. Je pense aussi qu'il s'agit également d'une mission de couverture, l'objectif final non avoué étant de faire le jour sur l'ordre auquel ils appartiennent officieusement.
-L'Ordre de l'Épée. fis-je en hochant la tête. Leurs actions furent beaucoup dénoncées lors des procès de Nubia...
-Ces procès étaient une mascarade, mon pauvre ami. fit Medrek en éclatant d'un rire sans joie. Heiklimer et sa clique ont seulement voulu mettre fin à un massacre parfaitement inutile. Il ne désirait pas trouver de coupables, tout le monde savaient qui ils étaient!
-Valakhan le Traître et Samuss le blasphèmateur. répondis-je. Mais ils ont disparus tout deux.
-En effet. reconnu Medrek. Et cette confrontation entre le Purgateur et van Disenstein y a grandement contribué. Mais là encore, tout le monde sait que Heiklimer s'en battait royalement les augmentiques. Ce qu'il voulait, en plus de pacifier le système d'Eris, c'était ce que beaucoup avant lui ont tenté vainement de faire. Avoir une véritable occasion d'étudier cet Ordre controversé. Ce n'est même pas par haine, justice ou devoir. Heiklimer était juste poussé par la curiosité, comme beaucoup, et le destin lui a apporté une occasion en or.
-Et c'est là que nous intervenons. compris-je. Mais, et les ordres en parallèle? Ceux qui nous préparent à juger et condamner ces gens, alors que d'après ce que vous dites, ce sont des héros aux pensées tordues?
-C'est justement là qu'on se retrouve avec le cul entre deux chaises, mon père. répondit Medrek. Notre tâche nous a été donnée par Heiklimer, d'après ses choix et sa sélection de personnel, mais sachez le, c'est aussi une occasion en or pour nos supérieurs de faire tomber l'Ordre de façon radicale et définitive. Et peut être même plus que l'Ordre lui même...
-Vous voulez dire... commençai-je.
-Le Gouverneur Galvinius ne s'est jamais caché de sa proximité avec l'Ordre, pas plus que d'autres hautes figures du gouvernement local ou du secteur voisin... Et je ne parlerai même pas de ceux qui sont devenus de proches collaborateurs comme certains Chapitres Astartes ou certains régiments de la Garde. Si corruption il y a, tout ce petit monde risque de sombrer corps et âmes avec l'Ordre.
-Ça... Ça paraît titanesque... Catastrophique même! soufflai-je en prenant conscience de l'ampleur de l'affaire, mais en pensant aussi que le marchand pouvait très bien grossir dramatiquement le cas.
-Et ça le serait si en définitive ça je profitait à personne... acquiesça Medrek en hochant la tête. En plus de ceux qui haïssent depuis toujours l'Ordre, il y en a aussi beaucoup qui comptent bien profiter des conséquences... Notre secteur ne serait pas le seul touché. Les répercussions seraient inimaginables.
À ce moment, Eurifas qui avait jusqu'ici gardé le silence, lâcha un profond soupir agacé.
-Et c'est reparti dans la théorie du complot galactique. grogna-t-il. Tant que vous y êtes, les Primarques eux mêmes vont venir pour botter le derrière à tout ces pleutres! Vous n'en avez pas assez de chercher toujours plus loin?
Medrek adressa au confesseur un regard hautain plein de mépris.
-Les faits sont pourtant là. lança-t-il. Je n'exagère rien du tout. Il suffit d'observer et de réfléchir.
Eurifas secoua la tête de dépit avant se tourner vers moi.
-Je suis d'accord en ce qui concerne Heiklimer et sa curiosité, et également sur le fait que certains, dont la Sainte Ecclesiarchie, souhaitent voir l'Ordre purgé de ses éléments hérétiques. Mais ça ne va pas plus loin. Notre tâche est simple: on observe, on étudie, on débusque les hérétiques et on permet à la purge d'être correctement et complètement effectuée. Ce n'est pas une première, l'Imperium à déjà vu des tas de fois ce genre d'acte.
-Notre rôle se limiterait alors à les juger et pointer les blasphémateurs... hasardai-je.
-Nous sommes les éclaireurs précédant leurs juges et bourreaux, oui. affirma Eurifas. Oh ça paraît simple comme ça, mais c'est une tâche vicieuse... Vous aurez en premier lieu l'impression de je rencontrer que de loyaux sujets sans problèmes.
-Mais si ils sont si loyaux que vous le dites... Comment croyez vous que nous parviendrons à débusquer les traîtres, s'il y en a?
-Oh c'est simple, croyez moi, c'est toujours la même rengaine. déclara Eurifas. Pour trouver le coupable, prenez un groupe d'individu et cherchez celui qui sera le plus agréable avec vous. Immanquablement, ce sera lui. L'ennemi est toujours plus proche de vous que vous ne le croyez.
La suite de l'échange ne fut pas très intéressante, se résumant à une joute verbale parfois fort colorée entre Medrek et Eurifas, l'un appuyant sa théorie du complot destructeur et obscur, l'autre préférant rester terre à terre et présenter un travail qui me paraissait presque trop simple. En résumé, je n'étais convaincu ni par l'un ni par l'autre, les deux discours sonnant à la fois juste et faux en mon esprit.
Je me contentai de les écouter d'une oreille distraite, sirotant à très petites lampée le cognac de Medrek qui aurait mieux trouvé sa place comme abrasif ménager que comme liqueur, et hochait parfois du chef pour donner raison à l'un ou l'autre. Seul Jonko me tint une conversation plus sympathique, me parlant de sa carrière et des nombreux mondes qu'elle lui fit découvrir. Je me prit bien vite de sympathie pour lui, et notre échange ne dévia plus sur les Futharks et tout le caractère délicat de notre mission.


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Message par Corax Sam 10 Nov 2012 - 17:32

C'est toujours aussi sympa à lire, j'avais pris de l'avance sur ton autre Forum, j'avais déjà recopié ces deux parties là.


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Message par Turielo Sam 17 Nov 2012 - 15:19

Le cycle temporel du cargo défile rapidement tandis que nous discutons entre nous, et bientôt, la fatigue fait capituler mes camarades de tablée qui me saluent chaleureusement pour regagner leurs cellules et trouver du repos. N'ayant plus personne avec qui converser, et certainement pas l'envie de m'éterniser ici au risque de m'empoisonner, je regagne également la mienne.
Assis sur cette épouvantable banquette grillagée qui me sert de lit et de source de mal de dos épouvantable, je reste un moment perdu dans mes pensées, avant de me saisir du dossier sur les Futharks qui m'a été fourni.
Je le feuillette négligemment, sans même vraiment lire ce qu'il s'y trouve, regardant sans vraiment les voir les quelques images et gravures désignant mes futurs sujets d'observation.
Mon esprit pourtant furète bien loin d'Yggdrasil alors que résonnent encore dans ma tête les absurdes théories de complot évoquées par Medrek. Je repense au premier événement marquant de ma carrière, et qui me fait me retrouver là.
Nubia. Nubia "la Belle", comme la surnommaient amèrement les habitants du système d'Eris, alors même que c'était un monde triste et gris, aux grandes plaines stériles et mortelles, dans lesquelles s'élevaient d'immenses cités ruches, vieilles de milliers d'années. C'était ce monde là qui était devenu le pivot d'un conflit fulgurant qui vit grandir et mourir de véritables héros face au Grand Ennemi. Une victoire pour certains, un désolant désastre pour d'autres. Le Désastre de Nubia.
Je n'ai jamais vraiment compris comment tout cela avait commencé, ni pourquoi, et à vrai dire, c'était déjà pratiquement fini lorsque je suis intervenu au sein d'une cohorte d'agents mandatés par le Seigneur Heiklimer. En vérité, je n'ai pas connu le Désastre en lui même, mais seulement sa dernière phase, la plus absurde de l'avis de beaucoup, que les autochtones ont appelé le Troisième Guerre de l'Arcadie. Il s'agissait de la sanglante confrontation entre un des instigateurs de la Croisade contre le Traître Samuss, et l'un de ses plus virulents adversaires. Tout deux Inquisiteurs, faisant de cette bataille finale une abjecte lutte fratricide.
Les combats avaient déjà atteint leur paroxysme quand le Seigneur Heiklimer est intervenu personnellement pour y mettre un terme. Nubia n'était plus qu'un vaste champ de ruines et des atrocités sans nom avaient été commises. Alors que le Purgateur, à l'origine de la première Croisade s'était rendu à l'autorité d'Heiklimer bien assez vite, l'autre le Seigneur van Disenstein, s'était enfoncé dans sa haine et sa paranoïa et il avait fallu une ultime bataille pour le stopper, bataille finale qui vit presque s'effondrer l'entière zone de l'Arcadie et sa ruche principale, portant le même nom que la région désolée qu'elle dominait. Les procès menés par Heiklimer prirent place dans cette même ruche et ce fut là que la joute finale entre van Disenstein et le Purgateur se déroula.
J'étais parmi ceux qui devaient rendre compte de la tenue et du déroulement des procès, et on m'invita également en ma qualité de spécialiste de l'étude humaine à ajouter à mon travail un compte rendu sur les différents camps et leurs factions. Nous fûmes quatre à effectuer ce dur travail d'observation. Pour ma part, je devais rendre compte des forces rattachées directement au Purgateur, constituant le mystérieux Ordre de l'Épée, que beaucoup en Mythos et dans tout l'Imperium commençaient à durement critiquer.
Le premier jour des procès, aucun des belligérants n'étaient présents, et je ne rencontra que les juges et les hautes instances d'Eris ainsi qu'une délégation du gouvernement sectoriel. C'est là notamment que le très renommé Général Amarat, qui avait dirigé les troupes de là Garde Gallienne contre les démons puis contre van Disenstein, présenta sa démission, laissant la place au jeune Général Doris, plus connu après le Désastre comme étant devenu le Gouverneur de Nubia, et régent d'Eris. Il fut ce jour là reproché au Général Amarat d'avoir pris position contre van Disenstein, alors qu'en sa qualité de Seigneur Général Militant mandaté par le Gouverneur Sectoriel, il aurait dû tenter de mettre un terme au conflit. Amarat resta humble et affirma que sa décision reposait sur sa seule préoccupation de protéger le peuple de Nubia.
Le deuxième jour, Heiklimer fit appeler les principaux accusés, et ce fut la première fois que je rencontra l'objet de mon étude. Étaient présents le Purgateur, le Seigneur Général Militant Secherus de la Garde Futhark, les Seigneurs Astartes Grivus des Sky Slaughters, Er'sham des Sun Hawks, et Freiheim des Repenters, et certains Inquisiteurs de la Cabale des "Dix de l'Inquisition", décriée comme marginale par beaucoup.
Étaient également présents le Salamander Bibs'ou, le Maréchal Escapist, le Capitaine Wotan des Death Templars, à nouveau le Général Doris, et un obscur Astartes à l'armure dépouillée de tout symbole se réclamant de l'ancien culte hérétique de Samuss.
Face à eux, le sombre Seigneur van Disenstein, le Général Pénitent des morbides Pénitents de Falkr, la Chanoinesse qui avait accompagné celui qui était désormais surnommé en Nubia "l'Inquisiteur Fou", et un Général Gallien qui s'était rangé dans leur camp.
Il y avait de nombreux autres accusés, mais ma mémoire me fait parfois défaut, et ce sont les seuls dont je me souviens, car ce furent pour moi les individus les plus marquants.
Le Purgateur en particulier était très intrigant. Il s'était présenté aux procès dans un simple apparat dépourvu de tout signe honorifique ou de décorations superflues, et ressemblait plus à un moine pénitent qu'à un Inquisiteur. Son visage surtout était absent de toute fermeté et sévérité, à la place emplit de douleur et d'un désir ardent de justice. Tout le contraire de son mortel rival, dont le visage n'était qu'un masque d'orgueil et de haine, et qui était entré croulant sous le poids d'un lourd manteau débordant de parchemin et de symboles sacrés, et affichant ostensiblement autour de son cou le symbole de sa fonction. L'un était fanatiquement convaincu du bien fondé de ses actes, tandis que l'autre semblait anéanti par le sort qui avait frappé Nubia.
Les débats furent prompts et souvent interrompus par un van Disenstein vociférant son désir de voir brûler le Purgateur et tout ceux qui s'étaient alliés à lui, oubliant très vite son statut d'accusé pour prendre celui d'accusateur, si bien qu'au bout d'une longue matinée, Heiklimer congédia le tribunal, las de voir ses accusés continuer leur bataille alors même qu'il les jugeait. L'après midi, il dû alors passer les accusés un à un afin qu'ils répondent de ce qui leur était reproché. Je n'assista pas à toutes les auditions, et ne fut présent que pour celles des Futharks et des trois Chapitres Astartes rattachés au Purgateur.
Secherus était venu en Eris avec la première vague de la Croisade, son détachement de la Garde fort de huit régiments. Sur le coup je fus comme beaucoup interloqué par leur organisation si particulière, avant de comprendre la répartition clanique dont la Garde d'Yggdrasil était coutumière. Loin de l'idée de me retrouver en ce moment même en route pour les étudier, je notais scrupuleusement le moindre des mots du Général concernant sa Garde et ses pratiques, et me retrouva bien assez vite avec un dossier conséquent sur l'organisation militaire de cette Garde ancienne. Secherus était un homme fort de caractère, et profondément loyal à l'Imperium et à son peuple. Je me souviens de lui comme d'un homme dans la force de l'âge, les traits pâles taillés à coups de serpe, des cheveux noirs courts tirés en arrière et couronnés de feuilles de chênes dorées et tressées, et des yeux verts jade, perçants et sévères. Il portait un uniforme blanc comme neige aux bordures noires, par dessus lequel il portait une cuirasse d'acier poli sur laquelle étincelait un aquila serrant un trident contre sa poitrine. Une écharpe rouge bordée d'or lui barrait le poitrail de l'épaule droite au flanc gauche, là où aurait du pendre son épée. Se tenant debout dans un garde à vous sévère, la tête haute, mains dans le dos et sa casquette d'officier coincée sous le bras, il répondait à toutes les questions qu'on lui posait de manière simple et directe, sans toutefois omettre un seul détail. Net, précis et fier. Quelqu'un de sûr de lui et à l'âme tranquille.
J'appris lors de son interrogatoire que c'était un général issu d'un de leurs Clans nommé Loki, apparemment connu pour son honneur et sa discipline, et comme étant constitué de soldats infaillibles. Il aurait été mandaté par le Purgateur en personne pour rejoindre sa Croisade avec le grade de Seigneur Général Militant, et le Colonel Rudolf Nodius avait pris à sa place les rênes de son régiment original, le 13ème Futhark, "les Purificateurs". Le régiment en question devait avoir un sacré passé, au vu des réactions qui secouèrent les juges, qui hochèrent la tête respectueusement à la mention du 13ème Futhark.
Secherus ne cacha rien à ses juges, et détailla chaque fois qu'il le put les manœuvres de ses troupes, assumant parfaitement les ordres qu'il avait donné et sa responsabilité dans le conflit, démontrant même une certaine fierté lorsqu'il confirma sa position contre les armées de van Disenstein.
Derrière lui, légèrement en retrait et figés eux aussi dans un strict garde à vous, se tenaient les officiers principaux des différents régiments déployés. Leurs uniformes étaient parfois différents d'un régiment à l'autre, mais tous portaient ce symbole de trident ainsi qu'une héraldique propre à leur fonction et à leur provenance. J'appris lors de leurs interrogatoires respectifs que certains d'entre eux provenaient de Clans Futharks différents, chacun bien spécifique à un trait en particulier. En définitive, sept Clans étaient présents parmi les régiments. J'avais inscrit leurs noms comme on inscrit le nom de héros légendaires. Odin, Heimdall, Thor, Baldr, Ùll, Aegir, Loki. Secherus fit cependant noter que d'autres Clans avaient participé à ce qu'il appelait son "Drakkar" mais en nombre bien moins significatif. À cette époque toutefois, le Seigneur Général n'ayant pas approfondi le sujet, les constitutions respectives des clans ainsi que leur fonctionnement au sein des régiments demeurèrent pour moi un mystère. J'imagine aujourd'hui que la mission de Seculos sera le moyen d'en savoir plus...
