[ Récit Thème 1 ] : Carnage

Carnage



A perte de vue, la ville n’était plus qu’un champ de ruine. Les hautes tours de la capitale qui faisaient la fierté de la planète n’était plus que des pales reflets de leurs splendeurs passées. Elles avaient été méthodiquement détruites par des bombardements orbitaux. Les quartiers d’habitation n’étaient plus que des débris gris éparpillés sur le sol de la ville. Un vent froid et sec faisait tournoyer la poussière dans l’air ce qui rendait difficile la possibilité de respirer. Au loin, les plaines de Caterad semblaient se moquer de nous.

Nous pensions avoir tout détruit. C’était sans compter sur les horreurs que les forces du Chaos pouvaient laisser derrière elles. Et ici, sur Parthénope-la-mourante comme aimait l’appeler les hommes du régiment, elles avaient atteint un summum dans l’abomination et dans la manière de semer la mort. Peut-être un nouvel ennemi.

Quoiqu’il en soit, un haut gradé, quelque part, avait décidé que cette abomination devait être étudiée. "Apprendre à connaitre nos ennemis ", déclamait-il ce jour-là. Sur le papier du compte-rendu de la mission, l’objectif paraissait simple :

+++ Trouver Ennemi +++
+++ Etudier spécimen +++

En fait, chez nous, on appelle ça une mission-suicide. Une fois de plus, nous allions pouvoir nous racheter une conscience. Après tout, c’est pour ça que nous nous sommes engagés dans la légion pénale… .



Nous ne pouvons avancer plus loin …

La saloperie qui se tient à quinzaine de mètre de mon détachement me barre inéluctablement le passage. Elle a pris position au fond du couloir, et elle a bien l’intention d’y rester. Les caméras fixées sur nos casques retransmettent toutes les images au vaisseau qui se trouve en orbite.

-Qu’est-ce que c’est que cette chose, bordel ?

C’est Thorn qui vient de parler. Il est nouveau dans la section, et il y a pas à dire, pour une première, il est servi.

-T’as devant toi un bel exemple de ce qu’on est censé étudier. Ca ressemble à un ectoplasme. Putain, il est vachement costaud…

Celui qui réponds à Thorn, c’est Gutsy. C’est un vétéran dans le régiment. C’est vous dire si il en a vu. Le fait de voir son expression d’étonnement n’est pas pour me rassurer. Ce sont ces deux gars qui sont avec moi de ce côté droit du couloir, bien planqués derrière ce mur.
De l’autre côté se trouve Nascal et le caporal Ruydings. Un battant celui-là. Depuis la création de ce régiment il avait roulé sa bosse sur pas mal de monde. On nous confie toute les crasses et missions suicides. Nettoyages en tout genre. Bien sûr, vous n’entendez que très rarement parler de nous. Nous débarquons, nous faisons ce qu’il y a à faire et nous repartons. Le capitaine m’a déclaré qu’un jour il écrirait notre histoire. Ca me ferait plaisir que quelqu’un sache que j’ai pu me racheter, malgré ma faute … Loué soit l’Empereur … .

Pour l’heure nous étions une fois de plus dans un beau merdier.

Pourtant tout c’était bien passé. Largage à une centaine de mètre de l’objectif : un vieux bâtiment des FDP constitué d’une seule entrée. Les fenêtres avaient été murées. Stratégiquement parlant, ça donne peu de possibilités. Une seule solution, foncer et…prier l’Empereur. Parfois, il écoute…Parfois…

La porte de bois ne résiste pas aux explosifs. Je ressens le souffle de la grenade à fragmentation que j’ai balancée à l’intérieur. Histoire de dire qu’on arrive. Le caporal Ruydings se lance à l’intérieur suivit de près par Nascal. Il se retrouve dans une pièce carrée. Juste quelques restes de mur…
La zone est sécurisée. Je m’engouffre à mon tour et me dirige vers la porte qui se trouve au fond. Le petit nouveau se colle à moi. La peur se lit sur son visage. Gutsy me dépasse et fracasse la porte à coup de pied. Elle est tellement pourrie qu’elle cède facilement révélant le fameux couloir. Il s’écarte rapidement. Ce bon vieux sixième sens. La chose qui se tient au bout du couloir ne l’aurait pas raté.

