[ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
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Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
Vreau mai mult! (je veux la suite en dialecte proto hothique, merci google translate )
-[FACTION] Chapitre Angelic sentinels -
- [FACTION] The pirates of the black sun -
- [FACTION] Les Witchers -
Belial Space Marine - Messages : 240
Age : 25
Localisation : Bruxelles,Belgique,Terra,Segmentum Solar,Galaxie,Univers
Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
Nous marchâmes ainsi quelques heures avec le petit groupe de guerriers puis atteignirent au final une autre grotte, sorte de Léviathan de métal, similaire à la première. Je compris alors ce que le Chef voulait dire par « une des maisons des étoiles ». Il était désormais clair que plusieurs vaisseaux ou fragments de vaisseaux se trouvaient enfuis depuis la nuit des temps sous les couches de sédiments de ce monde, vestiges des premières colonies impériales.
La structure ici était différente, aménagée de façon troglodytique et peuplée d’habitations suspendues. Un véritable village avec toute une communauté active vivait là.
A peine arrivés, les habitants se précipitèrent pour s’occuper des blessés et des défunts. L’agitation était à son comble, les cris d’urgence, les pleurs et les lamentations déchiraient l’air ambiant.
Nous fûmes installés en attendant dans une sorte d’abri modulaire préfabriqué mais confortable. Okocha, le chef me demanda te patienter un peu, il avait beaucoup à faire. Plus tard il promit de venir me parler avec les anciens, car il avait des révélations à me faire.
La jeune fille à la peau noire et aux longues dreadlocks entra alors dans l’abri et vint s’accroupir et s’occuper de Logan. Elle lui appliqua des onguents non sans avoir fait brûler certaines poudres semblables à de l’encens tout autour d’elle. Elle psalmodia une douce mélopée tout en s’occupant d’elle, un chant ancien d’une beauté poignante qui résonna au fond de mon être, éveillant au cœur de mes gènes, les souvenirs les plus lointains de l’Humanité.
L’eldar restait silencieux dans un coin à fumer sa pipe et à observer. Meredith préféra sortir.
Dehors les habitants préparaient leurs morts et emmenaient leurs blessés. Au bout d’un certain temps, la jeune fille se releva et vint me parler, j’appris alors qu’elle s’appelait Népeese et était la fille du Shaman, elle-même apprentie-Shaman. Une jeune psyker non assermentée donc, mais je préférais ne pas en faire cas dans de telles circonstances. Ses traits racés et scarifiés, d’une beauté sauvage m’indiquaient qu’elle ne devait pas avoir plus de quinze ou seize ans. Ce peuple avait survécu ici depuis des temps reculés et s’était adapté à la survie dans des conditions extrême. Là où nous devions porter des respirateurs et nous immuniser à de nombreux poisons, leur organismes’ en était naturellement prémuni.
Elle m’indiqua que cette nuit, son peuple pleurera ses morts et brûlera leurs corps afin que leurs esprits rejoignent le Dieu-Etoile. En faisant cela elle me montra la roue dentelée en cuivre qu’elle portait autour du cou.
Elle m’apprit aussi qu’elle fit un rêve il y a de cela quelque temps. Leur quantification du temps étant intraduisible, j’en déduisis que cela faisait désormais plusieurs jours ou semaines. Je figurais dans son rêve. Elle vit ma venue parmi son peuple, ainsi les siens surent que nous allions venir et s’y étaient préparés.
Cela, me dit-elle faisait référence à une lointaine prophétie selon laquelle, un jour un guerrier venant des étoiles viendrait pour débarrasser cette terre du mal qui la ronge. Une guerre aurait lieu et il la gagnerait, alors son peuple pourrait de nouveau marcher dans la lumière, enfin libéré.
Ne comprenant pas bien le sens de cette histoire, je demandais à Népeese de m’expliquer ce qu’elle voulait dire par libération.
Elle me répondit que son peuple était un peuple prophétique, lui-même issu des étoiles et tous enfants du Dieu-Etoile. Leur rôle pendant des générations et des générations fut de conserver le secret que leur dieu leur avait confié. Condamnés à se cacher, ils devaient attendre l’arrivée de la prophétie. Celle-ci est à présent sur le point de se réaliser me dit-elle avec ferveur.
Sortant d’une de mes poches le manuscrit du Magos Corteswain, je lui montrais alors le dessin représentant l’artefact que nous cherchions, tout comme Anthérax.
Ecarquillant les yeux, elle me regarda avec une véritable lueur dans le regard.
-Spirit de Divinitate Stelare, me dit-elle dans un souffle.
Je n’eus pas besoin de traduction, comprenant alors que ce vieux fou de Corteswain avait vu juste. Ces gens possédaient bien l’artefact.
Les chants durèrent toute la nuit, rythmés par les percutions tribales, les danses sacrées et les libations offerte à ce fameux Dieu-Etoile.
Cette étrange divinité, cet Esprit Stellaire, sorte d’allégorie de l’Omnimessie ou souvenir collectif de l’Empereur, était donc selon eux l’être primordial et maitre des étoiles dont leurs ancêtres avaient perpétué le souvenir. Ils vénéraient le symbole de l’engrenage, tout comme le fait le Clergé de Mars, à cela près que leur Dieu était issu des étoiles.
Ce mélange étrange de divinité stellaire et du Dieu-Machine ne me choqua pas plus que cela à ce moment-là. Et pour cause, nombre de mondes sauvages ou de peuplades comme celle-ci possèdent des divinités curieuses et tout le travail du Missionaria Galaxia est justement de ramener ces peuples égarés dans la lumière bienveillante du Credo.
Mais parfois, il est des secrets de cet univers qu’il vaudrait mieux ne jamais connaitre.
Ignorant comme je l’étais à l’époque, je me contentais d’assister à leurs rites païens avec silence et curiosité. Logan dormait profondément, sous l’effet de sédatifs. Ces blessures traitées et pansées, la petite guérirait mais il lui faudra encore plusieurs jours avant de pouvoir marcher. Meredith était quelque part, dissimulée dans les ombres, épiant tel un oiseau de proie les environs. Ce qui me convenait parfaitement. L’eldar restait pensif à mes côtés tout en fumant son étrange pipe dans l’obscurité de l’abri où nous nous trouvions, à observer les rites funéraires sur le seuil de la porte.
-Ce peuple m’intrigue. Finit-il par me dire.
Je tournais alors la tête vers lui.
-A quel niveau ?
Il tira lentement sur sa pipe puis exhala une longue bouffée de fumée avant de me répondre.
-Ils sont les gardiens d’un savoir très ancien et cela m’étonne. Me dit-il.
-Ils possèdent l’artefact que nous cherchons. C’est là ce que tu veux dire ?
-Je m’interroge sur leurs connaissances, vois-tu. Ainsi que sur le fait que certains indices sur ce monde ne me disent rien qui vaille. J’ai comme le pressentiment que tout cela est lié à un ancien mythe que mon peuple ne connaît que trop bien. Et j’espère juste me tromper.
Je le regardai avec attention.
- Je ne vois pas trop où tu veux en venir avec tes histoires à dormir debout ?
L’eldar eut un petit sourire.
-Oubli tout ceci, Dante. L’univers recèle déjà de bien assez de mystères pour occuper ton esprit sans que tu ais à t’occuper de ceux de mon peuple.
Préférant ne pas chercher à comprendre je tentais alors de prendre un peu de repos au sein de l’abri mais ne le trouva pas. Trop d’évènements assaillaient mes pensées désormais.
Ce ne sera que quelques années plus tard, au cours d’une autre mission mais cette fois-ci en tant qu’Inquisiteur de l’Ordo Xenos que je ferais le rapprochement grâce à une de mes lectures, tentant d’élucider une autre hérésie majeure.
Cet ouvrage qui figure toujours actuellement parmi mes livres de chevet, s’intitule « Des Mythes Eldars et de la résurgence C’tan ». Cette thèse fut écrite par ma très brillante consœur et amie intime, l’Inquisitrice Jena Orechiel à qui je voue un profond respect.
Je recoupais alors cet écrit avec les données fournies à l’époque par le Magos hérétique Corteswain sur les mystères enfouis de Karis Cephalon, et ce qu’évoqua à ce moment-là Sial. Il devint plus qu’évident que ce peuple, ou du moins leurs ancêtres leur avaient transmis des connaissances hérétiques et hautement interdite sur l’origine controversée de l’Omnimessie. Comment cela avait-il été possible demeurait un mystère.
Je ne m’étendrais pas ici sur les problèmes que ce livre suscite encore aujourd’hui au sein de certaines factions de nos Ordos ou du Culte Mechanicus.
Si l’Empereur me prête grâce, je conterais volontiers ce terrible récit dans un autre ouvrage.
Dans l’immédiat, tout ceci m’aurait alors paru pure abomination et un tel blasphème m’aurait même poussé à condamner tout ce peuple à périr sur un bûcher tant cette suspicion d’hérésie était grave.
Mes rêveries furent alors interrompues par Népeese, la petite chamane qui pénétra dans la tente où je me trouvais. Elle me demanda de la suivre. Ce que je fis.
Laissant Sial auprès de Logan, je me dirigeais donc, suivant la jeune fille vers la périphérie de leur communauté.
Les buchers funéraires avaient été installés à l’écart de leur « village ». Les habitants avaient alors suivis cette procession jusqu’à un lieu apparemment sacré pour ce peuple. Une formation géologique très ancienne dont ils avaient fait un lieu sacré. Le lieu où se manifestait la divinité selon les dires de la petite chamane.
Cette formation était une sorte d’immense grotte naturelle au centre de laquelle se trouvait un lac apparemment alimenté par quelque source souterraine. Sur ce lac se trouvait un tertre.
Leur peuple était rassemblé, silencieux sur le bord de la rive, les yeux fixés sur les bûchers embrasés. Tous se lamentaient et priaient, en transe.
Nous traversâmes cette assemblée funèbre qui me donna la chair de poule.
Il nous fallut emprunter une sorte de longue pirogue pour traverser le lac aux eaux noires et huileuses. Népeese laissa glisser la frêle embarcation à l’aide d’une grande perche et nous filâmes ainsi vers l’autre rive du tertre.
Les bûchers brûlaient et l’air était suffocant, tant par la chaleur que par l’odeur de brûlé et ce, malgré les encens et autres huiles parfumés dispersés. Une épaisse fumée grasse s’élevait lentement en tourbillonnant, entrainant les braises rougeoyantes vers les hauteurs insondables de cette grotte. Nous accostâmes sur la grève.
Ne réalisant pas vraiment ce que je faisais ici, je restais malgré tout sur mes gardes, la main près de la crosse de mon pistolet bolter, m’attendant à tout moment à quelque sombre sabbat ou vile sorcellerie.
La jeune fille me fit alors signe de m’arrêter. Elle m’indiqua le bûcher et le groupe de personnages autour. Je vis une dizaine d’hommes et de femmes portant des sortes de costumes grotesques et bariolés, qui dansaient frénétiquement autour des feux, tandis qu’un autre groupe jouait des percussions comme le font certaines de ces peuplades sauvages.
Je vis alors que le tertre possédait une ouverture. Une lueur orangée en sortait ainsi que des fumerolles, à la manière d’une sorte de gueule béante d’un dragon des anciennes légendes.
J’imaginais alors quelles sortes d’horreurs pouvaient bien se terrer dans cette antichambre des enfers.
Népeese me saisit doucement la main et me fit signe de la suivre. Je redoutais alors que ce fut vers cet endroit de cauchemar et eut comme un mouvement de recul. Elle se retourna vers moi et me fit signe d’avoir confiance en elle. Mes craintes se confirmèrent tandis qu’elle me conduisit vers ma mort certaine. Mes sens en alerte et près à toute éventualité, je perçus alors que de la magie était à l’œuvre en ce lieu. Ce qui ne fut pas pour me rassurer le moins du monde. Intérieurement je commençais à réciter la Litanie de la Foi Véritable, qui sembla remonter de ma mémoire enfouie depuis l’époque où je n’étais qu’un élève à la Schola.
Avant d’entrer dans la grotte infernale, Népeese ressentit ma réticence et se tourna vers moi, elle plongea ses yeux aux reflets couleur ambre dans les miens me demandant si j’avais peur.
J’allais répondre que non mais lui dit dans son dialecte et sans savoir comment que j’étais absolument terrorisé.
Elle prit alors mes deux mains dans les siennes et tel un enfant, je me sentis aussitôt apaisé.
-Ce lieu est sacré pour notre peuple, me dit-elle. Ici se concentrent les esprits. Ce soir, ce rite va permettre d’ouvrir un passage entre le monde des vivants et celui des morts. Ainsi, si ton âme est assez forte, tu pourras communier avec l’esprit de la divinité.
Le Chaman, son père, sortit alors de la grotte et vint à ma rencontre, arborant son long bâton coiffé du crâne dans une roue dentelée. Il me fit signe de le suivre. Népeese me demanda alors de ne surtout pas lâcher sa main. J’obéis alors et me retrouvais l’instant d’après dans un lieu étrange, comme ayant traversé un rêve ou un voile de la réalité.
Etait-ce un portail ou une sombre machination d’une sorcellerie démoniaque ? Je n’en sus rien. Toujours est-il que je me trouvais désormais dans un endroit improbable au sommet d’une colline à ciel ouvert. Un soleil radieux inondant des cieux azurs ainsi que les plaines verdoyantes qui s’étendaient à nos pieds, la nature sauvage et virginale qui s’étendait ainsi à l’horizon était d’une beauté saisissante.
-Où sommes-nous ? Lui demandais-je.
La jeune fille me tenait toujours la main et rit devant mon désarroi. Le vent soufflait dans les nattes épaisses de ses cheveux noirs, ce qui contrasta avec l’éclat de son sourire.
Une tente circulaire se trouvait au sommet de la colline, à quelques mètres de nous. Faites de peaux cousues entre elles à la manière des abris des cavaliers nomades du monde d’Attila. Des totems et autres idoles païennes étaient disposés devant le petit habitacle. Elle m’y entraina. Ses pieds nus foulant l’herbe grasse. Je pouvais sentir le parfum des fleurs des champs, la brise de l’air et le bourdonnement des insectes autour de nous. Mes sens pouvaient-ils me tromper à ce point ?
Népeese referma l’ouverture en peau tannée derrière nous.
Mes yeux durent s’acclimater quelques instants une fois à l’intérieur tant il me semblait y faire sombre. Je perçus d’abord l’odeur de la fumée issue d’herbes que l’on brûlait puis un petit foyer au centre de l’abri. Enfin, trois silhouettes étaient assises en tailleur autour de ce feu. Je reconnu Okocha le chef, mais aussi le Chaman et un autre personnage étrange, élancé et masqué se faisant appeler « le Marcheur » dans leur langue. Tous trois représentaient le Conseil des Anciens. Tout autour, sur les parois de la tente, étaient accrochés des archéotechs aux fonctions aussi anciennes que complexes et mystérieuses. Le Chef me fit signe de m’asseoir là où se trouvait une quatrième place vacante autour du feu. Népeese alla s’installer un peu en retrait. Les trois anciens fumaient une sorte de longue pipe malodorante et recrachaient tour à tour de longues volutes de fumée aux senteurs épicées. Okocha me la tendit au bout de quelques instants. Je me doutais bien que j’allais devoir me soumettre à un quelconque rituel, j’espérais juste que le Détox ferait son office sur la pharmacopée locale. Le chef me fit un signe de tête, signifiant que je n’avais pas vraiment d’autres alternatives. Je pris la pipe et inspirais une grande bouffée.
Bouffée que je recrachais aussitôt, ayant faillit m’étrangler. Les autres me regardèrent d’un air sévère. J’avalais ma salive et recommençais l’opération, cette fois-ci avec plus de retenue. La fumée pénétra mes poumons et ses effets se diffusèrent alors dans tout mon être.
Le Chef prit la parole.
-Les esprits nous parlent, Joshua Dante. Ouvre tes oreilles et écoute ce qu’ils auront à te dire. Ta venue parmi nous a été décrite à l’époque où les pères de nos pères marchaient encore parmi les étoiles. Il a alors été dit qu’un guerrier à l’âme pure descendrait des cieux et viendrait à nous. A ses côté marchent de puissants totems : l’Esprit du Chasseur, la Mort Incarnée, et le Cœur Immaculé.
Le chaman jeta une poignée d’herbes sur les braises qui se mirent aussitôt à crépiter et à s’embraser en flammes vertes, projetant alentours des ombres et des reliefs inquiétants sur les visages austères des anciens. Il se mit alors à psalmodier une mélopée rauque et gutturale. Je passais la pipe à l’homme assit à côté de moi tandis que mes sens commençaient à s’embrumer doucement. Népeese venait de s’agenouiller contre moi et m’appliquait depuis un petit pot en terre une sorte d’onguent coloré sur le front puis sur le visage, dessinant de ses doigts des symboles complexes. Le temps ne semblait plus s’écouler. La pipe circulait de main en main. Je me remis à fumer, encore et encore, incapable de me soustraire à ce qui était en train de se passer.
Le Chaman tapota une des amulettes accrochées à son cou. Un lourd objet très ancien de dix centimètres de côté en or pur, patiné par le temps mais toujours aussi étincelant. Je le reconnu immédiatement sans même l’avoir réellement vu.
Le Chef reprit tandis que le chant devenait de plus en plus profond et entêtant.
-Nous sommes les Gardiens de cette Clé. Des générations se sont succédées depuis les origines de ce monde afin qu’elle te revienne. A présent, il est temps d’écouter ce que les Esprits ont à te dire.
En vérité, je me doutais bien qu’ils n’allaient pas me remettre l’artefact comme ça, avec une simple poignée de main, une tape sur l’épaule et un petit salut. Cependant j’étais bien loin de m’attendre à ce qui allait se passer.
Népeese déboutonna ma chemise, me la retira et continua d’appliquer cette pate du bout de ses doigts sur mon torse. Mes sens étaient comme pris dans une bulle. Je percevais mon entourage mais d’une façon différente, un peu comme si je me trouvais sous l’eau et que des voix me parlaient depuis la surface. Je les entendais mais ne percevais pas clairement ce qu’elles me disaient ou d’une façon tronquée. J’étais alors en plein rêve éveillé. Je voyais l’intérieur de la tente où je me trouvais en même temps que je voyais la prairie autour, le ciel, le soleil, je sentais le vent qui filait sur la peau nue. Je percevais ce monde dans sa globalité. J’étais toujours sur Karis Cephalon mais je n’étais plus dans le présent. Ce monde était fertile et d’une grande beauté, il était ancien, bien plus ancien que l’Imperium qui n’existait même pas encore et avant qu’il ne vienne ravager ce monde si beau. Des peuples plus vieux que l’Humanité avaient combattu ici et ils avaient laissé une trace. Désormais je commençais à le ressentir.
Je vis les anciens qui sortaient de la tente et marchaient vers moi, réalisant alors que je me tenais en dehors, debout, entièrement nu sur la colline. Le corps couvert de signes ésotériques complexes.
Ils passèrent à côté de moi et s’en allèrent sans un mot, ni sans le moindre regard. Leur chant ne cessait pas. Ce rêve était le mien, ils n’étaient que les passeurs de secret. Je clignais des paupières, ayant du mal à saisir ce qui se passait tellement mes sens étaient faussés.
J’étais de nouveau assis dans la tente à côté du foyer où dansaient d’étranges flammes vertes où se dessinaient des sortes de formes mues par une énergie qui leur était propre. Népeese se tenait agenouillée face à moi, son corps entièrement nu comme le mien, couvert lui aussi de signe étranges. Sauf que les siens étaient l’exact négatif de ceux qu’elle avait tracé sur ma peau. Elle se glissa alors tout contre moi, plongeant ses yeux envoutant aux éclats dorés à quelques centimètres des miens. Je sentis le contact tiède de sa poitrine dressée se plaquer contre mon torse tandis qu’elle se lovait contre moi, ses lèvres charnues rencontrèrent les miennes, ses mains glissant sur mes épaules me forçant à m’allonger sur le dos.
Je m’éveillai en sursaut, le souffle court, la chemise trempée de sueur. Reprendre mes esprits me prit quelques instants. J’avais terriblement soif et ma tête me faisait un mal de chien comme ces soirs où j’abuse un peu trop de l’Amasec.
Une main fine et blanche me tendit un gobelet d’eau que je pris sans regarder et avala d’un trait. Mais par le Trône Tout Puissant, quel rêve étrange. L’eau descendit en moi tel un torrent de montagne aux premières fontes des neiges, venant irriguer des terres arides. Je commençais tout juste à reprendre conscience et me surpris à rire.
Tout cela n’avait été qu’un rêve... Un putain de rêve !
Je pensais alors à remercier Sial de m’avoir donné à boire. Ma voix sortie râpeuse comme si j’avais fumé trois paquets de Lho et avalé du sable par derrière. Une voix féminine et familière me répondit avec un grand sourire radieux.
-C’est moi Joshua, c’est Logan, tu es enfin réveillé !
J’écarquillais alors les yeux, ne réalisant pas bien. Il faisait encore sombre mais je reconnu l’abri modulaire dans lequel Okocha nous avait installé.
-Log… Logan ? Mais…tes blessures ? Tu devais…
Logan me fit un grand sourire et baissa les yeux.
-Je vais beaucoup mieux à présent et grâce à toi Joshua, j’aurais juste une belle cicatrice !
Sial entra dans l’abri à ce moment-là.
-Cela fait deux jours maintenant qu’ils t’ont ramenés ici, feignasse de mon-keigh ! Tu as dormi tout ce temps mon cher. Me dit-il. Je n’ose à peine imaginer ce qu’ils t’ont fait vu la mine affreuse que tu as. Me lança-t-il avec un petit sourire en coin.
Maudit xenos, me dis-je.
Je réalisais à peine. Les souvenirs revenaient tout juste. Tout me revenait désormais.
-Et cela fait combien de temps qu’ils sont venus me chercher ? Leur demandais-je.
-La fille est venue te chercher il y a cinq jours à présent. Tu es donc resté trois jours là-bas, me répondit Logan.
Meredtih fit alors son apparition à son tour dans l’abri.
-Ah tu es réveillé ? Un jour de plus et je reprenais en main cette mission.
-Merci Meredith, je vais très bien, et toi ? Lui lançais-je d’un ton sarcastique.
Logan me tendit une barre de ration que je me mis à dévorer. Elle m’interrogea du regard en pointant du doigt vers la chemise entrouverte de mon torse. Les traces de pigment avaient disparues par contre, autre chose s’y trouvait.
-C’est bien ce que nous pensons ?
Je baissais les yeux et réalisais alors que ce quelque chose de lourd pendait à mon cou. L’artefact. La cellule énergétique de Runesword, l’épée de la statue de l’Empereur.
Je ne pu m’empêcher de sourire.
-Oui, c’est bien ce à quoi vous pensez, lui répondis-je en soupesant l’objet saint.
-Où sont les villageois, je n’entends plus personne ? J’ai tant de chose à leur dire. Demandais-je intrigué à mes compagnons en indiquant les alentours et tout en me relevant péniblement.
-Ils sont partis il y a deux jours. Sans rien préciser de plus. De toute façon on n’a rien comprit à leur langue barbare. Me répondit Meredith.
-Leur fonction ici était terminé j’ai l’impression, reprit l’eldar.
Me tenant comme je le pouvais, je sortis en titubant, pris d’un violent tournis. L’expérience qu’ils venaient de me faire vivre, de quelle nature qu’elle fut, laisserai à jamais une marque indélébile en moi. Tout cela avait-il été réel ou bien qu’un rêve ? Je n’en saurais finalement jamais rien, tout comme je sus que jamais je ne reverrai cette petite Chamane. Les trois jours passés avec elle resteront l’expérience la plus étrange et la plus marquante de toute ma vie. L’absence cruelle de sa présence et le manque de réponse laissèrent un vide bien étrange au fond de mon être, tel un drogué en maque d’Obscura. Des larmes coulaient désormais le long de mes joues mal rasées. Cet univers avait décidément bien des mystères à nous révéler et non, en dehors de la lumière de l’Empereur-Dieu, tout n’était pas que chaos, il y avait aussi un espoir, une faible lueur parmi les différents futurs sombres qui s’offrent à nous et cette lueur je l’avais perçu.
Meredith terminait de remballer nos affaires puis consulta son auspex.
-J’ai repéré un passage vers la surface, nous ne sommes pas aussi profond qu’on ne pourrait le croire. Mais il va falloir nous hâter, l’Armadillo se trouve à quinze bons kilomètres d’ici vers le sud. Nous pouvons y arriver avant la nuit.
Quelques heures plus tard, nous marchions en plein désert. Nous portions nos masques respirateurs ainsi que nos tenues complètes et nos lunettes photochromiques nous protégeant des radiations solaires et des cendres toxiques. Meredith ouvrait la marche suivant les indications de son auspex réglé sur la fréquence du transpondeur de notre véhicule.
-Alors, tu as vu quoi, là-bas ? Me demanda Logan au bout d’un moment.
Je perçu une réelle excitation dans sa voie. Ma douce petite Logan…
Comment avais-je pu être aveugle tout ce temps ? Son amour profond pour moi crevait tellement les yeux que je n’avais rien vu. Tout comme je n’avais rien vu de ce que je ressentais pour elle. Pourtant la réponse était là, cruelle et injuste comme cet univers tout entier. Notre amour était impossible.
Logan me mit un coup de coude, me sortant de mes amères rêveries.
-Hey ! Ne me dit pas que tu ne m’as pas écouté ! Me railla-t-elle de sa voix rieuse.
J’observais un instant avec attention la silhouette longiligne de l’eldar qui marchait quelques pas devant nous, puis reporta mon regard vers ma petite Logan à côté de moi.
-J’ai vu un futur possible, Logan.
La structure ici était différente, aménagée de façon troglodytique et peuplée d’habitations suspendues. Un véritable village avec toute une communauté active vivait là.
A peine arrivés, les habitants se précipitèrent pour s’occuper des blessés et des défunts. L’agitation était à son comble, les cris d’urgence, les pleurs et les lamentations déchiraient l’air ambiant.
Nous fûmes installés en attendant dans une sorte d’abri modulaire préfabriqué mais confortable. Okocha, le chef me demanda te patienter un peu, il avait beaucoup à faire. Plus tard il promit de venir me parler avec les anciens, car il avait des révélations à me faire.
La jeune fille à la peau noire et aux longues dreadlocks entra alors dans l’abri et vint s’accroupir et s’occuper de Logan. Elle lui appliqua des onguents non sans avoir fait brûler certaines poudres semblables à de l’encens tout autour d’elle. Elle psalmodia une douce mélopée tout en s’occupant d’elle, un chant ancien d’une beauté poignante qui résonna au fond de mon être, éveillant au cœur de mes gènes, les souvenirs les plus lointains de l’Humanité.
L’eldar restait silencieux dans un coin à fumer sa pipe et à observer. Meredith préféra sortir.
Dehors les habitants préparaient leurs morts et emmenaient leurs blessés. Au bout d’un certain temps, la jeune fille se releva et vint me parler, j’appris alors qu’elle s’appelait Népeese et était la fille du Shaman, elle-même apprentie-Shaman. Une jeune psyker non assermentée donc, mais je préférais ne pas en faire cas dans de telles circonstances. Ses traits racés et scarifiés, d’une beauté sauvage m’indiquaient qu’elle ne devait pas avoir plus de quinze ou seize ans. Ce peuple avait survécu ici depuis des temps reculés et s’était adapté à la survie dans des conditions extrême. Là où nous devions porter des respirateurs et nous immuniser à de nombreux poisons, leur organismes’ en était naturellement prémuni.
Elle m’indiqua que cette nuit, son peuple pleurera ses morts et brûlera leurs corps afin que leurs esprits rejoignent le Dieu-Etoile. En faisant cela elle me montra la roue dentelée en cuivre qu’elle portait autour du cou.
Elle m’apprit aussi qu’elle fit un rêve il y a de cela quelque temps. Leur quantification du temps étant intraduisible, j’en déduisis que cela faisait désormais plusieurs jours ou semaines. Je figurais dans son rêve. Elle vit ma venue parmi son peuple, ainsi les siens surent que nous allions venir et s’y étaient préparés.
Cela, me dit-elle faisait référence à une lointaine prophétie selon laquelle, un jour un guerrier venant des étoiles viendrait pour débarrasser cette terre du mal qui la ronge. Une guerre aurait lieu et il la gagnerait, alors son peuple pourrait de nouveau marcher dans la lumière, enfin libéré.
Ne comprenant pas bien le sens de cette histoire, je demandais à Népeese de m’expliquer ce qu’elle voulait dire par libération.
Elle me répondit que son peuple était un peuple prophétique, lui-même issu des étoiles et tous enfants du Dieu-Etoile. Leur rôle pendant des générations et des générations fut de conserver le secret que leur dieu leur avait confié. Condamnés à se cacher, ils devaient attendre l’arrivée de la prophétie. Celle-ci est à présent sur le point de se réaliser me dit-elle avec ferveur.
Sortant d’une de mes poches le manuscrit du Magos Corteswain, je lui montrais alors le dessin représentant l’artefact que nous cherchions, tout comme Anthérax.
Ecarquillant les yeux, elle me regarda avec une véritable lueur dans le regard.
-Spirit de Divinitate Stelare, me dit-elle dans un souffle.
Je n’eus pas besoin de traduction, comprenant alors que ce vieux fou de Corteswain avait vu juste. Ces gens possédaient bien l’artefact.
Les chants durèrent toute la nuit, rythmés par les percutions tribales, les danses sacrées et les libations offerte à ce fameux Dieu-Etoile.
Cette étrange divinité, cet Esprit Stellaire, sorte d’allégorie de l’Omnimessie ou souvenir collectif de l’Empereur, était donc selon eux l’être primordial et maitre des étoiles dont leurs ancêtres avaient perpétué le souvenir. Ils vénéraient le symbole de l’engrenage, tout comme le fait le Clergé de Mars, à cela près que leur Dieu était issu des étoiles.
Ce mélange étrange de divinité stellaire et du Dieu-Machine ne me choqua pas plus que cela à ce moment-là. Et pour cause, nombre de mondes sauvages ou de peuplades comme celle-ci possèdent des divinités curieuses et tout le travail du Missionaria Galaxia est justement de ramener ces peuples égarés dans la lumière bienveillante du Credo.
Mais parfois, il est des secrets de cet univers qu’il vaudrait mieux ne jamais connaitre.
Ignorant comme je l’étais à l’époque, je me contentais d’assister à leurs rites païens avec silence et curiosité. Logan dormait profondément, sous l’effet de sédatifs. Ces blessures traitées et pansées, la petite guérirait mais il lui faudra encore plusieurs jours avant de pouvoir marcher. Meredith était quelque part, dissimulée dans les ombres, épiant tel un oiseau de proie les environs. Ce qui me convenait parfaitement. L’eldar restait pensif à mes côtés tout en fumant son étrange pipe dans l’obscurité de l’abri où nous nous trouvions, à observer les rites funéraires sur le seuil de la porte.
-Ce peuple m’intrigue. Finit-il par me dire.
Je tournais alors la tête vers lui.
-A quel niveau ?
Il tira lentement sur sa pipe puis exhala une longue bouffée de fumée avant de me répondre.
-Ils sont les gardiens d’un savoir très ancien et cela m’étonne. Me dit-il.
-Ils possèdent l’artefact que nous cherchons. C’est là ce que tu veux dire ?
-Je m’interroge sur leurs connaissances, vois-tu. Ainsi que sur le fait que certains indices sur ce monde ne me disent rien qui vaille. J’ai comme le pressentiment que tout cela est lié à un ancien mythe que mon peuple ne connaît que trop bien. Et j’espère juste me tromper.
Je le regardai avec attention.
- Je ne vois pas trop où tu veux en venir avec tes histoires à dormir debout ?
L’eldar eut un petit sourire.
-Oubli tout ceci, Dante. L’univers recèle déjà de bien assez de mystères pour occuper ton esprit sans que tu ais à t’occuper de ceux de mon peuple.
Préférant ne pas chercher à comprendre je tentais alors de prendre un peu de repos au sein de l’abri mais ne le trouva pas. Trop d’évènements assaillaient mes pensées désormais.
Ce ne sera que quelques années plus tard, au cours d’une autre mission mais cette fois-ci en tant qu’Inquisiteur de l’Ordo Xenos que je ferais le rapprochement grâce à une de mes lectures, tentant d’élucider une autre hérésie majeure.
Cet ouvrage qui figure toujours actuellement parmi mes livres de chevet, s’intitule « Des Mythes Eldars et de la résurgence C’tan ». Cette thèse fut écrite par ma très brillante consœur et amie intime, l’Inquisitrice Jena Orechiel à qui je voue un profond respect.
Je recoupais alors cet écrit avec les données fournies à l’époque par le Magos hérétique Corteswain sur les mystères enfouis de Karis Cephalon, et ce qu’évoqua à ce moment-là Sial. Il devint plus qu’évident que ce peuple, ou du moins leurs ancêtres leur avaient transmis des connaissances hérétiques et hautement interdite sur l’origine controversée de l’Omnimessie. Comment cela avait-il été possible demeurait un mystère.
Je ne m’étendrais pas ici sur les problèmes que ce livre suscite encore aujourd’hui au sein de certaines factions de nos Ordos ou du Culte Mechanicus.
Si l’Empereur me prête grâce, je conterais volontiers ce terrible récit dans un autre ouvrage.
Dans l’immédiat, tout ceci m’aurait alors paru pure abomination et un tel blasphème m’aurait même poussé à condamner tout ce peuple à périr sur un bûcher tant cette suspicion d’hérésie était grave.
