Chronique d'un libre-marchand : Nouveau Monde, troisième partie (Warhammer 40k, Rogue trader)
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Chronique d'un libre-marchand : Nouveau Monde, troisième partie (Warhammer 40k, Rogue trader)
Voilà très chers camarades du forum, le dernier acte rien que pour vos mirettes ^^ Je tiens à remercier d'avance d'avance tous ceux qui me liront et j'attend vos commentaires ou vos remarques. Si cela vous a plut encouragez moi parce que je me suis lancé dans un tome 2 (sachant que celui-ci m'a demandé deux mois de travail, sa date de publication sera incertaine). Sur ce je vous salue et bonne lecture.
Le groupe abandonna la base à plusieurs autochtones et suivi les autres dans les ruines, à bords des Chimères réquisitionnés pour l’occasion. Un peu surpris et intrigué au début, les locaux acceptèrent finalement de monter en haut des transports. Les blindés roulèrent dans les rues silencieuses, croisant parfois des véhicules recouverts de végétation, passant devant des parcs devenus forêts et des places uniquement habitées par d’imposantes statues. Après une dizaine de kilomètres, le convoi arriva dans ce qui avait dû être l’un des quartiers les plus huppés de l’immense cité. Ici, les palais dotés de jardin personnel se touchaient, parfois voisin de bâtisses plus imposantes, ressemblant plus à des forteresses qu’à des résidences aristocrates. C’est devant l’une d’entre elle que les autochtones firent signe de s’arrêter.
Un rempart percé d’une lourde porte d’acier rougis les années entourait ce qu’on devinait être la demeure. Des hommes en arme patrouillaient sur les murs, d’autres veillaient devant l’entrée, protégés par des murets de fortune. Félie Ytha sauta de son véhicule et lança des ordres. Quelques secondes plus tard, les battants s’ouvrirent sur une cours animée. Hommes, femmes et enfants s’activaient dans ce large espace, cultivant des légumes et des céréales dans ce qui avait été autrefois le jardin, s’occupant de volatiles mit en cage, réparant des objets ou discutant simplement sur les seuils des bâtiments communs, autrefois dortoirs pour les serviteurs et hangars pour des véhicules aujourd’hui disparus. Toute cette vie cessa lorsque les transports rentrèrent dans la cour et que les nouveaux arrivants descendirent. Rapidement, les habitants qui se rassemblèrent autours des véhicules, curieux de rencontrer ces étrangers. Au bout d’une dizaine de minute de discussions murmurées et d’observations attentives, un vieil homme arriva, claudicant au bras de le jeune guerrière. Les conversations cessèrent et tous les villageois s’inclinèrent.
- Seigneur Métyl, je vous présente l’Ancien Tirisias, le guide de notre communauté et le détenteur de notre histoire.
L’interpelé fit une révérence.
- Noble Ancien, c’est un honneur pour moi de vous rencontrer et de pouvoir discuter avec vous.
L’ancêtre rendit la politesse à Constance.
- Hommage à vous et à tous ceux qui vous accompagnent seigneur. Félie m’a dit qui vous veniez en tant que représentant de l’Esprit de l’Aigle Bicéphale... Est-ce vrai ?
Le libre-marchand était un peu gêné d’être prit pour une sorte de messie mais n’en tint pas moins son rôle.
- Oui, maître Tirisias, considérez vous et votre peuple comme faisant parti à part entière des domaines de...
Alors qu’il allait continuer, des larmes de joie se mirent à couler sur les joues du vieillard.
La communauté entière se rassembla devant les marches de l’immense demeure. Des plats de viande et des boissons avaient été servis à tous, hors-mondes et autochtones fraternisant dans une ambiance agréable. Plus haut, Constance et ses compagnons conversaient avec Tirisias et Félie. N’y tenant plus, Fiducio profita d’un blanc dans la discussion pour interroger le vieil homme.
- Seigneur Tirisias, pourriez vous me raconter l’histoire de votre civilisation que je puisse l’archiver pour des études ultérieures ?
Constance fronça les sourcils mais l’ancien sourit tristement.
- Ah, c’est un conte bien sombre que celui-ci noble maître des machines...
Amélia, tout aussi curieuse mais bien plus diplomate, posa sa main sur celle toute ridée de l’Ancien.
- Éclairez nous tout de même, s’il vous plaît...
Le visage parcheminé de Tirisias s’illumina devant sa douceur et il inclina simplement la tête.
- Il y a de cela des cycles et des cycles, nos ancêtres découvrirent ce monde vierge et perdu. D’où ils venaient, je ne le sais même pas. Des bribes de légendes encore plus anciennes parlent d’un royaume sans limite dans les étoiles, de nef d’argent et d’acier, de géant en armure plus fort que dix hommes, d’un être doré et bienveillant, mais bon, je m’éloigne. Nos pères posèrent les fondations de leurs demeures ici, dans la Grande Cité. Ils bâtirent des merveilles, produisirent des artefacts d’immense qualité et, dit on, explorèrent les étoiles entourant notre monde. Le gouvernement était exercé par des hommes et des femmes de hautes noblesses qui respectaient le peuple, régnant au nom de l’Esprit de l’Aigle Bicéphale, notre seigneur à tous. Il en fut ainsi pendant des générations et des générations, puis, vint le Temps de la Discorde...
Le vieil homme ménagea une pause pour vérifier qui tous suivaient. Voyant que son auditoire était pendu à ses lèvres, il reprit.
- Des maisons et des lignées puissantes ne se limitèrent plus aux joutes orales ou aux débats, et une soif insatiable de pouvoir se mit à diviser les maisons. Ils transportèrent leurs querelles dans les rues et sur les places, armant des bandes de malandrins pour défendre leurs intérêts. En peu de temps, les petits conflits mesquins devinrent des vendettas interminables qui menèrent à la ruine sanglante de plus d’une famille et à des affrontements toujours plus violents. Un jour, une de ces factions décida d’en éradiquer une autre en répandant un gaz empoisonné dans son territoire. Les survivants répliquèrent, suivis par d’autres, et bientôt toute la cité fut recouverte d’un manteau de nuage mortel. Hommes, femmes, enfants, coupables et innocents, amis et ennemis, tous périrent étouffés ou s’entretuèrent pour quitter les rues et trouver refuge dans les hauteurs. Nos ancêtres, comme d’autres chanceux à travers la ville, furent sauvés par des familles qui habitaient ce genre demeure. Sans hésiter, ces âmes nobles les accueillirent dans d’immenses chambres souterraines, bien pourvues en provision et firent verrouiller les entrées. Au fil des années, les vapeurs toxiques se dissipèrent, laissant une carcasse vide, une immense dépouille de pierre et de métal.