Nascal qui s’occupe de la liaison radio n’apporte pas de bonnes nouvelles.

-Le scanner signale l’ouverture d’une brèche près de notre objectif. C’est de là que s’infiltre ces choses.
-Génial…Ca va pulluler de ces merdes dans un quart d’heure …
-T’as raison, faut se casser vite fait de cet enfer …

Thorn panique. Il se met à découvert et court vers la sortie. La réaction ne se fait pas attendre, un dard se plante dans sa nuque. Il tombe à genou. Figé. Le poison fait déjà son œuvre : les veines se gonflent, les orbites éclatent pendant que ses viscères prennent vie le dévorant de l’intérieur. Il se retourne vers nous en crachant du sang. La déflagration nous sort de notre torpeur. Sous l’impact, sa tête explose. Gutsy a pris la décision qu’il fallait. Le môme était perdu.

-On priera plus tard … Faut bouger les gars …

A l’extérieur, la brèche ouverte dans le sol vomit ses abominations du Chaos. Elles pénètrent déjà dans le bâtiment. Avides de nos chair, elles se composent de têtes surmontées d’une dizaine de pattes et d’une queue munie de crochets tranchants comme des rasoirs. Ensuite, tout va très vite. Elles s’attaquent à notre bon vieux vétéran et commence à l’éviscérer. La mort est lente à venir dans ce monde où la souffrance est reine.

Nascal tire en rafale et en dégomme une dizaine avant d’être assailli par des poches de chair tombantes du plafond. Ce sont des poches digestives. Il est rapidement enveloppé dans un sac organique en attente d’être ingéré. Nous sommes piégés dans ce qui semble être un « bâtiment vivant » et il va nous digérer les uns après les autres…

Gutsy voudrait se tirer une balle dans la tête, mais il n’ y arrive pas…Je le fais pour lui…

Le caporal se fraye un passage à coup d’épée tronçonneuse vers la porte. Il y est presque, allez vas-y, tu vas réussir fils de … .Après tout, il n’a perdu qu’un bras …Il passe la porte et se retourne vers moi. Je suis coincé. Je fais pas mal de dégât avec mon pistolet-laser. Un souffle putride me chatouille les sens. L’ectoplasme déboule du couloir et englouti d’une pièce Ruydings.

La chose se retourne vers moi. Majestueuse. De forme humaine mais sans jambes. Elle flotte dans les airs. Ce n’est qu’une moitié de visage, pas de menton ni de mâchoires. Je crois entendre les cris lointains du caporal. Elle murmure un nom dans un gargouillis immonde. Je crois reconnaitre le nom de " Khorne "… . "Pour Khorne… "

Elle étend ces bras, comme pour une dernière étreinte, et se dirige vers moi.

Le canon de mon flingue est déjà contre ma tempe…Loué sois l’Empereur …

Rapide, direct et efficace!
Très sympa à lire et franchement original!

Fichtre .... Texte tres sympa , d'une lecture rapide et limpide ... Bravo

Non mais vous allez arréter de nous pondre des textes aussi bon ?!!!

On ne sait plus pour lequel voter maintenant !

+1 amplement mérité . Pauvres légions pénales ...

J'ai bien aimé la manière de narrer, c'est vivant ... si le monsieur ne se faisait pas péter le caisson à la fin on pourrait penser qu'il raconte ça a ses (petit) enfants.


...

Très bon texte. Pas de temps mort et un façon de raconter tout à fait appropriée.

Génial.
J'aime la narration et le final.
Bien joué.

Brutal, c'est bien j'ai bien aimé.

Très agréable à lire, fluide et rapide. Malgré que ce soit court, c'est bien écrit et le scénario est chouette.

Trés sympathique à lire !
C'est dynamique comme il faut et j'adore les formats courts !
Merci