Mes rêveries furent alors interrompues par Népeese, la petite chamane qui pénétra dans la tente où je me trouvais. Elle me demanda de la suivre. Ce que je fis.
Laissant Sial auprès de Logan, je me dirigeais donc, suivant la jeune fille vers la périphérie de leur communauté.
Les buchers funéraires avaient été installés à l’écart de leur « village ». Les habitants avaient alors suivis cette procession jusqu’à un lieu apparemment sacré pour ce peuple. Une formation géologique très ancienne dont ils avaient fait un lieu sacré. Le lieu où se manifestait la divinité selon les dires de la petite chamane.
Cette formation était une sorte d’immense grotte naturelle au centre de laquelle se trouvait un lac apparemment alimenté par quelque source souterraine. Sur ce lac se trouvait un tertre.
Leur peuple était rassemblé, silencieux sur le bord de la rive, les yeux fixés sur les bûchers embrasés. Tous se lamentaient et priaient, en transe.
Nous traversâmes cette assemblée funèbre qui me donna la chair de poule.
Il nous fallut emprunter une sorte de longue pirogue pour traverser le lac aux eaux noires et huileuses. Népeese laissa glisser la frêle embarcation à l’aide d’une grande perche et nous filâmes ainsi vers l’autre rive du tertre.
Les bûchers brûlaient et l’air était suffocant, tant par la chaleur que par l’odeur de brûlé et ce, malgré les encens et autres huiles parfumés dispersés. Une épaisse fumée grasse s’élevait lentement en tourbillonnant, entrainant les braises rougeoyantes vers les hauteurs insondables de cette grotte. Nous accostâmes sur la grève.
Ne réalisant pas vraiment ce que je faisais ici, je restais malgré tout sur mes gardes, la main près de la crosse de mon pistolet bolter, m’attendant à tout moment à quelque sombre sabbat ou vile sorcellerie.
La jeune fille me fit alors signe de m’arrêter. Elle m’indiqua le bûcher et le groupe de personnages autour. Je vis une dizaine d’hommes et de femmes portant des sortes de costumes grotesques et bariolés, qui dansaient frénétiquement autour des feux, tandis qu’un autre groupe jouait des percussions comme le font certaines de ces peuplades sauvages.
Je vis alors que le tertre possédait une ouverture. Une lueur orangée en sortait ainsi que des fumerolles, à la manière d’une sorte de gueule béante d’un dragon des anciennes légendes.
J’imaginais alors quelles sortes d’horreurs pouvaient bien se terrer dans cette antichambre des enfers.
Népeese me saisit doucement la main et me fit signe de la suivre. Je redoutais alors que ce fut vers cet endroit de cauchemar et eut comme un mouvement de recul. Elle se retourna vers moi et me fit signe d’avoir confiance en elle. Mes craintes se confirmèrent tandis qu’elle me conduisit vers ma mort certaine. Mes sens en alerte et près à toute éventualité, je perçus alors que de la magie était à l’œuvre en ce lieu. Ce qui ne fut pas pour me rassurer le moins du monde. Intérieurement je commençais à réciter la Litanie de la Foi Véritable, qui sembla remonter de ma mémoire enfouie depuis l’époque où je n’étais qu’un élève à la Schola.
Avant d’entrer dans la grotte infernale, Népeese ressentit ma réticence et se tourna vers moi, elle plongea ses yeux aux reflets couleur ambre dans les miens me demandant si j’avais peur.
J’allais répondre que non mais lui dit dans son dialecte et sans savoir comment que j’étais absolument terrorisé.
Elle prit alors mes deux mains dans les siennes et tel un enfant, je me sentis aussitôt apaisé.
-Ce lieu est sacré pour notre peuple, me dit-elle. Ici se concentrent les esprits. Ce soir, ce rite va permettre d’ouvrir un passage entre le monde des vivants et celui des morts. Ainsi, si ton âme est assez forte, tu pourras communier avec l’esprit de la divinité.
Le Chaman, son père, sortit alors de la grotte et vint à ma rencontre, arborant son long bâton coiffé du crâne dans une roue dentelée. Il me fit signe de le suivre. Népeese me demanda alors de ne surtout pas lâcher sa main. J’obéis alors et me retrouvais l’instant d’après dans un lieu étrange, comme ayant traversé un rêve ou un voile de la réalité.
Etait-ce un portail ou une sombre machination d’une sorcellerie démoniaque ? Je n’en sus rien. Toujours est-il que je me trouvais désormais dans un endroit improbable au sommet d’une colline à ciel ouvert. Un soleil radieux inondant des cieux azurs ainsi que les plaines verdoyantes qui s’étendaient à nos pieds, la nature sauvage et virginale qui s’étendait ainsi à l’horizon était d’une beauté saisissante.
-Où sommes-nous ? Lui demandais-je.
La jeune fille me tenait toujours la main et rit devant mon désarroi. Le vent soufflait dans les nattes épaisses de ses cheveux noirs, ce qui contrasta avec l’éclat de son sourire.
Une tente circulaire se trouvait au sommet de la colline, à quelques mètres de nous. Faites de peaux cousues entre elles à la manière des abris des cavaliers nomades du monde d’Attila. Des totems et autres idoles païennes étaient disposés devant le petit habitacle. Elle m’y entraina. Ses pieds nus foulant l’herbe grasse. Je pouvais sentir le parfum des fleurs des champs, la brise de l’air et le bourdonnement des insectes autour de nous. Mes sens pouvaient-ils me tromper à ce point ?
Népeese referma l’ouverture en peau tannée derrière nous.
Mes yeux durent s’acclimater quelques instants une fois à l’intérieur tant il me semblait y faire sombre. Je perçus d’abord l’odeur de la fumée issue d’herbes que l’on brûlait puis un petit foyer au centre de l’abri. Enfin, trois silhouettes étaient assises en tailleur autour de ce feu. Je reconnu Okocha le chef, mais aussi le Chaman et un autre personnage étrange, élancé et masqué se faisant appeler « le Marcheur » dans leur langue. Tous trois représentaient le Conseil des Anciens. Tout autour, sur les parois de la tente, étaient accrochés des archéotechs aux fonctions aussi anciennes que complexes et mystérieuses. Le Chef me fit signe de m’asseoir là où se trouvait une quatrième place vacante autour du feu. Népeese alla s’installer un peu en retrait. Les trois anciens fumaient une sorte de longue pipe malodorante et recrachaient tour à tour de longues volutes de fumée aux senteurs épicées. Okocha me la tendit au bout de quelques instants. Je me doutais bien que j’allais devoir me soumettre à un quelconque rituel, j’espérais juste que le Détox ferait son office sur la pharmacopée locale. Le chef me fit un signe de tête, signifiant que je n’avais pas vraiment d’autres alternatives. Je pris la pipe et inspirais une grande bouffée.
Bouffée que je recrachais aussitôt, ayant faillit m’étrangler. Les autres me regardèrent d’un air sévère. J’avalais ma salive et recommençais l’opération, cette fois-ci avec plus de retenue. La fumée pénétra mes poumons et ses effets se diffusèrent alors dans tout mon être.
Le Chef prit la parole.
-Les esprits nous parlent, Joshua Dante. Ouvre tes oreilles et écoute ce qu’ils auront à te dire. Ta venue parmi nous a été décrite à l’époque où les pères de nos pères marchaient encore parmi les étoiles. Il a alors été dit qu’un guerrier à l’âme pure descendrait des cieux et viendrait à nous. A ses côté marchent de puissants totems : l’Esprit du Chasseur, la Mort Incarnée, et le Cœur Immaculé.
Le chaman jeta une poignée d’herbes sur les braises qui se mirent aussitôt à crépiter et à s’embraser en flammes vertes, projetant alentours des ombres et des reliefs inquiétants sur les visages austères des anciens. Il se mit alors à psalmodier une mélopée rauque et gutturale. Je passais la pipe à l’homme assit à côté de moi tandis que mes sens commençaient à s’embrumer doucement. Népeese venait de s’agenouiller contre moi et m’appliquait depuis un petit pot en terre une sorte d’onguent coloré sur le front puis sur le visage, dessinant de ses doigts des symboles complexes. Le temps ne semblait plus s’écouler. La pipe circulait de main en main. Je me remis à fumer, encore et encore, incapable de me soustraire à ce qui était en train de se passer.
Le Chaman tapota une des amulettes accrochées à son cou. Un lourd objet très ancien de dix centimètres de côté en or pur, patiné par le temps mais toujours aussi étincelant. Je le reconnu immédiatement sans même l’avoir réellement vu.
Le Chef reprit tandis que le chant devenait de plus en plus profond et entêtant.
-Nous sommes les Gardiens de cette Clé. Des générations se sont succédées depuis les origines de ce monde afin qu’elle te revienne. A présent, il est temps d’écouter ce que les Esprits ont à te dire.
En vérité, je me doutais bien qu’ils n’allaient pas me remettre l’artefact comme ça, avec une simple poignée de main, une tape sur l’épaule et un petit salut. Cependant j’étais bien loin de m’attendre à ce qui allait se passer.
Népeese déboutonna ma chemise, me la retira et continua d’appliquer cette pate du bout de ses doigts sur mon torse. Mes sens étaient comme pris dans une bulle. Je percevais mon entourage mais d’une façon différente, un peu comme si je me trouvais sous l’eau et que des voix me parlaient depuis la surface. Je les entendais mais ne percevais pas clairement ce qu’elles me disaient ou d’une façon tronquée. J’étais alors en plein rêve éveillé. Je voyais l’intérieur de la tente où je me trouvais en même temps que je voyais la prairie autour, le ciel, le soleil, je sentais le vent qui filait sur la peau nue. Je percevais ce monde dans sa globalité. J’étais toujours sur Karis Cephalon mais je n’étais plus dans le présent. Ce monde était fertile et d’une grande beauté, il était ancien, bien plus ancien que l’Imperium qui n’existait même pas encore et avant qu’il ne vienne ravager ce monde si beau. Des peuples plus vieux que l’Humanité avaient combattu ici et ils avaient laissé une trace. Désormais je commençais à le ressentir.
Je vis les anciens qui sortaient de la tente et marchaient vers moi, réalisant alors que je me tenais en dehors, debout, entièrement nu sur la colline. Le corps couvert de signes ésotériques complexes.
Ils passèrent à côté de moi et s’en allèrent sans un mot, ni sans le moindre regard. Leur chant ne cessait pas. Ce rêve était le mien, ils n’étaient que les passeurs de secret. Je clignais des paupières, ayant du mal à saisir ce qui se passait tellement mes sens étaient faussés.
J’étais de nouveau assis dans la tente à côté du foyer où dansaient d’étranges flammes vertes où se dessinaient des sortes de formes mues par une énergie qui leur était propre. Népeese se tenait agenouillée face à moi, son corps entièrement nu comme le mien, couvert lui aussi de signe étranges. Sauf que les siens étaient l’exact négatif de ceux qu’elle avait tracé sur ma peau. Elle se glissa alors tout contre moi, plongeant ses yeux envoutant aux éclats dorés à quelques centimètres des miens. Je sentis le contact tiède de sa poitrine dressée se plaquer contre mon torse tandis qu’elle se lovait contre moi, ses lèvres charnues rencontrèrent les miennes, ses mains glissant sur mes épaules me forçant à m’allonger sur le dos.
Je m’éveillai en sursaut, le souffle court, la chemise trempée de sueur. Reprendre mes esprits me prit quelques instants. J’avais terriblement soif et ma tête me faisait un mal de chien comme ces soirs où j’abuse un peu trop de l’Amasec.
Une main fine et blanche me tendit un gobelet d’eau que je pris sans regarder et avala d’un trait. Mais par le Trône Tout Puissant, quel rêve étrange. L’eau descendit en moi tel un torrent de montagne aux premières fontes des neiges, venant irriguer des terres arides. Je commençais tout juste à reprendre conscience et me surpris à rire.
Tout cela n’avait été qu’un rêve... Un putain de rêve !
Je pensais alors à remercier Sial de m’avoir donné à boire. Ma voix sortie râpeuse comme si j’avais fumé trois paquets de Lho et avalé du sable par derrière. Une voix féminine et familière me répondit avec un grand sourire radieux.
-C’est moi Joshua, c’est Logan, tu es enfin réveillé !
J’écarquillais alors les yeux, ne réalisant pas bien. Il faisait encore sombre mais je reconnu l’abri modulaire dans lequel Okocha nous avait installé.
-Log… Logan ? Mais…tes blessures ? Tu devais…
Logan me fit un grand sourire et baissa les yeux.
-Je vais beaucoup mieux à présent et grâce à toi Joshua, j’aurais juste une belle cicatrice !
Sial entra dans l’abri à ce moment-là.
-Cela fait deux jours maintenant qu’ils t’ont ramenés ici, feignasse de mon-keigh ! Tu as dormi tout ce temps mon cher. Me dit-il. Je n’ose à peine imaginer ce qu’ils t’ont fait vu la mine affreuse que tu as. Me lança-t-il avec un petit sourire en coin.
Maudit xenos, me dis-je.
Je réalisais à peine. Les souvenirs revenaient tout juste. Tout me revenait désormais.
-Et cela fait combien de temps qu’ils sont venus me chercher ? Leur demandais-je.
-La fille est venue te chercher il y a cinq jours à présent. Tu es donc resté trois jours là-bas, me répondit Logan.
Meredtih fit alors son apparition à son tour dans l’abri.
-Ah tu es réveillé ? Un jour de plus et je reprenais en main cette mission.
-Merci Meredith, je vais très bien, et toi ? Lui lançais-je d’un ton sarcastique.
Logan me tendit une barre de ration que je me mis à dévorer. Elle m’interrogea du regard en pointant du doigt vers la chemise entrouverte de mon torse. Les traces de pigment avaient disparues par contre, autre chose s’y trouvait.
-C’est bien ce que nous pensons ?
Je baissais les yeux et réalisais alors que ce quelque chose de lourd pendait à mon cou. L’artefact. La cellule énergétique de Runesword, l’épée de la statue de l’Empereur.
Je ne pu m’empêcher de sourire.
-Oui, c’est bien ce à quoi vous pensez, lui répondis-je en soupesant l’objet saint.
-Où sont les villageois, je n’entends plus personne ? J’ai tant de chose à leur dire. Demandais-je intrigué à mes compagnons en indiquant les alentours et tout en me relevant péniblement.
-Ils sont partis il y a deux jours. Sans rien préciser de plus. De toute façon on n’a rien comprit à leur langue barbare. Me répondit Meredith.
-Leur fonction ici était terminé j’ai l’impression, reprit l’eldar.
Me tenant comme je le pouvais, je sortis en titubant, pris d’un violent tournis. L’expérience qu’ils venaient de me faire vivre, de quelle nature qu’elle fut, laisserai à jamais une marque indélébile en moi. Tout cela avait-il été réel ou bien qu’un rêve ? Je n’en saurais finalement jamais rien, tout comme je sus que jamais je ne reverrai cette petite Chamane. Les trois jours passés avec elle resteront l’expérience la plus étrange et la plus marquante de toute ma vie. L’absence cruelle de sa présence et le manque de réponse laissèrent un vide bien étrange au fond de mon être, tel un drogué en maque d’Obscura. Des larmes coulaient désormais le long de mes joues mal rasées. Cet univers avait décidément bien des mystères à nous révéler et non, en dehors de la lumière de l’Empereur-Dieu, tout n’était pas que chaos, il y avait aussi un espoir, une faible lueur parmi les différents futurs sombres qui s’offrent à nous et cette lueur je l’avais perçu.
Meredith terminait de remballer nos affaires puis consulta son auspex.
-J’ai repéré un passage vers la surface, nous ne sommes pas aussi profond qu’on ne pourrait le croire. Mais il va falloir nous hâter, l’Armadillo se trouve à quinze bons kilomètres d’ici vers le sud. Nous pouvons y arriver avant la nuit.
Quelques heures plus tard, nous marchions en plein désert. Nous portions nos masques respirateurs ainsi que nos tenues complètes et nos lunettes photochromiques nous protégeant des radiations solaires et des cendres toxiques. Meredith ouvrait la marche suivant les indications de son auspex réglé sur la fréquence du transpondeur de notre véhicule.
-Alors, tu as vu quoi, là-bas ? Me demanda Logan au bout d’un moment.
Je perçu une réelle excitation dans sa voie. Ma douce petite Logan…
Comment avais-je pu être aveugle tout ce temps ? Son amour profond pour moi crevait tellement les yeux que je n’avais rien vu. Tout comme je n’avais rien vu de ce que je ressentais pour elle. Pourtant la réponse était là, cruelle et injuste comme cet univers tout entier. Notre amour était impossible.
Logan me mit un coup de coude, me sortant de mes amères rêveries.
-Hey ! Ne me dit pas que tu ne m’as pas écouté ! Me railla-t-elle de sa voix rieuse.
J’observais un instant avec attention la silhouette longiligne de l’eldar qui marchait quelques pas devant nous, puis reporta mon regard vers ma petite Logan à côté de moi.
-J’ai vu un futur possible, Logan.
Vil xenos omniscient
Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
très sentimental. en tout cas tu t'es trouvé un fan
la suite stp et balnces en + a la fois comme ça j'ai plus a lire
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-[FACTION] Chapitre Angelic sentinels -
- [FACTION] The pirates of the black sun -
- [FACTION] Les Witchers -
Belial Space Marine - Messages : 240
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Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
Notre véhicule était toujours là où nous l’avions laissé dix jours plus tôt. Meredith avait bien fait de le dissimuler sous de vieilles tôles et sous une bâche de camouflage. Dans cet environnement hostile, les prédateurs ne manquent pas, les pillards non plus. Par chance, la voiture était toujours là, sous une épaisse couche de poussière et de sable.
Faire le retour vers Cephalon nous pris presque une journée de plus. Nous étions à cours de d’eau et de vivre depuis plus d’un jour et dûment faire une halte à nouveau dans le bouge de Grabertown comme à l’aller. Une bagarre éclata dans un des pubs entre un gang de truckers et un gang de mutants. Aussi nous ne nous attardâmes pas.
Arrivés à Cephalon, nous retrouvâmes avec bonheur notre suite à l’hôtel. La première chose qui nous vint à l’esprit fut de faire un brin de toilette idée de nous redonner une apparence humaine. J’en profitais alors pour commander quelques nourritures pour l’équipe. Nous eûmes alors l’impression de savourer un véritable moment de détente après cette éprouvante expérience.
Je souhaitais aussi volontiers changer d’hôtel. L’idée de m’attarder autant dans le même n’est jamais une bonne idée lorsque l’on est sous couverture. Idéalement nous devrions avoir une planque et au moins un autre point de replis avec du matériel de soutien. Ce qui n’était pas le cas et nous mettait donc en grave danger. Je confiais alors cette tâche à Logan mais ne me faisais pas trop d’illusion, vu la foule de pèlerins, plus aucune chambre ne devait se louer dans les environs. Parallèlement je demandais à Meredith d’aller rendre le véhicule et d’en louer un autre auprès d’une compagnie différente.
Deux jours plus tard nous étions en train d’élaborer notre prochain plan.
Par je ne sais quel miracle, Logan était parvenu à nous dénicher non pas un hôtel mais carrément un appartement dans le centre-ville. Un loft en duplex à terrasse d’une taille et d’une classe incomparable se trouvant au dernier étage d’une tour dans un quartier plutôt haut de gamme.
A peine avions-nous posés nos affaires que je ne pu m’empêcher de l’attraper à part dans un coin de la cuisine tandis que les deux autres étaient je ne sais où à l’étage.
Malgré tout le mal qu’elle s’était donnée pour trouver un tel endroit, je me devais d’être furieux après elle. Après tout j’étais son chef d’équipe et la recadrer faisait aussi partie de ma mission.
-Par le Trône, Logan, tu as perdue la tête ou quoi ? M’emportais-je. Depuis les dernières folies de Meredith tout notre budget est parti en fumée, comment comptes-tu payer tout ça ? La sermonnais-je avec fermeté.
Elle me lança alors un de ses petits sourires malicieux et pétillant et posa son index sur ma bouche avant même que je ne continue à la blâmer. Puis attrapant mon col avec force elle me tira à elle et m’embrassa langoureusement avec toute la fougue de ses dix-neuf ans en plaquant son corps contre le mien.
Elle rouvrit lentement les yeux et me sourit de son petit air d’adolescente mutine et désormais plein d’assurance. Puis elle me laissa là en plan dans le coin de la cuisine comme un imbécile et partit rejoindre les autres.
Je ne savais déjà même plus pourquoi j’étais là, ni même ce que je faisais sur cette fichue planète.
Il me fallait très vite un double Amasec, voire même deux doubles.
J’apprendrais en fait un peu plus tard par Logan que le propriétaire des lieux, un riche marchand d’esclaves d’une maison noble du nom de Bolson Glock était en déplacement pour deux semaines, pour affaire. Elle avait obtenu par je ne sais quel moyen le double du pass de sécurité de ce loft auprès du gardien. Les remords que j’avais eus initialement sur le fait d’occuper l’appartement d’un honnête citoyen impérial s’évanouirent aussitôt que je sus son métier. Les marchands de chair humaine m’ont toujours fait vomir, tout comme les maisons nobles qui profitent en toute impunité de telles pratiques bien commodes. Bien des dérives de notre société partent de telles méthodes qui ne font selon moi que favoriser les déviances. C’est donc avec un véritable plaisir que je mis la main sur sa cave personnelle, bien décidé à en faire bon usage. Et puis si par mégarde, le propriétaire des lieux avait quelques revendications à formuler à l’avenir, une enquête approfondie de l’Inquisition dans ses affaires douteuses, à coup d’Excruciator le ferait vite changer d’avis.
Tout en débouchant une bouteille d’Amasec, je me dis que finalement cette petite n’avait pas d’atout que dans son charme naturel, et cela me rassura grandement. La faculté de Logan à glaner des informations et des ressources commençait à me conforter dans l’idée que cette fille avait un véritable potentiel. Non seulement au sein de cette équipe mais assurément de l’avenir dans l’Inquisition. D’ailleurs, l’histoire me donnera raison car Logan Krynn deviendra plus tard une formidable inquisitrice, mais cela est une tout autre histoire.
Mon problème présent était plus de calmer ses hormones qui en avaient clairement après moi. Et c’était bien la dernière chose dont j’avais besoin à ce moment-là. L’Empereur m’en est témoin, je suis loin d’être un adepte de la chimiocastration, mais là j’avoue que la petite en aurait bien eu besoin pour calmer ses ardeurs. Surtout pour éviter que je ne perde complètement les pédales moi aussi.
Empereur-Dieu tout Puissant, je n’avais décidément pas un métier facile !
Bien heureusement, la joie de nous retrouver dans un tel endroit n’avait pas fait perdre certains reflexes à l’équipe de professionnels qui m’entouraient. Meredith avait neutralisé immédiatement le système de sécurité puis l’avait reprogrammée de telle sorte qu’il l’avertisse en cas d’intrusion. Pendant ce temps l’eldar s’était assuré que les lieux étaient vides de toute mauvaise surprise. En fait, en dehors d’un coffre blindé sécurisé, il trouva juste un système holopix judicieusement dissimulé dans la chambre principale à l’étage. Ce dispositif pouvait filmer l’immense lit sous tous les angles, ce qui en disait long sur les mœurs dissolues de l’habitant des lieux. Et ce que confirma l’impressionnante collection de pornopix plus qu’illégaux rangée sur les rayons de l’immense bibliothèque sur le mur d’en face. Il n’y eu heureusement pas d’autres surprises. Je demandais donc à Meredith de désactiver complètement l’holopix, ce qu’elle fit.
Afin de ne pas attirer l’attention, les stores blindés des immenses baies vitrées étaient laissés presque fermés, ne laissant passer que des raies de lumière à l’intérieur du loft. En temps normal j’aurais grandement apprécié le côté charmant des lieux mais mon devoir envers l’Imperium ne laissait pas de place pour de telles frivolités. Il fallait nous remettre au travail et vite, d’autant plus que nous avions désormais de nouvelles pistes à suivre et surtout pas de temps à perdre. L’artefact accroché à mon coup commençait à peser dans tous les sens du terme, et il était désormais de ma responsabilité de stopper le sombre rituel qui se préparait secrètement. L’idée même que des citoyens soient ainsi sacrifiés chaque jour sur l’autel des Sombres Dieux m’était intolérable et j’en avais la nausée rien que d’y penser.
Après avoir pillé avec bonheur une partie des ressources de la cuisine, nous nous installâmes confortablement dans l’immense salon du Seigneur Glock, où était accrochée toute une collection de toiles de maitres de l’école classique et commençâmes à compulser les dernières informations recueillies.
Meredith suivait la conversation tout en remontant ses armes après les avoir religieusement oint d’huiles sanctifiées et marmonnait quelques rassurantes litanies. Cela me conforta, car au moins je savais ainsi que ses armes ne failliraient pas lorsque nous en aurions besoin.
Logan finit enfin par sortir de la salle de bain, quatre heures après y être entrée. Tout juste habillée d’un trop court peignoir en soie rose, elle vint se lover dans un des canapés moelleux du salon, comme à son habitude, sauf que là elle se lova tout contre moi comme si de rien n’était et commença à picorer avec nonchalance quelques petits fours sur la table basse tout en trempant ses lèvres dans mon propre verre d’Amasec.
L’eldar, malgré son flegme et son air hautain si familier, nota mon embarras et ne put s’empêcher un très léger sourire tout en relevant un sourcil. Meredith, si elle avait notée quelque chose, n’en laissa rien paraître et fort heureusement, car je n’étais pas d’humeur pour ses traits de sarcasme qui à mon avis étaient complètement déplacés. Surtout qu’entre Logan et moi il n’y avait rien du tout. Du moins j’essayais qu’il n’y ait rien, ce qui était loin d’être gagné vu comment les choses étaient en train de tourner.
Cette dernière nota alors le grand silence qu’elle venait de provoquer, de façon toute calculée.
-Excuse-moi Joshua, mais il fallait absolument que je m’épile entièrem…
L’eldar faillit s’étrangler en avalant sa fumée et du partir de toute urgence sur la terrasse tandis que Meredith enclencha nerveusement avec un bruit sec et métallique une cellule neuve dans son pistolet au plasma. Je vis les muscles de ses mâchoires se contracter rapidement tandis qu’elle fusillait Logan d’un regard encore plus sombre que l’Œil de la Terreur lui-même.
Afin d’éviter une nouvelle crise majeure au sein de cette équipe de malheur, je me tournais donc vers l’intéressée.
-Sois gentille Logan, j’aimerais que tu ailles enfiler quelque chose de plus…de moins…comment dire ? Disons de plus fonctionnel…
-Tout ce que tu voudras…Joshua…
Elle me lança un sourire rieur, bondit sur ses longues jambes désormais épilées et fila à l’étage se changer en chantonnant.
J’avais terriblement chaud et les idées pas vraiment claires, je commençais à desserrer le col de ma chemise puis me versa un grand verre d’eau glacée que je bus d’un trait pour éviter de me le verser sur la tête.
Il me fallait de l’air frais, aussi décidais-je d’aller moi aussi sur la terrasse bien décidé à sauter du soixantième étage. Je me levais et allais m’y rendre lorsque rapide comme l’éclair, Meredith se retrouva en une fraction de seconde juste sur mon chemin, à quelque centimètres, tout contre moi, ses yeux insondables comme ceux d’un termagant rivés dans les miens.
-Je me contre-fiche que tu sautes cette fille, me lâcha-t-elle entre ses dents, mais par le Trône, ne fous pas cette mission en l’air !
Je soutins son regard désapprobateur.
-Sache pour ta gouverne, Meredith, que quand bien même il y aurait quelque chose entre Logan et moi, cela ne te concernerait en rien. Alors épargne-moi tes commentaires déplacés et laisse-moi passer, s’il te plait !
-Bien au contraire Joshua, la sécurité de cette mission me concerne au plus haut point. Et là, tu le sais tout comme moi pour connaître le protocole, une histoire de sexe en interne est une véritable source d’emmerdes. Tu es le chef d’équipe, elle est sous tes ordres putain, mais où as-tu la tête ?
Nous restâmes un instant à nous fixer du regard.
-Il n’y a rien entre Logan et moi et je…
-Arrête tes conneries et ouvre les yeux car c’est tout sauf ce que pense cette gamine, me lâcha-t-elle. Même toi tu n’as plus les idées claires. Ce n’est qu’un conseil mais tu as plutôt intérêt à recadrer cette situation et vite avant que cela ne compromette tout ton groupe.
Puis elle se retourna, attrapa ses affaires et sortit en claquant la porte.
La seule chose intelligente que je trouvais à faire, fut de vider mon verre d’Amasec et de me précipiter à l’étage pour m’envoyer en l’air avec Logan. Ce fut intense, charnel et passionné. Ce fut aussi une énorme bêtise de ma part. Logan avait de l’amour pour moi, alors que je n’avais que du désir.
Au moins je parvins à la convaincre juste après qu’il était préférable que tout ceci reste du domaine privée et que je ne souhaitais en rien que toute cette histoire ne transpire plus que cela au sein du groupe. Je lui fis comprendre aussi que ce qui venait de se passer ne devrait jamais se reproduire en mission.
Logan avait beau être encore jeune, elle n’en restait pas moins une fille intelligente. Aussi elle me promit de savoir se tenir, du moins, me le promit-elle jusqu’à la fin de cette mission.
Cela me laissait donc un peu de sursis pour essayer de gérer cette situation.
En attendant, je sortis sur la terrasse prendre un peu l’air et me mis à méditer afin d’apaiser mon esprit, le soleil me fit le plus grand bien.
Logan, en vraie rucharde qu’elle était, préféra se camper devant l’écran géant du salon, affalée dans les canapés moelleux et regarda jusqu’au soir de vieilles holo-séries complètement débiles.
L’eldar était non loin de là sur la terrasse, mystérieux et silencieux, comme à son habitude à fumer sa pipe. Nul doute que ce maudit xenos était lui aussi au courant. Au moins, eut-il la bonne idée de ne pas venir m’en parler.
Meredith rentra à la tombée du soir. Elle avait réussi à glaner des informations capitales même si cela n’était à la base pas notre objectif principal, du moins je lui avais confié une petite mission dès le matin. Grâce à ses talents de véritable experte de l’infiltration, elle était parvenue à s’introduire dans les locaux d’une annexe administrative du Magistratum.
Initialement, je lui avais demandé de voir si les Forces Spéciales de Sécurité – les Forces de l’Ordre locales - avaient des informations sur nous. Ce qui pouvait s’avérer fort utile, car si ils connaissaient tout de nos activités, il allait falloir agir en conséquence.
Elle ne trouva heureusement rien dans ce sens, par contre, elle récupéra une copie de documents officiels sur certaines personnes, ce qui changea subitement la donne. Meredith était assez fière d’elle et je n’hésitais pas à la féliciter. Elle me lança un regard dur mais ne fit aucune autre allusion. L’affaire était donc close.
Nous nous retrouvâmes dans le salon pour faire le point. Logan prit un fauteuil à part et cela me soulagea.
En dehors de l’eldar pour qui les noms n’évoquaient rien, Nous n’en croyions pas ses yeux.
-Qui sont ces gens qui semblent vous rendre si fébriles ? Me demanda finalement Sial en reposant les documents sur une des tables basses du salon.
Je me servis une nouvelle rasade d’Amasec millésimé, un cru de 915, donc plus de quatre-vingt ans d’âge à en juger par le sceau apposé sur le col. La bouteille devait valoir plus que mon salaire annuel et cela me réconforta.
-Viktor Van Kwyst, Jubaï Ashibaru, Fergus Malone et Liath d’Urcaal. Lui annonçais-je fièrement.
L’eldar leva un sourcil alors qu’il rallumait sa pipe.
-Il s’agit de l’équipe Alpha, celle qui a été envoyée ici avant nous, lui répondis-je. Et nous savons désormais où ils se trouvent.
Sial exhala une longue bouffée de fumée bleutée et parfumée avant de répondre.
-Je vois qu’ils sont retenus prisonniers du Magistratum. Tu envisages donc de les libérer ?
-Absolument, lui répondis-je avec sérieux. Si nous voulons avoir des chances de contrecarrer les plans des hérétiques et empêcher l’invocation de leur entité, il va nous falloir tous les alliés dont nous pouvons disposer. Et eux en font partie.
-N’est-ce pas risqué Joshua ? me lança alors Logan.
Elle avait trouvé seul l’Empereur sait où dans ce loft un étui en métal précieux contenant de très longues et très fines barrettes de lho avec filtres en soie et roulées dans un papier de luxe hors de prix. Elle s’en alluma une et sembla savourer pleinement sa saveur épicée en fermant les yeux. Je me pris à penser que j’ignorais totalement qu’elle fumait.
Devant le regard interrogateur qu’elle affichait, je lui bredouillais une vague réponse.
-Pour…Pourquoi risqué ?
Elle tira de nouveau sur sa barrette avant de répondre en soufflant sa fumée.
-Nous ignorons totalement ce qui a bien pu leur arriver depuis leur capture. Il est fort à parier que les agents du Magistratum sont corrompus et à la solde des hérétiques. Nous ne savons donc pas ce qu’ils ont pu leur faire tant psychiquement que mentalement. Crois-tu qu’il soit vraiment judicieux Joshua, de les laisser sortir sans nous être assurés au préalable de leur état ?
-C’est finement raisonné, lui répondis-je avec sincérité. Cependant, vois-tu, je suis prêt à prendre le risque. Je connais bien Liath et Viktor. Ils ne sont pas du genre à se faire briser aussi facilement. Et puis ce sont des collègues et de vieux amis, il m’est insupportable de les savoir un jour de plus entre les mains de ces dégénérés.