Tirisias soupira.
- Les survivants pensaient en avoir fini avec ces terribles événements, ils imaginaient pouvoir reconstruire leur monde, mais il n’en fut rien. Les pères de nos pères furent confrontés à des sauvages barbares, des cannibales violents qui descendaient des quelques groupes qui s’étaient abritaient dans les plus hautes tours. Une nouvelle guerre s’engagea. Pendant un temps, nos anciens espèrent triompher et ils réussirent à repousser les barbares dans leurs derniers retranchements... jusqu’à l’arrivé des Apôtres de la Rédemption.
Le visage du vieil homme se fit plus dur et une colère profonde se lisait dans ses yeux.
- C’étaient des fanatiques, issues d’une des lignées qui avaient amené le Temps de la Discorde, des dégénérés qui affirmaient que nous étions les héritiers des démons qui avaient détruis la ville. Ils se mirent à soutenir les sauvages, à les encadrer et à les motiver. Au bout de quelques années sanglantes, ils les lancèrent contre nos communautés. En peu de temps, les hordes de barbares emportèrent les Abris un par un, massacrant tous ceux qui résistaient, détruisant les bribes de nos anciens savoir. Ceux qui le purent s’enfuirent dans les ruines, mais ils connurent une fin bien plus atroce, traqués comme du gibier... Au final, seul notre forteresse à tenue, grâce à la force de nos guerriers et à la volonté l’Esprit de l’Aigle Bicéphale...
Tirisias s’affaissa, le regard fixait sur le sol.
- Voilà ce que nous sommes, seigneur Constance, les vestiges d’un passé glorieux, les témoins de l’agonie de notre monde et les derniers représentants d’une civilisation éteinte...
Un silence d’outre tombe s’installa lorsque tombèrent les dernières paroles de l’Ancien. Amélia essuya une larme qui lui coulait sur la joue et Gererox lâcha un reniflement triste. Veronica, le visage sombre secoué la tête, désolée. Constance lissait sa barbe, pensif, pendant que les implants de Fiducio ronronnaient doucement, assimilant et cataloguant les paroles qu’il venait d’enregistrer. Le libre-marchand prit la main de son hôte et se mit à le fixer dans les yeux pendant un instant. Puis, il se leva et, lentement, les mains dans le dos, descendit plusieurs marches, suivi du regard par toute l’assemblée. Il s’arrêta, toujours aussi silencieux. Il considéra chaque hommes et femmes présent avant de désigner un jeune garçon du doigt.
- Comment tu t’appelle fils ?
Un peu surpris, l’interpellé regarda ses voisins avant de répondre.
- Yth... Ythaque mon seigneur.
- Qui es tu, Ythaque ?
Il réfléchit un instant.
- Un habitant de l’Abri Premier, seigneur.
- Non mon garçon, tu es un survivant.
Des murmures commencèrent à éclore mais Constance les fit cesser d’un geste.
- Tous et toutes, vous êtes des survivants. Vous avez survécus à une apocalypse qui aurait eu raison de bien des mondes, vous avez survécus à l’émergence de votre abri, vous avez survécus aux combats, et vous survivez encore aujourd’hui. Questionnez-vous, habitants de l’Abri Premier, après tant de sacrifices et de malheurs, de privations et de résignations, allez vous vous laisser écraser sans réagir ?
La foule commença à s’agiter.
- Allez vous laisser ces barbares vous mettre à genoux, allez vous laisser vos ancêtres pleurer des larmes de honte ?
Le grondement si fit de plus en plus fort.
- Allez vous laisser disparaître les derniers éclats de votre peuple ? Allez laisser faillir votre foi ?
Un rugissement de dénégation éclata. Constance sourit.
- J’en étais sûr...
Dès le lendemain, à l’aurore, le groupe fut contacté par un Rikast que l’on devinait profondément fatigué rien qu’à l’entendre.
- Seigneur, nous avons trouvé un passage dans le champ d’astéroïde mais je doute que nous puissions faire passer le Border Adventure... Les transporteurs et les frégates peut être, et encore...
- Ne prenez pas de risque Rikast, envoyez simplement les barges de débarquement lorsque je vous l’ordonnerai, vous ferez passez les vaisseaux par un autre passage... Oh, et demandez au Père Tutis de monter dans une navette et de nous rejoindre, je lui ais trouvé de nouvelles ouailles.
Ce fut un homme de foi un peu interloqué qui débarqua, découvrant le village fortifié et sa communauté curieuse de le rencontrer alors qu’il s’attendait à trouver un monde complètement inhabité. Constance l’accueillit à sa descente en compagnie de l’Ancien.
- Noble Père, bienvenu sur Sanctuaire. Je vous présente l’Ancien Tirisias, dirigeant de l’Abri Premier et prêtre de l’Esprit de l’Aigle Bicéphale. Lui et ses gens sont très curieux de notre religion et voudraient être instruit du credo de l’Imperium. Pourriez vous les éclairer je vous pris ?
Un peu surpris mais comprenant que le libre-marchand lui demandait de convertir ces nouveaux fidèles, l’ecclésiastique entreprit d’expliquer les préceptes du culte de l’Empereur Dieu à tous les habitants. Vers le milieu de la matinée, après des questionnements nombreux et des explications patientes, le village entier jura sa foi envers le Trône d’Or. N’oubliant pas ses accords avec Constance, Tutis assorti ce baptême d’un serment d’allégeance à la lignée Métyl.
Les guerriers de la communauté et les soldats se rassemblèrent près des Chimères, attendant l’ordre de départ pendant que le libre-marchand et les siens discutaient stratégie autour d’une holoprojection de la cité. Plusieurs points rouges indiquaient les avant-postes et les repaires des barbares.
