[Récit Thème 1] Pour L'Archonte.

A perte de vue, la ville n’était plus qu’un champ de ruine. Les hautes tours de la capitale qui faisaient la fierté de la planète n’était plus que des pales reflets de leurs splendeurs passées. Elles avaient été méthodiquement détruites par des bombardements orbitaux. Les quartiers d’habitation n’étaient plus que des débris gris éparpillés sur le sol de la ville. Un vent froid et sec faisait tournoyer la poussière dans l’air ce qui rendait difficile la possibilité de respirer. Au loin, les plaines de Caterad ….

Etaient parsemées de centaines d’épaves de tous types, et pour certaines encore fumantes, témoignages du carnage orchestré par le pacte de sang contre la 5ème pathétique tentative des adorateurs du Dieu Cadavre pour reprendre la ville. Ce que les « génies » en uniformes bigarrés de la flotte n’avaient pas prévu, c’est que bombarder la ville en avait fait un camp retranché, un véritable piège a chars.

Deckard I’sen, ne pouvait cependant  que s’émerveiller, devant les moyens sans limites dont semblaient bénéficier l’Imperium pourrissant de l’Humanité. Sur les 250000 adeptes du pacte de sang qui étaient en garnison dans cette merveilleuse réserve de viande, moins de 100000 avaient survécu au bombardement. Mais ces 100000 hommes et femmes étaient de fait des survivants, les meilleurs, les vrais élus de l’Archonte Gaur. Après cinq jours de combats, ces 100000 n’étaient plus que 50000.. Mais les pertes en face étaient elles proprement inouïes. Deckard passa une langue fourchue et noire sur les barbelures de son masque rituel, frissonnant de plaisir, alors que sa bouche s’emplissait d’un riche parfum cuivré. Combien en avait il lui-même tué ? Il avait perdu le compte après le 2nd jour. Après sa rencontre avec ce que l’ennemi appelait pompeusement des troupes de choc.

Il ne pouvait pas voir leur têtes sous leurs lourds casques intégraux. Mais il avait put lire la stupeur et l’angoisse dans leur langage corporel, alors que lui et ses hommes sortaient de leurs cachettes ou ils s’étaient enterrés aux premières heures du bombardement.
4 Jours a rester là terré sous des amoncellements de ruines, sans rien manger ni boire ( si ce n’est quelques gouttes de son propre sang). Mais le festin de la victoire fut à la hauteur de l’attente. Le combat ne dura pas 3 minutes. Mais quelles délicieuses minutes. Quelques secondes ou les grenades éclairent le brouillard sablonneux de la ville. Des tirs de précisions, les lasers a platine rougeoyant dans la brume. Et surtout, le réveil des Dieux sombres dans son âme, au moment ou la baïonnette, trouvant le défaut de l’armure, pénétre les chairs dans un bruit de succion. Le frémissement de la proie, a qui il faut une petite micro seconde pour se rendre compte qu’elle est morte. Jamais, alors qu’il portait un autre nom ( qu’il avait depuis longtemps oublié), et qu’il se battait pour le cadavre frémissant sur son trône d’or, il n’avait ressenti une telle force, ni une telle joie au combat. Une telle plénitude.

Finalement, sa capture, n’avait pas été une si mauvaise chose, comme il l’avait craint au départ. Urlock Gaur lui avait ouvert les yeux, sur les vraies puissances qui régissent l’Univers. Et depuis, il était enfin un vrai guerrier accompli. Un homme qui pouvait enfin réaliser son potentiel, sans crainte. Sans plus jamais de crainte, de la colère d’un soit disant Dieu. Un Homme moribond depuis 10000 ans sur son trône. Qui ne répond jamais aux prières. Alors que ses Dieux a lui, sont toujours là, prêts à répondre.
Il ne comprenait cependant pas pourquoi les impériaux s’acharnaient a vouloir prendre cette ville.. Enfin, cet amas de ruines. En 6 mois d’occupation, tout avait été pillé et religieusement déssacralisé. Les voies de leur empereur sont décidément bien impénétrables. Enfin, 5 jours d’étrillage leur avaient au moins appris a lécher leurs blessures. Certains disaient même qu’après de telles pertes ils n’y reviendraient pas de sitôt. Dommage. Il se mit a démonter et nettoyer le rutilant fusil radiant qu’il s’était adjugé comme prise de guerre sur une de ses victimes. Il fallait leur reconnaitre cela, les adeptes du mechanichum savaient fabriquer de biens jolis jouets de morts. Il sortis sa baïonette et commença a racler consciencieusement l’aigle bicéphale, de manière a pouvoir y graver ses propres runes.