-Moi qui ne les connais pas, me lâcha l’eldar de sa voix chantante, si je dois participer à leur libération, peux-tu me dire qui sont-ils ?
Je pris chacun des dossiers et les lui présenta rapidement.
-Viktor Van Kwyst, la belle gueule du groupe. Un ruchard qui a su monter et prouver sa valeur au sein de l’Inquisition. Je ne pu m’empêcher de lancer un petit regard à Logan qui se mit aussitôt à rougir en me souriant. C’est un interrogateur comme moi et nous avons le même âge. Nous avons servi sous les ordres du même Inquisiteur pendant nos années de noviciat en tant que jeunes acolytes. C’est un exalté et un passionné. Sa foi indéfectible dans le Credo, la maitrise de ses deux pistolets Hecuter et son grand charisme en font un vrai atout de confiance au sein d’une équipe.
Je l’ignorais à l’époque mais Viktor deviendra Inquisiteur presque en même temps que moi quelques années plus tard. Malheureusement ses choix politiques et ses idées un peu trop bornées le perdront. C’est encore une perte amère à l’heure actuelle quand j’y repense, car Viktor et moi partagions une véritable amitié.
Je sortis le dossier du deuxième acolyte.
-Jubaï Ashibaru, un ancien garde impérial issu d’un monde sauvage. La peau halée, le crâne rasé couvert de tatouages tribaux avec juste une longue natte à l’arrière de la tête. Ses yeux ont été remplacés par des augmentiques suite à une blessure lors d’une précédente mission. Un solide gaillard à l’humour noir plutôt décalé et se battant presque exclusivement avec deux sabres monomoléculaires.
Je crois ne l’avoir vu qu’une seule fois se servir d’une arme laser, et plutôt bien d’ailleurs. Mais visiblement ce n’était pas son truc.
Il aura lui aussi une bien triste fin quelques années plus tard. Je présentais alors le troisième type.
-Lui c’est Fergus Malone, un ancien pilote des FDP de je ne sais plus quel monde. Un as de la voltige, il a été pilote de Valkyrie, de Vulture et de Chasseur Lightning. C’est aussi un vrai débrouillard qui est capable de dénicher tout et n’importe quoi au cours d’une mission. Très à l’aise avec la technologie, c’est aussi un véritable expert en armes à feu. Je crois me rappeler qu’il fait des miracles avec n’importe quel flingue entre les mains.
D’après ce que j’en sais aujourd’hui, il me semble que Malone soit désormais un interrogateur très prometteur au sein de la suite de l’Inquisitrice Lady Cassandra de Ratisbonne. Par contre, je ne sais ce qui a poussé ce touche-à-tout à se fourvoyer avec cette sale garce prétentieuse.
Je gardais donc le meilleur pour la fin :
-Et enfin Liath d’Urcaal. Jeune interrogatrice elle aussi, issue d’une noblesse déchue de ruche. Sa famille périt intégralement suite à une sombre vendetta peu de temps avant qu’elle n’intègre l’Inquisition. C’est la plus jeune de l’équipe et pourtant c’est elle le chef de ce groupe. C’est une fille brillante, possédant des connaissances approfondies dans tous les domaines. De plus elle a l’esprit vif et a su prouver qu’elle avait de vrais talents d’investigation. Liath est un excellent chef de groupe et une épéiste hors pair. Pour avoir déjà servi avec elle en mission, je peux vous assurer qu’elle sait faire du bon boulot. Si elle et son équipe se sont fait avoir, je peux vous garantir qu’elle n’y est pour rien.
Je leur épargnais alors le fait qu’elle et Viktor avaient une liaison depuis quelques années. Même si Weiss était contre cette idée, je sais qu’il la tolérait et avait préféré fermer les yeux sur ce point. Liath était certes parfois insolente, voire même un poil décadente et plus que délurée comme toute les petites noblionnes de son espèce, mais elle en demeurait non moins un excellent élément qui aurait pu devenir une brillante inquisitrice.
Je dis bien aurait pu, car j’apprendrais quelques années plus tard, peu de temps avant que Viktor ne décède alors qu’il traquait la dangereuse radicale qu’elle était devenue, que c’est Liath qui avait elle-même commandité l’assassinat de sa propre famille alors qu’elle n’avait pas dix-huit ans. Son père, sa mère, ses frères et sœurs périrent en une nuit sur son ordre. La noble lignée à laquelle elle appartenait disparut alors, la laissait seule à la tête de leur immense fortune.
J’avoue alors que si j’avais su cela à l’époque, je l’aurais sans problème laissé croupir au fond du cachot où elle se trouvait actuellement plutôt que de chercher à planifier son évasion…
Ruche de Cephalon - 692.998M41
Quartier des Techno-Guildes, Sous-Precinct du Commercia IX
Trouver l’Entrepôt d’Ivan Cornelius ne fut pas compliqué pour une experte comme Meredith. Même si quelques bakchichs ouvraient toujours les portes souhaitées lorsqu’on cherchait à traiter avec des gens comme lui, la prudence était toujours de mise.
Meredith avait aussi ses propres sources pour de tels besoins.
Ivan le Rouge comme on l’appelait dans le milieu était un fournisseur, mais pas n’importe lequel. Il était le fournisseur sur Karis Cephalon. Son surnom lui venait d’une blessure qu’il aimait afficher sur son visage. Une cruelle trace de brûlure laissée par l’explosion d’une charge au plasma alors qu’il servait dans la garde il y a des années de cela.
Ivan le Rouge n’était pas seulement un vendeur d’armes et d’explosifs pour le marché parallèle, il était dit qu’il était capable de fournir n’importe qu’elle type de service, du moment qu’on y mettait le prix. Des Inquisiteurs comme Kessel ou Lichtenstein faisaient aussi partie de son carnet d’adresse. Une raison sans doute pour laquelle Ivan et ses hommes semblaient ne pas être affectés par le mal ambiant.
Huit de ses hommes étaient disposés de façon stratégique dans les angles de la partie de l’entrepôt qui servait de comptoir commercial. Quatre autres étaient dissimilés en couverture depuis des points hauts. Ils étaient tous bien armés et visiblement entrainés à toute éventualité. Meredith, fidèle à son instinct de tueuse avait noté mentalement l’emplacement de chacun d’eux. Même ceux qui étaient dans son dos. Elle avait évalué les angles de tirs, les portées des armes, les caractéristiques de ces dernières et estima qu’il lui faudrait tout de même neuf secondes pour tous les éliminer.
Elle déposa trois épaisses liasses de billets sur le comptoir et ouvrit la mallette qu’un des hommes d’Ivan lui tendit. Les charges à fusion portaient encore les numéros de série flambant neuf du Munitorum, les litanies de protection et les runes d’avertissement du Mechanicum peints en jaune sur leurs coques.
Elle referma le couvercle de la mallette avec satisfaction mais n’en montra rien. Un des hommes d’Ivan terminait de compter l’argent puis lui fit un signe de tête. Ivan claqua des doigts en lui faisant signe d’emmener les billets.
-Content comme à chaque fois d’avoir pu vous rendre service, dit-il à l’attention de Meredith. Autre chose vous ferait plaisir ?
Meredith sortit d’une de ses poches la broche de stockage miniaturisée contenant les informations recueillies chez Zokthan Zeunct et la posa sur le comptoir.
- J’aimerais pouvoir décoder ce qui se trouve sur ce support de données.
Ivan se pencha sur l’objet. Un magnoculaire bourdonna en cliquetant depuis le côté de sa tête et vint se positionner devant son œil droit encore valide. Les focales s’ajustèrent en ronronnant doucement pendant qu’il auscultait l’étrange appareil miniature. Il allait s’en saisit d’une main gantée lorsque Meredith lui déroba l’objet avec une rare vivacité. Il se redressa.
-Ma chère, une simple tablette de données ou un cogitateur devrait sans peine vous permettre de lire ce que contient cette broche, même si il s’agit là d’un modèle très...
- Oui ou non avez-vous de quoi décoder des données ? Lui répéta-t-elle. Je n’ai pas toute ma journée.
Ivan la toisa un instant.
-C’est du matériel très spécial que vous avez là…Rien n’est impossible, mais cela va demander des moyens. Il demanda qu’on lui fasse venir un de ses hommes. Ce dernier approcha au bout de quelques instants en bourdonnant, comme flottant au dessus du sol. A en juger par ses robes et ses nombreux implants, il s’agissait là d’un adepte du Mechanicum.
Il analysa religieusement et fébrilement l’objet que Meredith lui tendit à la manière d’un Ecclésiaste manipulant une sainte relique. Un de ses mécadendrites se déroula de derrière sa nuque et vint de brancher sur l’unité de stockage. Depuis un des pans de sa robe il sortit une tablette de données et plusieurs de ses doigts bioniques s’y connectèrent. Ses augmentiques oculaires commencèrent à clignoter rapidement tandis que de son implant vox se diffusait une série de sons électroniques stridents. L’adepte resta ainsi, figé à clignoter et à émettre des sons inintelligibles pour tout être humain normal. Cela dura vingt bonnes minutes pendant lesquelles Meredith faillit perdre patience.
Un bruit de ronronnement qui se mit à décroitre puis plusieurs sifflements et de la fumée s’échappa des évents de ventilation de l’Adepte. Ses lentilles optiques reprirent leur teinte normale d’un vert luminescent et il se remit en mouvement. Posant la broche et la tablette de données sur le comptoir, il dit au travers de son implant vox :
+++ Mode de cryptage déverrouillé. Louons l’Omniméssie, les données déchiffrées sont à présent sur la tablette de données. +++
Puis il se mit à psalmodier en Techna Linguis une sorte de pépiement électronique tout en sautillant sur place.
Ne prêtant pas attention aux salamalecs du technoprêtre, Meredith se saisit de la broche qu’elle remit dans sa poche où se trouvait déjà un holodisque miniature, puis prit la tablette et l’activa. L’écran rétro-éclairé vibra doucement et les données se mirent à y défiler en bas-gothique. Elle éteignit l’écran satisfaite puis rangea la tablette dans sa veste. Ivan lui faisait un grand sourire malgré son visage ravagé. De sa main gantée, il montra ses cinq doigts. Meredith déposa une nouvelle liasse de cinq mille crédits puis sortit de l’entrepôt. Elle avait du pain sur la planche.
Ruche de Cephalon – Vingt minutes plus tôt.
Notre expédition à Tercerus Magna nous avait permis de récupérer l’artefact tant convoité par Anthérax, mais cela nous avait aussi fait perdre un temps précieux. Voilà désormais treize jours standards que nous étions sur ce monde, ce qui signifiait que cela en faisait maintenant huit que la célébration était terminée.
J’avais tout d’abord redouté que les hérétiques aient mis un terme à leur complot et réussis à invoquer leur entité bicéphale aux pouvoirs infernaux. Ou quelque chose dans ce goût-là.
En réalité, nous apprîmes assez tôt qu’une part des célébrations avait du été reportée pour des raisons de préparatifs. Et pour cause, pensais-je avec un sourire. Si Anthérax et ses séides avaient besoin de l’artefact qui était désormais en ma possession pour mener leur projet à exécution, ils allaient devoir reporter leur petite fête un bon moment.
Mon sourire s’évanouie rapidement en réalisant que ma situation n’était peut-être pas si enviable que cela si ils venaient à retrouver ma trace.
De plus, nombre de pèlerins avaient alors décidé de prolonger leur séjour dans la ville et ses environs. L’absence totale de contestation de leur part et leur attitude béate ne ressemblait en rien à une foule mécontente et frustrée de ne pouvoir assister à une cérémonie d’une telle ampleur. J’avais déjà été témoin un jour dans la ruche Trazior de Necromunda d’une émeute de fidèles en colère suite à un miracle qui tardait à venir. Il avait fallu l’intervention musclée des arbitrators pour réprimer les ardeurs de la foule. Les combats urbains avaient durées quatre jours et quatre nuits et cela s’était soldé par un véritable bain de sang.
En tout cas, par une vile magie et l’usage de drogues impies diffusées par les hérétiques infiltrés dans la ville de Cephalon, les gens arrivés ici ne pouvaient plus partir. Ils attendaient avec passion le prochain évènement et cela n’était pas pour me rassurer.
Tout ce calme apparent n’aidait pas. Je savais qu’il se tramait quelque chose et que cela allait arriver rapidement. Les hérétiques ayant perdu suffisamment de temps sur leur préparatif, devaient être passés à la vitesse supérieure de leur plan. Je le sentais dans l’air et Logan le sentait aussi. Le Chaos étendait son voile opaque et déliquescent sur ce monde. Tout n’était désormais plus qu’une question de temps avant que l’orage n’éclate.
Une partie des visions que j’avais eues avec les shamans ces derniers jours m’était revenue. D’autres zones restaient encore floues mais j’avais désormais le sentiment d’avoir un rôle à jouer. Cet artefact n’avait pas atterri entre mes mains par hasard. Je savais que je devais à présent l’emmener avec moi afin de la mettre en lieu sûr et ce que cette vision avait révélé était un lieu où je devais me rendre. Pour quelle raison ? Je n’en avais pas encore la moindre idée. Pourtant je savais que c’était la seule chose à faire…
Aussi, profitant du bref répit qui nous restait, je décidais sans tarder de mettre nos prochains plans à exécution.
Pour cette mission nous avions misé avant tout sur l’élément de surprise et la furtivité. Je m’étais occupé de régler les différents points de notre opération, à savoir nous infiltrer dans la Forteresse de Justice du Departmento Magistratum du District. Je laissais naturellement Meredith se charger des détails plutôt techniques et prévoir la diversion.
Comme de toute façon, assez rapidement dans ce genre de situation, la discrétion est vite éventée, au point que votre plan d’origine ne sert plus à rien, j’avais laissé le soin à Meredith de prévoir aussi un plan B. Elle avait alors pris ses armes et était sorti pour s’en charger.
Je consultais la chronomontre accrochée à ma veste. Il était un peu plus de vingt-deux heures. Dans plus de quatre heures, nous passerions à l’attaque, il était donc temps pour moi de sortir et de prévenir Sial.
Logan m’appela alors depuis l’étage.
Je montais la rejoindre tranquillement tout en parcourant une tablette de données sur le Magistratum et me dirigea vers la chambre. Logan apparu alors, sortant prestement du dressing. Une montagne de vêtements féminins plutôt coquins et appartenant visiblement au maitre des lieux était éparse sur le lit et sur l’épaisse moquette autour d’elle.
Logan était juste vêtue d’une petite culotte et d’un soutien-gorge en lingerie bleue rehaussée de dentelle blanche. L’ensemble arborait fièrement le symbole des Ultramarines.
Je faillis bien m’étouffer d’un rire nerveux rien qu’en pensant à la tête qu’aurait fait une de ces machines à tuer préprogrammées en la voyant ainsi porter leurs couleurs de façon aussi blasphématoire.
Sans ce ridicule ensemble, je la trouvais absolument magnifique.
Logan avait l’air contrarié et ne riait pas. Elle tenait l’enregistreur holopix dans une de ses mains. Le fameux enregistreur qui filmait le lit de cette chambre.
-C’est toi qui t’en ai servi lorsque nous étions…je veux dire tout à l’heure…toi et moi… ? Me dit-elle en agitant la main pour désigner le lit avec un regard à mi chemin entre la colère et la déception.
Mon rire s’évanouit aussitôt voyant qu’elle avait un air très sérieux.
-Je…mais bien sûr que non, voyons ! J’ai même demandé à Meredith de couper ce système, je…
-Et bien l’enregistreur a fonctionné et l’holodisque n’y est plus.
-Tu es sûre de toi ? Je veux dire…cette science est assez particulière…
Logan prit alors une pose déhanchée, posant ses deux poings de chaque côté et me renvoya un regard dur encadré par sa longue chevelure sombre qui cascadait autour de sa délicieuse mou. Sa colère faisait ressortir ses petites tâches de rousseur et ses yeux couleur azur qui se mariaient si bien avec son ensemble. J’avais beaucoup de mal à rester concentré et d’humeur sérieuse.
-Je viens d’une ruche je te signale, Joshua, pas d’un monde de ploucs…Si je te dis que ce truc à fonctionné, c’est que c’est vrai, en plus j’ai sondé l’esprit qui est en lui pour en être sûr…
-Oh…tu peux aussi faire ça...Et tu n’as pas vu ce qui s’est passé ?
-Non… Sinon je te demanderais pas…
Je réfléchis un instant.
-Bon, habille-toi, on doit sortir. En attendant je vais régler ça, il n’y avait qu’une personne aujourd’hui avec nous.
Je descendis les escaliers quatre à quatre et sortis sur la terrasse. Sial était là assis dans l’obscurité à fumer sa pipe tout en observant le ciel étoilé.
Je m’assis à côté de lui.
-Je sais que c’est toi pour l’enregistreur. Personnellement je m’en fiche un peu, mais le fait que cela ait blessé Logan me…
Sial m’interrompit aussitôt d’un geste de la main.
-De quoi parles-tu, là ? J’ai du mal à saisir…
Je le dévisageais alors mais le visage de ce maudit xenos était aussi inexpressif que celui d’un Nécron.
-L’enregistreur, là-haut dans la chambre, tu sais de quoi je parle ?
L’eldar se recala dans son fauteuil et tira de nouveau sur sa pipe. Il prit alors tout son temps pour répondre.
-J’ai traversé la moitié de cette galaxie, crois-tu sincèrement que ceux qui m’envoient ici le feraient juste…dans l’intention de collecter des informations sur ta vie intime ?
-Et pourquoi pas ? Les xenos ont bien d’étranges manies, de plus certains de tes semblables sont bien des pervers de la pire espèce.
Sial souffla lentement la fumée de sa pipe, presque amusé par tant de naïveté. Si la cruelle allusion avaient pu le blesser il n’en montra rien.
-Nos sombres cousins sont aux eldars ce que vos hérétiques sont à votre Imperium. Des ennemis fratricides.
Quant au fait que tu sois aussi vite persuadé de ma culpabilité sur de telles futilités, cela m’est totalement égal. La vérité est devant tes yeux, elle cache une plus grande menace et tu ne la vois même pas.
-Que veux-tu dire ?
-C’est toi l’apprenti inquisiteur, non ? A toi de savoir faire la part des choses.
Je restais silencieux un instant à scruter les étoiles moi aussi, repensant soudain aux visions que Népeese, la petite chamane m’avait fait partager.
J’ignorais encore à l’époque ce que ce vieux renard de Weiss, mon maitre, avait en tête lorsqu’il décida que je fasse équipe avec Sial. Mais avec ce rêve prophétique j’avais désormais conscience que nos destins était étroitement liés, au même titre que nos deux races si différentes allaient devoir se lier face au même ennemi dans très peu de temps et bien loin d’ici. De cette alliance naitrait quelque chose d’insoupçonné jusque là. Il y a encore quelques semaines, cela m’aurait paru d’une grande absurdité, à la limite même du sacrilège. A présent, je commençais à entrevoir un début de réponse à un autre futur. Cela était extrêmement troublant. Sial, marchant auprès de ses dieux, protégeant les secrets les plus sombres et les mieux gardés de sa race. Il me faudra encore bien des années avant de comprendre ce que cela signifiait vraiment.
-Dans ce cas, n’en parlons plus. Je dois aller quelque part et il va falloir que tu m’accompagnes avec Logan, lui dis-je alors en me levant.
Sial vida sa pipe en la tapotant sur la balustrade de la terrasse puis me suivit sans un mot.
Vingt-cinq minutes plus tard, je stoppai le moteur de la vieille berline que nous avions loué la veille. D’après les indications que j’avais eues de mes visions nous nous trouvions à une quinzaine de kilomètres de la ville, au-delà des Faubourgs de Fer et des anciennes Manufactoria. L’endroit était une petite colline du nom de Mont de l’Errance, une zone déserte faiblement éclairée par la pâleur nocturne du ciel couleur rouille. Au sommet se trouvaient les ruines d’un ancien petit templum.
Nous décidâmes d’aller inspecter les lieux. J’avais mon pistolet bolter en main tenu prêt à toute éventualité. Sial et Logan se déployèrent à la recherche de la moindre trace. Au bout de quelques minutes nous réalisâmes que nous étions bel et bien seuls.
-Il n’y a personne et rien d’autres que quelques vieilles ruines, me lança alors Logan en baillant. On fait quoi maintenant ?
-Je n’en ai pas la moindre idée, j’espérai le découvrir en venant ici. Lui répondis-je.
Ce fût Sial qui attira mon attention. Il nous fit un signe de la main et s’accroupit à proximité d’un vieux mur à demi écroulé, nous en fîmes de même. Quelque chose avait changé dans l’air autour de nous, je le sentis et Logan aussi. Une sorte de souffle éthéré véhiculant de l’électricité statique et une odeur de sucre fondu.
Nous tenions alors nos armes prêtes, bien conscients que de la magie était à l’œuvre.
Un flash de lumière puis de longues silhouettes entièrement floutées émergèrent du néant à grandes et souples enjambées.
Les yeux de Logan se retournèrent puis elle s’évanouit glissant au sol contre le mur décrépi. J’allais bouger mais réalisais alors que mon corps était fermement maintenu dans une sorte d’étreinte. Tous mes membres étaient totalement paralysés. J’allais crier mais même ma voix ne put franchir la bulle de force dans laquelle je me trouvais. Sorte d’enveloppe hermétique d’une puissance incroyable. Même mes sorts étaient désormais impuissants. J’étais à la merci de nos assaillants, bien conscient d’avoir largement supposé de mes forces. Me maudissant intérieurement c’est alors sans surprise, que la chaine qui retenait l’artefact autour de mon cou se brisa et que l’objet fila jusqu’à un des personnages à une dizaine de mètres de là qui l’attrapa au vol, avec grâce et d’une seule main.
Le champ ou bien le sort de brouillage visuel autour d’eux s’estompa et je fus alors frappé de stupeur.
Des eldars.
A côté de moi Sial tomba à genoux en baissant la tête. Je notais intérieurement que si je devais m’en sortir, je l’abattrai personnellement.
A en jugé par ce que je connaissais un peu de cette étrange race, il devait s’agir là d’un groupe de leurs sorciers de bataille. Des psykers redoutables aux fourbes sortilèges comme je venais malheureusement de m’en rendre compte. Celui qui tenait l’artefact abaissa la capuche de sa longue tenue. Il portait une sorte de casque dont la visière était un miroir qui ne reflétait rien. Il tourna alors lentement sa tête vers moi. Et là une image se forma dans le miroir de son masque. Je la reconnu alors pour l’avoir déjà vu : Ce visage masqué était celui parmi les chamanes qui se faisait appeler le Marcheur.
Ce fut aussi la dernière chose que je vis car je m’évanouis juste à ce moment-là.
Une voix m’appelait comme dans un rêve. Cela dura un moment et commença finalement à m’agacer. Au point que je m’éveillais en sursaut. Il faisait toujours nuit et ces salopards de xenos étaient partis. Logan était devant moi, elle me souriait, mais je n’eus pas l’occasion de profiter de ce charmant spectacle. La rage bouillonnait en moi, aussi je l’écartais sans trop de ménagement, dégaina mon pistolet bolter et d’un bond me rua sur Sial qui était non loin de là, assit sur un des murets de pierres, la tête entre les mains.
J’étais parti pour le frapper à la tête et l’abattre comme un chien quand il releva son visage vers moi. Logan courait derrière moi en criant de ne pas faire ça. J’abatis mon poing de toutes mes forces sur son visage, il ne chercha même pas à l’esquiver alors qu’il percuta lourdement le sol de pierre. J’hurlais à plein poumons toutes les pires injures à son encontre, le frappant à coup de bottes tout en libérant le cran de sureté de mon arme j’allais tirer au moment même au Logan se jeta sur moi pour s’interposer les yeux exorbitées en hurlant un non de toutes ses forces.
-Pour l’amour du Trône, Joshua, non !
L’eldar se relevait péniblement, du sang coulait en longs filets gluants de sa bouche et de sa lèvre fendue. Il se releva et s’essuya sur sa manche. Logan tenait toujours mon arme et faisait tout son possible pour me retenir.
-J’avais enfin confiance en toi, sale fils de pute, donne-moi une seule bonne raison pour que je ne t’abatte pas, là tout de suite, lui hurlais-je alors.
Sial répondit alors d’une voix calme et posée.
-Cette prophétie est la tienne, Joshua…pas la mienne. Tu n’es qu’un messager… L’artefact n’était plus en sécurité sur ce monde, les miens ont alors pris la liberté d’agir, jugeant que c’était cela la priorité.
Mon vox vibra alors telle une intervention divine venant le sortir de là. C’était Meredith. Comme intervention divine, il aurait pu trouver mieux, pensais-je alors.
-Oui ?
-Tu es en vie ? Vous êtes où ? Me dit-elle d’une voix nerveuse où je sentais presque de l’affolement. Ce qui était rare chez cette fille.
-En dehors de la ville, pourquoi ?
-Une chance pour vous. Un attentat à la bombe vient de souffler le loft que nous occupions.
Faire le retour vers Cephalon nous pris presque une journée de plus. Nous étions à cours de d’eau et de vivre depuis plus d’un jour et dûment faire une halte à nouveau dans le bouge de Grabertown comme à l’aller. Une bagarre éclata dans un des pubs entre un gang de truckers et un gang de mutants. Aussi nous ne nous attardâmes pas.
Arrivés à Cephalon, nous retrouvâmes avec bonheur notre suite à l’hôtel. La première chose qui nous vint à l’esprit fut de faire un brin de toilette idée de nous redonner une apparence humaine. J’en profitais alors pour commander quelques nourritures pour l’équipe. Nous eûmes alors l’impression de savourer un véritable moment de détente après cette éprouvante expérience.
Je souhaitais aussi volontiers changer d’hôtel. L’idée de m’attarder autant dans le même n’est jamais une bonne idée lorsque l’on est sous couverture. Idéalement nous devrions avoir une planque et au moins un autre point de replis avec du matériel de soutien. Ce qui n’était pas le cas et nous mettait donc en grave danger. Je confiais alors cette tâche à Logan mais ne me faisais pas trop d’illusion, vu la foule de pèlerins, plus aucune chambre ne devait se louer dans les environs. Parallèlement je demandais à Meredith d’aller rendre le véhicule et d’en louer un autre auprès d’une compagnie différente.
Deux jours plus tard nous étions en train d’élaborer notre prochain plan.
Par je ne sais quel miracle, Logan était parvenu à nous dénicher non pas un hôtel mais carrément un appartement dans le centre-ville. Un loft en duplex à terrasse d’une taille et d’une classe incomparable se trouvant au dernier étage d’une tour dans un quartier plutôt haut de gamme.
A peine avions-nous posés nos affaires que je ne pu m’empêcher de l’attraper à part dans un coin de la cuisine tandis que les deux autres étaient je ne sais où à l’étage.
Malgré tout le mal qu’elle s’était donnée pour trouver un tel endroit, je me devais d’être furieux après elle. Après tout j’étais son chef d’équipe et la recadrer faisait aussi partie de ma mission.
-Par le Trône, Logan, tu as perdue la tête ou quoi ? M’emportais-je. Depuis les dernières folies de Meredith tout notre budget est parti en fumée, comment comptes-tu payer tout ça ? La sermonnais-je avec fermeté.
Elle me lança alors un de ses petits sourires malicieux et pétillant et posa son index sur ma bouche avant même que je ne continue à la blâmer. Puis attrapant mon col avec force elle me tira à elle et m’embrassa langoureusement avec toute la fougue de ses dix-neuf ans en plaquant son corps contre le mien.
Elle rouvrit lentement les yeux et me sourit de son petit air d’adolescente mutine et désormais plein d’assurance. Puis elle me laissa là en plan dans le coin de la cuisine comme un imbécile et partit rejoindre les autres.
Je ne savais déjà même plus pourquoi j’étais là, ni même ce que je faisais sur cette fichue planète.
Il me fallait très vite un double Amasec, voire même deux doubles.
J’apprendrais en fait un peu plus tard par Logan que le propriétaire des lieux, un riche marchand d’esclaves d’une maison noble du nom de Bolson Glock était en déplacement pour deux semaines, pour affaire. Elle avait obtenu par je ne sais quel moyen le double du pass de sécurité de ce loft auprès du gardien. Les remords que j’avais eus initialement sur le fait d’occuper l’appartement d’un honnête citoyen impérial s’évanouirent aussitôt que je sus son métier. Les marchands de chair humaine m’ont toujours fait vomir, tout comme les maisons nobles qui profitent en toute impunité de telles pratiques bien commodes. Bien des dérives de notre société partent de telles méthodes qui ne font selon moi que favoriser les déviances. C’est donc avec un véritable plaisir que je mis la main sur sa cave personnelle, bien décidé à en faire bon usage. Et puis si par mégarde, le propriétaire des lieux avait quelques revendications à formuler à l’avenir, une enquête approfondie de l’Inquisition dans ses affaires douteuses, à coup d’Excruciator le ferait vite changer d’avis.
Tout en débouchant une bouteille d’Amasec, je me dis que finalement cette petite n’avait pas d’atout que dans son charme naturel, et cela me rassura grandement. La faculté de Logan à glaner des informations et des ressources commençait à me conforter dans l’idée que cette fille avait un véritable potentiel. Non seulement au sein de cette équipe mais assurément de l’avenir dans l’Inquisition. D’ailleurs, l’histoire me donnera raison car Logan Krynn deviendra plus tard une formidable inquisitrice, mais cela est une tout autre histoire.
Mon problème présent était plus de calmer ses hormones qui en avaient clairement après moi. Et c’était bien la dernière chose dont j’avais besoin à ce moment-là. L’Empereur m’en est témoin, je suis loin d’être un adepte de la chimiocastration, mais là j’avoue que la petite en aurait bien eu besoin pour calmer ses ardeurs. Surtout pour éviter que je ne perde complètement les pédales moi aussi.
Empereur-Dieu tout Puissant, je n’avais décidément pas un métier facile !
Bien heureusement, la joie de nous retrouver dans un tel endroit n’avait pas fait perdre certains reflexes à l’équipe de professionnels qui m’entouraient. Meredith avait neutralisé immédiatement le système de sécurité puis l’avait reprogrammée de telle sorte qu’il l’avertisse en cas d’intrusion. Pendant ce temps l’eldar s’était assuré que les lieux étaient vides de toute mauvaise surprise. En fait, en dehors d’un coffre blindé sécurisé, il trouva juste un système holopix judicieusement dissimulé dans la chambre principale à l’étage. Ce dispositif pouvait filmer l’immense lit sous tous les angles, ce qui en disait long sur les mœurs dissolues de l’habitant des lieux. Et ce que confirma l’impressionnante collection de pornopix plus qu’illégaux rangée sur les rayons de l’immense bibliothèque sur le mur d’en face. Il n’y eu heureusement pas d’autres surprises. Je demandais donc à Meredith de désactiver complètement l’holopix, ce qu’elle fit.
Afin de ne pas attirer l’attention, les stores blindés des immenses baies vitrées étaient laissés presque fermés, ne laissant passer que des raies de lumière à l’intérieur du loft. En temps normal j’aurais grandement apprécié le côté charmant des lieux mais mon devoir envers l’Imperium ne laissait pas de place pour de telles frivolités. Il fallait nous remettre au travail et vite, d’autant plus que nous avions désormais de nouvelles pistes à suivre et surtout pas de temps à perdre. L’artefact accroché à mon coup commençait à peser dans tous les sens du terme, et il était désormais de ma responsabilité de stopper le sombre rituel qui se préparait secrètement. L’idée même que des citoyens soient ainsi sacrifiés chaque jour sur l’autel des Sombres Dieux m’était intolérable et j’en avais la nausée rien que d’y penser.
Après avoir pillé avec bonheur une partie des ressources de la cuisine, nous nous installâmes confortablement dans l’immense salon du Seigneur Glock, où était accrochée toute une collection de toiles de maitres de l’école classique et commençâmes à compulser les dernières informations recueillies.
Meredith suivait la conversation tout en remontant ses armes après les avoir religieusement oint d’huiles sanctifiées et marmonnait quelques rassurantes litanies. Cela me conforta, car au moins je savais ainsi que ses armes ne failliraient pas lorsque nous en aurions besoin.
Logan finit enfin par sortir de la salle de bain, quatre heures après y être entrée. Tout juste habillée d’un trop court peignoir en soie rose, elle vint se lover dans un des canapés moelleux du salon, comme à son habitude, sauf que là elle se lova tout contre moi comme si de rien n’était et commença à picorer avec nonchalance quelques petits fours sur la table basse tout en trempant ses lèvres dans mon propre verre d’Amasec.
L’eldar, malgré son flegme et son air hautain si familier, nota mon embarras et ne put s’empêcher un très léger sourire tout en relevant un sourcil. Meredith, si elle avait notée quelque chose, n’en laissa rien paraître et fort heureusement, car je n’étais pas d’humeur pour ses traits de sarcasme qui à mon avis étaient complètement déplacés. Surtout qu’entre Logan et moi il n’y avait rien du tout. Du moins j’essayais qu’il n’y ait rien, ce qui était loin d’être gagné vu comment les choses étaient en train de tourner.
Cette dernière nota alors le grand silence qu’elle venait de provoquer, de façon toute calculée.