- Bien, voilà comment nous allons procéder : dame Félie, vous allez prendre les transports que nous possédons déjà et vous attaquerez les positions les plus proches de la forteresse. Je crains que les survivants que nous avons laissé s’échapper hier n’aient déjà sonné le branle bas de combat et je ne voudrais pas que...
- Oh ne vous en faîtes pas pour ceux là. Ils sont tombés sur un petit groupe de nos récupérateurs. Ils n’ont pas eu le temps de prévenir qui que ce soit.
Constance fut profondément satisfait de cette nouvelle information et Veronica fit même un signe de tête respectueux à la Maîtresse des Protecteurs.
- Bien, alors c’est encore mieux, nous allons pouvoir nous passer de la discrétion. Où se trouve la forteresse des Apôtres ?
Félie chercha un moment sur la carte avant de l’indiquer. Il fut aussitôt mit en surbrillance.
- Des défenses ?
- Des murs et une porte, comme ici.
- Les effectifs ?
- Je dirais un millier d'hommes en surface et quelques centaine dans les souterrains.
Amélia fronça les sourcils.
- Des souterrains ?
- Oui noble dame. Dans toutes les demeures de l’ancien temps, il y a des pièces souterraines et même des petites villes parfois.
- Comme celle que les hommes de mon père fouillaient...
Les traits de la guerrière se durcirent soudain.
- Ces hommes dans le campement d’acier étaient avec vous ?
La jeune femme fut décontenancée par le ton glacial de son interlocutrice et allait répondre lorsque Constance intervint.
- Non dame Félie, ils n’étaient pas avec nous mais c’est en parti à cause d’eux que nous sommes ici. Vous aurez t-il causé du tort ?
Félie hocha la tête.
- Nous espérions que, comme vous, ils nous aideraient à combattre les barbares et à relever notre peuple... mais ils n’ont rien fait. Ils sont restés à creuser la terre et à faire des allers retour entre le ciel et leur campement avec leur oiseau d’acier, nous ignorant complètement.
Constance serra la mâchoire.
- Ça ne m’étonne guère...
Le conseil de guerre se termina sur un plan assez simple : toutes les forces de la forteresse et les hommes déjà débarqués fonceraient vers le quartier général des Apôtres pour les prendre à la gorge avant d’être rejoint par le reste des troupes de Constance qui débarqueraient depuis l’espace. Alors qu’il allait monter dans un Chimère, le libre-marchand remarqua la profonde tristesse qui se peignait sur le visage de sa fiancée.
- Et bien mon amour, que vous arrive t-il ?
- Je... pardonnez moi, je pensez seulement à mon père et à ce qu’il a fait ici.
- Et qu’à t-il fait ?
- Rien justement ! Rien du tout ! Il n’a jamais levé le petit doigt ! Par l'Empereur, que j'ai honte
Une larme commença à couler sur sa joue, une larme que Constance s’empressa d’essuyer.
- Mon aimée, vous n’avez rien à vous reprocher, vous ne pouviez avoir connaissance de la situation. Séchez ces larmes et allons y, nos compagnons nous attendent.
Amélia renifla un peu et hocha la tête avant de passer la bandoulière de son sniper sur son épaule. Puis, alors qu’elle allait rentrer dans le blindé, elle se retourna vers Constance. Au fond de ses yeux brillait une colère froide et implacable.
- Pouvez vous me promettre quelque chose ?
- Oui, bien sûr.
- Lorsque vous reverrez mon père, faîte le payer.
Couché au second étage d’une antique tour, Constance observait leur objectif. Le fort des barbares n’avait rien de la forteresse bien entretenue qu’était l’Abri Premier. Les remparts étaient lézardés de fissure et des fers à lithobéton rouillés perçaient parfois de la structure. Devant la porte largement ouverte et à peine surveillée s’étendait un bidonville de tôle et de toile où résidaient la plupart des sauvages. Des petits groupes erraient, sales et hagards, se bagarrant pour des broutilles pendant que quelques individus, sans doute plus intelligent, aiguisaient des armes ou réparaient du matériel. Malgré cet aspect délabré du complexe et l’aperçu des membres de la garnison, le libre-marchand décida de ne pas prendre de risque : une partie de ses nouveaux guerriers, armés de tous nouveaux fusils à aiguilles, prirent position dans les tours à demi effondrées qui entouraient la forteresse pendant qu’une escouade restait en arrière pour assurer aux assaillants une retraite. Quelques confirmations et un message aux barges de débarquement plus tard l’attaque fut lancée.
Les transports, moteur à fond, se ruèrent sur le campement de fortune, écrasant de nombreux barbares complètement pris au dépourvu. Traversant sans s’arrêter le bidonville, les Chimères dégagèrent un espace libre devant les portes à grand coup de lames de bulldozer. Dans le même temps, leurs passagers mitraillaient tout adversaire sortant à découvert grâce aux fusils laser encastrés de chaque côté. Une fois la zone grossièrement aménagée, les blindés se rangèrent parallèlement à la porte et quelques minutes plus tard, le tonnerre des moteurs se fit entendre dans les nuages. Trois barges colossales descendirent en grondant, créant en se posant une véritable tempête de poussière devant la forteresse. Les rampes s’abaissèrent en chuintant et les forces de Constance apparurent. Tous les soldats portaient des armures carapaces sanguines et des fusils mitrailleurs sur lesquels scintillaient les baïonnettes. Leurs visages étaient dissimulés derrière des casques identiques et impersonnels. Un seul ordre suffit pour que les six cent hommes débarquent.
