[COURTS RÉCITS] THÈME CENTRAL

Nosferatu

Le son des torrents de pluie rythmé par les nombreux éclairs composaient la symphonie de cette nuit. Un tel temps avait beau être des plus typiques sur Nostramo, Iakov Savvati ne s’y ferait jamais. La pièce de surveillance était mal chauffée et délabrée, les seules lumières venaient des six écrans de contrôle et du néon rouge crépitant de service.

Il cala sa cigarette dans sa bouche étroite avant de prendre le paquet de cartes que son compagnon lui tendait et de le mélanger habilement. Il distribua les cartes de manière experte tout en jetant un rapide regard sur les affichages.

- Mille crédits, annonça Lev Anastass.

Savvati le regarda fixement dans les yeux afin d’y déceler le degré de sérieux de son ami.

- Je suis, répondit-il après quelques secondes de jaugeage.

Chacun poussa ses jetons au centre de la table improvisée.

- Full aux as et aux rois, déclara fièrement Anastass alors qu’il étirait ses mains pour prendre la mise.

- Full, moi aussi, rétorqua Savvati. Trois as et deux as.

Le jeu était truqué, il ne pouvait y avoir que quatre as dans un jeu de carte. Et pourtant, il y en avait actuellement huit sur la table. Anastass ne sembla pas déconcerté et se contenta de lâcher un sifflement d’agacement. De toutes façons, plus rien n’était honnête sur Nostramo depuis longtemps.

Iakov Savvati avait été éduqué par les coups de bâton et avait tué sa première victime à l’âge de neuf ans, ce qui était relativement tardif pour son âge. Dix ans plus tard, il avait réussi à rentrer au Cartel comme homme de main avant de finir ici comme « superviseur des forces du maintien de l’ordre ». Ce titre continuait de le faire sourire, Nostramo Quintus était pourri jusqu'à la moelle, tout le monde le savait et pourtant, le Cartel continuait à se cacher derrière le titre de « représentant de l’ordre ».

Enfin, pour l’instant, cela ne le concernait qu’à moitié. Actuellement, il coulait des jours paisibles ici, loin des carnages de ses débuts. Un son continu atteignit subitement ses oreilles, il fixa les écrans et remarqua l’anomalie.

- On a perdu D8, releva Anastass.

Savvati prit son communicateur et contacta les réserves.

- D20 et D21, dirigez-vous à l’emplacement 10 ; 32, on vient de perdre le contact avec D8, dites nous ce qui se passe.

L’orage était marquant cette nuit, il espérait que cela n’affecte pas les communications. Mais plus important, qu’avait-il pu arriver à D8 ? Chaque formation était composée de cinq hommes armés.

- Ici D20, nous sommes en approche mais je… La communication se brouilla avant de reprendre. Qu’est ce que c’est que ce bordel ! Plusieurs sons de tir se firent entendre. Dragomir revient ici ! Ô merde… La communication fut coupée.

- D21 en soutien. L’autre équipe venait d’arriver. Mais où est-il passé ? Là, feu à volonté ! Les déflagrations couvraient la liaison pendant quelques secondes. C’est impossible, c’est un monstre, c’est… La transmission continua quelques secondes, relayant les cris d’agonie de l’interlocuteur.

Les bruits monocordes et les runes d’affichage signifiant la perte du signal ramena Savvati à la réalité pour s’apercevoir que ses mains tremblaient. La cigarette était tombée de sa bouche et ses cendres se répandaient sur le clavier devant lui. Il regarda Anastass qui semblait tout aussi confus que lui. Il se leva et alla chercher deux fusils laser à l’arrière.

- Tu fous quoi Iakov ?

- On vient juste de perdre quinze hommes à l’instant, c’est plus que le pourcentage autorisé, le Cartel va nous exécuter si on s’en charge pas personnellement. Tu devrais connaitre les règles, seuls les plus impitoyables survivent. Si on reste le cul sur nos chaises, Ils vont pas aimer ça.

Anastass jura avant de récupérer son arme.

- D22, 23 et 24 en formation, on vous rejoint, couvrez l’allée 13.

Lorsqu’il sortit du bâtiment, il put s’apercevoir que la pluie tombait vraiment comme un torrent, la rue était inondée. L’eau atteignait leurs chevilles. D24 venait d’arriver à leurs côtés. Après quelques explications et un déploiement tactique ingénieux, ils se mirent enfin en route.

Qui pouvait être à l’origine de tout ceci, une autre organisation ? Peu probable, seul un certain point du périmètre avait été attaqué, si quelqu’un voulait faire la guerre au Cartel, il aurait ciblé toutes les bases simultanément et de tous les côtés.

C’est alors que Savvati se souvint des communications, elles n’évoquaient qu’un individu au singulier. Impossible, qui serait assez puissant pour réussir cela ? Un mauvais pressentiment le pinça.

- Comptez-vous, ordonnat-il.