Je dois bien avouer que ce sont sûrement les Futharks qui m'ont le plus marqué, et sans doute mon compte rendu le démontra, justifiant ma présente assignation, toujours est-il que je n'écouta les autres accusés que d'une oreille très distraite. Les Repenters, qui avaient souffert le plus de pertes, se répandaient en accusations contre van Disenstein et voulaient s'infliger eux mêmes une croisade de pénitence, les Sky Slaughters furent ceux qui opposèrent la meilleure défense face aux accusateurs du Purgateur, les Sun Hawks quant à eux restèrent la plupart du temps murés dans le silence, les quelques fois où ils parlèrent ce n'était que pour contrer avec une remarquable adresse les arguments de leurs détracteurs contre eux.
La suite des procès demeura relativement obscure pour moi, de même que les événements qui en découlèrent, car comme beaucoup de scribes et observateurs, je ne pus assister à son dénouement, par décret direct de l'Inquisiteur Heiklimer.
-Votre travail ici est terminé. nous avait-il simplement dit.
Je resta quelques temps sur Nubia le temps que la décision finale soit connue de tous, puis je me prepara à repartir sur Fortis Hexx, mon devoir accompli. Je quitta le cimetière qu'était devenu Nubia deux semaines après le rendu du verdict.
"Grand Konungar Huntarr, héros des Futharks, défenseur des mondes de Koliatt."
Mes souvenirs des procès de Nubia s'estompaient alors que mes yeux fixaient la photographie de ce vieux héros d'Yggdrasil, mort depuis longtemps et pourtant encore fortement célébré par ses frères Futharks. Je ne savais rien de lui, mais son visage de vieux sage rieur me le fit imaginer comme fort sympathique.
Je referma le dossier, et me décida enfin à dormir malgré l'inconfort de ma banquette et le bruit constant du vieux cargo qui me menait à mon destin. Je rangea les feuillets et m'allongea en grognant, considérant un instant mon chron avant d'éteindre la lampe qui projetait une lumière d'un jaune écœurant dans mon habitacle. L'horloge m'indiqua que le voyage jusqu'à Yggdrasil devrait durer encore une bonne semaine.
Par le Trône! Pourvu que cette vieille boîte de conserve survive aux périls du Warp jusque là! Les grincements incessant de sa carlingue ne me rassuraient pas du tout...
Alors que je fermais enfin les yeux, je ne pus m'empêcher de repenser aux folles paroles de Medrek, et un petit rire idiot m'échappa. J'allais déjà vers l'inconnu complet, peut être même au devant de gens hostiles. Si on pouvait éviter un complot galactique en prime...
Je ne trouva pas un bon sommeil, perturbé par le décalage horaire et ce malgré les cycles temporels du cargo, et dans ma tête se bousculaient encore une foule de questions et de préoccupation ayant rapport avec ma future mission. Malgré cela je pus me reposer suffisamment pour aborder le cycle diurne suivant.
De retour au mess je ne trouva pas Medrek et les autres, ni même l'adepte obnubilé par ses données, et j'entrepris de déjeuner seul, à l'écart du brouhaha que faisaient les membres d'équipage ayant finit leur service. Le recaf' qu'on me servit était absolument immonde et mon estomac n'accepta qu'avec difficulté les gâteaux secs écœurants qui l'accompagnaient. Quelqu'un s'assit à mes côtés et je reconnu le frère Jonko, les yeux cernés par une mauvaise nuit.
-Mon frère. salua-t-il. Vous avez bien dormi?
-À peu près aussi bien que vous semble-t-il... lui répondis-je avec un rire fatigué.
-Oui, les transits spatiaux n'ont jamais été mon fort... Et pourtant je suis loin d'en être à mon premier.
-Je dois avouer pour ma part que je n'ai pas tant voyagé que ça en dehors de Fortis Hexx. Pour être entièrement honnête, Nubia constituait même mon premier voyage depuis que je m'étais installé.
-En effet, ça a dû pas mal vous changer... Eh bien je n'ai pas eu tant de mal que ça à m'y rendre moi même, j'étais déjà sur place.
-Vous étiez sur Nubia avant les procès? demandai-je, ma curiosité piquée à vif.
-Bien avant en réalité. J'étais à l'époque rattaché à une cellule scientifique de l'Arcadie. En première ligne lorsque tout ce cauchemar à débuté... Oh je n'ai pas vu grand chose du début du conflit, nous avions assez vite été déplacés avec les civils vers des zones protégées de la ruche. Nous avons vaguement suivi le début de la guerre au gré des informations qui filtraient. Par contre quand le Chaos s'est manifesté, là ce fut une autre affaire...
-J'ai cru comprendre que l'Arcadie a beaucoup souffert lors de ces combats...
-La zone toute entière, oui. Il n'y a eu personne d'épargné et beaucoup sont morts dès les premiers instants.
-Que vous est il arrivé?
-On a d'abord été à nouveau évacués en masse vers les bas fonds de la cité, laissant la place aux régiments galliens devant repousser les démons. Mais personne n'avait pensé que quelqu'un frapperait par l'arrière, encore moins l'ost de Valakhan le Traître, puisse son nom être éternellement maudit. Ils ont investit toute une partie de la Plaine de l'Arcadie, et on éradiqué les quelques forces qui s'y trouvaient, jusqu'à atteindre les premières structures de la ruche elle même. C 'était une véritable hécatombe et je me suis contenté de suivre aveuglément les civils qui refluaient vers l'intérieur de la ruche en quête désespérée d'abri. C'est à ce moment là que nous avons croisé nos sauveurs. Des soldats galliens et surtout des Salamanders, du moins ce qu'il en restait... Ils étaient à la fois grandioses et terrifiants. Je peux vous assurer qu'ils méritent vraiment leur surnom d'Anges de la Mort!
-Je n'ai jamais rencontré d'Astartes en personne, à part de loin, aux procès. avouais-je. Ça doit faire quelque chose de se retrouver en face de demi dieux en plein combat...
-C'est un spectacle horrible et fascinant. Ces géants en armure colossale, fonçant vers l'ennemi, même en sous effectifs, et leur délivrant une mort juste à chaque coup, leur être tout entier forgé pour et par la guerre... Oui, ça fait quelque chose... J'ai eu la chance de pouvoir les observer à plusieurs reprises, et pas que les Fils de Vulkan.
-Comment se sont finis les combats?
-Nous avons été confinés dans d'immenses bunkers souterrains et tout ce que nous ressentions c'était le grondement incessant de l'artillerie. Lorsque ça s'est calmé, on est venu nous chercher pour commencer une nouvelle évacuation vers une zone de Nubia sous contrôle total de l'Imperium, et j'ai cru comprendre qu'au terme d'un sacré combat, deux des Salamanders sont parvenus à détruire la centrale d'énergie du Mont Gloriam, emportant tout un pan de l'armée de Valakhan avec elle, ce qui les fit battre en retraite. L'autre armée de la Ruine était tombée dans une impasse et, privée de ses alliés, s'était retirée, en vue d'une nouvelle attaque, cela allait de soi, et c'est pour ça que le commandement voulait évacuer un maximum de civils.
-Ont-ils eu le temps?
-Oui, mais ce ne fut pas par la suite pour notre plus grand bonheur. Je ne sais pas comment s'est achevé le conflit contre le Chaos, toujours est il que la Troisième Bataille de Nubia nous a frappé de plein fouet avec l'arrivée de l'Inquisiteur Fou...
-Van Disenstein?
-Lui même, que son âme criminelle soit éternellement damnée. Nos camps de réfugiés furent vite encerclés et placés sous contrôle de ses armées de fanatiques, et ce qui avait été pour nous un sanctuaire s'est très vite transformé en camps de la mort. Un sombre délégué de van Disenstein, nommé Marius Harar, s'était établi là dans l'intention de nous juger tous, nous qui par malheur avions été presque en contact avec le Chaos. Ce fut expéditif et sans une once de justice, et les milliers de victimes qui résultèrent de cette folle chasse aux sorcières, pour beaucoup des victimes innocentes, allèrent s'entasser dans d'abominables charniers. Là encore, je ne dois ma vie qu'à l'intervention d'Astartes. Des Death Templars ceux ci, et également en petit nombre. Mais ils sont parvenus à nous libérer, et les rares survivants de ce massacre insensé purent être évacués vers une zone hors combat. Une fois encore, mais par la grâce de l'Empereur, ce fut la dernière cette fois.
-J'avais lu des rapports à ce sujet. Cette zone de combat avait été nommée Humanus par les forces coalisées du Purgateur. Je suppose donc que vous avez assisté aux procès en tant que victime et témoin...
-Pas uniquement. Les services d'Heiklimer ont pu mettre la main sur mon travail d'avant guerre qui concernait une étude de la population nubienne et de son taux de déviances hérétiques, et comme il s'avérait que j'étais le seul survivant de mon équipe, ils me recrutèrent comme observateur. Mon travail en tant que prêtre spécialiste du credo impérial mais aussi en tant qu'ethnographe, fut de préciser l'étendue des purges de van Disenstein et son caractère génocidaire. J'ai passé plusieurs journées durant les procès à parcourir des dossiers gros comme ça concernant l'étendue des tueries et je crois que je n'ai jamais autant pleuré et vomis qu'alors...
-J'ai entendu parler de votre travail. me rappelais-je. Vous étiez la cellule Exitus Acta Probat...
-"La fin justifie les moyens". traduisit-il, pensif. Un des dictons les plus déclamés à travers l'Imperium... En ce qui concerne Harar, cela a porté ses fruits, et il fut exécuté avec d'autres de nos tortionnaires. Mais par le Trône, j'aurai tant voulu que van Disenstein lui aussi soit passé par les armes! C'est lui le véritable responsable de tout ce désastre.
Jonko se tut un instant, le regard perdu dans le fond de son verre rendu opaque par la saleté accumulée. Je n'essaya pas de le sortir de ses sombres et douloureuses pensées, et me mit bêtement à mon tour à considérer ma tasse à recaf'. Ses souvenirs me remuaient les entrailles, car c'était bien la première fois que j'avais droit à un témoignage de quelqu'un qui avait bien vécu ces évènements, habitué comme je l'étais de lire de simples rapports tout à fait froids et inexpressifs. Entendre ça raconté de la bouche de quelqu'un qui y avait été, sentir toute l'horreur surgir de sa mémoire meurtrie, c'était autre chose. C'était angoissant. Terrifiant. Je me sentais soudainement étranger, un intrus venu fouiner en toute impudence dans les méandres de sa mémoire torturée, comme pour satisfaire une curiosité malsaine et malvenue, pouvoir ressentir à travers quelqu'un ce que je n'avais pas vécu moi même. Je me sentais stupide, honteux et dégoûtant.
Le prêtre dû le ressentir car il m'adressa un pâle sourire rassurant.
-Ne vous en faites pas. dit il. C'est naturel de vouloir savoir. Et je converserai volontiers sur le sujet, si ça peut m'exorciser de toutes les abominations que j'ai vu là bas.
Ses yeux redescendirent un instant vers son verre sale, avant de remonter vers moi, animé d'une attention très particulière.
-Vous avez été assigné sans délai chez les Futharks, c'est bien ça?
-Oui. En tant qu'observateur, analyste et commémorateur.
-Dans ce cas, prenez garde lorsque vous évoquerez le Désastre. me prévint-il. Si je l'ai vécu en tant que civil terrifié, eux l'ont vécu en première ligne, armes en mains. Combattre le Chaos est une chose qui paraît - et devrait- être naturelle chez tout serviteur de l'Imperium. Mais se faire poignarder dans le dos comme le fit avec eux van Disenstein en est une autre. Et je pense, sans doute à raison, que le sujet est particulièrement tendu pour les gens proches de l'Ordre, encore plus pour ceux qui ont dû se battre contre lui.
-Merci de l'avertissement, frère. Je serai prudent.
-Comprenez moi bien Kristofus, ce n'est pas qu'ils vous agresserons pour en avoir parlé sans y être invité, mais vous allez déjà vers eux en tant qu'étranger d'une part, et envoyé par leurs anciens juges d'autre part. Si vous souhaitez accomplir votre travail convenablement, il serait sage de ne pas les brusquer dès le début. Ça viendra. Mais ça prendra du temps, sans doute...
Je remercia mon homologue d'un hochement de la tête reconnaissant, puis je décidai de tourner la discussion sur quelque chose de moi pesant.
-Et vous, Jonko? Quel est votre tâche en Yggdrasile précisément?
-Eh bien, faire ce que je sais faire de mieux... Cartographier, recenser, analyser... Je dois faire un compte rendu de chaque planète d'Yggdrasile afin de constituer un dossier précis en vue de compléter les archives déjà existantes, et qui n'ont pas été mises à jour depuis... je ne saurai même pas dire depuis quand!... Mon premier travail sera de dresser un portrait méticuleux de leurs mondes, type de terre, écosystème, cartographie, répartitions des peuples et des gouvernements locaux, conditions météorologiques, et cætera. Ensuite, je m'attaque au recensement démographique. Leurs peuples, niveau technologique, concentration, niveau de sédentarisation, et ainsi de suite, bref, les critères nécessaires à une bonne analyse de la population. Enfin, et c'est ce qui servira sans doute de premier aperçu du rendu final de votre propre travail, une pré analyse de leur niveau d'intégration à l'Imperium, à savoir leur niveau de loyauté, de foi, d'engagement militaire et social, leur respect des dîmes... Vous voyez, j'ai quand même du pain sur la planche! A ceci près que je ne resterais pas plus de six mois par monde, et que après mon petit tour d'horizon, je retournerai sur Fortis Hexx pour dresser mon rapport. Si tout se passe comme je l'espère, après ça, je devrais être assigné à une équipe ayant reçu une mission similaire concernant le système d'Eris, mais leur départ est prévu pour dans cinq ans, afin cette fois de rendre compte de l'évolution des réparations du système et d'où en est la purge des dernières traces du Chaos. Nous serons pour ainsi dire des superviseurs de chantiers, guère plus.
-C'est une tâche impressionnante que vous avez là! Vous devez être fier...
-Je le suis, mon frère, je le suis. Et j'espère que ça me permettra de mettre de côté les fantômes du passé. Quant à ce qui m'attends là, eh bien je serai dans mon domaine, donc on ne fait pas meilleure situation!
Il rit de bon coeur et leva son verre terne en une parodie de toast.
-J'aurai préféré que ce soit le cognac de ce vieux pirate de Medrek, mais tant pis, on fera avec... A notre sainte mission, cher confrère!
-A notre mission! répondis-je gaiement en faisant trinquer ma tasse de recaf'.
Il renversa alors le contenu de son verre à terre pour ne s'en garder qu'une gorgée, et rajouta, son sourire se faisant plus triste.
-Aux disparus, qu'ils ne soient jamais oubliés...
J’acquiesçai silencieusement en hochant du chef et en buvant une gorgée de l'immonde breuvage qu'on m'avait servi, et Jonko se leva pour prendre congé. Avant de partir il posa une main sur mon épaule.
-Je suis content de vous connaître, Kristofus. Vous êtes quelqu'un de bien. Votre tâche sera un merveilleux accomplissement et soyez sûr que beaucoup vous envient, moi y compris. Mais je pense que le Seigneur Heiklimer a bien choisi son homme. Au plaisir de vous recroiser, frère.
Il s'en alla dans une posture un peu plus dynamique, sans doute apaisé et revigoré par notre discussion. Je resta quelques instants à considérer le reste de mon recaf', puis la raison - ou mon estomac - prirent le dessus, et j’abandonnai l'infecte boisson pour aller me promener dans le cargo afin de glaner quelques informations sur ma destination, et peut être pouvoir en apprendre plus sur le Désastre de Nubia et l'implication des Futharks.