Divisés par le mur formé par les Chimères et complètement surpris par l’arrivé des barges, les sauvages tentèrent de réagir. Tous ceux présents dans le taudis se rassemblèrent pour assaillir les nouveaux arrivants tandis que les autres, dans la forteresse, s’attaquaient aux blindés. Une horde hérissée d’armes primitive se jeta les fantassins qui lui tirèrent dessus sans hésiter. Des dizaines de barbares moururent sous le feu dévastateur des fusils tandis que quelqu’un furent abattus par les tireurs postés dans les tours avant l’attaque. De l’autre côté, Gererox jaillit de l’un des véhicule et se précipita sur les ennemis qui le chargeaient, envoyant valdinguer les plus téméraire d’un coup de bouclier avant de se mettre à trancher de droite à gauche, laissant derrière lui un sillage de sang et de cadavre. Constance, Veronica, Fiducio et les soldats débarquèrent à leur tour, le suivant de près et couvrant ses flancs, pendant qu’Amélia tirait depuis le toit du blindé. Déterminés et mortel, ils s’enfoncèrent pendant un certain temps dans les rangs ennemis avant de prendre position de façon défensive pour éviter d’être noyés sous le nombre. Dans le bidonville, la bataille faisait rage. Des escouades de soldats n’hésitaient pas à se lancer au corps à corps, jetant leurs adversaires à terre pour les percer de leurs baïonnettes, protégés par les tirs de couverture de leurs camarades. Après trente de minutes massacre intense, tout les barbares présent dans le campement détruit étaient mort, de même que bon nombre des défenseurs du fort. Une partie des fantassins passèrent les portes pour soutenir leur maître pendant qu’une se hissait sur les murs grâce à une myriade de grappins.
Le visage et les vêtements couverts de poussière, son sabre dégoulinant de sang, entouré de ses hommes et de ses compagnons, Constance regardait les défenseurs préparer leur dernier carré. Rassemblés sur les marches menant à leur bastion, les barbares avaient reçus des renforts depuis les entrailles de la citadelle. Parmi ces derniers étaient arrivés les Apôtres de la Rédemption.
La plupart auraient put passer pour n’importe quel prêtre du credo impérial exerçant sur un monde sauvage: le crâne rasé, ils étaient vêtus de longue robes incolores, protégés par des armures de récupération et brandissaient des masses grossières ou des fléaux. Au milieu de cette étrange coterie s’agitait un personnage mieux habillé et dont les protections brillaient bien plus que celle de ses confrères. Complètement hermétique aux cris de l’individu, qu’il imaginait être des prières, Constance se tourna vers un Fiducio très attentif à ceux qui lui faisaient face.
- Explorator, pourriez vous avoir l’amabilité de me traduire ce que ce personnage raconte.
- Les phrases introductives à ce qu’un membre du clergé de l’Immortel Empereur appellerait un sermon de bataille, qui sera peut être suivi d’une harangue qui précédera la charge.
Veronica se pencha vers son maître.
- Des banalités, en quelque sorte.
Gererox, couvert de fluide sanguin, commença à agiter sa hache.
- Peux taper maintenant ?
Constance allait répondre par l’affirmative lorsqu’une détonation retentit et que la tête du prêtre éclata comme un fruit trop mûr. Stupéfaits, tous se tournèrent vers Amélia, toujours juchée sur le toit de son Chimère. Le visage sérieux mais les yeux rieurs, elle abaissa son arme, dont le canon fumait encore.
- Il me fatiguait.
Les Apôtres et leur adeptes furent tous massacrés à l’issu de cette mise à mort éclair de leur chef. Pendant près d’une semaine, des escouades s’attaquèrent aux avant-postes et aux repaires disséminés dans l’immense cité, purifiant chaque retranchement par le lance-flamme. Ce ne fut qu’après avoir abattu personnellement le dernier barbare que Constance autorisa les colons à débarquer. Les transporteurs, qui avaient enfin trouvés une trouée dans la ceinture de pierre, se mirent en orbite stationnaire et l’incessant ballet des barges commença sous la direction de Dussar, trop heureux de ne plus supporter Rikast. Confiant en son sénéchal, le libre-marchand quitta la planète pour régler ses comptes avec son beau-père.
Parenus Histia fut un peu surpris lorsqu’il reçut un message le convoquant sur le Border Adventure, mais il ne s’en alarma pas. Une heure plus tard, sa navette Aquila se posait dans l’un des hangars du vaisseau. Constance l’attendait.
- Mes hommages les plus sincères seigneur-capitaine ! C’est vraiment bon de vous revoir ! Ma fille n’est pas avec vous ?
- Non, Amélia ne souhaite pas vous voir, Parenus.
Le marchand fronça les sourcils.
- Comment cela ? Où...
- Taisez vous et écoutez moi espèces de contrebandier de basse ruche, sinon je vous balance dans le premier sas venu !
L’interpellé allait répondre de façon véhémente lorsqu’il vit Gererox émerger de l’ombre et qu’il entendit des fusils s’armer. De la sueur commença à perler sur son front gras et ses yeux apeurés se fixèrent sur le visage impassible de Constance.
- Vous avez découvert un des mondes les plus prometteurs de ces étendues sauvages, une planète peuplée d’hommes et de femmes courageux au prise avec des sauvages immondes, un peuple qui ne demandait qu’à rejoindre l’Humanité... Et vous n’avez rien fait, si ce n’est le piller pendant cinq années, ignorant la douleur et le désespoir pour préférer votre profit.
Parenus se passa la langue sur ses lèvres et voulu répondre mais le libre-marchand continua.
- J’ai votre "cargaison", si c’est ce que vous me demandez et elle sera transférée dans vos entrepôts... dès vous aurez signé le contrat de mariage officialisant mon union avec votre fille.
Un serviteur porte-écritoire se présenta avec le document devant Parenus, qui le parcouru des yeux rapidement.
- Je ne vois aucune mention de la planète où...
- Je vous conseil d’éviter de parler de cela, seigneur. Considérez simplement que vous ne l’avait jamais découverte et contentez vous de vos bénéfices.
Tiraillé entre la peur et la colère, le marchand griffonna sa signature et apposa son sceau sur le parchemin que Constance récupéra aussitôt.
- Bien, vous avez fait le bon choix, seigneur Parenus. Je vous invite maintenant à remonter à votre bord et à quitter mon bâtiment sans vous retourner. Nous vous ferons parvenir un faire-part dès que nous aurons fixés le jour de la cérémonie.
Un rictus de rage se peignit sur le visage du marchand impuissant et humilié.
- Ne vous donnez pas cette peine ! Je ne viendrais pas assister à l’union d’une traîtresse à sa famille et d’un voleur comme vous !
