[40K] Nagabond : nouvelle gratuite à télécharger dans l'univers de W40K

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- Urius Quinius, scribe de l’Administratum.

L’immense pièce circulaire était presque intégralement plongée dans la pénombre. Seul l’imposant autel en pierre, trônant en son centre, était éclairé par une lumière naturelle en provenance de la voûte. Sur la table, reposaient une impressionnante collection d’armes, ainsi qu’un majestueux livre dont l’apparence laissait deviner un ouvrage aussi précieux qu’ancien. Son épaisse couverture en cuir, ornée de symboles métalliques travaillés dans le plus pur style haut gothique, représentait des serpents s’enroulant les uns sur les autres autour du chiffre XI. Derrière l’autel, assises sur de luxueux trônes en marbre blanc, deux silhouettes encapuchonnées dans de longs manteaux noirs se distinguaient difficilement. La faible luminosité de l’endroit ne laissait apparaître que les parties les plus avancées de leur corps. Leurs mains reposaient sur de longs accoudoirs aux prolongements sculptés en forme de crâne. D’autres serpents s’en extrayaient par les orbites et les bouches tortueusement entrouvertes. Ces deux individus étaient les seuls présents dans cet endroit glacial. Après un long moment, l’un d’eux vint briser le silence de mort qui y régnait.
- Quel est le prochain ? demanda une voix grave et profonde.
- Il se nomme Archaan, lui répondit une voix féminine.
- A-t-il un nom de famille ? insista l’homme.
- En réalité, il n’a jamais eu d’autre nom. Si ma mémoire est bonne, le rapport le concernant mentionne que cet Archaan est originaire d’un monde en guerre. Il aurait été récupéré par la Garde Impériale alors qu’il n’était encore qu’un nourrisson. Il fut confié à la Schola Progenium, et notre ordre en a hérité vers ses sept ans. Ces états indiquent également qu’il fut l’un de nos meilleurs élèves tout au long de sa formation. Certains de ses mentors ne tarissent pas d’éloges à son sujet. Selon eux, il aurait les facultés pour intégrer un jour l’un des temples de l’Officio Assassinorum sur Terra. J’avoue moi-même, que de tous ceux que nous voyons aujourd’hui, cet Archaan me semble être le plus à même de survivre à sa première mission.
- Et bien, c’est là tout ce que je lui souhaite, dit l’homme.
Il appuya sur une touche du petit écran lumineux qui reposait son poignet.
- Faites le rentrer, dit-il sèchement.