Dernière édition par Turielo le Mer 12 Juin 2013 - 12:59, édité 1 fois


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Message par Administration Sam 17 Nov 2012 - 18:09

Bravo Turielo, je suis impressionné, tes textes sont de plus en plus longs, de vrais petites nouvelles à elles seules, et de la matière à un gros roman apocryphe.
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Message par Corax Sam 17 Nov 2012 - 20:11

c'est clair que cela va être géant comme récit.


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Message par Sanguinius Sam 17 Nov 2012 - 21:20

Toujours aussi terrible. Tu as le soutien de la IXe, Turielo. Smile


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Message par Turielo Sam 17 Nov 2012 - 21:38

Merci beaucoup les gars! Smile C'est effectivement à ce jour mon travail le plus conséquent, et ce n'est qu'un début... Corax qui suit apparemment aussi l'avancement de la chose sur Obscurae Librarium pourra confirmer qu'il y a déjà une bonne dose d'écrite.
Cependant, bien que j'y prenne quelques libertés (fiction oblige), mon principal objectif est d'offrir un travail sérieux fidèle au fluff 40k. Hésitez pas à me signaler si vous lisez de tros grosses incohérences ou si je m'en eloigne trop... Wink
La suite samedi prochain donc!


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Message par Corax Sam 17 Nov 2012 - 22:28

Il y a juste un truc si tu pouvais mettre plus d'espace, c'est un peu trop serré.

Sinon rien à dire niveau Fluff.


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Message par Turielo Sam 24 Nov 2012 - 13:47

J'y avais fait mention lors des lettres de sang 2, j'ai quelques peu changé de style de présentation, tout simplement parce que une fois sur papier, c'est plus présentable, et que avec trop d'espace, on se perd vite dans le texte. D'ailleurs, regarde les livres de la BL, il n'y a que très rarement des sauts de lignes, généralement pour passer à une partie différente, ou dans de rares cas pour souligner une partie bien particulière...
Voilà la partie de ce samedi, celle de samedi prochain est déjà prête, toutefois je vais faire une pause le temps de travailler les nouvelles lettres de sang (idée principale trouvée, maintenant la partie difficile arrive), avec cependant une belle difficulté, mon fidèle ordinateur étant récemment mort, donc ça limite quelque peu les possibilités de recherches et d'écriture. Mais normalement je serai dans les temps.


II:

