[Portrait de Hestor Glabius] – A la chasse comme à la guerre

Le cultiste rugit lorsque mon bolt déchire sa jambe mais ses vagissements sont brusquement interrompus lorsque mon épée, Phlégéto, sépare ses cordes vocales du reste de la gorge.
Le petit gibier est distrayant, mais je préfère chasser les traîtres de l’Astartes. Et il y en a ici. Je les sens, Phlégéto les sens, mes hommes les sentent, et pourtant ils se cachent, en espérant fuir une bataille perdue d’avance. Ils croient pouvoir être plus rapides que des descendants de Jaghatai Khan, le plus rapide des Primarques. Désormais, même leur piétaille fuit, mais ça ne rend le tir au pigeon que plus amusant. Mon moteur gronde à travers la pluie battante et je fais feu de mes bolters jumelés. Deux de plus s'écroulent, et sont écrasés quand mes pneus leur passent dessus. Nous avons depuis longtemps dépassé le stade de la guerre. Une guerre oppose des camps plus ou moins équilibrés en nombre ou en force, avec une niveau stratégique et technologique plus ou moins développé, mais une chose est sûre : lors d'une guerre, les soldats combattent rarement en tournant le dos à leurs adversaires. Cette situation, quoique peu attrayante, nous vaut néanmoins deux avantages. Tout d'abord, mes hommes n'ont que peu de chances d'écoper d'une seule petite égratignure face à des tirs aussi soutenus et précis que sont ceux de cultistes en fuite. Le deuxième avantage, et non le moindre, c'est que ces barbares, dans l'espoir de nous échapper, vont nous conduire directement à notre proie.
« A toute la force de frappe, ici votre Khan. N'engagez pas les représailles. Je répète, n'engagez pas les représailles. Nous les suivons. Moteurs à pleins régimes, mes frères ! Terminé. »
Les moteurs rugissent, les frères hurlent, et mon épée enflammée tourne dans ma main tandis que je frissonne de plaisir à l'odeur de la peur qui émane des alentours en une piste qui nous conduira jusqu'au gibier.
J'accélère pour prendre la tête de la poursuite.

Décidément, la Black Legion manque terriblement d'inventivité. Notre ennemi est là où nous pensions qu'il était et sa piétaille ne nous ralentit même pas.
Je rattrape un petit cultiste teigneux qui courait plus vite que les autres et tranche ses jambes à la hauteur des genoux.
Sur Sumer, ça, c'était une campagne !
C'était à l'occasion de ma 7e traque, et les eldars s'étaient montrés très inventifs en matière d'escapades et de guet-apens. La tête de leur grand prophète a maintenant une place d'honneur sur l'étagère de ma cabine.
Nous sommes maintenant assez près du spatioport pour distinguer les armures et les plaques de blindage noires qui s'agitent autour. Il est parmi eux, Dreadrevan le Teigneux, Black Légionnaire qui a connu les temps de la livrée verte des Sons Of Horus, et 39e proie de la 2e tribu.
Qu'il est moche ! C'est rendre service à la galaxie que d'ôter de son espace un être aussi dégueulasse !
Les mutations ont rendu son visage bouffi et couvert de tentacules, qui pendouillent dans tous les coins. Une d'entre elles a même éjecté son œil droit de l'orbite qui lui était attribuée. Son corps n'est pas en meilleur état. J'imagine qu'il ne doit même pas arriver à voir son engin quand il se soulage...
Il était temps de débarrasser ce monde de sa présence.
100 mètres nous séparent. Le premier space marine du Chaos meurt de ma main. Les flammes de Phlégéto brillent un peu plus fort.
50 mètres nous séparent. Je suis un chasseur et lui un oiseau qui piaille gaiement sur sa branche. L'arc se bande, la corde se tend, la flèche est encochée. L'oiseau va mourir et se taire.
J'accélère. La flèche d'or part vers son cœur.