Gererox s’agitait derrière son maître et plusieurs petits points de lumière rouge apparurent sur le crâne et le torse de Parenus... mais Constance leva la main et ils disparurent.
- Partez, avant que je ne change d’avis.
Le libre-marchand regardait la navette s’éloignait depuis la verrière de ses quartiers. Fiducio et Amélia attendaient silencieusement à ses côtés. Au bout de quelques minutes lugubres, Constance hocha simplement la tête et le vaisseau de Parenus Histia explosa.
- Je tiens toujours mes promesses
Un rempart percé d’une lourde porte d’acier rougis les années entourait ce qu’on devinait être la demeure. Des hommes en arme patrouillaient sur les murs, d’autres veillaient devant l’entrée, protégés par des murets de fortune. Félie Ytha sauta de son véhicule et lança des ordres. Quelques secondes plus tard, les battants s’ouvrirent sur une cours animée. Hommes, femmes et enfants s’activaient dans ce large espace, cultivant des légumes et des céréales dans ce qui avait été autrefois le jardin, s’occupant de volatiles mit en cage, réparant des objets ou discutant simplement sur les seuils des bâtiments communs, autrefois dortoirs pour les serviteurs et hangars pour des véhicules aujourd’hui disparus. Toute cette vie cessa lorsque les transports rentrèrent dans la cour et que les nouveaux arrivants descendirent. Rapidement, les habitants qui se rassemblèrent autours des véhicules, curieux de rencontrer ces étrangers. Au bout d’une dizaine de minute de discussions murmurées et d’observations attentives, un vieil homme arriva, claudicant au bras de le jeune guerrière. Les conversations cessèrent et tous les villageois s’inclinèrent.
- Seigneur Métyl, je vous présente l’Ancien Tirisias, le guide de notre communauté et le détenteur de notre histoire.
L’interpelé fit une révérence.
- Noble Ancien, c’est un honneur pour moi de vous rencontrer et de pouvoir discuter avec vous.
L’ancêtre rendit la politesse à Constance.
- Hommage à vous et à tous ceux qui vous accompagnent seigneur. Félie m’a dit qui vous veniez en tant que représentant de l’Esprit de l’Aigle Bicéphale... Est-ce vrai ?
Le libre-marchand était un peu gêné d’être prit pour une sorte de messie mais n’en tint pas moins son rôle.
- Oui, maître Tirisias, considérez vous et votre peuple comme faisant parti à part entière des domaines de...
Alors qu’il allait continuer, des larmes de joie se mirent à couler sur les joues du vieillard.
La communauté entière se rassembla devant les marches de l’immense demeure. Des plats de viande et des boissons avaient été servis à tous, hors-mondes et autochtones fraternisant dans une ambiance agréable. Plus haut, Constance et ses compagnons conversaient avec Tirisias et Félie. N’y tenant plus, Fiducio profita d’un blanc dans la discussion pour interroger le vieil homme.
- Seigneur Tirisias, pourriez vous me raconter l’histoire de votre civilisation que je puisse l’archiver pour des études ultérieures ?
Constance fronça les sourcils mais l’ancien sourit tristement.
- Ah, c’est un conte bien sombre que celui-ci noble maître des machines...
Amélia, tout aussi curieuse mais bien plus diplomate, posa sa main sur celle toute ridée de l’Ancien.
- Éclairez nous tout de même, s’il vous plaît...
Le visage parcheminé de Tirisias s’illumina devant sa douceur et il inclina simplement la tête.
- Il y a de cela des cycles et des cycles, nos ancêtres découvrirent ce monde vierge et perdu. D’où ils venaient, je ne le sais même pas. Des bribes de légendes encore plus anciennes parlent d’un royaume sans limite dans les étoiles, de nef d’argent et d’acier, de géant en armure plus fort que dix hommes, d’un être doré et bienveillant, mais bon, je m’éloigne. Nos pères posèrent les fondations de leurs demeures ici, dans la Grande Cité. Ils bâtirent des merveilles, produisirent des artefacts d’immense qualité et, dit on, explorèrent les étoiles entourant notre monde. Le gouvernement était exercé par des hommes et des femmes de hautes noblesses qui respectaient le peuple, régnant au nom de l’Esprit de l’Aigle Bicéphale, notre seigneur à tous. Il en fut ainsi pendant des générations et des générations, puis, vint le Temps de la Discorde...
Le vieil homme ménagea une pause pour vérifier qui tous suivaient. Voyant que son auditoire était pendu à ses lèvres, il reprit.
- Des maisons et des lignées puissantes ne se limitèrent plus aux joutes orales ou aux débats, et une soif insatiable de pouvoir se mit à diviser les maisons. Ils transportèrent leurs querelles dans les rues et sur les places, armant des bandes de malandrins pour défendre leurs intérêts. En peu de temps, les petits conflits mesquins devinrent des vendettas interminables qui menèrent à la ruine sanglante de plus d’une famille et à des affrontements toujours plus violents. Un jour, une de ces factions décida d’en éradiquer une autre en répandant un gaz empoisonné dans son territoire. Les survivants répliquèrent, suivis par d’autres, et bientôt toute la cité fut recouverte d’un manteau de nuage mortel. Hommes, femmes, enfants, coupables et innocents, amis et ennemis, tous périrent étouffés ou s’entretuèrent pour quitter les rues et trouver refuge dans les hauteurs. Nos ancêtres, comme d’autres chanceux à travers la ville, furent sauvés par des familles qui habitaient ce genre demeure. Sans hésiter, ces âmes nobles les accueillirent dans d’immenses chambres souterraines, bien pourvues en provision et firent verrouiller les entrées. Au fil des années, les vapeurs toxiques se dissipèrent, laissant une carcasse vide, une immense dépouille de pierre et de métal.
Tirisias soupira.
- Les survivants pensaient en avoir fini avec ces terribles événements, ils imaginaient pouvoir reconstruire leur monde, mais il n’en fut rien. Les pères de nos pères furent confrontés à des sauvages barbares, des cannibales violents qui descendaient des quelques groupes qui s’étaient abritaient dans les plus hautes tours. Une nouvelle guerre s’engagea. Pendant un temps, nos anciens espèrent triompher et ils réussirent à repousser les barbares dans leurs derniers retranchements... jusqu’à l’arrivé des Apôtres de la Rédemption.