Ma petite promenade de digestion me fit parcourir de petits couloirs étroits et encombrés de câblages comme si les murs les vomissaient, et qui empestaient l'huile et la sueur, certains courant librement dans les renfoncements du vaisseaux tandis que d'autres étaient grossièrement gainés et reposaient à terre comme de gros serpents paresseux. Par moments je croisais quelques hommes d'équipage crasseux et taciturnes à l'allure brutale, le regard vide et les gestes mécaniques avec un air exténué, ou quelques serviteurs vacants à leurs routines d'opération. De temps à autre mon chemin passait près de l'entrée d'un entrepôt sombre et poussiéreux dont on devinait à peine le contenu dans la pénombre, ou de cellules toutes plus variées les unes que les autres suivant leurs fonctions. Dans les quelques salles de contrôle ou de maintenance, des hommes en tenue de travail débraillée surveillaient les cogitateurs aux écrans presque opaques noyés de parasites, ou trituraient des rangées de boutons d'un air absent, écrasés par une routine aliénante. Parfois, on pouvait apercevoir un officier déambuler parmi eux, jetant un oeil sur une plaquette de données ou se renseignant sur la bonne résistance du cargo fatigué aux turbulences du Warp, mais malgré cet incessant va et vient et l'apparente attention qu'ils portaient sur leur travail de surveillance, on avait bien l'impression en les voyant qu'ils s'ennuyaient tous profondément.
Au delà des bruits incessants de machinerie et de manœuvres, on pouvait percevoir celui continu qui rappelait à tout un chacun l'océan immatériel dans lequel voguait le cargo à ses risques et périls. Bien évidemment, les rares hublots et autres baie d'observation gardaient farouchement leurs volets baissés, scellant le vaisseau entier de façon à ce que nul ne se risque à plonger le regard dans l'abîme du Warp et ne devienne un cataclysme sur pattes, mais ma curiosité naturelle me poussa à imaginer cette dimension chaotique qui nous englobaient en cette heure, pour nous mener à notre destination, ou à notre perte. Quels dangers grouillaient dans cette éternelle mer d'âmes, guettant notre vaisseau comme une proie qui leur était jetée en pâture? Mon esprit était saturé d'images de monstres et de démons, prédateurs d'une autre réalité, suivant notre route hasardeuse pour se jeter au premier signe de faiblesse et dévorer nos âmes. Que l'Empereur nous garde tous d'un tel destin!
Mes errances me menèrent bientôt au devant d'un cloison anti explosion surmontée d'un aquila de bronze toutes ailes déployées, et gardée par deux soldats à l'allure désinvolte, portant l'uniforme couleur d'écorce et les écussons d'un régiment hexxien que je ne parvins pas à identifier.
-Hop! Demi tour mon père, cette zone est interdite aux civils... m'interpella l'un d'eux, un blondinet aux traits sales et creusés, mal rasé et qui sentait aussi bon qu'une étable laissée à l'abandon. Il se tenait à moitié penché en avant, appuyé sur son fusil posée crosse au sol.
-Désolé mon fils, je me suis quelque peu égaré. dis-je.
-Il me faudra votre nom, mon père, s'il vous plaît, je dois signaler votre passage. me demanda le second, un costaud aux cheveux bruns ébouriffés et aux yeux de chien battu.
-Je suis le père Kristophus Nevenski, mon fils.
-Ah... C'est vous le Privilégié? fit le blond d'un ton las. Laissez tomber mon père, vous pouvez passer, on nous à prévenu. Le super laisser passer, tout ça...
-Vous v'nez voir le Commissaire Malkh? me demanda le brun avec un sourire forcé, comme pour tenter par sa grimace de s'excuser son brusque accueil.
-Je... Non, mon fils, je me promène, c'est tout...
-Ben on vous laisse faire dans ce cas, mon père. On sait qui vous êtes maintenant, on vous embêtera plus, promis. fit le blond avec un hochement de tête.
Je lui rendit son geste et laissa les deux Gardes pour pénétrer leur zone de transit.
Pas grand chose à voir à dire vrai, jusque la même succession de couloirs puants et de cellules similaires à la mienne à en juger par la taille et la mine consternée des quelques soldats que je croisais. Ils n'étaient pas bien nombreux d'ailleurs, pas plus d'une compagnie à vue d’œil, mais la plupart bien mieux tenus que les deux premiers avec qui j'avais eu affaire. Quelques uns me regardèrent bizarrement, se demandant sans doute ce que je faisais là, d'autre se contentant d'un vague hochement de tête en guise de salutations, mais la grande majorité demeurant sans aucune réaction à mon égard, comme assommés par une grande fatigue. La pire chose pour un soldat c'est l'attente, c'est bien connu, et eux tuaient l'ennui dû au long transit Warp comme ils le pouvaient. Là un groupe jouait aux dés ou se disputait une partie de régicide, ici d'autres lisaient, conversaient, se racontaient des blagues. Certains dormaient à poings fermés, certains s'adonnaient à des exercices physiques, certains erraient tout comme moi.
Un sergent m'adressa un salut militaire un peu négligé avant de venir vers moi, cigare éteint entre les lèvres, et ne portant que son maillot de corps sur le reste de son uniforme réglementaire, sa veste pliée sur une chaise qu'on aurait dite faite avec du fil de fer barbelé. C'était un grand gaillard à la musculature plus que généreuse, et une tête de joueur de balle ovale de Lozaris, carrée et bosselée, les oreilles en feuille de choux. Une longue cicatrice lui barrait le cous de part en part, remontant jusque derrière son oreille droite et je frissonna rien qu'à imaginer ce qui avait pu produire pareille blessure.
-Eh ben mon père, vous vous êtes paumé? m'accosta-t-il d'une voix éraillée et forte comme un crieur de marché.
-Non non, je tenais juste à visiter les lieux, mon fils... Je suis le père Nevenski. On m'a dit que je pourrai passer en dépit de la réglementation en vigueur, concernant les civils.
-Ouais, le Capitaine nous a briefé sur vous. On vous a donné carte blanche pour vous balader un peu partout, et comme ça vient apparemment de haut lieu, nous on discute pas...
-C'est ce qu'on m'a dit à l'entrée...
-Ouaip, je préfère clarifier la chose, parce que ça m'étonnerai bien que ces deux mollassons aient été bien compréhensifs. Ils sont de corvée de garde à cause d'une mauvaise partie de cartes. Et aussi parce que ce sont deux cons finis, mais ça vous avez dû vous en douter.
Je hocha la tête de côté, gêné, ne sachant pas trop quoi répondre à ça. Je n'ai jamais été un grand connaisseur en matière de militaire, et leurs manières de brutes, qu'ils avaient pour beaucoup la mauvaise habitude de forcer plus que de naturel, m'ont toujours quelque peu dépassé. Je m'arrêtais au fait qu'ils se battaient pour l'Empereur, et c'était bien plus que suffisant.
Le sergent fit craquer une allumette sur l'étui de couteau vide qu'il portait à l'encolure de l'épaule, et ralluma son cigare pour empuantir un peu plus l'atmosphère d'une odeur âcre et piquante. Je n'ai moi même jamais fumé de ma vie, et j'en rends grâce tout les jours à l'Empereur, car décidément je ne comprenais pas ce qu'on pouvait tirer comme plaisir à s'asphyxier de la sorte.
-J'vous fais faire le tour, mon père? me proposa-t-il, en me considérant le cigare rougeoyant de travers et un oeil fermé devant la montée de la fumée épaisse.
-Je ne suis pas contre une petite visite... acceptai-je en toussotant. Après tout, je n'ai rien de mieux à faire pour le moment. Merci, mon fils.
-Marv, mon père. J'm'appelle Marv. me reprit-il en souriant. Sergent Marvin Deludas, troisième Compagnie du 51ème régiment Hexxien.
Il m'invita à le suivre, et commença à me décrire le décor glauque comme si ça en valait véritablement la peine, alternant les images de caserne, de bordel et de cloaque, sans mentionner d'autres comparaisons guère reluisantes. La "visite" était vraiment faite pour tuer le temps, et je n'écoutais pas vraiment ce qu'il me disait, une succession d'anecdotes martiales, d'histoires graveleuses et de détails techniques que seul un soldat pouvait espérer comprendre.
J'appris cependant que la Compagnie du sergent Deludas faisait partie elle aussi des plans du Seigneur Heiklimer, et était envoyée sur un des mondes d'Yggdrasile afin d'observer les entraînements Futharks, de les conseiller, recadrer et éventuellement de pousser leur structure militaire à changer. C'était avec eux, aux côtés du Capitaine Vanar, que se trouvait le Commissaire Malkh, commissionné par l'Inquisiteur lui aussi comme "privilégié" et faisant donc partie de notre mission. Ce serait le premier que j'allais rencontrer parmi les trois autres qui restaient indéfiniment comme moi auprès des Futharks.
Le hasard faisant bien les choses, le Commissaire en question arrivant devant nous précisément au moment où je pensais à lui. Un grand homme portant le classique manteau sinistre du Commissariat et ses insignes funestes. Il était lui aussi fort musclé, son visage à angles droits rasé de frais, une vilaine cicatrice lui partant de la tempe gauche pour aller courir le long de sa mâchoire impressionnante pour finir au dessus du menton. Ses cheveux blonds étaient coupés à ras et ses yeux bleus semblaient aussi froids qu'un glacier. Pourtant, malgré cette allure de colosse sévère, son visage était fendu - en dehors de sa cicatrice - d'un large sourire, tandis qu'il circulait parmi ses hommes, adressant une remarque à l'un, posant une question à un autre. Son regard polaire se posa sur moi et il vint nous rejoindre d'un pas sûr et rapide.
-Père Nevenski, je présume? me demanda-t-il en exécutant un signe de l'aquila soigné. Je hocha de la tête en pressant à mon tour mes mains sur ma poitrine, et nota que le sergent Deludas s'était éloigné après un salut militaire parfaitement exécuté et un vague clin d'oeil à mon attention, pour nous laisser loisir à parler seuls.
-Je suis le Commissaire Abrham Malkh, du 51ème Hexxien. Bienvenue dans notre trou à rats. repris le Commissaire en me tendant une main gigantesque et qui engloutit totalement la mienne quand je voulus la serrer.
-Vous êtes le premier des quatre Privilégiés que je rencontre, mon père.
-Et bien ça tombe bien, puisque c'est pareil pour moi. répondis-je en feignant un rire tandis que je récupérai précipitamment ma main broyée pour la masser derrière mon dos. Une bien belle brute, pensais-je...
-Vous connaissez déjà votre assignation? me demanda-t-il en m'invitant à le suivre dans son inspection du hangar bondé de soldats.
-Non, pas encore. Les services de l'Inquisiteur sont restés très vagues, et j'ai cru comprendre que je n'aurai pas d'assignation particulière. Pour reprendre les mots du Diacre Seculos, j'ai "carte blanche".
-Un vrai privilégié donc! s'exclama Malkh avec un rire bruyant.
-Oui, c'est ce qu'on aime bien me répéter... grommelai-je, lassé de ce surnom qui blessait mon habitude à une modestie la plus sincère. Et vous? Où êtes-vous déployés?
-Nous devons superviser le recrutement et l'entraînement d'un régiment local, sur Àsgard, la planète pivot du système. Une compagnie entière pour tout un régiment. Je n'en sais pas plus sur le régiment en question, tout simplement parce que je ne comprends rien aux principes de ces sauvages. Un clan ou un truc dans le genre très primitif. Pour moi ce ne sont que des soldats qui vont devoir se battre et mourir pour l'Empereur Dieu, rien de plus.
-Et vous avez tout à fait raison de penser comme cela, Commissaire. dis-je en faisant un nouveau signe de l'aquila.
-J'ai entendu beaucoup sur ces Futharks, mais je reste très prudent. Beaucoup de ces dires sont des légendes ou une vérité déformée. En dehors de leurs actes glorieux au cours de différentes campagnes, ils demeurent des citoyens impériaux sur le chemin de la déviance, peut être même plus. Mon rôle est de m'assurer que leur armée est telle que nos rapports la décrivent. Si ce n'est pas le cas, eh bien j'exercerai mon rôle de Commissaire, châtierai les coupables et reprendrai en main la constitution du régiment test.
-Et pour les autres?
-Le Munitorum s'en chargera suivant les résultats de mon enquête. D'ici là, mes hommes et moi ne pouvons agir que sur ce régiment bien précis, après accord entre les officiers Futharks et les services de l'Inquisiteur. Bien évidemment, si je devais avoir affaire à un autre de leurs régiments qui nécessite correction, mon titre m'autorise à intervenir, et je ferai mon devoir.
Tout en conversant, nous étions en train de passer à côté d'un autre petit entrepôt réquisitionné par le 51ème Hexxien pour en faire un lieu commun pour ses soldats, au demeurant plus confortable que ces affreuses petites cellules individuelles, si on exceptait le fait qu'ils étaient pratiquement entassés les uns sur les autres. L'éclairage, comme dans le reste du cargo, laissait fortement à désirer, mais dans une surface plus grande comme cet antre nauséabonde réservée au stockage de matériel, les quelques lumiglobes présents n'offraient en définitive que très peu de lumière, et l'endroit tout entier était plongé dans une pénombre oppressante. Quelques caisses de matériel militaire bâchées avaient été poussées dans des recoins de la vaste pièce, et des rangées de lits superposés avaient été fixées dans le reste de la salle. Les soldats, dans cette salle au nombre d'une vingtaine, erraient entre les lits de facture simpliste, discutant entre eux, plongeant l'endroit dans un murmure au volume aussi changeant que les vagues d'une mer en pleine marée. Certains gardes téméraires étaient vautrés sur leurs lits de camp, un bras passé sur les yeux et leur veste roulée en boule fichée sous la nuque de telle façon qu'elle recouvrait en partie les oreilles pour atténuer l'incessant brouhaha de la soldatesque ennuyée.
Le Commissaire leva une main pour stopper notre propre discussion, son regard glacial tourné ailleurs, son sourire avenant disparaissant soudainement pour laisser place à un masque de froide sévérité.
-Excusez moi, mon père. dit il sans dévier son regard. Quand on parle de devoir...
Il se dirigea vers un groupe de soldats rassemblés dans un coin de l'entrepôt encombré, apparemment lancés dans une discussion mouvementée à en juger par leurs gestes brusques et la faible rumeur qui montait d'eux, se voulant discrète mais aux accents furieux.
Curieux, j'emboîtai le pas au Commissaire vers ce regroupement suspect. Aucun des militaires ne sembla remarquer l'approche de l'officier politique, et, parvenu plus proche d'eux, je pus entendre quelques uns des échanges qui définirent à eux seuls la raison de ces accents colériques qui émanaient de leur échange.
-Qu'est ce que t'attendais, Karl? Une place sous le soleil? Un combat honorable?
-Non, mais sûrement autre chose que ça. C'est du foutage de gueule! On a bien mieux à faire que d'aller faire du baby sitting, surtout avec.... eux!
-Au diable les demandes du Colonel! Le Capitaine est d'accord avec nous, ces enfants de catin ne valent rien et certainement pas notre temps, surtout quand nos frères se battent ailleurs sans nous. Qu'on les foute sur le bûcher, tous, et puis c'est réglé!
-Voilà de bien cruelles paroles, soldat Rezak... fit Malkh en donnant assez de voix pour que tous l'entendent.
Ils étaient une dizaine de soldats, et chacun d'eux s'interrompit instantanément, abandonnant un rictus de colère pour un masque de peur panique. Malkh se planta face à eux, droit comme un "i", main derrière le dos, les dévisageant un à un. Dans l'entrepôt, le silence se fit si brusquement qu'on aurait juré qu'ils n'y avait que nous.
-Par le Trône, Commissaire! Vous nous avez fait peur! balbutia l'un des comploteurs.
-Silence, soldat Jukilo. ordonna sèchement Malkh avant de se tourner vers celui qu'il avait interpellé le premier. Rezak, c'est quoi ce cirque?
-Pas grand chose, m'sieur. On... On est juste un peu à cran de devoir aller faire les gardes chiourmes alors que ça chauffe ailleurs.
-Je comprends, sentiment partagé. fit Malkh en hochant brièvement du chef pour établir un plan d'égalité entre eux. Et est-ce que vous pouvez changer cela?
-Euh... Pas qu'je sache, Commissaire... répondit Rezak en se grattant l'arrière de son crâne rasé en grimaçant d'embarras.
-En effet. A moins que mes fiches aient oubliées de m'apprendre que vous avez été nommé à un haut poste, responsable de décisions comme celle de nous envoyer en Yggdrasile? continua Malkh avec un nouveau hochement et un regard dur empli de sarcasme.
-Je... Non, bien sûr que non... Mais on fait pas grand chose de mal, Commissaire, on en a juste gros sur le cœur, et on se partage nos impressions. C'est tout...
-Soldat Rezak, je tâcherai de prétendre que je n'ai pas entendu ni relevé vos divagations d'Inquisiteur pyromane en herbe, et je poserai simplement cette question: avez vous déjà rencontré ou côtoyé un Futhark? demanda Malkh en le fixant intensément, son regard à lui seul signifiant au militaire que sa réponse allait décider de son sort.
-Non, Commissaire. Je n'ai pas eu cette occasion. répondit piteusement le garde en baissant la tête.
-Dans ce cas comment pouvez vous les juger avec autant de clairvoyance, ces... "fils de catins hérétiques" pour reprendre vos propres termes? appuya Malkh, se penchant légèrement comme pour continuer de fixer le soldat en face.
Le soldat garda son regard rivé vers le sol grillagé, et ne répondit pas. Malkh attrapa fermement son menton et le força à le regarder dans le blanc des yeux.
-Je vous ai posé un question, soldat. siffla-t-il en détachant lentement chaque syllabes, à quelques centimètres du faciès terrifié du garde.
-N... Non... Non je ne peux pas les juger. balbutia celui ci d'une voix geignarde.
Malkh relâcha sa prise, et le garde choqué recula de deux pas en se massant la mâchoire d'une main, ses yeux retrouvant quant à eux leur contemplation du sol.
Malkh relâcha son attention sur lui et parcouru le reste du groupe de son regard accusateur.
-Je n'ai pas non plus rencontré ces gens, à aucune occasion, et d'après ce que je sais, aucun de vous n'en a ne serait-ce qu'aperçu un. Je me fis à ce que mes fiches me disent et à ce que mes ordres m'intiment de faire. Plus que tout, je me fis à l'Empereur-Dieu et à la Sainte Terra. Comme vous le devriez tous!
Il me désigna du doigt sans les quitter des yeux.
-Voici le père Nevenski, mandaté par le Ministorum et surtout par le même homme qui nous a fait appeler. Il est l'un des Quatre, et le seul d'entre nous qui a pu rencontrer un natif d'Yggdrasile.
Son regard de blizzard se tourna vers moi.
-Mon père, dites moi. Comment étaient ils?
-Je... Je n'en ai pas vu beaucoup, mais de ce que je sais, ils sont comme vous et moi, et plus que tout, ce sont des défenseurs de l'Imperium aux nombreuses victoires... dis-je sans réfléchir, avant de me rattraper, conscient que le Commissaire attendait plus de moi pour pouvoir compléter la leçon donnée aux soldats fautifs et à leurs camarades. Ils sont connu pour leurs déviances blasphématoires, mais ce ne sont que des rumeurs pour le moment. C'est pour cette raison précise que j'ai été chargé de les suivre pour les étudier, et de déterminer si oui ou non ils sont loyaux à l'Empereur Dieu.
-Ce qui veut dire, soldats, que notre rôle n'ai nullement de les juger. reprit Malkh en se tournant à nouveau vers les soldats. Nous avons nos ordres. Et vous n'avez donc nul besoin de divaguer sur un autre sujet.
Le silence se fit un court instant, le temps que les soldats comprennent ce qui leur était reproché, puis Malkh s'adressa à nouveau à eux et au reste des occupants de l'entrepôt par la même occasion.
-Je ne veux plus voir ni entendre de rassemblement de ce genre. Jamais. Faites passer le mot à vos camarades. La prochaine fois, je laisserai parler Troublemaker à ma place. dit il en tapotant de la main le holster de son pistolet bolter, sur lequel était justement gravé en toutes lettres "Troublemaker".
Les soldats saluèrent dans un garde à vous rigide et se dispersèrent sans rajouter quoi que ce soit, et leurs camarades replongèrent dans leur occupation à faire passer le temps. Malkh regarda partir les gardes réprimandés, un sourire en coin. Il se tourna vers moi, et m'invita d'un geste à poursuivre notre chemin. J'approuvai du chef et nous continuâmes, lui avançant à grandes enjambées énergiques, moi trottinant derrière lui en essayant de suivre la cadence sans m'empêtrer dans ma bure.
-Vous avez été juste, Commissaire. dis-je au détour d'un nouveau couloir. Avec eux. Vous auriez pu les punir... Je me suis laissé dire que le Commissariat aimait bien ce genre de choses...
-J'ai fait ce qu'il fallait faire. Pas besoin de plus. Ce n'était qu'une broutille, et ces gars là sont nouveaux venus dans le régiment. fit Malkh. Nous ne sommes pas tous des fous de la gâchette, mon père. Si certains Commissaires aiment à faire troquer le cerveau de leurs soldats contre un bolt, d'autres comme moi préférons leur parler avant de les punir plus sévèrement.
-C'est une bonne chose. acquiesçais-je. Vous serez un bon exemple pour les gardes d'Yggdrasile.
-Oh, mais je n'ai jamais dit que je serai gentil comme ça avec eux , mon père... répliqua-t-il d'un ton sans équivoque en levant une main, nous arrêtant devant une porte blindée, gardée par deux Hexxiens bien plus sérieux que les deux premiers que j'avais croisés, ceux ci se tenant droits et fier, l'uniforme impeccablement lissé, et l'arme au côté.
-Je me suis dis que tant qu'à ce que vous soyez descendu par ici, autant vous présenter au Capitaine, il vous en dira probablement davantage que moi... dit Malkh en désignant la porte.


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Message par Corax Sam 24 Nov 2012 - 15:58

Sympa comme tout comme d'habitude.

Merci pour ta réponse précise, je comprends très bien ce que tu veux faire.


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Message par Turielo Sam 1 Déc 2012 - 8:38

En attendant ma contribution aux lettres de sang 3 (qui sera postée dans la semaine je pense), voilà la suite d'Ùtlendr.