-Excuse-moi Joshua, mais il fallait absolument que je m’épile entièrem…
L’eldar faillit s’étrangler en avalant sa fumée et du partir de toute urgence sur la terrasse tandis que Meredith enclencha nerveusement avec un bruit sec et métallique une cellule neuve dans son pistolet au plasma. Je vis les muscles de ses mâchoires se contracter rapidement tandis qu’elle fusillait Logan d’un regard encore plus sombre que l’Œil de la Terreur lui-même.
Afin d’éviter une nouvelle crise majeure au sein de cette équipe de malheur, je me tournais donc vers l’intéressée.
-Sois gentille Logan, j’aimerais que tu ailles enfiler quelque chose de plus…de moins…comment dire ? Disons de plus fonctionnel…
-Tout ce que tu voudras…Joshua…
Elle me lança un sourire rieur, bondit sur ses longues jambes désormais épilées et fila à l’étage se changer en chantonnant.
J’avais terriblement chaud et les idées pas vraiment claires, je commençais à desserrer le col de ma chemise puis me versa un grand verre d’eau glacée que je bus d’un trait pour éviter de me le verser sur la tête.
Il me fallait de l’air frais, aussi décidais-je d’aller moi aussi sur la terrasse bien décidé à sauter du soixantième étage. Je me levais et allais m’y rendre lorsque rapide comme l’éclair, Meredith se retrouva en une fraction de seconde juste sur mon chemin, à quelque centimètres, tout contre moi, ses yeux insondables comme ceux d’un termagant rivés dans les miens.
-Je me contre-fiche que tu sautes cette fille, me lâcha-t-elle entre ses dents, mais par le Trône, ne fous pas cette mission en l’air !
Je soutins son regard désapprobateur.
-Sache pour ta gouverne, Meredith, que quand bien même il y aurait quelque chose entre Logan et moi, cela ne te concernerait en rien. Alors épargne-moi tes commentaires déplacés et laisse-moi passer, s’il te plait !
-Bien au contraire Joshua, la sécurité de cette mission me concerne au plus haut point. Et là, tu le sais tout comme moi pour connaître le protocole, une histoire de sexe en interne est une véritable source d’emmerdes. Tu es le chef d’équipe, elle est sous tes ordres putain, mais où as-tu la tête ?
Nous restâmes un instant à nous fixer du regard.
-Il n’y a rien entre Logan et moi et je…
-Arrête tes conneries et ouvre les yeux car c’est tout sauf ce que pense cette gamine, me lâcha-t-elle. Même toi tu n’as plus les idées claires. Ce n’est qu’un conseil mais tu as plutôt intérêt à recadrer cette situation et vite avant que cela ne compromette tout ton groupe.
Puis elle se retourna, attrapa ses affaires et sortit en claquant la porte.
La seule chose intelligente que je trouvais à faire, fut de vider mon verre d’Amasec et de me précipiter à l’étage pour m’envoyer en l’air avec Logan. Ce fut intense, charnel et passionné. Ce fut aussi une énorme bêtise de ma part. Logan avait de l’amour pour moi, alors que je n’avais que du désir.
Au moins je parvins à la convaincre juste après qu’il était préférable que tout ceci reste du domaine privée et que je ne souhaitais en rien que toute cette histoire ne transpire plus que cela au sein du groupe. Je lui fis comprendre aussi que ce qui venait de se passer ne devrait jamais se reproduire en mission.
Logan avait beau être encore jeune, elle n’en restait pas moins une fille intelligente. Aussi elle me promit de savoir se tenir, du moins, me le promit-elle jusqu’à la fin de cette mission.
Cela me laissait donc un peu de sursis pour essayer de gérer cette situation.
En attendant, je sortis sur la terrasse prendre un peu l’air et me mis à méditer afin d’apaiser mon esprit, le soleil me fit le plus grand bien.
Logan, en vraie rucharde qu’elle était, préféra se camper devant l’écran géant du salon, affalée dans les canapés moelleux et regarda jusqu’au soir de vieilles holo-séries complètement débiles.
L’eldar était non loin de là sur la terrasse, mystérieux et silencieux, comme à son habitude à fumer sa pipe. Nul doute que ce maudit xenos était lui aussi au courant. Au moins, eut-il la bonne idée de ne pas venir m’en parler.
Meredith rentra à la tombée du soir. Elle avait réussi à glaner des informations capitales même si cela n’était à la base pas notre objectif principal, du moins je lui avais confié une petite mission dès le matin. Grâce à ses talents de véritable experte de l’infiltration, elle était parvenue à s’introduire dans les locaux d’une annexe administrative du Magistratum.
Initialement, je lui avais demandé de voir si les Forces Spéciales de Sécurité – les Forces de l’Ordre locales - avaient des informations sur nous. Ce qui pouvait s’avérer fort utile, car si ils connaissaient tout de nos activités, il allait falloir agir en conséquence.
Elle ne trouva heureusement rien dans ce sens, par contre, elle récupéra une copie de documents officiels sur certaines personnes, ce qui changea subitement la donne. Meredith était assez fière d’elle et je n’hésitais pas à la féliciter. Elle me lança un regard dur mais ne fit aucune autre allusion. L’affaire était donc close.
Nous nous retrouvâmes dans le salon pour faire le point. Logan prit un fauteuil à part et cela me soulagea.
En dehors de l’eldar pour qui les noms n’évoquaient rien, Nous n’en croyions pas ses yeux.
-Qui sont ces gens qui semblent vous rendre si fébriles ? Me demanda finalement Sial en reposant les documents sur une des tables basses du salon.
Je me servis une nouvelle rasade d’Amasec millésimé, un cru de 915, donc plus de quatre-vingt ans d’âge à en juger par le sceau apposé sur le col. La bouteille devait valoir plus que mon salaire annuel et cela me réconforta.
-Viktor Van Kwyst, Jubaï Ashibaru, Fergus Malone et Liath d’Urcaal. Lui annonçais-je fièrement.
L’eldar leva un sourcil alors qu’il rallumait sa pipe.
-Il s’agit de l’équipe Alpha, celle qui a été envoyée ici avant nous, lui répondis-je. Et nous savons désormais où ils se trouvent.
Sial exhala une longue bouffée de fumée bleutée et parfumée avant de répondre.
-Je vois qu’ils sont retenus prisonniers du Magistratum. Tu envisages donc de les libérer ?
-Absolument, lui répondis-je avec sérieux. Si nous voulons avoir des chances de contrecarrer les plans des hérétiques et empêcher l’invocation de leur entité, il va nous falloir tous les alliés dont nous pouvons disposer. Et eux en font partie.
-N’est-ce pas risqué Joshua ? me lança alors Logan.
Elle avait trouvé seul l’Empereur sait où dans ce loft un étui en métal précieux contenant de très longues et très fines barrettes de lho avec filtres en soie et roulées dans un papier de luxe hors de prix. Elle s’en alluma une et sembla savourer pleinement sa saveur épicée en fermant les yeux. Je me pris à penser que j’ignorais totalement qu’elle fumait.
Devant le regard interrogateur qu’elle affichait, je lui bredouillais une vague réponse.
-Pour…Pourquoi risqué ?
Elle tira de nouveau sur sa barrette avant de répondre en soufflant sa fumée.
-Nous ignorons totalement ce qui a bien pu leur arriver depuis leur capture. Il est fort à parier que les agents du Magistratum sont corrompus et à la solde des hérétiques. Nous ne savons donc pas ce qu’ils ont pu leur faire tant psychiquement que mentalement. Crois-tu qu’il soit vraiment judicieux Joshua, de les laisser sortir sans nous être assurés au préalable de leur état ?
-C’est finement raisonné, lui répondis-je avec sincérité. Cependant, vois-tu, je suis prêt à prendre le risque. Je connais bien Liath et Viktor. Ils ne sont pas du genre à se faire briser aussi facilement. Et puis ce sont des collègues et de vieux amis, il m’est insupportable de les savoir un jour de plus entre les mains de ces dégénérés.
-Moi qui ne les connais pas, me lâcha l’eldar de sa voix chantante, si je dois participer à leur libération, peux-tu me dire qui sont-ils ?
Je pris chacun des dossiers et les lui présenta rapidement.
-Viktor Van Kwyst, la belle gueule du groupe. Un ruchard qui a su monter et prouver sa valeur au sein de l’Inquisition. Je ne pu m’empêcher de lancer un petit regard à Logan qui se mit aussitôt à rougir en me souriant. C’est un interrogateur comme moi et nous avons le même âge. Nous avons servi sous les ordres du même Inquisiteur pendant nos années de noviciat en tant que jeunes acolytes. C’est un exalté et un passionné. Sa foi indéfectible dans le Credo, la maitrise de ses deux pistolets Hecuter et son grand charisme en font un vrai atout de confiance au sein d’une équipe.
Je l’ignorais à l’époque mais Viktor deviendra Inquisiteur presque en même temps que moi quelques années plus tard. Malheureusement ses choix politiques et ses idées un peu trop bornées le perdront. C’est encore une perte amère à l’heure actuelle quand j’y repense, car Viktor et moi partagions une véritable amitié.
Je sortis le dossier du deuxième acolyte.
-Jubaï Ashibaru, un ancien garde impérial issu d’un monde sauvage. La peau halée, le crâne rasé couvert de tatouages tribaux avec juste une longue natte à l’arrière de la tête. Ses yeux ont été remplacés par des augmentiques suite à une blessure lors d’une précédente mission. Un solide gaillard à l’humour noir plutôt décalé et se battant presque exclusivement avec deux sabres monomoléculaires.
Je crois ne l’avoir vu qu’une seule fois se servir d’une arme laser, et plutôt bien d’ailleurs. Mais visiblement ce n’était pas son truc.
Il aura lui aussi une bien triste fin quelques années plus tard. Je présentais alors le troisième type.
-Lui c’est Fergus Malone, un ancien pilote des FDP de je ne sais plus quel monde. Un as de la voltige, il a été pilote de Valkyrie, de Vulture et de Chasseur Lightning. C’est aussi un vrai débrouillard qui est capable de dénicher tout et n’importe quoi au cours d’une mission. Très à l’aise avec la technologie, c’est aussi un véritable expert en armes à feu. Je crois me rappeler qu’il fait des miracles avec n’importe quel flingue entre les mains.
D’après ce que j’en sais aujourd’hui, il me semble que Malone soit désormais un interrogateur très prometteur au sein de la suite de l’Inquisitrice Lady Cassandra de Ratisbonne. Par contre, je ne sais ce qui a poussé ce touche-à-tout à se fourvoyer avec cette sale garce prétentieuse.
Je gardais donc le meilleur pour la fin :
-Et enfin Liath d’Urcaal. Jeune interrogatrice elle aussi, issue d’une noblesse déchue de ruche. Sa famille périt intégralement suite à une sombre vendetta peu de temps avant qu’elle n’intègre l’Inquisition. C’est la plus jeune de l’équipe et pourtant c’est elle le chef de ce groupe. C’est une fille brillante, possédant des connaissances approfondies dans tous les domaines. De plus elle a l’esprit vif et a su prouver qu’elle avait de vrais talents d’investigation. Liath est un excellent chef de groupe et une épéiste hors pair. Pour avoir déjà servi avec elle en mission, je peux vous assurer qu’elle sait faire du bon boulot. Si elle et son équipe se sont fait avoir, je peux vous garantir qu’elle n’y est pour rien.
Je leur épargnais alors le fait qu’elle et Viktor avaient une liaison depuis quelques années. Même si Weiss était contre cette idée, je sais qu’il la tolérait et avait préféré fermer les yeux sur ce point. Liath était certes parfois insolente, voire même un poil décadente et plus que délurée comme toute les petites noblionnes de son espèce, mais elle en demeurait non moins un excellent élément qui aurait pu devenir une brillante inquisitrice.
Je dis bien aurait pu, car j’apprendrais quelques années plus tard, peu de temps avant que Viktor ne décède alors qu’il traquait la dangereuse radicale qu’elle était devenue, que c’est Liath qui avait elle-même commandité l’assassinat de sa propre famille alors qu’elle n’avait pas dix-huit ans. Son père, sa mère, ses frères et sœurs périrent en une nuit sur son ordre. La noble lignée à laquelle elle appartenait disparut alors, la laissait seule à la tête de leur immense fortune.
J’avoue alors que si j’avais su cela à l’époque, je l’aurais sans problème laissé croupir au fond du cachot où elle se trouvait actuellement plutôt que de chercher à planifier son évasion…
Ruche de Cephalon - 692.998M41
Quartier des Techno-Guildes, Sous-Precinct du Commercia IX
Trouver l’Entrepôt d’Ivan Cornelius ne fut pas compliqué pour une experte comme Meredith. Même si quelques bakchichs ouvraient toujours les portes souhaitées lorsqu’on cherchait à traiter avec des gens comme lui, la prudence était toujours de mise.
Meredith avait aussi ses propres sources pour de tels besoins.
Ivan le Rouge comme on l’appelait dans le milieu était un fournisseur, mais pas n’importe lequel. Il était le fournisseur sur Karis Cephalon. Son surnom lui venait d’une blessure qu’il aimait afficher sur son visage. Une cruelle trace de brûlure laissée par l’explosion d’une charge au plasma alors qu’il servait dans la garde il y a des années de cela.
Ivan le Rouge n’était pas seulement un vendeur d’armes et d’explosifs pour le marché parallèle, il était dit qu’il était capable de fournir n’importe qu’elle type de service, du moment qu’on y mettait le prix. Des Inquisiteurs comme Kessel ou Lichtenstein faisaient aussi partie de son carnet d’adresse. Une raison sans doute pour laquelle Ivan et ses hommes semblaient ne pas être affectés par le mal ambiant.
Huit de ses hommes étaient disposés de façon stratégique dans les angles de la partie de l’entrepôt qui servait de comptoir commercial. Quatre autres étaient dissimilés en couverture depuis des points hauts. Ils étaient tous bien armés et visiblement entrainés à toute éventualité. Meredith, fidèle à son instinct de tueuse avait noté mentalement l’emplacement de chacun d’eux. Même ceux qui étaient dans son dos. Elle avait évalué les angles de tirs, les portées des armes, les caractéristiques de ces dernières et estima qu’il lui faudrait tout de même neuf secondes pour tous les éliminer.
Elle déposa trois épaisses liasses de billets sur le comptoir et ouvrit la mallette qu’un des hommes d’Ivan lui tendit. Les charges à fusion portaient encore les numéros de série flambant neuf du Munitorum, les litanies de protection et les runes d’avertissement du Mechanicum peints en jaune sur leurs coques.
Elle referma le couvercle de la mallette avec satisfaction mais n’en montra rien. Un des hommes d’Ivan terminait de compter l’argent puis lui fit un signe de tête. Ivan claqua des doigts en lui faisant signe d’emmener les billets.
-Content comme à chaque fois d’avoir pu vous rendre service, dit-il à l’attention de Meredith. Autre chose vous ferait plaisir ?
Meredith sortit d’une de ses poches la broche de stockage miniaturisée contenant les informations recueillies chez Zokthan Zeunct et la posa sur le comptoir.
- J’aimerais pouvoir décoder ce qui se trouve sur ce support de données.
Ivan se pencha sur l’objet. Un magnoculaire bourdonna en cliquetant depuis le côté de sa tête et vint se positionner devant son œil droit encore valide. Les focales s’ajustèrent en ronronnant doucement pendant qu’il auscultait l’étrange appareil miniature. Il allait s’en saisit d’une main gantée lorsque Meredith lui déroba l’objet avec une rare vivacité. Il se redressa.
-Ma chère, une simple tablette de données ou un cogitateur devrait sans peine vous permettre de lire ce que contient cette broche, même si il s’agit là d’un modèle très...
- Oui ou non avez-vous de quoi décoder des données ? Lui répéta-t-elle. Je n’ai pas toute ma journée.
Ivan la toisa un instant.
-C’est du matériel très spécial que vous avez là…Rien n’est impossible, mais cela va demander des moyens. Il demanda qu’on lui fasse venir un de ses hommes. Ce dernier approcha au bout de quelques instants en bourdonnant, comme flottant au dessus du sol. A en juger par ses robes et ses nombreux implants, il s’agissait là d’un adepte du Mechanicum.
Il analysa religieusement et fébrilement l’objet que Meredith lui tendit à la manière d’un Ecclésiaste manipulant une sainte relique. Un de ses mécadendrites se déroula de derrière sa nuque et vint de brancher sur l’unité de stockage. Depuis un des pans de sa robe il sortit une tablette de données et plusieurs de ses doigts bioniques s’y connectèrent. Ses augmentiques oculaires commencèrent à clignoter rapidement tandis que de son implant vox se diffusait une série de sons électroniques stridents. L’adepte resta ainsi, figé à clignoter et à émettre des sons inintelligibles pour tout être humain normal. Cela dura vingt bonnes minutes pendant lesquelles Meredith faillit perdre patience.
Un bruit de ronronnement qui se mit à décroitre puis plusieurs sifflements et de la fumée s’échappa des évents de ventilation de l’Adepte. Ses lentilles optiques reprirent leur teinte normale d’un vert luminescent et il se remit en mouvement. Posant la broche et la tablette de données sur le comptoir, il dit au travers de son implant vox :
+++ Mode de cryptage déverrouillé. Louons l’Omniméssie, les données déchiffrées sont à présent sur la tablette de données. +++
Puis il se mit à psalmodier en Techna Linguis une sorte de pépiement électronique tout en sautillant sur place.
Ne prêtant pas attention aux salamalecs du technoprêtre, Meredith se saisit de la broche qu’elle remit dans sa poche où se trouvait déjà un holodisque miniature, puis prit la tablette et l’activa. L’écran rétro-éclairé vibra doucement et les données se mirent à y défiler en bas-gothique. Elle éteignit l’écran satisfaite puis rangea la tablette dans sa veste. Ivan lui faisait un grand sourire malgré son visage ravagé. De sa main gantée, il montra ses cinq doigts. Meredith déposa une nouvelle liasse de cinq mille crédits puis sortit de l’entrepôt. Elle avait du pain sur la planche.
Ruche de Cephalon – Vingt minutes plus tôt.
Notre expédition à Tercerus Magna nous avait permis de récupérer l’artefact tant convoité par Anthérax, mais cela nous avait aussi fait perdre un temps précieux. Voilà désormais treize jours standards que nous étions sur ce monde, ce qui signifiait que cela en faisait maintenant huit que la célébration était terminée.
J’avais tout d’abord redouté que les hérétiques aient mis un terme à leur complot et réussis à invoquer leur entité bicéphale aux pouvoirs infernaux. Ou quelque chose dans ce goût-là.
En réalité, nous apprîmes assez tôt qu’une part des célébrations avait du été reportée pour des raisons de préparatifs. Et pour cause, pensais-je avec un sourire. Si Anthérax et ses séides avaient besoin de l’artefact qui était désormais en ma possession pour mener leur projet à exécution, ils allaient devoir reporter leur petite fête un bon moment.
Mon sourire s’évanouie rapidement en réalisant que ma situation n’était peut-être pas si enviable que cela si ils venaient à retrouver ma trace.
De plus, nombre de pèlerins avaient alors décidé de prolonger leur séjour dans la ville et ses environs. L’absence totale de contestation de leur part et leur attitude béate ne ressemblait en rien à une foule mécontente et frustrée de ne pouvoir assister à une cérémonie d’une telle ampleur. J’avais déjà été témoin un jour dans la ruche Trazior de Necromunda d’une émeute de fidèles en colère suite à un miracle qui tardait à venir. Il avait fallu l’intervention musclée des arbitrators pour réprimer les ardeurs de la foule. Les combats urbains avaient durées quatre jours et quatre nuits et cela s’était soldé par un véritable bain de sang.
En tout cas, par une vile magie et l’usage de drogues impies diffusées par les hérétiques infiltrés dans la ville de Cephalon, les gens arrivés ici ne pouvaient plus partir. Ils attendaient avec passion le prochain évènement et cela n’était pas pour me rassurer.
Tout ce calme apparent n’aidait pas. Je savais qu’il se tramait quelque chose et que cela allait arriver rapidement. Les hérétiques ayant perdu suffisamment de temps sur leur préparatif, devaient être passés à la vitesse supérieure de leur plan. Je le sentais dans l’air et Logan le sentait aussi. Le Chaos étendait son voile opaque et déliquescent sur ce monde. Tout n’était désormais plus qu’une question de temps avant que l’orage n’éclate.
Une partie des visions que j’avais eues avec les shamans ces derniers jours m’était revenue. D’autres zones restaient encore floues mais j’avais désormais le sentiment d’avoir un rôle à jouer. Cet artefact n’avait pas atterri entre mes mains par hasard. Je savais que je devais à présent l’emmener avec moi afin de la mettre en lieu sûr et ce que cette vision avait révélé était un lieu où je devais me rendre. Pour quelle raison ? Je n’en avais pas encore la moindre idée. Pourtant je savais que c’était la seule chose à faire…
Aussi, profitant du bref répit qui nous restait, je décidais sans tarder de mettre nos prochains plans à exécution.
Pour cette mission nous avions misé avant tout sur l’élément de surprise et la furtivité. Je m’étais occupé de régler les différents points de notre opération, à savoir nous infiltrer dans la Forteresse de Justice du Departmento Magistratum du District. Je laissais naturellement Meredith se charger des détails plutôt techniques et prévoir la diversion.
Comme de toute façon, assez rapidement dans ce genre de situation, la discrétion est vite éventée, au point que votre plan d’origine ne sert plus à rien, j’avais laissé le soin à Meredith de prévoir aussi un plan B. Elle avait alors pris ses armes et était sorti pour s’en charger.
Je consultais la chronomontre accrochée à ma veste. Il était un peu plus de vingt-deux heures. Dans plus de quatre heures, nous passerions à l’attaque, il était donc temps pour moi de sortir et de prévenir Sial.
Logan m’appela alors depuis l’étage.
Je montais la rejoindre tranquillement tout en parcourant une tablette de données sur le Magistratum et me dirigea vers la chambre. Logan apparu alors, sortant prestement du dressing. Une montagne de vêtements féminins plutôt coquins et appartenant visiblement au maitre des lieux était éparse sur le lit et sur l’épaisse moquette autour d’elle.
Logan était juste vêtue d’une petite culotte et d’un soutien-gorge en lingerie bleue rehaussée de dentelle blanche. L’ensemble arborait fièrement le symbole des Ultramarines.
Je faillis bien m’étouffer d’un rire nerveux rien qu’en pensant à la tête qu’aurait fait une de ces machines à tuer préprogrammées en la voyant ainsi porter leurs couleurs de façon aussi blasphématoire.
Sans ce ridicule ensemble, je la trouvais absolument magnifique.
Logan avait l’air contrarié et ne riait pas. Elle tenait l’enregistreur holopix dans une de ses mains. Le fameux enregistreur qui filmait le lit de cette chambre.
-C’est toi qui t’en ai servi lorsque nous étions…je veux dire tout à l’heure…toi et moi… ? Me dit-elle en agitant la main pour désigner le lit avec un regard à mi chemin entre la colère et la déception.
Mon rire s’évanouit aussitôt voyant qu’elle avait un air très sérieux.
-Je…mais bien sûr que non, voyons ! J’ai même demandé à Meredith de couper ce système, je…
-Et bien l’enregistreur a fonctionné et l’holodisque n’y est plus.
-Tu es sûre de toi ? Je veux dire…cette science est assez particulière…
Logan prit alors une pose déhanchée, posant ses deux poings de chaque côté et me renvoya un regard dur encadré par sa longue chevelure sombre qui cascadait autour de sa délicieuse mou. Sa colère faisait ressortir ses petites tâches de rousseur et ses yeux couleur azur qui se mariaient si bien avec son ensemble. J’avais beaucoup de mal à rester concentré et d’humeur sérieuse.
-Je viens d’une ruche je te signale, Joshua, pas d’un monde de ploucs…Si je te dis que ce truc à fonctionné, c’est que c’est vrai, en plus j’ai sondé l’esprit qui est en lui pour en être sûr…
-Oh…tu peux aussi faire ça...Et tu n’as pas vu ce qui s’est passé ?
-Non… Sinon je te demanderais pas…
Je réfléchis un instant.
-Bon, habille-toi, on doit sortir. En attendant je vais régler ça, il n’y avait qu’une personne aujourd’hui avec nous.
Je descendis les escaliers quatre à quatre et sortis sur la terrasse. Sial était là assis dans l’obscurité à fumer sa pipe tout en observant le ciel étoilé.
Je m’assis à côté de lui.
-Je sais que c’est toi pour l’enregistreur. Personnellement je m’en fiche un peu, mais le fait que cela ait blessé Logan me…
Sial m’interrompit aussitôt d’un geste de la main.
-De quoi parles-tu, là ? J’ai du mal à saisir…
Je le dévisageais alors mais le visage de ce maudit xenos était aussi inexpressif que celui d’un Nécron.
-L’enregistreur, là-haut dans la chambre, tu sais de quoi je parle ?
L’eldar se recala dans son fauteuil et tira de nouveau sur sa pipe. Il prit alors tout son temps pour répondre.
-J’ai traversé la moitié de cette galaxie, crois-tu sincèrement que ceux qui m’envoient ici le feraient juste…dans l’intention de collecter des informations sur ta vie intime ?
-Et pourquoi pas ? Les xenos ont bien d’étranges manies, de plus certains de tes semblables sont bien des pervers de la pire espèce.
Sial souffla lentement la fumée de sa pipe, presque amusé par tant de naïveté. Si la cruelle allusion avaient pu le blesser il n’en montra rien.
-Nos sombres cousins sont aux eldars ce que vos hérétiques sont à votre Imperium. Des ennemis fratricides.
Quant au fait que tu sois aussi vite persuadé de ma culpabilité sur de telles futilités, cela m’est totalement égal. La vérité est devant tes yeux, elle cache une plus grande menace et tu ne la vois même pas.
-Que veux-tu dire ?
-C’est toi l’apprenti inquisiteur, non ? A toi de savoir faire la part des choses.
Je restais silencieux un instant à scruter les étoiles moi aussi, repensant soudain aux visions que Népeese, la petite chamane m’avait fait partager.
J’ignorais encore à l’époque ce que ce vieux renard de Weiss, mon maitre, avait en tête lorsqu’il décida que je fasse équipe avec Sial. Mais avec ce rêve prophétique j’avais désormais conscience que nos destins était étroitement liés, au même titre que nos deux races si différentes allaient devoir se lier face au même ennemi dans très peu de temps et bien loin d’ici. De cette alliance naitrait quelque chose d’insoupçonné jusque là. Il y a encore quelques semaines, cela m’aurait paru d’une grande absurdité, à la limite même du sacrilège. A présent, je commençais à entrevoir un début de réponse à un autre futur. Cela était extrêmement troublant. Sial, marchant auprès de ses dieux, protégeant les secrets les plus sombres et les mieux gardés de sa race. Il me faudra encore bien des années avant de comprendre ce que cela signifiait vraiment.
-Dans ce cas, n’en parlons plus. Je dois aller quelque part et il va falloir que tu m’accompagnes avec Logan, lui dis-je alors en me levant.
Sial vida sa pipe en la tapotant sur la balustrade de la terrasse puis me suivit sans un mot.
Vingt-cinq minutes plus tard, je stoppai le moteur de la vieille berline que nous avions loué la veille. D’après les indications que j’avais eues de mes visions nous nous trouvions à une quinzaine de kilomètres de la ville, au-delà des Faubourgs de Fer et des anciennes Manufactoria. L’endroit était une petite colline du nom de Mont de l’Errance, une zone déserte faiblement éclairée par la pâleur nocturne du ciel couleur rouille. Au sommet se trouvaient les ruines d’un ancien petit templum.
Nous décidâmes d’aller inspecter les lieux. J’avais mon pistolet bolter en main tenu prêt à toute éventualité. Sial et Logan se déployèrent à la recherche de la moindre trace. Au bout de quelques minutes nous réalisâmes que nous étions bel et bien seuls.
-Il n’y a personne et rien d’autres que quelques vieilles ruines, me lança alors Logan en baillant. On fait quoi maintenant ?
-Je n’en ai pas la moindre idée, j’espérai le découvrir en venant ici. Lui répondis-je.
Ce fût Sial qui attira mon attention. Il nous fit un signe de la main et s’accroupit à proximité d’un vieux mur à demi écroulé, nous en fîmes de même. Quelque chose avait changé dans l’air autour de nous, je le sentis et Logan aussi. Une sorte de souffle éthéré véhiculant de l’électricité statique et une odeur de sucre fondu.
Nous tenions alors nos armes prêtes, bien conscients que de la magie était à l’œuvre.
Un flash de lumière puis de longues silhouettes entièrement floutées émergèrent du néant à grandes et souples enjambées.
Les yeux de Logan se retournèrent puis elle s’évanouit glissant au sol contre le mur décrépi. J’allais bouger mais réalisais alors que mon corps était fermement maintenu dans une sorte d’étreinte. Tous mes membres étaient totalement paralysés. J’allais crier mais même ma voix ne put franchir la bulle de force dans laquelle je me trouvais. Sorte d’enveloppe hermétique d’une puissance incroyable. Même mes sorts étaient désormais impuissants. J’étais à la merci de nos assaillants, bien conscient d’avoir largement supposé de mes forces. Me maudissant intérieurement c’est alors sans surprise, que la chaine qui retenait l’artefact autour de mon cou se brisa et que l’objet fila jusqu’à un des personnages à une dizaine de mètres de là qui l’attrapa au vol, avec grâce et d’une seule main.
Le champ ou bien le sort de brouillage visuel autour d’eux s’estompa et je fus alors frappé de stupeur.
Des eldars.
A côté de moi Sial tomba à genoux en baissant la tête. Je notais intérieurement que si je devais m’en sortir, je l’abattrai personnellement.
A en jugé par ce que je connaissais un peu de cette étrange race, il devait s’agir là d’un groupe de leurs sorciers de bataille. Des psykers redoutables aux fourbes sortilèges comme je venais malheureusement de m’en rendre compte. Celui qui tenait l’artefact abaissa la capuche de sa longue tenue. Il portait une sorte de casque dont la visière était un miroir qui ne reflétait rien. Il tourna alors lentement sa tête vers moi. Et là une image se forma dans le miroir de son masque. Je la reconnu alors pour l’avoir déjà vu : Ce visage masqué était celui parmi les chamanes qui se faisait appeler le Marcheur.
Ce fut aussi la dernière chose que je vis car je m’évanouis juste à ce moment-là.
Une voix m’appelait comme dans un rêve. Cela dura un moment et commença finalement à m’agacer. Au point que je m’éveillais en sursaut. Il faisait toujours nuit et ces salopards de xenos étaient partis. Logan était devant moi, elle me souriait, mais je n’eus pas l’occasion de profiter de ce charmant spectacle. La rage bouillonnait en moi, aussi je l’écartais sans trop de ménagement, dégaina mon pistolet bolter et d’un bond me rua sur Sial qui était non loin de là, assit sur un des murets de pierres, la tête entre les mains.
J’étais parti pour le frapper à la tête et l’abattre comme un chien quand il releva son visage vers moi. Logan courait derrière moi en criant de ne pas faire ça. J’abatis mon poing de toutes mes forces sur son visage, il ne chercha même pas à l’esquiver alors qu’il percuta lourdement le sol de pierre. J’hurlais à plein poumons toutes les pires injures à son encontre, le frappant à coup de bottes tout en libérant le cran de sureté de mon arme j’allais tirer au moment même au Logan se jeta sur moi pour s’interposer les yeux exorbitées en hurlant un non de toutes ses forces.
-Pour l’amour du Trône, Joshua, non !
L’eldar se relevait péniblement, du sang coulait en longs filets gluants de sa bouche et de sa lèvre fendue. Il se releva et s’essuya sur sa manche. Logan tenait toujours mon arme et faisait tout son possible pour me retenir.
-J’avais enfin confiance en toi, sale fils de pute, donne-moi une seule bonne raison pour que je ne t’abatte pas, là tout de suite, lui hurlais-je alors.
Sial répondit alors d’une voix calme et posée.
-Cette prophétie est la tienne, Joshua…pas la mienne. Tu n’es qu’un messager… L’artefact n’était plus en sécurité sur ce monde, les miens ont alors pris la liberté d’agir, jugeant que c’était cela la priorité.
Mon vox vibra alors telle une intervention divine venant le sortir de là. C’était Meredith. Comme intervention divine, il aurait pu trouver mieux, pensais-je alors.
-Oui ?
-Tu es en vie ? Vous êtes où ? Me dit-elle d’une voix nerveuse où je sentais presque de l’affolement. Ce qui était rare chez cette fille.
-En dehors de la ville, pourquoi ?
-Une chance pour vous. Un attentat à la bombe vient de souffler le loft que nous occupions.
Vil xenos omniscient
Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
y'a du suspense la suite
- Spoiler:
- mais le soutif ultramarines c'est pas très codex je crois
-[FACTION] Chapitre Angelic sentinels -
- [FACTION] The pirates of the black sun -
- [FACTION] Les Witchers -
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Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
Quatre heures plus tard, nous roulions à bord d’un fourgon blindé du Magistratum, un Tauros MkIII, modèle Law Bringer, une variante lourde du modèle Venator. Ce puissant camion noir mat aux marquages jaunes était équipé de six larges roues segmentées. L’engin était équipé d’une lame-bulldozer anti-émeute, de petites vitres grillagées ainsi que d’une mitrailleuse en tourelle couplée avec des auto-lanceurs.
Bien entendu, Meredith semblait ravie d’être au volant dans son armure anti-émeute complète, un véritable arsenal à portée de sa main, prête à enfoncer des murailles s’il le fallait.