Le visage du vieil homme se fit plus dur et une colère profonde se lisait dans ses yeux.
- C’étaient des fanatiques, issues d’une des lignées qui avaient amené le Temps de la Discorde, des dégénérés qui affirmaient que nous étions les héritiers des démons qui avaient détruis la ville. Ils se mirent à soutenir les sauvages, à les encadrer et à les motiver. Au bout de quelques années sanglantes, ils les lancèrent contre nos communautés. En peu de temps, les hordes de barbares emportèrent les Abris un par un, massacrant tous ceux qui résistaient, détruisant les bribes de nos anciens savoir. Ceux qui le purent s’enfuirent dans les ruines, mais ils connurent une fin bien plus atroce, traqués comme du gibier... Au final, seul notre forteresse à tenue, grâce à la force de nos guerriers et à la volonté l’Esprit de l’Aigle Bicéphale...
Tirisias s’affaissa, le regard fixait sur le sol.
- Voilà ce que nous sommes, seigneur Constance, les vestiges d’un passé glorieux, les témoins de l’agonie de notre monde et les derniers représentants d’une civilisation éteinte...
Un silence d’outre tombe s’installa lorsque tombèrent les dernières paroles de l’Ancien. Amélia essuya une larme qui lui coulait sur la joue et Gererox lâcha un reniflement triste. Veronica, le visage sombre secoué la tête, désolée. Constance lissait sa barbe, pensif, pendant que les implants de Fiducio ronronnaient doucement, assimilant et cataloguant les paroles qu’il venait d’enregistrer. Le libre-marchand prit la main de son hôte et se mit à le fixer dans les yeux pendant un instant. Puis, il se leva et, lentement, les mains dans le dos, descendit plusieurs marches, suivi du regard par toute l’assemblée. Il s’arrêta, toujours aussi silencieux. Il considéra chaque hommes et femmes présent avant de désigner un jeune garçon du doigt.
- Comment tu t’appelle fils ?
Un peu surpris, l’interpellé regarda ses voisins avant de répondre.
- Yth... Ythaque mon seigneur.
- Qui es tu, Ythaque ?
Il réfléchit un instant.
- Un habitant de l’Abri Premier, seigneur.
- Non mon garçon, tu es un survivant.
Des murmures commencèrent à éclore mais Constance les fit cesser d’un geste.
- Tous et toutes, vous êtes des survivants. Vous avez survécus à une apocalypse qui aurait eu raison de bien des mondes, vous avez survécus à l’émergence de votre abri, vous avez survécus aux combats, et vous survivez encore aujourd’hui. Questionnez-vous, habitants de l’Abri Premier, après tant de sacrifices et de malheurs, de privations et de résignations, allez vous vous laisser écraser sans réagir ?
La foule commença à s’agiter.
- Allez vous laisser ces barbares vous mettre à genoux, allez vous laisser vos ancêtres pleurer des larmes de honte ?
Le grondement si fit de plus en plus fort.
- Allez vous laisser disparaître les derniers éclats de votre peuple ? Allez laisser faillir votre foi ?
Un rugissement de dénégation éclata. Constance sourit.
- J’en étais sûr...
Dès le lendemain, à l’aurore, le groupe fut contacté par un Rikast que l’on devinait profondément fatigué rien qu’à l’entendre.
- Seigneur, nous avons trouvé un passage dans le champ d’astéroïde mais je doute que nous puissions faire passer le Border Adventure... Les transporteurs et les frégates peut être, et encore...
- Ne prenez pas de risque Rikast, envoyez simplement les barges de débarquement lorsque je vous l’ordonnerai, vous ferez passez les vaisseaux par un autre passage... Oh, et demandez au Père Tutis de monter dans une navette et de nous rejoindre, je lui ais trouvé de nouvelles ouailles.
Ce fut un homme de foi un peu interloqué qui débarqua, découvrant le village fortifié et sa communauté curieuse de le rencontrer alors qu’il s’attendait à trouver un monde complètement inhabité. Constance l’accueillit à sa descente en compagnie de l’Ancien.
- Noble Père, bienvenu sur Sanctuaire. Je vous présente l’Ancien Tirisias, dirigeant de l’Abri Premier et prêtre de l’Esprit de l’Aigle Bicéphale. Lui et ses gens sont très curieux de notre religion et voudraient être instruit du credo de l’Imperium. Pourriez vous les éclairer je vous pris ?
Un peu surpris mais comprenant que le libre-marchand lui demandait de convertir ces nouveaux fidèles, l’ecclésiastique entreprit d’expliquer les préceptes du culte de l’Empereur Dieu à tous les habitants. Vers le milieu de la matinée, après des questionnements nombreux et des explications patientes, le village entier jura sa foi envers le Trône d’Or. N’oubliant pas ses accords avec Constance, Tutis assorti ce baptême d’un serment d’allégeance à la lignée Métyl.
Les guerriers de la communauté et les soldats se rassemblèrent près des Chimères, attendant l’ordre de départ pendant que le libre-marchand et les siens discutaient stratégie autour d’une holoprojection de la cité. Plusieurs points rouges indiquaient les avant-postes et les repaires des barbares.
- Bien, voilà comment nous allons procéder : dame Félie, vous allez prendre les transports que nous possédons déjà et vous attaquerez les positions les plus proches de la forteresse. Je crains que les survivants que nous avons laissé s’échapper hier n’aient déjà sonné le branle bas de combat et je ne voudrais pas que...
- Oh ne vous en faîtes pas pour ceux là. Ils sont tombés sur un petit groupe de nos récupérateurs. Ils n’ont pas eu le temps de prévenir qui que ce soit.
Constance fut profondément satisfait de cette nouvelle information et Veronica fit même un signe de tête respectueux à la Maîtresse des Protecteurs.
- Bien, alors c’est encore mieux, nous allons pouvoir nous passer de la discrétion. Où se trouve la forteresse des Apôtres ?
Félie chercha un moment sur la carte avant de l’indiquer. Il fut aussitôt mit en surbrillance.
- Des défenses ?