Nous entrâmes dans une petite cellule empestant le renfermé et la sueur, un lumiglobe sale et défectueux baignant par intermittences la salle d'une lumière faisant ressembler tout ses occupants à des cadavres ambulants. Ses parois noircies et luisant d'une couche d'huile crasseuse supportaient trois cogitateurs d'un autre âge que les quatre personnes présentes regardaient d'un œil absent. Trois soldats portant les galons de lieutenant entouraient un homme bien bâti dans la force de l'âge, son uniforme ocre rehaussé de noir atténuant fortement l'éclat doré de ses cheveux, si bien que seuls luisaient ses deux iris de glace. Étant donné que les barrettes sur son col indiquaient la fonction de capitaine, je salua le fameux Capitaine Vanar. Il me répondit vaguement par un hochement de tête, son visage aussi fermé que celui d'un confesseur pénitencier. Il fit signe à Malkh d'approcher et lui désigna d'un geste dédaigneux l'un des écrans sales dont la lueur émeraude tremblotait dans la cellule.
-Ce sont les cartes stratégiques de Nyssyen, le monde où s'est rendu le reste du régiment. fit Vanar, sa voix à elle seule traduisant toute la frustration qu'il était sur le point de laisser éclater. Kairez me les a données avant notre départ. Franchement! Pour une fois que le 51ème reçoit un déploiement à sa hauteur, il faut qu'on reçoive une mission à la con!
-Vous devriez modérer vos humeurs, Capitaine. lui rétorqua Malkh. Nos hommes ont le moral bas et vous écoutent trop lors de vos crises de nerfs. J'ai dû en réprimander une bonne vingtaine depuis ce matin...
-Parce que ça vous emmerde pas vous de devoir aller surveiller des gars bizarres pendant que nos camarades vont se faire trouver la peau à l'autre bout du secteur?
Malkh éteignit le cogitateur ronronnant avant de faire face à son Capitaine.
-Oui. dit-il calmement. Ça m'emmerde même profondément, mais c'est notre lot. Un ordre, on suit. Point. On m'a chargé de vous avoir à mes côtés durant ma mission et c'est ce que je fais. Content, ou pas content. Maintenant dois-je vous rappeler que votre devoir implique d'obéir aux ordres donnés sans discuter, Capitaine Vanar?
-Non, bien sûr que non! se défendit l'officier. C'est juste que...
-C'est que la discussion est close si vous gardez bien cette considération dans le crâne avant que je vienne y loger autre chose. l'interrompit calmement Malkh et caressant la crosse de Troublemaker.
Vanar capitula aussitôt à la seule vue de l'arme, retrouvant immédiatement sa place. Je ne pu qu'approuver d'un hochement de tête la dévotion dû Commissaire.
-Et celui ça, qui est-ce? demanda brusquement Vanar en me désignant du menton.
-Kristophus Nevenski, Capitaine. me présentais-je avant que Malkh ne le fit. Prêtre du Ministorum et "privilégié" à ses heures perdues.
-Oui en effet, on m'a parlé de vous... répondit-il, un sourire en coin en me tendant la main, qui une fois que je l'eau serrée engloba l'horrible habitacle tandis que Valar me demanda en ricanant.
-J'imagine que ce n'est pas la peine de vous demander comment se passe votre voyage?
-Oh, presque aussi bien que le vôtre j'imagine... répondis-je avec un sourire.
Vanar partit d'un grand rire avant de m'inviter à m'asseoir avec eux. Malkh s'assit juste en face de moi. La petite table à moitié rouillée était encombrée de parchemins, de cartes et de blocs de données. J'arrivai à apercevoir certains des sujets, pour la plupart concernant le système d'Yggdrasil, d'autres étant consacrés au 51ème Hexxien et ses déploiements dans le secteur. Sans vraiment réfléchir à ce que je faisais, je saisis une image représentant un monde à la surface marbrée, dont la description présentait comme Nyssyen, la planète qu'avait évoqué Vanar juste avant. Ce dernier me remarqua et me désigna l'image du menton en haussant les sourcils.
-Vous connaissez? me demanda-t-il.
-De nom. Un confrère y est parti il y a quatre ou cinq ans pour soutenir une expédition.
-Un champ de ruines, pas très intéressant à mon goût. Ça fait onze ans qu'ils se font attaquer par des pirates xenos, et ça en fait dix qu'on se bagarre entre régiments pour y être affectés et y mettre un terme, les FDP locaux ne faisant pas le poids, comme d'habitude si vous voulez mon avis.
-D'où votre déception de vous retrouver ici...
-C'est à peu près ça. Nyssyen fait partie de ces mondes en guerre quasi perpétuelle de bordure de secteur. Je pense juste que le 51ème et ceux qui sont avec vont enfin bouter ces saletés de xenos en dehors une bonne fois pour toutes.
-Le Gouverneur n'a pas considéré une intervention avant?
-Pour être franc je le comprends. Mythos comporte déjà suffisamment de mondes en guerre comme ça, et comme toujours dans ces cas là, on juge en fonction des priorités. Nyssyen et les mondes voisins ne sont pas dans la liste. Si nous... Si le 51ème s'y rend enfin, c'est que nous sommes tout juste retournés d'une campagne de purge et qu'on étaient libres. Grosso modo.
-Je vois... Pardonnez mes questions, je suis un peu curieux par moments...
-C'est votre boulot qui fait ça j'imagine. fit Vanar en levant une main. Et puis le Commissaire Malkh a raison. Je suis plutôt content d'avoir été aussitôt envoyé en mission après notre retour, plutôt que d'être baladé de places en places en attendant. Juste que... J'ai pas mal de copains qui sont là bas. L'inquiétude, ça vous ronge un homme parfois.
-C'est tout à votre honneur. acquiesçais-je en hochant la tête, de même que Malkh le fit, quoique de façon plus discrète. Je décidai alors de changer de sujet.
-D'après ce que j'ai compris, aucun au sein du 51ème n'a rencontré de Futharks auparavant?
-C'est Malkh qui vous a dit ça? Hum, et bien c'est en partie vrai, en partie faux. Lui, ainsi qu'une bonne partie du régiment, n'en ont pas connu, notamment les bleus, mais j'ai déjà eu affaire à eux avec ma Compagnie, lorsque ça a bardé ici durant la dernière Croisade Noire. On a été déployés avec d'autres Compagnies sur Naldaris, un monde assez chouette pas très loin de chez eux. Campagne classique: un tas de moches qui débarquent, les FDP qui se font dessus, et nous on vient sauver tout le monde, fin de l'histoire, envoyez la musique. J'ai combattu aux côtés d'un de leurs détachements, dont la majeure partie des soldats appartenaient à l'un de leurs "Clans", euh... Tor, Torn, un truc dans le genre, enfin bref! Des sacrés furieux si vous voulez mon avis! Au début avec leurs images de pyromanes sur leurs uniformes on les prenaient pour des cinglés, mais on était loin du compte. C'est des fous furieux ouais! J'ai rarement vu des lance flammes faire autant de bazar, et ils en ont cramé du renégat!
-De bons guerriers en somme?
-Ah bah ça, rien à redire! s'exclama-t-il. Rapides, ordonnés, efficaces, et fichtrement loyaux!
-Ce que je n'arrive toujours pas à saisir c'est le concept de leurs Clans...
Alors que je posais la question, j'entrevis Malkh hausser les sourcils en poussant un soupir, comme pour avouer sa propre et complète ignorance sur le sujet.
-Et bien, j'ai eu l'occasion pendant un transit d'en discuter avec un de leurs officiers, et il m'a un peu expliqué le truc. Pour faire simple, si j'ai bien saisi, la société d'Yggdrasil est organisée depuis longtemps en sortes de castes qu'ils appellent Clans et en fonction de ces Clans, ils possèdent telle ou telle aptitude. Niveau militaire, leurs régiments profitent de ces Clans, selon les spécificités inhérentes, et cela leur permet d'être plus polyvalents. Les Tor-machin là, leur truc c'est le feu, y'a aucun doute là dessus. Après vous dire le pourquoi du comment... Z'aurez qu'à leur demander... Vous allez où?
-Je ne sais pas encore. avouais-je en ouvrant deux mains impuissantes. Je dois rencontrer un adepte du Ministorum en charge de me donner mon parcours. Pour le moment je n'ai rien reçu. Vous c'est Àsgard, c'est ça?
-Oui, c'est en théorie là que fera halte le cargo en premier, après le point de transit du sous secteur. Nous devons être détachés auprès du 6ème Futhark qui est venu regonfler leurs rangs. Nos rapports indiquent qu'il s'agit d'un des régiments qui avaient été déployés sur Nubia, et notamment un de ceux ayant souffert le plus de pertes. Ils sont revenus en Yggdrasile pour accueillir et former de nouveaux gardes. Il est indiqué qu'ils sont aux ordres du Colonel Hjalmar Odalson, et qu'ils sont tous issus d'un de leurs Clans nommé "Odin", et dont le bastion est justement Àsgard. Ils étaient près de vingt cinq milles hommes en arrivant en Eris, et sont revenu en Yggdrasil avec seulement sept milles hommes. Une sacrée raclée...
-Je croyais pourtant qu'un régiment de la Garde était constitué pour perdurer jusqu'à sa dissolution? remarquai-je, surpris. Comment se fait-il que ceux là puissent revenir chez eux pour recruter de nouveaux hommes?
-Oh, ce ne serait pas une première... fit Valar. J'ai entendu parler de certains régiments qui ont ce système là, mais c'est long, et pas très pratique. Là, chez ces Futharks, je ne sais pas trop, il n'y a que peu d'informations quant à leurs méthodes de recrutement, mais je crois bien avoir vu noté quelques part que seul le Clan Odin est autorisé à revenir au bercail. Bizarre si vous voulez mon avis. Sans doute une espèce de noblesse privilégiée, ou quelque chose comme ça.
-Pour en revenir à notre 6ème Futhark, notre tâche sera simple au début. continua Malkh. Nous devons observer leurs méthodes de recrutement et d'incorporation, puis nous mêmes interviendrons par petites équipes d'instructeurs auprès des différents groupements de soldats en formation.
-Nous comptons parmi le 51ème de nombreux vétérans, reprit Vanar, et ils seront répartis suivant le besoin, accompagnés de la nouvelle bleusaille hexxienne. Quand je dit bleusaille, qu'on se comprenne, ils ne sont pas nés d'hier. Ce sont aussi des vétérans, mais issus de régiments jeunes et incorporés récemment au sein du 51ème après la dissolution de leur régiment d'origine. Le 51ème existe officiellement depuis trente ans, mais la récente Croisade Noire ayant pas mal réduit les rangs, le Gouverneur Galvinius avait décrété le regroupement de plusieurs régiments en un seul. Nous, on a été celui d'accueil pour les restes d'une dizaine d'autres. Ne cherchez pas par contre de 50ème ou 52ème hexxien, ils n'existent plus.
-Pourquoi vous ont ils choisi comme régiment d'accueil du coup?
-Simples statistiques. répondit Malkh. Sur dix régiments pris ensemble, on était le moins amoché. Donc on a absorbé les dix autres. A part le 54ème qui était encore pratiquement en effectifs complets. Et pour préciser les dires du Capitaine, le 51ème a permis de regrouper les régiments 50ème à 59ème, le 54ème donc mis à part, et les 53ème et 58ème n'existant déjà plus avant la Croisade Noire. Cinq régiments regroupés auprès d'un seul, ça paraît énorme, mais je peux vous dire qu'au final il n'y avait pas grand chose à récupérer...
-J'avais entendu parler de ces regroupements, mais je n'avais jamais pu en étudier les détails de plus près. dis-je, une ancienne curiosité enfin satisfaite.
-Ce n'est pas une façon de faire standardisée, mais ça arrive. dit Malkh. Certains Gouverneurs ou officiers opèrent comme ça, d'autres autrement. Pour nous, c'était surtout l'urgence qui a primé, après la dérouillée qu'on avait prise.
-Le Chaos a été sans pitié pour Mythos, à cette période... soupira un des lieutenants présents.
-Pas plus qu'il ne l'a été avec quiconque, et ce à n'importe quelle époque, Mirlan. ricana amèrement Vanar. C'est pour cela que nous nous devons d'être particulièrement vigilants en cas de déviance, même infime.
-Voilà enfin de sages paroles comme j'aimerai en entendre plus souvent de votre part, Capitaine. fit Malkh.
-Vous croyez vraiment que les Futharks sont à ce point déviants? demanda le dénommé Mirlan.
-Non, je ne pense pas. répondis-je avant le Commissaire. Du moins pas encore, c'est pourquoi nous devons être sévères avec eux dès maintenant. Mais prenez garde à ce que vous pourrez entendre sur eux, il y a déjà bien trop d'affabulations à leur sujet, pas la peine d'en rajouter et encore moins d'y croire. L'Empereur-Dieu attends de nous le meilleur pour sauvegarder Son empire.
Mirlan, Valar et les deux autres officiers hochèrent du chef pour signifier leur accord, mais Malkh demeura bras croisés, une moue dubitative qui en disait long sur ses doutes quant à la pureté des habitants d'Yggdrasil.
Vanar produisit alors une petite carafe emplie d'un liquide vermeil et remplit avec six gobelets en bien meilleur état que ceux de la cantine du cargo. Décidément, ce voyage m'aura fait briser bien des fois mon habitude de refuser l'alcool... D'un geste exercé il fit glisser chaque verre vers l'un de nous et se leva de sa chaise en portant le sien bien haut.
-À notre mission, à la rédemption d'Yggdrasil. Puisse l'Empereur les garder comme loyaux sujets. dit il.
Nous levâmes tous nos gobelets pour se joindre à son toast, avant de les boire d'un trait sec et de les faire claquer une fois vides sur la table d'acier. Le vin était délicat et parfumé, sucré juste ce qu'il fallait et on s'imaginait aisément qu'il devait provenir d'une contrée restée sauvage, bien que mon habitude à la sobriété m'empêcha de savoir où.
-Puis-je vous rappeler... commença Malkh en se passant la langue sur les lèvres pour cueillir les dernières gouttes du nectar.
-Que la possession de boisson alcoolisée et sa consommation durant le service est strictement interdite! Je sais Malkh! grogna Vanar, levant les yeux au ciel en soupirant.
-...Que le vin de Sparta est bien meilleur quand servi après décantation complète? fini Malkh d'un trait en relâchant son souffle.
Vanar le regarda avec des yeux grand ouverts comme s'il était victime d'une vilaine hallucination, tandis que Malkh lui jeta un regard en coin plein de mesquinerie, esquissant un sourire. Les deux éclatèrent d'un rire bruyant, bientôt rejoints par les trois autres officiers, et moi même me laissa aller à cet éclat de gaieté. Vanar entreprit de nous resservir du vin, mais je déclina poliment l'offre et levant une main.
Ce partage vinicole signa pour moi la fin de ma petite visite, et je décida qu'il était temps de les laisser à leurs occupations. Je me leva donc pour les saluer, et Malkh eu la gentillesse de m'accompagner jusqu'à la sortie de la pièce.
-Vous vous souviendrez du trajet de retour, mon père? me demanda-t-il.
-Ne vous en faites pas, si je m'égare, cela me donnera l'occasion d'une autre visite. Et puis je ne pense pas que j'irai très loin, à moins de m'engouffrer par erreur dans le Warp, l'Empereur m'en préserve.
Malkh laissa échapper un rire discret et me souhaita bon retour avant d'aller rejoindre le reste de l'état major.
Je retrouva en fait assez facilement le chemin du retour et en profita pour observer seul les lieux que se partageaient les soldats du 51ème. Sur ma route je recroisa le sergent Deludas, en uniforme complet cette fois, et toujours ce vilain cigare vissé aux lèvres. Il m'adressa un signe de la main chaleureux avant de venir à ma rencontre. Juste avant d'arriver à moi, il écrasa le bout allumé de son cigare contre une poutre de métal et rangea le reste dans un étui calé dans une de ses poches d'épaule. Je le remercia du geste d'un léger hochement de tête, et son sourire franc s'élargit.
-J'ai noté la fois d'avant que la fumée c'était pas trop votre truc... dit il simplement.
-C'est un concept que je n'ai jamais vraiment compris, en effet. répondis-je en souriant. Notre vie est trop précieuse pour être consumée à petit feu comme ça.
-Héhé, vous avez p'têtre raison mon père. Mais faut jamais parler trop vite. Ça peut très bien vous arriver un jour...
-Puisse l'Empereur vous donner tort, sergent. répliquai-je en riant de bon cœur.
-Alors, vous en savez davantage après votre discussion avec les huiles?
Tandis qu'il me posait la question, il m'invita de la main à venir m'asseoir près de sa cellule. Un réchaud léchait de ses flammes une petite bouilloire de laquelle s’échappait un délicieux fumet de café. J'approuvai du chef et désigna la préparation.
-C'est du vrai?
-Quoi? Le café? Ah oui, mon père! Je ne pourrai pas boire de cette abominable récaf' comme le font les autres. Il me faut de l'authentique, moi. répondit Deludas en souriant.
Nous allâmes nous asseoir et il me servit une tasse généreuse que je tint au creux de mes deux mains, appréciant l'odeur au fort parfum et la chaleur se dégageant de la coupe. Deludas s'en servit une autre et y rajouta discrètement une mesure d'alcool à la transparence du cristal avant de ranger rapidement la flasque.
-Je vous en proposes pas mon père... me dit il avec un sourire gêné. J'parie qu'c'est pas votre genre.
-Pour une fois que je tombe sur quelqu'un qui le comprends... m’esclaffais-je en le remerciant d'une main.
-Je m'en doutais. dit il simplement, avant de rajouter à voix basse. Vous avez les joues roses, donc je suppose qu'ils ont déjà essayé de vous assommer, alors si je m'y mets aussi, déjà que j'ai pas l'droit d'avoir ça, si en plus je vous laisse partir ivre, je vais avoir droit à un tête à tête pas très sympa avec Troublemaker...
Je laissa échapper un autre éclat de rire avant de boire une gorgée de café, fermant les yeux en savourant enfin quelque chose de vraiment délicieux. Ma vie sur Fortis Hexx m'avais toujours plus ou moins privé de mets raffinés et le transit à bord du Star Rider n'avait fait qu'empirer les choses, mettant mon pauvre estomac à l'épreuve de bien trop de substances écœurantes, dont je me refusais pour la plupart à seulement deviner la provenance. Ce café par contre, cette simple tasse de décoction à l'odeur boisée, fut un véritable bonheur, sa chaleur bienvenue envahissant mon corps telle la torpeur relaxante d'un soir de printemps sur Teüto, ses aromates corsés faisant à nouveau frémir mon palais comme si durant un court instant j'étais revenu à la maison. Je n'avais qu'à fermer les yeux tandis que j'appréciais le breuvage pour retrouver la sensation de sécurité de ma maison d'enfance, ce petit cocon resté en marge du reste de mon univers, ce sanctuaire qui continuait de désespérément manquer à une partie au plus profond de moi.
Je dégusta le café du sergent Deludas en silence, presque religieusement, savourant là un des rares moments de pur bonheur qui m'était donné de vivre. Ce genre de bonheur simple auquel aucun de nous ne songe et qui peut bouleverser plus que toute autre chose.
Deludas sirotait le sien d'un air absent, et je me pris à penser qu'il devait ressentir la même chose. À quoi cela pouvait-il évoquer à ce simple soldat, tellement loin de son foyer qu'il l'avait probablement oublié, et qui n'avait connu que les horreurs de bien trop nombreuses batailles? Je voyais là un des plus cruels visages de la guerre, celui de ces pauvres hères qui avaient tout abandonné pour offrir leur misérable vie à l'Empereur-Dieu, le cœur brûlant de l'ardeur des combats et l'esprit emplit de prières et de ferveur, laissant leur maison et les êtres aimés derrière eux pour pouvoir garder ceux des autres en sécurité face aux nombreux ennemis de l'Humanité. Rien qu'à la pensée d'un si noble sacrifice, j'étais ému aux larmes. On parlait partout de bien de héros, demis dieux triomphant de l'ennemi exécrable pour défendre les domaines sacrés de l'Empereur aimé de tous. Mais je réalisais là, dans ce cargo voguant dans l'immensité du cosmos, larme dans tout un océan de vies et de combats, que j'avais devant moi le héros véritable de l'Imperium. Le soldat ordinaire, anonyme, qui avait tout abandonné pour servir et défendre l'Empereur-Dieu, sacrifiant sa vie pour Lui et Son Imperium, sans jamais rien demander, sans jamais se plaindre de son dur destin. Le sergent Deludas, simple mortel perdu avec tant de ses frères au beau milieu d'un ouragan de tourmente, la Lumière de l'Empereur seule le guidant parmi les ténèbres du Grand Ennemi et les aberrations du Xenos.
Il ne remarqua pas ma fascination pour lui et sa simplicité héroïque, plongé dans ses propres pensées, savourant sans mot dire un de ces petits plaisirs de la vie, tout en regardant déambuler ses frères de combat.
Il se passa un certain moment durant lequel nous demeurâmes plongés dans un silence respectueux, buvant notre café par petites lampées, afin de goûter pleinement chacune d'elles comme si elle serait la dernière. Les quartiers militaires grouillaient de vie, chaque soldat occupé à poursuivre sa vie en faisant fi de l'éternel conflit qui en jetait chaque jour des milliards en sacrifice sur le cruel autel de la guerre.
-Vous savez ce que cette mission a de bon pour une fois, mon père? demanda subitement Deludas.
Je posa ma tasse vide et encore chaude à côté du réchaud, et me pencha vers lui pour l'écouter, mains jointes, coudes sur les genoux, alors que lui gardait le regard perdu dans les allées venues de ses camarades. Son visage dur aux accents jovials semblait tout d'un coup emprunt d'une profonde tristesse, comme si tout le point de sa carrière de militaire venait soudainement lui peser violemment sur les épaules. Et pourtant, ce sergent qui avait été témoin d'une éternité d'horreurs gardait étincelant au fond de ses yeux une lueur de joie sauvage, de folle espérance.
-Ce qu'elle a de bon, reprit-il, c'est que cette fois je peux regarder sereinement tous ces visages familiers, tout ces gars que je côtoie depuis si longtemps. Je peux les regarder aujourd'hui sans avoir peur.
Il acheva d'un trait de boire son café et reposa la tasse vide pour me faire face, un sourire triste se dessinant sur ses lèvres scarifiées alors qu'il lisait l'incompréhension sur mon visage.
-On a beau être habitué à force, vous savez, c'est jamais facile. continua-t-il. Chaque fois qu'on se rends au casse pipe, ça me hante...
-Quoi donc, mon fils?
-Savoir lesquels de ces visages vous contemplez pour la dernière fois...
Il sourit un peu plus, tristement, lâchant un petit rire étouffé, comme lorsqu'on pense à une situation absurde, puis il remplit à nouveau nos tasses de son délicieux café et s'en retourna à la contemplation de ses camarades.
Cette fois, le silence demeura entre nous jusqu'à ce que le cargo passa en cycle nocturne et que je m'en retourna vers mes appartements de transit.