Assis à côté d’elle dans la cabine, je me demandais ce qui avait bien pu se passer avec la défaillance dans son subtil entrainement Callidus…
Me retournant vers le compartiment arrière, je jetai un œil sur Logan. Elle et moi nous étions aussi habillés en arbitrator et Logan finissait d’ajuster sa tenue un peu trop grande pour elle. L’eldar était lui aussi assis à l’arrière, silencieux et préférant rester enveloppé dans sa cape caméléoline sans rien dire. Même si il n’y était pour rien j’en voulais toujours à ses semblables de s’être ainsi joué de moi. Voilà une leçon que je devais retenir.
A ses pieds gisaient cinq agents du magistratum. Les arbitrators à qui appartenait ce fourgon et que Logan et moi avions neutralisés grâce à nos pouvoirs psychiques combinés.
Nous avions préparé un coup classique une heure plus tôt, un appel anonyme au poste du district à propos d’une fusillade dans une ruelle.
J’étais assez fier de mon coup et de mon équipière. Cela se passa sans la moindre effusion de sang, ni le moindre mort et pûmes ainsi récupérer leurs uniformes et leur équipement intact.
Jusqu’à ce que Meredith arrive et les abatte d’un tir dans la nuque alors qu’ils étaient encore inconscients. Simple précaution, me dit-elle.
J’étais absolument furieux après elle jusqu’à ce qu’elle me montre les discrètes marques sur leur peau. Les symboles de l’ennemi. Ces runes marquées dans leur chair étaient un blasphème pour l’Humanité.
-Ils auraient aussi bien pu être de loyaux serviteurs de l’Imperium, tu n’en savais rien, lui dis-je avec une pointe de colère.
Meredith se contenta de hausser les épaules sans me répondre.
Dix minutes avant d’entrer dans la forteresse du Magistratum, les charges à fusion que Meredith avaient soigneusement disposée pour faire diversion se mirent à exploser. Sa cible avait été bien naturellement le Cellarion XI, l’entrepôt où nous avions appris quelques jours plus tôt que les hérétiques stockaient du matériel et de l’armement. La réaction en chaine due à l’explosion des munitions rasa littéralement tout l’entrepôt. Les dégâts s’étendirent vite aux entrepôts voisins faisant voler en éclat les vitres des habs adjacents. Le temps que les secours se mobilisent et parviennent sur les lieux du désastre au travers de la foule agglutinée dans les rues. La panique, les morts, les blessés et les incendies étaient tels que les troupes locales ainsi que toutes les unités d’Arbitrators furent mobilisées.
Grace à cette diversion, entrer dans la forteresse du Magistratum ne fut pas le plus compliqué vu que les portes d’une des rampes d’accès des véhicules était encore grande ouverte. Nous avions de plus mémorisé le plan des lieux et savions où aller. Le Tauros resta garé dans la cour tandis que nous nous faufilions rapidement vers les sous-sols d’un des bâtiments, armes au poing. Tout autour de nous, les lieux semblaient totalement déserts, ce qui vu les circonstances ne nous choqua pas plus que cela. Nous traversâmes à la hâte plusieurs corridors défraichis, des salles de garde vides. Les sous-sols étaient plongés dans une quasi-obscurité car l’éclairage semblait avoir été coupé par endroit. Nous étions désormais comme dans une cave mal éclairée. Meredith ouvrait la marche, fusil laser pointé devant elle, je suivais, pistolet bolter en main, Logan était derrière moi avec son pistolet mitrailleur tandis que Sial fermait la marche.
L’air empestait la moisissure, l’urine, le sang une odeur plus forte et plus âcre mais encore difficile à évaluer. Meredith s’arrêta soudainement et nous fit signe de ne pas bouger. Elle nous indiqua sur les murs des traces d’impact et des douilles au sol. Cela aurait pu passer inaperçu au premier coup d’œil mais Meredith était exercée à ce genre de situation même dans l’obscurité. Ce fut de même dans les autres pièces autour de nous ainsi que dans les couloirs. Une véritable bataille avait eu lieu ici. Pourtant nulle trace de corps ni d’armes ou d’équipement.
Nous continuâmes tout en redoublant notre attention au travers de longs couloirs obscurs. A chaque intersection, Meredith s’arrêtait et scrutait prudemment les couloirs perpendiculaires. Elle reprit sa progression vers un ensemble de salles qui menaient aux cellules. Toujours aucune trace de vie en dehors du fait qu’un âpre combat avait eu lieu ici.
Soudain l’odeur qui imprégnait cet endroit devint plus forte à mesure que nous approchions. Sur notre droite apparu une structure typique reconnaissable entre toute : une chapelle du Ministorum. Un petit bâtiment cubique tout en ferrobéton sans autre ouverture que son entrée. La double porte de celle-ci avait été obstruée de l’extérieure. L’odeur était désormais identifiable : une odeur piquante comme celle d’un bûcher qui avait été entretenu par du prométhéum et des corps humains.
Meredith libéra les portes de plastacier et les ouvrit avec peine tant la chaleur les avait gondolée. Aussitôt un monticule de silhouettes noirâtres s’éboula sur elle et dans notre direction. Elle esquiva promptement et pointa son arme en un éclair. Nous en fîmes de même juste avant de réaliser qu’il s’agissait là de cadavres calcinés restés agglutinés, là où ils étaient morts. Ils étaient restés pétrifiés derrière la porte de la chapelle, dans laquelle ils avaient été enfermé pour y périr brûlés vifs. Logan détourna le regard, horrifiée tant par cette vision de cauchemar que par l’odeur atroce qui s’en dégageait. J’osais un coup d’œil à l’intérieur. Près d’une quarantaine de cadavres étaient recroquevillés, leurs rictus macabre et leurs orbites vides semblaient me dévisager. Tordus par la douleur et les flammes ils étaient amoncelés là où ils étaient tombés. Ils avaient finis de cuire dans le four improvisé que leurs assassins avaient eu la sarcastique cruauté de trouver. Derrière l’autel dévasté, l’Aquila en bronze était décroché de son support et avait fondu en grosse gouttes de liquide doré.
L’Empereur-Dieu lui-même avait rependu ses larmes d’or en ce lieu.
La rage s’empara de tout mon être tandis que les miennes, amères, emplissaient mes yeux face à une telle débauche de carnage gratuit et un tel blasphème. Derrière moi, la petite Logan était en train de vomir toutes ses tripes.
-Cela doit correspondre à tout l’effectif de cette forteresse me dit alors Meredith sans la moindre émotion, alors qu’elle ressortit de la chapelle en enjambant les corps et en tenant à la main une poignée de badges du Magistratum, noircis par la suie et rendu luisant par la graisse humaine.
J’allais lui dire quelque chose lorsque Sial tapis dans les ombres me fit un signe en pointant un couloir.
-Du bruit et du mouvement nous dit-il.
Reprenant nos esprits, nous nous remirent en marche dans la direction indiquée, nos armes prêtes à toute éventualité. Au bout du couloir se trouvaient les cellules des prisonniers.
C’est alors que les cultistes nous tombèrent dessus.
Les deux pistolets de Sial jaillirent dans ses mains plus vite que s’il eut juste dégainé. Il abattit deux d’entre eux avant même qu’ils ne fussent sur nous. Meredith lâcha des tirs en rafales sur les silhouettes mais fut rapidement submergée et du passer au corps à corps. Logan et moi nous mirent aussitôt à ouvrir le feu. Les ennemis étaient partout et je réalisai avec horreur que les impacts qui les touchaient ne les blessaient pas systématiquement. Seuls de nombreux tirs ou un tir en pleine tête avait raison d’eux. Je vis que mes compagnons avaient fait le même constat mais un peu tard car la horde était déjà sur nous. Sorte de mélange de créatures décharnées, à la peau blême et maladive, glabre, boursouflée comme celle de noyés, gangréneuse et métastasée comme des mourants en phase terminale. Leur odeur était un répugnant mélange de celui de viande avarié, de fleurs pourries et de sel rance. Le parfum du Warp. Leurs crocs cariés étaient noircis par les abcès et les ongles ressemblaient plus à de longues serres en corne. Du sang noir et du pu coulaient de chacun de leurs orifices et même de leurs yeux vitreux et frappés de cataracte. Malgré les restes de vêtements civils ou militaires qu’ils portaient encore, signe de leur passé en tant que citoyens ou soldats, ils ne ressemblaient plus à des êtres humains. Leur âme ne leur appartenait déjà plus et les stigmates du Warp marquaient profondément leur peau nue. L’effet pernicieux et mutagène du chaos avaient fait son office sur ces êtres désormais corrompus dans leur chair et dans leur esprit. Au point qu’ils ne ressentaient plus de douleur et ne craignaient pas de succomber sous nos coups, pour la plus grande gloire de leurs divinités démentes.
Leur charge n’était ni précise ni organisée. Ils se battaient avec un mélange de lames dentelées à moitié rouillées, de sortes de gros hachoirs maculés de sang séché et de diverses armes à feu de récupération, comme des Crachefeu ou des Tranter 54, voire même avec leurs griffes et leurs crocs. Par contre ils avaient l’avantage du nombre et une fureur démente les animait. A peine en avions-nous abattu cinq, que dix autres enjambaient leurs cadavres pour les remplacer.
Je fus le premier à être touché. Un impact de plombs d’un canon scié bricolé me lacéra l’épaule et me fit perdre l’équilibre. L’Empereur soit loué, l’armure pare-balles de l’Arbites que je portais absorba une partie de l’impact mais fut tout de même entièrement déchiquetée. Mon épaule était terriblement meurtrie, peut être même déboitée et du sang coulait sous les restes de ma combinaison arrachée. Je tentais de me relever comme je le pouvais, Sial m’agrippa sous les bras, ce qui me fit pousser un cri de douleur et me tira à l’abri contre une porte. Meredith faisait des moulinets avec ses lames autour d’elle tout en pirouettant. Des têtes et des membres furent tranchés dans une profusion de sang.
Logan frappait à présent de toutes ses forces une brute épaisse aux bras boursoufflés et à la teinte livide qui tentait de la massacrer à coup de hachoir à viande. Elle avait le corps entouré d’une aura scintillante au moment où son poing s’enfonça dans la face de son adversaire et pénétra profondément jusqu’au coude dans son visage bouffi avec un immonde bruit de succion et de gélatine tombant au sol. Incrédule, Logan dégagea son poing encore auréolé de lumière, de cartilages et de gelée glaireuse de la masse ravagée qui était la tête de la créature. La brute dont le visage avait disparu tout comme l’arrière du crâne, bascula et s’effondra au sol dans un grand fracas. Logan resta totalement interdite devant cette scène. Les derniers combattants refluèrent ou furent tués par Meredith et Sial.
Tenant mon épaule meurtrie en grimaçant je changeais tant bien que mal le chargeur de mon pistolet bolter. Mon dernier chargeur. Ensuite, il me faudrait passer au pistolet laser. Meredith enjambait les corps tout autour d’elle et dégaina son pistolet au plasma tout en gardant sa lame énergétique bourdonnante dans l’autre main. Elle avait l’armure couverte de sang et de nombreux impacts et déchirures attestaient qu’elle avait elle aussi été touchée plusieurs fois. Comme à son habitude, elle n’en montra rien.
L’eldar avait reçu une vilaine déchirure dans un bras et je réalisai alors que son bras était artificiel, une sorte d’augmentique de très grande qualité qui imitait parfaitement l’original. Si la blessure aurait du le faire souffrir, Sial ne semblait pas ressentir de douleur.
Seule Logan encore choquée, le souffle court et les pupilles dilatées par l’adrénaline semblait ne pas avoir été blessée. Elle aussi était maculée de sang. Elle approcha de moi et appliqua sa main contre ma plaie à l’épaule. La radiance de son pouvoir se transmis à mon organisme et commença par arrêter l’hémorragie. Les plombs qui étaient enfoncés dans ma chair ressortir et rebondirent au sol. Puis les petites plaies se ressoudèrent d’elles-mêmes.
Le contact de son aura psychique se mêlant à la mienne me procura une étrange sensation. Une sorte de symbiose de nos deux êtres qui me rappela une autre expérience vécue précédemment avec Logan. Mais cela me rappela aussi étrangement ce que j’avais vécu avec Népeese. Un lien fusionnel de nos esprits pouvait ressentir des choses bien au-delà de la compréhension des simples humains. Cela me donna le tournis.
Logan m’injecta alors une dose de stimulant afin que je ne perde pas connaissance.
-Une chance que cette blessure soit légère, me dit-elle en me soutenant.
Déjà Meredith était à une vingtaine de mètres devant, terminant d’achever quelques créatures mutantes. Sial couvrait nos arrières. Je commençais tout juste à retrouver mes forces. L’effet métabolique occasionné par le stimulant de combat me donna un coup de fouet mais ouvrait mes sens d’une telle façon qu’il était alors dangereux désormais que j’utilise mes pouvoirs. Logan en était consciente lorsqu’elle me l’injecta mais je ne la blâmais pas, elle n’avait pas eu vraiment le choix.
En progressant au sein de salles jadis carrelées de faïence blanche, à présent maculée d’immondices et de moisissures, nous dépassâmes plusieurs tables où étaient encore attachés les restes de malheureux qui avaient été ligotés puis dépecés vivants. Il me semblait même que certains avaient été dévorés vivants vu comment la chair était arrachée des os. Une odeur d’abattoir flottait dans l’air et le sang était partout, emplissant en glougloutant les rigoles qui se déversaient vers des tout-à-l’égout dégueulant de matière humaine broyée. Dans un coin, deux créatures rachitiques et voutées, aux os saillants et à la peau blême se disputait les restes d’un cadavre. Ils tournèrent dans notre direction leurs yeux aveugles et dévoilèrent des crocs noirs et maculés de sang qui dégoulinait de leur menton. Le premier fut rejeté en arrière, la tête incendiée par le tir de plasma de Meredith, tandis que le deuxième bondit en avant et en glapissant alors que les disques shuriken de l’arme de Sial lui sectionnèrent les cervicales. Son corps s’affala entre nos pieds tandis que sa tête roula un peu plus loin avec un bruit sinistre. Pointant nos armes autour de nous, nous entendîmes monter des murmures et virent des bras osseux se tendre dans notre direction. Meredith en sectionna deux et fit cracher son pistolet au plasma, incendiant deux autres cibles qui moururent carbonisée en hurlant.
C’est alors que nous comprîmes que nous étions entourés de cellules et que dans chacune d’elle, se trouvaient des êtres moribonds et mourants. Ceux qu’elle avait touchés avaient terminés leur calvaire. Meredith rechargeait son arme, prête à libérer la mort sur tout ce qui bougeait encore autour d’elle. Les autres se tapirent au fond de leurs cages, cherchant à se fondre dans les ombres en gémissant. J’arrivais à entendre les prières qui étaient murmurées et les reconnu.
-Ils prient l’Empereur, par le Trône ! Meredtih, baisse ton arme, nous devons les libérer ! Je commençais à appeler mes anciens compagnons par leur prénom et me mis à faire sauter chacune des serrures avec mon pistolet laser. Une odeur de fer chauffé à blanc et d’ozone se rependit dans la salle. Les êtres prisonniers n’avaient plus la force de bouger, ils se contentaient de me regarder bêtement alors que je les sommais de sortir au plus vite.
Puis enfin je les trouvai.
Ils n’étaient plus que les ombres d’eux-mêmes. Maigres, émaciés, hirsutes, les yeux agrandis par les traits creusés. Ils avaient les vêtements en lambeaux, le corps meurtri et torturé.
J’entrais dans leur cellule et eu peine à les voir ainsi enchainés et l’air hagard. Nous nous empressâmes de les libérer Logan et moi tandis que Meredith et Sial couvraient les abords. Liath était dans un sal état. Le corps presque entièrement dénudé et meurtri, rien ne lui avait été épargné.
Pourtant je vis dans ses yeux une lueur de rage presque animale ressurgir. Elle bondit en avant à la manière d’un félide, tout en longeant les parois, prête à frapper. Déjà du monde approchait, Meredith et Sial se remirent à faire feu.
Fergus et Jubaï jaillirent de la cellule et se jetèrent de l’autre côté de la salle aussi vite qu’ils le purent. Fergus tomba au sol, une balle venait de le toucher à la hanche. Jubaï l’aida à se mettre à l’abri.
J’aidais Viktor à se mettre à couvert. Dégainant un automatique, un modèle Griffe compact, je lui tendis crosse vers l’avant. Il se contenta de sourire tout en manipulant avec un art consommé l’arme entre ses mains, il arma la culasse et se mit à ouvrir le feu en rafales courtes sur nos adversaires.
Meredith continuait d’arroser les cibles qui se présentaient, à court de munition, elle avait récupéré un fusil à pompe, un Crachemort qui avait du voir des jours meilleurs et dont la précision faisait défaut mais la puissance d’arrêt suffisait à faire baisser la tête de nos ennemis. Sial de l’autre côté, continuait de tirer avec ses pistolets. Chaque tir tuait une cible.
Me relavant tout en arrosant avec mon pistolet laser, je réalisais alors que notre seule voie de sortie était bloquée. Les ennemis nous avaient coincés ici comme des rats. Nous étions encerclés et ils étaient de plus en plus nombreux à nous tomber dessus.
Les prisonniers libérés furent presque tous fauchés. Ceux qui furent assez rapides, se terrèrent au fond des cellules, tentant d’échapper au massacre.
C’est alors que quelque chose me percuta avec une rare violence. Je vis tout d’abord que tout tournait autour de moi, puis le sol se rapprocha et sentit son contact froid et dur suivi de l’impact contre le carrelage couvert de sang séché. Tentant de me relever, je réalisais que je n’entendais plus rien, tout tournait au ralenti pourtant je sentais le sang couler sur mon visage. Par le Trône, j’avais du être touché par quelque chose. Viktor, me criait des mots mais je n’entendais rien, il me tira à couvert.
A côté, je vis Meredith reculer sous les impacts, son armure perforée en de nombreux endroits. Logan tentait de tirer avec son pistolet d’appoint mais son arme sauta de sa main, touchée par un impact qui la désarma.
Le son et la fureur étaient alors de retour, assourdissants. Je voyais les impacts faire sauter des morceaux de carrelage autour de moi, les tirs fusaient en tout sens, Les corps difformes et ignobles de nos ennemis se jetaient vers nous et tombaient les uns après les autres, fauchés par mes compagnons. Une balle me traversa le bras avec un bruit humide. Je ne sentais rien et fut plus gêné par le sang qui coulait devant mes yeux. Jubaï fut alors fauché par une rafale et s’écroula au sol. Fergus, déjà blessé et en sang cherchait à l’aider mais se pris une autre balle et tomba finalement. A côté d’eux se trouvait une table où étaient posées leurs armes.
Jubaï, blessé, couvert de sang, se issa sur le côté de la table, attrapa un double holster et le lança dans ma direction. A côté de moi, Viktor jeta le petit automatique désormais vide dans un geste désinvolte à la vue de ce qui arrivait. D’une main experte il se saisit du holster en plein vol et en un éclair dégaina ses deux Hecuter 9/5 chromés et décorés de motifs gravés, avec un sourire. Les deux sublimes pistolets mitrailleurs m’avaient toujours paru un peu trop tape à l’œil, plus dignes d’un caïd de ruche. Mais pour un ancien chef de gang tel que Viktor, on ne pouvait pas lui en vouloir. D’un simple mouvement du pouce, il libéra les crans de sureté ainsi que le mode en full-automatique tout en se relevant. Deux longues flammes blanches jaillirent de ses armes fétiches alors que les chambres d’éjection crachaient des douilles en cascades. Le son rassurant de ses pistolets produisait un rugissement assourdissant. Huit adversaires furent fauchés en plein élan, perforés de part en part de ses balles blindées de gros calibre, leurs corps démantibulés volèrent plusieurs mètres en arrière.
En quelques secondes il avait vidé ses chargeurs et les éjecta, tout en reprenant sa position pour recharger ses armes.
Nos autres compagnons étaient tous au sol. Fergus ne bougeait plus, baignant dans son sang, Jubaï était encore conscient mais en mauvais état, il tentait d’arrêter le sang de couler d’une de ses blessures. Meredith de l’autre côté, était à couvert et tentait de s’injecter une dose de stimulant de combat. Ses blessures semblaient trop nombreuses pour qu’elle fût encore debout. Logan aussi avait des coupures et semblait avoir été blessé. Elle se glissa vers moi et commença à appliquer quelque chose sur ma tête.
C’est alors que je le vit dans mon champ de vision. Parmi la pile de cadavres, il se releva en brandissant une sorte de scie circulaire greffée à même son bras droit. La lame émit une plainte stridente et suraigüe. L’homme était plutôt corpulent et assez petit, ramassé sur lui-même et complètement glabre à la manière de ses eunuques des palais de Minogue K. Sa peau blanche et veinée comme le marbre, était luisante, comme enduite d’huile et ses yeux globuleux étaient soulignés d’un trait de kohol. Le sommet de son crâne ainsi que son double menton luisait dans la pâle lumière vacillante des lumiglobes. Il dévoila une rangée de dents limées en pointes et une langue fendue et couverte de piercing. Du sang frais dégoulinait de sa bouche, le sien. Sa longue robe blanche en caoutchouc était maculée de sang séché à la manière des équarrisseurs à viandes. Des nombreuses poches qui composaient sa tenue, des instruments chirurgicaux se mêlaient aux outils de tortures ainsi qu’aux cuillères et fourchettes de différentes tailles. En couinant tel un goret, le maitre de Fysik brandit sa scie circulaire et fondit droit vers Viktor qui réalisa avec horreur qu’il n’aurait jamais le temps de recharger ses Hecuters à temps. J’étais trop blessé pour réagir, mais je vis Logan pointé son pistolet dans sa direction.
Une ombre jaillit alors et le percuta de plein fouet avec une vitesse surhumaine. Du sang se mit alors à jaillir en une longue giclée artérielle. Nous crûmes tout d’abord que l’assaillant venait de se faire ouvrir en deux par la scie rotative. Il n’en était rien. Devant lui se tenait Liath, ramassée sur elle-même tel un prédateur. Son corps était entièrement nu, d’un blanc maladif, le sang continuait de l’asperger abondamment et elle ne faisait rien pour l’éviter. Une de ses mains tenait le bras où se trouvait la scie qui continuait de tourner tandis que son autre bras était enfoncé dans la poitrine du maitre de Fysik. Ce dernier la regardait, ses yeux de crapaud encore plus écarquillé. Il vomissait son propre sang à gros bouillon. Elle retira son bras de sa poitrine d’un geste sec. Le sang désormais gicla partout autour d’eux. Incrédule et pris de spasme l’homme la regarda tandis qu’elle mordit à pleines dents dans le cœur encore palpitant qu’elle tenait dans sa main.
Alors elle ramena le bras inerte tenant la scie vers le haut et lui ouvrit la tête en deux avec. D’un geste du pouce elle coupa l’alimentation de la lame et laissa le cadavre glisser dans la mare de sang qui se rependait autour d’eux.
Tout en continuant de mâcher son trophée macabre, Liath pivota lentement vers ses anciens compagnons et s’essuya la bouche d’un revers de la main.
Viktor déglutit avec peine et lâcha ses deux Hecuters chromés au sol avec un bruit mat de lourds objets métalliques. Ses yeux étaient embués de larmes. Je n’arrivais plus à bouger et Logan à côté de moi commença à reculer tout en cherchant une arme encore valide à portée de main. Meredith adossé contre un mur, tenait d’une main une de ses blessures sanglantes et de l’autre un canon scié qu’elle pointait vers Liath.
Cette dernière dévisageait Viktor et commença à reculer lentement tout en secouant doucement la tête.
-Je suis désolée…sincèrement désolée Viktor…il faut me pardonner mais j’avais si faim...
D’un mouvement trop rapide pour être suivi par l’œil humain, Liath disparu dans les ombres, tel un souffle de fumée.
Ruche de Cephalon - 693.998M41
Viktor et Sial nous aidèrent à remonter. Logan utilisa ses pouvoirs de guérison sur nous et nous appliqua de nombreux bandages. Nous étions tous plus ou moins blessés. Jubaï et Fergus étaient trop sérieusement affaiblis par leurs blessures pour continuer, mais c’étaient des gars solides, ils s’en sortiraient. Aussi décidais-je de les laisser pour l’instant dans le Tauros d’où nous avions sortis les corps des arbitrators. Meredith, bien que touchée à plusieurs endroits avait gérée ses propres blessures et s’était déjà reconstituée un arsenal, parée à toute éventualités.
Depuis les murs d’enceinte de la forteresse du Magistratum où nous nous trouvions, nous entendions des déflagrations dans la ville. La pagaille qu’avait semée Meredith au sein des rangs des hérétiques n’avait pas fini de les occuper.
J’avais l’esprit encore un peu anesthésié par les stimulants de combat et mon bras gauche était pour l’instant inutilisable mais je louais l’Empereur de toute mon âme car le signal que j’avais envoyé quelques jours plus tôt semblait être parvenu à destination. Je levais les yeux en les plissant vers le ciel couleur rouille et ne pu m’empêcher de sourire à la vue des stries qui tombaient depuis l’orbite, telle pleuvrait la juste colère divine de l’Empereur-Dieu en personne.
Je n’avais pas eu d’autres alternatives que d’accélérer les événements. J’avais perdu l’artefact qui devait tenir en échec les hérétiques et le rituel impie pouvait de ce fait s’accomplir à tout instant. De plus nous ne disposions pas de moyens de lutte face à un tel danger. Par contre, la Très Sainte Inquisition possédaient des ressources au-delà de l’imaginable. Il était donc de mon devoir d’avertir les Ordos de la situation. Les codes de mon sceau en avaient ce pouvoir.
Il y a trois jours, juste après notre retour des ruines de la ruche Tercerus Magna, j’avais secrètement envoyé un message codé par vox sécurisé. C’était la procédure. Weiss m’avait donné une fréquence cryptée et un nom de code pour cette mission. Des vaisseaux en orbite haute devaient alors relayer l’information à une flotte qui se tenait prête dans le système à quelques jours de là. Cela devait normalement déclencher le courroux de l’Inquisition sur Karis Cephalon aux lieux de coordonnées que je devais communiquer. Mon Seigneur et Maître était censé être loin d’ici à l’heure actuelle, aussi me demandais-je qui allait bien pouvoir intervenir.
L’assaut avait apparemment déjà commencé. Une frappe chirurgicale sur les centres névralgiques de la ville : les casernes, les Generatoria, le Palais et le Templum. Ces frappes devaient neutraliser les zones sous le contrôle des cultistes. Des panaches de fumée s’élevaient déjà au dessus de la cité. Les modules d’assaut suivaient tout juste le bombardement. A peine les explosions avaient-elles cessées que les capsules ou navettes touchaient déjà le sol, libérant les troupes inquisitoriales.
Logan s’accroupie devant moi et s’occupa de mes bandages.
Plusieurs fois elle m’avait lancée des regards interrogateurs mais n’avait rien dit de plus. Je savais qu’elle avait un paquet de questions à me poser mais n’en fit rien. Elle m’envoya alors un message en utilisant ses pouvoirs.
Un message qui aurait persuadé plus d’un homme à tout plaquer et à partir loin de tout cela avec cette fille. Elle avait tellement confiance en moi.
Partir loin n’aurait rien changé. Pas avec ce que je savais sur ce monde. Loin de tout cela est une notion qui ne peut exister. Pas avant très longtemps en tout cas.
L’eldar s’était dissimulé non loin dans sa cape caméléoline et scrutait les cieux avec crainte. Viktor lui, s’était assis au sol, adossé au véhicule et s’était muré dans une sorte de mutisme depuis le changement opéré sur Liath. Je n’avais souhaité encore en parler avec lui, mais il faudra bien aborder ce sujet prochainement. Lui et le reste de l’équipe Alpha allait devoir être mis en quarantaine pour interrogation. Liath, leur chef d’équipe avait clairement succombée à la corruption du Warp et cela n’était pas anodin. Elle allait désormais devenir une ennemie qu’il faudrait traquer. Viktor était un type intelligent et il connaissait les risques, il ne ferait rien pour compliquer cette tâche délicate.
Meredith approcha vers moi à grandes enjambées. Elle venait d’enclencher un chargeur courbe de trente cartouches dans un fusil d’assaut trouvé dans l’arsenal d’un des bâtiments. Un Armageddon AK-40K. Elle me lança un regard froid en me montrant les stries qui marquaient les cieux.
-La guerre a commencée ou quoi ?
-En effet. Et je vois que tu brûles d’envie d’y participer, c’est bien ça ? Lui répondis-je.
Elle fit jouer les muscles de ses mâchoires, puis telle une machine, elle reporta son attention vers un des bâtiments de la forteresse où nous nous trouvions. Un mince câble blindé partait d’une de ses tempes vers son auspex accroché à son épaule. L’esprit de divination de ce dernier venait de pressentir quelque chose. De la main elle signa quelques gestes à mon attention :
-Du mouvement, cinq hostiles embusquée me renseigna-t-elle.
Déjà, d’une foulée souple et rapide elle se dirigea vers l’endroit signalé à une cinquantaine de mètres de là. Je fis un signe de tête à Viktor et Logan. Se saisissant de leurs armes, ils se joignirent à moi pour la rejoindre. Sial était presque arrivé au niveau du bâtiment et s’était plaqué contre un des murs, proche des marches qui menaient à la porte blindée.
Nous n’étions plus qu’un une vingtaine de mètres que cette dernière s’ouvrit brusquement. Un type à la musculature hypertrophié, à la peau rouge brique et arborant une paire de corne de capride en jaillit en beuglant. Il portait une mitrailleuse à tambour et se mis à arroser dans notre direction. Il était suivi de prêt par deux autres subs, ces sous-humains trop mutés pour être utiles et qui hantent fréquemment les pires bas-fonds. L’un d’eux, bossu, le corps tronqué, portant deux têtes ballantes et tenant un laser à platine et l’autre, un nain aux pattes trop courtes, couvert d’écailles vertes et armant un tube lance-roquettes. Le projectile partit maladroitement en fusant au dessus de nos tête et alla éclater dix mètres trop haut sur une partie d’un des bâtiments de l’autre côté de la cour. Meredith jaillit alors d’un de leurs flancs et ouvrit le feu à bout portant avec son fusil d’assaut. Sial de l’autre côté, les prit à son tour dans un tir croisé, tandis que Viktor fit cracher ses Hecuters. Nos assaillants furent fauchés en un instant, s’écroulant au sol et dévalant les quelques marches qui donnaient vers la porte. Logan et moi n’eurent même pas à faire feu, déjà Meredith s’engouffra à l’intérieur, dos courbé et arme pointée devant elle. Alors que nous allions pénétrer à notre tour à sa suite, nous entendîmes de nouveau son arme aboyer des rafales courtes par deux fois puis plus rien.
De la fumée, des douilles au sol, du sang et deux autres cadavres de subs dans une salle aux allures de poste de contrôle. L’un d’eux, mi-homme, mi molosse, portaient une ceinture bardée d’explosifs et avaient bien compté s’en servir. Il avait à présent la moitié de son contenu crânien rependu par terre. Sans l’intervention rapide et expéditive de Meredith, nul doute qu’il se serait fait exploser avec toute la pièce autour de lui.
Viktor ne perdit pas de temps et se dirigea vers une des consoles. Il commençait déjà à enclencher certaines runes des panneaux de contrôle tout en actionnant des manettes et autres leviers. Sur des écrans pix, des dizaines de vues nous montraient différents lieux à la manière de ces yeux à facettes qu’ont certains insectes. Je fis un signe à Sial d’aller couvrir nos arrières.
-Ce poste de contrôle dirige plusieurs dizaines de servo-pix, nous lança alors Viktor. Certains couvrent cette forteresse mais d’autres semblent surveiller des zones de la ville.
-Parfait, répondis-je, satisfait que certains d’entre nous soient familiers avec cette technomancie. Il nous faudrait repérer certains lieux…Peut-on avoir une vue du Palais, ou du Museum ou même du Templum, lui demandais-je.
Meredith commença elle aussi à pianoter sur certaines touches. Effaçant certaines images, en sélectionnant certaines autres, elle finit par en agrandir plusieurs.
Nous avions là des vues nous montrant des scènes de combat intensives. Des troupes d’assaut déposées par des navettes Valkyrie, pénétraient dans des bâtiments mais s’opposaient alors à une forte résistance.
-Ce sont des troupes de chocs de l’Inquisition, pointa alors du doigt Viktor en direction d’un écran. Il se tourna vers moi. C’est toi qui a prévenu les Ordo Coptis ?
Je hochais alors positivement la tête.
-Ils prennent d’assaut le palais, le museum et les garnisons, ajoutais-je en analysant rapidement les images.
-Et le Templum ? Ajouta Logan.
Je fis un signe vers Viktor. Ce dernier s’empressait déjà de régler les commandes et nous fit apparaître plusieurs vue du Temple Impérial. Il n’était visiblement pas touché par l’assaut. Nous vîmes des personnages s’y engouffrer, encadrés par des gardes armés. D’autres personnages encapuchonnés suivaient ce mystérieux groupe.
-Regardez ! Cria aussitôt Logan, c’est Malfus Arbindus…et là, c’est…Zeunct ! Par le Trône, on dirait qu’ils sont accompagnés de psykers…
Tout en récupérant mes affaires, je lançais un regard à mes compagnons qui comprirent tout de suite quel était notre prochain objectif. Si cet apostat d’Arbindus et cet intriguant de Zokthan Zeunct se barricadaient dans le temple avec leurs sorciers, nous étions sûr qu’ils allaient y préparer un très mauvais coup. D’autant plus que le temple faisait partie des cibles que j’avais communiqué aux Ordos. Le fait que ce lieu paraisse épargné était étonnamment suspect.