- Des murs et une porte, comme ici.
- Les effectifs ?
- Je dirais un millier d'hommes en surface et quelques centaine dans les souterrains.
Amélia fronça les sourcils.
- Des souterrains ?
- Oui noble dame. Dans toutes les demeures de l’ancien temps, il y a des pièces souterraines et même des petites villes parfois.
- Comme celle que les hommes de mon père fouillaient...
Les traits de la guerrière se durcirent soudain.
- Ces hommes dans le campement d’acier étaient avec vous ?
La jeune femme fut décontenancée par le ton glacial de son interlocutrice et allait répondre lorsque Constance intervint.
- Non dame Félie, ils n’étaient pas avec nous mais c’est en parti à cause d’eux que nous sommes ici. Vous aurez t-il causé du tort ?
Félie hocha la tête.
- Nous espérions que, comme vous, ils nous aideraient à combattre les barbares et à relever notre peuple... mais ils n’ont rien fait. Ils sont restés à creuser la terre et à faire des allers retour entre le ciel et leur campement avec leur oiseau d’acier, nous ignorant complètement.
Constance serra la mâchoire.
- Ça ne m’étonne guère...
Le conseil de guerre se termina sur un plan assez simple : toutes les forces de la forteresse et les hommes déjà débarqués fonceraient vers le quartier général des Apôtres pour les prendre à la gorge avant d’être rejoint par le reste des troupes de Constance qui débarqueraient depuis l’espace. Alors qu’il allait monter dans un Chimère, le libre-marchand remarqua la profonde tristesse qui se peignait sur le visage de sa fiancée.
- Et bien mon amour, que vous arrive t-il ?
- Je... pardonnez moi, je pensez seulement à mon père et à ce qu’il a fait ici.
- Et qu’à t-il fait ?
- Rien justement ! Rien du tout ! Il n’a jamais levé le petit doigt ! Par l'Empereur, que j'ai honte
Une larme commença à couler sur sa joue, une larme que Constance s’empressa d’essuyer.
- Mon aimée, vous n’avez rien à vous reprocher, vous ne pouviez avoir connaissance de la situation. Séchez ces larmes et allons y, nos compagnons nous attendent.
Amélia renifla un peu et hocha la tête avant de passer la bandoulière de son sniper sur son épaule. Puis, alors qu’elle allait rentrer dans le blindé, elle se retourna vers Constance. Au fond de ses yeux brillait une colère froide et implacable.
- Pouvez vous me promettre quelque chose ?
- Oui, bien sûr.
- Lorsque vous reverrez mon père, faîte le payer.
Couché au second étage d’une antique tour, Constance observait leur objectif. Le fort des barbares n’avait rien de la forteresse bien entretenue qu’était l’Abri Premier. Les remparts étaient lézardés de fissure et des fers à lithobéton rouillés perçaient parfois de la structure. Devant la porte largement ouverte et à peine surveillée s’étendait un bidonville de tôle et de toile où résidaient la plupart des sauvages. Des petits groupes erraient, sales et hagards, se bagarrant pour des broutilles pendant que quelques individus, sans doute plus intelligent, aiguisaient des armes ou réparaient du matériel. Malgré cet aspect délabré du complexe et l’aperçu des membres de la garnison, le libre-marchand décida de ne pas prendre de risque : une partie de ses nouveaux guerriers, armés de tous nouveaux fusils à aiguilles, prirent position dans les tours à demi effondrées qui entouraient la forteresse pendant qu’une escouade restait en arrière pour assurer aux assaillants une retraite. Quelques confirmations et un message aux barges de débarquement plus tard l’attaque fut lancée.
Les transports, moteur à fond, se ruèrent sur le campement de fortune, écrasant de nombreux barbares complètement pris au dépourvu. Traversant sans s’arrêter le bidonville, les Chimères dégagèrent un espace libre devant les portes à grand coup de lames de bulldozer. Dans le même temps, leurs passagers mitraillaient tout adversaire sortant à découvert grâce aux fusils laser encastrés de chaque côté. Une fois la zone grossièrement aménagée, les blindés se rangèrent parallèlement à la porte et quelques minutes plus tard, le tonnerre des moteurs se fit entendre dans les nuages. Trois barges colossales descendirent en grondant, créant en se posant une véritable tempête de poussière devant la forteresse. Les rampes s’abaissèrent en chuintant et les forces de Constance apparurent. Tous les soldats portaient des armures carapaces sanguines et des fusils mitrailleurs sur lesquels scintillaient les baïonnettes. Leurs visages étaient dissimulés derrière des casques identiques et impersonnels. Un seul ordre suffit pour que les six cent hommes débarquent.
Divisés par le mur formé par les Chimères et complètement surpris par l’arrivé des barges, les sauvages tentèrent de réagir. Tous ceux présents dans le taudis se rassemblèrent pour assaillir les nouveaux arrivants tandis que les autres, dans la forteresse, s’attaquaient aux blindés. Une horde hérissée d’armes primitive se jeta les fantassins qui lui tirèrent dessus sans hésiter. Des dizaines de barbares moururent sous le feu dévastateur des fusils tandis que quelqu’un furent abattus par les tireurs postés dans les tours avant l’attaque. De l’autre côté, Gererox jaillit de l’un des véhicule et se précipita sur les ennemis qui le chargeaient, envoyant valdinguer les plus téméraire d’un coup de bouclier avant de se mettre à trancher de droite à gauche, laissant derrière lui un sillage de sang et de cadavre. Constance, Veronica, Fiducio et les soldats débarquèrent à leur tour, le suivant de près et couvrant ses flancs, pendant qu’Amélia tirait depuis le toit du blindé. Déterminés et mortel, ils s’enfoncèrent pendant un certain temps dans les rangs ennemis avant de prendre position de façon défensive pour éviter d’être noyés sous le nombre. Dans le bidonville, la bataille faisait rage. Des escouades de soldats n’hésitaient pas à se lancer au corps à corps, jetant leurs adversaires à terre pour les percer de leurs baïonnettes, protégés par les tirs de couverture de leurs camarades. Après trente de minutes massacre intense, tout les barbares présent dans le campement détruit étaient mort, de même que bon nombre des défenseurs du fort. Une partie des fantassins passèrent les portes pour soutenir leur maître pendant qu’une se hissait sur les murs grâce à une myriade de grappins.
