[Les Treize Piliers de la Vengeance] - IV - Ravageur
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[Les Treize Piliers de la Vengeance] - IV - Ravageur
Voici la quatrième nouvelle de mon recueil. J'ai osé un point de vue différent, en essayant d'être efficace en un minimum de taille. Vos avis sont comme toujours les bienvenus ! Bonne lecture
- Spoiler:
Dramatis Personnae :
Kimmel Dohal : Observateur, 333ème Régiment Blindé de Meryn.
Vyl : tireur, Cabale du Cœur Noir
Kaal : pilote, Cabale du Cœur NoirRavageur
Le char s’était arrêté.
Kimmel le savait. Il se souvenait avoir déclaré ses cibles environ quatre secondes auparavant. En remontant le temps d’une grosse minute, il pouvait revivre le moment où les émanations puantes du Leman Russ avaient envahi son nez, alors que le blindé démarrait en trombe. Les cris, les parasites, les odeurs, les vibrations, les détonations, il se souvenait de tout cela. Et à l’instant surprenant où le blindé s’était arrêté, tout avait cessé.
Son système nerveux, fruit de milliers d’années d’évolution depuis l’apparition de l’Humanité, avait émis une impulsion alors que son corps était projeté en avant. Elle lui disait, paniquée, que quelque chose n’allait pas et que sa situation venait de s’aggraver grandement. Le périscope contre lequel sa tête avait buté une fraction de seconde plus tard était venu éclaircir plus encore sa perception. Le char ne s’était pas arrêté, il avait été stoppé.
Après un moment qui lui parut une année, il redressa la tête et grogna sous la douleur vive qui naquit dans sa nuque. De sa main droite, il palpa son œil qu’il sentit enflé, au creux d’une arcade sanglante. Secouant la tête, il chercha immédiatement tout signe d’avarie interne, plus pour sa propre sécurité que pour le char en lui-même. Il ne décela aucun incendie, juste une odeur forte de métal fondu et de chair calcinée.
« - Par l’Empereur, quel choc ! » lâcha-t-il par réflexe dans l’habitacle avant de remarquer que personne ne bougeait.
Le radio à sa droite gisait quasi-décapité, le menton posé sur son torse. Ses cervicales avaient disparu et sa tête n’était retenue que mollement par sa trachée. Derrière lui un trou aux bords fondus, de la taille d’un poing, avait ouvert le char sur le monde extérieur. A côté du radio gisait l’artilleur, perforé en pleine poitrine par le même tir. Manquant de trébucher sur les cadavres, Kimmel se contorsionna pour atteindre le chef de char perché plus haut dans la tourelle, avant de constater que son crâne était creusé d’un tunnel cuit qui puait la viande. Réprimant un haut-le-cœur, il redescendit dans la partie arrière du compartiment. Appréhendant pendant une seconde la mort de tout l’équipage, il murmura une prière, bénissant l’Empereur de l’avoir protégé des rayons mortels qui avaient empalé le Leman Russ.
Sauf que maintenant, je dois me tirer d’ici !
Ils avaient parcouru plus de six kilomètres depuis l’enceinte extérieure de la Cite-Ruche, et il ne doutait pas qu’à partir de maintenant, ses jambes allaient être ses biens les plus précieux. Dégainant son pistolet laser, il déverrouilla l’écoutille dans le flanc gauche du char, mais eut avant de l’ouvrir le réflexe de retourner à son périscope. L’affichage multispectres était mort, mais l’optique de base n’était pas brisée. Balayant son environnement du regard, Kimmel ne put rien voir de concret, tant les volutes de fumée environnants étaient épais. En jurant, il se posta de nouveau devant l’écoutille alors que dehors se firent entendre des rafales d’air torturé.