Meredith était déjà dehors et traversa la cour aussi vite qu’elle le pu, elle dépassa le Tauros et fila vers un des hangars à véhicules. Je me doutais qu’elle avait déjà en tête comme à son habitude, un plan bien à elle.
Nous filâmes tous les quatre avec Sial, Viktor et Logan vers le Tauros. Viktor prit les commandes et démarra en trombe alors que je n’avais pas encore refermé la trappe d’accès. Si un Technoprêtre s’était trouvé là il en aurait grillé une diode tellement les saintes procédures d’Eveil de la Machine étaient bafouées. Nous dûmes nous cramponner à tout ce qui dépassait pour ne pas nous retrouver éjecté du camion. Logan tentait comme elle le pu de générer une sorte d’aura autour des deux blessés qu’elle avait solidement sanglée afin qu’ils ne se brisent pas les os. Seul l’eldar semblait trouver son équilibre alors que nous étions ballotés tels des fétus de paille. Il commença méticuleusement à sortir de sa housse un long fusil de sniper de fabrication xenos.
Je la vis alors dans mon champ de vision par une des lucarnes du Tauros alors que nous sortions de la forteresse en plein dérapage afin de nous engager dans une des rues du quartier. Plutôt que de sortir du hangar à véhicule, Meredith avait jugé bon de gagner du temps en effectuant une marche arrière. Le Leman Russ qu’elle venait d’emprunter venait de pulvériser le mur d’enceinte dans un grand renfort de blocs et de poussière de lithobéton et tout en pivotant sur une de ses chenilles, venait tout juste de s’engager dans la rue devant nous. Le blindé rua violemment et commença à prendre de la vitesse détruisant tout ce qui se trouvait sur son chemin, la chaussée, les poteaux indicateurs, les lignes télégraphiques et leurs câbles mais aussi tous les véhicules garés là. Meredith ouvrait la voie et fonçait droit vers le temple, se frayant un chemin au travers des rues étroites.
-Cette fille est incroyable me cria Viktor avec un grand sourire, on a l’impression qu’elle mène une guerre à elle tout seule !
Devant nous les façades des bâtiments explosaient tandis qu’elle traversait sans ménagement les boutiques du Commercia.
-C’est exactement le cas, lui répondis-je en hurlant. C’est l’avantage et l’inconvénient de cette fille.
-Pour l’instant, on va espérer que ce soit l’avantage vu qu’elle a l’air d’être de notre côté.
-Que l’Empereur nous garde, Viktor !
Un petit groupe de soldats des FDP hérétiques ouvrit le feu avec leurs fusils laser à l’approche du blindé. Ils n’eurent même pas le temps de s’enfuir. Meredith les faucha aussitôt avec le bolter lourd de coque asservi.
Contrairement aux véhicules space marines, tels les puissants Land Raiders dont l’esprit de la Machine est en partie capable de remplacer un équipage, les chars Leman Russ doivent être dirigés manuellement. De ce fait, il est impossible au pilote de faire tirer les canons du véhicule en dehors de l’arme anti-personnel de coque. Meredith semblait de toute façon ne pas s’en soucier. Les soixante tonnes du char d’assaut lancés à plus de trente kilomètre-heure allaient quoi qu’il arrive faire la différence.
Bien entendu, Meredith semblait ravie d’être au volant dans son armure anti-émeute complète, un véritable arsenal à portée de sa main, prête à enfoncer des murailles s’il le fallait.
Assis à côté d’elle dans la cabine, je me demandais ce qui avait bien pu se passer avec la défaillance dans son subtil entrainement Callidus…
Me retournant vers le compartiment arrière, je jetai un œil sur Logan. Elle et moi nous étions aussi habillés en arbitrator et Logan finissait d’ajuster sa tenue un peu trop grande pour elle. L’eldar était lui aussi assis à l’arrière, silencieux et préférant rester enveloppé dans sa cape caméléoline sans rien dire. Même si il n’y était pour rien j’en voulais toujours à ses semblables de s’être ainsi joué de moi. Voilà une leçon que je devais retenir.
A ses pieds gisaient cinq agents du magistratum. Les arbitrators à qui appartenait ce fourgon et que Logan et moi avions neutralisés grâce à nos pouvoirs psychiques combinés.
Nous avions préparé un coup classique une heure plus tôt, un appel anonyme au poste du district à propos d’une fusillade dans une ruelle.
J’étais assez fier de mon coup et de mon équipière. Cela se passa sans la moindre effusion de sang, ni le moindre mort et pûmes ainsi récupérer leurs uniformes et leur équipement intact.
Jusqu’à ce que Meredith arrive et les abatte d’un tir dans la nuque alors qu’ils étaient encore inconscients. Simple précaution, me dit-elle.
J’étais absolument furieux après elle jusqu’à ce qu’elle me montre les discrètes marques sur leur peau. Les symboles de l’ennemi. Ces runes marquées dans leur chair étaient un blasphème pour l’Humanité.
-Ils auraient aussi bien pu être de loyaux serviteurs de l’Imperium, tu n’en savais rien, lui dis-je avec une pointe de colère.
Meredith se contenta de hausser les épaules sans me répondre.
Dix minutes avant d’entrer dans la forteresse du Magistratum, les charges à fusion que Meredith avaient soigneusement disposée pour faire diversion se mirent à exploser. Sa cible avait été bien naturellement le Cellarion XI, l’entrepôt où nous avions appris quelques jours plus tôt que les hérétiques stockaient du matériel et de l’armement. La réaction en chaine due à l’explosion des munitions rasa littéralement tout l’entrepôt. Les dégâts s’étendirent vite aux entrepôts voisins faisant voler en éclat les vitres des habs adjacents. Le temps que les secours se mobilisent et parviennent sur les lieux du désastre au travers de la foule agglutinée dans les rues. La panique, les morts, les blessés et les incendies étaient tels que les troupes locales ainsi que toutes les unités d’Arbitrators furent mobilisées.
Grace à cette diversion, entrer dans la forteresse du Magistratum ne fut pas le plus compliqué vu que les portes d’une des rampes d’accès des véhicules était encore grande ouverte. Nous avions de plus mémorisé le plan des lieux et savions où aller. Le Tauros resta garé dans la cour tandis que nous nous faufilions rapidement vers les sous-sols d’un des bâtiments, armes au poing. Tout autour de nous, les lieux semblaient totalement déserts, ce qui vu les circonstances ne nous choqua pas plus que cela. Nous traversâmes à la hâte plusieurs corridors défraichis, des salles de garde vides. Les sous-sols étaient plongés dans une quasi-obscurité car l’éclairage semblait avoir été coupé par endroit. Nous étions désormais comme dans une cave mal éclairée. Meredith ouvrait la marche, fusil laser pointé devant elle, je suivais, pistolet bolter en main, Logan était derrière moi avec son pistolet mitrailleur tandis que Sial fermait la marche.
L’air empestait la moisissure, l’urine, le sang une odeur plus forte et plus âcre mais encore difficile à évaluer. Meredith s’arrêta soudainement et nous fit signe de ne pas bouger. Elle nous indiqua sur les murs des traces d’impact et des douilles au sol. Cela aurait pu passer inaperçu au premier coup d’œil mais Meredith était exercée à ce genre de situation même dans l’obscurité. Ce fut de même dans les autres pièces autour de nous ainsi que dans les couloirs. Une véritable bataille avait eu lieu ici. Pourtant nulle trace de corps ni d’armes ou d’équipement.
Nous continuâmes tout en redoublant notre attention au travers de longs couloirs obscurs. A chaque intersection, Meredith s’arrêtait et scrutait prudemment les couloirs perpendiculaires. Elle reprit sa progression vers un ensemble de salles qui menaient aux cellules. Toujours aucune trace de vie en dehors du fait qu’un âpre combat avait eu lieu ici.
Soudain l’odeur qui imprégnait cet endroit devint plus forte à mesure que nous approchions. Sur notre droite apparu une structure typique reconnaissable entre toute : une chapelle du Ministorum. Un petit bâtiment cubique tout en ferrobéton sans autre ouverture que son entrée. La double porte de celle-ci avait été obstruée de l’extérieure. L’odeur était désormais identifiable : une odeur piquante comme celle d’un bûcher qui avait été entretenu par du prométhéum et des corps humains.
Meredith libéra les portes de plastacier et les ouvrit avec peine tant la chaleur les avait gondolée. Aussitôt un monticule de silhouettes noirâtres s’éboula sur elle et dans notre direction. Elle esquiva promptement et pointa son arme en un éclair. Nous en fîmes de même juste avant de réaliser qu’il s’agissait là de cadavres calcinés restés agglutinés, là où ils étaient morts. Ils étaient restés pétrifiés derrière la porte de la chapelle, dans laquelle ils avaient été enfermé pour y périr brûlés vifs. Logan détourna le regard, horrifiée tant par cette vision de cauchemar que par l’odeur atroce qui s’en dégageait. J’osais un coup d’œil à l’intérieur. Près d’une quarantaine de cadavres étaient recroquevillés, leurs rictus macabre et leurs orbites vides semblaient me dévisager. Tordus par la douleur et les flammes ils étaient amoncelés là où ils étaient tombés. Ils avaient finis de cuire dans le four improvisé que leurs assassins avaient eu la sarcastique cruauté de trouver. Derrière l’autel dévasté, l’Aquila en bronze était décroché de son support et avait fondu en grosse gouttes de liquide doré.
L’Empereur-Dieu lui-même avait rependu ses larmes d’or en ce lieu.
La rage s’empara de tout mon être tandis que les miennes, amères, emplissaient mes yeux face à une telle débauche de carnage gratuit et un tel blasphème. Derrière moi, la petite Logan était en train de vomir toutes ses tripes.
-Cela doit correspondre à tout l’effectif de cette forteresse me dit alors Meredith sans la moindre émotion, alors qu’elle ressortit de la chapelle en enjambant les corps et en tenant à la main une poignée de badges du Magistratum, noircis par la suie et rendu luisant par la graisse humaine.
J’allais lui dire quelque chose lorsque Sial tapis dans les ombres me fit un signe en pointant un couloir.
-Du bruit et du mouvement nous dit-il.
Reprenant nos esprits, nous nous remirent en marche dans la direction indiquée, nos armes prêtes à toute éventualité. Au bout du couloir se trouvaient les cellules des prisonniers.
C’est alors que les cultistes nous tombèrent dessus.
Les deux pistolets de Sial jaillirent dans ses mains plus vite que s’il eut juste dégainé. Il abattit deux d’entre eux avant même qu’ils ne fussent sur nous. Meredith lâcha des tirs en rafales sur les silhouettes mais fut rapidement submergée et du passer au corps à corps. Logan et moi nous mirent aussitôt à ouvrir le feu. Les ennemis étaient partout et je réalisai avec horreur que les impacts qui les touchaient ne les blessaient pas systématiquement. Seuls de nombreux tirs ou un tir en pleine tête avait raison d’eux. Je vis que mes compagnons avaient fait le même constat mais un peu tard car la horde était déjà sur nous. Sorte de mélange de créatures décharnées, à la peau blême et maladive, glabre, boursouflée comme celle de noyés, gangréneuse et métastasée comme des mourants en phase terminale. Leur odeur était un répugnant mélange de celui de viande avarié, de fleurs pourries et de sel rance. Le parfum du Warp. Leurs crocs cariés étaient noircis par les abcès et les ongles ressemblaient plus à de longues serres en corne. Du sang noir et du pu coulaient de chacun de leurs orifices et même de leurs yeux vitreux et frappés de cataracte. Malgré les restes de vêtements civils ou militaires qu’ils portaient encore, signe de leur passé en tant que citoyens ou soldats, ils ne ressemblaient plus à des êtres humains. Leur âme ne leur appartenait déjà plus et les stigmates du Warp marquaient profondément leur peau nue. L’effet pernicieux et mutagène du chaos avaient fait son office sur ces êtres désormais corrompus dans leur chair et dans leur esprit. Au point qu’ils ne ressentaient plus de douleur et ne craignaient pas de succomber sous nos coups, pour la plus grande gloire de leurs divinités démentes.
Leur charge n’était ni précise ni organisée. Ils se battaient avec un mélange de lames dentelées à moitié rouillées, de sortes de gros hachoirs maculés de sang séché et de diverses armes à feu de récupération, comme des Crachefeu ou des Tranter 54, voire même avec leurs griffes et leurs crocs. Par contre ils avaient l’avantage du nombre et une fureur démente les animait. A peine en avions-nous abattu cinq, que dix autres enjambaient leurs cadavres pour les remplacer.
Je fus le premier à être touché. Un impact de plombs d’un canon scié bricolé me lacéra l’épaule et me fit perdre l’équilibre. L’Empereur soit loué, l’armure pare-balles de l’Arbites que je portais absorba une partie de l’impact mais fut tout de même entièrement déchiquetée. Mon épaule était terriblement meurtrie, peut être même déboitée et du sang coulait sous les restes de ma combinaison arrachée. Je tentais de me relever comme je le pouvais, Sial m’agrippa sous les bras, ce qui me fit pousser un cri de douleur et me tira à l’abri contre une porte. Meredith faisait des moulinets avec ses lames autour d’elle tout en pirouettant. Des têtes et des membres furent tranchés dans une profusion de sang.
Logan frappait à présent de toutes ses forces une brute épaisse aux bras boursoufflés et à la teinte livide qui tentait de la massacrer à coup de hachoir à viande. Elle avait le corps entouré d’une aura scintillante au moment où son poing s’enfonça dans la face de son adversaire et pénétra profondément jusqu’au coude dans son visage bouffi avec un immonde bruit de succion et de gélatine tombant au sol. Incrédule, Logan dégagea son poing encore auréolé de lumière, de cartilages et de gelée glaireuse de la masse ravagée qui était la tête de la créature. La brute dont le visage avait disparu tout comme l’arrière du crâne, bascula et s’effondra au sol dans un grand fracas. Logan resta totalement interdite devant cette scène. Les derniers combattants refluèrent ou furent tués par Meredith et Sial.
Tenant mon épaule meurtrie en grimaçant je changeais tant bien que mal le chargeur de mon pistolet bolter. Mon dernier chargeur. Ensuite, il me faudrait passer au pistolet laser. Meredith enjambait les corps tout autour d’elle et dégaina son pistolet au plasma tout en gardant sa lame énergétique bourdonnante dans l’autre main. Elle avait l’armure couverte de sang et de nombreux impacts et déchirures attestaient qu’elle avait elle aussi été touchée plusieurs fois. Comme à son habitude, elle n’en montra rien.
L’eldar avait reçu une vilaine déchirure dans un bras et je réalisai alors que son bras était artificiel, une sorte d’augmentique de très grande qualité qui imitait parfaitement l’original. Si la blessure aurait du le faire souffrir, Sial ne semblait pas ressentir de douleur.
Seule Logan encore choquée, le souffle court et les pupilles dilatées par l’adrénaline semblait ne pas avoir été blessée. Elle aussi était maculée de sang. Elle approcha de moi et appliqua sa main contre ma plaie à l’épaule. La radiance de son pouvoir se transmis à mon organisme et commença par arrêter l’hémorragie. Les plombs qui étaient enfoncés dans ma chair ressortir et rebondirent au sol. Puis les petites plaies se ressoudèrent d’elles-mêmes.
Le contact de son aura psychique se mêlant à la mienne me procura une étrange sensation. Une sorte de symbiose de nos deux êtres qui me rappela une autre expérience vécue précédemment avec Logan. Mais cela me rappela aussi étrangement ce que j’avais vécu avec Népeese. Un lien fusionnel de nos esprits pouvait ressentir des choses bien au-delà de la compréhension des simples humains. Cela me donna le tournis.
Logan m’injecta alors une dose de stimulant afin que je ne perde pas connaissance.
-Une chance que cette blessure soit légère, me dit-elle en me soutenant.
Déjà Meredith était à une vingtaine de mètres devant, terminant d’achever quelques créatures mutantes. Sial couvrait nos arrières. Je commençais tout juste à retrouver mes forces. L’effet métabolique occasionné par le stimulant de combat me donna un coup de fouet mais ouvrait mes sens d’une telle façon qu’il était alors dangereux désormais que j’utilise mes pouvoirs. Logan en était consciente lorsqu’elle me l’injecta mais je ne la blâmais pas, elle n’avait pas eu vraiment le choix.
En progressant au sein de salles jadis carrelées de faïence blanche, à présent maculée d’immondices et de moisissures, nous dépassâmes plusieurs tables où étaient encore attachés les restes de malheureux qui avaient été ligotés puis dépecés vivants. Il me semblait même que certains avaient été dévorés vivants vu comment la chair était arrachée des os. Une odeur d’abattoir flottait dans l’air et le sang était partout, emplissant en glougloutant les rigoles qui se déversaient vers des tout-à-l’égout dégueulant de matière humaine broyée. Dans un coin, deux créatures rachitiques et voutées, aux os saillants et à la peau blême se disputait les restes d’un cadavre. Ils tournèrent dans notre direction leurs yeux aveugles et dévoilèrent des crocs noirs et maculés de sang qui dégoulinait de leur menton. Le premier fut rejeté en arrière, la tête incendiée par le tir de plasma de Meredith, tandis que le deuxième bondit en avant et en glapissant alors que les disques shuriken de l’arme de Sial lui sectionnèrent les cervicales. Son corps s’affala entre nos pieds tandis que sa tête roula un peu plus loin avec un bruit sinistre. Pointant nos armes autour de nous, nous entendîmes monter des murmures et virent des bras osseux se tendre dans notre direction. Meredith en sectionna deux et fit cracher son pistolet au plasma, incendiant deux autres cibles qui moururent carbonisée en hurlant.
C’est alors que nous comprîmes que nous étions entourés de cellules et que dans chacune d’elle, se trouvaient des êtres moribonds et mourants. Ceux qu’elle avait touchés avaient terminés leur calvaire. Meredith rechargeait son arme, prête à libérer la mort sur tout ce qui bougeait encore autour d’elle. Les autres se tapirent au fond de leurs cages, cherchant à se fondre dans les ombres en gémissant. J’arrivais à entendre les prières qui étaient murmurées et les reconnu.
-Ils prient l’Empereur, par le Trône ! Meredtih, baisse ton arme, nous devons les libérer ! Je commençais à appeler mes anciens compagnons par leur prénom et me mis à faire sauter chacune des serrures avec mon pistolet laser. Une odeur de fer chauffé à blanc et d’ozone se rependit dans la salle. Les êtres prisonniers n’avaient plus la force de bouger, ils se contentaient de me regarder bêtement alors que je les sommais de sortir au plus vite.
Puis enfin je les trouvai.
Ils n’étaient plus que les ombres d’eux-mêmes. Maigres, émaciés, hirsutes, les yeux agrandis par les traits creusés. Ils avaient les vêtements en lambeaux, le corps meurtri et torturé.
J’entrais dans leur cellule et eu peine à les voir ainsi enchainés et l’air hagard. Nous nous empressâmes de les libérer Logan et moi tandis que Meredith et Sial couvraient les abords. Liath était dans un sal état. Le corps presque entièrement dénudé et meurtri, rien ne lui avait été épargné.
Pourtant je vis dans ses yeux une lueur de rage presque animale ressurgir. Elle bondit en avant à la manière d’un félide, tout en longeant les parois, prête à frapper. Déjà du monde approchait, Meredith et Sial se remirent à faire feu.
Fergus et Jubaï jaillirent de la cellule et se jetèrent de l’autre côté de la salle aussi vite qu’ils le purent. Fergus tomba au sol, une balle venait de le toucher à la hanche. Jubaï l’aida à se mettre à l’abri.
J’aidais Viktor à se mettre à couvert. Dégainant un automatique, un modèle Griffe compact, je lui tendis crosse vers l’avant. Il se contenta de sourire tout en manipulant avec un art consommé l’arme entre ses mains, il arma la culasse et se mit à ouvrir le feu en rafales courtes sur nos adversaires.
Meredith continuait d’arroser les cibles qui se présentaient, à court de munition, elle avait récupéré un fusil à pompe, un Crachemort qui avait du voir des jours meilleurs et dont la précision faisait défaut mais la puissance d’arrêt suffisait à faire baisser la tête de nos ennemis. Sial de l’autre côté, continuait de tirer avec ses pistolets. Chaque tir tuait une cible.
Me relavant tout en arrosant avec mon pistolet laser, je réalisais alors que notre seule voie de sortie était bloquée. Les ennemis nous avaient coincés ici comme des rats. Nous étions encerclés et ils étaient de plus en plus nombreux à nous tomber dessus.
Les prisonniers libérés furent presque tous fauchés. Ceux qui furent assez rapides, se terrèrent au fond des cellules, tentant d’échapper au massacre.
C’est alors que quelque chose me percuta avec une rare violence. Je vis tout d’abord que tout tournait autour de moi, puis le sol se rapprocha et sentit son contact froid et dur suivi de l’impact contre le carrelage couvert de sang séché. Tentant de me relever, je réalisais que je n’entendais plus rien, tout tournait au ralenti pourtant je sentais le sang couler sur mon visage. Par le Trône, j’avais du être touché par quelque chose. Viktor, me criait des mots mais je n’entendais rien, il me tira à couvert.
A côté, je vis Meredith reculer sous les impacts, son armure perforée en de nombreux endroits. Logan tentait de tirer avec son pistolet d’appoint mais son arme sauta de sa main, touchée par un impact qui la désarma.
Le son et la fureur étaient alors de retour, assourdissants. Je voyais les impacts faire sauter des morceaux de carrelage autour de moi, les tirs fusaient en tout sens, Les corps difformes et ignobles de nos ennemis se jetaient vers nous et tombaient les uns après les autres, fauchés par mes compagnons. Une balle me traversa le bras avec un bruit humide. Je ne sentais rien et fut plus gêné par le sang qui coulait devant mes yeux. Jubaï fut alors fauché par une rafale et s’écroula au sol. Fergus, déjà blessé et en sang cherchait à l’aider mais se pris une autre balle et tomba finalement. A côté d’eux se trouvait une table où étaient posées leurs armes.
Jubaï, blessé, couvert de sang, se issa sur le côté de la table, attrapa un double holster et le lança dans ma direction. A côté de moi, Viktor jeta le petit automatique désormais vide dans un geste désinvolte à la vue de ce qui arrivait. D’une main experte il se saisit du holster en plein vol et en un éclair dégaina ses deux Hecuter 9/5 chromés et décorés de motifs gravés, avec un sourire. Les deux sublimes pistolets mitrailleurs m’avaient toujours paru un peu trop tape à l’œil, plus dignes d’un caïd de ruche. Mais pour un ancien chef de gang tel que Viktor, on ne pouvait pas lui en vouloir. D’un simple mouvement du pouce, il libéra les crans de sureté ainsi que le mode en full-automatique tout en se relevant. Deux longues flammes blanches jaillirent de ses armes fétiches alors que les chambres d’éjection crachaient des douilles en cascades. Le son rassurant de ses pistolets produisait un rugissement assourdissant. Huit adversaires furent fauchés en plein élan, perforés de part en part de ses balles blindées de gros calibre, leurs corps démantibulés volèrent plusieurs mètres en arrière.
En quelques secondes il avait vidé ses chargeurs et les éjecta, tout en reprenant sa position pour recharger ses armes.
Nos autres compagnons étaient tous au sol. Fergus ne bougeait plus, baignant dans son sang, Jubaï était encore conscient mais en mauvais état, il tentait d’arrêter le sang de couler d’une de ses blessures. Meredith de l’autre côté, était à couvert et tentait de s’injecter une dose de stimulant de combat. Ses blessures semblaient trop nombreuses pour qu’elle fût encore debout. Logan aussi avait des coupures et semblait avoir été blessé. Elle se glissa vers moi et commença à appliquer quelque chose sur ma tête.
C’est alors que je le vit dans mon champ de vision. Parmi la pile de cadavres, il se releva en brandissant une sorte de scie circulaire greffée à même son bras droit. La lame émit une plainte stridente et suraigüe. L’homme était plutôt corpulent et assez petit, ramassé sur lui-même et complètement glabre à la manière de ses eunuques des palais de Minogue K. Sa peau blanche et veinée comme le marbre, était luisante, comme enduite d’huile et ses yeux globuleux étaient soulignés d’un trait de kohol. Le sommet de son crâne ainsi que son double menton luisait dans la pâle lumière vacillante des lumiglobes. Il dévoila une rangée de dents limées en pointes et une langue fendue et couverte de piercing. Du sang frais dégoulinait de sa bouche, le sien. Sa longue robe blanche en caoutchouc était maculée de sang séché à la manière des équarrisseurs à viandes. Des nombreuses poches qui composaient sa tenue, des instruments chirurgicaux se mêlaient aux outils de tortures ainsi qu’aux cuillères et fourchettes de différentes tailles. En couinant tel un goret, le maitre de Fysik brandit sa scie circulaire et fondit droit vers Viktor qui réalisa avec horreur qu’il n’aurait jamais le temps de recharger ses Hecuters à temps. J’étais trop blessé pour réagir, mais je vis Logan pointé son pistolet dans sa direction.
Une ombre jaillit alors et le percuta de plein fouet avec une vitesse surhumaine. Du sang se mit alors à jaillir en une longue giclée artérielle. Nous crûmes tout d’abord que l’assaillant venait de se faire ouvrir en deux par la scie rotative. Il n’en était rien. Devant lui se tenait Liath, ramassée sur elle-même tel un prédateur. Son corps était entièrement nu, d’un blanc maladif, le sang continuait de l’asperger abondamment et elle ne faisait rien pour l’éviter. Une de ses mains tenait le bras où se trouvait la scie qui continuait de tourner tandis que son autre bras était enfoncé dans la poitrine du maitre de Fysik. Ce dernier la regardait, ses yeux de crapaud encore plus écarquillé. Il vomissait son propre sang à gros bouillon. Elle retira son bras de sa poitrine d’un geste sec. Le sang désormais gicla partout autour d’eux. Incrédule et pris de spasme l’homme la regarda tandis qu’elle mordit à pleines dents dans le cœur encore palpitant qu’elle tenait dans sa main.
Alors elle ramena le bras inerte tenant la scie vers le haut et lui ouvrit la tête en deux avec. D’un geste du pouce elle coupa l’alimentation de la lame et laissa le cadavre glisser dans la mare de sang qui se rependait autour d’eux.
Tout en continuant de mâcher son trophée macabre, Liath pivota lentement vers ses anciens compagnons et s’essuya la bouche d’un revers de la main.
Viktor déglutit avec peine et lâcha ses deux Hecuters chromés au sol avec un bruit mat de lourds objets métalliques. Ses yeux étaient embués de larmes. Je n’arrivais plus à bouger et Logan à côté de moi commença à reculer tout en cherchant une arme encore valide à portée de main. Meredith adossé contre un mur, tenait d’une main une de ses blessures sanglantes et de l’autre un canon scié qu’elle pointait vers Liath.
Cette dernière dévisageait Viktor et commença à reculer lentement tout en secouant doucement la tête.
-Je suis désolée…sincèrement désolée Viktor…il faut me pardonner mais j’avais si faim...
D’un mouvement trop rapide pour être suivi par l’œil humain, Liath disparu dans les ombres, tel un souffle de fumée.
Ruche de Cephalon - 693.998M41
Viktor et Sial nous aidèrent à remonter. Logan utilisa ses pouvoirs de guérison sur nous et nous appliqua de nombreux bandages. Nous étions tous plus ou moins blessés. Jubaï et Fergus étaient trop sérieusement affaiblis par leurs blessures pour continuer, mais c’étaient des gars solides, ils s’en sortiraient. Aussi décidais-je de les laisser pour l’instant dans le Tauros d’où nous avions sortis les corps des arbitrators. Meredith, bien que touchée à plusieurs endroits avait gérée ses propres blessures et s’était déjà reconstituée un arsenal, parée à toute éventualités.
Depuis les murs d’enceinte de la forteresse du Magistratum où nous nous trouvions, nous entendions des déflagrations dans la ville. La pagaille qu’avait semée Meredith au sein des rangs des hérétiques n’avait pas fini de les occuper.
J’avais l’esprit encore un peu anesthésié par les stimulants de combat et mon bras gauche était pour l’instant inutilisable mais je louais l’Empereur de toute mon âme car le signal que j’avais envoyé quelques jours plus tôt semblait être parvenu à destination. Je levais les yeux en les plissant vers le ciel couleur rouille et ne pu m’empêcher de sourire à la vue des stries qui tombaient depuis l’orbite, telle pleuvrait la juste colère divine de l’Empereur-Dieu en personne.
Je n’avais pas eu d’autres alternatives que d’accélérer les événements. J’avais perdu l’artefact qui devait tenir en échec les hérétiques et le rituel impie pouvait de ce fait s’accomplir à tout instant. De plus nous ne disposions pas de moyens de lutte face à un tel danger. Par contre, la Très Sainte Inquisition possédaient des ressources au-delà de l’imaginable. Il était donc de mon devoir d’avertir les Ordos de la situation. Les codes de mon sceau en avaient ce pouvoir.
Il y a trois jours, juste après notre retour des ruines de la ruche Tercerus Magna, j’avais secrètement envoyé un message codé par vox sécurisé. C’était la procédure. Weiss m’avait donné une fréquence cryptée et un nom de code pour cette mission. Des vaisseaux en orbite haute devaient alors relayer l’information à une flotte qui se tenait prête dans le système à quelques jours de là. Cela devait normalement déclencher le courroux de l’Inquisition sur Karis Cephalon aux lieux de coordonnées que je devais communiquer. Mon Seigneur et Maître était censé être loin d’ici à l’heure actuelle, aussi me demandais-je qui allait bien pouvoir intervenir.
L’assaut avait apparemment déjà commencé. Une frappe chirurgicale sur les centres névralgiques de la ville : les casernes, les Generatoria, le Palais et le Templum. Ces frappes devaient neutraliser les zones sous le contrôle des cultistes. Des panaches de fumée s’élevaient déjà au dessus de la cité. Les modules d’assaut suivaient tout juste le bombardement. A peine les explosions avaient-elles cessées que les capsules ou navettes touchaient déjà le sol, libérant les troupes inquisitoriales.
Logan s’accroupie devant moi et s’occupa de mes bandages.
Plusieurs fois elle m’avait lancée des regards interrogateurs mais n’avait rien dit de plus. Je savais qu’elle avait un paquet de questions à me poser mais n’en fit rien. Elle m’envoya alors un message en utilisant ses pouvoirs.
Un message qui aurait persuadé plus d’un homme à tout plaquer et à partir loin de tout cela avec cette fille. Elle avait tellement confiance en moi.
Partir loin n’aurait rien changé. Pas avec ce que je savais sur ce monde. Loin de tout cela est une notion qui ne peut exister. Pas avant très longtemps en tout cas.
L’eldar s’était dissimulé non loin dans sa cape caméléoline et scrutait les cieux avec crainte. Viktor lui, s’était assis au sol, adossé au véhicule et s’était muré dans une sorte de mutisme depuis le changement opéré sur Liath. Je n’avais souhaité encore en parler avec lui, mais il faudra bien aborder ce sujet prochainement. Lui et le reste de l’équipe Alpha allait devoir être mis en quarantaine pour interrogation. Liath, leur chef d’équipe avait clairement succombée à la corruption du Warp et cela n’était pas anodin. Elle allait désormais devenir une ennemie qu’il faudrait traquer. Viktor était un type intelligent et il connaissait les risques, il ne ferait rien pour compliquer cette tâche délicate.
Meredith approcha vers moi à grandes enjambées. Elle venait d’enclencher un chargeur courbe de trente cartouches dans un fusil d’assaut trouvé dans l’arsenal d’un des bâtiments. Un Armageddon AK-40K. Elle me lança un regard froid en me montrant les stries qui marquaient les cieux.
-La guerre a commencée ou quoi ?
-En effet. Et je vois que tu brûles d’envie d’y participer, c’est bien ça ? Lui répondis-je.
Elle fit jouer les muscles de ses mâchoires, puis telle une machine, elle reporta son attention vers un des bâtiments de la forteresse où nous nous trouvions. Un mince câble blindé partait d’une de ses tempes vers son auspex accroché à son épaule. L’esprit de divination de ce dernier venait de pressentir quelque chose. De la main elle signa quelques gestes à mon attention :
-Du mouvement, cinq hostiles embusquée me renseigna-t-elle.
Déjà, d’une foulée souple et rapide elle se dirigea vers l’endroit signalé à une cinquantaine de mètres de là. Je fis un signe de tête à Viktor et Logan. Se saisissant de leurs armes, ils se joignirent à moi pour la rejoindre. Sial était presque arrivé au niveau du bâtiment et s’était plaqué contre un des murs, proche des marches qui menaient à la porte blindée.
Nous n’étions plus qu’un une vingtaine de mètres que cette dernière s’ouvrit brusquement. Un type à la musculature hypertrophié, à la peau rouge brique et arborant une paire de corne de capride en jaillit en beuglant. Il portait une mitrailleuse à tambour et se mis à arroser dans notre direction. Il était suivi de prêt par deux autres subs, ces sous-humains trop mutés pour être utiles et qui hantent fréquemment les pires bas-fonds. L’un d’eux, bossu, le corps tronqué, portant deux têtes ballantes et tenant un laser à platine et l’autre, un nain aux pattes trop courtes, couvert d’écailles vertes et armant un tube lance-roquettes. Le projectile partit maladroitement en fusant au dessus de nos tête et alla éclater dix mètres trop haut sur une partie d’un des bâtiments de l’autre côté de la cour. Meredith jaillit alors d’un de leurs flancs et ouvrit le feu à bout portant avec son fusil d’assaut. Sial de l’autre côté, les prit à son tour dans un tir croisé, tandis que Viktor fit cracher ses Hecuters. Nos assaillants furent fauchés en un instant, s’écroulant au sol et dévalant les quelques marches qui donnaient vers la porte. Logan et moi n’eurent même pas à faire feu, déjà Meredith s’engouffra à l’intérieur, dos courbé et arme pointée devant elle. Alors que nous allions pénétrer à notre tour à sa suite, nous entendîmes de nouveau son arme aboyer des rafales courtes par deux fois puis plus rien.