Le visage et les vêtements couverts de poussière, son sabre dégoulinant de sang, entouré de ses hommes et de ses compagnons, Constance regardait les défenseurs préparer leur dernier carré. Rassemblés sur les marches menant à leur bastion, les barbares avaient reçus des renforts depuis les entrailles de la citadelle. Parmi ces derniers étaient arrivés les Apôtres de la Rédemption.
La plupart auraient put passer pour n’importe quel prêtre du credo impérial exerçant sur un monde sauvage: le crâne rasé, ils étaient vêtus de longue robes incolores, protégés par des armures de récupération et brandissaient des masses grossières ou des fléaux. Au milieu de cette étrange coterie s’agitait un personnage mieux habillé et dont les protections brillaient bien plus que celle de ses confrères. Complètement hermétique aux cris de l’individu, qu’il imaginait être des prières, Constance se tourna vers un Fiducio très attentif à ceux qui lui faisaient face.
- Explorator, pourriez vous avoir l’amabilité de me traduire ce que ce personnage raconte.
- Les phrases introductives à ce qu’un membre du clergé de l’Immortel Empereur appellerait un sermon de bataille, qui sera peut être suivi d’une harangue qui précédera la charge.
Veronica se pencha vers son maître.
- Des banalités, en quelque sorte.
Gererox, couvert de fluide sanguin, commença à agiter sa hache.
- Peux taper maintenant ?
Constance allait répondre par l’affirmative lorsqu’une détonation retentit et que la tête du prêtre éclata comme un fruit trop mûr. Stupéfaits, tous se tournèrent vers Amélia, toujours juchée sur le toit de son Chimère. Le visage sérieux mais les yeux rieurs, elle abaissa son arme, dont le canon fumait encore.
- Il me fatiguait.
Les Apôtres et leur adeptes furent tous massacrés à l’issu de cette mise à mort éclair de leur chef. Pendant près d’une semaine, des escouades s’attaquèrent aux avant-postes et aux repaires disséminés dans l’immense cité, purifiant chaque retranchement par le lance-flamme. Ce ne fut qu’après avoir abattu personnellement le dernier barbare que Constance autorisa les colons à débarquer. Les transporteurs, qui avaient enfin trouvés une trouée dans la ceinture de pierre, se mirent en orbite stationnaire et l’incessant ballet des barges commença sous la direction de Dussar, trop heureux de ne plus supporter Rikast. Confiant en son sénéchal, le libre-marchand quitta la planète pour régler ses comptes avec son beau-père.
Parenus Histia fut un peu surpris lorsqu’il reçut un message le convoquant sur le Border Adventure, mais il ne s’en alarma pas. Une heure plus tard, sa navette Aquila se posait dans l’un des hangars du vaisseau. Constance l’attendait.
- Mes hommages les plus sincères seigneur-capitaine ! C’est vraiment bon de vous revoir ! Ma fille n’est pas avec vous ?
- Non, Amélia ne souhaite pas vous voir, Parenus.
Le marchand fronça les sourcils.
- Comment cela ? Où...
- Taisez vous et écoutez moi espèces de contrebandier de basse ruche, sinon je vous balance dans le premier sas venu !
L’interpellé allait répondre de façon véhémente lorsqu’il vit Gererox émerger de l’ombre et qu’il entendit des fusils s’armer. De la sueur commença à perler sur son front gras et ses yeux apeurés se fixèrent sur le visage impassible de Constance.
- Vous avez découvert un des mondes les plus prometteurs de ces étendues sauvages, une planète peuplée d’hommes et de femmes courageux au prise avec des sauvages immondes, un peuple qui ne demandait qu’à rejoindre l’Humanité... Et vous n’avez rien fait, si ce n’est le piller pendant cinq années, ignorant la douleur et le désespoir pour préférer votre profit.
Parenus se passa la langue sur ses lèvres et voulu répondre mais le libre-marchand continua.
- J’ai votre "cargaison", si c’est ce que vous me demandez et elle sera transférée dans vos entrepôts... dès vous aurez signé le contrat de mariage officialisant mon union avec votre fille.
Un serviteur porte-écritoire se présenta avec le document devant Parenus, qui le parcouru des yeux rapidement.
- Je ne vois aucune mention de la planète où...
- Je vous conseil d’éviter de parler de cela, seigneur. Considérez simplement que vous ne l’avait jamais découverte et contentez vous de vos bénéfices.
Tiraillé entre la peur et la colère, le marchand griffonna sa signature et apposa son sceau sur le parchemin que Constance récupéra aussitôt.
- Bien, vous avez fait le bon choix, seigneur Parenus. Je vous invite maintenant à remonter à votre bord et à quitter mon bâtiment sans vous retourner. Nous vous ferons parvenir un faire-part dès que nous aurons fixés le jour de la cérémonie.
Un rictus de rage se peignit sur le visage du marchand impuissant et humilié.
- Ne vous donnez pas cette peine ! Je ne viendrais pas assister à l’union d’une traîtresse à sa famille et d’un voleur comme vous !
Gererox s’agitait derrière son maître et plusieurs petits points de lumière rouge apparurent sur le crâne et le torse de Parenus... mais Constance leva la main et ils disparurent.
- Partez, avant que je ne change d’avis.
Le libre-marchand regardait la navette s’éloignait depuis la verrière de ses quartiers. Fiducio et Amélia attendaient silencieusement à ses côtés. Au bout de quelques minutes lugubres, Constance hocha simplement la tête et le vaisseau de Parenus Histia explosa.
- Je tiens toujours mes promesses
FIN
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Re: Chronique d'un libre-marchand : Nouveau Monde, troisième partie (Warhammer 40k, Rogue trader)
Et ben pas mal ça ^^
Juste dommage que ce ne soit pas Amélia qui ordonne la destruction du vaisseau à la fin :p pour montrer qu'elle ne supporte plus son père ^^
Juste dommage que ce ne soit pas Amélia qui ordonne la destruction du vaisseau à la fin :p pour montrer qu'elle ne supporte plus son père ^^
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