Les réponses arrivèrent par ses oreillettes, mais pas toutes.

- D22, il vous manque deux réponses. Que se passe-t-il ?

- Je ne sais pas, ils étaient pourtant là et puis…

Savvati retira son écouteur tant les cris étaient fort. D22 était situé dans l’allée adjacente. Ils se précipitèrent sur les lieux éclairant la ruelle par les lampes attachées à leurs fusils. Il se couvrit la main de la bouche tandis que d’autres autour de lui détournaient le regard.

Les bustes des hommes de l’escouade D22 étaient empalés sur des lances et leurs membres étaient dispersés tout autour. Qu’est-ce-que c’est que ce bordel, se questionna Savvati. De nombreux fous erraient dans cette cité, mais qui pouvait être à la fois timbré et puissant pour démembrer une cohorte de mafiosi entrainés et armés ?

Il se retourna vers ses hommes. D24 était constitué de cinq membres, plus Anastass et lui, cela faisait sept. Il leva le visage au ciel et aperçut dans le reflet d’un éclair une forme perchée sur l’un des toits, sans réussir à bien la distinguer. A l’éclair suivant, moins de deux secondes après le premier, il n’y avait plus personne. Puis il réalisa.

- C’est un piège, nous sommes trop loin de D23 !

L’ennemi les avait amenés ici afin de focaliser leur attention et les éloigner de l’autre groupe. Cela semblait évident.

- D23, ici Savvati, répondez.

Il n’eut aucune réponse et fit signe à ses hommes de le suivre. Ils remontèrent difficilement la rue adjacente en trottinant, les torrents d’eau les empêchaient de progresser rapidement. Il serait bientôt arriver, mais un détail retint l’attention de Savvati.

Il leva le bras pour signifier un arrêt et observa attentivement l’eau qui coulait. Elle n’était plus transparente, mais rouge, d’un rouge clair et épais, la couleur du sang frais. Tous étaient figés d’horreur devant ce spectacle d’un véritable flot d’hémoglobine.

Puis toutes les oreillettes retentirent d’un rire moqueur et terrifiant. Savvati sursauta tandis que certains pointèrent leurs armes dans toutes les directions.

L’homme derrière lui fut tout à coup prit de spasmes et s’effondra au sol les mains serrés sur sa poitrine. Savvati s’accroupit à ses côtés.

- Il fait une crise cardiaque, hurlat-il !

Mais il ne pouvait rien faire. On leur apprenait à tuer, pas à guérir. Et qu’est-ce qui aurait pu produire une telle chose, cet homme était trop jeune pour avoir des problèmes au cœur.
La peur.
Un autre mafioso se mit à crier avant de jeter son arme et de s’engouffrer dans une minuscule ruelle.
La peur.

- Vladislav, revient ici bordel !

Trop tard, il reporta son regard vers la route en hauteur pour essayer de distinguer d’où venait tout ce sang, mais il remarqua d’abord que Prokifi, l’homme de tête, avait disparu. Il se raidit et se mit à trembler.

Un gargouilli d’agonie se fit entendre de derrière lui. Il n’osa pas se retourner, voulait-il vraiment voir ce qui était la cause d’une telle abomination ?
La peur.
Il utilisa ce qui lui restait de courage pour se retourner lentement avant de le regretter. Tout ses hommes, ou plutôt ce qu’il en restait, étaient éparpillés sur la chaussée, mais ce qui retint le plus son attention était ce géant accroupi. Son visage, plus blanc que la lune, contrastait avec ses longs cheveux encore plus noirs que la nuit. Il ne regardait pas Savvati, mais fixait une tête, ou plutôt, une moitié de tête qu’il tenait entre ses griffes acérées.

Le géant se redressa et se tint face à Savvati pour avancer doucement en sa direction. Ses pas pataugeaient dans l’eau mais ne produisait aucun son, aucune onde.
La peur.
Savvati ne pouvait plus bouger. Que se passait-il, il voulait faire quelque chose, mais son corps refusait de bouger.
La peur.
Allait-il mourir ici, si facilement.
La peur.
En un ultime défi au destin, il leva son arme et se mit à tirer précipitamment en hurlant. Ses mains tremblaient tellement qu’il ne toucha pas le sombre géant jusqu’à ce que ce dernier disparaisse.
La peur.
Son taux d’adrénaline était tellement fort, qu’il ne remarqua sa mort que lorsqu’il baissa les yeux et vit quatre griffes d’acier qui lui sortaient du thorax. Savvati s’effondra lourdement au sol tandis que le géant retournait s’envelopper dans les ombres de la nuit.

Ah parce que les votes c'est pour continuer à écrire sur un thème précis ?

@ Magnus oui c'est exactement cela et si cela ne marche pas j'enlèverais ce Sondage.

uther33 a écrit:@ Corax : Logan est en train de parler de la génese des Nights Lords ou tout du moins de leur primarque .