« - Tu peux pas faire un peu moins de raffut ?  émit une voix rauque sur son coté droit. La gueule ravagée de Trim Cravor semblait toujours faire un bruit de chiottes quand il parlait sans son masque. D’ailleurs en y repensant, l’odeur aussi. Son binôme était aussi laid qu’un servant de longue date des puissances de la ruine pouvait l’être. Enfin surtout ceux qui priaient Nurgle. Deckard, lui priait le Chaos universel, ainsi, son corps semblait se consumer moins vite.
« - Ta gueule Trim, qui veux tu qui m’entende les cadavres ? »
« - Rien a secouer des machabés. Mais moi tu m’empêches de dormir. »
« - T’as pas a dormir tête de Grox, on est censés surveiller la rue. »
« - Ah ouaip ?, Parce que tu crois qu’ils vont revenir cette nuit avec ce qu’on leur a mis ? » Un gargouillis infâme, ce qui se rapprochait le plus d’un rire  pour Cravoc monta lentement dans l’air. «  Faut profiter, 4 jours et 5 nuits sans dormir, on est pas des astartes encore . »
La masse bubonique de son binôme se retourna mollement, et un bruit encore plus répugnant ne tarda pas a s’élever du fond de leur trou, alors qu’il se rendormait instantanément. Il fallait pas se fier aux apparences, malgrè sa carcasse imposante et ses manières dégueulasses, Cravoc était un tueur expérimenté, et rapide avec ça. Alors que Deckard préférait de loin aligner ses victimes a distance, Trim Cravoc se faisait une joie de se jeter au corps à corps. C’est vrai que même avec son masque rituel, rien qu’à le voir, pas mal de soldats d’en face tournaient les talons. D’ailleurs, il avait fallut pas loin d’un an a Deckard rien que pour s’habituer a l’odeur. Mais quand on était passé par là ou il était passé, et vu tout ce qu’il avait vu. Ben plus rien ne le faisait vraiment frémir. A part peut être l’air de surprise idiot de certaines de ses victimes.

Ayant terminé son ouvrage de polissage de la culasse, il se mit a creuser le schéma de l’étoile a huit branches, tout en murmurant des prières silencieuses a ses maitres. Cela lui prit une bonne heure.
C’est clair, personne ne viendra ce soir, songea t’il en regardant la rue. Si au début, ils avaient tous craint d’être sacrifiés ici pour rien, ou alors pour des plans de l’Archonte dépassant largement leur entendement. Désormais ils étaient presque certains de pouvoir tenir indéfiniment. L’artillerie, enterrée et camouflée tenait sous son feu toutes les approches. Des binômes comme le sien étaient dispersés sur tout le périmètre, pouvant rapidement faire appel aux réserves, enterrées elles aussi dans des caches invisibles parmi les gravats et autres débris que l’ennemi avait eut la gentillesse de leur fournir. Tant que les munitions ne descendraient pas sous un seuil critique, la ville tiendrait. Et des munitions, il y en avait pour bien plus que leur nombre actuel de prévues dès le départ. Et en plus ces cons d’impériaux leur en abandonnaient après chaque assaut manqué.