Après avoir soufflé un grand coup, Kimmel Dohal, observateur du 333ème Régiment Blindé de Meryn « Les Guisarmiers », poussa la trappe et se jeta dans le brasier.*
La synchronisation avait été parfaite. Vyl devait le reconnaître. Même après tant de batailles, s’il y avait une chose que le temps n’avait pas érodé, c’était la satisfaction qu’il tirait de son efficacité. Bien qu’étant conscient qu’un résultat optimal n’était obtenu que par un travail d’équipe, sa nature l’empêchait de glorifier ses semblables. C’était réciproque, sans aucun doute. Le penchant égocentrique de sa race prenait le pas sur tout le reste et sans les directives du pilote, Kaal, les dissensions et les rivalités auraient très bien pu avoir raison de l’antigrav autant que lui-même avait raison des patauds blindés Impériaux. Il avait suffi d’une élévation rapide hors des rochers, d’un coup de palonnier à bâbord couplé d’une impulsion dans l’axe de lacet, et les trois tirs parfaitement ajustés avaient exécuté leur dernière proie. Les points faibles des primitifs chars ennemis, depuis longtemps en mémoire de tous, avaient été ciblés simultanément. L’artilleur bâbord avait transpercé la tourelle et le chef se trouvant à l’intérieur, le tireur de proue avait réduit à néant les moyens de communication et les pompes hydrauliques et Vyl, de son poste tribord, s’était chargé de sectionner la chenille gauche du tank. En un instant, alors qu’il était à vitesse de pointe, celui-ci avait été réduit au silence et s’était arrêté net alors que les lambeaux de la chenille avaient bloqué le barbotin. De la même façon que l’on tire dans l’articulation d’un fuyard pour le stopper, Vyl s’était appliqué à amputer le Leman Russ en pleine course.
Et quelle course ! Ricana-t-il pour lui-même, conscient des écarts effrayants de vitesse tout bonnement incomparables entre char impérial et son sinistre assassin.
La silhouette noire du Ravageur, littéralement hérissé d’éperons, de pointes et de lames, glissait au-dessus des épaves brûlantes. Sous le grondement sourd des moteurs au ralenti, Kaal maniait son vaisseau avec une grâce féline, presque élégante, entre les colonnes de fumée. Vyl et ses deux comparses scannaient le sol de leurs mires, prêts à empaler d’un trait de lumière noire toute menace. Tel un fer de lance infernal, l’éperon énergétique de proue crépitait en un feulement discret, camouflant une efficacité redoutable qui avait été prouvée lors de plusieurs attaques de char. Sous la coque sombre pendaient des chaînes terminées par toutes sortes de crochets, de pointes et de barbelés. La lumière des brasiers s’y cramponnait et les rendait d’autant plus intimidants, comme animés d’une lueur diabolique. Le sang dont était éclaboussé le fuselage témoignait de la curée des passages à basse altitude. Combien de malheureux avaient été estropiés, empalés et décapités par les extrémités tranchantes de l’antigrav ? Kaal n’avait pas hésité à hacher menu tout ennemi qui se présentait à ses ailerons, sous les cris de son équipage qui exécutait méthodiquement ses proies.
Incarnant tout entier un hymne à la violence, le Ravageur semait la mort sans distinction, sans compassion, sans égal.
Ne décelant aucun mouvement dans la colonne de chars en proie aux flammes, Kaal immobilisa son véhicule, autour duquel vinrent s’attrouper plusieurs motojets. A travers leurs casques, Vyl pouvait lire une folie à peine retenue, une soif de sang et de vitesse à peine comblée. Détachant ses yeux des rapaces psychopathes, il porta son regard vers la citadelle impériale.
Tout était, pour ainsi dire, fini pour ces stupides humains. Meryn, la plus grande cité-ruche de la planète, allait tomber. Dernier bastion de l’Humanité sur ce caillou désolé, il allait largement emplir les fosses à esclaves malgré le carnage qui s’y déroulait sûrement déjà. Vyl pouvait voir des centaines de Fléaux orbiter entre les flèches et déchaîner une grêle de tirs sur les troupes au sol, et en emporter certains entre leurs serres pour les éventrer avant de les rendre à la gravité. Les motojets décrivaient des cercles tout autour de la cité, réduisant au silence les batteries placées maladroitement sur ses remparts. Leur puissance effroyable aurait décimé les fragiles chars eldars, sans compter les blindés déployés devant l’immense porte principale.
Vyl sourit.
« Quelle incompétence que celle des Mon-Keigh ! » lâcha-t-il dans le vent, sans se soucier d’être entendu.
Il avait suffi d’attirer les tanks loin de la citadelle pour les exécuter méthodiquement. Même les rapides marcheurs humains n’étaient que des pantins maladroits comparés aux capacités fulgurantes des antigravs. En quelques minutes seulement, les lourdes machines impériales avaient payé cher leur audace et leur stupidité.
Ils avaient pavé la voie aux Commorrites vers une sanglante récompense dont leur Maître serait content. Ne pouvant réprimer un rire, Vyl laissa s’échapper sa moquerie cruelle dans le crépitement Warp de centaines de translations aériennes.*
Meryn s’était tue.
Kimmel avait compté quatre jours depuis le début de sa fuite. Quatre jours durant lesquels il avait déployé ses maigres compétences en matière de camouflage pour échapper aux assassins qui avaient fait de ce monde leur terrain de chasse. Passant le plus clair de son temps à ramper d’un couvert à l’autre, la peau teintée d’un sable boueux, il avait assisté avec rage et désespoir au pillage de sa cité.