De la fumée, des douilles au sol, du sang et deux autres cadavres de subs dans une salle aux allures de poste de contrôle. L’un d’eux, mi-homme, mi molosse, portaient une ceinture bardée d’explosifs et avaient bien compté s’en servir. Il avait à présent la moitié de son contenu crânien rependu par terre. Sans l’intervention rapide et expéditive de Meredith, nul doute qu’il se serait fait exploser avec toute la pièce autour de lui.
Viktor ne perdit pas de temps et se dirigea vers une des consoles. Il commençait déjà à enclencher certaines runes des panneaux de contrôle tout en actionnant des manettes et autres leviers. Sur des écrans pix, des dizaines de vues nous montraient différents lieux à la manière de ces yeux à facettes qu’ont certains insectes. Je fis un signe à Sial d’aller couvrir nos arrières.
-Ce poste de contrôle dirige plusieurs dizaines de servo-pix, nous lança alors Viktor. Certains couvrent cette forteresse mais d’autres semblent surveiller des zones de la ville.
-Parfait, répondis-je, satisfait que certains d’entre nous soient familiers avec cette technomancie. Il nous faudrait repérer certains lieux…Peut-on avoir une vue du Palais, ou du Museum ou même du Templum, lui demandais-je.
Meredith commença elle aussi à pianoter sur certaines touches. Effaçant certaines images, en sélectionnant certaines autres, elle finit par en agrandir plusieurs.
Nous avions là des vues nous montrant des scènes de combat intensives. Des troupes d’assaut déposées par des navettes Valkyrie, pénétraient dans des bâtiments mais s’opposaient alors à une forte résistance.
-Ce sont des troupes de chocs de l’Inquisition, pointa alors du doigt Viktor en direction d’un écran. Il se tourna vers moi. C’est toi qui a prévenu les Ordo Coptis ?
Je hochais alors positivement la tête.
-Ils prennent d’assaut le palais, le museum et les garnisons, ajoutais-je en analysant rapidement les images.
-Et le Templum ? Ajouta Logan.
Je fis un signe vers Viktor. Ce dernier s’empressait déjà de régler les commandes et nous fit apparaître plusieurs vue du Temple Impérial. Il n’était visiblement pas touché par l’assaut. Nous vîmes des personnages s’y engouffrer, encadrés par des gardes armés. D’autres personnages encapuchonnés suivaient ce mystérieux groupe.
-Regardez ! Cria aussitôt Logan, c’est Malfus Arbindus…et là, c’est…Zeunct ! Par le Trône, on dirait qu’ils sont accompagnés de psykers…
Tout en récupérant mes affaires, je lançais un regard à mes compagnons qui comprirent tout de suite quel était notre prochain objectif. Si cet apostat d’Arbindus et cet intriguant de Zokthan Zeunct se barricadaient dans le temple avec leurs sorciers, nous étions sûr qu’ils allaient y préparer un très mauvais coup. D’autant plus que le temple faisait partie des cibles que j’avais communiqué aux Ordos. Le fait que ce lieu paraisse épargné était étonnamment suspect.
Meredith était déjà dehors et traversa la cour aussi vite qu’elle le pu, elle dépassa le Tauros et fila vers un des hangars à véhicules. Je me doutais qu’elle avait déjà en tête comme à son habitude, un plan bien à elle.
Nous filâmes tous les quatre avec Sial, Viktor et Logan vers le Tauros. Viktor prit les commandes et démarra en trombe alors que je n’avais pas encore refermé la trappe d’accès. Si un Technoprêtre s’était trouvé là il en aurait grillé une diode tellement les saintes procédures d’Eveil de la Machine étaient bafouées. Nous dûmes nous cramponner à tout ce qui dépassait pour ne pas nous retrouver éjecté du camion. Logan tentait comme elle le pu de générer une sorte d’aura autour des deux blessés qu’elle avait solidement sanglée afin qu’ils ne se brisent pas les os. Seul l’eldar semblait trouver son équilibre alors que nous étions ballotés tels des fétus de paille. Il commença méticuleusement à sortir de sa housse un long fusil de sniper de fabrication xenos.
Je la vis alors dans mon champ de vision par une des lucarnes du Tauros alors que nous sortions de la forteresse en plein dérapage afin de nous engager dans une des rues du quartier. Plutôt que de sortir du hangar à véhicule, Meredith avait jugé bon de gagner du temps en effectuant une marche arrière. Le Leman Russ qu’elle venait d’emprunter venait de pulvériser le mur d’enceinte dans un grand renfort de blocs et de poussière de lithobéton et tout en pivotant sur une de ses chenilles, venait tout juste de s’engager dans la rue devant nous. Le blindé rua violemment et commença à prendre de la vitesse détruisant tout ce qui se trouvait sur son chemin, la chaussée, les poteaux indicateurs, les lignes télégraphiques et leurs câbles mais aussi tous les véhicules garés là. Meredith ouvrait la voie et fonçait droit vers le temple, se frayant un chemin au travers des rues étroites.
-Cette fille est incroyable me cria Viktor avec un grand sourire, on a l’impression qu’elle mène une guerre à elle tout seule !
Devant nous les façades des bâtiments explosaient tandis qu’elle traversait sans ménagement les boutiques du Commercia.
-C’est exactement le cas, lui répondis-je en hurlant. C’est l’avantage et l’inconvénient de cette fille.
-Pour l’instant, on va espérer que ce soit l’avantage vu qu’elle a l’air d’être de notre côté.
-Que l’Empereur nous garde, Viktor !
Un petit groupe de soldats des FDP hérétiques ouvrit le feu avec leurs fusils laser à l’approche du blindé. Ils n’eurent même pas le temps de s’enfuir. Meredith les faucha aussitôt avec le bolter lourd de coque asservi.
Contrairement aux véhicules space marines, tels les puissants Land Raiders dont l’esprit de la Machine est en partie capable de remplacer un équipage, les chars Leman Russ doivent être dirigés manuellement. De ce fait, il est impossible au pilote de faire tirer les canons du véhicule en dehors de l’arme anti-personnel de coque. Meredith semblait de toute façon ne pas s’en soucier. Les soixante tonnes du char d’assaut lancés à plus de trente kilomètre-heure allaient quoi qu’il arrive faire la différence.
Vil xenos omniscient
Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
Lol un assassin impérial dans un Leman Russ
je veux la suite ou le dit assassin va (j'èspère) tout défoncer avec
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-[FACTION] Chapitre Angelic sentinels -
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Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
Merci à toi, ami lecteurBelial a écrit:
je veux la suite ou le dit assassin va (j'èspère) tout défoncer avec
La fin de ce tome 1, je te le promets, va être épique
Vil xenos omniscient
Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
ok
mais y'a un tome 2 ?
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Belial Space Marine - Messages : 240
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Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
C'est une trilogieBelial a écrit:mais y'a un tome 2 ?
Vil xenos omniscient
Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
Yeaaaah !!!!
j'aurais plus a lire !
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Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
Le parvis devant le temple arrivait à présent à toute vitesse devant nous. Viktor donna un coup de volant et appuya sur l’accélérateur du Tauros, doublant allègrement le Leman Russ qui fila lentement mais surement droit vers l’entrée principale. Je devinais alors l’approche tactique employée. Nous étions en train de contourner le temple. Viktor donna un nouveau coup de volant, défonçant au passage une grille avec la lame bulldozer, nous étions désormais en train de filer vers un des bras du transept. Une entrée annexe du bâtiment se trouvait là. Il hurla à tout le monde de se cramponner.
Dans un choc à vous briser les os et dans un fracas de bombardement, le puissant Tauros enfonça la paroi, la porte et toute la maçonnerie qui l’entourait. L’engin fit une violente embardée avec un bruit de métal torturé et de blocs de pierre éclatés. Je cru bien un instant que nous allions périr écrasés sous des tonnes de lithobéton et de poutrelles de plastacier. Malgré des plaques de blindage et une de nos roues arrachées, le véhicule tint bon et émergea en bondissant au beau milieu du transept.
Par les vitres grillagées, le peu que je pu apercevoir fut une sorte d’assemblée de personnages habillés de longues robes qui semblaient être regroupée devant quelque chose de très gros au niveau du maitre-autel. L’Aquila et les symboles religieux de l’Ecclésiarchie avaient été remplacés par des signes impies et blasphématoires.
Dans le même instant, à plus de deux cents mètres de nous, le Leman Russ de Meredith venait de défoncer l’entrée principale de la nef puis enfonça le Narthex dans une grande gerbe de poussière et de pierre pulvérisée. Le blindé arrivait à ce résultat avec moins de peine que nous et écrasait désormais les rangées de bancs comme si il s’était agit là de brindilles de bois. Parmi la fureur, le bruit, la surprise, et la poussière, des silhouettes de combattants se précipitaient à grand pas pour tenter de fuir notre assaut. Certains des assaillants manquant de rapidité furent happés et écrasés sous nos roues ou broyés avec les bancs sous les chenilles du tank. La confusion était totale et c’était exactement ce que nous espérions causer.
Malgré la lenteur de son véhicule, désormais ralentie par les nombreux obstacles, Meredith filait droit devant vers le chœur du Templum. Viktor, comprenant que la collision allait nous être fatale, accéléra au niveau de la Croisée et fila vers l’autre aile du transept, fauchant au passage bon nombre d’ennemis qui passèrent ainsi sur notre route. Finalement il braqua et freina au maximum, laissant le lourd engin déraper sur les dalles en marbre, dans un grand renfort d’étincelles et de tôles froissées, pulvérisant la statuaire et les hérétiques qui s’étaient réfugiés là. La scène de destruction était absolument surréaliste.
A peine le Tauros s’était-il arrêté que son moteur encore crachotant se mis à dégager une épaisse fumée noire et des flammes depuis son moteur.
Cela annonçant rien de bon, aussi j’ordonnais à mes compagnons de sortir du véhicule et d’aider les deux blessés pour se mettre à couvert. Des impacts de laser et de balles tintaient en ricochant sur le blindage de notre engin et sur les colonnades où nous étions réfugiés. Les cultistes n’avaient pas perdu de temps à riposter et nous clouaient désormais sur place.
Mon pistolet bolter était vide, je dégainai donc mon pistolet laser et ouvrit le feu au jugé vers des silhouettes qui avançaient vers nous au travers de la fumée. Viktor fit cracher ses Hecuters et l’eldar venait de trouver une balustrade un peu surélevée d’où il arrivait à tirer avec son long fusil.
Je compris alors ce qui était en train de se passer. L’assemblé que j’avais entraperçu juste avant était en fait composée de sorciers. Ces derniers se tenant devant l’immense et immonde statue que nous avions observée dans le Museum. Cette parodie impie de quinze mètres de haut, montrant un démon majeur du Chaos à deux têtes semblables à celles d’un vautour, montrée aux côtés d’un personnage blasphématoire censé représenter l’Empereur. Par quel sortilège s’était-elle retrouvée là était un mystère total.
Une forte magie s’en dégageait et des volutes d’énergie violacée entouraient le démon qui irradiait d’une lueur pulsant tels les battements d’un cœur. L’or qui composait son revêtement commença à se craqueler et à tomber en morceau. A l’intérieur bougeait quelque chose qui avait du mal à contenir sa puissance et sa fureur.
Dans un rugissement de moteur et de bolter lourd, le tank continua alors droit devant lui en direction de la statue du démon qui se trouvait dans le chœur même du Templum, détruisant tout sur son passage dans un fracas épouvantable.
Les sorciers qui continuaient d’invoquer se mirent alors à accroitre leur litanie sous les ordres de Malfus Arbindus, le Cardinal Apostat tandis que leurs gardes continuaient de nous tirer dessus ainsi que sur le blindé.
Sur un de ses gestes, les sorciers s’enflammèrent soudain, brulant d’une combustion spontanée qui n’avait pas l’air de les affecter tandis qu’ils continuaient de scander leur invocation. Leurs robes partirent en fumée et leurs bras s’allongeaient alors étrangement en même temps que leur tête disparaissait entre leurs épaules. Leur incantation se mua alors en un hideux caquètement.
Mes compagnons et moi-même continuèrent d’ouvrir un feu nourrit, fauchant les cultistes mutants qui tentaient de protéger les sorciers.
C’est alors que ce que je redoutais le plus se produisit. L’onde malveillante se propagea au ralenti, comme une huile iridescente et multicolore qui se serait répandue depuis le démon.
Une odeur écœurante et entêtante, mêlant tous les parfums inimaginables et toutes les pires odeurs en une seule nous agressa violemment les sens. Viktor et moi fûmes frappés de tournis tandis que du sang coulait de nos nez et de nos oreilles, agressés psychiquement par une force redoutable. Nous luttions pour ne pas sombrer dans l’inconscience et cela affecta notre visée. Je vis l’eldar, à quatre pattes en train de vomir. A mes côtés, Logan était en transe, ses yeux retournés, elle récitait des paroles incompréhensibles à une vitesse trop rapide pour l’oreille humaine. Je voulais leur crier de résister et garder la foi mais aucun son ne semblait parvenir à leurs oreilles. Le sortilège était d’une puissance incroyable.
Les pierres du temple se craquelèrent en gémissant et se mirent à pleurer du sang tandis que la structure même de l’antique bâtiment commençait à trembler. Aux murs dans les absidioles, les toiles inestimables représentant des scènes de la vie de l’Empereur et ses Saints s’enflammèrent comme des torches, brulant d’un feu rose. Les statues de marbre et autres bas reliefs encore intactes, présentant de pieux personnages ou des symboles du culte s’effritèrent et se délitèrent, tombant en fragments à même le sol.
C’est alors que le char en pleine lancée heurta la statue.
Mais la statue n’en était plus une. Le Duc du Changement Pharaa’gueotla, Prince Démon de Tzeentch était de nouveau revenu à la vie.
Fracassant ce qui restait de son enveloppe dorée et déployant ses ailes aux reflets changeants dans toute la largeur du chœur, le démon bicéphale stoppa net le blindé de soixante tonnes en plaquant une de ses pattes griffue sur le devant de la coque. Le moteur et les chenilles se mirent alors à crisser et à fumer tandis que le choc fit reculer le démon de plusieurs mètres. Les dix-huit centimètres de blindage de coque commencèrent à se gondoler sous l’effort alors que les griffes mordirent profondément dans l’acier. Le démon se pencha vers l’avant. De ses deux immenses mains garnies de griffes il se saisit du canon et tira dessus. Le canon plia sous l’effort tandis qu’il arracha la tourelle dans un grincement de métal torturé. D’une main il la projeta en l’air comme si il s’agissait là d’un simple bâton. La tourelle tournoya sur elle-même, traversant toute la longueur de la nef, pulvérisa la rosace millénaire qui décorait la façade et partit s’écraser loin dehors sur le parvis. Le choc de l’impact fit détonner le magasin à munitions qui s’y trouvait, causant une vague de destruction à l’extérieure.
Relevant ses deux têtes vers la voute, Pharaa’gueotla rugit sa venue au monde en un rugissement rauque et subsonique qui se mit à ébranler la structure déjà fragilisée du Templum.
Des blocs de maçonnerie commencèrent à tomber en petite pluie. Les cultistes qui se trouvaient encore dans le temple furent balayés par l’onde de choc, leurs corps pris de spasmes se mirent alors à muter à grande vitesse.
Des sorciers il ne restait rien. Rien d’autres qu’une horde d’horreurs jacassantes sans tête, à la peau rosée et ondulante comme un liquide épais où se formaient de nombreux visages difformes. Depuis les extrémités de leurs longs membres élastiques sortaient des flammes roses et bleues.
Le démon sauta alors lourdement à pieds joints sur les restes du blindé, écrasant sa structure comme si elle avait été en carton et l’enfonça profondément dans le sol. Si Meredith s’y trouvait encore, elle venait assurément de périr d’une mort atroce.
Vikor et Logan étaient saisis de spasmes tels des épileptiques tandis que des sons incompréhensibles sortaient de leur bouche. L’eldar était replié au sol en position fœtale et hurlait dans sa langue païenne.
Je luttais désormais avec la seule arme qui me restait : ma foi.
Je continuais de réciter en boucle l’Hymne de la Gloire de l’Empereur en hurlant afin de me protéger de la démence qui commençait à s’emparer de mon âme. Une tornade venait de se lever dans la nef, faisant tournoyer des fragments d’objets fracassés en tout sens.
In Nomine Imperator Nostrum, Hominorum Salvator
Adore l’Empereur car Il est le Sauveur de l’Humanité.
Obéis-Lui car Il te guidera vers la lumière du futur…
Abatant une de ses longues pattes sur une rangée de colonnes, il les brisa de rage. Le démon tourna alors son attention dans ma direction comme agacé par un moustique qui l’aurait réveillé et mis de fort mauvaise humeur.
Les morceaux de la voutes continuaient de pleuvoir. Des blocs de lithobéton de plusieurs tonnes rebondissaient au sol en fracassant le dallage déjà mis à mal.
..Prête attention à Sa parole car Il te protégera du démon
Murmure Ses prières avec dévotion car il sauvera ton âme.
Honore Ses serviteurs car ils parlent en Son nom…
L’entité malveillante me lança un regard perçant, sondant mon âme au plus profond. Le choc psychique me projeta violement contre un sarcophage et faillit bien me tuer. D’anciennes blessures se rouvrirent en même temps que je sentis certains de mes os se briser dans mon épaule et mon bras gauche déjà blessé. La douleur était vive au point que je faillis m’évanouir.
D’un geste enragé, Pharaa’gueotla se saisit des restes broyés de la carcasse du blindé et la souleva du sol comme s’ill s’était agit là d’une simple caisse.
Je me redressais comme je le pu et m’adossais, le souffle court contre le sarcophage brisé. Du sang coulait de bon nombre de mes blessures et ma bouche en était emplie. La vie allait me quitter mais ma foi en l’Empereur-Dieu, Sauveur de l’Humanité et Défenseur de tout ce en quoi je croyais ne me quitterait jamais. Logan et Viktor se redressaient alors péniblement. Du sang coulait de leur visage. Ils reprirent alors en cœur le dernier couplet de la litanie.
…Tremble devant Sa grandeur
Car nous marchons tous dans Son ombre immortelle
In Nomine Imperator Nostrum
Hominorum Magistris, Amen…
Le démon savourait alors sa victoire à l’avance, des murmures dans une langue impie pré-humaine sortait des ses deux bouches, parodiant dans une affreuse moquerie nos prières tandis que des rires déments montaient de ses démons mineurs roses assemblés à ses pieds.
Soulevant lentement le blindé au dessus de sa tête, il s’apprêta à le projeter dans notre direction pour nous broyer dessous. Son geste fut cependant arrêté dans son élan. Quelque chose venait d’attirer son attention. Quelque chose qui mettait ses sens surnaturels en émoi.
Nos prières venaient d’être entendues et cela ne le faisait plus rire.
Dans la nef du templum, des éclairs d’énergie se mirent à crépiter à une trentaine de mètres du démon. Une forte odeur d’ozone accompagnée par la surpression engendrée par la téléportation les fit apparaître.
D’abord de vague silhouettes brumeuses. Puis en un éclair l’enfer se déchaina.
Cinq guerriers ultimes en armure Aegis métallisée et couverts de sceaux de puretés se ruèrent sur l’abomination. Les psy-canons et les lames Némésis abattirent en quelques secondes les horreurs et les mutants engendrés par Pharaa’gueotla sans même ralentir leur assaut.
Le démon allait projeter la carcasse du Leman Russ sur ses nouveaux assaillants mais n’en eut pas le temps. Derrière lui, dans le chœur, une deuxième escouade venait de se téléporter et le prit à revers en ouvrant le feu. L’un d’eux portait une armure énergétique entièrement noire, luisante comme la carapace d’un scarabée. Les rafales à très haute cadence de psy-bolts frappèrent le démon comme la foudre. Chaque impact arrachant de sa substance, affaiblissant son aura à chaque fois et l’annihilant à petit feu. Le démon tituba et tenta de se retourner pour projeter le blindé qu’il tenait toujours mais les bolts le harcelaient le plus belle. Deux des Teminators se jetèrent alors sans hésiter entre ses longues jambes et frappèrent à deux mains à l’aide de leur lame Némésis. Le premier périt écrasé par le démon qui le broya sous s a patte comme un simple œuf. Le deuxième fut ouvert en deux par une des griffes mais parvint tout de même à sectionner une des jambes du démon à hauteur du genou avant de rendre l’âme.
Un fluide vaporeux et violacé s’en écoula comme du sang tandis qu’une vive lueur se mit à briller de chacune de ses blessures. La bête hurla de rage. Les Chevaliers Gris restant ne faiblirent pas leur cadence de tir et continuaient d’arroser l’entité tandis qu’elle perdit l’équilibre, déstabilisée par sa blessure et par le poids immense du blindé qu’elle tenait toujours à bout de bras. Le monstre tenta de s’en séparer en le lâchant mais bascula finalement et s’écrasa lourdement au sol. Le Leman Russ lui retomba dessus, enfonçant sa cage thoracique et une de ses têtes en les écrasant de plus de trois mètres dans le sol dallé. L’impact et le rugissement psychique fut dévastateur et l’onde de choc projeta les marines en arrière. Seul le guerrier en noir continuait d’avancer, insensible aux sortilèges démoniaques. Bondissant avec souplesse sur l’épave fumante du Leman Russ démembré, il surplomba le démon.
Ce dernier écrasé sous la masse du char, tentait de se dégager, ses deux longues mains griffues cherchant à s’agripper à la carcasse tandis que de sa tête encore valide il cherchait à mordre à coup de bec le guerrier en noir.
Dans une main, ce dernier tenait une épée de force, parcourues d’éclairs blancs et longue de plus de deux mètres, dans l’autre son psy-canon qui cracha en full-automatique et à bout portant en plein dans la gueule du monstre ses munitions sanctifiées. Chaque impact lui faisait exploser un peu plus de sa matière putride. Puis d’un geste souple, la lame bénie sectionna le cou de la créature dont la tête ravagée vola à plusieurs mètres de là. Les énergies maléfiques qui composaient la créature s’échappèrent alors tel un fluide multicolore en hurlant tandis que son corps s’embrasa en un feu de joie.
Le guerrier resta encore un instant au milieu des flammes puis bondit du char et atterrit lourdement sur le sol du Templum. Déjà certains de ses guerriers l’avaient rejoint. Ils ne pouvaient plus rien pour les deux Chevaliers qui avaient donnés leur vie. Leur mort héroïque serait honorée comme il se doit.
Logan et Viktor venaient de me rejoindre. Couverts de blessures et maculés de sang, nous avions les vêtements déchirés, sales et recouverts de poussière. Nous étions mal en point et tenions à peine debout mais nous étions encore vivants. Il n’y avait plus nulle trace de l’eldar ni de Meredith. Je ne savais même pas s’ils avaient survécus.
Deux silhouettes massives et gris clair se dressèrent soudain devant nous, armes dressées, près à nous supprimer dans l’instant. Je sortis ma rosette d’interrogateur et la leur montrai.
-Interrogateur Joshua Dante, agent des Ordos Coptis…
Les deux Chevaliers Gris nous maintinrent tout de même en joue. Les fulgurants sur leur gantelet se verrouillèrent. L’un d’eux appela dans son vox.
Le guerrier en noir approcha alors tandis que les autres guerriers se déployaient et sécurisaient rapidement les lieux.
L’homme approcha et remit sa longue épée neuf fois bénie à un de ses guerriers qui s’en saisit avec soin. Puis il enclencha des runes de chaque côté de son casque afin de le déverrouiller dans un chuintement de pressurisation. La visière de son heaume se releva, dévoilant le visage d’un homme âgé et marqué par le temps et les cicatrices. Ses cheveux blancs étaient coupés court en brosse. Ses yeux bleus cybernétiques s’accordaient avec le tatouage tribal en forme de flammes de la même couleur qui ornait son arcade gauche. Un air noble et profondément charismatique se dégagea de lui, à la manière de ces anciens héros de légendes de la bonne vieille Terra.
Nul symbole n’ornait son armure noire de jais en dehors d’une rangée de sceaux de pureté et de parchemins consacrés. A un de ses doigts une simple bague portait le sceau de sa charge.
Je connaissais cet homme pour avoir déjà eu l’honneur d’assister à certaines de ses brillantes conférences lorsque je terminais mon noviciat aux Saints Ordos.
L’Inquisiteur Schaeffer Mkmillan de l’Ordo Malleus.
C’était aussi depuis plus de deux siècles, un vieil ami de mon Seigneur et Maitre, l’Inquisiteur Weiss. Ce qu’il venait d’accomplir ne semblait pas l’impressionner plus que cela car ce n’était pas la première fois qu’il terrassait un Duc du Changement.
-Seigneur, lui lançais-je en posant un genou à terre et en inclinant ma tête avec respect tout en effectuant le signe de l’Aquila. Mes compagnons m’imitèrent aussitôt. C’est un honneur pour nous de…
-Non, mon ami. C’est vous qui nous honorez aujourd’hui. Relevez-vous tous les trois. Les Ordos Coptis vous doivent une grande victoire.
Dehors les bruits de la bataille pour libérer la ville s’entendaient encore de façon sporadique. Des tirs d’armes lourdes, des explosions. Des escadrons de Valkyries et autres engins de transport sillonnaient les cieux et continuaient de débarquer hommes et soutien au corps inquisitorial.
Arpentant une partie du Transept ravagé avec mes compagnons, je cherchais Sial parmi les corps des cultistes. Mais apparemment ce maudit xenos avait totalement disparu. Seul l’Empereur savait ce qu’il était advenu de lui. De toute façon le déploiement de forces inquisitoriales était tel qu’il valait mieux pour lui qu’il soit loin d’ici.
Un petit groupe de quatre Chevaliers Gris approcha dans notre direction. Ils tenaient apparemment deux prisonniers en sale état qu’ils jetèrent au sol, aux pieds de l’Inquisiteur. Je reconnu aussitôt Meredith, blessée, sa tenue d’arbitrator en lambeaux, le visage noir de suie, les cheveux blonds en pagaille, couverts de poussières de plâtre et de sang. Par quel miracle, elle était parvenue à en réchapper était un mystère.
Je me tournais alors vers l’Inquisiteur Mkmillan.
-Seigneur, cette femme est un de mes agents…
L’Inquisiteur fit un geste vers les Terminators qui la libérèrent aussitôt.
Cette dernière se releva et m’adressa un petit signe de tête de gratitude en venant se tenir à côté de mes autres compagnons.
Meredith avait beau avoir un caractère indépendant et parfois mystérieux, frôlant souvent l’insolence, elle n’en demeurait pas moins un formidable élément plein de ressources.
L’autre personnage n’était autre que Malfus Arbindus. Ce damné Cardinal Apostat avait eu la mauvaise idée de s’en tirer. Brisé et entravé il nous lança un regard plein de mépris en crachant à nos pieds. Il allait désormais le regretter amèrement dans les geôles de l’Ordo Malleus où un traitement spécial l’attendrait.
A l’heure qu’il était, l’autre responsable de ce désastre, Zokhtan Zeunct était soit mort soit en fuite et Anthérax, le Forgeron de Guerre de la Black Legion n’avait pas donné signe de vie depuis les évènements de Tercerus Magna. Leurs sombres projets avaient bien failli réussir.
Pourtant je subodorais qu’ils étaient toujours en vie, tapis là quelque part. Nos chemins se recroiseraient un jour dans d’autres circonstances, cela était certain.
Sortant de mes rêveries, j’aperçu un groupe de personnages qui remontait la nef au travers des ruines encore fumantes. Nous reconnûmes aussitôt une escouade Retributor de l’Adepta Sororita armée de bolters lourds et de multi-fuseurs menée par une Chanoinesse et une autre femme que je ne connaissais pas encore à cette époque-là. D’autres étranges figures complétaient le tableau derrière elles. Des psykers entravés par de lourdes chaines et cagoulés, des archoflagellants aux bras cybernétiques et même une escouade de ces fanatiques et suicidaires sœurs du repentir armées de leurs longues épées tronçonneuses, le crâne rasé et le corps quasi nu, couvert de parchemins sanctifiés et de sceau de pureté.
L’inquisiteur Mkmillan se tourna vers les nouvelles venues et leva un sourcil. Ses guerriers Terminators à ses côtés. Moi et mon équipe restâmes en retrait. La femme de tête approcha, suivie de son escorte.
Il murmura alors entre ses dents pour lui-même :
-Cette petite pisseuse va encore venir me faire chier…
Elle était grande, la taille fine, à l’allure fière et sûre d’elle comme ses demoiselles de la haute. Elle portait une délicate armure de plaques richement ouvragée en or damasquiné de runes d’argent ainsi qu’une cape de pourpre brodée elle aussi de fils d’or. La capuche de sa lourde cape était abaissée sur son visage. Un pistolet au plasma était accroché à sa hanche aux côtés de sceaux de pureté et de divers objets sanctifiés. Sa rosette sertie de rubis était affichée de façon ostensible entre les plaques dorée de sa poitrine galbée. Au dessus d’elle, deux chérubins l’encadraient en flottant à ses côtés. L’un portait son lance-flamme compact plaqué d’argent repoussé et l’autre son lourd grimoire cadenassé. Deux autres chérubins portaient la traine de sa cape derrière elle, tels de saints serviteurs.
La Chanoinesse à ses côtés fit ordre d’un simple geste à ses sœurs de s’arrêter. Ses dernières se mirent en position de défense passive selon un schéma standard.
C’était une femme encore jeune aux cheveux blonds cendrés coupés très courts et aux yeux couleur acier lui donnant cet air volontaire et farouche de ses belles guerrières amazones des mondes sauvages. Une balafre fendait sa joue gauche jusqu’à ses lèvres charnues et son œil gauche était une prothèse bionique de grande qualité. Son armure énergétique noire et rouge comme celles de ses sœurs était richement décorée de fleurs de lys et de I en filigranes d’or. D’une main elle tenait une lourde masse énergétique sanctifiée et de l’autre deux archoflagellants tenus au bout d’une chaine, attendant un simple ordre de sa part pour semer la mort.
La chanoinesse resta en retrait, laissant l’inquisitrice s’avancer.
Cette dernière releva sa capuche pourpre et toisa l’Inquisiteur qui se tenait à mes côtés. Bien que son armure énergétique lui conférait déjà une grande taille, ses Terminators eux, étaient de vrais géants et le dépassaient de deux têtes. La jeune femme du haut de son mètres quatre-vingt n’en semblait en rien impressionnée.
Je la voyais pour la première fois et fut frappé par sa beauté saisissante et la pureté de ses trais angéliques. C’était une jeune femme de tout juste vingt-trois ou vingt-quatre ans, aux yeux aigue-marine en forme d’amande, légèrement mi-clos et au visage évoquant ceux des saintes de l’art gothique classique. Une beauté que l’on ne retrouvait plus de nos jours que dans la haute noblesse de Terra. Seules deux mèches ondulées de ses cheveux blonds vénitiens dépassaient de la collerette blanche qu’elle portait sur la tête et encadraient sa bouche petite aux lèvres charnues. Une auréole de lumière projetée par un champ miniature entourait l’arrière de sa tête. Une telle aura se dégageait de cette jeune femme que mes compagnons et moi-même nous agenouillèrent par respect.
-Inquisitrice De Ratisbonne, Seigneur de l’Ordo Hereticus du Secteur Coptis, se présenta-t-elle. Sur ordre des Saints Ordos, je suis en charge de cette mission inquisitoriale.
-Cassandra…c’est toujours un plaisir de vous savoir à nos côtés dans les meilleurs moments, lui lança l’Inquisiteur Mkmillan non sans une pointe de cynisme.
-Epargnez-moi vos sarcasmes et tenez votre rang, Mkmillan !
J’apprendrais alors plus tard que Cassandra de Ratisbonne était en fait la petite fille d’un des Hauts Seigneurs de Terra en personne. Sa noble lignée et les puissants appuis que cela lui apportaient lui avaient permis de s’élever très rapidement dans la carrière de son choix. Un choix et une fulgurante progression qui n’étaient pas du goût de tout le monde, mais parmi l’élite dirigeante il était toujours de bon ton d’avoir des relations au sein de l’Inquisition. Cassandra était moins une femme de terrain qu’une politicienne très habile qui avait su se constituer un puissant réseau au sein de l’élite puritaine du secteur. Jouant subtilement de son grand charisme et de ses talents politiques. Certains prétendaient même qu’elle n’hésitait pas à mettre à ses pieds certains hommes de pouvoirs. Des femmes aussi, à ce qu’on disait. Mais de telles excentricités étaient courantes dans les cercles du pouvoir.
Elle sortit un rouleau de parchemin d’un étui accroché à sa ceinture, le déroula et le tendit à l’Inquisiteur Mkmillan. Le document portait le sceau officiel des Ordos du Secteur.
-Par ordre du Seigneur des Ordos Coptis, j’ai ici un mandat à l’encontre de Malfus Arbindus, accusé entre autre d’hérésie, de sorcellerie et de trahison. Je vous passe les quarante-huit autres charges retenues contre lui. Ce prisonnier tombe donc sous la responsabilité de l’Ordo Hereticus. Veuillez avoir l’obligeance de nous le remettre, Inquisiteur. La jeune femme s’exprima dans un parfait haut gothique comme il sied au protocole de l’Inquisition.