Un éclair, puis deux.. puis tout un tas se mirent a zébrer le ciel… Pas étonnant, avec la concentration de feu et de carburants brulés en une seule journée, toutes les nuits une petite rincée. Au moins après 5 jours, le trou était devenu un petit nid douillet. À l’abri de tous les éléments, avec même suprême luxe une margelle en bon plastacier comme poste de tir, et une rigole profonde, pour faire rouler les grenades qui auraient la chance de passer par l’interstice invisible de la meurtrière. Et au pire, la sortie de secours se trouvait creusé 20 mètres en arrière. Presque pas juste pour les pauvres clampins qui ne savaient jamais d’où ça leur tombait dessus. Et puis, d’après les rumeurs « on » était en train de monter une contre-attaque magistrale. La ville avait aspiré tout ou partie du contingent impérial, et ses flancs étaient ouverts. Il fallait juste un peu de temps. Il soupira en songeant aux nombreuses fois ou on lui avait servis ce refrain… Juste un peu de temps.. Il faut le temps aux Chars, à l’artillerie, aux renforts.. etc, pour se déployer, pour que l’ennemi tombe dans le piège.. Du temps. La seule denrée vraiment précieuse en temps de guerre. Ces connards a l’état major, planqués derrières leurs hololithes à 50 bornes du front.. C’est sur, eux ils en ont. Mais quand tu patauge dans le sang , les tripes et la boue, saupoudré de quelques explosions, c’est fou comme cela parait plus long que le «  petit peu de temps » qu’on t’as demandé de tenir…

Un éclair plus brillant que les autres attira son regard, et il se maudit très vite de sa curiosité. Il était sur d’avoir vu une ombre bouger là bas au fond de la rue. Mais maintenant, il voyait juste un grand blanc. En tâtonnant, il mis la main sur ses magnoculaires, et les régla en infrarouges. Il balaya la rue.. Mais rien. Par acquis de conscience il refit un balayage, et là… Merde, quelque chose avait bien bougé. Il régla la focale. Pas de traces de chaleur. On aurait dit, une espèce de lambeaux de cape, balayé par le vent. Mais non. Bon on va réveiller l’autre abruti et tâcher de dormir un peu se dit il. Un doute se mit à l’assaillir. En parlant de l’autre abruti, le gargouillement ignoble de ses ronflements semblait avoir disparu. Surement le tonnerre se rassura t’il. Il se tourna, ou tenta de se tourner brusquement, alors qu’un bras puissant lui enserrait le cou, l’empéchant de crier et même de respirer.

«  Dis Bonjour a monsieur crêve cœur… » fit une voix murmurant  a son oreille.
« Fantôme.. » eut il le temps de penser avant que 30 centimètres d’acier ne viennent sectionner sa moëlle épinière et transpercer son cœur.
« Un ? murmura la voix, Ici deux, la voie est libre. » Un clic de confirmation, et Elim Rawne se remit à ramper dans la direction de la chapelle suivit de son peloton.


EDIT ROB : J'ai omis de préciser que bien sur, c'est un hommage a Messire Abnett....

Mis à part les chiffres écrits en lettres , qui me font bizarre je dois avouer , j'adore ton texte : du bon Abnett....euh Rob pardon .

Dis Bonjour a monsieur crêve cœur

Un large sourire s'est dessiné sur mes lèvres à ce moment là.
C'était vraiment sympa à lire.

Quel vil mécréant ce Deckard I’sen ... Il a bien mérité ce qu'il lui est arrivé. Merci à Elim Rawne du 1er et unique ... Bien plaisant à lire Rob

Sans connaître le fluff sur lequel tu t'est appuyé, j'ai beaucoup aimé ton texte.
Bravo Roboutte!

Magique Rob. Du très bon qui manque dans certains romans.

Alors là je suis sur le c.., Roboutte tu t'es vraiment bien inspiré de Dan Abnett.

J'ai beaucoup aimé lire ton récit qui mériterait de devenir une histoire à part entière .

Merci messieurs Dames... ( Si je vous disais en combien de temps j'ai torché ça...) Je pense avoir passé plus de temps sur la correction des fautes.. ( et je vois que j'en ai raté pas mal.)

Et bin, c'est pas mal ça!
Le Blood Pact que j'adore et Rawne qu'est mon préféré des personnages de la série.
Congrats!

ps: juste, le Blood Pact vénère Khornghat pour l'aspect martial (mais pas les massacres aveugles) ainsi que le Chaos Universel, qu'un membre vénère ouvertement Nurgh'll est improbable. En fait il n'y a pas besoin de justifier l'odeur des membres du pact qui chlinguouillent tous un peu quand même, parceque bon, le sang qui teinte les vetements... et puis l'hygiène corporelle n'est pas leur principal centre d'intérèt. Je changerais juste ce point.

Je savais bien que quelqu'un trouverait la faille...

Un grand bravo!!