Dernière édition par Turielo le Mer 12 Juin 2013 - 13:00, édité 1 fois


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Message par Corax Sam 1 Déc 2012 - 9:33

C'est étonnant que tu as voulu mettre des je.

Mais c'est quand même bien sympa à lire.


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Message par Sanguinius Sam 1 Déc 2012 - 10:22

Vraiment très fluide et toujours aussi intéressant. Continue sur cette voie, Tutu.


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Message par Turielo Sam 1 Déc 2012 - 11:43

Corax a écrit:C'est étonnant que tu as voulu mettre des je.
C'est là tout le challenge! J'avais envie de me lancer un défi, et je pense qu'il est bien trouvé, l'écriture à la première personne demandant bien plus de rigueur que l'écriture "classique", car ça demande a ce qu'on traduise vraiment les pensées et émotions du perso, et aussi parce qu'il ne peux pas tout voir à la fois, du coup ça donne plus de mystère et de possibilité de suspens...
C'est pour le moment en tout cas le travail de fanfic sur lequel je m'amuse le plus! Smile


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Message par Corax Sam 1 Déc 2012 - 14:37

C'est assez chaud que de faire une grande histoire à la première, je n'ai pas souvent fais cela, je préfère la faire à la 3ème personne pour maîtriser un peu plus le texte, l'ambiance, ect ...


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Message par Turielo Sam 8 Déc 2012 - 13:09

Je débuta le troisième jour de transit bien piteusement, ma détestable banquette de cellule ayant eu raison de mon dos dans la nuit, si bien que je me retrouva l'essentiel du cycle nocturne du vaisseau à me bagarrer pour ramper vers la porte afin de quérir de l'aide. Au terme de plusieurs heures à perdre ma dignité en me tortillant comme un dément en hurlant ma douleur, un passager aux yeux rougis par le sommeil qui m'avait été interdit sortit de sa cellule, une barre de fer en main. Si son idée première avait été plutôt d'aider brutalement à se rendormir l'ingrat qui l'avait éveillé de ses cris, il posa assez vite son arme rudimentaire et se décida à me porter secours. Il me fallut encore attendre plusieurs interminables minutes pour qu'une équipe de soin daigne se déplacer, et je débuta ma journée dans ce qu'ils appelaient avec une assurance insolente une aile médicale. À choisir, j'aurai presque préféré manger tout les plats de leur ignoble cantine, même ceux que leur cuisinier se refusait à servir, que de me faire soigner dans un endroit pareil! Par le Trône, comment peut-on accepter l'existence d'un nid à infection comme ça? Et comme le destin est un bien cruel ami, le médecin de bord était à l'image de son infirmerie: gris, sale, répugnant, les traits porcins et sentant l'alcool à désinfecter comme s'il se lavait avec. Son haleine me révéla une toute autre vérité sur l'usage que l'animal faisait de son désinfectant et je manqua de lui vomir sur son tablier lorsqu'il me demanda ce qui m'arrivait.
Il s'avérait que je m'était simplement déplacé une vertèbre assez méchamment pour provoquer cette paralysie à la douleur insupportable. Le prétendu docteur donna son verdict comme si il m'entretenait du temps qu'il faisait sur la froide Jermann et me laissa à peine le temps d'assimiler la raison de mes tortures nocturnes, me jetant à plat ventre sur sa table graisseuse pour appuyer de tout son poids sur mon dos. L'air quitta brutalement mes poumons dans un rot sonore et écœurant, les larmes me montant immédiatement aux yeux tandis que j’eus l'impression qu'il venait de briser l'ensemble du squelette. Au contraire, un craquement immonde après, je sentis à nouveau mes jambes et la douleur disparut aussi soudainement qu'elle était apparue.
Le praticien barbare, qui m'évoquait a présent l'Ork dans toute sa splendeur bestiale, me dit que j'étais "réparé" et que je pouvait donc le laisser à son "travail de stérilisation", tout ceci selon ses propres termes. Je m’empressai donc de quitter son laboratoire des horreurs, le laissant se saouler au désinfectants, et partit prestement vers ma cellule pour tenter de récupérer un peu de forces. Je ne me souviens pas dans toute ma vie avoir remercié autant de fois et aussi vite le Trône d'Or, la Sainte Terra et l'Empereur-Dieu de m'avoir permis de quitter ce cloaque infect.
Sur le chemin je recroisa celui qui avait appelé les secours après avoir mis de côté son idée de me faire taire à coups de barre à mine, l'individu à présent paré d'un uniforme à la propreté approximative, et toujours affublé de ce regard bouffi, le faisant ressembler à un crapaud obèse.
-Ça va mieux mon père? me demanda-t-il avec un large sourire qui contrastait fortement avec ses yeux de chien battu.
-J'ai connu mieux... grommelais-je en levant un regard hagard et furieux vers lui, certain que mes yeux devaient en ce moment afficher des cernes aussi profonds que des tranchées de Gardes de la Death Korp de Krieg.
-Eh bien remettez vous bien dans ce cas. fit l'homme en hochant la tête, avant de passer des gants tâchés d'huile et de s'apprêter à partir vaquer à ses occupations. Oh! me lança-t-il sur son chemin. Et si vous avez le moindre soucis, venez me trouver, je suis le quartier maître et responsable de cette zone.
Je ne répondis même pas, refoulant à grands efforts ma soudaine envie de lui dire combien il était scandaleux de faire voyager des gens dans un telle poubelle, que sa zone comme tout le reste de ce foutu Star Rider méritait d'être dispersée à tout jamais dans les pires remous du Warp, et que lui-même méritait que je lui enfonce avec violence sa barre à mine à un endroit que même l'Empereur ne daignera pas regarder.
Au lieu de tout cela, je claqua rageusement la porte de ma cellule et m'y enferma à double tour avant de me laisser glisser le long de la paroi encrassée en formulant un chapelet d'excuses à l'Empereur aimé de tous pour avoir associé Son divin Nom à de si atroces visions.
Je tenta durant le reste de la matinée de rembourrer mon lit avec tout ce que je pouvait trouver dans ma valise, suffisamment pour qu'il m'épargne de nouvelles souffrances, mais sans succès. Le sommeil ne revenant pas, je finis par capituler, ralluma le petit lumiglobe terne de ma cellule, et continua alors à parcourir les notes du dossier sur les Futharks, le récit du Capitaine Vanar sur sa rencontre avec eux me revenant à l'esprit. Je me mis à porter mon attention sur le rôle tenu par les natifs d'Yggdrasil durant la Treizième Croisade Noire du Fléau. Il y avait une poignée de feuillets sur le sujet, essentiellement des copies de rapport du Munitorum de l'époque, et quelques notes ajoutées, sans doute par les adeptes d'Heiklimer.
La fin du quarante et unième millénaire avait été profondément marquée par cette Croisade Noire et ses répercussions, et ce dans tout l'Imperium. Bien évidemment, le secteur Mythos n'échappa pas au conflit, et fut attaqué par une frange de l'ost du Fléau, s'étant détachée du front commun ou ayant cherché la gloire ailleurs. Lorsqu'ils arrivèrent en Mythos, innombrables bandes d'hérétiques dégénérés charriant avec eux leur lot d'horreurs et de blasphèmes, ils se taillèrent une route sanglante sur toute la portion avant du secteur, et Yggdrasil se retrouva sur leur chemin. Les notes expliquaient avec assez de détails qu'une force conséquente de guerriers du Chaos assaillit le système, aux ordres d'un petit groupe d'Astartes corrompus. Des légions de soldats renégats tentèrent de se saisir des mondes du système, et les soldats locaux leur opposèrent une vive résistance. En plus des FDP, les régiments de la Garde Futhark entrèrent en action assez vite dans une violente contre attaque qui stoppa nette l’avancée ennemie.
Les notes dont je disposait parlaient notamment des sièges des mondes de Königsheim et Niflheim ainsi que l'attaque prolongée sur Forseti. Les deux premiers mondes, peu peuplés et au stade sauvage furent rapidement débordés et envahis par une force conséquente de soldats renégats, mais la guérilla qui s'en suivi fut sans pitié avec eux, les habitants de ces mondes refusant de s'avouer vaincus.
Sur Niflheim, un monde volcanique dévasté, l'ennemi souffrit de nombreuses embuscades menées par les compagnies de mineurs locales, provenant de différents Clans secondaires, d'ordinaire en conflit entre eux du fait de la concurrence, mais uni en ces sombres jours face au Grand Ennemi. Des bases ennemies furent détruites en quelques jours, les résistants impériaux usant du paysage local, provoquant des éboulements mortels, détournant des rivières de magma, provoquant des éruptions catastrophiques. Mais par le même procédé, ils anéantirent aussi souvent des installations impériales, préférant laisser des ruines fumantes plutôt que de laisser l'ennemi les capturer.
Il était fait mention dans le dossier d'un épisode particulièrement tragique de la résistance sur Niflheim, l'ennemi étant parvenu à piéger et isoler une des cellules de résistance afin de les mettre à mort. C'étaient pour la plupart des civils, mineurs et marchands, provenant d'une petite colonie détruite dès l'assaut initial. Des gens sans aucune expérience militaire, seulement animés par le désir de venger leurs proches assassinés, et de faire front au Nom de l'Empereur face à Ses ennemis. Durant plusieurs semaines, leurs connaissances en matière d'exploitations des sols leur avaient permis de détruire deux avant postes ennemis et de tendre de nombreuses embuscades couronnées de succès. Lorsque les forces du Chaos les débusquèrent, ils se battirent vaillamment jusqu'à finir retranchés dans une mine désaffectée où ils se battirent encore plusieurs jours avec force et bravoure, sans jamais flancher. Les hérétiques furent massacrés par centaines par les résistants alors qu'ils tentaient de les capturer. La cellule de résistance fut finalement vaincue quand les forces du Chaos firent s'effondrer l'entrée de la mine lors d'un violent barrage d'artillerie, puis trouvèrent les aérations du complexe minier et les employèrent pour gazer les résistants. Aucun ne survécut et quand les armées impériales parvinrent à libérer Niflheim, quatre mois après, ils retrouvèrent sur les lieux du drame les cadavres des mineurs, que les hérétiques avaient exhumés pour les crucifier sur tout le pourtour du lieu de leur dernier combat. Seul l'enregistrement de l'un des mineurs résistants permit au détachement impérial de comprendre ce qui s'était passé. Lorsque la planète fut entièrement libérée de la présence du Chaos et que ses colonies furent reprises, les membres de cette cellule de résistance furent tous élevés au rang de martyr par le Gouverneur planétaire, et leur sacrifice est commémoré chaque année.
Sur Königsheim, l'occupation de l'ennemi fut encore plus terrible, les hérétiques ayant massacré des millions de civils et rasé des villes entières. La résistance ne dura pas plus d'un mois, l'ensemble de ses réseaux mis à jour et immédiatement éliminés par les forces d'occupation. La population survivante fut réduite en esclavage, destinée à travailler jusqu'à un épuisement fatal pour fournir les forces de la Ruine en armes et équipement. Toutefois, l'occupation de Königsheim dura bien moins longtemps que Niflheim, et une force de six régiments impériaux, dont cinq Futharks et deux Hexxiens, parvint à libérer le monde meurtri. Les armées du Chaos furent encerclées et exterminées en l'espace de quelques semaines, et la planète fut totalement libérée après une occupation ennemie de presque trois mois.
Là encore, un des faits relatés par le dossier me frappa, le compte rendu d'une vague de ce que l'auteur de l'article décrivait lui même comme "d’auto-purification" de la population. Il était écrit que lorsque Königsheim fut reprise, les civils libérés se regroupèrent d'eux mêmes pour se donner la mort par dizaines de milliers, se déclarant à chaque fois comme irrémédiablement corrompu par le Chaos, ayant alors pris la décision collective de s'immoler pour gagner le Pardon de l'Empereur. Ceux qui ne participèrent pas aux suicides collectifs quant à eux se retranchèrent des jours durant dans la prière, si bien que pendant quelques jours, Königsheim était paralysée par cette vague de mortification. Les suicidés furent tous brûlés sur d'immenses bûchers et célébrés comme des pénitents exemplaires par le reste du peuple. Il était noté que même les Gardes Futharks furent choqués de ces réactions extrêmes de la part de ceux qu'ils venaient de libérer. Quant aux responsables des régiments Hexxiens, ils produisirent un rapport au gouvernement sectoriel, décrivant la situation sur Königsheim comme une "insurrection incontrôlable" et des vagues de "folie". Mais ayant eu vent de l'histoire, le Gouverneur Galvinius en personne intervint pour empêcher une répression qui aurait été, selon l'auteur, très mal venue.
J'étais alors très déstabilisé par cette lecture, troublé par la description très engagée à mon goût qu'en faisait l'auteur des documents, mais aussi par ces exemples de dévouement exemplaire à l'Empereur dont avaient fait preuve des gens aujourd'hui suspectés de déviances blasphématoires. Je me rappelai alors l'attitude de l'Inquisiteur Heiklimer vis à vis du Purgateur, et par extension à l'Ordre de l'Epée et ses membres ou sympathisants. "Protecteur" fut le terme qui me sembla le plus approprié, me basant sur le fait qu'il avait emmené avec lui un homme tout de même accusé de trahison et de rébellion face à l'autorité d'un Inquisiteur dont l'autorité surpassait normalement la sienne, tout comme il n'avait caché à personne sa fascination pour le fonctionnement de l'Ordre. En définitive, celui qui restait mon véritable employeur du moment pouvait très bien me pousser malgré moi à jouer un jeu dangereux afin de justifier les actes et pensées de l'Ordre afin de le disculper et lui permettre de perdurer. J'avais sous les yeux, dans ces pages de dossier préparé par les soins de ses équipes d’observation, une contradiction criante au discours tenu par le Diacre Seculos et les quelques officiels de Fortis Hexx qui m'eut été donné d'écouter. Ces derniers tendaient plus à évoquer le caractère dangereusement marginal de la plupart des sympathisants de l'Ordre, pointaient les épisodes ambigües de la mystérieuse confrérie de même que ses luttes intestines vivement sujettes à controverse, où il était question de la nature divine de l'Empereur, de la légitimité du gouvernement de Terra ou encore de critiques passablement blasphématoires vis à vis de la considération de notre glorieux Imperium pour certains xenos dégénérés.
Je me sentis soudainement dans une position très inconfortable, où je devais choisir entre deux camps. Mais lequel tirait vraiment les ficelles. La fascination d'Heiklimer révélait-elle une amitié croissante menant vers une trahison, ou était-ce la manifestation de son désir ardent de tout connaître de l'Ordre pour mieux le percer à jour, et probablement l'abattre?
Ces réflexions furent si soudaines que j'eus l'impression de prendre une violente gifle, et resta un moment totalement abasourdi, sentant mon cœur battre la chamade, mon esprit esquissant ce qu'il anticipait comme étant un futur très sombre et désagréable.
Et évidemment je repensa immédiatement aux théories de complot de Merkel.
Était-ce là un complot dans lequel je n'étais qu'un simple pion sacrifiable, employé comme leurre pour un camp ou l'autre? Et quels étaient les enjeux d'une pareille machination? La survie d'un Ordre dissident? Une rébellion? Une hérésie? Une prise de pouvoir?
La tête me tournait de plus en plus à mesure que mon esprit saturé gambergeait d'hypothèse folle en hypothèse folle et je me sentis presque défaillir. Je me laissa tomber sur le dos et me coucha sur la banquette grillagée sans même prêter attention à son inconfort. J'étais essoufflé, nauséeux, paniqué. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine et des vagues de sueurs froides me parcouraient le dos tandis que mon ventre semblait vouloir se transformer en un nœud particulièrement serré.
Je ferma alors les yeux et me concentra sur la vision paradisiaque de mon monde natal de Teüto, me remémorant le visage du vieux Seraphus, me focalisant sur le souvenir que j'avais de sa voix chevrotante. J'entendis mon mentor disparu me rassurer comme il avait l'habitude de le faire quand, enfant, je restait cloîtré dans la chapelle de notre village lorsque les orages éclataient. Il me prenait par l'épaule et je me blottissais contre lui en tremblant de tous mes os, sursautant à chaque coups de tonnerre.
Un soir alors qu'un orage fort violent s'était mis à gronder au dessus de notre village, le père Seraphus me voulut me débarrasser de ma peur en m'y confrontant directement. J'ai beaucoup pleuré et supplié mon maître de m'épargner une telle chose, terrorisé que j'étais de faire face aux éléments déchaînés, mais il n'écouta pas et abandonna cette fois ses paroles rassurantes pour adopter une voix ferme et un visage sévère, ne me laissant pas le choix. Me traînant par la manche, il m'amena en haut du clocher ouvert, m'ordonnant de lever les yeux et de fixer les nuages sombres et les éclairs qui les illuminaient avant que ne claque ce qui me semblait être un coup de marteau divin. Mais au bout d'un moment je parvint à lever les yeux, réprimer mes larmes d'enfant, et contempla le spectacle terrible qui s'offrait à moi.
-Qu'est ce qui te fais peur, mon fils? me demanda alors simplement Seraphus.
Je ne répondit pas tout de suite, surpris par la question, et me contenta de balader mes yeux sur ce que je voyais, sursautant comme un dément à chaque coup de tonnerre en rentrant la tête dans les épaules.
-J'ai peur que les démons ne viennent me chercher, mon père. finis-je par articuler.
-Les démons?
-C'est ce qui se passe là, n'est ce pas? C'est l'Empereur qui se bagarre avec les démons? C'est pour ça qu'on entends des coups et qu'on voit des éclairs?
-L'Empereur veille sur toi, tu les sais pourtant, Kristofus. me dit il alors que je lisait de la surprise et un certain amusement dans ses yeux.
-Oui, je le sais, et je Lui en rends grâce chaque jour, mais... Mais Lui seul face à tous ces démons... Il y en a bien qui doivent arriver jusqu'à nous. C'est pour ça qu'il y a des gens qui partent? Ils restent en bas et nous poursuivent.
Je me souviens que Seraphus étouffa un petit rire face à cet enfant que j'étais qui exprimait son interprétation de choses compliquées comme la mort et les choses de la vie. Il me passa une main dans les cheveux et afficha un large sourire.
-Oui, il y a des démons qui s'échappent face à l'Empereur. dit-il. Mais jamais ils ne pourront te faire du mal. Tu sais pourquoi? Parce que tu as foi en Lui, est cette foi, c'est ton arme la plus puissante. Un homme d'une grande sagesse a dit un jour que un seul homme ayant la foi peut triompher d'une légion de mécréants. Il s'appelait Sebastian Thor et c'est l'un des plus grands héros de l'Imperium. Souviens toi de ceci mon fils. Ta foi te sauvera toujours. Les démons ne peuvent tuer que les hérétiques et les hommes de peu de foi. Garde la tienne toujours forte et sincère, et jamais tu n'auras à craindre un quelconque démon.
Il me laissa comprendre ses paroles et se mit lui aussi à observer le spectacle de l'orage, en silence. Ce soir là, une part de mes plus grandes peurs d'enfant fut terrassée, et je ressenti la bienveillance de l'Empereur partout autour de moi, y compris dans ces éclairs si terribles et dans ce grondement si brutal. J'avais passé un cap, et ce ne fut que le premier que me fit franchir le père Seraphus, même alors que je parvint à l'âge adulte, ses conseils étant toujours à pour me faire progresser.
Assis sur ce lit de malheur, dans cet infâme cargo, le seul souvenir du vieux prêtre continuait de m'apaiser et de me donner la force de continuer. Je serrai d'une main l'amulette de l'aquila que Seculos m'avait offert, et d'une voix sereine je répétai les mots de Thor tels que me les avaient rapportés Seraphus, me rappelant tout aussi bien de la suite de la sentence:
-Un seul homme ayant la foi peut triompher d'une légion de mécréants. Rien ne peut s'opposer à un milliards de croyants.
Rien ne pouvait s'opposer à ma foi en l'Empereur Dieu. Que ce fussent des démons ou ces Futharks auréolés de mystères, personne ne pourrait faire vaciller cette flamme ardente qui brûlait en moi comme elle brûlant chez tant de Ses fidèles serviteurs.
Je refermai le dossier d'Heiklimer, la conscience tranquille, ma volonté revigorée, et le jeta sèchement par dessus mes affaires. Je décidai de ne plus tenir compte de ce que j'entendrai sur ces Futharks, que les rumeurs soient louanges ou reproches, et ne les jugerai que par mes yeux et ma morale, celle de l'Empereur Lui-même.
Cette prise de décision fut une véritable bouffée d'air frais pour moi et j'en oublia même l'horreur de ma couche, plongeant paisiblement dans un sommeil profond et bienvenu. Je resta l'essentiel de cette journée spatiale enfermé dans ma cabine, rêvant à mes futures aventures, me voyant simple prêtre brandissant la Parole de l'Empereur face à des légions de blasphémateurs, Sa lumière à elle seule les repoussant et les faisant s'incliner, et moi, marchant d'un pas assuré, simplement armé de ma foi, ramenant des âmes perdues pour les soumettre à Son jugement. Je me voyais en songes tel un saint, baignant dans une lumière divine, abattant l'hérésie et le mensonge, déclamant ma passion et sauvegardant un Imperium décadent des ténèbres de la damnation. Ce fut très étrange, et bien loin de mes habitudes de rester en retrait de toute gloire, et je me réveillai assez mal à l'aise, gêné d'avoir eu autant de pensées fantasques et égoïstes. Je m'employa à rendre quelques prières et génuflexions, et resta longuement à réfléchir à ces songes inhabituels et à ce qu'ils pouvaient bien signifier. Après un certain temps, il m'apparut clairement que c'était simplement ma manière d'accepter l'importance de ma mission, de comprendre que j'étais parvenu à un nouveau et magnifique tournant dans ma vie, et qu'il fallait que je m'y emploie de tout cœur, afin que le Nom de l'Empereur soit à nouveau loué comme Il se doit d'être. J'étais plus qu'un simple observateur, j'étais un missionnaire. Et qu'importe que ce soit un Inquisiteur louche ou un Diacre à l'âme tourmentée qui m'y envoie, je savais à présent que le seul qui ait pu me placer là avec cette sainte mission entre les mains n'était autre que l'Empereur Dieu en personne. Après tout, comment expliquer autrement le fait qu'un petit prêtre aussi insignifiant que moi se retrouve par hasard mandaté d'une telle mission?
Ma retraite méditative fut un instant troublée par le son grave d'un carillon fatigué, suivit par une baisse de régime des lumiglobes, signifiant le passage du cycle diurne du Star Rider à son cycle nocturne.
Je me leva doucement, mes genoux trop longtemps pliés lâchant quelques craquements, et hésita un instant à me diriger vers le mess pour trouver quelque chose d'à peu près consommable, mais je décidai de rester sur ce jeun involontaire qui m'avait été imposé par mon long moment de contemplation. Je retourna alors me coucher, ne pouvant cette fois négliger l'inconfort du lit de fer sur lequel j'avais entassé de manière hasardeuse plusieurs couches de vêtements et de draps souillés. Quelques longs ajustements après, j'éteignis le lumiglobe et me laissa à nouveau plonger dans les bienfaits de la somnolence.