   Archaan vit les portes s’ouvrir lentement devant lui. De part et d’autre de l’entrée, deux gardes, armés jusqu’aux dents, regardaient imperturbablement ce jeune homme âgé d’à peine vingt-cinq ans. Sa silhouette élancée, son regard sombre et ses longs cheveux noirs de jais lui donnaient un côté sauvage, terriblement déterminé. Une combinaison de camouflage en peau synthétique noire moulait la musculature saillante de son corps. Archaan pénétra à l’intérieur de la salle, et s’avança dans l’obscurité ambiante pour s’arrêter à quelques mètres de l’autel en pierre, là où ombre et lumière s’entrechevauchaient.
- Quel est ton nom ? lui demanda l’homme.
- Archaan.
- Qui sers-tu ?
- Le Temple des Onze Serpents.
- Quelle est ta vie, ton art, ton œuvre ?
- Tuer ! Tuer ! Tuer ! répondit Archaan, comme on le lui avait enseigné dès son plus jeune âge.
   Les deux individus laissèrent planer d’interminables secondes. Archaan pouvait sentir leurs regards investigateurs le dévisager. Ils ne se limitaient pas à le fixer intensément ; ils scrutaient également l’intérieur de son âme, afin d’en sonder sa véritable personnalité.
- Bien, fit la femme au bout d’un moment. Archaan, le jour est venu pour toi de faire tes preuves. Es-tu prêt à entendre ton premier ordre de mission officielle ? lui demanda-t-elle.
- Oui, je le suis.
- Parfait ! Tu pars demain pour les Etendues de Koronus, où tu rejoindras les rangs de l’inquisiteur Orian Kholar. Le Saint Ordo Hereticus a besoin de tes talents de tueur. C’est tout ce que nous pouvons t’en dire à ce jour. Les informations concernant cette mission sont bien évidemment tenues secrètes par la Sainte Inquisition. Nous-même n’en savons pas davantage. Libre à cet inquisiteur de te donner de plus amples détails sur ce qui t’attend sur place.
La femme fit une pause pour jauger à nouveau Archaan, et déceler chez lui le moindre signe d’une quelconque émotion. Ce dernier restait imperturbable ; une qualité que tout assassin digne de ce nom se devait de posséder.
- Néanmoins, une chose est sûre, reprit-elle. Lorsqu’une organisation de l’Imperium fait appel à nos services, c’est que quelqu’un de très important doit être éliminé. Peu importe qui tu auras à tuer : un gouverneur planétaire, un libre-marchand, un ecclésiaste de haut rang … qui sais-je encore? Tu tueras cette personne sans te poser de question, et tu iras jusqu’au bout de ta mission, car telle est ta vie désormais. Sache que la décision de t’envoyer vers cet inquisiteur a été prise au plus haut niveau de l’Imperium. Les rouages qui te conduisent à lui sont aussi complexes qu’opaques. Lui même, n’a aucune idée de l’organisation à laquelle tu appartiens. Il a demandé à recevoir les services d’un assassin impérial ; sa requête a été acceptée. C’est tout ce qu’il a besoin de savoir, et il n’en saura jamais plus.
La femme tourna ensuite son visage en direction de l’homme afin de lui céder la parole.
- Tes ordres de mission te sont-ils clairs ? demanda ce dernier.
- Tout à fait clairs mon seigneur.
- Bien. Désormais, approche toi de cet autel et choisis tes armes ! lui ordonna-t-il.
   Ce rituel imposait à l’assassin de choisir quatre armes, pas une de plus. Il était cependant libre de prendre celles qu’il affectionnait particulièrement. Archaan fit deux pas en avant et monta les deux marches le séparant de l’immense table monolithique. Il regarda attentivement les instruments de mort posés sur un tissu de couleur rouge sang, bordé de fines crénelures dorées. Sa formation d’assassin lui avait permis d’acquérir une connaissance étendue concernant un vaste panel d’armes. Il se rappela également les conseils de ses mentors : « Tout bon assassin se doit de posséder un arsenal répondant à de nombreuses situations ». Le regard d’Archaan balaya plusieurs fois la table. La première arme qu’il prit fut un pistolet à aiguilles. Leurs échardes cristallines, enduites de toxines virales, provoquaient instantanément la paralysie du système nerveux. S’en suivait alors une mort quasi certaine, lente, douloureuse. Totalement silencieuse, cette arme combinait parfaitement l’efficacité à la discrétion nécessaire aux missions d’infiltration en milieu hostile. Archaan se saisit ensuite d’une dague dont l’extrémité du manche était sertie d’un rubis écarlate. Il laissa glisser très légèrement la paume de sa main sur le tranchant de la lame. En expert, il reconnut un objet d’excellente facture, extrêmement bien aiguisé. Il attacha l’étui à sa ceinture, y glissa la dague, puis plongea à nouveau son regard sur l’arsenal s’étalant devant lui. Son troisième choix se porta sur un fusil laser long équipé d’une lunette télescopique et d’un viseur traqueur amplifiant la luminosité ambiante et les sources de chaleur de la zone ciblée. Archaan prit la cellule à surcharge allant de paire avec cette arme de prédilection pour l’assassinat à longue portée. Il ne lui restait désormais plus qu’une seule arme à se procurer. Cet ultime choix ne devait nullement laisser place à l’erreur. Jusqu’à présent, il avait opté pour deux armes à distance, contre une seule pour le combat rapproché. Archaan se dit qu’il lui en fallait une occasionnant plus de dégâts, en cas de mêlée. Son regard se porta alors sur le manche d’un électrofléau. Telles des tentacules, chacune de ses longues mèches se voyait terminée par une fine lame au tranchant acéré. Archaan sut immédiatement que son dévolu allait s’arrêter sur cette arme. Légère, peu encombrante, elle était de surcroît terriblement efficace au corps à corps … pour peu qu’on sache s’en servir ; ce qui était son cas.
- Il semble que tu ais fait ton choix, reprit l’homme.
Archaan acquiesça humblement d’un simple hochement de tête.
- As-tu une question avant d’accomplir ton devoir ? lui demanda-t-il.
Archaan ne s’attendait vraiment pas à ce qu’on lui permisse de poser une quelconque question. Il prit alors le temps de la réflexion.
- Oui, mon seigneur. Il m’en vient une, finit-il par dire.
- Et bien … pose la ! lui dit la femme.
- Quel est le nom du monde sur lequel je vais ?
- Nagabond, répondit-elle. C’est un ancien monde-ruche en cours de recolonisation. Il est situé dans l’amas des Mondes Orphelins, quelque part dans l’immensité sauvage des Etendues de Koronus. Il a la réputation d’être particulièrement ravagé par les cultes hérétiques qui sévissent dans ses bas-fonds. Comme la quasi-totalité des mondes de cette région, Nagabond n’est pas encore officiellement sous contrôle de l’Imperium. L’homme qui dirige actuellement cette planète, Uhrus Salengo, semble avoir bien du mal à éradiquer la corruption et la violence régnant à chaque niveau de la ruche.
Le silence se fit à nouveau. Archaan inclina lentement la tête en signe de remerciement envers ses maîtres pour lui avoir autorisé à recevoir ces informations supplémentaires.
- Une dernière chose, dit l’homme. Tu vas certes travailler en coopération avec la Sainte Inquisition, mais le Temple des Onze Serpents est, et restera à jamais, ton seul et unique maître. Tu lui appartiens. Ta vie lui appartient. Ne nous déçois pas ! Nos traîtres ne vivent jamais bien longtemps. Sache t’en souvenir jusqu’à ton dernier souffle ! Me suis-je bien fait comprendre sur ce point ?
- Oui maître, je saurai m’en souvenir.
- Alors maintenant, va et accomplis ton devoir ! Un long voyage t’attend. A toi de faire en sorte qu’il ne soit pas qu’un aller simple.

   L’homme fit un geste nonchalant de sa main noueuse et fripée, signalant ainsi à Archaan qu’il pouvait à présent disposer. Le jeune assassin s’inclina à nouveau respectueusement pour saluer ces maîtres qu’il ne reverrait sans doute jamais. L’espace d’un court instant, il regarda une dernière fois leurs ténébreuses silhouettes, puis se retourna en direction de la sortie. Après son départ, lorsque ses derniers pas eurent fini de résonner dans la salle, le lugubre silence de mort vint retomber en ce lieu mystique.

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