L’Inquisiteur ne discuta pas et fit un geste à l’attention de ses Chevaliers Gris. Le prisonnier fut alors emmené par des sœurs de bataille. Celui-ci se mit alors à les maudire et à les insulter. Un coup de gantelet en plein visage le priva soudain de sa verve et de cinq de ses dents. L’hérétique disparu alors en gémissant avec ses geôlières.
-C’est vous qui êtes responsable de toute cette pagaille ? Lui demanda l’Inquisitrice. Et bien ? J’attends vos explications, Inquisiteur…Elle pointa de ses doigts graciles, gantés et couverts de bagues serties de pierreries l’ensemble de l’édifice en ruine autour de nous. Vos méthodes n’ont pas changées visiblement, ni votre goût immodéré pour la destruction massive de nos œuvres architecturales. Avez-vous conscience de ce que cela va coûter en dîme au Secteur Coptis ? Grand-Dieu non à ce que j’en vois.
L’Inquisiteur MkMillan se fendit d’un petit sourire.
-Ma chère…j’apprécie que vous vous souciiez des problèmes budgétaires et architecturaux. Il lui désigna le chœur à une vingtaine de mètres de là où se trouvaient encore la carcasse fumante du blindé ainsi que les restes puants du démon qui finissaient de se consumer et de partir en cendres. Derrière, se trouvaient encore les runes et symboles des puissances de la ruine peints sur les murs avec le sang frais des prêtres sacrifiés un peu plus tôt.
Les sœurs murmurèrent alors aussitôt des paroles de protection en se signant du symbole de l’Aquila.
-Mais voyez-vous…reprit-il en nous désignant. Nos amis ici présent ont du user de toutes les ressources dont ils disposaient pour interrompre un rituel d’invocation démoniaque dans un temple désacralisé par ce cardinal apostat.
L’Inquisitrice plissa encore plus ses yeux en plongeant son regard dans celui de Mkmillan. Elle releva un sourcil d’étonnement. Depuis son arrivée, elle n’avait pas encore daigné poser les yeux sur nous.
-Le Seigneur Tyrus n’était pas censé s’en être déjà occupé l’année dernière ? Dit-elle en allusion au démon.
-Il faut croire que non, Madame.
-Dites leur de se relever. Lâcha-t-elle sans quitter Mkmillan du regard.
Ce que nous fîmes aussitôt, Logan, Meredith, Viktor et moi. Nous tentions de paraître le plus droit et le plus digne possible malgré nos diverses blessures.
Elle posa son regard lumineux sur nous comme si elle sondait nos âmes en faisant une petite moue. Elle s’attarda sur ma rosette d’Interrogateur.
-C’est vous le responsable de cette équipe ? Dante, c’est bien cela ? Me demanda-t-elle en Haut Gothique.
-Oui Madame, lui répondis-je dans la même langue.
-Et vous servez actuellement sous les ordres de qui ?
-Du Seigneur Inquisiteur Weiss, de l’Ordo Malleus.
Elle accentua sa petite moue en signe évident de mépris.
-Weiss est un intriguant qui ferait mieux de ne pas s’aventurer sur certains chemins dangereux, tout comme Czevak son ancien maitre. Et cela vaut aussi pour vous, Mkmillan, lui lança-t-elle en le foudroyant du regard.
Elle reporta son attention sur moi en me toisant de la tête aux pieds.
-Mais je concède au moins qu’il a eu le mérite de vous former à peu près comme il se doit. Agent Dante, je veux votre rapport complet sur ce qui s’est passé ici ces deux dernières semaines. Je le veux demain matin à la première heure sur mon bureau. Si l’Empereur-Dieu vous prête grâce, alors peut-être y aura-t-il une place d’inquisiteur pour vous au sein de ma suite.
Dans un choc à vous briser les os et dans un fracas de bombardement, le puissant Tauros enfonça la paroi, la porte et toute la maçonnerie qui l’entourait. L’engin fit une violente embardée avec un bruit de métal torturé et de blocs de pierre éclatés. Je cru bien un instant que nous allions périr écrasés sous des tonnes de lithobéton et de poutrelles de plastacier. Malgré des plaques de blindage et une de nos roues arrachées, le véhicule tint bon et émergea en bondissant au beau milieu du transept.
Par les vitres grillagées, le peu que je pu apercevoir fut une sorte d’assemblée de personnages habillés de longues robes qui semblaient être regroupée devant quelque chose de très gros au niveau du maitre-autel. L’Aquila et les symboles religieux de l’Ecclésiarchie avaient été remplacés par des signes impies et blasphématoires.
Dans le même instant, à plus de deux cents mètres de nous, le Leman Russ de Meredith venait de défoncer l’entrée principale de la nef puis enfonça le Narthex dans une grande gerbe de poussière et de pierre pulvérisée. Le blindé arrivait à ce résultat avec moins de peine que nous et écrasait désormais les rangées de bancs comme si il s’était agit là de brindilles de bois. Parmi la fureur, le bruit, la surprise, et la poussière, des silhouettes de combattants se précipitaient à grand pas pour tenter de fuir notre assaut. Certains des assaillants manquant de rapidité furent happés et écrasés sous nos roues ou broyés avec les bancs sous les chenilles du tank. La confusion était totale et c’était exactement ce que nous espérions causer.
Malgré la lenteur de son véhicule, désormais ralentie par les nombreux obstacles, Meredith filait droit devant vers le chœur du Templum. Viktor, comprenant que la collision allait nous être fatale, accéléra au niveau de la Croisée et fila vers l’autre aile du transept, fauchant au passage bon nombre d’ennemis qui passèrent ainsi sur notre route. Finalement il braqua et freina au maximum, laissant le lourd engin déraper sur les dalles en marbre, dans un grand renfort d’étincelles et de tôles froissées, pulvérisant la statuaire et les hérétiques qui s’étaient réfugiés là. La scène de destruction était absolument surréaliste.
A peine le Tauros s’était-il arrêté que son moteur encore crachotant se mis à dégager une épaisse fumée noire et des flammes depuis son moteur.
Cela annonçant rien de bon, aussi j’ordonnais à mes compagnons de sortir du véhicule et d’aider les deux blessés pour se mettre à couvert. Des impacts de laser et de balles tintaient en ricochant sur le blindage de notre engin et sur les colonnades où nous étions réfugiés. Les cultistes n’avaient pas perdu de temps à riposter et nous clouaient désormais sur place.
Mon pistolet bolter était vide, je dégainai donc mon pistolet laser et ouvrit le feu au jugé vers des silhouettes qui avançaient vers nous au travers de la fumée. Viktor fit cracher ses Hecuters et l’eldar venait de trouver une balustrade un peu surélevée d’où il arrivait à tirer avec son long fusil.
Je compris alors ce qui était en train de se passer. L’assemblé que j’avais entraperçu juste avant était en fait composée de sorciers. Ces derniers se tenant devant l’immense et immonde statue que nous avions observée dans le Museum. Cette parodie impie de quinze mètres de haut, montrant un démon majeur du Chaos à deux têtes semblables à celles d’un vautour, montrée aux côtés d’un personnage blasphématoire censé représenter l’Empereur. Par quel sortilège s’était-elle retrouvée là était un mystère total.
Une forte magie s’en dégageait et des volutes d’énergie violacée entouraient le démon qui irradiait d’une lueur pulsant tels les battements d’un cœur. L’or qui composait son revêtement commença à se craqueler et à tomber en morceau. A l’intérieur bougeait quelque chose qui avait du mal à contenir sa puissance et sa fureur.
Dans un rugissement de moteur et de bolter lourd, le tank continua alors droit devant lui en direction de la statue du démon qui se trouvait dans le chœur même du Templum, détruisant tout sur son passage dans un fracas épouvantable.
Les sorciers qui continuaient d’invoquer se mirent alors à accroitre leur litanie sous les ordres de Malfus Arbindus, le Cardinal Apostat tandis que leurs gardes continuaient de nous tirer dessus ainsi que sur le blindé.
Sur un de ses gestes, les sorciers s’enflammèrent soudain, brulant d’une combustion spontanée qui n’avait pas l’air de les affecter tandis qu’ils continuaient de scander leur invocation. Leurs robes partirent en fumée et leurs bras s’allongeaient alors étrangement en même temps que leur tête disparaissait entre leurs épaules. Leur incantation se mua alors en un hideux caquètement.
Mes compagnons et moi-même continuèrent d’ouvrir un feu nourrit, fauchant les cultistes mutants qui tentaient de protéger les sorciers.
C’est alors que ce que je redoutais le plus se produisit. L’onde malveillante se propagea au ralenti, comme une huile iridescente et multicolore qui se serait répandue depuis le démon.
Une odeur écœurante et entêtante, mêlant tous les parfums inimaginables et toutes les pires odeurs en une seule nous agressa violemment les sens. Viktor et moi fûmes frappés de tournis tandis que du sang coulait de nos nez et de nos oreilles, agressés psychiquement par une force redoutable. Nous luttions pour ne pas sombrer dans l’inconscience et cela affecta notre visée. Je vis l’eldar, à quatre pattes en train de vomir. A mes côtés, Logan était en transe, ses yeux retournés, elle récitait des paroles incompréhensibles à une vitesse trop rapide pour l’oreille humaine. Je voulais leur crier de résister et garder la foi mais aucun son ne semblait parvenir à leurs oreilles. Le sortilège était d’une puissance incroyable.
Les pierres du temple se craquelèrent en gémissant et se mirent à pleurer du sang tandis que la structure même de l’antique bâtiment commençait à trembler. Aux murs dans les absidioles, les toiles inestimables représentant des scènes de la vie de l’Empereur et ses Saints s’enflammèrent comme des torches, brulant d’un feu rose. Les statues de marbre et autres bas reliefs encore intactes, présentant de pieux personnages ou des symboles du culte s’effritèrent et se délitèrent, tombant en fragments à même le sol.
C’est alors que le char en pleine lancée heurta la statue.
Mais la statue n’en était plus une. Le Duc du Changement Pharaa’gueotla, Prince Démon de Tzeentch était de nouveau revenu à la vie.
Fracassant ce qui restait de son enveloppe dorée et déployant ses ailes aux reflets changeants dans toute la largeur du chœur, le démon bicéphale stoppa net le blindé de soixante tonnes en plaquant une de ses pattes griffue sur le devant de la coque. Le moteur et les chenilles se mirent alors à crisser et à fumer tandis que le choc fit reculer le démon de plusieurs mètres. Les dix-huit centimètres de blindage de coque commencèrent à se gondoler sous l’effort alors que les griffes mordirent profondément dans l’acier. Le démon se pencha vers l’avant. De ses deux immenses mains garnies de griffes il se saisit du canon et tira dessus. Le canon plia sous l’effort tandis qu’il arracha la tourelle dans un grincement de métal torturé. D’une main il la projeta en l’air comme si il s’agissait là d’un simple bâton. La tourelle tournoya sur elle-même, traversant toute la longueur de la nef, pulvérisa la rosace millénaire qui décorait la façade et partit s’écraser loin dehors sur le parvis. Le choc de l’impact fit détonner le magasin à munitions qui s’y trouvait, causant une vague de destruction à l’extérieure.
Relevant ses deux têtes vers la voute, Pharaa’gueotla rugit sa venue au monde en un rugissement rauque et subsonique qui se mit à ébranler la structure déjà fragilisée du Templum.
Des blocs de maçonnerie commencèrent à tomber en petite pluie. Les cultistes qui se trouvaient encore dans le temple furent balayés par l’onde de choc, leurs corps pris de spasmes se mirent alors à muter à grande vitesse.
Des sorciers il ne restait rien. Rien d’autres qu’une horde d’horreurs jacassantes sans tête, à la peau rosée et ondulante comme un liquide épais où se formaient de nombreux visages difformes. Depuis les extrémités de leurs longs membres élastiques sortaient des flammes roses et bleues.
Le démon sauta alors lourdement à pieds joints sur les restes du blindé, écrasant sa structure comme si elle avait été en carton et l’enfonça profondément dans le sol. Si Meredith s’y trouvait encore, elle venait assurément de périr d’une mort atroce.
Vikor et Logan étaient saisis de spasmes tels des épileptiques tandis que des sons incompréhensibles sortaient de leur bouche. L’eldar était replié au sol en position fœtale et hurlait dans sa langue païenne.
Je luttais désormais avec la seule arme qui me restait : ma foi.
Je continuais de réciter en boucle l’Hymne de la Gloire de l’Empereur en hurlant afin de me protéger de la démence qui commençait à s’emparer de mon âme. Une tornade venait de se lever dans la nef, faisant tournoyer des fragments d’objets fracassés en tout sens.
In Nomine Imperator Nostrum, Hominorum Salvator
Adore l’Empereur car Il est le Sauveur de l’Humanité.
Obéis-Lui car Il te guidera vers la lumière du futur…
Abatant une de ses longues pattes sur une rangée de colonnes, il les brisa de rage. Le démon tourna alors son attention dans ma direction comme agacé par un moustique qui l’aurait réveillé et mis de fort mauvaise humeur.
Les morceaux de la voutes continuaient de pleuvoir. Des blocs de lithobéton de plusieurs tonnes rebondissaient au sol en fracassant le dallage déjà mis à mal.
..Prête attention à Sa parole car Il te protégera du démon
Murmure Ses prières avec dévotion car il sauvera ton âme.
Honore Ses serviteurs car ils parlent en Son nom…
L’entité malveillante me lança un regard perçant, sondant mon âme au plus profond. Le choc psychique me projeta violement contre un sarcophage et faillit bien me tuer. D’anciennes blessures se rouvrirent en même temps que je sentis certains de mes os se briser dans mon épaule et mon bras gauche déjà blessé. La douleur était vive au point que je faillis m’évanouir.
D’un geste enragé, Pharaa’gueotla se saisit des restes broyés de la carcasse du blindé et la souleva du sol comme s’ill s’était agit là d’une simple caisse.
Je me redressais comme je le pu et m’adossais, le souffle court contre le sarcophage brisé. Du sang coulait de bon nombre de mes blessures et ma bouche en était emplie. La vie allait me quitter mais ma foi en l’Empereur-Dieu, Sauveur de l’Humanité et Défenseur de tout ce en quoi je croyais ne me quitterait jamais. Logan et Viktor se redressaient alors péniblement. Du sang coulait de leur visage. Ils reprirent alors en cœur le dernier couplet de la litanie.
…Tremble devant Sa grandeur
Car nous marchons tous dans Son ombre immortelle
In Nomine Imperator Nostrum
Hominorum Magistris, Amen…
Le démon savourait alors sa victoire à l’avance, des murmures dans une langue impie pré-humaine sortait des ses deux bouches, parodiant dans une affreuse moquerie nos prières tandis que des rires déments montaient de ses démons mineurs roses assemblés à ses pieds.
Soulevant lentement le blindé au dessus de sa tête, il s’apprêta à le projeter dans notre direction pour nous broyer dessous. Son geste fut cependant arrêté dans son élan. Quelque chose venait d’attirer son attention. Quelque chose qui mettait ses sens surnaturels en émoi.
Nos prières venaient d’être entendues et cela ne le faisait plus rire.
Dans la nef du templum, des éclairs d’énergie se mirent à crépiter à une trentaine de mètres du démon. Une forte odeur d’ozone accompagnée par la surpression engendrée par la téléportation les fit apparaître.
D’abord de vague silhouettes brumeuses. Puis en un éclair l’enfer se déchaina.
Cinq guerriers ultimes en armure Aegis métallisée et couverts de sceaux de puretés se ruèrent sur l’abomination. Les psy-canons et les lames Némésis abattirent en quelques secondes les horreurs et les mutants engendrés par Pharaa’gueotla sans même ralentir leur assaut.
Le démon allait projeter la carcasse du Leman Russ sur ses nouveaux assaillants mais n’en eut pas le temps. Derrière lui, dans le chœur, une deuxième escouade venait de se téléporter et le prit à revers en ouvrant le feu. L’un d’eux portait une armure énergétique entièrement noire, luisante comme la carapace d’un scarabée. Les rafales à très haute cadence de psy-bolts frappèrent le démon comme la foudre. Chaque impact arrachant de sa substance, affaiblissant son aura à chaque fois et l’annihilant à petit feu. Le démon tituba et tenta de se retourner pour projeter le blindé qu’il tenait toujours mais les bolts le harcelaient le plus belle. Deux des Teminators se jetèrent alors sans hésiter entre ses longues jambes et frappèrent à deux mains à l’aide de leur lame Némésis. Le premier périt écrasé par le démon qui le broya sous s a patte comme un simple œuf. Le deuxième fut ouvert en deux par une des griffes mais parvint tout de même à sectionner une des jambes du démon à hauteur du genou avant de rendre l’âme.
Un fluide vaporeux et violacé s’en écoula comme du sang tandis qu’une vive lueur se mit à briller de chacune de ses blessures. La bête hurla de rage. Les Chevaliers Gris restant ne faiblirent pas leur cadence de tir et continuaient d’arroser l’entité tandis qu’elle perdit l’équilibre, déstabilisée par sa blessure et par le poids immense du blindé qu’elle tenait toujours à bout de bras. Le monstre tenta de s’en séparer en le lâchant mais bascula finalement et s’écrasa lourdement au sol. Le Leman Russ lui retomba dessus, enfonçant sa cage thoracique et une de ses têtes en les écrasant de plus de trois mètres dans le sol dallé. L’impact et le rugissement psychique fut dévastateur et l’onde de choc projeta les marines en arrière. Seul le guerrier en noir continuait d’avancer, insensible aux sortilèges démoniaques. Bondissant avec souplesse sur l’épave fumante du Leman Russ démembré, il surplomba le démon.
Ce dernier écrasé sous la masse du char, tentait de se dégager, ses deux longues mains griffues cherchant à s’agripper à la carcasse tandis que de sa tête encore valide il cherchait à mordre à coup de bec le guerrier en noir.
Dans une main, ce dernier tenait une épée de force, parcourues d’éclairs blancs et longue de plus de deux mètres, dans l’autre son psy-canon qui cracha en full-automatique et à bout portant en plein dans la gueule du monstre ses munitions sanctifiées. Chaque impact lui faisait exploser un peu plus de sa matière putride. Puis d’un geste souple, la lame bénie sectionna le cou de la créature dont la tête ravagée vola à plusieurs mètres de là. Les énergies maléfiques qui composaient la créature s’échappèrent alors tel un fluide multicolore en hurlant tandis que son corps s’embrasa en un feu de joie.
Le guerrier resta encore un instant au milieu des flammes puis bondit du char et atterrit lourdement sur le sol du Templum. Déjà certains de ses guerriers l’avaient rejoint. Ils ne pouvaient plus rien pour les deux Chevaliers qui avaient donnés leur vie. Leur mort héroïque serait honorée comme il se doit.
Logan et Viktor venaient de me rejoindre. Couverts de blessures et maculés de sang, nous avions les vêtements déchirés, sales et recouverts de poussière. Nous étions mal en point et tenions à peine debout mais nous étions encore vivants. Il n’y avait plus nulle trace de l’eldar ni de Meredith. Je ne savais même pas s’ils avaient survécus.
Deux silhouettes massives et gris clair se dressèrent soudain devant nous, armes dressées, près à nous supprimer dans l’instant. Je sortis ma rosette d’interrogateur et la leur montrai.
-Interrogateur Joshua Dante, agent des Ordos Coptis…
Les deux Chevaliers Gris nous maintinrent tout de même en joue. Les fulgurants sur leur gantelet se verrouillèrent. L’un d’eux appela dans son vox.
Le guerrier en noir approcha alors tandis que les autres guerriers se déployaient et sécurisaient rapidement les lieux.
L’homme approcha et remit sa longue épée neuf fois bénie à un de ses guerriers qui s’en saisit avec soin. Puis il enclencha des runes de chaque côté de son casque afin de le déverrouiller dans un chuintement de pressurisation. La visière de son heaume se releva, dévoilant le visage d’un homme âgé et marqué par le temps et les cicatrices. Ses cheveux blancs étaient coupés court en brosse. Ses yeux bleus cybernétiques s’accordaient avec le tatouage tribal en forme de flammes de la même couleur qui ornait son arcade gauche. Un air noble et profondément charismatique se dégagea de lui, à la manière de ces anciens héros de légendes de la bonne vieille Terra.
Nul symbole n’ornait son armure noire de jais en dehors d’une rangée de sceaux de pureté et de parchemins consacrés. A un de ses doigts une simple bague portait le sceau de sa charge.
Je connaissais cet homme pour avoir déjà eu l’honneur d’assister à certaines de ses brillantes conférences lorsque je terminais mon noviciat aux Saints Ordos.
L’Inquisiteur Schaeffer Mkmillan de l’Ordo Malleus.
C’était aussi depuis plus de deux siècles, un vieil ami de mon Seigneur et Maitre, l’Inquisiteur Weiss. Ce qu’il venait d’accomplir ne semblait pas l’impressionner plus que cela car ce n’était pas la première fois qu’il terrassait un Duc du Changement.
-Seigneur, lui lançais-je en posant un genou à terre et en inclinant ma tête avec respect tout en effectuant le signe de l’Aquila. Mes compagnons m’imitèrent aussitôt. C’est un honneur pour nous de…
-Non, mon ami. C’est vous qui nous honorez aujourd’hui. Relevez-vous tous les trois. Les Ordos Coptis vous doivent une grande victoire.
Dehors les bruits de la bataille pour libérer la ville s’entendaient encore de façon sporadique. Des tirs d’armes lourdes, des explosions. Des escadrons de Valkyries et autres engins de transport sillonnaient les cieux et continuaient de débarquer hommes et soutien au corps inquisitorial.
Arpentant une partie du Transept ravagé avec mes compagnons, je cherchais Sial parmi les corps des cultistes. Mais apparemment ce maudit xenos avait totalement disparu. Seul l’Empereur savait ce qu’il était advenu de lui. De toute façon le déploiement de forces inquisitoriales était tel qu’il valait mieux pour lui qu’il soit loin d’ici.
Un petit groupe de quatre Chevaliers Gris approcha dans notre direction. Ils tenaient apparemment deux prisonniers en sale état qu’ils jetèrent au sol, aux pieds de l’Inquisiteur. Je reconnu aussitôt Meredith, blessée, sa tenue d’arbitrator en lambeaux, le visage noir de suie, les cheveux blonds en pagaille, couverts de poussières de plâtre et de sang. Par quel miracle, elle était parvenue à en réchapper était un mystère.
Je me tournais alors vers l’Inquisiteur Mkmillan.
-Seigneur, cette femme est un de mes agents…
L’Inquisiteur fit un geste vers les Terminators qui la libérèrent aussitôt.
Cette dernière se releva et m’adressa un petit signe de tête de gratitude en venant se tenir à côté de mes autres compagnons.
Meredith avait beau avoir un caractère indépendant et parfois mystérieux, frôlant souvent l’insolence, elle n’en demeurait pas moins un formidable élément plein de ressources.
L’autre personnage n’était autre que Malfus Arbindus. Ce damné Cardinal Apostat avait eu la mauvaise idée de s’en tirer. Brisé et entravé il nous lança un regard plein de mépris en crachant à nos pieds. Il allait désormais le regretter amèrement dans les geôles de l’Ordo Malleus où un traitement spécial l’attendrait.
A l’heure qu’il était, l’autre responsable de ce désastre, Zokhtan Zeunct était soit mort soit en fuite et Anthérax, le Forgeron de Guerre de la Black Legion n’avait pas donné signe de vie depuis les évènements de Tercerus Magna. Leurs sombres projets avaient bien failli réussir.
Pourtant je subodorais qu’ils étaient toujours en vie, tapis là quelque part. Nos chemins se recroiseraient un jour dans d’autres circonstances, cela était certain.
Sortant de mes rêveries, j’aperçu un groupe de personnages qui remontait la nef au travers des ruines encore fumantes. Nous reconnûmes aussitôt une escouade Retributor de l’Adepta Sororita armée de bolters lourds et de multi-fuseurs menée par une Chanoinesse et une autre femme que je ne connaissais pas encore à cette époque-là. D’autres étranges figures complétaient le tableau derrière elles. Des psykers entravés par de lourdes chaines et cagoulés, des archoflagellants aux bras cybernétiques et même une escouade de ces fanatiques et suicidaires sœurs du repentir armées de leurs longues épées tronçonneuses, le crâne rasé et le corps quasi nu, couvert de parchemins sanctifiés et de sceau de pureté.
L’inquisiteur Mkmillan se tourna vers les nouvelles venues et leva un sourcil. Ses guerriers Terminators à ses côtés. Moi et mon équipe restâmes en retrait. La femme de tête approcha, suivie de son escorte.
Il murmura alors entre ses dents pour lui-même :
-Cette petite pisseuse va encore venir me faire chier…
Elle était grande, la taille fine, à l’allure fière et sûre d’elle comme ses demoiselles de la haute. Elle portait une délicate armure de plaques richement ouvragée en or damasquiné de runes d’argent ainsi qu’une cape de pourpre brodée elle aussi de fils d’or. La capuche de sa lourde cape était abaissée sur son visage. Un pistolet au plasma était accroché à sa hanche aux côtés de sceaux de pureté et de divers objets sanctifiés. Sa rosette sertie de rubis était affichée de façon ostensible entre les plaques dorée de sa poitrine galbée. Au dessus d’elle, deux chérubins l’encadraient en flottant à ses côtés. L’un portait son lance-flamme compact plaqué d’argent repoussé et l’autre son lourd grimoire cadenassé. Deux autres chérubins portaient la traine de sa cape derrière elle, tels de saints serviteurs.
La Chanoinesse à ses côtés fit ordre d’un simple geste à ses sœurs de s’arrêter. Ses dernières se mirent en position de défense passive selon un schéma standard.
C’était une femme encore jeune aux cheveux blonds cendrés coupés très courts et aux yeux couleur acier lui donnant cet air volontaire et farouche de ses belles guerrières amazones des mondes sauvages. Une balafre fendait sa joue gauche jusqu’à ses lèvres charnues et son œil gauche était une prothèse bionique de grande qualité. Son armure énergétique noire et rouge comme celles de ses sœurs était richement décorée de fleurs de lys et de I en filigranes d’or. D’une main elle tenait une lourde masse énergétique sanctifiée et de l’autre deux archoflagellants tenus au bout d’une chaine, attendant un simple ordre de sa part pour semer la mort.
La chanoinesse resta en retrait, laissant l’inquisitrice s’avancer.
Cette dernière releva sa capuche pourpre et toisa l’Inquisiteur qui se tenait à mes côtés. Bien que son armure énergétique lui conférait déjà une grande taille, ses Terminators eux, étaient de vrais géants et le dépassaient de deux têtes. La jeune femme du haut de son mètres quatre-vingt n’en semblait en rien impressionnée.
Je la voyais pour la première fois et fut frappé par sa beauté saisissante et la pureté de ses trais angéliques. C’était une jeune femme de tout juste vingt-trois ou vingt-quatre ans, aux yeux aigue-marine en forme d’amande, légèrement mi-clos et au visage évoquant ceux des saintes de l’art gothique classique. Une beauté que l’on ne retrouvait plus de nos jours que dans la haute noblesse de Terra. Seules deux mèches ondulées de ses cheveux blonds vénitiens dépassaient de la collerette blanche qu’elle portait sur la tête et encadraient sa bouche petite aux lèvres charnues. Une auréole de lumière projetée par un champ miniature entourait l’arrière de sa tête. Une telle aura se dégageait de cette jeune femme que mes compagnons et moi-même nous agenouillèrent par respect.
-Inquisitrice De Ratisbonne, Seigneur de l’Ordo Hereticus du Secteur Coptis, se présenta-t-elle. Sur ordre des Saints Ordos, je suis en charge de cette mission inquisitoriale.
-Cassandra…c’est toujours un plaisir de vous savoir à nos côtés dans les meilleurs moments, lui lança l’Inquisiteur Mkmillan non sans une pointe de cynisme.
-Epargnez-moi vos sarcasmes et tenez votre rang, Mkmillan !
J’apprendrais alors plus tard que Cassandra de Ratisbonne était en fait la petite fille d’un des Hauts Seigneurs de Terra en personne. Sa noble lignée et les puissants appuis que cela lui apportaient lui avaient permis de s’élever très rapidement dans la carrière de son choix. Un choix et une fulgurante progression qui n’étaient pas du goût de tout le monde, mais parmi l’élite dirigeante il était toujours de bon ton d’avoir des relations au sein de l’Inquisition. Cassandra était moins une femme de terrain qu’une politicienne très habile qui avait su se constituer un puissant réseau au sein de l’élite puritaine du secteur. Jouant subtilement de son grand charisme et de ses talents politiques. Certains prétendaient même qu’elle n’hésitait pas à mettre à ses pieds certains hommes de pouvoirs. Des femmes aussi, à ce qu’on disait. Mais de telles excentricités étaient courantes dans les cercles du pouvoir.
Elle sortit un rouleau de parchemin d’un étui accroché à sa ceinture, le déroula et le tendit à l’Inquisiteur Mkmillan. Le document portait le sceau officiel des Ordos du Secteur.
-Par ordre du Seigneur des Ordos Coptis, j’ai ici un mandat à l’encontre de Malfus Arbindus, accusé entre autre d’hérésie, de sorcellerie et de trahison. Je vous passe les quarante-huit autres charges retenues contre lui. Ce prisonnier tombe donc sous la responsabilité de l’Ordo Hereticus. Veuillez avoir l’obligeance de nous le remettre, Inquisiteur. La jeune femme s’exprima dans un parfait haut gothique comme il sied au protocole de l’Inquisition.
L’Inquisiteur ne discuta pas et fit un geste à l’attention de ses Chevaliers Gris. Le prisonnier fut alors emmené par des sœurs de bataille. Celui-ci se mit alors à les maudire et à les insulter. Un coup de gantelet en plein visage le priva soudain de sa verve et de cinq de ses dents. L’hérétique disparu alors en gémissant avec ses geôlières.
-C’est vous qui êtes responsable de toute cette pagaille ? Lui demanda l’Inquisitrice. Et bien ? J’attends vos explications, Inquisiteur…Elle pointa de ses doigts graciles, gantés et couverts de bagues serties de pierreries l’ensemble de l’édifice en ruine autour de nous. Vos méthodes n’ont pas changées visiblement, ni votre goût immodéré pour la destruction massive de nos œuvres architecturales. Avez-vous conscience de ce que cela va coûter en dîme au Secteur Coptis ? Grand-Dieu non à ce que j’en vois.
L’Inquisiteur MkMillan se fendit d’un petit sourire.
-Ma chère…j’apprécie que vous vous souciiez des problèmes budgétaires et architecturaux. Il lui désigna le chœur à une vingtaine de mètres de là où se trouvaient encore la carcasse fumante du blindé ainsi que les restes puants du démon qui finissaient de se consumer et de partir en cendres. Derrière, se trouvaient encore les runes et symboles des puissances de la ruine peints sur les murs avec le sang frais des prêtres sacrifiés un peu plus tôt.
Les sœurs murmurèrent alors aussitôt des paroles de protection en se signant du symbole de l’Aquila.
-Mais voyez-vous…reprit-il en nous désignant. Nos amis ici présent ont du user de toutes les ressources dont ils disposaient pour interrompre un rituel d’invocation démoniaque dans un temple désacralisé par ce cardinal apostat.
L’Inquisitrice plissa encore plus ses yeux en plongeant son regard dans celui de Mkmillan. Elle releva un sourcil d’étonnement. Depuis son arrivée, elle n’avait pas encore daigné poser les yeux sur nous.
-Le Seigneur Tyrus n’était pas censé s’en être déjà occupé l’année dernière ? Dit-elle en allusion au démon.
-Il faut croire que non, Madame.
-Dites leur de se relever. Lâcha-t-elle sans quitter Mkmillan du regard.
Ce que nous fîmes aussitôt, Logan, Meredith, Viktor et moi. Nous tentions de paraître le plus droit et le plus digne possible malgré nos diverses blessures.
Elle posa son regard lumineux sur nous comme si elle sondait nos âmes en faisant une petite moue. Elle s’attarda sur ma rosette d’Interrogateur.
-C’est vous le responsable de cette équipe ? Dante, c’est bien cela ? Me demanda-t-elle en Haut Gothique.
-Oui Madame, lui répondis-je dans la même langue.
-Et vous servez actuellement sous les ordres de qui ?
-Du Seigneur Inquisiteur Weiss, de l’Ordo Malleus.
Elle accentua sa petite moue en signe évident de mépris.
-Weiss est un intriguant qui ferait mieux de ne pas s’aventurer sur certains chemins dangereux, tout comme Czevak son ancien maitre. Et cela vaut aussi pour vous, Mkmillan, lui lança-t-elle en le foudroyant du regard.
Elle reporta son attention sur moi en me toisant de la tête aux pieds.
-Mais je concède au moins qu’il a eu le mérite de vous former à peu près comme il se doit. Agent Dante, je veux votre rapport complet sur ce qui s’est passé ici ces deux dernières semaines. Je le veux demain matin à la première heure sur mon bureau. Si l’Empereur-Dieu vous prête grâce, alors peut-être y aura-t-il une place d’inquisiteur pour vous au sein de ma suite.
+++Fin du tome 1+++
Vil xenos omniscient
Re: [ROMAN 40K] Joshua Dante - Ordo Xenos - Tome 1
tres tres belle fin !!
vivement le tome 2 !
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