Dernière édition par Turielo le Mer 12 Juin 2013 - 13:01, édité 1 fois


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Message par Turielo Sam 15 Déc 2012 - 13:15

première partie du livre bientôt terminée (sur Obscurae Librarium) avec un centaine de pages atteintes.
Vous avez ici encore un petit moment, mais les choses sérieuses vont arriver. Smile

***

Je me levai le quatrième jour de transit avec l'esprit frais et enfin quelque peu reposé, oubliant presque mon dos brisé par cette ignoble banquette qui malgré tout mes efforts demeurait impossible à rendre un tant soit peu confortable. Lorsque je me dirigea au mess, un sourire béat sur les lèvres due à mes réflexions de la veille et une démarche hasardeuse résultant de mes courbatures, je retrouvai Medrek, Jonko et Eurifas attablés devant un simulacre de déjeuner dont l'odeur seule me dissuada de passer la commande. Medrek paraissait encore passablement endormi, ses yeux bourrus marqués de cernes qu'on aurait cru marqués au feutre, tandis que Jonko avait l'air plus jovial et que le confesseur affichait la même mine patibulaire qu'il affichait lors de notre première rencontre. Ce fut le clerc qui m'accueillit le premier, m'adressant un joyeux signe de la main auquel je répondis par un plus large sourire, jouant des épaules pour me frayer un chemin au travers de la foule des hommes d'équipage jusqu'à eux.
-Voilà une bouille bien heureuse, mon père. grommela Medrek en m'adressant un demi sourire fatigué. La nuit fut bonne?
-Pratiquement, oui, et pleine de réflexions. répondis-je.
-A la bonne heure! s'exclama Jonko. Un déjeuner?
-Merci, non, mon frère. Je suis encore trop à ma bonne humeur pour m'empoisonner de si bonne heure!
Déclinant son offre de la main, je pris place aux côtés d'Eurifas qui se contenta de hocher la tête en guise de salutations, avant de rediriger sa concentration sur une infâme bouillie qu'il touillait négligemment de sa cuillère, semblant plus en train de tenter de définir sa consistance que de s'efforcer de l'avaler.
-Alors comme ça vous tuez le temps par vos réflexions, mon père? reprit Medrek en raclant son ecuelle d'un geste absent. Voilà bien un luxe que je ne parviens pas à m'accorder ces temps ci...
-Ça pense un libre marchand? grommela Eurifas. Medrek ne répondit que par un geste las mais néanmoins fort imagé, ce qui nous fit rire, Jonko et moi.
-Ce n'est sûrement pas de la pensée profonde, ser Medrek, répondis-je, mais toujours est-il que dans Sa bienveillance, l'Empereur-Dieu m'a permis de taire mes doutes les plus prompts, et ma mission - notre mission - m'est apparue bien plus claire.
-Voyez vous ça... sourit le libre marchand. Dois je comprendre que vous avez enfin ouvert les yeux sur les infâmes rouages de ce complot dont je vous ai entretenu?
Je secoua la tête en riant de bon cœur et leva une main pour dissiper son idée farfelue.
-Oh non, ser. Pas du tout. Je vous laisse le bon droit d'être l'expert d'une telle machination. J'ai juste compris que, quoi qu'on en dise, il n'y a rien de blasphématoire chez ces Futharks. Pas encore du moins. Arrêtons là les rumeurs indécentes à leur sujet, ce ne sont que des âmes sur le chemin de la déviance, mais pas encore damnés. Nous, humbles serviteurs du Trône, sommes leur salut, cette torche ardente de foi qui dissipera les ténèbres dans lesquels ils s'enfoncent en toute innocence. Nous sommes les élus pour parler en Son Nom, et c'est sûrement le plus grand honneur qui nous sera accordé durant notre existence.
-Que voilà de belles paroles, mon frère! s'exclama Jonko, d'un air ravi mais emprunt d'une certaine hésitation.
-Ça sonne plutôt bien, oui... admit Medrek un sourire en coin, en abandonnant définitivement sa bouillie. Lui avait l'air un peu plus convaincu, bien je n'ai jamais réellement accordé de crédit à la stabilité de pensée d'un libre marchand.
-Une belle analyse, en effet, mais tellement naïve... grinça Eurifas en se relevant pour me fixer de ses yeux froids et cruels. Mais même si vous avez enfin compris votre but premier, cela m'enlève en rien les accusations qui pèsent sur ces déviants. Accusations portées par des hommes de foi, qui plus est haut placés et ayant maintes fois prouvé leur bon sens. Si les Futharks demeurent aveugles, ce ne peut plus être de l'innocence. La déviation en soi est un premier pas grave sur le chemin sans retour de l'hérésie.
-Vous êtes plutôt rapide dans votre jugement, frère confesseur... rétorquai-je. Nous devons bien évidemment haïr l'hérétique et tout ce qu'il représente, mais n'est ce pas une erreur de si vite condamner des âmes qui sont malgré tout fidèles au Trône? J'entends les accusations portées à leur encontre, mais considérez donc leurs faits d'armes et ce qu'on dit de leurs mondes... Croyez vous que c'est là la marque d'un rejet de l'Empereur-Dieu et de Ses sujets?
-L'erreur serait de les laisser trop longtemps se conforter dans leur déviance, même si vous persistez à croire qu'elles sont minimes, et de les perdre à jamais. répondit Eurifas. Parfois un berger doit se montrer sévère lorsque ses brebis progressent trop en marge du troupeau. S'il ne le fait pas, il les perdra pour toujours. Dites moi, frère Nevenski, est ce que vous être prêt à verser leur sang pour les garder dans la juste Lumière de l'Empereur?
-Si cela est nécessaire, bien entendu, oui... répondis-je, surpris par son discours si radical. C'est mon devoir...
-En effet. Toutefois ce qui nous différencie c'est que je n'attendrai pas que ce soit "nécessaire" pour le faire. Parfois, le troupeau doit être épuré et mené par la terreur pour éviter qu'il ne se disperse.
Certains hommes d'équipage nous écoutaient d'une oreille discrète mais attentionnée, et j'entendis plusieurs d'entre eux grogner leur assentiment. Medrek se contenta de regarder sa tambouille nauséabonde et Jonko semblait clairement de l'avis du confesseur. Je hocha la tête, dubitatif.
-Je... Je ne pense pas que la violence d'une purge soit nécessaire contre eux... répondis-je enfin, en pesant mes mots. Je pense... Je... crois qu'ils peuvent encore être ramenés dans le droit chemin sans être...hum...épurés, pour reprendre votre terme.
Le regard d'Eurifas croisa à nouveau le mien, et je ne pus m'empêcher de frissonner en y lisant autant de haine et de fanatisme.
-C'est vrai, j'ai compris de quelle manière honteuse ils tendent à s'éloigner du Saint Crédo Impérial, ser Medrek a plutôt été éloquant sur le sujet lors de notre première rencontre, continuai-je, mais ils demeurent aussi de loyaux sujets du Trône, et leurs prouesses martiales sont époustouflantes de ferveur et de dévotion. Songez à ce qu'ils ont fait sur...
-Prenez garde à la menace de la damnation, mon frère, siffla Eurifas, elle sommeille souvent dans le cœur des plus vaillants d'entre nous. La Sainte Ecclésiarchie est la Parole de l'Empereur. L'ignorer c'est commencer à la rejeter et la rejeter reviens à rejeter l'Empereur Lui-même. Ce blasphème ne peut être accepté.
-Il a raison, Kristophus. le soutint Jonko en me lançant un regard appuyé. Le Ministorum est anormalement mis de côté en Yggdrasil et le Cardinal Pontius est convaincu que c'est là le premier signe d'un schisme avec l'Imperium que nous ne pouvons pas permettre. Ce que vous a dit Medrek la dernière fois n'est qu'une des multiples facettes de leur détournement odieux.
-Mais pourtant nous avons encore de nombreux agents là bas! répliquai-je. Des églises et cathédrales majestueuses, de nombreux prêtres, et...
-Et presque pas de fidèles. intervint Medrek en secouant la tête. Ils disent vrai sur ce point, vous savez. Je l'ai vu. Votre Ecclésiarchie est encore présente, oui, mais les autochtones sont très rares à suivre les préceptes de la Sainte Parole de l'Empereur... Ça va vous faire un choc, mais c'est un monde très différent de celui dans lequel vous êtes habitués à vivre. Là bas, comme je vous l'ai dit, rien n'est vraiment simple...Tout est remis en question. Ils questionnent votre façon de rendre gloire à l'Empereur, et certains des plus virulents en viennent même à questionner Sa Divinité. Comprenez, je ne suis pas moi même partisan d'une purge à grande échelle comme on la commanditerai envers une population qui s'est clairement détournée de l'Imperium. J'ai même du respect pour les habitants d'Yggdrasil. Ce sont des gens extraordinaires, des soldats exemplaires, et leurs mondes sont de brillants exemples de ce que l'Imperium peut compter de mieux. Mais leur foi? Leur foi est branlante. Et si la foi est atteinte, alors oui, la société toute entière est atteinte. Je ne suis pas...hum... Je ne suis peut être pas un fidèle croyant, j'ai mon lot de péchés, mais je ne peux comprendre, ni même accepter que des citoyens impériaux commencent à proférer des blasphèmes en questionnant l'Interdit et le Sacré.
-En particulier l'indéniable divinité de l'Empereur et la légitimité de Ses serviteurs les plus fidèles. appuya Jonko. Il est vrai cependant que certains parmi eux ne sont pas perdus et demeurent fidèles au Crédo. Mais j'ai ouï dire que beaucoup trop retournent à d'anciennes croyances païennes, ou pire encore, tentent de réformer de façon honteuse la Parole de l'Empereur.
Je restai un moment silencieux, ma bonne humeur du matin pulvérisée par ce dur retour aux temps troublés que nous vivions. La beauté enfantine de ma conception de la Foi Impériale laissa place à la cruelle réalité d'une guerre constante contre l'hérésie et la dissension. Nous n'étions pas des porteurs de Lumière ici, mais les détenteurs du feu vengeur que portent les Croisés. Nous n'étions pas envoyés comme porteurs d'espoir, mais comme porteurs de châtiment.
Depuis toujours, j'avais eu la chance de vivre parmi une population entièrement tournée vers la juste adoration de l'Empereur Dieu, et les principes d'hérésie n'étaient pour moi qu'une lointaine menace, comme un mythe assez vague destiné à effrayer les enfants. L'idée même d'individus tournant le dos à la Parole de l'Empereur et à ses représentants m'était impossible. Nubia avait était une première mise en bouche de cette sordide réalité que nous vivions, lorsque les sournois serviteurs de la Ruine avaient détourné tant de loyaux citoyens, et lorsque deux défenseurs de la Foi s'étaient entre-déchirés si aveuglément. Je savais que le Chaos existait, bien sûr, j'en avais conscience, et c'était sur Nubia que j'avais vu brûler pour la première fois autant d'hérétiques, mais c'était entièrement différent. C'était des monstres, des avatars de destruction et de perversité. Ils n'avaient plus rien d'humain. J'avais assisté à leurs exécutions en applaudissant comme les milliers d'autres citoyens rassemblés, assistant là au châtiment divin réservé aux esclaves des Puissances Noires.
Mais ce qui se tramait ici était bien plus perfide. Il s'agissait de citoyens loyaux depuis longtemps au Trône, et dont les archives ne faisaient qu'affirmer qu'ils étaient d'une foi inébranlable depuis des siècles et des siècles. Un peuple sous la protection de l'Empereur qui avaient toujours été parmi les premiers à partir guerroyer contre Ses ennemis, et qui pourtant montraient tout les signes avant coureurs de la plus ignoble des trahisons. Ces gens qui en apparence étaient si semblables à n'importe quel fidèle que j'avais croisé durant ma vie étaient bel et bien sur la voie de la damnation.
C'était nouveau pour moi. Nouveau et brutal. Et cette image que j'avais eu la nuit précédente de Croisé inondé de sainte lumière, faisant refluer le Mal par de belles paroles, parut bien fade en ce moment. Fade et naïve. Comme me l'avait reproché Eurifas. Et je prenais à présent conscience de mon erreur. Nous étions des guerriers de la Foi, et non de simples missionnaires. C'était la guerre qui dominait cette Galaxie. Pas cette belle morale humaine que nous prêchions depuis l'enfance.
Pour autant, les doutes sur mon véritable rôle qui m'avaient torturé jusque là ne refirent pas surface. Ce ne fut qu'une simple prise de conscience sombre et écœurante, toute ma conception de la bonté de l'âme humaine pour la première fois confrontée de plein fouet à l'absurdité de l'hérésie. Mais c'était justement cette foi que j'avais dans la pureté humaine qui m'empêchait d'éprouver la même haine pure qu'Eurifas. La violence n'était pas mon lot. Pas tout de suite. Pas sans réel besoin.
-Vous avez raison, bien entendu, mon frère. dis je en fermant les yeux. Bien sûr que vous avez raison. Je... Je n'ai tout simplement pas pour habitude de traiter directement avec l'hérésie à un stade aussi... innocent.
-Fortis Hexx est un havre de foi, Kristophus. Je vous envie presque d'avoir pu passer une si grande partie de votre vie là bas. m'avoua le confesseur, en souriant pour la première fois depuis que je l'avais rencontré. Je n'ai pas eu la même chance cependant, et l'hérésie est pour ainsi dire mon lot quotidien. Je ne vous blâme pas pour votre innocence. Mais vous devez comprendre que c'est ici et maintenant que votre véritable devoir de porteur de la Sainte Parole commence.
-Je sais ce que vous ressentez, frère. continua Jonko. Je l'ai moi même ressenti lors de ma première mission au sein d'un régiment, lors de la Treizième Croisade Noire. L'idée même de l'hérésie était tellement surnaturelle pour moi...Si inhabituelle... Mais quand vous finissez par devoir condamner des milliers de citoyens impériaux parce qu'ils ont si volontiers craché sur l'Imperium, vous comprenez finalement quel est votre vrai mission.
-J'ai déjà assisté à la punition d'hérétiques, sur Nubia, mon frère. me défendis-je.
-Certes, mais il s'agissait là de renégats de longue date, déjà tombés trop profondément dans la trahison et le blasphème, déformés par le Chaos et sans espoir de rédemption. Ici, il s'agit d'hommes et de femmes qui sont en apparence encore purs, mais qui pourtant écoutent déjà les Sombres Puissances murmurer à leurs oreilles encore chastes. Ça paraît peut être affreux à anticiper, mais vous allez devoir combattre, peut être même condamner et tuer des innocents. Mais c'est pour le bien de milliards d'autres.
-Les paroles, aussi éloquentes soient elles, sont une chose. souligna Eurifas. Mais il est parfois nécessaire pour purifier un corps de l'amputer pour empêcher le Mal de se propager. C'est ce que nous partons faire ici.
Je me contenta de hocher la tête une fois encore, sentant une froide déception me saisir les entrailles, et j’aperçus du coin de l’œil plusieurs hommes d'équipage faire le signe de l'aquila pour soutenir les propos de mes confrères.
-Il est vrai. dis-je. Mais pardonnez moi mon entêtement, frères, je continue à croire que ceux que nous allons "purifier" ne sont pas encore si profondément enfoncés dans l'hérésie. Je crois qu'il y a encore de l'espoir. Et je n'irait pas vers eux avec violence. Je veux qu'ils sachent que l'Empereur Dieu les aime, et qu'ils doivent lui rendre cet amour au centuple.
-Même si je persiste à croire que vous allez droit à la plus cruelle des déceptions, je salue cette approche, mon frère. fit Eurifas. Votre cœur est encore pur, et vide de toute colère. J'espère que vous ne réaliserez pas trop tard que la seule réponse face à ce genre de déviance est la prise des armes. Je prierai pour vous, Kristophus.
-Et je prierai pour vous, frère confesseur. lui retournai-je. Je prierai pour que malgré votre certitude, vous vous trompiez sur leur compte.
Était-ce la déception ou les effluves écœurants provenant des cuisines, je ne saurai vraiment le dire, toujours est il qu'en plus d'avoir perdu ma jovialité je perdis aussi définitivement l'envie de me restaurer. Je resta un instant attablé avec eux sans mot dire, écoutant sans vraiment entendre ce qu'ils disaient, perdu dans la difficile assimilation des propos d'Eurifas et de Jonko. Si mes premiers doutes éprouvés au début de cette mission ne réapparurent pas, la déception qui les remplaça fut sans doute bien pire encore, torturant mon esprit de maintes questions sans réponses, d'hésitation et de rancœur.
Bien qu'ayant été formé comme tout prêtre à défendre ardemment la Vérité Impériale, je n'avais jamais dû prendre les armes contre le mécréant et l'égaré, considérant tout citoyen impérial comme une âme à rassurer et à guider dans l'obscurité du doute et de la tentation. J'avais bien des fois entendu parler de collègues ecclésiastes ayant bravé les immondices du démons ou de l'hérétique, et comme n'importe quel sujet de l'Empereur, je les louais pour ça. Mais sorti comme cela de la tranquillité de mon église, éloigné des rares cas d'égarement auxquels j'avais dû faire face, ou de simples observations de punitions de masses comme sur Nubia, je me sentais presque perdu, marchant tant et si bien en terre inconnue que mon appréhension prenait le dessus et m'éloignait des principes de base de ma condition de prêtre impérial.
Je me souviens d'un vieux confrère qui comme moi avait connu la quiétude d'une communauté religieuse relativement paisible, dans les territoires reculés des manufactures sud de Fortis Hexx, et qui lorsque le Cardinal commandita une croisade contre des pirates eldars avait dû quitter son sanctuaire pour rejoindre un régiment de la Garde hexxienne en tant qu'aumônier. Je l'avais quitté jeune et insouciant, joyeux et plein d'espoir quant à l'étendue de la Foi Impériale. Il partit neuf ans, et lorsqu'il nous revint, tout en lui avait changé. Il était devenu sévère et intransigeant quant à la Parole de l'Empereur, ses paroles emplies de violence et d'appel au sacrifice le plus fanatique. Son visage jadis beau et juvénile n'était plus qu'un masque de colère couturé de cicatrices cruelles. Il avait perdu un bras au combat, remplacé dans la foulée par une affreuse prothèse bionique consistant en une large épée tronçonneuse bourdonnant sans arrêt, menaçante, prête à frapper à tout instant. Il ne resta pas plus d'un mois dans son église, obnubilé par la chasse aux hérétiques, demandant très vite un transfert vers le front, et on le fit à nouveau partir au sein d'un régiment de la Garde. Je ne le revis jamais, mais mon vieil ami était pour moi mort depuis bien longtemps, dévoré par la haine aveugle et un fanatisme exacerbé par les affres de la guerre. Je l'ai sincèrement pleuré et regretté, et m'étais solennellement promis de ne jamais devenir comme lui, à ce point déformé par la colère, si éloigné qu'il était devenu de la morale humaine que beaucoup d'entre nous défendons.
C'est à cette époque que je m'étais davantage plongé dans mon étude de la condition humaine et mon côté savant prima sur celui de prêtre, m'attirait les reproches de certains et les encouragements d'autres. C'est aussi à cette période que je me jura de ne jamais céder à la violence si je pouvais auparavant user de dialogue pur pour ramener tout déviants sur la voie de la repentance avant qu'il ne soit trop tard. Mais plus je persistais dans cette voie méprisée par beaucoup, et plus je me confrontais, parfois violemment, à des individus comme Eurifas.
Tout loyal sujet à l'Imperium que j'étais, j'avais toujours en horreur l'hérétique et le xenos infâme, mais je sentais ici au fond de moi que les Futharks n'étaient pas coupables de ce dont on les accusait. Il y avait autre chose, de plus complexe, et j'étais bien décidé à le découvrir, pour pouvoir par la suite soit les laver de tout soupçons, ou au contraire les condamner à une damnation éternelle.
Medrek semblait comprendre, voire même encourager ma conviction, tandis que Jonko préférait me mettre en garde; mais Eurifas ne manquait jamais de laisser exploser son fiel sur ceux qu'il désignait déjà comme des hérétiques, et personne n'osait défier ses propos. Je compris rapidement qu'il n'y avait rien de plus à faire et que débattre ainsi de la question risquait plus de m'attirer des ennuis que d'aider à comprendre qui étaient véritablement ces fameux Futharks. Après tout, malgré mes idées profondes, je n'oubliais pas pour autant que je servais une instance aussi intransigeante que cruelle, et que s'opposer à elle, même de la manière la plus infime, serait un suicide idiot. Le Ministorum, plus que tout Adeptus de Terra, était sûrement celui qui gouvernait véritablement l'Imperium, et malgré les horreurs qu'on lui reprochait parfois, à tort ou à raison, j'étais fier de servir pareille puissance. À travers l'Ecclesiarchie, c'était directement l'Empereur-Dieu qui parlait et être l'un des porteurs de Sa Voix était un honneur considérable.
Je décidai donc de me fier aux demandes du Diacre, et par delà lui de la Sainte Ecclesiarchie, de poursuivre mon enquête en considérant mes doutes mais en ne les laissant jamais prendre le dessus sur mes ordres. Si innocence il y avait chez les habitants d'Yggdrasil, je le ferai savoir. Si en revanche ils étaient bel et bien coupables d'hérésie, je me promis de devenir personnellement leur pire cauchemar...
Je leva la tête vers mes compagnons de table plongés dans une bruyante discussion sur l'avenir du tournois annuel de régicide de Porphiross et posa une main sur l'épaule du confesseur.
-Merci, mon frère, pour avoir apporté davantage de lumière sur mes doutes. dis-je en souriant. Vous m'avez apporté une paix que j'aurai difficilement trouvé seul.
-Je suis content que vous portiez crédit à mes dires, Kristophus. répondit-il en me rendant un sourire radieux. Mais ce n'est pas moi qu'il faut remercier, c'est l'Empereur-Dieu, pour vous avoir permis de reconnaître votre égarement, si innocent et naïf eut il été. Je suis content pour vous. Content, et fier...
Il hocha la tête ne sachant quoi ajouter, et je me leva en saluant les deux autres. Je me détourna d'eux pour sortir du mess aussi bruyant que malodorant et me dirigea d'un pas énergique vers les quartiers réservés aux militaires.
Ce que j'avais dit au confesseur était à moitié vrai, et j'espérais qu'il n'en devine rien. Même si Eurifas m'avait aidé à comprendre quel était mon véritable devoir, je ne parvenais toujours pas à faire taire cette voix au fond de moi qui me hurlait que les Futharks étaient innocents. Il me fallait satisfaire ma curiosité et savoir si j'étais dans le vrai ou si Eurifas disait l'entière vérité à leur sujet. Et pour cela j'avais besoin d'en parler à quelqu'un qui avait déjà été confronté à eux.