Par centaines, des vaisseaux épineux avaient émergé de l’Empereur seul savait où, quelques instants après qu’il se soit extirpé de son char. Dramatiquement conscient de l’inutilité de son pistolet, il n’avait pu que se terrer dans les rochers et observer l’armada réduire au silence les formidables défenses de la cité-ruche. Les échos lointains, portés par le vent, résonnaient comme une agonie interminable. Combien de gens avaient été massacrés ? Et combien encore avaient été emportés par ces créatures des ténèbres, dans leur refuge infernal ? La cité avait été vidée de ses habitants en trois jours et la fumée noire qui s’échappait de Meryn alimentait de lourds nuages, comme pour envelopper la planète assassinée d’un linceul accusateur.
De ses jumelles, Kimmel avait observé les rituels sanglants se dérouler dans le désert alors que les citoyens vaincus étaient traînés sans ménagement vers les transports bourdonnants. Plusieurs avaient été ligotés et dépecés vivants sur les coques des vaisseaux noirs, leurs hurlements de douleurs arrachant aux Eldars Noirs des frissons de plaisir. Puis, les voiles s’étaient mises à crépiter d’énergie impie, et en un envol cauchemardesque, les xénos s’étaient enfoncés dans des failles verdâtres ouvertes sur le néant. Sans se retourner, ils avaient laissé derrière eux une planète violée et privée de vie.
Aucun secours n’était venu puisqu’aucun message astropathique n’avait pu être envoyé. Kimmel s’en doutait, réduire les communications au silence avait été la première action de ces saloperies…
Il marchait à présent d’un pas chancelant au milieu des épaves érodées, témoins de l’effroyable supériorité technologique de leur adversaire. Dans un dernier acte de foi, il leva les yeux vers le ciel torturé en espérant y voir un rai de lumière. Il plaça en signe d’espoir ses mains croisées sur son torse, dans le signe de l’Aquila. Son cœur se serra de douleur au bout d’un instant, alors que rien ne se produisait.
Il grimaça en crachant au sol, et ses jambes flanchèrent. Il tomba à genoux, jetant au loin son pistolet et l’aigle en bronze arraché de son cou.
Conscient que plus personne ne l’entendrait jamais, il pleura à chaudes larmes en direction des nuages maudits.
Dernière édition par Vect le Mer 18 Mar 2015 - 11:43, édité 1 fois
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Re: [Les Treize Piliers de la Vengeance] - IV - Ravageur
Un récit bien sympa à lire.
Codex Raven Guard
Corax Maître de Guerre - Messages : 6772
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Re: [Les Treize Piliers de la Vengeance] - IV - Ravageur
Merci d'avoir pris le temps de le faire
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Re: [Les Treize Piliers de la Vengeance] - IV - Ravageur
Vraiment très bon texte !
Dis, c'est moi ou c'est la première fois dans une de tes nouvelles qu'un des protagonistes est autre qu'eldar ?
Par contre, j'aurais fait une autre fin...^^
Quand Kimmel regarde le ciel, il aperçoit un énorme déploiement de modules space marine qui zigouillent les eldars noirs ! Mieux, non ?
Dis, c'est moi ou c'est la première fois dans une de tes nouvelles qu'un des protagonistes est autre qu'eldar ?
Par contre, j'aurais fait une autre fin...^^
Quand Kimmel regarde le ciel, il aperçoit un énorme déploiement de modules space marine qui zigouillent les eldars noirs ! Mieux, non ?
"In darkness, all men are equal. Save those who embrace it."
- Kayvan Shrike
Caddon Varn Vétéran Space Marine - Messages : 619
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Re: [Les Treize Piliers de la Vengeance] - IV - Ravageur
Haha justement, marre de voir les Astartes débarquer en sauveurs qui détruisent les méchants et blablabla... Je voulais représenter une scène malheureusement dépeinte comme trop nombreuse dans l'Imperium, à savoir l'impossibilité de défendre tous ses mondes.
Effectivement, j'ai instauré le personnage de Kimmel pour avoir un témoin extérieur des assauts EN, et je trouvais que le troufion d'équipage valait mieux qu'un commissaire ou un pilote de Baneblade.
Merci pour tes remarques en tout cas, et content que ça t'aie plu !
Effectivement, j'ai instauré le personnage de Kimmel pour avoir un témoin extérieur des assauts EN, et je trouvais que le troufion d'équipage valait mieux qu'un commissaire ou un pilote de Baneblade.
Merci pour tes remarques en tout cas, et content que ça t'aie plu !
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