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Message par Turielo Sam 22 Déc 2012 - 13:23

Salut à tous! peu de temps à accorder aux Lettres de Sang, Noël en boucherie oblige (pas de w-e, du boulot dans tout les sens, toussa toussa...) mais j'espère pouvoir poster un premier jet aujourd'hui.
En attendant voici la suite d'Ùtlendr
Bonne lecture, et n'hésitez pas à me faire savoir ce que vous en pensez, en bien ou en mal:

***

III:


Marvin Deludas, le sergent du 51ème Hexxien que j'avais rencontré lors de ma dernière escapade vers les quartiers militaires, était assis devant sa cellule, lisant un livre en fumant un de ses odorants cigares, sans paraître tenir compte du brouhaha environnent. Il leva les yeux lorsque je m'avança vers lui et afficha un grand sourire en me saluant d'un hochement de tête tout en refermant sa lecture.
-Mon père! Ça fait plaisir de vous voir dans le coin! m'accueillit-il. Vous venez me rendre visite, ou vous vous êtes encore perdu?
-Je ne me suis pas perdu, non. dis-je, souriant. Je venais juste dans l'espoir de pouvoir discuter un peu avec vous.
-Vous vous ennuyez à ce point pour venir tailler le bout de gras avec la soldatesque? se moqua-t-il en m'invitant à venir m'asseoir avec lui.
-Oh oui, je m'ennuie pas mal, c'est un fait. avouai-je. Mais je vous assure que ma volonté de venir vous trouver, vous personnellement, est tout à fait sincère.
Un grondement qui s'avéra être un rire monta de sa gorge, et il m'indiqua un siège de facture grossière, que je couvris de mon manteau avant de m'y asseoir. Il s'assit face à moi, et rangea son livre avant d'éteindre son cigare après une dernière bouffée. Puis il aventura sa main derrière lui et produisit son petit réchaud en plus d'un sac duquel s'échappait des senteurs boisées et deux gobelets de métal blanc.
-Je suppose que vous ne direz pas non à un p'tit café, mon père. me proposa-t-il, tout en sachant d'avance la réponse.
-Volontiers. répondis-je. Au moins j'aurai connu un petit déjeuner convenable.
Il alluma le réchaud, et posa une petite bouilloire dessus avant d'y verser eau et café en poudre. Mes narines frémissaient déjà en reconnaissant l'odeur enivrante de la fève broyée. Son regard revint à moi après qu'il eut achevé de préparer la douce mixture.
-Alors, père Nevenski. Qu'est ce qu'un pauvre bougre comme moi peut faire pour vous? demanda-t-il en croisant les bras.
-Eh bien, étant donné que mes discussions avec d'autres n'ont pas l'air de porter leurs fruits... Du moins de la manière dont je le souhaite... J'aurai voulu que vous me parliez des gens vers qui on nous a envoyé.
Il haussa un sourcil surpris et esquissa un demi sourire affreusement déformé par son horrible cicatrice.
-Les Futharks vous voulez dire? Et que voulez vous savoir sur eux?
-Vous avez déjà eu affaire avec eux?
-Oui, depuis que j'officie au sein du 51ème, nous avons combattu à leurs côtés quelques fois... dit-il sans quitter son expression, me considérant bras croisés avec un air attentif. Je suppose que le Capitaine Vanar a dû vous en parler...
-Il l'a évoqué, oui. corrigeais-je.
-Eh bien voyons voir... Que dire à leur sujet?... se mit-il à réfléchir. Le Capitaine vous a parlé de la campagne de Naldariss?
-En surface, oui...
-Ouais. C'est pas mal pour commencer, je suppose. dit-il, pensif, avant de décroiser les bras et de se pencher vers moi, tout en remuant doucement le café en train de chauffer. Quand les armées du Chaos sont arrivées en Mythos, ça a été un sacré bazar pour nous, toute la frange avant était assaillie et y'a eu énormément de dégâts. Le 51ème d'alors était déployé pas loin du système de Huskar, là où se trouve Naldariss, deuxième planète habitable sur trois, gravitant autour d'un petit soleil ayant donné son nom au système. Bref. Naldariss était un monde assez chouette, vous savez ce genre de coin où on peut autant trouver de grandes villes puantes que de gigantesques espaces de nature sauvage. Un beau p'tit monde civilisé comme on aime les trouver. Okay, y'avait toujours les merdes habituelles du genre gangs, crimes et quelques hérétiques par ci par là, mais franchement pas de quoi se plaindre. Le Gouverneur de Naldariss, euh... Haugustis, je crois me souvenir, était un type assez relâché et aimé de son peuple, loyal et tout, mais pas dans le délire du gars sanguinaire et tyrannique. Un petit coin tranquille dans ce secteur. Et puis voilà que débarquent ces enfoirés de chiens du Chaos. Toute une armée! Un truc de barge, personne s'y attendait! J'me souviens pas tellement des détails, juste qu'on devait les exterminer, ce qui en soi est déjà plus que suffisant à savoir. Moi, savoir s'ils ont forniqué avec tel ou tel démon ou que leur mère était telle ou telle putain morte sur un bûcher à la con, je m'en fout. On me dit de les buter, j'les bute, point barre. Bref. Un sacré bordel. Des milliers et des milliers de ces tarés qui s'invitent sur nos terres pour tout retourner, comme ils ont la sale habitude de faire. Et nous on était dans le coin, régiment assez vieillot, fort de treize mille hommes et d'un bon gros tas de blindés. Donc paf! Le Tactica en panique nous envoie là bas avec pour tâche ô combien simpliste de bouter ces rats hors de nos plates bandes. Autant vous dire qu'on a pris une sacrée dérouillée là bas. Y'avait de tout chez ces salopards, du cultiste de bas étage au foutu Space Marine du Chaos, et j'vous parle pas des plus horribles des bestioles qu'on a dû se farcir. Tout seuls, on allait se faire annihiler, ça ne faisait aucun doute.
-Et donc on vous a envoyé des renforts. tentais-je. Des Futharks.
-Entre autres, ouais, mais oui, y'avait des Futharks. acquiesça-t-il. Un régiment complet. Alors je vais faire l'impasse aussi sur les autres forces de Gardes du coin, les FDP et tout le bastringue. Vous voulez qu'on parle des Futharks, donc je vais parler de ce régiment en particulier.
Il prit une pause assez théâtrale, celle de l'homme qui allait révéler un grand événement et parler avec emphase d'une légende ayant pris acte. Je n'avais su dire sur le moment d'ailleurs si il avait fait cela pour m'impressionner, pour donner du relief à son récit, ou tout simplement parce qu'en même temps qu'il m'en parlait il revivait ces moments de guerre.
-Vingt quatrième jour de bagarre. conta-t-il. Et quand je dis bagarre, c'est d'la bagarre à grande échelle. Le 51ème a sacrément morflé, la cité d'Argilias n'est plus que ruine et les champs de mort des Plaines de l'Errant sont toutes labourées par des jours de pilonnage intense et répété. Les armées du Grand Ennemi sont en surnombre et les FDP se sont fait massacrer, leurs dernières forces plus ou moins regroupées en urgence au sein de notre régiment. Pour boucher les trous, comme qui dirait. Arrive la flotte de guerre tant attendue, et ses renforts, une quinzaine de régiments d'importances diverses, et une force de frappe aérienne qui fait pas dans la dentelle. La contre attaque est féroce, et très vite on rétablit la balance. Naldariss est coupée en deux. D'un côté les affreux, et de l'autre nous mêmes. Et en ce qui concerne votre demande, mon père, un des régiments qui nous a épaulé fut le 35ème régiment Futhark, principalement du Clan Thor.
-Le Clan Thor? relevai-je, curieux. Le Capitaine a fait allusion à leurs Clans, et j'ai lu quelques notes à ce sujet. Mais je dois admettre que c'est un peut difficile à comprendre.
-C'est une de leur bizarrerie, mon père. expliqua Deludas, tout en retirant la bouilloire du feu pour nous verser deux tasses du liquide couleur ébène tant attendu aux arômes délicats. Je ne pourrai vous dire comment ça marche avec certitude, mais c'est une histoire de vieille tradition. En gros, d'après ce que m'a dit un de leurs gars, les planètes du systèmes d'Yggdrasile sont depuis longtemps liées culturellement entre elles, certains pensent que ça remonte même à bien avant l'Hérésie d'Horus. Des restes d'un empire qui s'est rallié puis fondu dans l'Imperium, ou un truc dans l'genre. Bref. Leur société est entièrement basée sur un système clanique, et que ce soit sur le plan civil ou militaire, ces Clans constituent leur structure sociale principale. En gros, que vous soyez de tel ou tel monde d'Yggdrasile, si vous appartenez au Clan machin, vous vivez et évoluez avec les gars du même Clan.
-Mais pour ce qui est de leurs régiments? insistais-je.
-Là non, ils opèrent de la même manière que la plupart des régiments que je connais. Mais les Clans ont leur importance, et les différences se font sentir au sein des formations. Y'en a qui disent que suivant leurs Clans, ils sont parfois regroupés en Compagnies, ou pelotons. J'imagine qu'ils savent bien gérer leurs spécialités. La seule exeption semble être leur Clan de nobliaus, Odin. On en trouve rarement dans d'autres régiments, et il y a une dizaine de formations constituées presque uniquement de natifs de ce Clan. Le pourquoi du comment, ça j'en sais foutre rien!
-C'est... primitif. lâchais-je, assez déconcerté. Se reposer ainsi sur des systèmes aussi arriérés...
-J'vais vous dire, mon père. Des choses bizarres j'en ai vu. Et croyez moi, y'a bien plus bizarre que cela. Allez voir par exemple du côté de Rocamad avec ses castes d'esclaves-guerriers ou de Nubii avec ses rares régiments de pauvres ploucs défoncés aux plantes... Je ne sais pas ce qui fait que c'est toléré. Allez savoir? Un ancien pacte? Une alliance? Parfois même il paraît que c'est l'Administratum lui même qui encourage ce genre de particularité...
-C'est vrai, certains mondes sont étranges... admis-je. Ca me fait penser à Pletan où les continents sont presque toujours en conflit, parfois grave. Vous imaginez? Ils sont tous des loyaux sujets de l'Empereur, mais ils continuent à se battre à coups d'épées et de pierres, comme des sauvages. Lorsqu'on pense que la civilisation impériale, si parfaite, se trouve partout autour d'eux... C'est difficilement compréhensible.
-Que voulez vous? fit le sergent en haussant des épaules. On trouve de tout dans l'Imperium, alors pourquoi pas ça?
Nous faisons une pause pour siroter le café chaud, et je sens mon coeur se réchauffer de même que le reste de mon corps. C'est proprement divin, et ça a le don d'effacer complètement ma mauvaise humeur. Deludas sort un petit paquet de rations sèches et me propose de le partager avec lui. Comme je n'ai pas mangé, mon estomac et le premier à répondre à l'affirmative, et le sergent généreux dispose les maigres barres énergétiques sur une assiette métallique. Tandis que nous grignotons et buvons notre café, la discussion reprend.
-Donc le 35ème Futhark nous rejoint sur Naldariss le vingt quatrième jour de la campagne, amenant pas loin de neuf mille hommes... Et femmes. Les régiments Futharks comptent parmi ceux de la Garde qui sont mixtes.
En évoquant la chose, Deludas se fend d'un large sourire.
-Apparemment, ils étaient principalement composés de natifs de leur Clan Thor, et ont voulu nous le faire savoir. Quatre de leurs compagnies nous ont été envoyées, supportées par une cinquième, essentiellement composée de blindés. Et pas n'importe lesquels! Que du Hellhound! Des milliers de Gardes pyromanes venus pour nous permettre de reprendre la sous ruche Etakia, que nous étions en train d'assiéger quand les renforts arrivèrent. Ils étaient fichtrement motivés, étant donné que dès qu'ils nous eurent rejoints ils lancèrent l'assaut sur les positions ennemies.
Il fit une nouvelle pause, son regard perdu dans le vague tandis qu'il se remémorait les événements. Il vida sa tasse de café d'un trait et s'en servit une autre, qu'il arrangea discrètement d'une rasade d'alcool. La flasque fut rangée aussi vite qu'elle fut sortie et le sergent reprit son récit.
-J'vais vous dire, mon père. dit-il d'une voix rendue rauque par son breuvage relevé. De toute ma vie, je n'ai jamais vu autant de feu. Une vraie rôtissoire! Les Futharks ont totalement vitrifié les positions adverses, en délivrant un enfer insensé sur les renégats, n'épargnant rien ni personne, ne s'arrêtant pas d'avancer un seul instant.
-Le Capitaine Vanar avait l'air de dire que le "truc" de ce Clan était le feu lorsqu'il m'en a parlé. dis-je en reposant ma tasse vide pour manger un bout de ration sèche.
-Ah oui, ça y'a aucun doute sur le sujet. confirma Deludas en me remplissant une nouvelle tasse de café chaud. Rien que d'apparence ça se voyait. Ces hommes du 35ème Futhark portaient lors de cette campagne un uniforme noir sur lequel on voyait tout un tas de représentations de feu, de flammes, de bûchers... Des obsédés du brasier. Presque tous les Gardes possédaient de quoi faire flamber tout un monde: des lances flammes, bien sûr, mais aussi des grenades incendiaires, ses bombes à magma, et même parfois des joujous de leur propre confection. Et leurs Hellhounds... Par Terra, leurs Hellhounds! J'en ai jamais vu autant, et après leur passage, on sentait tous inévitablement la graisse brûlée et le charbon. En quelques heures, les protections d'Etakia furent méthodiquement incinérées avec des milliers de rebelles et les Futharks continuèrent en avant, alors que nous mêmes peinions pour les suivre, à cause des remparts de feu et de la chaleur infernale. Je vous assure mon père, on avait l'impression que le feu ne les touchait pas, que par un quelconque miracle, leurs corps n'avaient aucune réaction au contact des flammes. Vous vous doutez bien que ça en a foutu plus d'un mal à l'aise, y compris notre Commissaire de l'époque...
-Le prédécesseur de Malkh? demandais-je.
-Ouais, un sale con qui s'appelait Kuriak. Il est mort la faute à un hérétique bon au lancer de grenades, quand on a libéré une petite ville industrielle dans laquelle s'était retranché l'ennemi. Kuriak nous guidait vers l'agora d'un vieux quartier industriel, en débitant ses âneries habituelles, quand pouf! Plus de Commissaire, juste un trou, une botte et de la bidoche un peu partout... Que l'Empereur veille sur son âme, à ce salaud!
Il fit un rapide signe de l'aquila en rendant cet hommage ambiguë au Commissaire trépassé puis plongea sa main épaisse dans une de ses poches et sortit un de ses cigares.
-Ça vous embête, mon père? demanda-t-il en me montrant le gros rouleau de tabac. D'une humeur tolérante ce jour là, je secoua doucement la tête en souriant, lui faisant signe que non, et il craqua une allumette, épaississant immédiatement l'atmosphère d'un brouillard bleu-gris dont l'odeur âcre vint totalement éclipser celle, délicieuse, du café chaud. Je réprima une quinte de toux, battant des paupières alors que les émanations toxiques me tiraient des larmes, mes yeux soudain gonflés.
Un ricanement mesquin monta de la gorge de Deludas, et il eut la bonté de tenir son maudit fumigène loin de moi, me laissant un peu plus d'air.
-Désolé, mon père. dit il en essayant en vain de dissimuler son amusement face à ma gêne. J'ai toujours apprécié un bon cigare après un bon café. C'est sans doute un de mes plus grands vices...
-Je ne suis pas sûr de vouloir connaître les autres pour le moment, sergent. répondis-je en riant, malgré ma gorge irritée par la fumée piquante. Au moins je me fais là une petite idée de ce que devait sentir le champ de bataille après le passage des Futharks...
-Oui, si vous y rajoutez les odeurs de carburant, de métal surchauffé et de cadavres calcinés... dit Deludas en se grattant le menton, l'air songeur, avant de poursuivre son histoire.
-La libération d'Etakia nous a pris deux journées, le temps de sécuriser la zone, purger les rebelles, placer les civils en sûreté - du moins ceux restés loyaux - et établir une tête de pont correcte pour la suite de la libération de Naldariss. Contrairement à ce qu'on pensait tous après l'assaut extérieur, les Futharks n'ont pas foutu le feu à la sous ruche. Au lieu de quoi ils se sont battus en rangs parfaits, baïonnette au canon, et n'ont usé de leurs crache-feu que pour allumer les tas de cadavres ennemis qu'ils faisaient au fur et à mesure qu'ils progressaient dans les quartiers. Nous, on se battit avec eux jusqu'à arriver au centre d'Etakia. Là, on a explosé la dernière poche de résistance, ils ont cramé les macchabées et on a pu enfin se poser cinq minutes.
-Avant de repartir au front ailleurs, je suppose... Ils sont venus avec vous?
-Les Futharks? Non. De ce que j'ai ouï dire par la suite, ils sont aller faire cuire des hérétiques plus au nord de la planète, et ont contribué en l'espace de quelques jours à la pacification totale de l'hémisphère nord. Nous, on est partis plein sud vers les dernières forces de l'ennemi qui s'étaient regroupées dans les steppes glacées du pôle. C'est sur le chemin qu'on nous a collé Malkh dans les pattes, d'ailleurs. Au début on pouvait pas le saquer, mais finalement, il s'est avéré être un bougre plutôt sympathique. Enfin... Sauf quand on déconnait avec lui, là c'était son camarade Troublemaker qui prenait le relais, si vous voyez ce que j'veux dire.
-J'ose à peine y penser, sergent. plaisantai-je, et il ricana à nouveau.
-On a pas revu le 35ème Futhark après Etakia. reprit Deludas. Pour ma part, ça faisait la deuxième fois que je me battais à leurs côtés, et il y en eut deux autres encore après, il y a huit ans lors d'une campagne éclair contre des pirate, près de la Ceinture de Gaïa, et une autre fois il y a six ans quand on a dû mettre fin au règne du tyran de Athtart.
-Vous avez contribué à la guerre contre le Roi des Crânes? demandais-je, ayant écris quelques ans auparavant un document sur la guerre d'Athtart.
-Aux côtés du 12ème Hexxien et du 24èmeFuthark, oui. acquiesça Deludas en hochant du chef. Notre Compagnie a progressé aux côtés d'un détachement de leurs éclaireurs, constitués de natifs du Clan Baldr, si j'écorche pas l'nom. Les Baldrs, c'est des drôles de bonshommes, si vous voulez mon avis. De ce que j'en sais, ils viennent principalement d'un monde préservé à l'état sauvage, et où aiment aller se reposer les riches, et du coup, contrairement aux Thors et à leurs allures de brutes finies au prometheum, les Baldrs c'est le raffinement. De beaux p'tits uniformes verts richement décorés, une discipline de parade, des tronches de premiers de la classe... Au début, ça fait marrer et on crois que ce sont juste des peigne-culs qui se prétendent soldats. Eh ben croyez moi, mon père, ces gars non plus faut pas les prendre à la légère. On les voit et d'un coup d'un seul ils ont disparu de votre champ de vision. Et quand ils réapparaissent, avec leurs belles gueules d'anges, derrière eux y'a plus que les cadavres de leurs ennemis, et même là, ils font du boulot d'orfèvre. C'est pas le gros carnage, mais de l'exécution millimétrée. Ils sont pas bien nombreux à ce qu'il paraît, mais chacun d'eux vaut bien deux de mes hommes.
-Je me souviens avoir trouvé des documents lors de mes recherches sur cette guerre qui parlaient de fantômes, de démons invisibles. me rappelais-je. Je suppose que...
-Ouais, c'est eux tout craché. confirma Deludas en riant en se souvenant d'eux. Par le Trône, ils nous ont même parfois foutu une sacré trouille, ces affreux! On marche tranquillement avec eux, l'ennemi se pointe, et paf! Les Baldrs sont plus là. D'un coup. Et avant qu'on s'en rende compte, les sauvages qui nous ont attaqués se mettent à tomber comme des mouches, sans bruit, et ces fils de grox de Futharks réapparaissent à côté de nous comme si ils avaient toujours été là. Et ils se marrent, mon père! Ils se foutent de nous! Ah, qu'est ce qu'on a pu rigoler!
-On dirait presque qu'Athtart était une partie de rigolade à vous entendre. plaisantais-je.
-Trône, non! se reprit Deludas en secouant la tête. On en a quand même bavé, et j'ai perdu quelques copains là bas. Le Roi des Crânes avait tout un tas de tribus derrière lui, et même si c'étaient des sauvages primitifs je peux vous assurer qu'ils savaient se défendre. Okay, la campagne fut rapidement expédiée, et le Roi des Crânes livré avec sa clique aux bourreaux de l'Inquisition, mais ça a pas été une partie de plaisir.
Le sergent tira sur son cigare en restant un instant silencieux, repensant aux combats qu'il avait livré. Je termina ma portion de viande lyophilisée, puis prit quelques notes sur un de mes carnets, notamment les noms et particularités des Clans Futharks dont m'avait parlé Deludas. Ce dernier finit par écraser son cigare en reniflant bruyamment, puis se mit à ranger la bouilloire vide et les quelques détritus avant de se laisser plonger dans sa chaise avec le sourire satisfait de celui qui a bien mangé.
-Vous verrez mon père. me dit-il après un instant. Ce sont peut être des gens bizarres et pas très nets pour certains, mais ça reste des gars vraiment bien. Ces accusations contre eux... Je suis pas d'accord. Les Futharks sont des militaires comme nous, loyaux et courageux. Eux, tourner le dos à l'Empereur? Bah! Conneries!...
-Qu'est ce qui justifie les accusations contre eux, à votre avis, dans ce cas? le questionnais-je, surpris par sa soudaine franchise.
-Leur société est simplement mal vue, c'est un fait. répondit-il. De ce que j'en sais, ça arrive souvent dans la Galaxie, que des sociétés auparavant évoluées sombrent à nouveau dans la sauvagerie. Vous savez, comme sur ces mondes post-industriels, ou ces anciennes zones de guerre... Ça justifierai probablement pour moi leur mode de vie actuelle, et certaines rumeurs qui courent sur eux.
-Comme? le poussais-je en avant.
-Comme le fait qu'ils ne vénèrent plus l'Empereur comme vous le souhaitez. dit-il abruptement. C'est ce qui leur est le plus reproché de ce que je crois. Et là encore pourtant, c'est pas une première. J'ai baroudé sur pas mal de mondes où cohabitent plusieurs cultures, et si le Culte Impérial est omniprésent, ça n'empêche pas certaines superstitions de se développer, vous savez...
-C'est différent dans leur cas, sergent. répliquai-je froidement.
-En quoi, mon père? demanda-t-il innocemment en levant un sourcil.
-Les exemples que vous donnez, j'en ai étudié certains, et il s'agit dans la majorité des cas de mondes hostiles en voie de civilisation, ou récemment colonisés. Les autres cas, eh bien ce sont ceux qui sont devenus par la suite des causes de guerre, car tombés dans l'Hérésie. Pour ce qui est des Futharks, ce qui est grave c'est que nous sommes confrontés à une situation inverse, une société civilisée qui sombre à nouveau dans l'obscurantisme et la déviance.
-Vu comme ça... admit Deludas en penchant la tête de côté, avec une moue convaincue.
Le silence s'installa quelques instants sur ce dernier échange, jusqu'à ce que le sergent me considéra à nouveau avec un large sourire.
-De toute manière mon père, ça importe pas des masses, c'que j'vous dit là. dit il, rieur. J'suis qu'un bon p'tit soldat qui obéi aux ordres, et je ferai c'qu'on me dit, du moment que ça implique pas de cracher sur un aquila ou de pisser à la face de l'Empereur.
Malgré les exemples blasphématoires et colorés qu'il donna pour imager son propos, je me mit à rire aussi en acquiesçant du chef.
-Oui, vous avez raison. fis-je. Nous n'avons pas vraiment notre mot à dire dans l'histoire...
-Excusez moi de vous contredire mon père, mais... commença Deludas en m'adressant un regard appuyé.
-Mais? l'encourageais-je à poursuivre.
-Si moi je ne l'ai pas, ce choix, vous vous l'avez. dit il en désignant du regard mon calepin encore ouvert. C'est pas pour rien qu'on vous a donné ces privilèges et cette mission. En définitive, leur principal juge, quoi qu'il arrive et qui qu'ils soient vraiment, ce sera vous...
Je ne sus quoi répondre à cela, et sur le moment sa remarque m'estomaqua à un tel point que j'en oublia de respirer. Ce n'est qu'après avoir recouvré mes esprits et avalé un grand bol d'air que je hocha la tête plusieurs fois de suite, comme un fou atteint d'une crise de démence.
Deludas, tout rustre qu'il était, était sûrement la première personne qui répondais à mes questions comme je l'espérais. Par cette simple phrase, il me permit d'oublier tous mes doutes et d'enfin pouvoir apprécier l'importance et, comme il le disait lui même, le privilège de la mission que le Seigneur Heiklimer m'avait faite confier. Je repensa un court instant à Jonko, Euriphas, Vanar et tous les autres que j'avais croisé jusque là et qui semblaient convaincu que le Mal s'installait au sein des Futharks. Puis la phrase du sergent Deludas venait résonner dans ma tête, effaçant ces murmures de discordes qui n'avaient jusque là pas arrêté de me tourmenter. Et il n'y avait plus que moi. Rien que moi.
Et ce sentiment fut à la fois enivrant et terriblement effrayant. Je serais le juge des Furtharks. Je détenais le sort d'une civilisation entière entre mes mains.
-Le salut ou la damnation... murmurais-je, sentant un lourd poids sur ma conscience s'échapper pour laisser sa place à un autre. C'est ma décision qui scellera leur destin...
Deludas fit une fois encore gronder son rire caverneux.
-Hola, hola, mon père, je crois que vous perdez pieds là! ricana-t-il. Restez avec nous!
Je leva le regard vers lui, tiré brutalement de mes pensées par son rire tonitruant. Il me tendit sa bouteille d'alcool si précieuse avec un sourire en coin, chaleureux et bienveillant.
-Allez, m'sieur l'juge. dit-il. Buvez un petit coup pour vous remettre les idées en place, ça ira mieux après.
Je considéra l'espace d'une seconde la flasque ouverte qui m'était tendue, une odeur aux accents agressifs s'en échappant, venant me récurer les narines comme si on tentait de me noyer dans une cuve de détergent. Puis je hochais la tête et tendit la main vers son offre.
-Ma foi... Ça ne peut pas tant me faire de mal que ça après toutes ces émotions...
Je but une timide rasade et eu l'impression qu'on m'arrachait les entrailles hors du corps avec un crochet chauffé à blanc. Les larmes me montèrent aux yeux, et je perdis quelques secondes l'usage de ma voix, réduite un à râle agonisant. Je sentis une lourde chaleur m'envahir le corps, faire palpiter mes joues, bourdonner mes oreilles, jusqu'à aller résonner dans l'arrière de mon crâne.
Finalement je parvins à lâcher une petite quinte de toux timide en secouant la tête avec satisfaction.
-Du très bon cru... articulais-je. Qu'est ce que c'est?
-Ah ça mon père, je crois que c'est dans votre intérêt de ne rien en savoir! lança Deludas, hilare.
Nous ne laissèrent aller à un grand éclat de rire durant un instant puis notre discussion reprit, plus banale, parlant de nos vies, souvenirs et autres sujets sans grande importance, jusqu'à ce que le cargo passe en cycle nocturne.
Je me leva en frottant ma bure pour la lisser et évacuer les quelques miettes restées accrochées, me sentant incroyablement léger et bien portant, l'effet de quelques gorgées de son mystérieux breuvage alcoolique me faisant peiner à réfréner mon euphorie et me donnant l'impression qu'on m'avait fait rôtir le dessus des oreilles. Pourtant je gardais les idées claires, et je pus prendre congé convenablement du sergent.
-Je vous remercie pour cette discussion, sergent Deludas. dis je en lui serrant la main.
-Tout l'plaisir est pour moi mon père. répondit il. Mais je vous en prie, appelez moi Marv' la prochaine fois.
-Entendu. acceptai-je avec un sourire. Merci... Marv'!
Je commença à me retirer, mon esprit concentré afin de conserver une stature droite et une démarche adéquate pour ne pas incriminer le sergent distillateur de génie.
Je crois bien que c'est la seule nuit sur ce cargo de malheur durant laquelle je ne fus pas importuné par les tortures de ma banquette, trop ivre pour m'en soucier, et je me souviens à peine avoir balbutié une courte prière de remerciements à l'Empereur.
Et à l'alcool du sergent Deludas...


Dernière édition par Turielo le Mer 12 Juin 2013 - 13:01, édité 1 fois


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